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THEME 

: RUPTURES ET CONTINUITE
 
PEUT-ON PREVOIR LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE L’ACCROISSEMENT
DES INEGALITES ?
 
ASTRID B. -   CLAUDIA C.      1°ES4   2005-2006
 
Introduction
I.-  Inégalités et cohésion sociale
II. – Inégalités et croissance
Conclusion
 
 
D’après le magazine Alternatives économiques (n°244), 2006 serait annoncée comme l’année de l’égalité des chances. En réalité, on sait que les inégalités sociales ont
tendance à augmenter dans nos sociétés depuis des années. Le décalage entre les discours du gouvernement et la réalité sociale entraînerait donc un ressentiment des
classes moyennes et populaires. Les inégalités sont en fait, une différence qui engendre un écart mesurable en termes de niveau de vie ou de qualité de vie entre
individus ou entre groupes sociaux.
 Les inégalités peuvent être économiques (revenus, patrimoine), sociales (chômage, soins, espérance de vie...) ou culturelles (scolarisation, lecture, loisirs...). Dans un
système social comme le nôtre, où les facteurs économiques jouent un rôle important, les inégalités sont le plus souvent cumulatives : une inégalité initiale de revenu
engendre d'autres inégalités en cascade par exemple sur la qualité de logement, le niveau de formation des enfants, ou les recours aux soins, etc.
Pour mesurer l'inégalité des revenus au niveau d'un pays et faire des comparaisons plus exactes entre pays, les économistes ont recours à la courbe de Lorenz et au
coefficient de Gini. La courbe de Lorenz est une représentation graphique des pourcentages cumulés du revenu total revenant aux différents pourcentages cumulés du
nombre des bénéficiaires, les individus ou ménages les plus pauvres étant pris en premier.
On commence tout d'abord par classer tous les individus ou ménages d'un pays donné en fonction de leur niveau de revenus, des plus pauvres aux plus riches. Ces
individus ou ménages sont alors répartis en cinq groupes (représentant 20 % chacun) ou en dix groupes (de 10 %), et le revenu de chaque groupe est calculé et
exprimé en pourcentage du PIB. Dans un deuxième temps, on trace les points correspondant aux pourcentages cumulés du PIB reçus par ces groupes — autrement dit,
ils inscrivent la part de revenu du quintile le plus pauvre par rapport au point correspondant à 20 % de la population, puis celle du quintile suivant (le quatrième) par
rapport à 40 %, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'ils aient tracé la part globale des cinq quintiles pris dans leur ensemble (ce qui correspond à 100 %) par rapport à 100 %
de la population. Une fois reliés tous les points figurant sur le graphique, en commençant par 0 % de revenu pour 0 % de la population, on obtient la courbe de Lorenz
pour le pays en question. Plus la courbe de Lorenz pour un pays donné est incurvée, plus la répartition des revenus dans ce pays est inégale. À titre de comparaison,
considérez la « ligne d'égalité parfaite », sur la figure.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Plus la courbe de Lorenz pour un pays donné est incurvée, plus la
répartition des revenus dans ce pays est inégale. À titre de
comparaison, considérez la « ligne d'égalité parfaite », sur la figure.
Selon ce profil de répartition du revenu, 20 % de la population
recevraient exactement 20 % du revenu, les 40 % suivants en recevraient 40 %, et ainsi de suite. La courbe de Lorenz correspondante prendrait par conséquent la
forme d'une ligne droite allant du coin inférieur gauche du graphique (x = 0 %, y = 0 %) au coin supérieur droit (x = 100 %, y = 100 %). Comme le montre la figure, la
courbe de Lorenz pour le Brésil s'écarte bien plus que celle de la Hongrie de l'hypothétique ligne d'égalité parfaite, et donc, de ces deux pays, c'est le Brésil qui connaît
l'inégalité de revenus la plus prononcée. Lorsqu'il s'agit de comparer les inégalités de revenus entre plusieurs pays, le coefficient Gini est encore plus pratique que la
courbe de Lorenz. Ce coefficient mesure l'aire située entre la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité parfaite, et est exprimé en pourcentage de la surface du triangle
situé en dessous de cette ligne. Dans ce contexte, un coefficient de Gini de 0 % représente l'égalité parfaite : la courbe de Lorenz coïncide alors avec la ligne droite. Un
coefficient de Gini de 100 % représente une situation d'inégalité maximale : la courbe de Lorenz coïncide alors avec l'axe des x et suit la verticale de droite
(correspondant aux individus ou ménages les plus riches, voir la grosse ligne en pointillé). En réalité, il ne peut y avoir d'égalité parfaite, ni d'inégalité maximale, et les
coefficients de Gini sont donc toujours supérieurs à 0 %, mais inférieurs à 100 %.
Ensuite, nous allons pouvoir faire ce rapprochement entre inégalités et conséquences grâce à des outils mathématiques tels que le R2 qui est le coefficient de
régression linéaire de la droite que l’on fait apparaître à partir des nuages de points. Pour pouvoir faire des prévisions celui-ci doit être au moins égal à 0.75.
Cependant il peut aussi nous permettre de noté un lien si il est supérieur au hasard.

