Vous êtes sur la page 1sur 42

Annuaire français de droit

international

La Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés
— Paris, 1-14 septembre 1981
Alain Brouillet

Citer ce document / Cite this document :

Brouillet Alain. La Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés — Paris, 1-14 septembre 1981. In: Annuaire
français de droit international, volume 27, 1981. pp. 587-627;

doi : https://doi.org/10.3406/afdi.1981.2462

https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1981_num_27_1_2462

Fichier pdf généré le 10/04/2018


LA CONFERENCE DES NATIONS UNIES

SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

PARIS 1-14 septembre 1981

Alain BROUILLET

La Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (P.M.A.)
s'est réunie à Paris, entre le 1er et le 14 septembre 1981, au siège de l'U.N.E.S.C.O.
La Conférence a approuvé, par consensus, un nouveau programme substantiel
d'action (N.P.S.A.) en faveur des P.M.A. Ce programme est valable pour toute
la durée de la décennie inaugurée en 1981. Le N.P.S.A. succède au nouveau
programme global d'action en faveur des P.M.A. que la C.N.U.C.E.D. avait adopté
à Manille en 1979. Il représente l'un des premiers apports de la Stratégie
internationale du développement de la Troisième Décennie des Nations Unies pour
le développement.
Les P.M.A. ont été identifiés en 1971 par l'Assemblée Générale de l'O.N.U., sur
la base de propositions formulées par le Comité de Planification du Développement
de l'O.N.U. La qualité de P.M.A. est reconnue à tout Etat qui remplit trois
conditions :
1° le P.I.B. par habitant ne dépasse pas 125 dollars (en 1975) ;
2° la part de la production industrielle dans le P.I.B. n'est pas supérieure à"

3° le
10%;
taux d'alphabétisation des personnes âgées de plus de 15 ans ne franchit
pas le seuil de 20 % de la population. Une première liste de P.M.A. a été
arrêtée en 1971, puis complétée en 1975, 1977 et 1981.
En 1981, 31 Etats sont classés par l'O.N.U. dans la catégorie des P.M.A. :
21 sont des Etats africains (1) , 8 se situent en Asie (2) , un se trouve dans le
Pacifique (3) et un autre dans la zone des Caraïbes (4) . De plus, sur les 31 P.M. A.,

(*) Alain Brouillet, assistant à l'Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) . Contribution


à l'A.F.D.I., 1979 : La médiation du Saint-Siège dans le différend entre l'Argentine et le Chili
sur la zone australe. Rédacteur de la Revue des Revues.
(1) Bénin, Botswana, Burundi, Cap-Vert, Comores, Ethiopie, Gambie, Guinée, Guinée-
Bissau, Haute-Volta, Lesotho, Malawi, Mali, Niger, Ouganda, République centrafricaine,
République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Somalie, Soudan et Tchad.
(2) Afghanistan, Bangladesh, Bouthan, Maldives, Népal, République démocratique
populaire lao, Yémen démocratique.
(3) Samoa.
(4) Haïti.
588 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

15 sont des Etats sans littoral, 5 sont des Etats insulaires et 6 appartiennent à la
région du Sahel. L'ensemble regroupe près de 280 millions d'individus.
Les P.M.A. ne constituent pas a priori une catégorie homogène. De profondes
disparités séparent ces pays. Ainsi le revenu par habitant dans les P.M.A. en 1978
variait de 78 dollars pour les Maldives, — 84 dollars pour le Laos — , à 453 dollars
pour les îles Samoa et 623 dollars pour le Botswana.
La situation démographique est également différente d'un pays à l'autre. Le
Bangladesh, avec plus de 90 millions d'habitants, est le troisième pays du monde
pour la densité de sa population (574 habitants au km2); il connaît un
accroissement démographique annuel de 2,8 %, supérieur à la moyenne (2,5 %) des pays
en développement (P.E.D.). A l'inverse, le Botswana souffre de dépeuplement,
et la densité de sa population est la plus faible du monde (1 habitant au km2).
On peut aussi remarquer que certains P.M.A. disposent de richesses
naturelles (5). Enfin la situation géographique des P.M.A. est aussi une importante source
d'inégalité : à côté de pays enclavés ou insulaires, d'autres P.M.A. paraissent
moins défavorisés (6) . Les P.M. A. méritent néanmoins l'attention particulière de
la communauté internationale, car il représentent un groupe d'Etats
particulièrement démunis et handicapés par rapport à l'ensemble des P.E.D.
Les P.M.A. sont tous des pays très pauvres, dont un pourcentage élevé de la
population vit de l'agriculture, qui est pour l'essentiel une agriculture de
subsistance (7) . Corrélativement le secteur manufacturier ne compte que pour 9 % du
P.I.B. (en 1978) des P.M.A., alors qu'il représente 19% du P.I.B. de l'ensemble
des P.E.D. (8).
Les exportations des P.M.A. représentaient en 1978 10,9 % du P.I.B., alors que
celles des autres P.E.D., en excluant les principaux pays exportateurs de pétrole,
atteignaient 18 % du P.I.B. En revanche les importations des P.M.A.
correspondaient à la moyenne des P.E.D. en ce domaine (22,7 %) .
La croissance des exportations en valeur des P.M.A. est extrêmement variable,
à raison de la fluctuation des cours des matières premières qui en constituent
l'essentiel. Entre 1970 et 1979, le taux moyen de croissance annuelle de leur valeur
a été 11,2 %, alors que ce taux s'élève à 19,4 % pour l'ensemble des P.E.D. Au
cours de cette période le pouvoir d'achat des exportations des P.M.A. a diminué
de 1,4 % par an en moyenne. Les P.M.A. ont donc subi une dégradation
importante des termes de l'échange, qui accentue les difficultés de leurs balances
commerciales. Ces exportations se composent pour l'essentiel de produits agricoles et
de matières premières d'origine agricole. Viennent ensuite les produits
manufacturés, les minéraux, les minerais, les métaux et les combustibles.
Il faut noter que la plupart des P.M.A. ont des exportations peu diversifiées

du fer
(5) et
Le deBangladesh
la potasse,possède
le Bénin
desdes
réserves
phosphates
de gazet naturel
du fer, etladeRépublique
charbon, lecentrafricaine
Laos de retain,
des
diamants, le Niger de l'uranium.
(6) Ainsi le Bénin bénéficie non seulement d'un accès à la mer mais aussi de la proximité
du Nigeria, pays riche et gros exportateur, dont le voisinage a permis une rapide expansion
de l'activité portuaire de Cotonou.
(7) Le secteur agricole utilise en effet 82 % de la main d'œuvre totale en moyenne
(47 % au Bénin, 94 % au Bhoutan) contre 60 % pour l'ensemble des P.E.D. L'agriculture
produit en moyenne 47 % du P.I.B. de la totalité des P.E.D. La production vivrière des
P.M.A. s'est accrue de moins de 2 % par an entre 1970 et 1979 (contre 3 % pour tous les
P.E.D.), alors que le taux d'accroissement démographique s'élève à 2,5%.
(8) La part du P.I.B. allouée à l'investissement dans les P.M.A. (16 %) apparaît faible
si on la compare à la moyenne des P.E.D. (24 %) . L'accroissement de l'investissement
intérieur brut, de l'ordre de 10 % par an pour l'ensemble des P.E.D. entre 1970 et 1978, est
resté dans les limites de 2,6 % dans les P.MA.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 589

et se trouvent dans une situation de dépendance importante vis-à-vis du produit


principal qu'ils exportent.
D'autres P.M.A. n'ont guère de ressources naturelles. Parfois même les terres
cultivables sont très limitées, et les efforts visant à transformer fondamentalement
la situation économique de ces pays dépendent pour l'essentiel de la mise en valeur
et de l'utilisation efficace des ressources humaines. Or le personnel qualifié,
possédant la capacité administrative d'organiser et de gérer le développement, est
largement insuffisant dans la plupart des P.M.A., comme le dénotent des taux
d'alphabétisation très bas, le faible pourcentage de la population qui reçoit un
enseignement secondaire et supérieur. D'autre part, les P.M.A., dans leur ensemble, souffrent
particulièrement de la malnutrition, du manque d'eau salubre, des épidémies, de
l'insuffisance des services de santé. Leur taux bruts de natalité et de mortalité sont
parmi les plus élevés du monde.
La plupart des P.M.A. sont donc fortement tributaires de l'aide extérieure, et
notamment de l'aide publique au développement (A.P.D.) accordée dans des
conditions libérales. Cette aide est-elle suffisante ? Faut-il l'accroître, et dans quelle
proportion ? Cette aide est-elle attribuée dans des conditions satisfaisantes ? Ces
questions se trouvent posées en permanence depuis que l'Assemblée Générale a
reconnu en 1971 l'existence des P.M.A. en tant que catégorie d'Etats
particulièrement défavorisés, méritant de ce fait la sollicitude de la communauté
internationale, par l'octroi d'une « aide additionnelle » et l'adoption de « mesures
spéciales ».
L'action de la communauté internationale en faveur des P.M.A. s'est
développée pour l'essentiel dans le cadre de la C.N.U.CE.D. Lors de sa première
session, à Genève, en 1964, la C.N.U.C.E.D. avait adopté un principe général, le
quinzième, qui invitait les Etats et les institutions internationales à tenir compte
des divers stades de développement des pays en voie de développement, « une
attention spéciale étant accordée aux moins développés d'entre eux ». Une
résolution sur la question des mesures spéciales en faveur de ces pays fut adoptée en
1968, à New Delhi, à la deuxième session de la Conférence (9) . La situation
générale des P.M.A. a fait l'objet d'une analyse détaillée, en 1969, dans le rapport
établi par un premier groupe d'experts à la demande du Conseil du Commerce et
du Développement de la C.N.U.C.E.D. La première résolution d'ensemble sur les
mesures spéciales en faveur des P.M.A. fut adoptée par la C.N.U.C.E.D. en 1972,
à Santiago du Chili, à sa troisième session (10) . Le Conseil du Commerce et du
Développement, à la suite de cette résolution, a décidé de réunir un groupe
intergouvernemental chargé de la question des pays en développement les moins
avancés. Ce groupe a siégé à Genève du 7 au 13 juillet 1975. La C.N.U.CE.D. a approuvé
en 1976, à Nairobi, une autre résolution d'ensemble sur les P.M.A. (11) . En
application de cette résolution, une réunion d'institutions multilatérales et bilatérales
d'assistance financière et technique et de représentants des P.M.A. a eu lieu à
Genève, sous les auspices de la C.N.U.C.E.D., du 31 octobre au 9 novembre 1977 (12).
(9) Résolution 24 (II) .
(10) Résolution 62 (III) .
(11) Résolution 98 (IV).
(12) Cette réunion a abordé les problèmes du montant de l'aide accordée aux P.M.A.
et des conditions de l'aide. Les représentants des P.M.A. ont demandé que l'aide soit versée
exclusivement sous forme de dons. La question des procédures de l'aide a fait l'objet de longs
débats, les délégués des P.M.A. relevant la complication et la lenteur de ces procédures.
Le problème de la coordination des aides fournies aux P.M.A. a suscité de longs débats.
Qui doit assurer la coordination des aides ? L'Etat bénéficiaire, lui-même ? Ou bien des
organismes extérieurs ? Il a été également question, au cours de cette réunion, de
l'identification et de l'évaluation des projets d'assistance aux P.M.A. Les représentants des P.M.A.
ont reproché à certaines agences d'aide de privilégier en ce domaine la rentabilité financière
sur la rentabilité sociale. Enfin les problèmes des dépenses locales et des charges
renouvelables en matière d'aide ont été évoqués.
590 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Après cette réunion, le groupe intergouvernemental chargé de la question des


P.M.A. a tenu une session, à Genève, du 17 au 28 juillet (13) .
La C.N.U.C.E.D., à Manille, en 1979, lors de sa cinquième session, a approuvé
un nouveau programme global d'action en faveur des P.M.A. (14) . Les points
essentiels de ce programme se trouvent déjà dans le « Programme d'Arusha », adopté
avant la conférence par la réunion ministérielle du groupe des 77(15). La
C.N.U.C.E.D. a entériné à Manille, sans vote, le principe d'un programme en deux
phases en faveur des P.M.A. : un programme d'action immédiate pour la période
1979-1981 et un nouveau programme substantiel d'action (N.P.S.A.) pour les années
80. Le programme d'action immédiate prévoit au profit des P.M.A. un transfert
important de ressources, destiné à satisfaire un certain nombre de besoins essentiels.
Mais une ambiguïté importante limite la portée de ce programme. Rien ne permet
de dire si le programme doit être réalisé au cours de la période de référence ou
simplement recevoir un début d'application.
Le second volet de la résolution de la C.N.U.C.E.D. concerne l'élaboration du
N.P.S.A. en faveur des P.M.A. pour les années 80. La résolutions rappelle les «
objectifs sociaux» du développement dans divers domaines (nutrition, santé, logement,
enseignement, emploi, soutien du secteur rural) . Elle souligne l'intérêt des «
investissements évolutifs », c'est-à-dire ceux qui ont d'importants effets sur la structure des
économies. Elle prévoit la nécessité de lutter contre les conséquences des
catastrophes naturelles par l'attribution, le cas échéant, d'aides d'urgence aux P.M.A.
Sur tous ces points la conférence n'a pas adopté de véritable programme d'action,
mais énumère simplement des finalités. A l'inverse, sur les questions qui se situent
dans le champ de compétence de la C.N.U.C.E.D. : questions commerciales, transferts
de technologie, transports maritimes, la résolution de Manille contient des
dispositions plus concrètes, mais qui ajoutent peu, en définitive, aux mesures qui figuraient
déjà dans la résolution 98 (IV) adoptée à Nairobi.
Le programme d'action prévoit le doublement du volume de l'aide attribuée
aux P.M.A., mais cet accroissement doit intervenir « aussitôt que possible », à
terme non précisé. L'effort doit être réparti sur l'ensemble des pays donateurs, y
compris les pays de 1'O.P.E.P. La contribution de chaque pays, et cette précision
est importante, doit être d'autant plus grande qu'elle a été jusque-là relativement
plus faible. Quant aux conditions et modalités de TA.P.D., il n'est plus question
de transferts automatiques ou semi-automatiques. Le don n'est plus considéré
comme la forme exclusive de l'aide mais comme la forme normale, réserve faite
de l'octroi de prêts à des conditions particulièrement libérales. Si l'aide doit être
fournie sans conditions, « déliée », il ne s'agit plus d'un impératif absolu, mais
seulement d'un objectif à atteindre. Les pays donateurs sont invités, d'autre part,

(13) Au cours de cette réunion, le représentant du groupe B a déclaré qu'il appartenait


à chaque P.M.A. de choisir et de définir sa propre stratégie de développement. H a mis
l'accent sur les problèmes de capacité d'absorption que pose un accroissement massif de
l'aide aux P.M.A. Le groupe des 77, de son côté, a demandé que des mesures d'urgence soient
adoptées en faveur des P.M.A. sous la forme d'un < programme-choc ». Les problèmes du
montant, des conditions et des procédures des aides accordées aux P.M.A. ont été également
discutés.
(14) Résolution 122 (V).
(15) Un consensus s'est dégagé à Arusha autour de quelques idées-force. Il a été admis
que les P.M.A. devaient parvenir assez rapidement à des normes minimales dans les domaines
de la sécurité alimentaire, de la santé, de l'emploi, du logement, de l'enseignement, des
transports et communications. Bien que l'expression n'y figure pas, le texte d'Arusha consacre
la stratégie dite des « besoins essentiels ». Pour atteindre ces objectifs, une aide extérieure
importante est nécessaire au départ, sous la forme d'un « programme accéléré » pour les
années 1979-1981. Cette aide devait être rapidement doublée en termes réels. Le « Programme
d'Arusha » comportait en outre des propositions sur les conditions de l'aide et sur divers
problèmes (politique commerciale, transferts de technologie, etc.).
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES 591

