Des milliards d’aides Covid ont Le grand désordre de la vaccination
été distribués sans contrôle géré de l’Elysée par Macron
Communiqué
des Windsor après
les accusations
de Meghan et Harry
“On n’est pas
des racistes…
105 ANNÉE – N 5235 – mercredi 10 mars 2021 – 1,50 €
e o
Pour son show hebdomadaire, Castex ressort une vieille chanson
L’important, c’est la dose !
LE PROJET DE LOI CLIMAT
DIVISE LA MAJORITÉ
Balladur à comprendre
ES MINISTRES ménagés,
D voire exonérés, des colla-
borateurs condamnés. Dans son
arrêt du 4 mars sur le finance-
ment de la campagne de Balla-
dur en 1995, la Cour de justice
de la République (CJR) a inversé
la hiérarchie. Pour les sanctions,
les chefs ont droit à la classe
économique. Leurs subordon-
nés, en classe affaires, paient
plus cher…
La CJR a estimé qu’Edouard
Balladur n’avait pas bénéficié
des rétrocommissions du « ré-
seau K » de Takieddine pour fi-
nancer sa campagne. Il est vrai
que l’importance des fonds se-
crets dont il disposait, sans avoir,
à l’époque, de comptes à rendre,
le mettait à l’abri du besoin. De
même, la Cour estime que le
candidat malheureux ignorait
tout des fastueuses commissions
versées à ce réseau  K pour
vendre trois sous-marins au Pa-
kistan et trois frégates à l’Arabie
saoudite. Mais, alors, qui a tout
manigancé ? Sûrement le direc-
teur de cabinet de Balladur, Ni-
colas Bazire, qui, lui, « était au
fait de l’activité du réseau K ».
Un altruiste, que nul n’accuse
d’avoir reçu d’argent du réseau.
En tout cas, le « découple-
ment » des rôles du ministre et
de son directeur de cabinet
– condamné le 15 juin dernier à
trois ans de prison ferme (plus
deux avec sursis) par le tribunal
correctionnel de Paris – délie à
l’avance les juges de la cour
d’appel d’un lourd soupçon.
Lorsqu’ils examineront le cas de
Bazire, au printemps de 2022,
personne ne pourra leur repro-
cher d’exonérer Balladur et d’ac-
La noix
d’honneur
ÉCERNÉE au directeur
D de l’Institut national du
sport, Ghani Yalouz, qui a
émis ce souhait (« Le Pari-
sien », 5/3) :
« Lʼenjeu des JO 2024,
cʼest de créer du lien
entre Paris et sa ban-
lieue. »
Il serait temps, en effet,
de s’en inquiéter.
cabler son bras droit, puisque
celui-ci est censé avoir agi dans
le dos du Premier ministre.
Le cas de François Léotard
s’annonce plus épineux. L’ex-
ministre de la Défense a été
condamné par la CJR pour avoir
« fait bénéficier des intermé-
diaires, qu’il a contribué à re-
cruter (…), d’une rémunéra-
tion dont les modalités de
versement se sont révélées
exorbitantes ». En clair, et
contrairement à Balla – au cou-
rant de rien –, Léo a œuvré pour
mettre en place le réseau K. Et,
pour cela, la CJR vient de le
condamner – en toute mansué-
tude – à deux ans de prison avec
sursis. En revanche, le tribunal
correctionnel avait condamné
son bras droit, Renaud Donne-
dieu de Vabres, à trois ans de
prison ferme (plus deux avec
sursis)…
La cour d’appel, si elle
confirme ces jugements, expli-
quera sûrement pourquoi les pa-
trons échappent à la prison,
grande ouverte pour leurs subor-
donnés.
H. M.
Une Europe un peu piquée
’ÉTAIT l’été dernier.
C L’ U n i o n e u r o p é e n n e
s’émerveillait de sa capacité à
mettre enfin en œuvre une stra-
tégie commune de vaccination.
Aujourd’hui, c’est la règle du
chacun pour soi. A commencer
par les pays de l’ancien bloc so-
viétique. La Hongrie de Viktor
MARIAGE SECRET, RACISME :
MEGHAN ET HARRY CHARGENT LA FAMILLE ROYALE
P. 3
Journal satirique paraissant le mercredi
D.O.M. 1,90 € - Suisse 2,60 FS - Belgique / Luxembourg / Grèce 1,70 € - Espagne / Port. Cont 1,70 € - Italie 1,80 € - Tunisie 5 DT - Maroc 20 MAD - Afrique CFA 1200 CFA - Allemagne 2,70 € - Canada 3,95 Dc - GB 1,60 £
LE FRONT DU PROBLÈME
M
ÊME le front républi-
cain est mal en point.
Le Covid n’est pas di-
rectement en cause, mais une
partie de l’électorat, lassée
d’avance à la perspective d’un
nouveau duel Macron-Le Pen
au second tour en 2022. « Li-
bération » en avait déjà, voilà
peu, fait le constat, en publiant
les témoignages d’électeurs
de gauche expliquant qu’on ne
les y reprendrait plus. Qu’ils
avaient déjà « fait barrage » à
l’extrême droite en votant Chi-
rac en 2002 puis, en 2017, Ma-
cron, mais qu’en 2022 pas
question ! Ils voteront blanc ou
ne se déplaceront pas si se
présente la même configura-
tion. Plus question pour eux de
pacte républicain, et advienne
que pourra. Au risque donc
que ce qu’il advienne puisse
être la candidate du RN. Une
hypothèse qui, jusque-là, tout
en occasionnant quelques
frayeurs, restait du domaine
de l’improbable, sinon de l’im-
pensable.
Et voilà qu’un sondage pu-
blié lundi par « L’Opinion » va
dans le même sens et vient cor-
roborer cette impression d’un
front républicain secoué dans
ses fondations et d’un « bar-
rage » à l’extrême droite qui se
lézarde. Et pas seulement à
gauche.
En 2022, à en croire ce son-
dage, dans la configuration
Macron-Le Pen, les électeurs
socialistes (50 %), Insoumis
(52 %) et écolos (44 % chez
ceux de Jadot) resteront à la
maison. Et, à droite, 41 % des
Républicains ne bougeront pas
non plus pour lui, mais (dans
l’hypothèse Bertrand) 21 % se
disent prêts à se déplacer pour
Marine Le Pen ! En clair, entre
vote blanc, abstention et dé-
fection, l’électorat des grands
partis ne se bousculerait pas
pour faire « barrage » comme,
au nom du front républicain, il
Orbán a ainsi décidé de s’appro-
visionner en Spoutnik V (russe)
et en Sinopharm (chinois). La
Tchéquie lui a emboîté le pas.
Tout comme la Pologne et la
Slovaquie, où le Premier mi-
nistre s’est déplacé à l’aéroport
pour fêter l’arrivée de 2 millions
de doses achetées à Moscou.
en était jusque-là d’usage.
Ce n’est certes qu’un son-
dage, et, à quatorze mois de la
présidentielle, en ces temps
pour le moins incertains, il se-
rait évidemment intrépide d’y
voir un fait avéré. Pour autant,
plus qu’un mouvement de
mauvaise humeur, cette réti-
cence affichée d’une partie des
sondés de gauche et de droite
à voter LRM contre le RN n’a
pas fini d’interroger.
Une partie de la réponse est
bien sûr contenue dans les té-
moignages comme dans le
sondage. Elle tient à gauche
dans le rejet du pouvoir en
place dû à la déception d’un
Macron dont le programme a
vite été jugé « en même temps »
à droite et à droite seulement.
Dans le dépit aussi d’une
gauche toujours en morceaux
et n’en finissant pas de montrer
une incapacité flagrante à les
recoller. Et, surtout, à parvenir
à se mettre d’accord sur une
candidature susceptible de
rassembler.
A droite, au-delà des diffi-
cultés chez LR en dépit de la
