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DIDACTIQUE

LES ACTIVITES NUMERIQUES


Introduction
Le besoin de dénombrer a nécessité l’élaboration de système de numération. L’enseignement
de calcul contribue au développement de la faculté d’invention, d’abstraction, de
construction. Il favorise l’aptitude à résoudre des situations nouvelles de la vie courante.
La numération est l’étude des nombres, c’est-à-dire l’étude du système et des conventions
permettant d’écrire, de nommer et d’effectuer des calculs sur les nombres.
I. Les objectifs
Les activités numériques doivent spécifiquement :
 initier l’enfant au langage mathématique ;
 Aider à maîtriser la numération décimale (0 à100 pour la 1ère étape, 0 à 100 000 pour
la 2ème étape avec l’introduction des décimaux, grands nombres, nombres décimaux,
nombres fractionnaires et nombres complexes à la 3ème étape) ;
 Aider à maîtriser le sens et des techniques opératoires ;
 initier au calcul mental.
Remarques sur la méthodologie.
Il faut s’inspirer des principes suivants :
 Partout l’opération manuelle doit précéder l’opération arithmétique (première étape) ;
 L’abstraction mathématique se réalise par l’action et non par contemplation ;
 «Au cours des 2 premières années, dans le cadre des situations agies d’abord, puis
figurées schématiquement, ensuite exprimées symboliquement, les enfants achèveront
l’étude concrète de la notion de nombre, se familiariseront avec les structures des nombres
les plus simples, s’initieront au sens eu à la pratique des opérations. Dans les 3 années
suivantes, les maîtres resteront fidèles aux mêmes principes, mais ils tiendront évidemment
compte de la plus grande maturité des élèves. En Activités numériques, la représentation
schématique prendra le pas sur la manipulation, le matériel devenant vite encombrant et
l’enfant maîtrisant la fonction symbolique. Les mécanismes seront montés par la réflexion,
l’explication et consolidés par de nombreux exercices» Instructions officielles (IO) de 1978
II. Le nombre et ses différents aspects
II.1. Le nombre
C’est un concept commun à des collections variées ayant la même quantité ou le même
nombre-mesure.
Le nombre est représenté par un symbole, un signe qui est le chiffre. Il peut aussi être
représenté par une image ou par des ensembles. Une bonne conception du nombre passe par
l’engendrement et la sériation. L’engendrement se fait à partir de l’unité (par itération) ou par
addition itérative ou formé diversement à partir de composition.

Exemple : 1+1+1=3 ; 1+2=3 ; 2+1=3


3=1+1+1 ; 3=2+1; 3=1+2
La sériation se fait par comparaison de la collection avec celle qui la précède ou celle qui suit
pour placer le nombre dans la série des nombres. Elle permet de trouver l’ordre des nombres.
Exemple : 3 est plus petit que 4 et plus grand que 2 : 3<4 et 3>4

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II.2. Les différents aspects du nombre
Le nombre entier naturel se définit comme le cardinal d’un ensemble fini. Ce cardinal,
propriété de l’ensemble, est le nombre d’éléments. Ainsi, le nombre est la propriété commune
à plusieurs ensembles ayant le même cardinal.
Le nombre présente cinq aspects :

• L’aspect cardinal  concerne le dénombrement des objets à travers des opérations de tri,
de sériation (méthode ensembliste). Il détermine la quantité, le nombre, la mesure.
• L’aspect ordinal concerne la notion de rang, d’ordre, de numérotage dans une série.
• l’aspect groupement ou base de numération qui détermine la valeur de chaque chiffre
dans un nombre (numération décimale) ;
Les aspects groupements et bases de numération permettent de travailler les notions de
groupement par 10 et d’échange de 10 unités contre une dizaine de l’ordre immédiatement
supérieur.
Exemple: 10 unités=1 dizaine ; 10 dizaines=1centaine.
Le changement qui s’opère entre 9 et 10 n’est pas toujours bien perçu par l’apprenant. Il
faudra travailler la maîtrise du groupement par 10 avant de voir le codage en dizaines et
unités.

• l’aspect symbolique lié à l’écriture en chiffres ;


• l’aspect lecture (codage) lié à l’écriture en lettres du nombre.
Il offre la possibilité d’utiliser les nombres de 0 à 9. Dans notre système d’écriture (codage),
la position de chaque chiffre indique la valeur de la puissance à laquelle il appartient.
Exemple: 123 est différent de 213, même s’ils sont formés avec les mêmes chiffres,
Dans 111, les 1 n’ont pas la même valeur.