à convertir en dons les dettes antérieures des P.M.A., quand ils ne l'ont pas déjà
fait. La résolution souligne l'opportunité du financement des dépenses locales et
des dépenses de fonctionnement par les aides extérieures.
Quant à la 'préparation du N.P.S.A. pour les années 80, la Conférence de
Manille a pris trois décisions. Chaque P.MA. est invité à apporter sa contribution
au N.P.S.A. pour l'élaboration d'un plan de développement national. La
préparation du N.P.S.A. est appelée à s'intégrer dans le cadre plus large de la stratégie
internationale du développement de la Troisième Décennie des Nations Unies pour
le développement. Enfin, la Conférence invite l'Assemblée Générale de l'O.N.U. à
réunir une Conférence des Nations Unies sur les P.M.A., « chargée de mettre au
point, d'adopter et d'appuyer le N.P.S.A. pour les années 80».
L'Assemblée Générale, accédant au vœu de la C.N.U.C.E.D., a décidé, le 19
décembre 1979, de réunir une Conférence des Nations Unies sur les P.M.A. en 1981.
La Conférence de Paris est la première conférence des Nations Unies qui ait
été appelée à se pencher sur les problèmes spécifiques d'un groupe d'Etats
particuliers : les P.M.A. Cette conférence se distingue par son objet des autres
conférences des Nations Unies qui étudient des questions sectorielles, telles que l'étain
ou les pratiques commerciales restrictives, par exemple, ou bien qui examinent
des problèmes de caractère plus général, comme la population, l'alimentation,
l'environnement, etc. La Conférence de Paris sur les P.M.A. présente à ce titre un
premier trait d'originalité.
La Conférence de Paris sur les P.M.A. est intéressante également pour d'autres
raisons. Elle a donné lieu, tout d'abord, à un mode de préparation qui a associé
les pays concernés, et plus particulièrement les P.M.A. eux-mêmes, à l'élaboration
du N.P.S.A. La Conférence de Paris, d'autre part, a été un exercice réussi du
dialogue Nord-Sud.
Une négociation globale s'est développée entre les participants à la conférence.
Des engagements ont été pris par les pays développés comme par les P.M.A. Un
lien quasiment contractuel unit, si l'on considère la portée des textes adoptés, les
obligations qui pèsent sur les pays susceptibles d'aider les P.M.A. et les devoirs
de ces derniers à l'égard de leur propre développement. Enfin, sur le plan
institutionnel, le N.P.S.A. mérite de retenir l'attention, car il prévoit, après la conférence,
l'existence de réunions destinées, à travers un mécanisme de suivi, à surveiller
l'état d'exécution des mesures approuvées à Paris. La préparation de la
conférence (I), le jeu des acteurs de la conférence (II), les actes adoptés (III), les suites
de la conférence (IV) seront examinés successivement

I. — LA PRÉPARATION DE LA CONFÉRENCE

L'Assemblée Générale de l'O.N.U. a décidé, par sa résolution 34/203, que le


groupe intergouvernemental chargé de la question des P.M.A. au sein de la
C.N.U.C.E.D. devait servir de Comité préparatoire de la Conférence des Nations
Unies sur les P.MA. D'autre part, l'Assemblée Générale, par la même résolution, a
prié le Secrétaire Général de l'O.N.U. de nommer Secrétaire Général de la
Conférence des Nations Unies sur les P.M.A. le Secrétaire Général de la C.N.U.C.E.D.,
«compte tenu du rôle central qu'a joué celle-ci dans la préparation du Nouveau
592 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

programme global d'action en faveur des P.M.A. ». L'organisation de la Conférence


sur les P.M.A. a donc donné lieu, entre Manille et New York, à un chassé-croisé
institutionnel entre la C.N.U.C.E.D. et l'O.N.U.
La participation des Etats, des organes de l'O.N.U., des institutions
spécialisées, des organes intergouvernementaux à la préparation de la Conférence s'est
donc développée, pour l'essentiel, dans le cadre de la C.N.U.C.E.D., et il convient
de souligner, en premier lieu, le rôle de la C.N.U.C.E.D. dans les travaux
préparatoires (1°).
Mais la Conférence de Paris a mobilisé également d'autres organisations
internationales qui ont apporté leur concours aux préparatifs. Il faut relever, en second
lieu, la contribution de ces institutions (2°).
Doit être soulignée, en troisième lieu, l'action du pays hôte de la Conférence
pour sa préparation (3°). Enfin, il faut relever la participation des organisations
non gouvernementales aux travaux préparatoires (4°).

1) Le rôle pe la c.n.it.c.e.d.

La C.N.U.C.E.D. a été l'instrument principal des travaux préparatoires de la


Conférence de Paris. Le groupe intergouvernemental chargé de la question des
P.M.A., organe ad hoc de la C.N.U.C.E.D., a servi de Comité préparatoire de la
Conférence. D'autre part, le Secrétaire général de la C.N.U.C.E.D., en sa qualité
de Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur les P.M.A., a été
associé à toutes les phases de la préparation de la Conférence. Le Secrétariat de la
C.N.U.C.E.D. est intervenu, notamment, à l'occasion des préparatifs par pays qui ont
eu lieu dans tous les P.M.A. Le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D. a participé, enfin,
aux réunions préparatoires qui ont passé en revue les plans nationaux, que les
P.M.A. avaient adoptés. Pour apprécier l'action de la C.N.U.C.E.D. dans la
préparation de la Conférence de Paris, il convient donc de considérer séparément les
sessions du Comité préparatoire (A), la mise en œuvre des préparatifs par pays (B),
et l'organisation des réunions de consultation (C).

A. — Les sessions du Comité préparatoire

Les sessions du Comité préparatoire avaient été préparées par une réunion d'un
groupe d'experts de haut niveau, chargé d'examiner le nouveau programme global
d'action en faveur des P.M.A. La convocation de ce groupe d'experts était d'ailleurs
prévue dans la résolution 122 (V) que la C.N.U.C.E.D. avait adoptée à Manille.
Les experts ont délibéré à Genève du 26 au 30 novembre 1979.
Le groupe d'experts est parvenu à un certain nombre de conclusions
intéressant les P.M.A. Les recommandations du groupe d'experts méritent de retenir
l'attention, car elles ont été largement débattues par le Comité préparatoire.
D'autre part, les suggestions du groupe d'experts sont devenues ensuite, pour la
plupart d'entre elles, non seulement des pièces essentielles des textes qui ont organisé
la préparation de la Conférence, mais aussi des éléments fondamentaux du
dispositif adopté à Paris (16).

(16) Le rapport du groupe d'experts souligne la nécessité pour chacun des P.M.A.
d'élaborer un plan national précis qui définisse ses principaux projets et programmes
prioritaires et précise le coût de leur réalisation. Ces plans nationaux doivent prendre place dans
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 593

Le Comité préparatoire a tenu trois sessions à Genève dans le cadre du Palais


des Nations. La première session s'est déroulée du 4 au 6 février 1980. Elle a
réuni les délégués de 92 Etats, ainsi que les représentants de la plupart des organes
de l'O.N.U., des institutions spécialisées et des principaux organismes
intergouvernementaux. Le Comité préparatoire, lors de sa première session, a joué un rôle
décisif pour le lancement des préparatifs de la Conférence et pour la clarification
des enjeux de la Oonférence. Le Comité a adopté, tout d'abord, pour la
préparation de la Conférence, deux principes de base, sur la proposition du délégué de la
France, porte -parole et Président du groupe B. Le Comité a décidé que les P.M. A.
devaient, « avec l'appui de îa communauté internationale », entreprendre, dans la
perspective de la Conférence, des préparatifs détaillés, se traduisant par
l'élaboration de plans et de programmes de développement. Le Comité a invité, d'autre
part, les P.M.A. à organiser avec leurs partenaires au titre de l'assistance des
réunions communes dans le but de passer en revue les plans et les projets
nationaux de développement. Quant à l'aménagement de ces réunions, le Comité
laissait à chaque P.M.A. l'opportunité de choisir entre des consultations organisées sur
une base individuelle — pays par pays — ou collective, à un niveau sous-régional.
Les P.M.A. pouvaient également accepter de se soumettre à ces deux types de
consultation.
Le Comité préparatoire devait, en second lieu, procéder à l'examen des
progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements pris à Manille, qu'il s'agisse
du programme d'action immédiate ou de la préparation du N.P.S.A. pour les années
80. Les débats du Comité ont montré que le groupe des 77 dans son ensemble et
les pays du groupe B ne faisaient pas la même lecture de la résolution 122 (V) :
pour les premiers, la recommandation de doubler aussitôt que possible le volume
de 1'A.P.D. destinée aux P.M.A. s'appliquait au programme d'action immédiate
(1979-1981), alors que pour les pays industrialisés cette recommandation portait
sur l'ensemble du nouveau programme global d'action. Au terme de laborieuses
négociations, un compromis s'imposa qui, par un artifice de présentation, plaçait
l'exécution des engagements pris au titre du programme d'action immédiate dans
le cadre de la préparation du N.P.S.A. pour les années 80. Cette solution eut pour
résultat de limiter considérablement la portée du programme d'action immédiate.
Enfin, le Comité préparatoire, à sa première session, a apporté sa contribution
à l'élaboration de la Stratégie internationale du développement (S.I.D.) pour la
Troisième Décennie des Nations Unies pour le développement (17).

le processus de préparation de la Conférence des Nations Unies, et le rapport prévoit diverses


modalités d'assistance aux P.M.A. pour la mise en œuvre de cette opération de planification.
Le rapport prévoit, d'autre part, la mise en place d'arrangements institutionnels sur le plan
international pour appuyer les efforts de développement des P.M.A. (groupes consultatifs de
donateurs, mécanismes régionaux ou sous-régionaux d'assistance). L'aide internationale doit
être par ailleurs mieux coordonnée dans le cadre du système des Nations Unies. Les experts
invitent les Etats donateurs à assouplir les modalités de l'aide qui doit être versée à des
conditions très libérales. Ils proposent enfin le quadruplement en termes réels d'ici 1990 du
volume de l'aide aux P.M.A.
(17) La contribution du Comité à l'élaboration de la S.I.D. se trouve dans une résolution
qui énonce huit objectifs. Le Comité souhaite en premier lieu que la S.I.D. comporte un
programme spécial en faveur des P.M.A. Mention est faite de l'élaboration d'un N.P.S.A.
pour les P.M.A. dans le cadre de l'O.N.U. D'autre part, des programmes doivent être préparés
pour permettre à chaque P.M.A. de doubler d'ici 1990 son revenu national. Les pays sans
littoral doivent recevoir des concours particuliers pour disposer d'infrastructures en matière
de transport de transit. Chaque P.M.A. devrait élaborer un plan national définissant ses
objectifs et chiffrant leur coût.
La communauté internationale doit appuyer financièrement les efforts de planification
entrepris au niveau national, sous-régional et régional. Les modalités de l'aide aux P.M.A.
doivent être plus souples. Les P.M.A. devraient s'attacher à accroître leur production et leurs
594 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Le Conseil du Commerce et du Développement de la C.N.U.C.E.D. a transmis


pour examen au Comité préparatoire de la S.I.D. à New York les propositions du
Comité préparatoire de la Conférence sur les P.M.A.
En dernier lieu, le Comité préparatoire s'est prononcé sur les requêtes de six
Etats sollicitant leur inscription sur la liste des P.M.A. (18).
Le seconde session du Comité préparatoire s'est tenue du 9 au 17 octobre
1980 (19) . Elle a été précédée par la réunion d'un séminaire de hauts fonctionnaires
responsables de la planification des P.M.A., organisé à Genève du 6 au 8 octobre
1980, à propos des programmes nationaux que les P.MA. devaient présenter à la
Conférence des Nations Unies (20) .
Le Comité préparatoire, à sa seconde session, a passé en revue les progrès
accomplis dans l'application du programme d'action immédiate. L'inexécution de
ce programme a été soulignée de divers côtés. Le Comité a été tenu informé, en
second lieu, du degré d'avancement des plans nationaux dont l'élaboration était
en cours dans chaque P.MA. Des exposés ont été présentés à propos de
l'assistance qui était accordée aux P.M.A. pour la préparation de ces documents
nationaux de la part d'institutions du système des Nations Unies.
Le Comité préparatoire surtout a pris des décisions importantes à propos des
réunions de consultation qui devaient procéder à l'examen des plans nationaux
des P.M.A. en présence des donateurs invités par ces derniers. Le Comité a convenu,
tout d'abord, qu'il y aurait avantage à coordonner les réunions de consultation,
en les organisant de façon méthodique selon des séries régionales ou
sous-régionales de pays. La possibilité d'agencer ces réunions pays par pays a été de ce
fait abandonnée.
D'autre part, il a été décidé que le Secrétariat de la Conférence, avec le concours
des commissions régionales compétentes et du P.N.U.D., aiderait les P.M.A. à
organiser ces réunions s'ils en présentaient la demande. Là encore la volonté initiale
du Comité préparatoire s'est infléchie : au principe de l'organisation par chaque
P.M.A. des réunions de consultation a succédé l'hypothèse de l'intervention du
Secrétariat de la C.N.U.C.E.D., qui s'est rapidement imposée pour des raisons de
commodité pratique. Le Secrétaire général-adjoint de la C.N.U.C.E.D., M. Jan
Pronk, préjugeant des résultats de la conférence, a évoqué, d'autre part, la
possibilité « d'institutionnaliser » les réunions de consultation, après la conférence, en
en faisant une des pièces maîtresses du mécanisme de suivi que la C.N.U.C.E.D.
entendait diriger. Cette suggestion a provoqué une forte opposition de la part des
représentants des pays industrialisés qui souhaitaient au contraire limiter
l'intervention de la C.N.U.C.E.D. dans l'application de N.P.S.A. après la Conférence
de Paris.

coopération entre
recettes d'exportation.
P.E.D. Ils devraient aussi utiliser au maximum les arrangements de
L'Assemblée Générale, en 1980, quand elle a adopté la S.I.D., a repris les propositions
du Comité préparatoire, mais les a complétées par d'autres dispositions visant à renforcer
la capacité technologique et productive des P.M.A. et à accroître leur autosuffisance
alimentaire. L'apport le plus original de l'Assemblée Générale se trouve dans la mention d'un sous-
objectif d'A.P.D. en faveur des P.M.A., évalué à 0,15 % du P.N.B. des pays développés pour
la première moitié des années 80 et à 0,20 % pour la seconde moitié.
(18) II s'agissait des Etats suivants : Djibouti, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Sao Tome
et Principe, Seychelles et Tonga. Seule, la Guinée-Bissau a obtenu satisfaction, au mois de
mai 1981, devenant ainsi le 31* P.M.A.
(19) 107 Etats étaient représentés à la seconde session du Comité préparatoire.
(20) Les participants au séminaire ont insisté sur la nécessité pour les P.MA. de présenter
des programmes susceptibles de convaincre les donateurs et les inciter à accroître sensiblement
leur aide, l'expérience montrant que certains projets étaient mieux acceptés que d'autres
par les donateurs.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 595

Le Comité préparatoire a tenu une troisième et dernière session du 29 juin


10 juillet 1981 (21) . Cette réunion a mis un terme aux préparatifs placés sous les
auspices de la C.N.U.C.E.D. Elle est intervenue alors que les quatre réunions
de consultation avaient déjà procédé à l'examen des programmes du développement
des P.M.A.
Les participants à la session du Comité ont reçu communication d'un rapport
du Secrétaire Général de la Conférence (22) qui présentait un tableau général de
la situation des P.M.A., énonçant les mesures d'appui que la communauté
internationale était susceptible d'engager en leur faveur., dans le domaine de l'aide,
notamment, et envisageait les mesures de « suivi institutionnel » qui devraient
donner suite à la Conférence, en réservant au secrétariat de la C.N.U.C.E.D. un rôle
important, tant au niveau de chaque P.M.A. qu'au niveau mondial.
Le Secrétaire Général de la C.N.U.C.E.D. avait préparé, d'autre part, sur les
instances pressantes du Président du Comité préparatoire, M. Ewerlof,
ambassadeur de Suède, un « non-document » (non-paper) destiné à servir de base à
l'élaboration d'un N.P.S.A.
Au niveau des groupes de pays, à ce stade de la préparation de la Conférence,
l'élaboration d'un programme d'action n'avait commencé qu'au sein des pays du
groupe B, dans le cadre de l'O.C.D.E. Du côté du groupe des 77, des
considérations diverses animaient les P.M.A. et les autres P.E.D. Les premiers souhaitaient
obtenir de la Conférence de Paris • des « résultats concrets », sans que cette
expression fût bien explicitée : annonces de contributions précises par pays bénéficiaire
de la part de chaque donneur, mesures immédiates d'aide massive, engagement de
la Conférence sur certains projets, aval donné aux programmes nationaux. Les
P.M.A., en particulier ceux d'Afrique, étaient intéressés au succès de la Conférence,
et souhaitaient entamer à Genève un dialogue sérieux avec leurs interlocuteurs
occidentaux, et surtout avec les Etats de la C.E.E. Dans l'ensemble le groupe
africain a paru soutenir leurs positions.
D'autres P.E.D. pauvres, et notamment l'Inde et le Pakistan, craignaient que
la Conférence n'aboutisse à redéployer au profit des P.M.A., c'est-à-dire à leur
détriment, une aide déjà limitée. Les Etats du groupe asiatique ont partagé cette
appréhension et ont pratiqué au sein du Comité préparatoire une politique
d'obstruction.
Les P.E.D. les plus avancés, et notamment les Etats latino-américains,
entretenaient la même inquiétude et redoutaient d'être exclus progressivement de l'aide
à des conditions de faveur. Us ne comptaient dans leurs rangs qu'un seul P.M.A.,
à savoir Haïti.
Les P.E.D. exportateurs de pétrole ont obtenu que le problème de l'énergie
ne soit pas évoqué dans la déclaration prononcée par le porte-parole des 77 à
propos de la gravité du sort des P.M.A. Les pays de l'O.P.E.P. ne souhaitaient pas
être placés en posture d'accusés. Certains étaient prêts à aider les P.M.A., à la
condition que la Conférence ne le leur demande pas trop explicitement et ne
souligne pas leur responsabilité dans la dégradation de la situation des P.M.A.
On ne savait rien, d'autre part, des préparatifs éventuels des pays de l'Europe
de l'Est
La diversité des positions en présence a suscité un véritable blocage, pendant
un premier temps, des travaux de la troisième session. Le mode de négociation