multiplication des candidats
DÉPROGRAMMER, REPROGRAMMER…
Sans doute pour célébrer l’amitié
entre « pays frères », comme on
disait à l’époque communiste…
A l’Ouest, ce n’est pas mieux.
L’Autriche et le Danemark ont
clamé leur intention de ne plus
dépendre de l’Europe pour les
commandes de vaccins et de
s’allier avec Israël. L’Allemagne
elle-même commence à fléchir :
Angela Merkel n’a-t-elle pas
chanté les louanges de la Serbie,
qui « vaccine plus vite » grâce
aux doses envoyées par Pékin ?
Les chiffres sont rudes : au
7 mars, 6,2 % des citoyens de
l’Union avaient déjà reçu au
moins une dose de vaccin,
contre près de 15 % pour ceux
de la Serbie et 33 % pour ceux
du Royaume-Uni. Rien d’éton-
nant : alors que Londres prenait
les devants et passait des com-
mandes à tire-larigot dès le prin-
temps 2020, Bruxelles a collec-
tionné les retards, avant de
signer des contrats d’achat mal
ficelés (« Le Canard », 27/1).
L’Europe tente aujourd’hui
de resserrer les boulons. En
accord avec l’UE, le chef du
gouvernement italien, Mario
Draghi, a décidé de bloquer
potentiels à trouver un « can-
didat naturel », ce sont les ten-
tations d’électeurs d’aller voir
ailleurs, d’aucuns chez Macron,
d’autres chez Le Pen, qui po-
sent problème et question.
Chez les principaux intéres-
sés, on feint de ne pas trop s’en
préoccuper. Marine Le Pen,
désormais amie de l’euro, de
l’Europe et du remboursement
de la dette, se contente de ca-
cher sa joie. Et, tout en soute-
nant Sarko contre ses juges, ne
se plaint pas que les siens ne
se penchent pas sur ses pro-
blèmes judiciaires avant l’élec-
tion. Macron, lui, fait répéter
par ses troupes que l’extrême
droite existait avant lui et que
la crise sanitaire et celles éco-
nomique et sociale qui s’ensui-
vront passent avant celle d’un
duel qui n’est pas pour le
contrarier. Le problème n’en
est pas moins un, les régio-
nales seront sans doute là pour
le rappeler à celui qui, en 2017,
se voulait « le meilleur rempart
contre les extrêmes » et qui va
désormais devoir le prouver…
Erik Emptaz
250 000 doses d’AstraZeneca
que le labo s’apprêtait à exporter
en Australie, l’un des pays les
moins touchés par la pandémie.
De son côté, l’Agence euro-
péenne du médicament a averti
Hongrie, Pologne et Cie qu’elles
Q doirie ! Après le grand nu-
méro de Sarko contre la justice,
se lançaient dans un jeu « un
peu comparable à la roulette
russe » en autorisant le Spout-
nik  V en l’absence de toute
étude sur les effets secondaires
de ce vaccin.
En France, ce sont les mi-
nistres qui montent au créneau
contre ces Etats francs-tireurs.
Avec cet ultimatum lancé par
Clément Beaune (Affaires eu-
ropéennes) sur RTL (5/3) : « Si
cela continuait, on ne pourrait
pas avoir à la fois le bénéfice
du cadre européen (…) et en
plus aller chercher (…) le cha-
cun pour soi. » En clair : ce ne
sera plus fromage et dessert. La
menace tombe à pic, au moment
où les Russes doivent faire face
à d’épineux problèmes de pro-
duction et où les livraisons de
doses commencent enfin à s’ac-
célérer en Europe.
Après des mois de disette…
H. L.
… La preuve :
la reine
a des chapeaux
de toutes
les couleurs”
LE GOÛT DE LA FÊTE
LES INTERVIEWS (PRESQUE) IMAGINAIRES DU “CANARD”
Elisabeth II :
“J’en Windsor grandie”
A PRÈS les propos incen-
diaires du prince Harry
et de son épouse, Meghan, la
reine d’Angleterre a choisi le
Palmipède pour rompre le si-
lence en exclusivité mondiale.
Elle nous reçoit au palais de
Buckingham.
QUESTION. – Majesté,
votre petit-fils et sa femme,
duchesse de Sussex, tirent à
boulets rouges sur ce qu’ils
appellent « la Firme », c’est-
à-dire votre royale famille.
ÉLISABETH (sereine).
– On a déjà connu ça : un
Windsor simplet manipulé par
une roturière yankee sans
scrupules. Souvenez-vous de
ce pauvre duc de Windsor,
épousé en 1937 par Wallis
Simpson.
Q. – Mais acceptez-vous ce
terme de « Firme » ?
É. – Je le revendique ! Et
j’en suis la patronne. Ces jeu-
nots veulent s’établir à leur
compte en Californie ? OK :
ils ont signé un contrat de
100 millions de dollars avec
Netflix et un de 30 millions
avec Spotify. Mais, si je leur
retire leurs titres de duc et du-
Juge et partie d’en rire
UELLE bien belle plai-
qui a osé le condamner, Fran-
çois Hollande a pris son ton le
plus grave, dans « Le Parisien »
(6/3), pour voler au secours de
l’institution judiciaire et du Par-
quet national financier, qu’il a
lui-même créé : « Je n’accepte
pas les attaques répétées
contre la justice et son indé-
pendance, avec des magis-
trats qui sont nommément
pointés du doigt. » Et Hol-
lande de distribuer les mauvais
points : face aux attaques de
Sarko, Macron et son garde des
Sceaux auraient dû « défendre
immédiatement l’institution
judiciaire », a chapitré Pépère,
jugeant ce silence « particu-
lièrement grave  ». Parole
d’expert !
A l’Elysée, notre gardien du
temple judiciaire avait lui-
même donné l’exemple. Dans
le bouquin des journalistes
Davet et Lhomme (« Un prési-
P. 2
chesse de Sussex, ils perdent
la franchise. Je les tiens par
les bollocks* !
Q. – Meghan, qui est mé-
tisse, accuse certains Windsor
de propos racistes.
É. – Absurde ! En 2017,
j’ai nommé comme premier
écuyer le lieutenant-colonel
Nana Kofi Twumasi-Ankrah,
natif du Ghana. Vous pouvez
vérifier. (Elle ouvre un coffret
en acajou.) Un petit verre de
sherry ?
Q. – Le souvenir de la prin-
cesse Diana semble hanter
Meghan…
É. – En effet, j’ai peur
qu’elle fasse des bêtises.
Q. – Elle a même avoué
avoir eu « des pensées
suicidaires »…
É. – Bullshit** ! J’ai peur
qu’elle vienne chez vous, en
France, signer un contrat avec
Renault pour vanter la
Megane. Ce serait indigne de
la Firme !
Propos (presque)
recueillis
par Frédéric Pagès
* « Couilles », ** « connerie »
dent ne devrait pas dire ça… »),
Hollande avait dit tout le bien
qu’il pensait de la justice  :
« une institution de lâcheté ».
Et il ajoutait quelques com -
pliments supplémentaires  :
« C’est quand même ça, tous
ces procureurs, tous ces hauts
magistrats, on se planque, on
joue les vertueux… On
n’aime pas le politique. » Et
réciproquement ?
A l’époque – en 2016 –, l’af-
faire avait mis le feu aux her-
mines. Les deux plus hauts ma-
gistrats de l’ordre judiciaire
estimaient que ces propos por-
taient « gravement atteinte au
crédit » de la justice. Le Syn-
dicat de la magistrature dénon-
çait « un problème institution-
nel  ». Et, à la fin du foin,
Hollande avait dû se fendre
d’une lettre d’excuses au
Conseil supérieur de la magis-
trature, disant «  regrette[r]
profondément » ses propos.
Un vrai repenti !
I. B.