Tout au long de ce TPE nous allons nous interroger sur les conséquences économiques et sociales de l’accroissement des inégalités. Nous nous intéresserons tout
d’abord aux conséquences sociales de l’accroissement des inégalités, à travers la violence et la participation électorale, puis aux conséquences économiques en
étudiant leur répercussion sur le PIB.
 
 
 
I/ LES INEGALITES ONT-ELLES UN IMPACT SUR LA COHESION SOCIALE ?
 
Nous allons, dans un premier temps nous interroger sur la relation entre inégalités et cohésion sociale. Le concept de cohésion sociale se
construit sur des valeurs partagées et un discours commun à tous les membres d’une société ainsi que sur la réduction des écarts de
richesse et de revenu. De façon générale, les individus doivent avoir l’impression qu’ils participent à une entreprise commune, qu’ils ont
les mêmes défis à relever et qu’ils font partie de la même collectivité. Il s’agit donc de limiter les conflits entre les membres d’une même
société grâce à la socialisation des individus.

 
A)   INEGALITES ET VIOLENCE
 
Dès le XVIe siècle, des auteurs en Europe se sont posé la question de le relation entre inégalités sociales et violence. Ainsi, Montaigne,
dans l’un de ses essais, Des Cannibales, va évoquer ce problème à travers le discours d’Indiens visitant la France. L’un d’eux fera
remarquer : « qu’ils avaient aperçu qu’il y avait parmis nous des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et que leurs
moitiés étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté ; et trouvaient étrange comme ces moitiés ici nécessiteuses
pouvaient souffrir une telle injustice, qu’ils ne prissent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons. »
 
Cette question est toujours d’actualité et a été de nouveau soulevée cette année suite aux événements qui se sont déroulés en banlieue
récemment.
Mais existe-il une réelle relation entre les inégalités sociales et la criminalité ?
Nous allons tout d’abord évoquer les différents phénomènes de société pouvant être cause de violence. Pour tenter ensuite de répondre à
cette question nous allons utiliser les études de Fajnzylber, Lederman et Loayza (2001-2002) réalisées sur une période entre 1965 et 1994.
Nous établirons enfin nos propres statistiques en mettant en relation le taux homicides et d’inégalités dans certains pays du monde. Pour
mesurer les inégalités, nous allons utiliser le coefficient Gini. 
 
a)      Les inégalités ont des conséquences sur le niveau de violence d’un pays.
 
1- L’étude de Fajnzylber, Lederman, et Loayza.
Fajnzylber, Lederman et Loaysa ont réalisés une étude sur une période entre 1965 et 1994 pour vérifier l’existence de relations entre le
taux d’inégalité d’un pays et le nombre d’homicides que l’on y commet. Ils ont pris pour échantillon des pays de l’Afrique subsaharienne,
de l’Asie du Sud-est, de l’Europe de l’Est, de l’Amérique latine et de l’OCDE.
L'OCDE est une organisation regroupant 30 pays membres parmis lesquels l’Allemagne, le Canada, l’ Autriche, la Finlande, la France, les
Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni ou encore la Suède.
 
En observant le graphique illustrant leurs résultats, on peut constater qu’ils obtiennent une droite de régression linéaire croissante. Cela
signifie que, d’après leurs études, lorsque le taux d’inégalité, calculé par le coefficient Gini, augmente, que le revenu par habitant croît peu
(et qu’ainsi la pauvreté tend à augmenter) les homicides sont de plus en plus nombreux.
Il est donc possible selon eux de prévoir les conséquences de l’augmentation du taux d’inégalité sur la proportion de violence d’une
société.
 

On pourrait dès lors penser de manière simple que « l’inégalité des richesses et des revenus incite les pauvres à s’engager dans le
crime… ». Cette idée est parfois reprise par des hommes qui considèrent les plus pauvres comme la « nouvelle classe dangereuse ». Mais
l’étude de Fajnzylber, Lederman, et Loayza nous fait tendre à penser que c’est l’accroissement des inégalités et non pas de la pauvreté qui
a une incidence sur le nombre d’homicides commis dans un pays.
 

2- Etude statistique concernant la relation entre inégalité et violence.

 
Nous avons mené notre propre étude statistique pour vérifier si il existait un lien entre le taux de violence dans un pays et son taux
d’inégalités. Nous pouvons découvrir ce graphique sur le CD annexe  (tableau1.xls)
Nous avons considéré un échantillon de 66 pays d’Europe, d’Amérique du sud, d’Asie et d’Amérique du nord. Nous avons utilisé comme
variable en abscisse les coefficients Gini de ces pays en 2004, avec pour source la CIA world factbook, et en ordonnée le nombre
d’homicides pour 100000 habitants en 1996, d’après les chiffre de l’ONU (Organisation des Nations Unies).
 

Nous avons mener cette étude statistique en deux étapes. Nous avons tout d’abord obtenu un « nuage de points » puis établi une droite de
corrélation. Cette droite nous a, dans un premier temps, permis de savoir si la relation entre ces deux variables était positive ou négative,
puis nous avons pu savoir à quel point cette relation était fiable grâce au coefficient de détermination R2. Ainsi nous avons constater que la
droite obtenue est croissante, l’augmentation du coefficient Gini entraîne une augmentation du nombre d’homicides, l’accroissement des
inégalités semble donc entraîner une amplification de la violence. Mais le coefficient R2 était tout de même faible (égal à 0,1846), nous
avons donc voulu, dans un deuxième temps, tester cette relation avec un nombre d’homicides choisi au hasard. On s’aperçoit ainsi que,
même si on test 100 fois la relation entre le Gini et cette variable due au hasard, le R2 obtenu est très souvent inférieur à celui
correspondant aux statistiques menées avec les variables réelles.