(21) 112 Etats étaient représentés à cette session, ainsi que la plupart des organismes
des Nations Unies, des institutions spécialisées et des organisations intergouvernementales.
(22) A/Conf ./102/2 et add. 1-3.
596 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

en vigueur parmi les P.E.D., où pour chaque sujet se superposent des réunions d'un
groupe de rédaction de 15 membres, de chacun des trois groupes régionaux
(Afrique, Amérique Latine, Asie), de leurs coordinateurs et enfin du groupe dans son
ensemble, n'a fait qu'accentuer l'incapacité des 77 à prendre parti sur un projet
de programme d'action(23) .
Au cours de cette période une réunion officieuse a permis d'établir un contact
direct entre les délégations des P.M.A. et celles du groupe B.
Une sévère mise en garde du Président du Comité plaça tous les participants
devant leurs responsabilités. Le Président obtint des 77 la diffusion de leur projet
de programme, et les pays du groupe B rendaient publiques leurs propres
propositions. Il était néanmoins trop tard pour négocier sur la base des textes en
présence. Un groupe restreint de coordinateurs adjoints et de vice -présidents parvint
à un compromis sur l'ordre du jour, sur l'organisation des travaux de la Conférence,
et sur la structure du programme d'action qui devait résulter de la Conférence
de Paris. L'accord obtenu ad referendum ne fut pas remis en cause au cours de
la séance plénière finale. Celle-ci enregistra par ailleurs l'accord intervenu au sein
d'un groupe ad hoc sur le règlement intérieur de la Conférence. Il fut décidé,
lors de la dernière séance, que les projets de programme déposés par les
représentants des groupes B et D et au nom des 77 seraient annexés de façon « non
officielle et non engageante » au rapport du Comité.
Le Comité préparatoire s'acheva dans ces conditions sur un résultat positif,
avec l'adoption de deux séries de textes. Les premiers faisaient l'objet d'un accord
de principe ad referendum et devaient être entérinés par la Conférence; ils
concernaient l'ordre du jour de la Conférence, l'organisation de ses travaux et le
règlement intérieur de la Conférence (24) . Les seconds résultaient des travaux de
rédaction des groupes B, D et des 77 et seraient transmis à la Conférence comme base
de discussion.
Le bilan du Comité préparatoire apparaît dans l'ensemble globalement positif.
Il faut noter tout d'abord que les sessions du Comité ont été suivies par un nombre
croissant d'Etats. Le Comité a joué un rôle utile pour l'organisation de la
préparation de la Conférence, précisant les responsabilités des P.M.A. eux-mêmes dans
l'élaboration de leurs projets et organisant le cadre des consultations avec les
donateurs. Le Comité a apporté sa contribution à la définition de la S.I.D. Le
Comité préparatoire a permis l'instauration d'un véritable débat, entre tous les
participants, sous la forme d'une répétition générale des discussions qui devaient
intervenir à Paris. Les problèmes des P.M.A. ont été analysés en profondeur lors
des trois sessions. Le Comité a mis en lumière, en second lieu, les enjeux de la
Confédence et désigné à l'attention générale les voies dans lesquelles la Conférence
pourrait s'engager sur des questions importantes, telles que l'adoption d'un nouveau
programme d'urgence (Crash Program) pour les P.M.A., ou l'organisation du suivi
de la Conférence et la place réservée à ce sujet à la C.N.U.C.E.D.
Enfin, même si le Comité n'est pas parvenu à l'élaboration d'un avant-projet
de N.P.S.A. devant servir de base de discussion, il a laissé à la Conférence un jeu
d'options sous la forme de trois variantes de N.P.S.A. émanant des trois groupes
de la C.N.U.C.E.D.

(23) Tout au long de cette période, le groupe asiatique sous l'impulsion du délégué du
Bangladesh, président du groupe des 77, multiplia les manœuvres de retardement au sein
du Comité.
(24) II fut prévu que la réunion de hauts fonctionnaires, prévue les 27 et 28 août 1981,
pourrait autoriser le Président ou le Bureau de la Conférence à modifier la répartition de
l'ordre du jour entre les deux commissions.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES 597

B. — Les préparatifs par pays

Comme l'avait souhaité la C.N.U.C.E.D. à Manille, l'élaboration du N.P.S.A.


devait être engagée à partir de l'élaboration par chaque P.M.A. d'un programme
de développement national. Le Secrétaire Général de la C.N.U.C.E.D., après la
première session du Comité préparatoire, a invité les P.M.A. à entreprendre ce
travail de planification. Une lettre du Secrétaire général, en date du 14 mai 1980,
a précisé que le programme de chaque P.M.A. « devait être fondé sur ses plans
et programmes actuels de développement, rectifiés ou accélérés pour bien tenir
compte, d'une part, des chances nouvelles que le N.P.S.A. pour les années 80 devait
offrir aux P.M.A. et, d'autre part, de la mobilisation escomptée de ses ressources
intérieures par le pays lui-même ».
Chaque programme devait, selon le Secrétaire général, comprendre les
éléments suivants :
— «une évaluation des projets et des programmes de développement, des
goulets d'étranglement et des besoins d'aide pour les années 80;
— un inventaire des projets et des programmes qui exigent actuellement un
financement et de ceux, identifiés à ce jour, qui seront vraisemblablement prêts
pour recevoir un financement pendant les années 80 au vu des prévisions actuelles;
— un examen des modalités de l'assistance appliquée dans le pays qui porterait
aussi sur les questions relatives aux dépenses locales, aux dépenses renouvelables
et au financement des programmes ».
Les gouvernements des P.M.A. ont souhaité disposer de directives plus
détaillées à propos du contenu du programme qu'ils devaient élaborer. Le Secrétariat
de la C.N.U.C.E.D. a transmis aux P.M.A. un projet de lignes directives pour la
préparation des programmes nationaux qui doivent être présentés pour examen
aux réunions avec les donateurs avant la Conférence. Ce projet de lignes
directives contenait notamment un modèle-type de programme national. Le Secrétariat
précisait que, même si un P.MA. avait eu « recours à des experts extérieurs pour
l'aider », le programme national devait être présenté « comme s'il s'agissait de
de l'exposé par le gouvernement lui-même de la situation et des perspectives du
pays».
Quant au contenu de chaque programme national, il devait comporter des
éléments répartis sur cinq chapitres (25) .
Enfin les P.M.A. étaient invités à présenter lors des réunions de consultation
« une liste attayante de projets à court terme » dans divers domaines (26) .
A partir de ces éléments les 31 P.M.A. ont élaboré des plans de développement
national. Ils ont bénéficié à cette occasion du concours d'experts mis à leur
disposition par le P.N.U.D., la C.N.U.CE.D. et par d'autres Etats. Les administrations
nationales dans chaque P.M.A. ont été mobilisées pour la préparation de ces plans.

(25) Le chapitre I devait présenter un tour d'horizon de la situation économique et


sociale, un exposé du potentiel de développement et des goulets d'étranglement, et préciser
l'état actuel de la planification.
Le chapitre II devait porter sur les objectifs, la stratégie et les politiques pour les
années 80 (transformations de structure, besoins sociaux, investissements évolutifs, aide
d'urgence) .
Le chapitre in devait être consacré au programme global d'action pour les années 80;
le chapitre IV à l'examen des ressources et contraintes auxquelles se heurte le développement.
Le chapitre V devait énumérer les programmes détaillés par secteur.
(26) Agriculture et production vivrière, industries agro-alimentaires, expansion du
potentiel d'exportation et limitation des besoins d'importation, projets dans le domaine énergétique,
plans démographiques.
598 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

L'impulsion politique est venue des gouvernements, les experts intervenant ensuite
sur la base des priorités qui leurs étaient communiquées.
Les plans de tous les P.M.A., dans l'ensemble de bonne qualité, avaient, sur
le plan intérieur, une valeur qui variait d'un Etat à l'autre. Dans certains cas le
plan élaboré était appelé à devenir le plan du pays lui-même. Dans d'autres cas
il ne s'agissait que d'un document destiné à l'usage de la Conférence. Quant à la
portée juridique que ces plans auraient à l'égard de la communauté internationale,
tout dépendait à cet égard du sort que leur réserveraient d'abord les réunions
de consultation et ensuite la Conférence elle-même.

C. — Les réunions de consultation

Les réunions de consultation, prévues par le Comité préparatoire, se sont


tenues au cours des mois de mars, avril, mai et juin à Vienne, Genève, La Haye
et Addis-Abeba. Ces réunions ont regroupé sur une base régionale, ou sous-
régionale l'ensemble des P.M.A. (27) .
A ces réunions, ont participé les Etats et les institutions internationales que
les P.M.A. avaient conviés. L'Union Soviétique et les Etats d'Europe de l'Est, à
l'exception de la Roumanie et de la Yougoslavie, ont décliné toutes les invitations
qui leur avaient été adressées. Ces Etats ont justifié leur attitude par le fait qu'il
existait déjà entre les P.M.A. et eux des procédures bilatérales, jugées satisfaisantes
de part et d'autre (28) . Les pays de 1'O.P.E.P., de leur côté, n'ont pas davantage
participé à ces réunions. L'absence des Etats socialistes et des pays de l'O.P.E.P.
a été interprétée par certains observateurs comme le signe que ces Etats
n'entendaient pas participer financièrement à des programmes d'aide qui pourraient être
décidés au cours de ces réunions ou lors de la Conférence.
La nature de ces réunions de consultation n'était pas évidente dès le départ.
S'agirait-il de réunions d'appel de contribution, engageant les participants, ou bien
simplement de réunions d'information ? Ces réunions préfiguraient-elles, d'autre
part, les réunions de suivi de la Conférence de Paris qui seraient bâties sur le
même modèle ? Ces réunions devaient-elles apporter une sanction, voire donner
un aval officiel aux plans des P. M. A. ? Toutes ces questions expliquent
vraisemblablement l'absence de certains Etats. Les Etats industrialisés firent savoir dès
le départ aux délégués des P.M.A. qu'ils n'avaient pas l'intention de faire davantage
que « prendre acte » des plans nationaux, sans engagement de les approuver et à
plus forte raison de les soutenir systématiquement par la suite.
Sur le plan de l'organisation, les réunions de consultation, qui devaient se
tenir au départ sous les auspices des P.M.A. eux-mêmes, ont été finalement
placées sous l'emprise de la C.N.U.C.E.D. Le secrétariat de la Conférence a fait
prévaloir le principe des réunions regroupées par sous-région. H a ensuite trouvé,
dans ses moyens propres, ou grâce au concours d'Etats désireux d'affirmer leur
vocation internationale, la possibilité de jouer un rôle d'organisateur de ces
réunions. La Ve Commission (financière) de l'Assemblée générale de l'O.N.U. a

(27) A Vienne furent examinés les plans des neuf pays d'Asie et du Pacifique; à Genève,
les plans des trois Etats d'Afrique australe, de la Guinée-Bissau et d'Haïti; à La Haye, les
plans des neuf Etats d'Afrique Centrale, d'Afrique de l'Ouest et de la Somalie; à Addis-Abeba
les plans de sept Etats d'Afrique de l'Est. Le cas de la Somalie fut traité à La Haye et non
pas à Addis-Abeba en raison du contentieux existant entre cet Etat et l'Ethiopie.
(28) M. Jan Pronk, secrétaire général adjoint de la C.N.U.C.E.D., a répondu à cet
argument, en disant que le principe des examens par pays avait été adopté par le Comité
préparatoire avec l'assentiment des pays de l'Est.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 599

sanctionné cette transformation des réunions de consultation, en leur reconnaissant


la qualité de réunions des Nations Unies.
Quant au déroulement de ces réunions, il fut satisfaisant dans l'ensemble,
même si les discussions furent plus ou moins approfondies selon les pays concernés,
le nombre et la qualité des Etats invités. Des critiques furent adressées aux plans
nationaux dans un esprit constructif. A aucun moment les rapports n'ont indiqué
que les documents nationaux avaient été « approuvés ». Mais la question du sort
que la Conférence leur réserverait restait posée.
Si l'on dresse le bilan du rôle de la C.N.U.C.E.D. dans l'ensemble des travaux
préparatoires, force est de constater que l'influence de cet organisme a été
déterminante, lors de toutes les phases des préparatifs.

2. — Le rôle des organisations internationales

Dans la préparation de la Conférence de Paris, il convient de relever la


contribution des organes de l'O.N.U. (A), le rôle des institutions spécialisées (B),
et l'action des organismes intergouvernementaux (C).

A. — La contribution des organes de VO.N.U.

La préparation de la Conférence de Paris a mobilisé, d'une part, l'Assemblée


Générale (a) et, d'autre part, des services de l'O.N.U. rattachés à son Secrétariat (b) .

a) Le rôle de l'Assemblée Générale.

L'Assemblée Générale a pris tout d'abord en 1979 la décision de convoquer


une Conférence des Nations Unies sur les P.M.A. Elle a accepté, en second heu,
la proposition du gouvernement français d'accueillir à Paris la Conférence des
Nations Unies.
L'Assemblée Générale a introduit, comme on l'a vu, dans la S.I.D. de la
Troisième Décennie pour le Développement, tout un dispositif de mesures
concernant les P.M.A.
Enfin, l'Assemblée Générale a adopté, lors de sa onzième session extraordinaire,
le 15 décembre 1980, un ensemble de «mesures destinées à faire face à la situation
critique des P.M.A. ».
La résolution de l'Assemblée Générale prévoit, en premier lieu, que «c'est
aux P.M.A. eux-mêmes qu'incombe, au premier chef, la responsabilité de leur
développement ». Il faut noter, d'autre part, que pour la première fois dans une
résolution des Nations Unies l'expression de « pays donateurs » a été substituée à
l'expression de « pays développés ». Cette formulation nouvelle a pour objet
d'indiquer clairement que l'obligation d'aider les P.M.A. doit être à l'avenir mieux
répartie entre toutes les catégories des « pays en position de le faire : pays
industrialisés, pays socialistes, pays de l'OP.E.P. ».
La résolution contient enfin un engagement d'intention quant au doublement de
l'aide aux P.M.A. d'ici 1985 et l'obligation d'examiner des propositions tendant à
tripler, voire à quadrupler, 1'A.P.D. aux P.M.A.
600 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

b) Le rôle d'autres organes de VO.N.U.

Dans la préparation de la Conférence de Paris il convient de relever surtout


l'action du Programme des Nations Unies pour le Développement. Le P.N.U.D. a
pris part aux sessions du Comité préparatoire et aux réunions de consultation. Il a
mis à la disposition de la C.N.U.C.E.D. une somme de 700 000 dollars destinée à
financer la mise au point des programmes par pays. Le P.N.U.D. a envoyé de son
côté ses propres experts dans un certain nombre de P.M.A. II a apporté également
son appui financier à la Conférence de la Commission économique pour l'Afrique
sur les problèmes et les perspectives des P.M.A. africains (29) .
Le Bureau du Directeur Général au développement et à la coopération
économique internationale est également intervenu, en liaison avec le Secrétariat de la
C.N.U.C.E.D., pour assurer la pleine mobilisation et la coordination de tous les
organes, organisations et organismes des Nations Unies en vue de l'élaboration du
NP.S.A.

B. — Le rôle des institutions spécialisées

La quasi-totalité des institutions spécialisées ont participé à la préparation


de la Conférence de Paris. Leur intervention s'est développée sur trois plans. Les
institutions spécialisées ont été représentées, tout d'abord, aux sessions du Comité
préparatoire, et leurs délégués ont exposé au Comité les mesures adoptées par ces
institutions en faveur des P. M. A. et les projets qu'elles entendaient réaliser à
leur intention. Elles ont intégré, d'autre part, la catégorie des P.M.A. dans leurs
propres programmes et stratégies. Elles ont présenté au Comité préparatoire des
rapports sur leurs actions passées, présentes et futures en faveur des P.M.A.
Enfin, elles ont élaboré pour la Conférence des rapports de synthèse, présentant
le bilan de leurs interventions et décrivant les mesures qu'elles envisageaient pour
l'application du N.P.S.A.

C. — L'action des organismes intergouvemementaux

Divers organismes intergouvernementaux ont été associés à la préparation de


la Conférence. On peut relever notamment l'action de l'Organisation de coopération
et de développement économique (O.C.D.E.) (a), le rôle de la Communauté
économique européenne (C.E.E.) (b), et enfin l'organisation de réunions ministérielles
d'Etats appartenant au groupe des P.M.A. (c).

a) L'action de VO.CD.E.

La participation des Etats membres de l'O.C.D.E. à la préparation de la


Conférence s'est opérée, tout d'abord, à Genève dans le cadre des réunions du groupe
B, au moment des sessions du Comité préparatoire. Un porte-parole de ce groupe
a exposé lors de ces sessions les positions des pays industrialisés. L'O.C.D,E. a été
représentée à dix réunions de consultation par pays.
L'O.CD.E. a préparé également la Conférence de Paris, dans le cadre du Comité
d'aide au développement (C.A.D.). A l'intérieur du C.A.D. un groupe de travail

(29) Cette conférence s'est tenue à Addis-Abeba en mars 1980.


CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 601

sur les besoins d'aide a été mis en place. Des discussions ont eu lieu au sein de
ce groupe sur les problèmes des P.M.A. et sur les positions à adopter dans la
perspective de la Conférence de Paris.

b) Le rôle de la C.E.E.
Les organes dé la C.E.E. ont été saisis tout d'abord du problème de la
participation de la Communauté à la Conférence. Mais le problème se posait en termes
différents suivant qu'il s'agissait de la participation de la Communauté aux
réunions de consultation ou de sa participation à la Conférence elle-même. Le but
des réunions d'examen par pays était de mettre en présence chaque P.M.A. et les
Etats acceptant de l'aider. Aussi a-t-il été décidé, au niveau du Conseil des
Ministres de la C.E.E., que la participation de la Communauté aux réunions de
consultation ne devait pas exclure le droit des Etats membres d'intervenir en leur qualité
de donneurs d'aide bilatérale (30).
Quant à la participation de la Communauté à la Conférence, des intérêts
contradictoires étaient en présence. D'une part, le principe de la compétence des
Etats membres en matière d'aide aux P.E.D. n'était pas remis en cause (31) . Les
Etats avaient également des objectifs autonomes en matière d'aide au Tiers-Monde.
Mais, d'autre part, on ne pouvait nier l'intérêt d'une coordination communautaire
lors de la Conférence de Paris, la C.E.E. étant un donneur d'aide important à
travers Lomé II, 21 P.M. A. étant par ailleurs des pays dits A.C.P.
Le principe de la coordination communautaire étant acquis pour les travaux
de la Conférence de Paris, la nécessité de préserver l'autonomie d'action des Etats
membres fut admise d'autant plus facilement que l'attitude restrictive du Royaume
Uni à l'égard des P.M.A. était susceptible d'embarrasser d'autres Etats de la
C.E.E,, lorsque la Grande-Bretagne exercerait la Présidence du Conseil européen,
et serait appelée à parler en son nom au moment de la Conférence.
Sur les problèmes de fond que soulèverait la Conférence de Paris, la
Commission a adressé des propositions au Conseil, le 19 juin 1981, sur les éléments à inclure
dans le N.P.S.A.

c) Les réunions ministérielles des P.M.A. d'Afrique et d'Asie.

Une réunion au niveau ministériel de représentants des P.M.A. africains s'est


tenue à Addis-Abeba entre le 27 et le 30 juillet 1981. L'enjeu principal de cette
conférence était de savoir si les P.M.A. d'Afrique devaient s'associer, lors de la
Conférence, au projet de résolution déposé au nom du groupe des 77 à Genève
lors de la dernière session du Comité préparatoire. L'Ethiopie souhaitait que le
groupe africain se dissocie du texte des 77. Les autres Etats n'ont pas suivi
l'Ethiopie, tout en admettant la nécessité d'apporter des modifications au projet des 77.
Une réunion de ministres d'Etats membres de la Commission économique et
sociale pour l'Asie et le Pacifique (C.E.S.A.P.) et de la Commission économique
pour l'Asie de l'Ouest (C.E.A.O.) a eu lieu à Bangkok du 10 au 11 août 1981.

(30) Pour la représentation de la Communauté la formule dite c bicéphale » (Présidence


et Commission) fut adoptée.
(31) Les aides nationales représentent 90 % de l'aide totale accordée par l'Europe des Dix.
602 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Cette conférence a adopté une résolution formulant quelques propositions pour la


Conférence de Paris (32).

3. — L'action du pays-hôte

La France a proposé d'accueillir la Conférence des Nations Unies sur les


P.M.A., car elle a toujours adopté une attitude favorable à cette catégorie d'Etats
au sein des instances internationales. D'autre part, la France est engagée avec 11
P.M.A. par des accords de coopération privilégiée. 21 P.M.A. sur 31 sont de surcroît
des Etats A.C.P. liés à la C.E.E.
L'Assemblée Générale ayant accepté la proposition du gouvernement français
d'organiser à Paris la tenue de la Conférence, les autorités françaises ont pris les
dispositions utiles pour donner suite à leur invitation.
Le gouvernement français a dû, en premier lieu, déterminer le lieu de la
Conférence. Après examen de diverses possibilités, le choix des locaux de l'U.N.E.S.C.O.
a prévalu (33) . Le pays-hôte a décidé, en second lieu, de prendre à sa charge les
frais de séjour à l'hôtel de trois délégués pour chaque P.M.A.
La France a signé, enfin, un accord avec l'O.N.U. à propos des problèmes
d'ordre juridique et financier que soulevait l'organisation de la Conférence (34) .
L'accord prévoit l'application de la convention sur les privilèges et immunités des
Nations Unies du 13 février 1946. En vertu de cette convention, outre
l'organisation internationale, seule une catégorie déterminée de personnes bénéficie de
privilèges et d'immunités. Le gouvernement français n'a pas accepté, comme le
souhaitait le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D., d'étendre aux personnes engagées sur
place pour les besoins de la Conférence, l'avantage de ces privilèges et immunités.
Une exemption de responsabilité en leur faveur aurait nécessité l'approbation de
l'autorité parlementaire.
Le gouvernement français, d'autre part, conformément à la résolution 31/40
de l'Assemblée Générale, relative aux sessions hors du siège de l'organisation, a
accepté de prendre à sa charge l'ensemble des « dépenses supplémentaires
effectives » résultant du fait que la Conférence avait lieu à Paris et non pas au Palais
des Nations à Genève (35) .

4. — La participation des O.N.G.

Un certain nombre d'organisations non gouvernementales (O.N.G.) ont pris part


à la préparation de la Conférence de Paris. Les O.N.G. ont été représentées lors

(32) La résolution invitait tous les Etats susceptibles de le faire d'accroître leur aide
aux P.M.A. Elle demandait à la Conférence de prendre en considération la nécessité de
doubler l'aide aux P.M.A. d'ici 1984 et de la multiplier par quatre d'ici 1990. Elle souhaitait
le déliement de l'aide. Enfin la résolution demandait à S.M. le Roi du Népal d'intervenir
au nom des pays membres de la C.E.S.A.P. et de la C.E.A.O. lors de la Conférence de
Paris. '
(33) Une réunion de la Conférence au Palais des Congrès de la Porte Maillot a été
écartée, car les sièges de la salle principale de ce bâtiment ne peuvent pas être équipés de
tablettes pour écrire.
(34) Accord du 31 juillet 1981 entre le gouvernement français et l'O.N.U., publié au
J.O.R.F., Lois et Décrets, le 22 octobre 1981, pp. 2878-2884.
(35) A ce titre la France a versé la somme de 567 000 dollars à l'O.N.U.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 603

des trois sessions du Comité préparatoire. En mars 1981, d'autre part, un comité de
liaison des O.N.G. s'est constitué à Genève, dans le but de faciliter leur
participation aux travaux de la Conférence de Paris.
Enfin, certaines O.N.G. ont apporté à d'autres O.N.G. situées dans les P.EA.
un soutien financier, de façon à assurer leur présence à Paris.

IL — LES ACTEURS DE LA CONFERENCE

La Conférence des Nations Unies s'est réunie le 1er septembre à Paris. Elle
était chargée, conformément à la résolution 122 (V) de la C.N.U.C.E.D., « de mettre
au point, d'adopter et d'appuyer le N.P.SA. pour les années 80 en faveur des
P.M.A. ». La Conférence a été ouverte par M. Kurt Waldheim, Secrétaire général de
PO.N.U. M. François Mitterrand, Président de la République française, avait
auparavant prononcé un discours d'accueil et de bienvenue.
Au cours d'une première séance, la Conférence a choisi son Président, constitué
son bureau et ses organes de session, désigné les Présidents des Commissions, nommé
le rapporteur, élu les membres de la commission de vérification des pouvoirs,
adopté son règlement intérieur, statué sur son ordre du jour et l'organisation de
ses travaux. La Conférence a approuvé, d'autre part, les recommandations de la
Réunion de consultation entre hauts fonctionnaires qui s'était tenue, à Paris, entre
les 27 et 28 août 1981.
Conformément à la tradition en matière de conférence des Nations Unies
réunie hors du siège, le chef de la délégation du pays-hôte, M. Jean-Pierre Cot,
ministre de la Coopération et du Développement, a été élu Président de la
Conférence.
Pour rendre compte des travaux de la Conférence de Paris, il convient de
retracer l'action des délégués des Etats (1°) et d'envisager ensuite le rôle des
organes de la Conférence (2°). L'intervention des représentants des organisations
internationales (3°) et la participation des O.N.G. (4°) doivent être également
signalées.

1. — L'action des délégués des Etats

142 Etats étaient représentés à la Conférence de Paris. Quatre chefs d'Etat


ont pris la parole, par ailleurs, en séance plénière. 72 délégations comportaient une
personnalité de rang ministériel. Sans préjuger des résultats de l'action des Etats,
qui ne peut être appréciée qu'au niveau du fonctionnement des organes de la
Conférence et de l'analyse des textes adoptés, l'intervention des représentants des
Etats est susceptible de donner lieu à une première approche, en examinant, d'une
part, la composition des délégations (A) et, d'autre part, l'agencement des
structures de coordination entre Etats (B).
604 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

A. — La composition des délégations.

L'influence des Etats, si l'on examine la composition des délégations nationales,


peut être appréciée à partir de trois critères : le nombre de délégués par pays, le
point d'affectation de ces délégués, et leur participation aux sessions successives du
Comité préparatoire. Chaque critère ne fournit que des indications partielles, qui
peuvent être corroborées ou infirmées par les autres critères.
Le nombre des délégués par pays traduit l'intérêt que l'Etat porté à la
conférence. Plus la représentation d'un Etat est importante, et plus cet Etat est à même
de prendre part à tous les actes de la Conférence, de s'informer du contenu des
discussions, d'influer sur le cours des négociations qui s'engagent. Mais il convient
d'être attentif au fait que parfois les délégations peuvent comporter des personnes
rattachées pour ordre à la liste des représentants, mais qui ne participent pas
effectivement aux travaux de la Conférence.
Le point d'affectation des délégués est intéressant, quand il s'agit d'une
conférence réunie hors du siège de l'organisation. Quand un Etat considère qu'une
conférence internationale présente une certaine importance, il y délègue des
représentants qui ont une compétence sur le sujet traité. Si l'Etat accrédite auprès de la
conférence le personnel diplomatique qui se trouve en fonctions dans le pays-hôte,
on peut en déduire ou bien qu'il n'a pas la possibilité ou les moyens d'envoyer
des représentants ad hoc, ou bien qu'il se désintéresse des travaux de la conférence.
Pour juger de la compétence des délégués à la Conférence de Paris, il faut tenir
compte du fait que les Etats pouvaient désigner comme représentants des membres
des missions diplomatiques qu'ils entretenaient à Genève auprès de l'ensemble
des organisations des Nations Unies, ou à Paris auprès de l'O.C.D.E. ou de
l'U.N.E.S.C.O.
Enfin, la continuité de la présence de certains délégués, de la phase de la
préparation de la Conférence jusqu'à son achèvement, permet d'apprécier à la fois
la persévérance de l'action engagée par un Etat et la connaissance acquise par sa
délégation des problèmes posés.
La combinaison de ces trois critères lors de la Conférence de Paris indique
que les délégations les plus nombreuses émanaient des pays industrialisés. Quant
à l'origine des représentants, la composition des délégations montrait que les pays
développés comme les P.E.D. avaient envoyé à Paris plus de fonctionnaires
spécialisés dans les questions économiques que de diplomates accrédités sur place.
Enfin, seuls quelques pays industrialisés (France, République fédérale d'Allemagne,
Canada, Japon, Royaume-Uni, notamment), quelques P.E.D. et quelques P.M.A.
(le Bangladesh, le Burundi, par exemple) disposaient à Paris de, délégués qui
avaient participé à la dernière session du Comité préparatoire (36) .

B. — La coordination entre Etats.

Comme toute conférence internationale, la Conférence de Paris sur les P.M.A.


a donné lieu à des échanges de vues entre Etats, en fonction de leur appartenance
à telle ou telle catégorie d'Etats (pays de l'O.C.D.E., P.E.D.) ou suivant l'origine

(36) Cf. les tableaux reproduits en annexes I, II, m.


CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES 605

de leur situation géographique (37) . Le groupe des 77 et le groupe D ont rempli,


chacun pour leur compte, leur fonction de coordination des Etats qu'ils rassemblent,
et se sont exprimés par la voix de leurs porte-parole, aussi bien en séance plénière
qu'en commission.
Le groupe B, de son côté, avait adopté, pour ce qui le concernait, le principe
de la liberté d'action de chacun de ses membres. Il n'y eut donc pas à Paris de
porte-parole officiel du groupe B. Mais, à l'inverse, les délégués du groupe B ont
organisé des réunions d'information sur l'état d'avancement des discussions et des
négociations entre pays développés et P.E.D. Dans le cadre de ces réunions on a
assisté à la réapparition d'un groupe B informel. Cette concertation n'a pas permis
cependant de réduire les divergences d'intérêt des pays du groupe B.
D'autre part, entre les Etats membres de la C.E.E. le principe d'un porte-
parole commun a prévalu pour les séances des commissions, et le représentant du
Royaume-Uni s'exprima au nom des dix Etats membres de la C.E.E., à raison du
principe de la coordination communautaire. De nombreuses réunions de travail
furent organisées entre les délégations des Dix, de façon à arrêter, sur la plupart
des questions, une position commune.

2. — Le rôle des organes de la Conférence

La Conférence a entériné, dès sa première séance, les propositions d'ordre du


jour, d'organisation des travaux et de règlement intérieur que le Comité
préparatoire avait adoptées lors de sa dernière session. La Conférence a approuvé la
répartition des points de l'ordre du jour entre la Conférence plénière et les deux grandes
commissions, se conformant là également aux propositions du Comité préparatoire.
La Conférence a modifié l'ordre du jour préétabli sur un seul point. Elle a admis,
lors de sa première séance, le principe d'un « débat sur les besoins immédiats » des
P.M.A., comme l'avait suggéré la réunion des hauts fonctionnaires, les 27 et 28
août 1981 (38) . La Conférence a décidé que ce point serait examiné par la
Commission I.
Cette rectification opérée, l'ordre du jour de la Conférence comportait trois
questions : la définition des objectifs, des priorités et des politiques au niveau
national pour les P.M.A., l'examen des mesures d'appui au niveau international
qu'appelait la situation de ces Etats, et enfin l'étude des dispositions à prendre en
vue de l'exécution et du suivi du N.P.S.A.
Pour apprécier le rôle des organes de la Conférence, il convient de présenter,
d'abord, l'action des organes pléniers (A) et d'envisager ensuite l'action des organes
restreints (B) .

(37) Furent aussi annoncées 16 réunions du groupe D, 9 réunions des pays de l'O.C.D.E.,
8 du groupe latino-américain, 7 du groupe africain, 5 du groupe asiatique, 3 du groupe des 77,
ainsi que deux réunions des coordinateurs des 77
(38) Les hauts fonctionnaires, par cette formule ambiguë, ont donné ainsi satisfaction à
la fois aux partisans d'un programme d'action immédiate et à ses adversaires qui souhaitaient
que la Conférence se préoccupe uniquement de l'élaboration du N.P.S.A. Pour les premiers,
le débat devait conduire à l'adoption de mesures d'urgence au profit des P.M.A. Pour les
seconds, il ne s'agissait que d'un point particulier de l'ordre du jour, devant donner lieu
uniquement à un débat.
606 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

A. — L'action des organes pléniers.

La Conférence de Paris se composait de trois organismes pléniers: la séance


plénière (a) et les deux commissions (b).

a) Les séances plénières.