Mécomptes d’apothicaire
IduLbellir
NE MANQUAIT PLUS que ça pour em-
le tableau, déjà bien bordélique,
Covid ! Une joyeuse et intense polé-
mique entre les médecins généralistes et
les pharmaciens. Tout est
parti, comme on le sait,
dʼun « message urgent »,
diffusé dimanche soir par
la Direction générale de
la  santé, autorisant les
pharmaciens à administrer
des vaccins à partir du
15 mars.
Il nʼen a pas fallu plus
pour allumer le feu. Les
médecins ont crié à lʼatten-
tat, convaincus que les pharmaciens, dé-
positaires des doses de vaccin, allaient
les leur piquer et les obliger à annuler les
Macron
à la barre
Pour celles et ceux qui en dou-
teraient encore, c’est Macron qui
décide tout seul, et dans le
moindre détail, de toutes les dis-
positions concernant la « guerre »
contre le virus.
Ainsi, dernièrement, à la
grande surprise du corps scien-
tifique, il a annoncé avoir com-
mandé des traitements dits « par
anticorps monoclonaux », dont
les résultats, pour le moment, ne
sont pas probants.
Ainsi, le 3 mars, au cours du
Conseil de défense, il a choisi de
confiner pendant les week-ends
les seuls Hauts-de-France, écar-
tant l’Ile-de-France, où les indi-
cateurs ne sont pourtant pas plus
brillants.
« On ne peut pas considérer
qu’il est anodin de confiner une
région aussi peuplée que l’Ile-
de-France et dont beaucoup
d’habitants logent dans de petits
appartements », s’est-il justifié.
Le 3 mars encore, le chef de
l’Etat a tapé du poing sur la table
à propos de la campagne vac-
cinale.
« Je constate, a-t-il martelé,
qu’il y a des stocks de vaccins
qui se sont accumulés dans les
hôpitaux, notamment le vaccin
AstraZeneca. Si on annonçait aux
gens qu’on les reconfinait alors
qu’il y a des vaccins dans les fri-
gos, personne ne comprendrait.
Je veux un week-end de grosse
mobilisation pour que les vaccins
en stock puissent être proposés
et utilisés. »
C’est ainsi que la méga-
campagne de vaccination des 6
et 7 mars fut décrétée dans toute
la France. On dit merci qui ?
Une question
de temps
Si Gabriel Attal a évoqué dans
son point presse du 3 mars une
reprise de la vie normale « peut-
être dès la mi-avril », Macron
s’était montré plus prudent,
quelques minutes plus tôt, lors
du Conseil de défense sanitaire.
« Il est très compliqué, a-t-il
déclaré, de conjuguer deux mes-
sages : nous sommes dans une
situation très fragile, qui pourrait
nous conduire à prendre prochai-
nement des décisions plus dures,
et, en même temps, nous devons
laisser entrevoir une lumière au
bout du tunnel grâce à la vac-
cination. »
En conséquence, le lendemain,
Castex et Véran parlaient, au
cours de leur conférence de
presse, de la fin avril ou du début
mai pour un retour à la fameuse
vie normale.
Pourvu que le bout du tunnel
ne ressemble pas à l’horizon qui
recule au fur et à mesure qu’on
avance…
Le diagnostic contrarié d’Hidalgo
rendez-vous pris avec leurs patients.
Le 8 mars au soir, le Premier ministre
sʼest inquiété du différend devant les di-
rigeants de la majorité.
«  Je comprends mal
cette polémique, a-t-il af-
firmé. Les médecins nʼont
utilisé que 430 000 doses
sur les 850 000 doses dont
disposent les pharmacies.
Il reste donc 420 000 doses
chez les pharmaciens qui
sont à la disposition des
médecins. Il y en aura
pour tout le monde. »
Si Castex dit vrai, cʼest
la preuve supplémentaire que le Covid
nʼenflamme pas que les bronches, mais
aussi les esprits.
Pour 5 milliards léger coup de pression lors du petit
de plus déjeuner de la majorité, le 2 mars.
Initialement, ainsi que l’a sou- « Je ne sais pas, s’est-il écrié, com-
ment le gouvernement va pouvoir
ligné « L’Opinion » (4/3), le gou-
vernement avait provisionné expliquer aux députés de la ma-
jorité, et surtout aux Français,
1,5 milliard d’euros pour 2021
en vue de la vaccination (achats qu’il ne veut pas légiférer sur la
dépendance ! »
et logistique). Ce montant vient
d’être réévalué à 5  milliards. Peut-être en expliquant que, de
peur de s’ennuyer, Macron a gardé
Commentaire d’un ministre au
« Canard » : des réformes pour son second
quinquennat…
« Nous n’en avons vraiment
rien à foutre, du budget vaccins.
Même si c’est 5  milliards. Le festival
du maire de Cannes
Un maire LR se trouve dans le
collimateur macroniste : David
Lisnard, élu de Cannes, qui ne
cache pas quelques velléités de
candidature à la primaire de la
droite. Dans une tribune cosignée
avec le maire de L’Haÿ-les-Roses,
Vincent Jeanbrun (LR), et publiée
dans « Le Monde » (17/2), Lisnard
avait pilonné un gouvernement
Cinq milliards, c’est une semaine qui « navigue à vue » et se rend
de confinement général ou un coupable de « confusion, d’inexac-
mois de couvre-feu à 18 heures. » titudes, de maladresses » dans la
Si l’on comprend bien, vu campagne de vaccination.
comme ça, le fameux « quoi qu’il Las  ! le week-end dernier,
en coûte » est économique… Cannes, comme bien d’autres
villes, a bénéficié de livraisons
Mémoire algérienne supplémentaires de vaccins, pré-
Emmanuel Macron est revenu, cisément 380 du laboratoire As-
lors du Conseil des ministres du traZeneca. Mais 200 seulement
3 mars, sur sa décision, prise la
veille, de reconnaître, « au nom
de la France », que l’avocat et di-
rigeant nationaliste Ali Boumend-
Le climat en terrain miné
jel avait été « torturé et assassiné »
par l’armée française en 1957. «I L Y A TROIS MINES an-
tipersonnel par article. »
C’est ainsi que le Premier mi-
« C’était extrêmement impor-
nistre évoque le projet de loi
tant, a-t-il expliqué, parce qu’il
Climat et Résilience. Il cite,
y a une jeune génération qui a entre autres, la taxe sur le ga-
pu  développer de l’amertume
zole frappant les routiers, l’in-
dans les plis et les refoulés de
terdiction de la pub sur les pro-
l’Histoire. » duits polluants, l’introduction
Et Macron d’ajouter : « J’ai
dans le droit du délit d’écocide.
reçu les petits-enfants d’Ali Bou-
Pour sa part, Christophe
mendjel, je les ai trouvés d’une Castaner, le patron des députés
très grande dignité. Ils m’ont parlé Marcheurs, a trouvé une autre
de la France avec des mots ma- formule pour décrire toute la
gnifiques. J’ai été ému de ma ren- difficulté de l’exercice.
contre avec eux. » « Sur chaque article, a-t-il dé-
Macron, qui a annoncé, le
9 mars, la levée du secret-défense
sur toutes les archives de cette ont été utilisés, faute de demande
période, n’a plus qu’à préparer les ou d’organisation adéquate. Les
180 vaccins qu’il restait ont été
60  ans des accords d’Evian  :
l’anniversaire tombe l’année envoyés à Nice. Une mésaventure
prochaine, en pleine campagne qui a bien fait rire à l’Elysée et
présidentielle… au ministère de la Santé.
Il est vrai que les occasions
Cuisine sont rares.
et dépendance
A un peu plus d’un an de la pré- Le baiser qui tue
sidentielle, Macron et Castex doi- Nicolas Sarkozy va-t-il appor-
vent arbitrer dans les prochains ter son soutien à Emmanuel Ma-
jours à propos des textes pouvant cron pour sa réélection ? Un ar-
être adoptés avant la fin du quin- ticle du « JDD » (7/3) a relancé
quennat. Ainsi que « Le Canard » les spéculations.
l’a déjà rapporté, il y a une fenêtre « Il fera ce qu’il veut, relativise
de tir pour un maximum de deux un ministre du premier cercle,
textes d’ici au mois de septembre. assez peu enthousiaste. Il ne faut
Les heureux élus sont le projet
d’Eric Dupond-Moretti sur la jus-
tice, attendu pour mi-avril, et celui
de la centriste Jacqueline Gourault,
la fameuse loi 4D (comme « dé-
centralisation, différenciation, dé-
concentration, décomplexifica-
tion  »), qui sera présenté en
Conseil des ministres début mai.
Problème : le MoDem, outre la
proportionnelle (l’affaire est très
mal partie), tient mordicus à une
proposition de loi sur la dépen-
pas non plus que ce soit le baiser
qui tue. Il faudra bien aussi que
dance qu’il a concoctée. Son pré-
sident, Patrick Mignola, a mis un
les électeurs de gauche nous
soutiennent. »
LE SPORT À LA TÉLÉ
Certains n’ont pas manqué, en
tout cas, de faire le rapproche-
ment entre cette hypothèse et le
soutien bruyant que Gérald Dar-
manin a apporté à l’ex après sa
condamnation, ainsi que le coup
de fil amical que Bruno Le Maire
lui a passé et qui, comme par
hasard, a été rendu public. Deux
initiatives personnelles de deux
ministres de droite que les res-
ponsables macronistes se sont
bien gardés de dénoncer.
Car, comme dirait notre mi-
nistre, « il faudra bien aussi que
les électeurs de droite nous
soutiennent »…
Barnier sʼy voit
Michel Barnier vient d’écrire
aux parlementaires LR et de leur
donner rendez-vous, le 30 mars,
pour le lancement de son « ma-
nifeste patriote et européen ». Une
sauterie qui précédera la sortie de
son bouquin-programme en avril.
En attendant, dans sa bafouille,
l’ex-commissaire européen ne
fait guère mystère de ses ambi-
tions pour 2022 : « Il y a urgence,
pour la droite républicaine, à re-
formuler un projet responsable
et fort autour des enjeux de sou-
veraineté nationale et d’indépen-
dance européenne, comme nous
claré devant ses troupes, il y a
des risques de surenchère : la
surenchère de ceux qui vont en