L’étude des opérations doit articuler la compréhension du sens et la technique. Travailler sur
le sens revient à réfléchir sur la situation. Travailler sur les techniques équivaut à étudier les
propriétés, les transformations et les calculs.
Un accent particulier devra être mis sur la maîtrise du calcul mental, domaine privilégié des
opérations. La maîtrise du calcul mental est également nécessaire pour comprendre certaines
notions mathématiques notamment la structure des nombres et les propriétés des opérations.
Ce double aspect apparaît dans les propos d’Alain qui qualifie le calcul mental de calcul royal
amenant «Maîtres et élèves à inventer sans cesse de nouveaux moyens de courir sans se
tromper mais (où) la vitesse ne doit jamais être séparée de la sûreté».

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III. Démarche

Etapes PROCESSUS ENSEIGNEMENT-APPRENTISSAGE


Stratégie du Maître Activités des Elèves
Calcul mental -Propose des problèmes oraux tirés du vécu -S’essaient à résoudre les
(nouvelle acquisition) -Fait tâtonner pour résoudre les problèmes problèmes
-Fait tirer la règle --Répètent la règle
-Propose d’autres problèmes pour appliquer la -Résolvent mentalement
règle les problèmes
Appropriation du -Présente le matériel -Observent et manipulent le
matériel -Fait observer et manipuler le matériel matériel
-Procède à une démonstration au besoin -Essayent d’utiliser le
nouveau matériel
Activités libres -Propose des activités ou situations -S’approprient la situation
-Explicite les consignes de travail et les consignes -S’exécutent
-Surveille le déroulement des activités individuellement et/ou en
groupes
-Prennent note sur les
ardoises ou dans les
Cahiers.

Activités dirigées -Organise le compte rendu et les échanges -Verbalisent


-Fait analyser les résultats et procédures -schématisent au besoin, les
---Procède à des renforcements en variant résultats
les supports et synthèse -Participent à l’élaboration de
la synthèse
Evaluation -Propose des situations de -procèdent individuellement
réinvestissement immédiat des acquis au réinvestissement des
-Propose des situations de transfert acquis

Pour une bonne mise en œuvre de cette démarche, l’enseignant doit créer un environnement
favorable d’enseignement/apprentissage par une bonne organisation de la classe, la
disponibilité du matériel, la relation pédagogique, l’élaboration de situations problèmes
familières et pertinentes et une bonne gestion du temps. Il doit, par la même occasion, veiller
à la prise en charge de tous les principes de l’enseignement des mathématiques tout au long de
la leçon.
Aux deuxième et troisième étapes, il s’agit de maintenir les principes de la 1ére étape tout en
tenant compte de la maturité progressive des élèves. La représentation schématique prendra
alors le pas sur la manipulation. La démarche peut se dérouler de la manière suivante :
a. Calcul mental
b. Révision
c. Rappel des prérequis (si c’est nécessaire). Pour une leçon portant sur la découverte du
nombre 1000 par exemple au CEI, le maître peut avoir besoin de rappeler les pérequis qui
consistent à placer des nombres de deux ou trois chiffres sur le tableau de numération ou
à les décomposer en unités et en dizaines
d. Présentation d’une situation problème familière et significative : lecture, compréhension
(exploitation de la situation problème)
e. Exploitation individuelle puis échanges en groupes

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Les élèves résolvent le problème individuellement d’abord, puis échangent au sein de
chaque groupe pour déterminer le travail à présenter au groupe classe.
f. Mise en commun, débats et validation
Présentation et appropriation des travaux de groupes sous la direction du maître.
Effectuation de l’opération (dans un abaque), et inscription dans un tableau de
numération.
g. Institutionnalisation ou Synthèse
Faire lire et écrire le nombre en chiffres et en lettres ;
Faire faire la décomposition ;
Faire compter et décompter ;
Faire tirer le remarques (ou règles) ;
Proposer une ou deux situation de contrôle (renforcement ou réinvestissement)
h. Evaluation : Proposer une situation de la même famille dans les cahiers de devoirs avec
un barème de correction.
NB : Pour une bonne maîtrise des apprentissages, l’enseignant doit saisir toute occasion
pertinente et utiliser un matériel adéquat. Il doit mettre un accent particulier sur la
maîtrise du calcul mental qui est le domaine privilégié des opérations en ce sens qu’il
favorise la compréhension de la structure des nombres et les propriétés des opérations :
La commutativité (addition : a+b= b+a ; multiplication :axb=bxa ; l’associativité
(a+b)+c = a+(b+c) ; multiplication : (axb)xc= ax(bxc) ; la distributivité de la
multiplication par rapport à l’addition : (ax(b+c)=(axb)+(axc)