Il y eut 19 séances plénières à Paris. Au cours de ces séances sont intervenus,


outre les quatre chefs d'Etat présents à la Conférence (39) , 106 chefs de délégation
d'Etats représentés, 19 représentants d'organismes rattachés au Secrétariat de
VO.N.U., 8 représentants d'institutions spécialisées, 9 représentants d'organismes
intergouvernementaux, et 12 délégués d'O.N.G.
La Conférence n'a pas failli à la tradition des menus incidents. L'Irak et l'Iran
se sont mutuellement mis en cause, de même que l'Afghanistan et le Pakistan. La
situation au Cambodge a déclenché la polémique habituelle entre le Vietnam
et le représentant des Khmers Rouges, Israël et l'Afrique du Sud ont fait l'objet
des dénonciations coutumières. Les pays de l'Est ont repris leurs attaques contre
la bombe à neutrons, la course aux armements, les monopoles transnationaux.
Mais il ne s'agit là que de péripéties qui n'ont pas nui dans l'ensemble à la qualité
du travail accompli en séance plénière.
Comme l'a remarqué le Président de la Conférence, «une rencontre des
esprits» s'est manifestée lors des séances plénières sur un certain nombre de
points fondamentaux : volonté de concentrer le débat sur l'essentiel et d'éviter
qu'il soit ralenti par des discussions qui n'entreraient pas dans son cadre;
nécessité de situer les problèmes des P.M.A. dans le contexte le plus général des
relations Nord -Sud et du développement de l'ensemble du Tiers-Monde; analyse
commune des difficultés des P.M.A., de leurs causes, des actions à entreprendre;
opportunité de définir des engagements entre pays développés et P.E.D., y compris
des engagements à caractère financier, volonté de donner au N.P.S.A. un contenu
aussi concret que possible, caractère indispensable d'un mécanisme de suivi efficace
des travaux de la Conférence.
Le groupe des 77 a affirmé son unité, en se solidarisant avec les préoccupations
des P.M.A. Les pays donneurs d'aide, de leur côté, ont montré leur volonté politique
d'agir en commun et de prendre des engagements précis. Et c'est sur ce point
qu'il convient d'apprécier l'importance des séances plénières qui ont eu lieu à
Paris.
La plupart des pays développés ont affirmé ou réaffirmé leur attachement
à l'objectif de 0,7 % d'A.P.D., parfois même en le datant. De nombreux Etats ont
repris à leur compte le sous-objectif de 0,15% d'A.P.D. en faveur des P.M. A. (40).
D'autres Etats ont annoncé un accroissement de leur aide aux P.M.A. Ainsi le
Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède ont fait connaître leur intention
d'augmenter leur contribution P.N.U.D. ou aux fonds spéciaux qui existent en
faveur des P.M.A.
Quelle est la valeur de ces engagements exprimés à l'occasion des séances
plénières ? Représentent-ils des actes unilatéraux liant les Etats qui les ont

(39) S.M. le Roi du Népal, Son Exe. M. Daniel Arap Moi, Président du Kenya, Son Exe.
M. Aristides Maria Pereira, Président de la République du Cap-Vert, et Son Exe. le Général
Major Habyarimana, Président de la République rwandaise.
(40) Ce fut le cas de la Belgique, de la France, de l'Irlande, de l'Italie, des Pays-Bas,
de la Suède, notamment.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES 607

formulés ? La question n'est pas nouvelle au regard du droit international (41) . La


portée de ces déclarations sur le plan politique est évidente. H s'agit là d' «
engagements politiques et moraux ».
Seuls les Etats-Unis et les pays du bloc de l'Est se sont refusés à prendre,
lors de la Conférence, des engagements explicites à l'égard des P.M.A., se limitant
à donner une approbation mesurée aux textes en discussion, sans exprimer la
moindre intention d'aller au-delà. Les délégués américains et soviétiques, tout
au long de la Conférence, ont rappelé les positions officielles de leurs Etats sur les
problèmes du développement.

b) Les commissions.

La Conférence a institué, lors de sa première séance plénière, deux


commissions. La distribution des questions à traiter entre les deux commissions était
répartie de façon assez inégale. La Commission I devait examiner l'ensemble des
sujets relatifs à la définition d'objectifs et de priorités, au niveau national, de la
part des P.M.A., et envisager également la question des mesures d'appui que la
communauté internationale était susceptible d'adopter en faveur de ces Etats. La
Commission I devait donc se prononcer sur les chapitres I et II du N.P.S.A. Le
programme de travail de la Commission II se limitait à l'examen des rapports
sur les réunions de consultation par pays et à l'étude des dispositions concernant
le suivi de la Conférence, qui devaient figurer dans le chapitre III du N.P.S.A.
Lors de sa première séance plénière, la Conférence a procédé à la désignation
des Présidents des deux commissions. M. José Brito, délégué du Cap-Vert, fut élu
à la présidence de la Commission I et M. A.M.A. Muhith, représentant du
Bangladesh, fut placé à la tête de la Commission II. Il avait été envisagé que
l'Ambassadeur Ewerlof (Suède) soit appelé à diriger les travaux de l'une des deux
commissions, compte tenu du rôle déterminant qui avait été le sien en sa qualité
de Président du Comité préparatoire. Mais cette éventualité avait un inconvénient :
elle risquait d'alimenter les rivalités entre les P.M.A. pour l'attribution de l'autre
présidence. Les P.M.A. africains revendiquaient cette présidence, à raison du
fait qu'ils représentaient les deux tiers de ce groupe d'Etats. De leur côté, les
P.M.A. d'Asie faisaient valoir que leurs Etats rassemblaient davantage de millions
d'invidus.
Le problème fut résolu par la Conférence, sur la base d'arrangements convenus
au préalable, mettant en place un dispositif ingénieux, mais non dépourvu de
risques pour les P.M.A. Les P.M.A. d'Afrique et les P.M.A. d'Asie obtinrent
chacun une présidence de commission. Mais la Conférence adopta le principe que les
Vice-Présidents seraient désignés parmi les pays membres de l'O.CD.E. et, d'autre
part, « travailleraient ensemble en étroite liaison et en coopération avec les
Présidents pour la conduite des travaux des commissions ». Cette solution consacrait
certes l'existence d'une certaine collégialité au sein du Bureau de chaque
commission, mais instituait dans chaque commission un système de co-direction, voire
même une « dyarchie ». En cas de désaccord entre le Président et le
Vice-Président d'une commission, le règlement du différend dépendait des bons offices du
Président de la Conférence, lui permettant ainsi d'étendre la portée de son influence
au sein même des commissions (42) .

(41) On ne peut que se référer sur ce point aux remarques de M. Verally, cet Annuaire,
1970, pp. 9-33.
(42) M. G. Shortliffe (Canada) fut élu Vice-Président de la Commission I et l'Ambassadeur
Ewerlof fut élu Vice-Président de la Commission II.
608 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

La Commission I a tenu quatre séances officielles. A sa deuxième séance elle


a constitué, sur les questions de sa compétence, un groupe de travail officieux, qui
s'est lui-même scindé en deux groupes de rédaction devant examiner, l'un le
chapitre I, et l'autre le chapitre II du N.P.S.A. Ces deux groupes de rédaction se
sont réunis quotidiennement, tout au long de la Conférence. Us ont achevé leurs
travaux le vendredi 11 septembre.
La Commission I a engagé son travail de rédaction sur la base du projet de
résolution déposé par le Pérou au nom du groupe des 77. Elle a été saisie
également des propositions des groupes B et D qui avaient été formulées à la troisième
session du Comité préparatoire. Un tableau synoptique de ces trois séries de
propositions avait d'ailleurs été établi par le Président du Comité préparatoire.
Les deux groupes de rédaction, au sein de la Commission I, ont examiné, d'autre
part, un certain nombre de projets d'amendements qui furent déposés par le
Canada, les Etats-Unis, le Japon, le Mexique, les pays nordiques et surtout par
le Royaume-Uni au nom des Etats membres de la C.E.E. La plus grande partie
des propositions de modifications qui furent défendues par le délégué du Royaume-
Uni procédait de suggestions de la délégation française.
La Commission I a repris les propositions des pays de l'O.C.D.E., complétées,
le cas échéant, par des amendements du Royaume-Uni, pour l'ensemble des
dispositions du chapitre I du N.P.S.A, à propos des obligations des P.M.A. à l'égard de
leur propre développement.
A l'égard des mesures d'appui, sur le plan international, qui consacrent les
engagements de la communauté internationale vis-à-vis des P.M.A. et qui se
trouvent dans le chapitre II du N.P.S.A., les propositions du groupe des 77 ont
largement prévalu au sein de la Commission I. Mais la Commission n'est pas
parvenue à concilier le point de vue des pays industrialisés et les positions des P.E.D.
sur la question du volume de l'A.P.D. destinée aux P.M.A. Tous les textes
approuvés par la Commission I furent transmis pour examen au Bureau, qui eut
également à se prononcer sur les problèmes laissés en suspens.
La Commission II a tenu cinq séances plénières. Elle a approuvé un projet
de résolution concernant l'examen des rapports sur les réunions de consultation
par pays. La Commission a adopté également un projet de chapitre III concernant
le suivi de la Conférence.
Ce texte ne laissait subsister qu'un seul point de désaccord entre les pays
industrialisés et les P.E.D. à propos de l'intervention éventuelle de la C.N.U.C.E.D.
dans les mesures de suivi de la Conférence au niveau national.
Les propositions de la Commission II furent soumises également au Bureau
de la Conférence.

B. — L'action des organes restreints.

La Conférence de Paris comprenait trois organes restreints : la Commission


de vérification des pouvoirs, le Bureau de la Conférence et le Secrétariat de la
Conférence.
La Commission de vérification des pouvoirs a accompli sa fonction,
conformément aux usages, sans rencontrer de difficulté : elle n'appelle pas de
commentaire particulier. Par contre, il convient d'examiner le rôle du Bureau de la
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 609

Conférence (a) et d'apprécier, en second lieu, l'action du Secrétariat de la


Conférence (b) (43).

a) Le Bureau de la Conférence.

Le Bureau de la Conférence était composé du Président, de 15


Vice-Présidents (44) , d'un Rapporteur général (45) et des Présidents des deux Commissions.
Le Bureau a rempli, en premier lieu, la fonction qu'il tenait du règlement
intérieur de la Conférence. Il a assisté le Président dans la conduite générale des
débats. Ce rôle du Bureau est tout à fait classique. A l'inverse, il convient de
relever le rôle plus original du Bureau en tant qu'instance de négociation qui a
permis à la Conférence de parvenir à une décision par la voie du consensus.
La Conférence n'a institué, au début de ses travaux, ni groupe d'Amis du
Président, ni groupe de contact, ni groupe de rédaction. C'est le Bureau qui, au
stade final, a rempli cette fonction, après avoir été élargi aux coordinateurs
régionaux, aux délégués de l'Arabie Séoudite, de la France et du Pérou, à des
représentants du Secrétariat de la Conférence et au Directeur général au
développement et à la coopération économique internationale de l'O.N.U., M. Dadzie.
La participation de l'Arabie Séoudite aux réunions du Bureau élargi
s'expliquait à la fois par l'importance de cet Etat et à raison de l'aide que ce pays était
susceptible d'apporter aux P.M.A. La présence de la France tenait à sa qualité de
pays-hôte et à l'importance des efforts conduits par la diplomatie française pour
assurer le succès de la Conférence. Le Pérou était là, car il était le chef de file
du groupe des 77.
Sous l'impulsion personnelle de M. Jean-Pierre Cot, le Bureau élargi est devenu
le cadre de la conciliation des Etats. Cette affirmation du Bureau élargi en tant
qu'organe quasiment institutionnel de la Conférence s'est opérée sans heurt, sous les
regards de tous et à la satisfaction du plus grand nombre. La Conférence de Paris
se distingue, à cet égard, des autres conférences des Nations Unies, où le groupe des
Amis du Président se constitue, le plus souvent, en dehors du Bureau, et se réunit,
en règle générale, dans le voisinage, voire même à l'extérieur de la Conférence.
L'action du Président au sein du Bureau élargi a été déterminante pour la
réussite de la Conférence. M. Jean-Pierre Cot a dirigé le cours de la négociation,
multipliant les initiatives en direction de tous les groupes, freinant ou accélérant,
quand la nécessité l'exigeait, le rythme des discussions. D'aucuns ont parlé à cet

(43) L'action du Rapporteur général, M. Fabian (Hongrie), n'appelle pas de commentaire


particulier sur le plan du droit. Le Rapporteur était assisté de deux personnes par groupe
régional et d'une personne représentant la Chine, qui devaient agir en qualité de «
Collaborateurs du Rapporteur général ». Les pays de l'Est ont essayé, à travers le Rapporteur,
d'imposer une version assez particulière des débats en séance plénière, faisant des Etats
socialistes les acteurs principaux de la Conférence. Finalement, au terme de nombreuses
heures de discussion, un rapport plus conforme à la réalité des choses a été adopté.
(44) Les 15 Vice-Présidents représentaient les Etats suivants : Algérie, Bolivie, Brésil,
Bulgarie, Canada, Chine, Etats-Unis, Ethiopie, Haïti, Irak, Japon, Népal, Norvège, Royaume-
Uni, U.R.S.S.
(45) M. Fabian (Hongrie) fut élu Rapporteur général, lors de la première séance plénière.

20
610 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

égard de «one man show» pour qualifier le rôle du Président du début à la fin
de la Conférence (46) .
Deux points restaient sans solution, au terme des travaux des commissions : le
volume de l'aide à verser aux P.M.A. et le rôle de la C.N.U.C.E.D. dans
l'application, au niveau national, du N.P.S.A.
L'action de la C.N.U.C.E.D. dans le suivi a été examinée en premier par le
Bureau élargi, sur la proposition du Président. Ce dernier pensait que, ce problème
réglé, le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D., une fois assuré de son rôle pour le futur,
inciterait le groupe des 77 à trouver un terrain d'entente avec les pays industria-
sés. Le calcul s'est avéré exact.
Encore fallait-il que les pays industrialisés s'accordent sur la question du
volume de l'aide. Les réserves de la Grande-Bretagne à l'égard d'un sous-objectif
d'aide aux P.M.A. ont été levées, lors des entretiens franco-britanniques de Londres,
le 10 septembre 1981. L'acquiescement donné par le Royaume-Uni a entraîné par
réaction l'adhésion de la République Fédérale d'Allemagne. La voie du compromis
entre les pays industrialisés et le groupe des 77 était ouverte. Le Président
proposa aux pays de l'O.C.D.E. d'accroître leur aide aux P.M.A. soit en consacrant
0,15 % de leur A.P.D. aux P.M.A. dans les années à venir, soit en doublant le
volume de cette A.P.D. au cours de la même période. C'est sur cette formule que
le consensus final a pris corps (47).

b) Le Secrétariat de la Conférence.

Le Secrétariat de la Conférence a rempli les fonctions traditionnelles d'un


Secrétariat dans une conférence internationale. Le Secrétariat a pris conscience,
non sans surprise, de l'influence prépondérante du Président de la Conférence qui
privait ainsi largement la C.N.U.C.E.D. de son pouvoir de proposition. Le
Secrétariat de la C.N.U.C.E.D. a engagé alors tous ses efforts pour obtenir satisfaction
sur le point qui tenait à cœur à l'institution genevoise, à savoir la reconnaissance
de son propre rôle dans le cadre du suivi du NP.S.A. Son plaidoyer pro domo a
été largement entendu.

3. — L'intervention des organisations internationales

Des représentants des institutions spécialisées et d'organismes


intergouvernementaux (48) sont intervenus dans le débat général en séance plénière de la Confé-

(46) M. Jean-Pierre Cot a bénéficié du concours de M. Denis Bauchard, ministre


plénipotentiaire, membre de la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies. Il a su
également tirer le plus grand parti des propositions présentées au sein du Bureau élargi par
M. Stéphane Hessel, Ambassadeur de France, qui, avec un art consommé, savait trouver les
formules donnant des satisfactions aux revendications des uns, apaisant les inquiétudes des
autres.
(47) Le délégué du Canada, M. Shortliffe, Vice-Président de la Commission I, lors des
ultimes négociations, dans le cadre du Bureau élargi, a obtenu l'assurance que le groupe
des 77 ne se livrerait pas, à l'occasion de la dernière séance plénière, à des commentaires
dépréciatifs à l'égard du compromis adopté. Dans cette hypothèse, le Canada, a-t-il fait
valoir, sans remettre en cause le consensus sur le NP.S.A., formulerait une réserve.
(48) II s'agissait des institutions et organismes suivants : O.I.T., O.A.A., Banque mondiale,
F.M.I., O.M.S., U.N.E.S.C.O., O.M.P.I., F.I.D.A., G.A.T.T., CJE.E., O.C.D.E., O.U.A., C.A.E.M.,
Secrétariat du Commonwealth, Communauté économique des pays des Grands Lacs, Fonds
de l'O.P.E.P. pour le développement international, Groupe des Etats A.C.P., Organisation de la
Conférence islamique.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 611

rence de Paris. Ils ont présenté, à cette occasion, les mesures spécifiques qui
étaient préparées au sein des organisations internationales en faveur des P.M.A.
Ils ont mis l'accent également sur le concours que les institutions qu'ils
représentaient pourront apporter à l'application du N.P.S.A. Les délégués d'un certain
nombre d'organes rattachés au Secrétariat de l'O.N.U. ont pris la parole dans le
même sens. La participation des institutions internationales aux travaux de la
Conférence de Paris n'a pas dépassé le cadre des interventions en séance plénière.

4. — La participation des organisations non gouvernementales

Les O.N.G. ont participé activement à la Conférence de Paris. Leur action s'est
développée sur quatre plans. Les O.N.G. ont pu prendre la parole tout d'abord
en séance plénière, à l'occasion du débat général. Les O.N.G. ayant le statut
d'organisme consultatif auprès des Nations Unies ont été autorisées, d'autre part, à
assister aux travaux des commissions, sans avoir le droit toutefois de participer
aux débats. Les O.N.G. ont, par ailleurs, en marge de la Conférence, pris des
contacts avec les délégations des Etats pour obtenir, dans le N.P.S.A., la
reconnaissance de leur rôle dans le développement des P.M.A. Leur attente a été déçue
sur ce point. Le N.P.S.A. ne contient guère plus qu'une simple mention de leur
existence. Les O.N.G. représentées à Paris ont décidé enfin la création d'un
nouveau comité de liaison pour défendre la place des O.N.G. dans leur ensemble dans
le suivi de la Conférence (49) .