réclamer plus et la surenchère
de ceux qui en veulent moins. »
Jean Castex a en tout cas an-
noncé, le 8 mars, aux dirigeants
de la majorité que c’était « Ma-
tignon qui [allait] piloter en pi-
lotage fin le projet de loi sur le
climat ».
Mais, surtout, ne le répétez
pas à Barbara Pompili, la mi-
nistre de la Transition écolo-
gique : elle est persuadée que
c’est elle qui pilote le projet.
y étions déjà parvenus avec le
président Sarkozy. »
Personne ne lui a dit qu’avec
Sarko ça a mal fini ?
Nouvelles de lʼunion
Olivier Faure, le premier se-
crétaire du PS, ne cesse de s’en
plaindre en privé :
« Les Verts disent qu’ils veu-
lent l’union mais ne font rien. On
ne peut pas pousser des cris
contre le projet de loi Climat
ou la réforme de l’assurance-
chômage, et ne rien faire pour
que ça change. »
Et Faure de s’étonner qu’aucun
signe venu des Verts n’ait suivi
sa proposition de programme
commun pour 2022.
Confidence pour confidence,
il n’y a que lui que ce silence
surprend.
Vert éclatant
Le patron des Verts, Julien
Bayou, justifie ainsi devant ses
troupes son peu d’appétit à ré-
pondre aux sollicitations de son
homologue socialiste :
« Je suis unitaire pour 2022,
mais nous présenterons un can-
didat écolo. Notre plan A, c’est
d’organiser une candidature
écolo. Il n’y a pas de plan B. Sou-
tenir un autre candidat, on a déjà
donné. »
Transmis à son grand ami Yan-
rence avec les principaux respon-
sables locaux, le 5 mars au soir,
Olivier Faure a tenté d’imposer
Aurélie Filippetti comme tête de
liste aux régionales dans le Grand
Est. L’ex-ministre de François
Hollande, passée par les Verts,
le PS et Génération.s, et qui avait
assuré abandonner la politique,
ambitionne désormais de re-
trouver un fauteuil de conseillère
régionale.
Refus ferme des ténors régio-
naux socialistes. Le lendemain
de la visio avec Faure, les cama-
rades ont annoncé un accord avec
les écologistes et les commu-
nistes. Sans Filippetti…
Et ils eurent de
nombreux variants…
Jeanny Lorgeoux, maire (ex-
PS) de Romorantin (Loir-et-
Cher) depuis trente-six ans, se
définit comme « un guerrier »
pas du genre à se laisser impres-
sionner par le Covid-19. La
preuve ? L’édile, âgé de 71 ans,
a célébré un mariage, le 20 fé-
vrier, sans porter de masque, alors
qu’il était cas contact depuis qua-
rante-huit heures (« La Nouvelle
République », 26/2). Et, quatre
jours plus tard, il a été testé po-
sitif. Résultat : les tourtereaux,
furieux, passent leur lune de miel
à l’isolement.
Avant de se découvrir porteur
du virus, le « guerrier » de Ro-
morantin a tenu un conseil com-
munautaire, le 24  février, en
présence de plusieurs dizaines de
personnes. Avec, là encore, le
masque sur le menton.
« J’aime qu’on m’entende ! »
s’est justifié le Rambo de Loir-
et-Cher. Interrogé par le Palmi-
pède, Jeanny Lorgeoux balaie
d’un revers de masque les re-
proches de ses concitoyens… et
des jeunes mariés :
« Je voulais leur faire une cé-
rémonie sympa, c’est un coup de
pied de l’âne, c’est minable ! »
Et l’édile de conclure :
« Moi, je suis un battant, je
ne me réfugie pas derrière des
réglementations ou des pape-
rasses… »
Le Covid non plus.
Carrière bien menée
Pour Jean-Pierre Jouyet, ex-
directeur de cabinet de Delors et
de Jospin, ex-sous-ministre de
Sarko, ex-patron de l’AMF puis
de la Caisse des dépôts et ex-
secrétaire général de l’Elysée
sous son ami Hollande – ouf ! et
on en oublie –, l’heure de la re-
traite n’a pas encore sonné.
Recasé pour un temps à l’am-
bassade de France à Londres, puis
en tant que représentant perma-
nent de la France auprès de
l’OCDE, Jean-Pierre Jouyet, at-
teint par la limite d’âge, a dû quit-
ter l’Inspection générale des fi-
nances – le corps d’origine de cet
énarque.
Heureusement, il lui restait une
solution pour améliorer ses pen-
sions de retraite : rentabiliser son
. Ce titre du «  Figaro  » (7/3)  :
« Présidentielle 2022 : lʼexécutif
à la recherche dʼune mesure
phare de gauche  ». Quatorze
mois de réflexion suffiront-ils ?
. A la une des « Echos » (3/3) :
« La vaccination va enfin passer
à la vitesse supérieure ». Lʼad-
verbe nʼest pas de trop.
. Calcul révélé par « Challenges »
(4/3) : « La hausse des décès et
les retards des départs à la re-
traite liés à la pandémie ont fait
économiser environ 150 millions
dʼeuros au régime général des
retraites (Cnav) en 2020.  »
Comme quoi…
. Selon les derniers chiffres ren-
dus publics par « Les Echos »
(4/3), « la part de la France
dans les exportations de la
zone euro est passée de
13,9 % en 2019 à 12,7 % en
2020 ». Lʼindustrie hexagonale
est en pleine forme !
. Ce titre du «  Monde  » (4/3)  :
« Les mauvaises soldes sapent
le moral du marché de la mode ».
Sans parler du moral des com-
merçants.
. Un autre titre du «  Monde  »
(5/3) : « Les profits du CAC 40
en chute, les dividendes en
hausse ». Cherchez lʼerreur ?
. A Londres, les conservateurs au
pouvoir sʼapprêtent à relever lʼim-
pôt sur les bénéfices des sociétés
de 19 % à 25 %. Quant à lʼimpôt
sur le revenu, il frappera 1 million
de contribuables supplémen-
taires (« Le Monde », 5/3). Et,
cette fois, pas moyen dʼaccuser
lʼEurope.
. La très mauvaise note infligée
au gouvernement par la Conven-
tion citoyenne pour le climat fait
sʼétranger un conseiller de Ma-
cron (« Le Point », 4/3) : « Cent
cinquante conventionnels. Cin-
quante non-votants. Une quin-
zaine qui votent systématique-
ment non. A qui la mauvaise
note, au final ? » A celui qui a in-
venté cette Convention ?
. La gendarmerie nationale
vient de créer son prix du
roman, qui, pour sa première
édition, a été attribué à un livre
sur la guerre de 14-18. Cʼest
moins risqué quʼun livre sur
des bavures gendarmesques.
. Ces craintes dʼun ténor de LR
(« Le Figaro », 6/3) : « Un mot
de Sarkozy trois mois avant
lʼélection peut faire bouger les
choses. Mais lʼhypothèse de sou-
tenir Emmanuel Macron serait
suicidaire, elle ferait exploser Les
Républicains. » Belle lucidité !
. De Brice Hortefeux (« Le Fi-
garo », 6/3) : « Certains semblent
croire que des parcours comme
celui dʼEmmanuel Macron, ap-
paru de nulle part, sont habituels.
Ils se trompent lourdement, cʼest
ASSEMBLÉE NATIONALE : BARBARA POMPILI PRÉSENTE
LE PROJET DE LOI CLIMAT, RÉDUIT COMME PEAU DE CHAGRIN
Des économies
coincées dans les taux
L ’AVERTISSEMENT est
clair : « Il faut remonter à
la crise de 2008-2012 pour re-
trouver une situation équiva-
lente » (« Challenges », 4/3). Il
émane d’un des meilleurs spé-
cialistes des matières pre-
une exception, en aucun cas la
règle. » Une exception qui en fait
rêver beaucoup…
. Le même Hortefeux lʼaffirme
(« Le Figaro », 6/3) : « Xavier
Bertrand a fait le choix dʼaban-
donner notre famille quand elle
était dans la difficulté. Cela ne
fait pas de lui spontanément le
mieux placé pour la sauver au-
jourdʼhui. » Un appel TSB : tout
sauf Bertrand !
. Un sarkozyste le regrette (« Le
Figaro », 6/3) : « Aujourdʼhui, il
nʼy a plus de leader, il nʼy a que
des bandes : la bande de Ber-
trand, la bande de Pécresse, la
bande de Retailleau, etc. » Et la
bande de Sarkozy, qui, en ce mo-
ment, est très remontée ?
. A propos de la mise en place du
vote électronique, Nicolas Du-
pont-Aignan a tweeté (3/3)  :
« Notre démocratie est en danger
de mort. » Sans rire.
. Dans le baromètre mensuel du
« Fig-Mag » (5/3), Arnaud Mon-
tebourg obtient une cote de 14 %,
soit autant que François Hol-
lande. Ce qui nʼest rassurant ni
pour lʼun ni pour lʼautre.
. Déclaration de Roberto Ro-
mero, lʼun des chefs écolos en
Ile-de-France : « La question
nʼest pas de savoir si nous al-
lons faire une alliance avec Au-
drey Pulvar mais de savoir si
elle veut nous rejoindre. » Elle
sait ce quʼil lui reste à faire.
. Le secrétaire national du PC,
Fabien Roussel, annonce pré-
senter sa candidature à la prési-
dentielle (BFMTV, 4/3) : « Je ferai
tout pour quʼil y ait un candidat
de la gauche au second tour de
lʼélection présidentielle.  » La
route est encore longue…
. Jean-Pierre Raffarin, ex-Pre-
mier ministre de Chirac, vient
dʼêtre nommé « senior advisor »
de lʼ« advisory council » dʼEura-
zeo, lʼun des plus puissants fonds
dʼinvestissement. Toutes nos fé-
licitations.
. Sciences-Po Paris vient dʼem-
baucher une nouvelle directrice
de la communication, Véronique
Mély, qui fut lʼune des collabora-
trices de François Fillon. Après
lʼaffaire Duhamel, elle ne va pas
manquer de travail.
. Pronostic du « Monde » (5/3) :
« Sur le plan judiciaire, la prési-
dente du RN nʼa pas grand-chose
à craindre à court terme pour les
détournements européens (…).
Vu le calendrier judiciaire, la pré-
sidentielle de 2022 sera pas-
sée. » Ça tombe bien.
. Au concours « Ma binette par-
tout », la députée LRM de lʼIsère
Monique Limon frappe un grand
coup en plaçant 34 fois sa trom-
bine dans les 8 pages de la lettre
dʼinformation adressée à ses ad-
ministrés. Le concours continue.
Ces hausses ne doivent évi-
demment rien au hasard. Elles
sont à la hauteur des violentes
reprises post-Covid des écono-
mies chinoise et américaine.
Leurs taux de croissance flam-
bent alors que, a contrario, les