L’accroissement des inégalités a donc bien une incidence sur l’augmentation de la violence. En effet, les inégalités entraînent toujours des
relations de pouvoir entre les membres d’une société, ceux qui ont les revenus les plus élevés peuvent obtenir le travail des individus
moins favorisés en échange d’une plus faible quantité de travail. Les relations de domination entraînent donc souvent des conflits qui
permettent de changer les rapports de force.
Le contexte social influence donc les comportements violents. Mais ce n’est pas réellement le niveau de pauvreté qui crée de la violence,
mais surtout l’impression de profonde injustice, d’une exclusion sociale irrémédiable, sans recours possible à un Etat. A l’inverse, les
efforts en terme d’éducation par exemple permettre d’agir de façon concrète en faveur d’une diminution de la violence, permettant une
intégration plus forte et limitant la marginalisation.

Les classes sociales les plus démunies ne sont donc pas en elles-mêmes « des classes dangereuses », mais le fait de mener des politiques
économiques d’exclusion peuvent la rendre ainsi. On peut au contraire penser qu’une politique de dépenses sociales (éducation, santé,
allocations...) permettrait de favoriser la mobilité sociale et serait ainsi un facteur d’intégration qui pourrait freiner l’augmentation du taux
de violence dans nos sociétés actuelles
 

 
a)      Mais il existe d’autres facteurs qui permettent d’expliquer le taux élevé de violence dans certains pays du monde .
 
D’après un rapport mondial sur la violence et la santé rendu par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) en 2002, la violence fait
chaque année plus de 1,6 million de morts dans le monde. Elle fait partie des principales causes de décès chez les 15-44 ans (14 % des
décès chez les hommes et de 7 % chez les femmes). On y apprend aussi qu’ au cours d’une journée, 1424 personnes en moyenne sont
victimes d’un homicide, ce qui fait environ un mort par minute, de plus, les conflits armés font environ 35 morts par heure. Il s’agit donc
d’un problème capital de nos sociétés actuelles.
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’un niveau élevé de violence.
En effet, une justice inefficace, un système judiciaire mal organisé peut favoriser la violence. L’idée de pouvoir commettre des délits sans
être puni d’une manière ou d’une autre peut favoriser la violence dans un pays. Les habitants étant moins inquiets des risques encourus par
l’adoption d’un comportement illégal, il sont plus a même d’opter pour ces derniers. Cela entraînerait donc une hausse de la violence car
les gains obtenus par ces comportements seraient bien supérieur aux pertes. On peut penser que le résultat serait assez similaire en ce qui
concerne des effectifs de police inefficaces ou  insuffisants. En Colombie, par exemple, la probabilité d’être accusé d’homicide est passée
de 48% en 1980 à 17% en 1992 ; on peut trouver ici un facteur du taux d’homicides très important dans ce pays.

De même, la présence de trafics de drogue, de guérilla ou de forces armées dans un pays sont aussi des facteurs de violence et de
criminalité. On peut prendre l’exemple de pays sud-américains comme la Colombie où l’on considère les trafics de drogue et d’armes
comme une des principale cause du taux élevé de violence que l’on y trouve. On peut d’ailleurs remarquer que sur notre graphique, la
Colombie possède un nombre très élevé d’homicides pour 10000 habitants que l’on peut en parti expliquer par ces trafics.
On peut aussi évoquer le taux important de criminalité qu’entraînent la présence de gangs, par exemple dans certaines villes américaines
comme Los Angeles où l’on compte environ 400 gangs en 2003 (d’après le département de police de Los Angeles). De plus, la vente libre
d’armes à feu augmente encore la violence.
 
Bien qu’elles aient un impact réel sur le niveau de violence d’un pays, les inégalités ne sont pas le seul facteur qui y contribue. En effet,
certains phénomènes comme les trafics de drogue ou d’armes dans des sociétés ainsi que le contexte politique contribuent à l’accroître la
violence. Les relations entre inégalité et violence sont donc bien réelles, et bien que l’on ne puisse pas prévoir le niveau de violence dans
un pays seulement grâce à son taux d’inégalité, il est vrai que l’on peut dégager une vraie tendance, d’après nos statistiques, qui conduit à
penser que ces deux facteurs sont très liés.
 