III. — LES ACTES DE LA CONFÉRENCE

La Conférence de Paris a adopté, le 14 septembre 1981, lors de sa dernière


séance plénière, le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs. Elle a
approuvé d'autre part, à l'initiative du délégué du Pérou, porte-parole des 77,
une autre résolution qui traduit l'expression de sa gratitude au Gouvernement
et au peuple français et «rend hommage à M. Jean-Pierre Cot, Président de la
Conférence, pour sa précieuse contribution, l'invitant à présenter lui-même le
N.P.SA. à l'Assemblée Générale, lors de sa trente-sixième session ».
La Conférence a adopté également une résolution relative à l'examen des
rapports sur les réunions de consultation, et recommandé «que ces rapports,
ainsi que les programmes nationaux, soient dûment pris en considération dans
les examens par pays qui pourraient être organisés dans le cadre de la mise en
œuvre, du suivi et de la surveillance du N.P.S.A. ». Le texte de cette résolution
montre clairement que la Conférence n'a pas pris d'engagement vis-à-vis de ces
rapports de consultation, qui ne lient donc pas les Etats donateurs et les P.M.A.
La portée de ces rapports n'est pas pour autant négligeable, dans la mesure où ils

(49) Le Comité, composé de sept personnes appartenant à des O.N.G. du Sud et de cinq
personnes appartenant à des O.N.G. du Nord, est chargé de surveiller et d'assurer la
participation des O.N.G. à l'application du N.P.S.A., de développer la coopération et de renforcer
la solidarité entre O.N.G. du Nord et O.N.G. du Sud, d'organiser à l'époque de la VI'
CN.U.CEJX, en 1983, une Conférence Sud-Nord des O.N.G.
612 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

représentent des éléments d'information dans le cadre du dispositif de suivi du


N.P.S.A. qui, lui, a reçu la sanction officielle de la Conférence.
L'acte principal de la Conférence a été l'adoption du NP.S.A. pour les
P.M.A. Le N.P.S.A. contient, après un préambule, trois séries de dispositions
contenues dans 118 paragraphes, répartis sur trois chapitres. Le Chapitre I définit
les obligations des P.M.A. à l'égard de leur propre développement Le Chapitre II
énumère les mesures d'appui que la communauté internationale doit mettre en
œuvre au profit des P.M.A. Le Chapitre III précise les éléments du suivi de la
Conférence.
Pour apprécier l'importance du N.P.S.A., il convient d'examiner, en premier
lieu, le contenu de ses dispositions (1), et d'envisager ensuite la portée des
engagements pris (2).

1. — Le contenu du N.P.S.A.

Les trois chapitres du N.P.S.A. sont précédés par un préambule qui énonce,
comme il est d'usage dans une résolution, un certain nombre de rappels et
d'affirmations. Deux points méritent de retenir l'attention dans ce préambule. Tout
d'abord, il est reconnu de façon explicite que « c'est aux P.M.A. eux-mêmes
qu'incombe avant tout la responsabilité de leur développement». Ce texte reprend
sur ce point l'une des propositions formulées par le groupe B, tout au long des
travaux préparatoires de la Conférence. Le point de vue des pays industrialisés se
trouve désormais avalisé par l'ensemble des P.E.D. Dans ces conditions l'aide
des Etats développés ne peut être qu'une mesure d'appui des efforts entrepris
par les P.M.A. pour leur propre développement
La Conférence a réaffirmé, d'autre part, comme l'avait fait l'Asemblée
Générale, lors de sa session spéciale en 1980, que les mesures d'appui aux P.M.A.
doivent être fournies non seulement par les pays développés et les institutions
multilatérales de développement, mais aussi par les « pays en développement
qui sont en mesure de le faire ». Là également, ce texte répond à l'une des
préoccupations des pays développés. L'effort international en faveur des P.M.A.
doit être équitablement réparti entre toutes les composantes de la communauté
internationale, sans exception.
Le Préambule rappelle, par ailleurs, des objectifs qui figurent soit dans la
résolution 122 (V) adoptée par la C.N.U.C.E.D. à Manille, soit dans la Troisième
Décennie du Développement. Le Préambule se termine par la décision d'adopter
le N.P.S.A. Le N.P.S.A. contient, comme il a été dit, des dispositions qui
s'articulent autour de trois axes : des mesures à caractère national (A) , des mesures
d'appui international (B), et, enfin, un mécanisme de suivi des travaux de la
Conférence (C).

A. — Les mesures nationales

Le Chapitre I du N.P.S.A. présente, en premier lieu, un tableau de la situation


générale des P.M.A., rappelle les causes qui expliquent leur sous-développement,
voire leur non-développement, examine aussi les objectifs à atteindre. Ces
dispositions développent le Préambule, visant à cerner les contours de la catégorie
des P.M.A. Elles se trouvent elles-mêmes prolongées par d'autres «mini-préam-
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUS LES PAYS LES MOINS AVANCES 613

bules », répartis ici et là tout au long du N.P.S.A., rappelant à propos des mesures
à prendre d'autres traits caractéristiques des P.M.A.
Le Chapitre I du N.P.S.A. consacre et officialise la stratège dite des «besoins
essentiels » ou du « développement autocentré ». Les P.M.A. sont invités à
entreprendre des efforts dans quatre domaines qui concernent : le secteur de
l'alimentation et de l'agriculture (a) , le développement des ressources humaines (b),
l'accroissement des ressources naturelles et de l'énergie (c) et la promotion de leur
infrastructure matérielle et de leur potentiel économique et commercial (d).

a) L'agriculture et l'alimentation.
Les P.M.A. vivant essentiellement de leurs ressources agricoles et pastorales,
mais de plus en plus mal, le secteur rural devrait se voir reconnaître dans les
plans nationaux une priorité absolue. Le N.P.S.A. énonce toute une série de
mesures à adopter à tous les niveaux de la < chaîne » ou du « système »
alimentaire :
— production : politique des cultures vivrières, rapport avec les cultures
d'exportation, approvisionnement et politique de prix des intrants, association
agriculture-élevage, développement de la pêche, recherche génétique et
technologique, etc.;
— commercialisation : politique de prix aux producteurs, lutte contre les pertes
après récolte, politique de stockage, de transport, gestion des offices céréaliers, de
l'aide alimentaire, etc.;
— consommation : analyses nutritionnelles par groupes ethniques et sociaux,
promotion et défense des produits locaux, limitation des importations, etc.
Ces mesures s'inspirent, pour la plupart, du Programme d'action adopté par
la Conférence des Nations Unies sur la réforme agraire et le développement rural
à Rome en 1979. Elles doivent, par ailleurs, être harmonisées au moyen de stratégies
alimentaires nationales, conformément aux recommandations du Conseil mondial
de l'alimentation. Le N.P.S.A. fait référence, de façon explicite, à ces textes.

b) Les ressources humaines.


Pour accroître la participation de toutes les couches de la population au
développement des P.M.A., ces pays sont invités à prendre un certain nombre de
mesures dans les domaines suivants :
— développement de l'enseignement à tous les niveaux, l'enseignement
primaire devenant d'ici 1990 gratuit et obligatoire, etc.;
— mobilisation de toutes les ressources humaines pour accroître la formation
professionnelle, la planification, la gestion des entreprises, etc.;
— amélioration de la nutrition et de la santé, de l'éducation de la population
en matière de soins de santé, de prévention et de lutte contre les endémies
locales, etc.;
— amélioration
politiques en de
matière
l'habitat,
de population,
rural et urbain,
de régulation
de l'utilisation
des naissances,
des terres,
etc.;etc.
Dans le domaine de la santé, les mesures préconisées sont conformes à la
Stratégie mondiale en vue de l'instauration de la santé pour tous d'ici l'an 2000,
qui est visée explicitement par le N.P.SA.

c) Les ressources naturelles et l'énergie.


Les P.M.A. sont incités à accroître la production locale d'énergie. Il convient
614 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

d'assurer la préservation et l'entretien des forêts existantes, ainsi que le


reboisement des régions désertiques. A propos des sources d'énergie nouvelles et
renouvables, les P.M.A. devraient adopter les mesures spécifiques du Programme
d'action adopté au mois d'août 1981 par la Conférence des Nations Unies de
Nairobi.

d) L'infrastructure matérielle et le potentiel économique et commercial.

Les P.M.A. devraient développer leur infrastructure dans tous les domaines
où les équipements de base sont insuffisants : transports et communications,
approvisionnement en eau, hôpitaux, écoles, etc. Ils devraient également
entreprendre des programmes de développement industriel à partir de l'agriculture
et des secteurs d'appui à l'agriculture.
Le secteur commercial mérite un soutien actif de la part des P.M.A. II s'agit
en effet d'accroître le volume des exportations. Des stratégies de développement
des exportations sont à mettre en place. Mais dans ce domaine l'action des P.M.A.
doit être relayée par les mesures d'appui au niveau international.

B. — Les mesures d'appui international

Le Chapitre II du N.P.S.A. commence par un préambule qui rappelle la


préoccupation fondamentale des pays développés. Les mesures d'appui aux P.M.A.
sur le plan international sont « conçues pour renforcer, mais non remplacer, les
efforts tentés au niveau national pour mettre en place le cadre politique voulu
et mobiliser les ressources intérieures » (50) .
Les mesures d'appui sur le plan international en faveur des P.M.A. se
trouvent contenues dans quatre rubriques du N.P.S.A., qui concernent : le transfert
des ressources vers les P.M.A. (a); l'élément d'action immédiate du N.P.S.A. (b);
l'assistance technique à fournir aux P.M.A. (c); et enfin les autres mesures de
politique économique sur le plan international qui doivent être adoptées au profit
des P.M.A.(d).

a) Le transfert des ressources vers les PM.A.

La question de l'aide financière à apporter aux P.M.A. représente le seul


élément du N.P.S.A. qui ait donné lieu à un engagement solennel lors de la
Conférence de Paris. «La plupart des donateurs d'A.P.D. consacreront au cours
des années à venir 0,15 % de leur P.N.B. aux P.M.A. D'autres doubleront l'A.P.D.
qu'ils fournissent aux P.M.A. durant la même période » (51) .
La solution adoptée doit être appréciée à la lumière des exigences initiales du
groupe des 77. Le projet des 77 demandait en effet le quadruplement de l'aide
fournie en termes réels aux P.M.A. au cours des années 80. Il appelait, d'autre
part, a une augmentation des versements d'environ 85 % sur les cinq années
à venir par rapport aux cinq années écoulées, soit un apport additionnel de 5,7
milliards de dollars par an. Les 77 recommandaient en outre que l'objectif de 1 %
du P.N.B. en matière d'A.P.D. soit «atteint rapidement» par les pays développés,

(50) § 60 de la résolution.
(51) f 63 de la résolution.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 615

et que, d'autre part, ces derniers s'engagent à accorder aux P.MA au moins
0,15 % de leur P.N.B. pendant la période 1981-1985 et 0,20 % au cours des cinq
années suivantes.
Ces propositions ne pouvaient recevoir l'approbation des pays développés. Les
formules de doublement, de triplement, voire de quadruplement de l'aide ne sont
pas satisfaisantes. Ou bien il s'agit de l'aide de l'ensemble des donneurs, et ces
formules n'ont pas d'effet contraignant à l'égard de chaque Etat qui ignore
d'ailleurs, quand il détermine sa position, le volume global d'aide qui sera versé
par l'ensemble de ses partenaires. Ou bien ces formules visent chaque donneur,
et elles sont alors profondément injustes : trop exigeantes pour les Etats qui
font déjà un réel effort vis-à-vis des P.M.A., elles s'avèrent insuffisantes pour
les Etats dont les apports sont moins élevés.
Pour éviter ces inconvénients, il est possible d'envisager l'affectation aux
P.M.A. d'une part minimale de l'aide globale. Mais cette solution ne garantit au
mieux qu'un redéploiement de l'aide versée au détriment des autres P.E.D., et
risque par ailleurs d'opposer les intérêts des P.M.A. à ceux des P.E.D. Seule
une formule basée sur un sous-objectif d'aide aux P.M.A. est conforme à
l'équité. Mais pour être efficace, elle doit être assortie d'un délai.
Le N.P.S.A. met en place un système mixte, qui offre aux pays donateurs
le choix entre la formule du doublement de l'aide et la solution du sous-objectif.
Le principe d'une option, laissée aux donateurs, a été retenu, à raison des
objections de certains pays développés, tels que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni,
à l'égard de tout objectif ou sous-objectif chiffré d'AP.D.
Le N.P.S.A. prévoit que les efforts accomplis par les donateurs représenteront
d'ici 1985 le double de TA.P.D. accordée aux P.M.A. au cours des cinq dernières
années. Mais cette perspective ne s'inscrit pas dans un calendrier précis. D'autre
part, le N.P.SA. rappelle que les P.M.A. ont chiffré à 5,7 milliards par an leurs
besoins d'aide extérieure, mais n'intègre pas ces estimations dans son dispositif.
Le N.P.S.A. approuve, à l'inverse, le souhait formulé par les 77 d'une aide
aux balances des paiements des P.M.A.
Au sujet des nouveaux mécanismes destinés à assurer des transferts accrus de
ressources financières aux P.M.A., le N.P.S.A. reprend les propositions formulées
par le groupe des 77 sur les nouvelles ventes d'or par le F.M.I., le lien entre la
création de D.T.S. et l'aide au développement, la bonification des intérêts, mais
seulement pour en recommander l'examen par les institutions compétentes.
Sur les modalités de l'aide le N.P.SA. réalise un compromis entre le texte des
77 et celui du groupe B. H ne reprend pas le paragraphe des 77 sur l'aide au
renforcement des programmes nationaux de sécurité alimentaire, ni l'exigence
de limiter la participation du P.MA. bénéficiaire à 10 % du projet aidé. Le texte
précise certes que l'aide sera déliée, mais seulement dans toute la mesure du
possible. La prise en charge par les institutions donatrices des dépenses
renouvelables ne concernera que les « projets hautement prioritaires ».
En revanche, les 77 obtiennent gain de cause sur la prise en compte de
l'inflation, la considération, à côté des critères financiers, des conséquences socio-
économiques des projets, et sur l'utilisation des organismes de développement des
pays bénéficiaires. Les mesures du N.P.SA. qui concernent les procédures de
versement aux P.MA. proviennent du texte des 77 et du texte du groupe B. Elles visent
à assurer l'accélération des paiements, des versements anticipés, la prise en charge
par les pays donateurs des coûts locaux.
616 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

b) L'élément d'action immédiate du N.P.S.A.

Cette partie du N.P.S.A. donne satisfaction aux P.M.A. qui souhaitaient


l'adoption d'un nouveau programme d'action immédiate et aux pays développés
qui n'en voulaient pas. L'élément d'action immédiate vise à satisfaire « les besoins
les plus urgents » : produits de base essentiels, réaménagement des dettes,
catastrophes, goulets d'étranglement, études de faisabilité, développement agricole,
création d'emplois, aide garantie pendant la première phase du N.P.S.A. Une
satisfaction au moins formelle est ainsi donnée aux P.M.A., et en particulier aux
P.M.A. africains, qui avaient demandé l'élaboration d'un plan de deux ans.

c) L'assistance technique.

Le N.P.S.A. développe sur ce point le contenu du projet des 77, assez proche
par ailleurs du texte du groupe B lors des travaux préparatoires. La résolution
mentionne successivement la fourniture d'experts, la formation du personnel local,
les études de faisabilité, et la coopération technique entre P.E.D.

d) Les autres mesures de politique économique sur le plan international.