A CHAQUE JOUR, ou
presque, sa polémique
entre l’exécutif et Anne Hi-
dalgo. Invitée, le 8 mars au
matin, sur France  Inter, la
maire de Paris s’est d’abord
indignée de ne pas avoir été
avertie de l’évacuation par la
police, deux jours plus tôt, des
quais de Seine bondés, des
images (celles de l’évacuation)
qui l’ont « choquée ». Puis elle
a demandé un report du
couvre-feu à une heure plus
tardive, car «  18 heures, à
Paris, c’est le milieu de l’après-
midi ».
Pas de chance pour elle,
l’agence régionale de santé
d’Ile-de-France donnait deux
heures plus tard l’«  ordre
ferme » aux hôpitaux et aux
cliniques de déprogrammer
40  % de leurs activités par
peur d’une explosion des hos-
pitalisations pour cause de
Covid.
De quoi susciter une ironie
grinçante dans les allées du
pouvoir.
«  Anne Hidalgo est prési-
dente du conseil de sur-
veillance de l’AP-HP (Assis-
tance publique-Hôpitaux de
Paris), rappelait un conseiller
élyséen. Elle demande un al-
légement du couvre-feu deux
heures avant que l’agence de
santé annonce des mesures
strictes dans les hôpitaux. Il
va falloir un jour qu’elle se
mette à bosser. » Ah bon ? Elle
ne dispose pas un premier
adjoint nommé Emmanuel
Grégoire, spécialiste bien
connu du confinement, sur qui
se reposer ?
Tout
et son contraire
Plus mordant encore, Oli-
vier Véran, le 8 mars, devant
des journalistes :
« Si vous avez compris ce
qu’Anne Hidalgo propose, c’est
qu’on vous l’a mal expliqué. »
Et de tonner : « Le 26 février,
Hidalgo (en fait, son premier
adjoint) confine tout pendant
trois semaines. Le 1er mars, Hi-
dalgo ne confine plus rien,
même pas le week-end. Le
3 mars, Hidalgo vise le zéro
Covid, donc on ferme tout, et
pour longtemps. Et, ce lundi
8 mars, elle allège le couvre-
feu. »
Le ministre de la Santé a
une drôle de façon de fêter la
Journée des femmes…
nick Jadot, qui avait cru bon de se
rallier à Benoît Hamon en 2017.
Faure très faible
Le premier secrétaire du PS
vient de se prendre une belle
gaufre. Lors d’une visioconfé-
Guéant terrasse le Covid !
C OUCOU, le revoilà ! Entre
deux poursuites judi-
ciaires, Claude Guéant, ancien
ministre de l’Intérieur et ancien
secrétaire général de l’Elysée,
tue le temps en proposant
d’éradiquer le Covid-19. Rien
que ça !
Dans un courrier adressé à
des élus, l’ex-préfet vante pour
le compte de l’un de ses
«  amis  », entrepreneur, une
« une technologie américaine
qui détruit les virus et les bacté-
carnet d’adresses et aller pantou-
fler dans un cabinet de lobbying.
Ce sera Lysios Public Affairs.
Avec, en prime, le titre de senior
consultant.
Toutes nos félicitations pour
cette reconversion bien méritée !
ries, y compris le virus du Covid-
19 », appelée Purifair.
Le principe est révolution-
naire, explique la brochure
jointe à sa lettre : une espèce
de lampe à UV combinée à une
grille métallique spéciale qui
« empêche les contaminations
de personne à personne » en
« créant une véritable barrière ».
Ça s’appelle une séance de
bronzage, non ? Mais, si ça per-
met de liquider le Covid, ça de-
vrait valoir un peu de sous.
mières, Philippe Chalmin.
Les chiffres, il est vrai, ont
de quoi faire réfléchir. En un
an, le cuivre, le bronze et l’alu-
minium ont vu leurs prix aug-
menter de 10 à 40 %. Le prix
du baril de pétrole a triplé
depuis 2020.
Les matières premières
agricoles n’échappent pas non
plus à cette poussée inflation-
niste : la tonne de blé tendre
a dépassé les 275 euros, contre
175 il y a un an ; le coût du
maïs a progressé de 30 % et
celui du soja de 40 %.
économies de la zone euro se
traînent lamentablement. A
ce retour de l’inflation des ma-
tières premières correspond
une hausse des taux d’intérêt
outre-Atlantique. En un an, le
taux d’emprunt d’Etat améri-
cain sur dix ans est passé de
0,91 à 1,55 %. Soit un bon de
plus de 50 %.
Comme le souligne l’écono-
miste Marc Touati dans sa der-
nière note de conjoncture,
«  l’amélioration de la crois-
sance (certes limitée et dis-
parate), l’augmentation de l’in-
flation et la flambée des dettes
publiques laissent entrevoir
une tension notable des taux
d’intérêt au cours des prochains
mois ». Et, vu les milliards que
la France, pays le plus endetté
en volume de la zone euro, va
devoir emprunter. Voilà qui
promet, si du moins les oiseaux
de malheur ne se trompent
pas. Pour une fois…