B)   INEGALITES ET PARTICIPATION ELECTORALE


 
Comme la violence, la participation électorale est un témoin de la cohésion sociale existant dans une société.
L'abstentionnisme a joué un rôle important en France dans le scrutin des dernières élections présidentielles de 2002. En effet,  au premier
tour, sur 41 194 689 inscrits, seuls 29 495 733 sont allés voter, ce qui fait près de 30% d'abstention. Au second tour, le taux d'abstention
était passé à 20.29 % des inscrits, celui des votes blancs et nuls et à 4.30 % des inscrits, 5.39 % des votants.
 
a)      Etude statistique concernant la relation entre inégalités et violence
 
En se dirigeant vers l'étude statistique qui se trouve sur le CD annexe (tableau2.xls) nous découvrons deux graphiques.
Pour le premier graphique, les statistiques ont été faites à partir du site Internet de la CIA (Central Intelligence Agency : qui est l'agence
fédérale d'information des États-Unis d'Amérique sur l'étranger, (fondée en 1947). Elle est chargée de fournir et d'analyser des
informations sur les gouvernements, les entreprises et les individus de tous les pays du monde pour le compte du gouvernement américain.
[http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/fields/2172.html7] ) pour le coefficient Gini de chaque pays et à partir du site de l'IDEA
(International Institute for Democracy and Electoral Assistance: Créé en 1995, l'institut international pour la démocratie et l'aide électorale,
est une organisation intergouvernementale avec des Etats membres de tous les continents, est mandatée pour soutenir la démocratie
soutenable dans le monde entier [http://www.idea.int/vt]).
L'échantillon étudié est composé de 104 pays des différents continents: Afrique (Algérie, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Kenya, Sierra
Leone, Tunisie...), Europe (France, Autriche, Grèce, Ukraine, Belgique...), Amérique (États-Unis, Canada, Guatemala, Mexique, Panama,
Chili, Pérou...), Océanie (Australie, Indonésie,...) et Asie (Inde, Kazakhstan, Corée du sud, Thaïlande...). Les pays qui avaient un taux
supérieur à 90% n'ont pas été pris en compte par crainte qu'ils ne soient du à des fraudes.
 On a mis en relation le dernier taux connu de participation aux élections parlementaires en ordonnée et le coefficient GINI en abscisse. Le
taux de participation représente le niveau de cohésion sociale puisque la participation est l'implication des individus dans la prise de
décisions sur les questions d’intérêts collectifs tandis que le coefficient GINI est un chiffre entre zéro (0,0 = inégalité minimale) et un (1,0
= inégalité maximale) qui mesure le degré d'inégalité dans la distribution des revenus dans une société donnée.
Le second graphique a été fait avec les données du coefficient GINI et des nombres pris complètement au hasard, pour les faire défiler il
suffit sélectionner une case vide (E1 ou E3 par exemple) et appuyer sur la touche "Suppr".
 
Alors qu'on pourrait penser que plus les inégalités sont fortes plus les gens seraient poussés à voter pour changer leur situation, on observe
en fait sur ce premier graphique que plus les inégalités sont importantes moins il y a de participation aux élections. Bien que la tendance ne
soit pas très prononcée car le R2, l'outil qui nous permet de voir s'il existe une relation entre les inégalités et la participation, est assez
faible ; il reste que sur 100 fois le R2 du second graphique, celui avec des données au hasard, n'est jamais plus de 5 fois supérieur à celui
du premier graphique.
 
b)      Comment expliquer les résultats de ces statistiques ?
 
Etant donné ces résultats et le fait que l'abstentionnisme est le comportement politique, de celui qui refuse de participer à une consultation
électorale, alors qu'il dispose du droit de vote, il témoigne bien du manque de cohésion sociale dans une société.
Comment peut-on expliquer cette relation et dans quelles mesures les inégalités ont-elles un impact sur la cohésion sociale ?
Les inégalités désignent une différence qui engendre un écart mesurable en termes de niveau de vie ou de qualité de vie entre individus ou
entre groupes sociaux. Les inégalités peuvent être économiques (revenus, patrimoine), sociales (chômage, soins, espérance de vie...) ou
culturelles (scolarisation, lecture, loisirs...). Dans un système social comme le nôtre, où les facteurs économiques jouent un rôle important,
les inégalités sont le plus souvent cumulatives : une inégalité initiale de revenu engendre d'autres inégalités en cascade : qualité de
logement, niveau de formation des enfants, etc. A partir de là, on peut dire que les inégalités sont facteurs d’exclusion et se tisse alors une
relation exclusion-abstention. Dans un article du 17 mars 2004 dans Libération sur les régionales 2004, Didier Hassoux expose le
classement des abstentionnistes fait par Anne Jadot, chercheuse en sciences politiques et il s’en dégage qu’il y a de réels «exclus du vote».
En effet, c’est ainsi qu’elle les qualifie car ils sont généralement  aussi exclus socialement à cause d’inégalités de revenu ou de logement…
Ces abstentionnistes représentaient un peu plus de 10 % des inscrits sur les quatre tours de scrutin de 2002. Ils ne manifestent pas d'intérêt
pour la politique et  pour cela ils ressemblent beaucoup aux 10 % de non-inscrits car ils se sont mis, ou ont été placés «hors du jeu
électoral». Ces « permanents » de l’abstentionnisme  sont donc souvent des chômeurs, des jeunes, des habitants de quartiers déshérités…
qui se sentent rejetés par la société active.
Stéphane Rozès, directeur général adjoint de CSA-TMO, maître de conférences à Sciences Po, explique, dans une interview sur les
inégalités et l’abstention de la rubrique politique de L’Humanité, qu’il y a une corrélation entre la peur de l’exclusion et les intentions de
participation au vote. Il remarque que plus la peur de l’exclusion est grande, plus la probabilité d’abstention l’est aussi. 59 % des femmes
en ont peur pour elles-mêmes, et 38 % envisagent l’abstention. C’est aussi vrai pour les jeunes : respectivement 59 % et 37 % pour les 18-
21 ans ; 63 % et 38 % pour les 21-24 ans ; 65 % et 38 % pour les 25-34 ans. Comme pour les employés (56 % et 37 %) et plus encore pour
les ouvriers (66 % et 40 %. Mais aussi selon le niveau de diplôme. Lui aussi relève le paradoxe apparent que ces catégories sentent leurs
problèmes ignorés par le débat électoral alors que leurs appréhensions restent fortes, ce qui les encourage plus à se retirer du " jeu "
électoral plutôt qu’à peser aussi par leur vote.
Les inégalités de formation des enfants sont aussi mises en cause puisque les citoyens doivent être assez éduqués face à la complexité des
rouages de l’Etat et de l’engagement politique. C’est pourquoi un message politique qui apparaît compréhensible pour une élite, qui en
comprend les défenseurs et les conséquences, ne reçoit pas toujours  l’adhésion du plus grands nombres. L’éducation civique ne peut-être
que survolée par les professeurs en collège n’ayant pas d’heure réservée à cette discipline. Or cette discipline n’est réellement abordée qu’
à l’examen de brevet et au programme du lycée ( bien que non évaluée au Bac) ce qui est un niveau scolaire qui se limite à une partie de la
population.