Cinq points sont traités dans le cadre de cette dernière rubrique du


Chapitre II : le commerce, les transports et communications, l'alimentation et
l'agriculture, les transferts de technologie, et les schémas plurinationaux.
Les mesures de politique commerciale représentent l'un des aspects les plus
importants du N.P.S.A. Les propositions du groupe B se limitaient en ce domaine
au maintien par le G.A.T.T. du Sous-Comité du commerce des P.M.A. et à
l'adoption de politiques de préférences. Ces politiques restaient définies de façon
très générale. Les divers systèmes, tels que les conventions de Lomé, les schémas
de préférences généralisées, les mesures de faveur de la part des pays à commerce
d'Etat n'étaient mentionnés qu'à titre d'exemples.
Les 77 demandaient pour les P.M.A. la suppression des obstacles tarifaires
et non tarifaires, notamment sur les textiles et les huiles, l'exemption des mesures
de sauvegarde, la mise au point de projets d'exportations intégrés, des arrangements
de vente à long terme, l'aide à la diversification, l'exonération des contributions
financières aux accords de produit et enfin une compensation pour la diminution
des recettes d'exportation. La C.E.E. était invitée, sur ce dernier point, à étendre
le STABEX à tous les P.M.A. pour les produits primaires importants et les autres
pays développés étaient priés d'appliquer un système analogue.
Le N.P.S.A. réalise un compromis, là encore, entre les textes en présence.
Il reprend au groupe B la mention du Sous-Comité du G.A.T.T. et la référence
à des cadres d'action généraux. Il constate que le système généralisé de
préférences (S.G.P.) ne couvre pas tous les produits et propose, comme le voulaient les
77, l'élargissement du S.G.P. à d'autres produits. Il met l'accent sur la nécessité de
la coopération en matière de produits de base : accords de produits, mise en
œuvre de l'accord sur le Fonds Commun. Il accepte la possibilité d' « envisager
d'exempter» les P.M.A. de l'obligation de financer les stocks régulateurs.
Cependant, le N.P.S.A. laisse de côté ou atténue les propositions des 77 les
plus significatives. Il ne demande pas la suppression des obstacles tarifaires et
non tarifaires. Il suggère seulement d' « améliorer les schémas de préférence afin
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES 617

de prévoir autant que possible l'admission en franchise des produits » (52) . H


ajoute que « des mesures devraient être prises, au sein des instances appropriées,
en vue d'atténuer toute protection tarifaire et non tarifaire » (53) . En d'autres
termes, l'intervention du G.A.T.T. et l'existence des mesures de sauvegarde se
trouvent maintenues.
Le N.P.S.A. ne prévoit pas par ailleurs la suppression des obstacles tarifaires
ou non tarifaires sur les textiles et les huiles. Dans l'alinéa qui concerne les
arrangements de vente à long terme, il n'est plus question de « garanties » ni de
« contrats d'approvisionnement ». On se limitera à l'étude des « possibilités de
prévoir ou de favoriser des arrangements à long terme» (54).
Surtout le N.P.S.A. évite toute référence explicite au STABEX. Les pays
développés sont invités simplement à « étudier les moyens d'aider » les P. M. A. à
compenser leurs pertes de recettes d'exportation. Leurs conclusions sur cette
question feront l'objet d'un rapport d'ensemble lors de la sixième C.N.U.C.E.D.,
en 1983(55).
En matière de transports et de communications le N.P.S.A. reprend pour
l'essentiel le texte des 77. Il préconise une aide internationale aux infrastructures, le
désenclavement des régions éloignées et des pays sans littoral ou insulaires, la
constitution de flottes marchandes. Les pays industrialisés sont incités à accorder
aux P.M.A. des conditions de faveur pour l'utilisation des satellites. Mention est
faite par ailleurs de la Décennie des transports et des communications pour les
années 80 en Afrique.
Le paragraphe du Chapitre II sur l'alimentation et l'agriculture n'était prévu
ni par les 77 ni par le groupe B. Il demande que les P.M.A. reçoivent une aide
dans l'élaboration et la mise en œuvre de leurs stratégies alimentaires et que soit
conclu un nouvel accord international sur le blé. Avec le concours de nouveaux
donateurs, la réserve alimentaire d'urgence devrait atteindre 500 000 tonnes par an.
Sur la question du transfert et du développement de la technologie, la
Conférence, malgré l'opposition des Etats-Unis, s'est ralliée au texte des 77. La
communauté internationale aidera les P.M.A. à créer des « centres technologiques », qui
auront le pouvoir de négocier les transferts de technologie et qui serviront
d'intermédiaires entre fournisseurs et usagers. Ces centres permettent aux P.MA.
d'accéder aux technologies des pays avancés, y compris celles dont le transfert dépend
de décisions privées. Dans ce dernier cas, les pays développés ont obtenu que les.
opérations de transfert respectent l'ordre juridique des pays d'origine.
Enfin, une attention spéciale sera portée aux problèmes que soulève le transfert
inverse de technologie, c'est-à-dire l'exode des compétences, la «fuite des
cerveaux» des P.E.D. vers les pays industrialisés.
La section du N.P.S.A. qui concerne les schémas plurinationaux provient du
texte des 77. Elle vise à promouvoir la coopération entre les P.M.A. et les autres
P.E.D., notamment dans le cadre de programmes régionaux. Autant que faire se
peut, l'aide aux P.M.A. doit les inciter à s'approvisionner auprès des pays de leur
région. Ce passage du N.P.S.A. vise manifestement à accroître les retombées de
l'aide aux P.M.A. sur leurs voisins plus ou moins immédiats, tout en obtenant de
ces derniers une coopération privilégiant les P.M.A. de la région.

(52) ! 76 de la résolution.
(53) § 77 de la résolution.
(54) § 79 de la résolution.
(55) La C.E.E. s'est engagée, lors de la Conférence de Paris, à étudier la possibilité
d'étendre le STABEX ou un système analogue aux P.M.A. qui n'en bénéficient pas encore.
618 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

C. — Le suivi de la Conférence

Le Chapitre III du N.P.S.A. représente l'une des contributions intéressantes


de la Conférence de Paris au droit international du développement. La question
du suivi fut, comme on l'a vu, très controversée, dès le début des préparatifs de
la Conférence. A Paris, la négociation a porté, pour l'essentiel, sur le rôle de la
C.N.U.C.E.D. au niveau du suivi national. Le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D. avait
préparé un projet de suivi par pays, s'inspirant du modèle, sur une base régionale,
des réunions par pays qui avait prévalu lors de la préparation de la Conférence
de Paris. A ce titre la C.N.U.C.E.D. devait organiser, en tant qu'agence-leader,
quatre réunions pour chaque pays entre 1982 et 1988; ces réunions par pays auraient
été regroupées sur une base régionale ou sous-régionale. Les Etats donateurs et
les institutions internationales qui participeraient à ces réunions seraient
représentés à un niveau élevé. Ces réunions, suivant le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D.,
devaient procéder à l'examen des progrès réalisés depuis le début de la décennie
en faveur des P.M.A., à la discussion des plans de développement des P.M.A.
prévus pour les deux années suivantes, à l'estimation des besoins correspondants, à
la définition des engagements, collectifs ou individuels, destinés à répondre à ces
besoins, sur le plan financier, le cas échéant.
Ces réunions, dont chacune exigerait la constitution d'un document national
du type de celui qui a été élaboré pour la Conférence, s'ajouteraient aux divers
Groupes Consultatifs (B.I.R.D.), tables rondes (P.N.U.D.) et autres arrangements
existants (Club du Sahel - C.I.L.S.S.) ainsi qu'aux contacts bilatéraux (commissions
mixtes, etc.). Elles impliqueraient la détermination dans chaque pays d'un point
focal, d'un secrétariat et d'un groupe de travail interministériel régulier pour la
préparation de ces réunions, avec éventuellement l'aide de consultants ou de
conseillers en planification.
Les pays développés, et la France notamment, ont critiqué le dispositif
préparé par la C.N.U.C.E.D. pour le suivi de la Conférence. Ils ont fait valoir que
le mécanisme de la C.N.U.C.E.D. vise bien davantage à renforcer l'aide au
développement que le développement lui-même. En termes de développement, il
apparaît même contre-productif, car il impose à chacun des P.MA. une charge
insupportable et permanente de préparatifs en tous genres : documentation, accueil de
missions supplémentaires, organisation de réunions, participation à des conférences,
sans rapport avec le bénéfice à attendre, alors que ces pays se caractérisent par
une pénurie aiguë de cadres qualifiés. Ce type de suivi renforce le caractère
bureaucratique de la planification interne à ces Etats, mais aussi celui des procédures
d'aide. Il accroît fortement la dépendance extérieure de ces pays et les habitue à
agir en assistés complets. Il contribue à faire peser toute la responsabilité du
développement des P.M.A. sur l'aide internationale.
Ces objections ont été accompagnées par une interrogation générale des pays
développés sur le rôle de la C.N.U.C.E.D.
La C.N.U.C.E.D. est-elle bien l'organisme adéquat pour présider à ce suivi par
pays? Créée pour être un lieu de négociations internationales, a-t-elle dans tous
les cas les compétences techniques sur des activités essentielles aux P.M.A., dans
le domaine de l'alimentation, de l'agriculture, des ressources humaines, de
l'infrastructure ? A-t-elle une expérience propre de la relation de coopération technique
et financière, de la planification économique et sociale, des tâches concrètes du
développement ?
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 619

Le système proposé par la C.N.U.C.E.D. pour le suivi par pays se serait donc
traduit par une modification importante du rôle et de la structure de cette
institution. Le N.P.S.A. établit pour le suivi de la Conférence une construction à deux
étages, avec un niveau national et un niveau mondial. La Conférence de Paris a
décidé que l'organisation du suivi au plan national relève de la compétence des
P.M.A. (a). A l'inverse, au niveau mondial, le N.P.S.A. consacre le rôle de la
C.N.U.C.E.D. et institue un mécanisme à forte «visibilité» sur le plan
international (b).

a) Le suivi national.
Chaque P.M.A. est invité, tout d'abord, à créer un «organe central, chargé
de maintenir en permanence le contact avec ses partenaires de développement
bilatéraux et multilatéraux pour ce qui est de l'examen et de l'exécution du
N.P.SA. » (56)
Ensuite, les P.M.A. pourront créer des groupes consultatifs en matière d'aide,
en tant que mécanismes chargés de l'examen et de l'exécution du N.P.S.A. Les
P.M.A. sont invités à utiliser les institutions existantes, comme le groupe consultatif
de la Banque Mondiale ou les tables rondes du P.N.U.D. ou le Club du Sahel,
par exemple, pour organiser des réunions de donateurs. Le Secrétaire général de
la C.N.U.C.E.D. devrait être invité à se faire représenter aux réunions de
consultation par pays. Ces réunions, dont la périodicité n'est pas fixée, feront le bilan
de l'application du N.P.S.A. (57) .
Les dispositions qui concernent le suivi national se situent en retrait par
rapport aux propositions de la C.N.U.C.E.D. Les réunions de consultation par pays
ne doivent pas conduire à des engagements d'aide aux P.M.A. Elles auront
néanmoins une « fonction de tribune » et permettront de placer l'ensemble des
donateurs devant leurs responsabilités. Il sera plus difficile, dans le futur, pour les
donateurs, de récuser les invitations des P.M.A. à prendre part à ces réunions,
compte tenu des engagements pris à Paris. Le suivi au niveau mondial, en
prenant le relais de ces réunions par pays, est appelé à en présenter le bilan.

b) Le suivi mondial.

Au niveau mondial, le N.P.S.A. reconnaît à la C.N.U.C.E.D. «un rôle


central » (58). La Conférence de Paris a recommandé à l'Assemblée Générale de l'O.N.U.
de décider que le groupe intergouvernemental chargé de la question des P.M.A.
au sein de la C.N.U.C.E.D. procède à un examen de l'application du N.P.S.A.,
d'abord à mi-chemin, en 1985, et ensuite à la fin de la décennie.

(56) § 110 de la résolution.


(57) Elles procéderont à : l'examen de la situation économique et financière du pays et de
l'assistance extérieure qu'il reçoit; l'évaluation des progrès réalisés dans l'application du
N.P.S.A. dans le P.M.A. intéressé et l'examen d'un plan annuel ou à moyen terme détaillé
exposant les stratégies, les priorités et les objectifs dans les domaines économique et financier,
ainsi que les ressources extérieures dont ce pays aura besoin pour l'exécution de ces plans
et programmes; — la recherche d'une assistance pour l'exécution des plans et programmes
pendant la période considérée; l'étude des conditions, de la durée et des modalités de 4'aide,
notamment de l'assistance technique, compte tenu des lignes directrices indiquées dans le
programme, afin d'envisager, le cas échéant, les mesures qu'il faudrait prendre pour que ces
lignes directrices soient plus effectivement suivies; — l'étude des moyens permettant d'aider
les P.M.A. à développer leur commerce sur leurs marchés actuels ou sur de nouveaux
marchés.
(58) § 117 de la résolution.
620 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

L'examen en fin de parcours pourrait prendre la forme d'une autre Conférence


des Nations Unies sur les P.M. A. (59).
La C.N.U.C.E.D. tiendra à jour les données nécessaires au contrôle mondial de
l'exécution du NP.S.A. Cependant diverses institutions des Nations Unies sont
encouragées à « accorder toute leur attention, dans leur analyse de la situation
économique et dans le cadre de leurs activités de surveillance, aux problèmes et
aux besoins des P.M. A. et aux résultats obtenus par ces pays » (60) . Le rôle
central de la C.N.U.C.E.D. se trouve ainsi quelque peu concurrencé sur le plan
mondial. Comme le souhaitait le groupe des 77, les donateurs sont invités à contribuer
au Fonds du P.N.U.D. pour les mesures spéciales en faveur des P.M.A. Mais la
somme de 200 millions de dollars qu'escomptaient les 77 n'est pas mentionnée. Là
encore la Conférence de Paris n'est pas parvenue à des engagements chiffrés. Il
ne s'agissait pas, il est vrai, d'une « pledging conference », c'est-à-dire d'une
conférence appelée à prendre des engagements financiers. Quelle est alors la portée des
engagements pris à Paris ?

2. — La portée des engagements pris

Le N.P.S.A. est une résolution approuvée par consensus par une Conférence
des Nations Unies. L'Assemblée Générale de l'O.N.U. a «fait sien», ensuite, le
N.P.S.A. en adoptant une autre résolution, par consensus également.
Une première remarque s'impose, d'emblée. C'est à partir de la résolution
adoptée par la Conférence de Paris, mais aussi au regard des dispositions incluses
dans la résolution de l'Assemblée Générale, qu'il convient d'apprécier la portée
sur le plan du droit du N.P.S.A.
A la lumière de ces deux textes, on constate que l'adoption du- N.P.S.A.
implique des conséquences sur le plan juridique, qui concernent, d'une part, le
système des Nations Unies (A), et, d'autre part, les Etats destinataires de ces
résolutions (B).

A. — La portée du NÏ.S.A. à l'égard de VO.N.V.

Le N.P.S.A., à la suite de l'assentiment que lui a donné l'Assemblée Générale,


produit des effets juridiques à l'égard d'un certain nombre d'organes du système
des Nations Unies qui sont appelés à intervenir dans le cadre de son application.
L'Assemblée Générale, en effet, a décidé qu'un « processus régulier d'examen et de
surveillance des progrès accomplis dans l'exécution du N.P.S.A. aux échelons
national, régional et mondial devrait être prévu, comme l'envisage ledit
Programme, pour maintenir l'élan imprimé en ce qui concerne les engagements pris par
la communauté internationale et promouvoir la mise en œuvre des plans et
programmes des P.M.A. ». Dans cette perspective l'Assemblée Générale a adopté
plusieurs décisions.

(59) Les réunions du contrôle au niveau mondial procéderont à : l'examen des progrès
réalisés par chacun des pays à la date de la réunion, dans le cadre de la décennie; l'étude
des progrès accomplis quant aux mesures d'appui prises au niveau international, en particulier
quant à l'aide publique au développement; l'examen des mesures qui pourraient être
nécessaires pour assurer l'exécution intégrale du N.P.S.A. pendant la décennie.
(60) § 122 de la résolution.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 621

L'Assemblée Générale a décidé, en premier lieu, comme l'avait souhaité la


Conférence de Paris, que le groupe intergouvernemental chargé de la question
des P.MA. au sein de la C.N.U.C.E.D. était appelé à procéder à l'examen à mi-
parcours de l'application du N.P.S.A. et envisager à cette occasion la possibilité
d'un examen global à la fin des années 80, susceptible de prendre la forme d'une
nouvelle Conférence des Nations Unies sur les P.M.A. Le groupe
intergouvernemental reçoit, par ailleurs, le droit de procéder au réajustement, en 1985, du
N.P.S.A. pour la seconde moitié de la décennie. Les enseignements qui se
dégageront de l'examen à mi-parcours devront être communiqués à l'Assemblée
Générale, de façon à ce qu'il en soit tenu compte dans l'examen de la S.IJ). pour
la Troisième Décennie des Nations Unies pour le développement.
L'Assemblée Générale a décidé, en second lieu, «de faire en sorte» que les
ressources, dont aura besoin la C.N.U.CJE.D. pour l'organisation du suivi, soient
suffisantes.
L'Assemblée Générale a invité, d'autre part, le Secrétaire Général de l'O.N.U.
à prendre toutes les initiatives nécessaires à la mobilisation du système des Nations
Unies pour l'application du N.P.SA.
Enfin, l'adoption du N.P.S.A., de façon indirecte, mais certaine, emporte des
conséquences au niveau de la définition et de la place qu'occupe la catégorie des
P.M.A. à l'intérieur de 1'O.N.U. De nombreux alinéas du NP.S.A. sont consacrés
à la description des caractéristiques essentielles des P.M.A. au sein de la
communauté internationale. Ces passages de la résolution ont l'aspect d'un constat
de la situation de certains Etats. Les dispositions du N.P.SA., dans toute la mesure
où elles ont le caractère d'une reconnaissance, sont appelées à produire des effets
sur le plan juridique à l'égard de tous les organes de 1'O.N.U. qui sont chargés
d'arrêter la liste des P.M.A. et de préciser les critères de la catégorie.