2 – « Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021

 VÉRAN TIENT SES TROUPES

Les milliards du fonds de solidarité

étaient distribués sans compter
Après six mois d’abus, Bercy multiplie les contrôles, et les délais s’allongent...
ES AIDES distribuées par

D
milliards aux petites et
moyennes entreprises… et
des fraudes par dizaines de millions
d’euros. Petits coquins ! Devant l’am-
pleur des tricheries dans la distri-
bution du fonds de solidarité, le gou-
vernement a décidé de resserrer les
boulons. Depuis décembre, ce soutien
attribué aux PME en difficulté fait
l’objet de contrôles de plus en plus
rigoureux : leur nombre, ces der-
nières semaines, a été multiplié par
près de 10. Mais cette vigilance
accrue, ajoutée aux bugs en série de
l’informatique de la Direction géné-
rale des finances publiques (DGFiP),
provoque des retards de paiement
qui exaspèrent les bénéficiaires.
Parce qu’en plus ils sont pressés ?
A la mi-février, 15 % des dossiers
déposés pour le mois de décembre
étaient toujours en attente. De l’aveu
même de Bruno Le Maire, les formu-
laires de demande du mois de janvier
n’ont été mis en ligne que le 24 fé-
vrier. Les aides, assure le ministre,
seront versées dans un délai « de
quelques jours à quelques semaines ».
Plutôt quelques semaines, donc. De
quoi dérider les centaines de milliers
d’entreprises qui ne survivent que
grâce à cette manne.
Panique
à bord
Créé en mars 2020, lors du pre-
mier confinement, le fonds était, à
l’origine, destiné aux petites entre-
prises et aux indépendants. Il a, de-
puis, été élargi aux boîtes moyennes
particulièrement touchées (restau-
ration, tourisme, culture). Son mon-
tant maximal, dans le même temps,
est passé de 1 500 à 200 000 euros
par mois. Deux millions d’entreprises
ont perçu 15 milliards en dix mois.
Mais, preuve que le système a pris
de l’ampleur, il distribue actuelle-
ment 4,5 milliards par mois.
Au début, le fonds fonctionnait en
roue libre. « C’était panique à bord,
raconte une syndicaliste de la
DGFiP. Il fallait soutenir à tout prix,
pour éviter un désastre économique.
Nous disions oui à tout. » A votre bon
cœur ! « Il y a eu un effet d’aubaine
grâce à une absence complète de
contrôle », précise l’un de ses col-
lègues, qui estime que « de 30 à 40 %
des fonds ont été accordés à tort » par
son centre des impôts.
Il faut dire que les demandes
étaient traitées automatiquement
– et fissa : trois jours en moyenne –
par cinq algorithmes. Il suffisait, no-
tamment, que le chiffre d’affaires
2019 du demandeur, son numéro
d’entreprise (Siret) et son secteur
d’activité correspondent à ceux en-
registrés dans les ordinateurs de la
DGFiP pour que l’aide soit accordée
en trois ou quatre jours, sans la
moindre vérification humaine  !
Simple comme un clic…
Pas étonnant, dès lors, que les
fraudes se soient multipliées (lire
l’encadré). A la fin du mois de juillet,
la DGFiP contrôlait un échantillon
de 92 000 entreprises suspectes. Sur-
prise : plus d’un tiers avait fraudé,
pour un montant de 44  millions,
selon Bercy. Seuls 4 millions ont été
récupérés… Normal, d’après cette
cale. Mais il n’est pas assez puissant
pour gérer les demandes de centaines
de milliers d’entreprises. De plus, il
est difficile à connecter avec d’autres
applications de la DGFiP (Chorus,
pour les paiements, Adélie, le portail
des entreprises, RSP, pour le recou-
vrement des dettes fiscales, etc.). » Ré-
sultat ? « La dernière semaine de fé-
vrier, notre informatique a été en rade
trois jours sur cinq. » Ça laisse encore
de la marge…
Bruno Le Maire le jure : tout va
s’arranger. En février, il a annoncé
le recrutement de 250 contractuels
pour « accélérer le traitement des dos-
siers ». Et permettre aux PME de tou-
cher cette aide sans toucher le fonds ?
Hervé Martin
Escrocs
syndicaliste : « Déclencher une pro- et profiteurs
cédure contre plusieurs dizaines de
milliers de petites boîtes demande
beaucoup de travail. Pas rentable
L A FAIBLESSE des contrôles liés
à l’attribution du fonds de soli-
darité a suscité de nombreuses vo-
pour récupérer, en moyenne, 1 300 eu- cations, chez les petits malins comme
ros par entreprise. » chez les vrais fraudeurs. Certains
Selon une note interne de la dirigeants ont notamment ressuscité
DGFiP datée du 5 février, « jusqu’en leur boîte en sommeil pour bénéfi-
octobre, moins de 5 % des demandes cier de la manne.
étaient transmises aux services pour D’autres, selon Bruno Le Maire,
contrôle ». Ce mois-là, cependant, le ont envoyé « jusqu’à une douzaine
rythme des vérifications s’est accé- de demandes pour la même société ».
léré, et, en décembre, plus du quart Sans compter ceux qui changent
des dossiers se sont vu rejetés. Tout d’un mois à l’autre de domaine d’ac-
cela allonge les délais : au niveau na- tivité – de la livraison à la restaura-
tional, à la mi-février, seulement tion rapide, par exemple – pour pro-
60  % des dossiers de décembre fiter d’une aide accrue. A quoi
avaient été traités. s’ajoute le micro-entrepreneur qui
déclare, en revenu mensuel, son
Informatique chiffre d’affaires de l’année, histoire
nerveux de gonfler son indemnisation.
Parmi les simples opportunistes,
A ces bavures s’ajoutent des bugs un cas de figure répandu : ces fast-
répétés de l’informatique de Bercy. foods qui réalisent, en vente à em-
« Pour [enregistrer les demandes] du porter, un chiffre d’affaires supé-
fonds de solidarité, explique un in- rieur à celui d’avant la crise. Double
formaticien d’un centre régional des bingo : ils bénéficient du fonds et…
impôts, la DGFiP s’est reposée sur le économisent, puisqu’ils sont autori-
logiciel E-Contact, qui permet habi- sés à ne pas déclarer au fisc les re-
tuellement aux contribuables d’entrer cettes de la vente à emporter.
en contact avec l’administration fis-
La justice européenne
fait grincer le parquet
L A COUR de justice de
l’Union européenne (CJUE)
vient de donner un nouveau
coup de latte au parquet – du
moins à ses pratiques. Le
2 mars, dans une affaire esto-
nienne, elle a jugé que l’accès
aux données numériques de-
vait, dans le cadre d’une en-
quête pénale, être strictement
encadré par la loi. Ce qui pour-
rait contrarier certaines en-
quêtes françaises en cours,
menées par des procureurs
bien de chez nous.
Les juges européens l’ont
déjà précisé : la réquisition de
ces données ne peut être dili-
gentée qu’après avis d’une ju-
ridiction ou d’une instance in-
dépendante. Or le ministère
public estonien – qui s’est for-
tement inspiré du français –
ne satisfait pas à ces condi-
tions. Il lui manque une auto-
rité tierce « à l’abri de toute
influence extérieure », particu-
lièrement « dans le domaine
pénal », insiste la Cour.
« En France, rappelle un ju-
riste, un ensemble de textes
permet au parquet de se pro-
curer ces éléments sans y être
autorisé par un juge indépen-
dant. » C’est le cas de certains
types de géolocalisation ou des
fameuses fadettes, ces factures
téléphoniques détaillées utili-
sées pour enquêter sur les
caïds de la drogue, les terro-
ristes, les cols blancs ou… les
anciens présidents de la
République, ainsi que Sarkozy
en a fait la cuisante expé-
rience.
La Chancellerie choisit de
réfléchir à la question : « Les
services compétents ont besoin
d’un peu plus de temps pour
finaliser l’analyse de cet arrêt
et conclure sur les consé-
quences à en tirer », indique
un porte-parole.
Mais il n’est pas impossible
que le gouvernement bran-
disse l’argument massue – et
rarement invoqué – de l’« iden-
tité constitutionnelle de la
France » pour refuser de faire
primer le droit européen sur
le tricolore (NextInpact.com,
3/3). Sauf si, sans attendre, les
avocats dégainent la décision
de la CJUE pour contester les
enquêtes numériques concer-
nant leurs clients.
Tout ça parce qu’ils auraient
eux-mêmes été victimes de ces
intrusions ? Rancuniers !
M. B.