Le problème majeur d'un fort taux d'abstention est que cela provoque une crise de la représentativité et donc cela remet en cause la
légitimité du pouvoir. En effet, la légitimité est la qualité d'une autorité qui reçoit le consentement des membres du groupe de ce fait s'il y a
un fort taux d'abstention on peut se questionner sur la légitimité des dirigeants en place, ce qui fragile le démocratie.
A ce moment là, l'abstention peut être perçu comme la manifestation du souhait des citoyens de voir se renouveler l'offre politique. Cela
signifie qu'il y a d'autres facteurs qui ont un lien avec le manque de participation:si l'électeur veut sanctionner les dirigeants en place ou les
responsables politiques en général en montrant son désintérêt de la vie politique, si l'électeur décide de ne pas participer à une élection
qu'il juge injuste ou encore si l'électeur ne veut pas légitimer un système politique qu'il refuse notamment les organisations anarchistes et
communistes révolutionnaires appellent souvent à l'abstention...
 
 

Les inégalités ont donc bien un impact mesurable sur la cohésion sociale d’un pays. En effet, bien que les coefficients R2 de nos
statistiques ne soient jamais trés élevés, il s’en dégage tout de même une tendance qui nous laisse penser que ces deux données sont liées
l’une à l’autre. Il serait donc possible de vérifier l’impact d’une réduction des inégalités sur la cohésion sociale d’une société.
 
 
II/ LE NIVEAU D’INEGALITES D’UN PAYS A-T-IL UN IMPACT SUR SA CROISSANCE ECONOMIQUE ?
 
 
Les inégalités ont donc une répercussion sur la cohésion sociale mais qu’en est-il au niveau de la croissance ?
 

A)    ETUDE STATISTIQUE CONCERNANT LA RELATION ENTRE INEGALITES ET   CROISSANCE


 
Nous nous orientons vers les statistiques que nous avons faites à partir des données de la CIA [CIA World Factbook, www.cia.gov] datant de
2004 et qui se trouve sur le CD annexe (tableau3.xls)
Elles ont été faites à l’aide de 106 pays de tous les continents, avec en ordonnées leur PIB et en abscisse leur coefficient GINI.
Nous avons d’abord utilisé le même outil statistique que les deux premières parties et nous avons trouvé une droite avec un R2 quasi-nul.
Nous avons donc décidé d’utiliser la moyenne mobile qui est un procédé mathématique utilisé en économie et en statistiques pour lisser la
courbe d'un événement ou d'un phénomène et en faire apparaître la tendance générale.
[+ définition ].
Nous avons donc fait la moyenne mobile sur 10 pays et c’est ainsi que nous avons pu nous apercevoir qu’il existe une légère phase
croissante de 20 à 45 environ et une phase décroissante de 45 à 60. C’est pour cela que nous avons décidé de diviser la série statistique en
deux graphiques. Un va de 20 à 40 en abscisse et l’autre de 40 à 65.
Le graphique allant de 20 à 40 montre une droite croissante avec un R2 de 0.1231. Ce R2 relativement faible ne nous permet pas de faire
de réelles prévisions puisque pour avoir des prévisions fiables il faut avoir un R2 au moins supérieur à 0.75; cependant on peut dire qu'il
existe une relation entre les abscisses et les ordonnées puisque 12% des ordonnées s'explique par les abscisses. Parallèlement on a une
droite faite à partir de nombres au hasard que l'on peut faire défiler en sélectionnant une case soit E1 soit E4... Et on peut remarquer que
sur 15 fois on ne retrouve pas plus de 5 fois un R2 supérieur. Ce qui laisse bien entendre qu'il y a une  relation entre les x et les y.
Le graphique partant de 40 jusqu'à 60 dessine une droite décroissante au R2 de 0.1468. Cela signifie 14% des ordonnées s'explique par les
abscisses. De même que pour le premier graphique on ne peut pas faire de prévisions mais on note un lien entre ces deux paramètres.
De la même façon encore on a mis en parallèle les chiffres du hasard et nous en tirons les mêmes constatations.
 
On se rend bien compte que les légères tendances croissante et décroissante sont vérifiées. Mais qu’est-ce qui dans les faits peut les
expliquer ?
 