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IV. DEMARCHE PEDAGOGIQUE

L’enseignement des mathématiques au CI-CP est difficile pour les enfants parce qu’il leur
pose des problèmes : l’acquisition du nombre et l’acquisition de l’opération. L’enfant de 6
-7 ans n’accède pas facilement à l’acquisition du nombre. Sa pensée reste tributaire du
concret sensible. Guilhem et Magueres, dans « Eduquer et Enseigner », distinguent quatre
étapes dans l’acquisition du nombre :

 Le verbalisme : L’enfant récite littéralement le nombre sans en saisir la valeur


mathématique ;

 Le comptage d’objet : C’est une simple énumération des objets concrets. Ce comptage
fait surtout appel au rang et non au cardinal ;

 La connaissance globale : C’est l’étape de l’acquisition globale du cardinal ;

 Le symbole arithmétique : Il réalise la correspondance entre le chiffre et son contenu.


Il précise que l’enfant ne peut pas accéder à une abstraction plus poussée. Il conserve une
intuition des quantités et de l’ordre (il lui faut des cailloux, des capsules, des supports).
Les chiffres seuls ne peuvent lui définir les réalités du nombre. La notion de nombre et
son processus d’acquisition doivent être pris en compte dans l’élaboration des objectifs et
dans la pratique pédagogique. Si le nombre signifie une collection ou classe qui a son
(chiffre), son rang (valeur ordinale), sa quantité (valeur cardinale), sa constitution
(formation et décomposition), il faudrait en tenir compte dans la démarche pédagogique
pour que l’enfant puisse saisir correctement la notion du nombre. Cette démarche
comprendra les étapes suivantes :

Opérations et manipulations (concrétisation) ---- Représentation (schématisation) ----


Formulation arithmétique (symbolisation, abstraction)

IV.1. La manipulation

Dans l’acquisition du nombre et de l’opération, la manipulation constitue le point de


départ. Elle vise à donner à l’enfant une base intuitive de l’opération arithmétique. Elle
doit se faire sans l’intervention des symboles mathématiques. Les manipulations sont de
deux ordres : Elle est d’abord collective. Elle permet alors à l’enfant d’observer le jeu
d’un problème, d’en discerner les données, d’appréhender les difficultés et de dégager
l’opération à effectuer.

La manipulation individuelle ne sera pas une simple reproduction mais la réalisation


pratique de l’opération qui conduit à la formation du nombre. Ces manipulations doivent
être multipliées sur du matériel varié. C’est ce qui va permettre à l’enfant de détacher le
nombre de la collection d’objets sensibles.

IV.2. La représentation ou schématisation (étape semi-concrète ou semi-abstraite)

C’est la médiation qui conduit l’enfant du concret à l’abstrait. Elle doit s’appuyer sur l’étape
et les notions antérieures. Dans un sens progressif, on schématisera successivement les
éléments manipulés.

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Exemples : Buchettes : IIIII et I font IIIIII
Coquillage : ooooo et o font oooooo
Puis, on associe les notions antérieures connues ; 5 + 1 = IIIIII ; 5 + 1 = oooooo
Formulation ou symbolisation (étape abstraite)

Dans cette étape, le symbole mathématique remplace l’opération schématisée. Dans


l’acquisition du nombre, figure également la capacité de l’écrire correctement. Le maître
devra s’intéresser particulièrement aux élèves qui éprouvent des difficultés pour l’écriture du
nombre.

V. LE MATERIEL

L’acquisition du calcul aux CI-CP dépend étroitement du matériel utilisé. C’est


l’infrastructure qui rend possible un enseignement intuitif et actif. La fabrication du matériel
didactique en calcul interpelle donc directement le maître. Le matériel de calcul a deux
qualités principales : simplicité et variété.

La simplicité facilite la manipulation, elle évite également le risque de distraction.


La variété, quant à elle, permet de détacher les notions étudiées du particulier et assure le
décollage du concret vers l’abstrait.
Ces deux qualités intéressent également le matériel individuel et le matériel collectif. Ce
dernier relève quand même des dimensions relativement grandes pour être visibles par tout le
monde.

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