B. — La portée du NJ*.S.A. à l'égard des Etats

S'agissant des Etats, la question de la portée juridique du NP.S.A. est plus


délicate. Sur un seul point, le volume de l'aide à verser aux P.M.A., le N.P.S.A.
contient un engagement solennel de la part des Etats donateurs. Mais, pour le
reste, la résolution contient des « invitations à faire » qui sont lancées en direction
des P.M.A. et des Etats donateurs. Dans les deux cas on se trouve .en présence
soit d'un droit déclaratoire, soit d'un droit recommandatoire.
Le NP.S.A. contient, en effet, un certain nombre d'énoncés de principe, qui
ne sont pas dépourvus de portée juridique, dans toute la mesure où il est possible
de les relier aux dispositions qui se trouvent déjà dans d'autres résolutions de
l'O.N.U. et qui marquent la constance d'une certaine volonté. Le N.P.S.A. renferme,
ainsi, un certain nombre d'affirmations qui, si elles se traduisent dans les faits,
participent à la création d'un processus coutumier. Tel est le cas, notamment, des
passages du N.P.S.A. qui concernent l'objectif de 0,7 % en matière d'A.P.D.,
l'octroi de l'aide sous forme de dons, « en règle générale », — et cette précision
indique bien l'existence d'un principe —, la nécessité de fournir aux P.MA. une
aide déliée.
Le N.P.S.A. rappelle, d'autre part, que l'aide aux P.MA. doit procéder non
seulement des pays développés mais aussi des P.E.D. qui sont en mesure de le
faire, et qu'il appartient aux P.M.A. de définir eux-mêmes leurs objectifs de
développement. On peut se demander si ces affirmations ne correspondent pas déjà
à des règles coutumières.
622 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Quant aux recommandations adressées aux Etats, elles ont une portée très
différente, suivant qu'elles visent les P.MA. ou les Etats donateurs. Même s'ils
acceptent les objectifs et les priorités du N.P.SA., les P.M.A. sont des Etats
souverains et restent libres d'apprécier le bien-fondé des exhortations qui leur sont
présentées. Les Etats donateurs se trouvent liés davantage par la substance de
textes qu'ils ont acceptés sans opposition et sans réserves.
Mais là n'est pas l'essentiel. L'aspect le plus original du N.P.S.A., pour ce qui est
de sa portée juridique, se trouve ailleurs, à savoir dans le mécanisme du suivi qui
établit un lien quasiment synallagmatique entre les « devoirs » des P.MA. vis-à-vis
de leur propre développement et les obligations que doivent assumer les autres pays
à leur égard. Le N.P.S.A. contient les éléments d'un contrat global entre les P.MA.
et les Etats susceptibles de les aider. Il s'agit au fond d'une résolution-contrat, qui
repose sur le do ut fades.
Le suivi institue en effet un lien entre les obligations des P.M.A. et les
engagements des pays donateurs. Lors des réunions du suivi, au plan national, comme
au niveau mondial, les P.M.A. comme les autres Etats seront invités à présenter
le bilan des actions entreprises. Pour bénéficier de l'aide des pays développés, les
P.M.A. doivent engager des réformes de structure. S'ils ne veulent pas se trouver
en position d'accusés, lors des réunions de suivi, les pays donateurs ont intérêt
à se conformer au respect des dispositions du N.P.S.A. qui les concernent. Le
mécanisme du suivi représente, dans ces conditions, un facteur de pression continue
pour les uns comme pour les autres. Lors des réunions de suivi national des
admonestations seront adressées de part et d'autre. En 1985, le groupe
intergouvernemental chargé des P.M.A. au sein de la C.N.U.C.E.D. procédera à un examen à
mi-parcours de l'application du N.P.S.A., et cet examen sera plus qu'un examen
de conscience. Le groupe intergouvernemental pourra, en effet, réviser, à cette
occasion, le N.P.S.A. et aménager ses dispositions, compte tenu des résultats obtenus.
L'éventualité de cet ajustement indique clairement que les engagements pris à Paris
doivent se traduire sur le plan des faits et sur le plan du droit.
Il faut souligner par ailleurs que le N.P.S.A. a été approuvé, par la Conférence
de Paris et par l'Assemblée Générale, par consensus. H s'agit même d'un consensus
renforcé, dans la mesure où les Etats, à Paris, n'ont pas formulé de réserves à
l'égard de la résolution mais ont pris, au contraire, pour un certain nombre d'entre
eux, des engagements unilatéraux vis-à-vis du texte adopté. Certes, ces déclarations
d'intention doivent être confirmées, le cas échéant, par la suite, par l'autorité
parlementaire. Mais elles n'en représentent pas moins un début d'obligation. H ne faut
pas oublier, d'autre part, comme la remarque en a été faite, qu' « il existe des
gouvernements de bonne foi » (61) . Les promesses des représentants des Etats ne sont
pas toujours écrites sur le vent.
Il convient de noter également que la portée du N.P.SA. sur le plan juridique
dépend aussi de la durée de sa validité, et des délais prévus pour sa mise en
œuvre. Le programme est en vigueur pour une période de dix années, avec
simplement la possibilité de procéder à des ajustements en 1985. Il bénéficie donc pendant
ce laps de temps d'une certaine stabilité. D'un autre côté, l'examen à mi-parcours
mis à part, le N.P.S.A. ne prévoit pas de calendrier, ni d'échéancier pour sa
réalisation. Il ne contient pas de programme d'action immédiate. H déclare
simplement qu'une part très importante d'A.P.D. « devrait être versée d'urgence » aux
P.M.A. II est vraisemblable que ce sont les réunions de suivi au niveau national
qui détermineront, suivant des modalités souples et variables, l'enchaînement des
étapes à franchir pour l'application du N.P.SA.

(61) Cf. l'article de M. Vikaijly, précité.


CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 623

IV. — LES SUITES DE LA CONFÉRENCE DE PARIS

Dès la conclusion des travaux de la Conférence de Paris, des organismes


concernés par l'application du N.P.S.A. ont pris des initiatives pour assurer la mise
en œuvre des dispositions adoptées.
L'administration du P.N.U.D. a proposé à tous les P.M.A. africains de les aider
à organiser des réunions de donateurs. Des consultations sont en cours avec la
plupart des pays intéressés. A la fin du mois de décembre 1981, seuls le Botswana,
l'Ouganda et le Tchad n'avaient pas encore répondu à la démarche du P.N.U.D.
Le Comité inter-Etats pour la lutte contre la sécheresse au Sahel (C.I.L.S.S.) et
le Club du Sahel ont adopté, au mois de novembre 1981, un programme de travail
conjoint pour les deux institutions, sur une base sectorielle. Pour chacun des pays
concernés, des rapports seront terminés, au plus tard, au cours de l'été 1982, dans
les domaines suivants : production agricole et alimentaire (cultures pluviales et
irriguées), hydraulique rurale (eau potable), écologie et reboisement. Des réunions
sectorielles seront organisées dans chaque Etat, lorsqu'une demande aura été
présentée en ce sens. Il en sera de même sur le thème du financement des dépenses
renouvelables, qui permettra de traiter les problèmes macro-économiques de ces
Etats.
La Banque Mondiale a annoncé, de son côté, le 24 décembre 1981, l'octroi de
prêts à trois P.M.A. : le Laos, le Népal et la Tanzanie (62) . Le Fonds de
développement de l'O.P.E.P. a accordé également au Laos un prêt additionnel (63) . Le
Fonds des pays arabes du Golfe a mis en place, le 25 février 1982, avec le P.N.U.D.,
un consortium d'aide pour le financement de projets de développement dans quatre
P.M.A. : Comores, Haïti, Maldives, Samoa (64) .
Bien qu'il n'ait été investi par la Conférence de Paris d'aucun mandat sur le
suivi par pays, le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D. a adressé, le 13 novembre 1981, à
chacun des P.M.A. une note verbale qui rappelle les dispositions du Chapitre m
du N.P.SA. Cette note demande aux P.M.A. de fournir à la C.N.U.C.E.D. des
informations sur le nom de l'organisme désigné comme organe central de suivi
au niveau national, et sur les « premières réactions du Gouvernement sur la mise en
place d'un organisme consultatif au niveau national ou sur le renforcement et
l'élargissement des mécanismes existants, pour l'examen de l'exécution du N.P.S.A. ».
H n'est pas impossible que l'on assiste, lors de la mise en place du suivi par
pays, à la répétition du scénario qui a conduit le Secrétariat de la C.N.U.C.E.D.
à s'emparer de la préparation de la Conférence de Paris. Le Secrétariat de la
C.N.U.C.EJD. pourrait tout d'abord proposer son aide pour l'organisation des
réunions de suivi au niveau national. Son concours une fois accepté, la C.N.U.C.E.D.
suggérerait alors aux P.M.A. de regrouper sur une base régionale ou sous-régionale
la tenue de ces réunions de consultation (65) . Il n'est pas possible, au début de 1982,
de préjuger des intentions de la C.N.U.C.E.D. sur ce point.

(62) 15 millions de dollars pour le Laos, 14,3 pour le Népal, 20 pour la Tanzanie.
(63) II s'agit d'un prêt de 4 millions de dollars.
(64) La contribution du Fonds s'élève à 3 millions de dollars.
624 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCES

Enfin, la C.E.E. a engagé l'étude de la mise en œuvre d'un système spécifique


de stabilisation des recettes d'exportation pour les neuf P.M.A. qui ne sont pas liés
par la convention de Lomé. Au début de l'année 1982, la Commission de la C.E.E.
n'avait pas encore adressé de propositions au Conseil des Ministres à ce sujet. Le
prolongement de la Conférence de Paris reste une question à suivre.

**
La Conférence de Paris s'est achevée sur un résultat positif, et les engagements
pris sont loin d'être négligeables. Les P.M.A. doivent recevoir de la part de la
communauté internationale une aide accrue. Le mécanisme du suivi permettra de
surveiller l'application des mesures adoptées à Paris.
Une question néanmoins reste posée : les P.M.A. représentent-ils une catégorie
distincte au sein des P.E.D. ? La Conférence de Paris a-t-elle consacré sur le plan
juridique une nouvelle division du Tiers Monde ? Les mesures spéciales en faveur
des P.M.A. sont-elles dérogatoires, par rapport aux règles du droit international
du développement ? La lecture du N.P.S.A. apporte à cette question des éléments
de réponse. Le N.P.S.A. prévoit une aide accrue et met en place des arrangements
institutionnels en faveur des P.M.A. Mais les «mesures spéciales» qu'il contient
n'ont pas un caractère spécifique. Le N.P.S.A. envisage, pour la plupart de ses
dispositions, d'appliquer aux P.M. A. des règles déjà en vigueur dans les relations
entre pays développés et P.E.D. II ne crée pas un droit spécial pour une catégorie
d'Etats. Il cherche plutôt à étendre à ce groupe d'Etats un droit déjà plus général.
Cette tendance pourrait être prolongée par la reconnaissance aux P.MA. du
droit de bénéficier de tous les avantages que les pays développés auraient déjà
consentis à certains P.E.D. II s'agirait d'une règle nouvelle du droit international du
développement, qui s'appellerait la clause de la nation la moins défavorisée.

(65) Les réunions de suivi par pays seraient organisées plus facilement par la C.N.U.C.E.D.,
si elles étaient regroupées sur une base régionale. Elles auraient plus d'impact également sur
l'opinion publique internationale.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 625

ANNEXE n°I
Nombre de délégués par Etat

ETAT (1) ETAT (1) ETAT (1)


France 73 Venezuela 6 Syrie 4
R.F.A. 16 Yemen 6 Laos 4
Japon 16 Yougoslavie 6 Saint Siège 4
Belgique 15 Bulgarie 5 Sénégal 4
Pays-Bas 15 Cap Vert 5 Tchad 4
Bangladesh 14 Colombie 5 Angola 3
Canada 14 Cuba 5 Chili 3
Italie 14 Djibouti 5 Chypre 3
Chine 13 Egypte 5 Salvador 3
Etats-Unis 12 Irlande 5 Ghana 3
Ouganda 12 Israël 5 Jamaïque 3
Algérie 11 Kenya 5 Koweït 3
Haïti 11 Malawi 5 Libye 3
U.R.S.S. 11 Mali 5 Libéria 3
Australie 10 Mauritanie 5 Maldives 3
Burundi 10 Mexique 5 Nicaragua 3
Indonésie 10 Niger 5 Nigeria 3
Népal 10 Rép. Dem. Allem. 5 Répub. Popul. Corée 3
Royaume-Uni 10 Cameroun 5 Biélorussie 3
Somalie 10 Iran 5 Togo 3
Autriche 9 Roumanie 5 Ukraine 3
Danemark 9 Tchécoslovaquie 5 Uruguay 3
Haute-Volta 9 Tunisie 5 Arabie Saoudite 2
Inde 9 Vietnam 5 Costa Rica 2
Républ. Centraf. 9 Zaïre 5 Equateur 2
Suède 9 Zambie 5 Jordanie 2
Thaïlande 9 Afghanistan 4 Liban 2
Espagne 8 Argentine 4 Madagascar 2
Ethiopie 8 Benin 4 Malte 2
Finlande 8 Bhoutan 4 Mozambique 2
Gabon 8 Bolivie 4 Paraguay 2
Irak 8 Brésil 4 Saint-Marin 2
Malaisie 8 Congo 4 Samoa 2
Portugal 8 Côte d'Ivoire 4 Seychelles 2
Tanzanie 8 Emirat Arab. Unis 4 Singapour 2
Yemen Democrat. 8 Gambie 4 Sri Lanka 2
Co mores 7 Grèce 4 Trinité et Tobago 2
Norvège 7 Guatemala 4 Bahrein 1
Philippines 7 Guinée-Bissau 4 Honduras 1
Rwanda 7 Guinée Equat. 4 Islande .1
Soudan 7 Hongrie 4 Mongolie 1
Botswana 6 Maroc 4 Oman 1
Guinée 6 Nouvelle Zélande 4 Suriname 1
Kampuchea 6 Pakistan 4
Lesotho 6 Panama 4
Républ. de Corée 6 Pérou 4
Sierra Leone 6 Pologne 4
Turquie 6 Qatar 4
(1) Nombre de délégués par Etat.
626 CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

ANNEXE n° II
Point d'origine des délégués

ETAT (1) ETAT (1)


Japon 15 Bulgarie 5
Pays-Bas 15 Cap-Vert 5
Belgique 14 Cuba 5
Italie 14 Guinée 5
Rép. Féd. Allem. 14 Malaisie 5
Canada 13 Malawi 5
Etats-Unis 12 Philippines 5
Bangladesh 11 Rép. Dém. Allem. 5
U.R.S.S. 11 Sierra Leone 5
Australie 10 Soudan 5
Ouganda 10 Tchécoslovaquie 5
Chine 10 Tunisie 5
Haïti 10 Yemen 5
Algérie 9 Yougoslavie 5
Autriche 9 Bhoutan 4
Suède 9 Congo 4
Burundi 8 Djibouti 4
Espagne 8 Guinée Bissau 4
Irak 8 Guinée Equatoriale 4
Finlande 8 Irlande 4
Népal 8 Kenya 4
Portugal 8 Luxembourg 4
Rép. Centraf. 8 Mexique 4
Royaume Uni 8 Nouvelle Zélande 4
Thaïlande 8 Pologne 4
Ethiopie 7 Syrie 4
Gabon 7 Rép. Corée 4
Haute-Volta 7 Laos 4
Inde 7 Afghanistan 3
Indonésie 7 Guatemala 3
Somalie 7 Israël 3
Suisse 7 Koweït 3
Botswana 6 Liberia 3
Co mores 6 Maldives 3
Kampuchea 6 Mauritanie 3
Lesotho 6 Niger 3
Norvège 6 Panama 3
Tanzanie 6 Qatar 3
Rwanda 6 Rép. Popul. Corée 3
Turquie 6 Biélorussie 3
Venezuela 6 Ukraine 3
Yemen Dem. 6 Saint Siège 3
Zaïre 3
(1) Nombre de délégués par délégation qui ne sont pas affectés au sein des
ambassades accréditées auprès du pays-hôte.
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS 627

ANNEXE N° m

ETAT (1) ETAT (1)


France 9 Emirats Arabes Unis 1
Etats-Unis 5 Equateur 1
Canada 4 Grèce 1
Pays-Bas 4 Guinée 1
U.R.S.S. 4 Guinée-Bissau 1
R.F.A. 3 Guinée équatoriale 1
Bangladesh 3 Haiti 1
Belgique 3 Irak 1
Burundi 3 Jamaïque 1
Finlande 3 Kampuchea 1
Norvège 3 Kenya 1
Suède 3 Libye 1
Suisse 3 Malaisie 1
Tanzanie 3 Malawi 1
Autriche 2 Malte 1
Bulgarie 2 Mexique 1
Chine 2 Ouganda 1
Cuba 2 Pologne 1
Danemark 2 Rwanda 1
Haute-Volta 2 Sierra Leone 1
Hongrie 2 Somalie 1
Inde 2 Soudan 1
Irlande 2 Sri Lanka 1
Japon 2 Tchécoslovaquie 1
Laos 2 Thaïlande 1
Maldives 2 Yemen Dém. 1
Mali 2 Zaire 1
Nepal 2
Philippines 2
Républ. Centrafricaine 2
R.D.A. 2
Royaume Uni 2
Trinité et Tobago 2
Tunisie 2
Afghanistan 1
Algérie 1
Arabie Saoudite 1
Benin 1
Cap- Vert 1
Chili 1
Egypte 1
Salvador 1
(1) Nombre de délégués par Etat ayant assisté à la dernière session du Comité
préparatoire et à la Conférence.

Vous aimerez peut-être aussi