La phase croissante de la courbe correspond à des inégalités stimulantes pour la croissance. En effet ; elles peuvent avoir un rôle incitant
car elles proviennent des inégalités de salaires crées par les libéraux, qui font dépendre le salaire de la productivité du travailleur. De ce
fait, plus la productivité du travail est importante, plus la rémunération du travailleur doit être élevée. Et donc, cela engendre une inégalité
entre les salariés puisque tous les travailleurs n’ont pas le même niveau de productivité (tout dépend de la qualification et du capital dont il
dispose). Et ces inégalités ont donc un rôle moteur car ce mode de rémunération pousse les individus à travailler plus (donc à produire
plus) et à mieux travailler (élever le niveau de productivité), ce qui est source de croissance. De plus, les faibles coûts salariaux comportent
de nombreux avantages pour la  croissance car ils entraînent une meilleure rentabilité qui amène plus d’investissements (mesure de la
rentabilité) ce qui se répercute sur la croissance. Dans le même sens, une baisse des coûts salariaux conduit à une baisse des coûts unitaires
donc à une amélioration de la compétitivité ce qui est là encore favorable à la croissance. Enfin, pour les libéraux, l’abaissement des coûts
salariaux doit permettre le retour à l’équilibre et donc à l’emploi de toute la population active c’est-à-dire au plein emploi.
 
Ensuite, « l’égalitarisme », autrement dit la politique qui vise à instaurer une égalité réelle entre les individus grâce à un revenu unique
pour tout le monde (même taux de salaire horaire pour tous) est tout simplement inefficace. L’égalitarisme mène au gaspillage de certaines
compétences rares. Vu que le coût de ces compétences est important cela implique que les employeurs les utilisent de manière optimale.
De plus, l’efficacité des travailleurs est encore plus grande lorsque les salaires sont liés aux efforts des travailleurs.
Enfin, selon les économistes de l’offre comme Laffer, les politiques publiques qui visent à prélever (sous forme d’impôts ou de cotisations)
pour ensuite les redistribuer afin d’égaliser les conditions sociales ont tendance à freiner l’esprit d’entreprendre ce qui a un effet négatif sur
la croissance. On peut prendre alors comme exemple le cas des pays socialistes, où le maintien d’un niveau d’inégalité délibérément réduit
(avec une absence de bénéfices privés et  des écarts minimes entre les traitements et les salaires) a privé les individus à prendre part
activement à la vie économique, en ne stimulant pas l’assiduité au travail ni l’esprit d’entreprise. L’égalisation des revenus instituées par le
système socialiste a eu aussi pour conséquences, un manque de discipline et d’initiative de la part de la main d’œuvre, un choix limité et
de faible qualité des biens et services, une lenteur des progrès techniques et, en fin de compte, un surcroît de pauvreté à cause d’une
croissance économique moins soutenue.
Pour finir, Albert Gorz a mis en évidence une dynamique de consommation qui explique le fait que les individus vont utiliser leur
consommation (de biens et de services) comme moyen d’indiquer aux autres leur place dans la hiérarchie sociale (due aux diplômes, aux
revenus). C’est un mécanisme qui est entièrement fondé sur les inégalités sociales puisqu’il repose sur la logique sociale de la distinction.
Cette distinction est d’abord mise en place à travers les biens nouveaux, accessibles aux classes sociales les plus favorisées. A côté de cette
logique de distinction s’installe une logique d’imitation d’abord mise en œuvre par les classes moyennes puis par les classes populaires.
Au fur et à mesure qu’un bien se diffuse, il devient commun. Il ne permet donc plus de marquer l’importance de son statut social. Il faut
ainsi se reporter vers de nouveaux biens ou de nouveaux services pour réactiver cette dimension symbolique.
 
De même la phase décroissante s’explique par des inégalités qui ont tendance à freiner la croissance. Tout d’abord, une société solidaire et
peu inégalitaire est une société qui peut produire de l’efficacité et de la croissance. Par exemple, la France des 30 Glorieuses et sa mise en
place d’un Pacte Social qui a entraîné la création d’institutions, de règles sociales comme la Sécurité Sociale, les conventions collectives,
et le SMIG en 1950, va être un élément important de la cohésion sociale. Mais il va être également un élément important dans le
fonctionnement de la croissance Fordiste.
De plus, des inégalités excessives ont un effet négatif sur la qualité de la vie des individus. L'incidence de la pauvreté s'en trouve accrue,
ce qui entrave les progrès en matière de santé et d'éducation et contribue à la criminalité. Elles représentent un réel coût économique et
social (avec des coûts sociaux comme ceux liés à l’exclusion sociale, au chômage ou encore au développement des quartiers déshérités).
Puis on a vu précédemment que les inégalités entraînent de la délinquance, de la criminalité ce qui forcément freine la croissance. Des
richesses sont détournées car au lieu de servir à réduire les inégalités, elles servent à lutter contre la délinquance et la criminalité. Et s’il y a
de la criminalité mais aussi du détournement de fonds et de la corruption… cela ne peut que nuire au climat d’entreprendre freinant ainsi la
croissance. De plus, on sait que la corruption financière est un obstacle à la croissance économique comme par exemple la mafia qui s’est
développé après la chute du communisme en Russie. Ensuite, de trop fortes inégalités sont une menace pour la stabilité politique d'un
pays, car un plus grand nombre d'individus est mécontent de leur situation économique et il est plus difficile, à partir de là, de forger un
accord politique entre les groupes de population aux revenus plus élevés et moins élevés. L'instabilité politique augmente les risques pour
les investissements d’autres pays dans un pays, et donc la capacité de développement s'en trouve amoindri. Si on prend l’exemple des
réformes agraires au sein des pays du Tiers Monde on trouve qu’en réduisant les inégalités liées à la détention d’une grande partie des
terres par une poignée de propriétaires, les pays comme la Corée du Sud ont assuré leur développement. A l’inverse, le développement de
certains pays n’est pas assurés car les inégalités sont trop fortes. Elles ont même entraîné des crises révolutionnaires et des situations
politiques instables. Les inégalités freinent aussi la croissance car lorsque les inégalités de revenus sont prononcées, le jeu d'importantes
forces du marché (fluctuations des prix, amendes, etc.) s’en trouve limité. Par exemple, une augmentation des tarifs d'électricité et d'eau
chaude peut promouvoir le rendement énergétique, mais dans un contexte de graves inégalités, l'instauration de tarifs même légèrement
plus élevés par les autorités risque de plonger les populations les plus pauvres dans une situation d'extrême dénuement.
Et de fortes inégalités peuvent aussi dissuader les agents économiques (individus ou entreprises) de respecter certaines règles de conduite
fondamentales, telles que celles inspirées par la confiance et le sens des obligations. L'accroissement des risques commerciaux et des coûts
d'exécution des contrats a pour effet de ralentir l'activité économique, freinant encore la croissance.
C'est pour ces raisons, entre autres, que certains experts internationaux recommandent une diminution des inégalités de revenus dans les
pays en développement, voyant là un moyen de favoriser un développement économique et humain plus soutenu.
 
Il y a donc dans la réalité des faits qui prouve que les inégalités ont des répercutions sur la croissance. Et même si l’on ne peut pas
réellement prévoir les conséquences des inégalités sur la croissance le débat reste avant tout une question politique. Est-il possible de
concilier une « bonne dose d’inégalité » (inégalités stimulantes) qui favorisent la croissance et en même temps une « bonne dose de justice
sociale » qui empêche les inégalités de freiner la croissance.
 
B) PRESENTATION DE TROIS THEORIES CONCERNANT LA RELATION ENTRE INEGALITES ET CROISSANCE
ECONOMIQUE
 
Nous allons maintenant nous intéresser à différentes théories concernant la relation entre inégalités et croissance économique.
De nombreuses théories proposent des points de vue très différents concernant l’impact d’un fort taux d’inégalités sur la croissance
économique d’un pays.
Nous allons tout particulièrement nous intéresser à trois d’entre elles, celle de Friedrich Hayek, John Keynes et  Simon Kuznet.
 
a)      Le point de vue de Hayek 
 
 F.A Von Hayek pense que les inégalités agissent comme des « signaux de marché » et permettent d’orienter la production vers les secteurs
qui font l’objet de la plus forte demande. Suite à des processus d’essais et d’erreurs, le marché améliore le sort de tous, même si certains
sont défavorisés ; mais, ce faisant, ceux-ci apportent une contribution à la société en montrant ce qu’il ne faut pas faire.
Plus généralement, les économistes libéraux reprennent des arguments communs : les inégalités incitent les plus démunis à travailler
davantage en ce sens qu’ils convoitent ce que possèdent les autres ; de plus, les personnes qui disposent de hauts revenus ont un taux
d’épargne élevé ce qui permet de financer les investissements nécessaires à la croissance même si ces derniers ne consomment pas
directement.
 
Pour Hayek, les inégalités sont justes si elles permettent une maximisation du bien - être collectif. Il faut inciter les plus productifs car plus
ils le seront et mieux tout le monde se portera. Il faut donc laisser faire le marché et ainsi la justice sociale, pour lui, est injustifiée.
 
b)      La théorie keynesienne 
 

 Selon Keynes, il existe une loi psychologique concernant l’existence d’inégalités. Pour lui s’il y a inégalités, c’est parce que les riches
deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres donc l'économie dégage plus épargne et on consomme moins ( ce sont les pauvres qui
consomment ) donc il y a une baisse de la croissance.

Keynes a toujours milité pour la réduction des inégalités, notamment grâce aux impôts sur le revenu et sur l'héritage: en transférant des
revenus des riches vers les pauvres, on les transfère de la classe sociale qui épargne vers celle qui consomme. Puisque dans la logique
keynésienne, l'épargne est considérée comme une fuite, ce processus de redistribution trouve à la fois une justification économique et une
caution morale. Ce raisonnement suppose donc que l'inégalité des revenus est forcément injuste.
 
Si Keynes justifie une certaine dose d’inégalité pour stimuler l’activité économique, il conclut cependant que "pour stimuler ces activités
et satisfaire ces penchants [à l’enrichissement personnel], il n’est pas nécessaire que la partie se joue avec des mises aussi élevées
qu’aujourd’hui. Avec des mises beaucoup plus faibles le jeu serait tout aussi efficace dès lors que les joueurs en auraient pris l’habitude".
Keynes stigmatise d’ailleurs les inégalités de la société de son époque : « on peut justifier par des raisons sociales et psychologiques de
notables inégalités dans les revenus et les fortunes, mais non une amplitude aussi grande qu’à l’heure actuelle »

Cet économiste considère que la propension à consommer est d'autant plus importante que les revenus sont faibles (loi psychologique de
Keynes). Ainsi, la croissance stimulée par la demande sera d'autant plus soutenue que la politique des revenus encourage la hausse des bas
salaires (réductions des inégalités). On peut trouver ici un argument de l'instauration et de la politique de hausse du SMIC par exemple.
 
 
 
 
 
 

Les économistes d’inspiration keynésienne


estiment donc que les inégalités sont frein à la croissance, ils diminuent la consommation pour les ménages dont le revenu est insuffisant,
et par-là même réduisent la croissance, ce qui provoque du chômage. Ce cercle vicieux doit être rompu par l’intervention de l’Etat qui doit
initier une fonction régulatrice de redistribution.
 

c)        La théorie de Kuznet


 

Dans le sens inverse, pour Kuznet, la croissance économique est un facteur de réduction des inégalités.
En effet, pour lui la relation entre PNB/hab et inégalité aurait une forme de U inversé. A faible niveau de PNB/hab, lorsque le revenu par
habitant augmente, l’inégalité augmente puis elle diminue.
Pour lui une inégalité élevée dans les premières phases de développement serait un prix à payer, de façon temporaire, pour se développer.
 
Au départ, la croissance économique entraîne une hausse des inégalités puis, passé un certain seuil, les inégalités doivent baisser
grâce à un transfert de main d’ œuvre. Le secteur à faible productivité se déverse dans le secteur à forte productivité. Et selon
Kuznets, c’ est ce transfert de population qui entraîne cette hausse des inégalités. De plus, il y a de plus en plus de secteurs à forte
productivité ( progrès technique ) donc cela permet d’ augmenter les revenus il y a dès lors une baisse des inégalités de revenus.
 
Pour les pays du sud qui sont dans la
première phase, on devrait donc
assister à une hausse des inégalités.
Pour les pays riches qui sont dans la
deuxième phase, on devrait assister à
une baisse des inégalités.

 
 
 
 
 
 
 

Ce graphique illustre donc la théorie de Kuznet. Il présente deux phases, on voit sur la première que dans les pays les plus pauvres, plus le
PNB par habitant augmente plus le taux d’inégalités est élevé. Puis, passé un certain seuil de niveau du PNB, lorsque l’on se rapproche des
pays dits « riches », l’augmentation du PNB par habitant entraîne une baisse des inégalités.

Les inégalités ont donc des conséquences sur la croissance économique. On pourrait donc penser qu’une certaine dose d’inégalités
est utile dans nos sociétés pour favoriser la croissance. On voit aussi qu’en ce qui concerne les pays en voie de développement, un taux
élevé d’inégalités est une étape à passer pour ensuite atteindre un PNB par habitant plus important et ainsi réduire les inégalités et
améliorer le sort des plus démunis. Mais il se pose dès lors un problème moral, peut-on réellement justifier même un «  taux moyen  »
d’inégalités ?

 
CONCLUSION 
 
 
Tout au long de ce TPE, nous avons pu constater que les inégalités sociales avaient de nombreuses conséquences d’un point de vue
économique et social. Elles ont, dans un premier temps, un impact sur l’augmentation du taux de violence présent dans nos sociétés
actuelles mais elles influencent aussi le taux de participation électorale. Elles ont, dans un deuxième temps, un impact sue la croissance
économique. Comme on a pu le constaté, elles favorisent, à un certain degrés, la croissance mais un taux trop important d’inégalités peut
aussi être un handicap pour cette dernière. Nous avons donc pu remarquer que ces statistiques permettait de dégager une tendance en ce
qui concerne chacun des domaines que nous avons pu observer.
En effet, bien que d’après nos statistiques le coefficient de détermination R2 soit toujours assez faible, on peut tout de même remarquer
une certaine continuité dans l’observation de ces différents phénomènes. Cela peut permettre de vérifier l’impact de décisions politiques
visant à réduire les inégalités dans un pays par exemple. Ainsi cela permettrait de trouver un certain équilibre entre un degré de cohésion
sociale suffisant pour atteindre un taux de violence peu élevé mais qui permettrait aussi de favoriser la croissance.
Ce TPE pose donc un problème moral concernant les inégalités. En effet, il semblerait qu’une « certaine dose d’inégalités » soit favorable
à la croissance et au développement des pays mais cela entre en contradiction avec les politiques actuelles, menées par exemple en France,
qui prônent l’égalité pour tous. Car, bien que les inégalités aient des conséquences économiques, il s’agit tout d’abord d’un problème
sociale auquel il faut trouver une solution. Dès lors ce pose la question de la justification des inégalités. En effet, comme l’a montré John
Rawls, certaines inégalités sont justifiables. On peut penser que certaines d’entre elles peuvent permettre aux membres les plus pauvres
d’une société d’acquérir une situation meilleure que dans un système égalitaire. Mais il est difficile de pouvoir vraiment trouver la
frontière entre les inégalité acceptables car elles permettent d’améliorer le sort de tous et les autres, qui ne profitent qu’à une seule
catégorie d’individus.
 
 

  

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