Mantes amère et liasses Assurance-chômage : un petit malus

de billets au Val-Fourré
UGE d’instruction au tri-
J bunal de Versailles, Lau-
rence Joulin vient de jeter un
sacré froid à la mairie (LR) de
Mantes-la-Jolie : elle a mis en
examen, pour subornation de
témoin, Sidi El Haimer, le pre-
mier adjoint (« Le Parisien-
Yvelines », 3/3). Cela fait deux
ans que la magistrate enquête
sur une pittoresque affaire de
racket gérée par des petits
caïds suspectés d’entretenir
des liens étroits avec l’équipe
municipale.
Fief incontesté du LR Pierre
Bédier (président du conseil
départemental des Yvelines et
ancien maire de la ville),
Mantes-la-Jolie, 44 000 habi-
tants, est célèbre pour son
quartier sensible du Val-
Fourré, où se tient, trois fois
par semaine, l’un des plus
grands marchés d’Europe. « Le
Canard  » a déjà évoqué les
soupçons pesant sur l’équipe
de quatre placiers longtemps
chargés de percevoir – en li-
quide, s’il vous plaît  !  – les
droits d’occupation auprès des
marchands forains.
En avril  2019, lors d’une
opération anti-fraude, les pou-
lets ont découvert dans les
poches de l’un de ces lascars
des liasses qui n’avaient rien
à y faire. Un mois plus tard,
le quatuor était mis en exa-
men et écroué pour des faits
criminels d’extorsion de fonds
en bande organisée. Avec un
butin estimé au moins à 2 mil-
lions d’euros en six ans.
Quelques victimes ont osé
porter plainte pour racket.
Elles ont eu droit à un traite-
ment spécial. Juste après l’ou-
verture de l’information judi-
NOUVELLE ACCÉLÉRATION DE LA VACCINATION
ciaire, le camion de l’une d’elles
a malencontreusement flambé
au Val-Fourré. Pas de bol, l’in-
cendiaire s’est fait pincer par
les flics : c’était le frère d’un des
quatre cadors mis en examen.
A en croire des écoutes té-
léphoniques réalisées par les
enquêteurs, le premier adjoint
au maire, Sidi El Haimer, au-
rait mis la main à la pâte pour
inciter d’autres commerçants
à retirer leurs plaintes. Cette
intervention présumée lui a
valu d’être placé en garde à
vue le 1er mars, avant sa mise
en examen le lendemain. Il
conteste les faits qui lui sont
reprochés.
Tout feu
tout flamme
La magistrate se demande,
par ailleurs, si des élus n’au-
raient pas prélevé leur part
du magot. Histoire d’en avoir
le cœur net, elle a expédié une
commission rogatoire inter-
nationale à Dubai, capitale
des circuits bancaires opaques
et lieu de villégiature adulé
par certains caïds des cités
françaises…
Coïncidence ? Depuis que la
justice se penche sur ce dossier,
l’ambiance est devenue élec-
trique dans les rues de Mantes.
Un jour, c’est la voiture du di-
recteur général des services
qui est incendiée sur le parking
de la mairie. Peu après, ce sont
Pierre Bédier et le maire en
titre, Raphaël Cognet, qui re-
çoivent des balles dans une en-
veloppe, accompagnées d’un
message lapidaire : « J’vais
tous vous éteindre, soyez sur
vos gardes. » Une autre fois,
c’est un mystérieux commando
pour maquiller de gros malheurs
qui boute le feu à la voiture du
premier adjoint après y avoir
tagué le nom de Bédier… Le
Les patrons qui abusent des contrats courts seront punis plus tard,
parquet de Versailles a ouvert les chômeurs tout de suite.
une enquête préliminaire sur ES ORGANISATIONS des contrats de travail courts. Un malus n’arrive jamais nueront. Un châtiment per-
cette débauche de plomb et de
flammes avant de faire en-
L patronales ont «  fait le
job » en protestant – modéré-
Mais la sanction s’annonce lé-
gère, et le gouvernement en
seul. Grands oubliés du « quoi
qu’il en coûte  », les deman-
sonnalisé attend les cadres ga-
gnant plus de 4 500 euros par
tendre Pierre Bédier – à plu- ment et pour la forme – contre prévoit une application très deurs d’emploi seront les pre- mois. Après la réforme du
sieurs reprises et en tant que l’introduction, à la faveur de lointaine. mières victimes du décret pré- 1er juillet, ils subiront une ré-
témoin – par la direction ré- la réforme de l’assurance- Le 1er juillet, Elisabeth paré par Elisabeth Borne. La duction de leur alloc dès qu’ils
gionale de la PJ. chômage, d’une mesure qui, Borne entamera une « obser- réduction des allocations s’ap- auront passé neuf mois au chô-
Comme dirait le proverbe : hier encore, les faisait hurler. vation » des pratiques patro- pliquera dès le 1er juillet, et de- mage. Fut un temps, pas si
cent fois sur le Bédier remet- Le 2 mars, le gouvernement nales dans sept secteurs tests. vrait frapper 800  000  chô- lointain, où Emmanuel Ma-
tez votre ouvrage… a imposé une pénalité – un Les premières sanctions ne meurs. cron pourfendait ce type de po-
Hervé Liffran malus – aux boîtes abusant tomberont que le 1er septembre litique. « Je ne crois pas du tout
2022 – trois mois après la pré- Cadres au débat lancé par nombre de
sidentielle. Rien ne dit que la bien accrochés responsables politiques sur la
MINNEAPOLIS : COMMENT VA SE DÉROULER LE PROCÈS taxe envisagée perdurera : l’ac- D’autres mesures pénali- dégressivité des allocations chô-
DU POLICIER QUI A TUÉ GEORGE FLOYD ? tuelle convention régissant santes seront mises en place mage, écrivait le futur prési-
l’Unédic, dans laquelle s’ins- en fonction de l’amélioration dent dans son livre “Révolu-
crit cette mesure, expirera le de la situation de l’emploi tion”, en 2017. Ils sous-entendent
1er novembre 2022. L’accord à – c’est ce que les poètes du que la mobilité professionnelle se
venir, qui sera surveillé de gouvernement appellent le fera toute seule et que les chô-
près par le futur gouverne- « retour à bonne fortune ». Ça meurs le sont plus ou moins par
ment, pourrait bannir ce sys- dépend pour qui… Deux leur faute. »
tème de sanction qui touche critères principaux ont été re- Ce retournement fait bondir
les employeurs. tenus pour l’application de ces Jean-François Foucard, respon-
Rappel  : l’abus de ces dispositions complémentai - sable des questions d’emploi à la
contrats courts coûte 2 mil- res : que le nombre des chô- CFE-CGC. « Il n’y croit pas,
liards par an à l’assurance- meurs inscrits en catégorie A mais il le fait quand même ! » vo-
chômage. Et faire les poches (sans aucune activité) baisse cifère-t-il. Cette sanction des
des patrons qui exagèrent de 135 000 dans les six mois, cadres sans emploi ne percevant
pourrait rapporter, prétendent et que le nombre de déclara- que 62 % de leurs droits poten-
les experts, deux fois ce que la tions d’embauche, hors inté- tiels (contre 72 % pour les non-
future réforme fera tomber rim, atteigne 2,7 millions en qualifiés), il la trouve injuste.
dans les caisses de l’Unédic au quatre mois. En résumé, plus Macron adore flageller son
détriment des chômeurs. Le la situation de l’emploi s’amé- électorat…
Medef s’en sort donc au mieux. liorera, plus les allocs dimi- Alain Guédé
Parly envoie députés et sénateurs sur les roses
ES ÉLUS qui croyaient naïvement un rapport accablant pour les promo- quasi monarchique : en Allemagne, le
C pouvoir débattre de la Loi de pro-
grammation militaire et de l’évolution
seront tenus et que nous continuerons
à mettre en œuvre la loi à l’euro près. »
Macron avait aussi affirmé naguère
teurs de cette intervention militaire
irresponsable, à laquelle Obama avait
Parlement vote chaque année le re-
nouvellement ou l’annulation d’un en-
des crédits qu’elle prévoit ont été sè- – avec force… – que les Français al- apporté son soutien – « une terrible er- gagement militaire. Et, en Grande-
chement rembarrés par la ministre des laient être vaccinés « massivement ». reur », avouera-t-il après avoir quitté Bretagne, aucune guerre ne peut être
Armées. Le 19 février, déjà, à l’Assem- On connaît la suite. la Maison-Blanche. décidée sans l’approbation de la
blée nationale, Florence Parly les a en Réaction des députés ? Aucune, à ce Autre comparaison en défaveur de Chambre des communes.
effet incités à s’intéresser plutôt à leurs jour, même les membres de l’opposition la Ve République et de sa Constitution Claude Angeli
circonscriptions qu’à ces questions mi- n’ont pas moufté. Il en ira différem-
litaires réservées aux grandes per- ment, croit-on, au Sénat, où le gouver-
sonnes. Et elle n’a pas pris de gants nement ne dispose pas d’une majorité
pour le leur signifier : « Il n’y aura pas
d’actualisation législative » de cette loi
de godillots. Une vente d’armes défendable ?
et des dépenses en matière de défense Débats – Naval Group, Thales et MBDA, fa-
pour la période 2019-2025.
C’est faire peu de cas de la légalité.
inadmissibles
Ces mauvaises manières du Prési-
«C ’EST CERTAIN, on ne va pas
trop reprocher à la France de
vendre des armes à la Grèce », s’amuse
bricant de missiles – de joindre leurs
efforts pour vendre quatre frégates de
L’article 7 de ce texte – qui est la tra- dent et de sa ministre des Armées n’ont un diplomate. De quoi s’agit-il ? D’un 4 000 tonnes, destinées au contrôle de
duction budgétaire de la politique de rien de surprenant. Le Parlement est beau désordre au sein de l’Alliance at- l’espace aérien et à la lutte anti-navires
défense – indique pourtant qu’« une hors jeu. On n’y a jamais débattu des lantique : un membre de l’Otan – la en Méditerranée orientale.
actualisation (vérification des engage- opérations militaires lancées par l’ac- France – vend du matériel de guerre à Mais ce marché naval grec attire du
ments et des crédits) doit être mise en tuel président ou par ses prédéces- un autre membre de l’Otan, la (gentille) monde. Quatre autres membres de
œuvre avant la fin de 2021 », mais seurs. Et, après le désastre, en 2011, Grèce, qui craint les menaces sur terre l’Otan (!), en premier lieu, et leurs four-
qu’importe : cet article déplaît à Em- de la guerre de Libye, dont sont res- et sur mer d’un troisième membre, la nisseurs : l’américain Lockheed Mar-
manuel Macron. Aucun débat public, ponsables Sarkozy et le Premier mi- (méchante) Turquie, dont les militaires tin, l’allemand ThyssenKrupp, le néer-
donc, à l’Assemblée ou au Sénat, a dé- nistre britannique David Cameron (ap- jouent les gros bras en Méditerranée. landais Damen et le britannique
crété Parly, qui invoque « le manque prouvés tous deux par François Athènes a déjà acheté 18 Rafale, Babcock. Comme les Grecs sont pres-
de temps et un agenda trop chargé »… Hollande), aucune commission d’en- dont 12 d’occasion, qui seront tous li- sés, Macron et son équipe de vendeurs
Elle a simplement invité députés et quête n’a été menée à Paris. A Londres, vrés entre décembre 2021 et le début envisagent de leur livrer deux frégates
sénateurs à se contenter de la parole en revanche – après cinq ans de ré- de 2023. Mais les Grecs veulent aussi d’occasion. Ce qui fait hurler les ami-
de Jupiter : « Le président de la Répu- flexion –, le comité des Affaires étran- muscler leur marine de guerre. Aussi raux, qui, jurent-ils, n’ont jamais assez
blique a réaffirmé avec force (formule gères de la Chambre des communes a le gouvernement français a-t-il donné de navires pour assurer les missions
rassurante ?) que les engagements pris rendu public, le 14 septembre 2016, pour consigne à trois industriels que le Président leur confie.

« Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021 – 3

 RÉGIONALES : DES MARCHEURS REFUSENT D’ENVISAGER

BFMTV, la chaîne d’info DE RETIRER LEURS LISTES AU SECOND TOUR

et de restauration en continu
On rit jusqu’à l’Elysée avec l’affaire du resto où “Le Canard” avait déjà surpris Marc-Olivier Fogiel.
’ARTICLE du « Canard » (3/3) riez-vous nous le passer ? » La dame :

L narrant par le menu la des-

cente de poulets, le 24 février,
dans un resto clandestin où banque-
taient des camarades de BFMTV et
des cadors des Hôpitaux de Paris a
fait un triomphe. Cette histoire de
bamboche, plus poilante que tra-
gique, s’est même invitée jusque
dans les cuisines de l’Elysée. Sans
vouloir en faire tout un plat du jour,
on n’est pas passé loin de l’affaire
d’Etat !
Un conseiller de Macron en rigole
encore, expliquant que «  Fogiel
cherche à savoir s’il existe des pho-
tos », car « il est allé dans ce restau-
rant avec son équipe à plusieurs re-
prises  ». Un ministre, du genre
taquin, ajoute qu’il a discuté avec
des journalistes de BFMTV depuis
la fermeture de l’établissement : « Ils
m’ont dit qu’ils savaient que cela al-
lait finir par arriver. J’ai pensé : “Ils
n’ont peut-être pas de cantine, à
BFM !” Mais ce n’est pas le cas, ils
ont bien une cantine. »
Elle ne doit pas être assez chic
pour les chefs de BFMTV, qui ne se
sont pas démontés depuis que les
poulets ont sifflé la fin de la récré.
Interrogé par Philippe Vandel le
jour de la parution du « Canard »,
Hervé Beroud, le dirlo délégué d’Al-
tice, propriétaire de BFM, a osé :
« Je n’ai aucune information à ce
sujet, très honnêtement » (Europe 1,
3/3). Avant d’ajouter, assez bizarre-
ment : « J’ai lu cet écho, qui man-
quait un peu de précisions… »
Si Beroud veut des précisions, en
voici. Fournies d’autant plus volon-
tiers qu’un autre dirigeant de
BFMTV, son directeur général,
Marc-Olivier Fogiel, semble lui aussi
tristement sous-informé. « Contrai-
rement aux rumeurs de ces dernières
24 heures, je tiens à préciser qu’au-
cun journaliste ni consultant de
BFMTV n’a été arrêté dans un res-
taurant clandestin à Paris fin
février », a-t-il tweeté le même jour.
« Arrêtés », bien sûr que non !
Mais, pour tout dire, l’aplomb de Fo-
giel laisse rêveur « Le Canard », qui,
quinze jours avant la fermeture du
resto, avait vécu, avec ce patron de
BFMTV, une expérience savoureuse.
Allô, Marco,
pourquoi tu tousses ?
Le mardi 9 février, le Palmipède
cherche à joindre Fogiel à propos du
départ de Ruth Elkrief. Pas joi-
gnable, le dirlo déjeune… dans un
resto clandé où – secret de polichi-
nelle – il a son rond de serviette.
Bigre ! Il est 13 h 13. « Le Canard »
appelle l’établissement en question...
Surprise : une dame décroche.
« Le Canard » : « Bonjour, nous
n’arrivons pas à joindre Marc-
Olivier Fogiel dans son bureau, mais
nous savons qu’il déjeune régulière-
ment dans votre restaurant. Pour-
A table !
G AG : le 11 février, un client du
resto préféré de BFM avait
posté un commentaire (effacé depuis)
sur le site TripAdvisor : « Par une
curieuse autorisation, ce restaurant
est ouvert en cette période du fait
d’une clientèle de généraux et de
journalistes (BFM, “Libération”…),
« Pas de problème, ne quittez pas. »
On entend alors l’interlocutrice, en
talons, traverser tout le restaurant,
le téléphone à la main, pour aller le
tendre à Fogiel, attablé peinard
dans un coin  : « Un appel pour
vous. » Long silence, bruits de frot-
tements… Fogiel semble hésiter à
prendre le combiné puis finit par
s’en saisir.
« Allô, oui ? 
– Allô, bonjour, c’est “Le Canard
enchaîné”. Bon appétit, Marc-Olivier
Fogiel ! »
A l’autre bout du fil, la gêne est
palpable, surtout lorsque nous glis-
sons, histoire de détendre l’atmo-
sphère, que « cela fait plaisir de voir
que les restos ne sont pas fermés pour
tout le monde ».
Après neuf minutes assez labo-
rieuses, la conversation sur le départ
de Ruth Elkrief s’achève sur une
formule de politesse : « Eh bien, au
revoir, et encore bon appétit  !  »
Réponse de Marc-Olivier Fogiel en
forme de gros bobard : « Merci, oui,
je suis en train d’emporter de la
nourriture… »
Il est quand même drôle, le patron
de BFMTV, lorsqu’il joue au gars
« click and… correct » !
Christophe Nobili
et c’est bien agréable. Bon repas, servi
rapidement dans la véranda, person-
nel sympathique et clientèle contente
d’être là et de profiter de ce moment
privilégié. Habitué de ce restaurant,
toujours de bonne qualité, jamais
déçu. »
On veut bien le croire !
Le Petit Bar s’invite sur
l’île aux milliardaires
ETTE FOIS, ce n’est pas
C une paillote qui met le feu
à la Corse, mais une ferme…
Et qui n’a rien d’agricole : « La
Ferme » est le nom d’un res-
taurant situé sur l’île de Ca-
vallo, au large de Bonifacio. Le
27 février, un débat houleux a
agité le conseil exécutif de
Corse au sujet du terrain abri-
tant l’établissement. Gilles
Simeoni, le président nationa-
liste, a dû s’expliquer (une fois
de plus) sur son achat par la
collectivité, que certains jugent
complaisant.
Jusqu’à il y a peu, l’établis-
sement était exploité – sans
bail commercial – par Antony
Perrino : un quadragénaire,
poids lourd de l’économie in-
sulaire, mis en examen et in-
carcéré depuis la fin de janvier
car soupçonné d’avoir aidé le
gang ajaccien du Petit Bar à
blanchir près de 50 millions
d’euros. Ça en fait, des limo-
nades !
Ça fait un bail !
L’histoire débute en juin
2018. Une SCI italienne met
d’un compte ouvert à Dubai au
nom d’une société dubaïote »,
Worldwide Energy. L’oseille
était ensuite virée à Valentini
sur un compte suisse. En
échange de chocolats ?
L’opération est stoppée
nette par Gilles Simeoni.
Comme c’est son droit, il pré-
empte l’achat du terrain. Puis,
au nom de la collectivité ter-
ritoriale, il signe un chèque de
2 millions d’euros au vendeur.
Pour justifier la préemption,
il évoque un faux motif : une
parcelle répertoriée au nom
des «  espaces naturels sen-
sibles ». Des raisons idéolo-
giques sont aussi avancées : le
« retour de la Corse » à Cavallo,
dont le sol est détenu à 90 %
par des sociétés immobilières
italiennes.
Etrangement, Simeoni ne
mentionne à aucun moment la
présence d’un resto sur le ter-
rain – encore moins d’un pos-
sible loyer à percevoir.
A plusieurs reprises, devant
l’assemblée territoriale, il pré-
tend tout ignorer d’un quel-
conque bail commercial et as-

Le commerce maritime s’en va de la caisse en vente le terrain sur lequel

Avec le Covid, le prix du fret explose et les marchandises ont du mal à arriver à bon port.
LOUÉS CHEZ EUX ou
C presque, les Français
achètent à gogo : téléviseurs,
ordinateurs portables, con-
soles, etc. De quoi faire tourner
le commerce… Mais un diri-
geant de deux sociétés d’im-
port-export, qui vend des télés
fabriquées en Chine, s’arrache
les cheveux devant l’explosion
du prix du fret maritime  :
« Pour un conteneur classique
de 20 pieds allant de Shenzhen
au Havre, le tarif est passé de
775  dollars en mai 2020 à
1 650 en novembre, et à 5 000
(10 000 pour un 40 pieds) en
janvier 2021 ! Or c’est à nous
d’absorber ce surcoût, qu’il est
impossible de ne pas répercuter
sur les prix… »
Travail
d’armateurs
De leur côté, les compagnies
maritimes qui acheminent ce
fret en profitent. Une saine
concurrence aurait dû limiter
leurs bénefs, mais ça n’a pas
été le cas : en quelques mois,
leurs marges ont bondi de 3 à
15 %. Laurence Fauque, dé-
léguée générale de la Fédéra-
tion des entreprises interna-
tionales de la mécanique et
de l’électronique (Ficime), s’in-
quiète : « 60 % de nos adhé-
rents ne peuvent rogner sur
Le Renseignement
se méfie du Renseignement
UARANTE fonction-
Q naires de la Direction du
renseignement de la Préfec-
ture de police de Paris
(DRPP) sont actuellement
consignés chez eux, à se tour-
ner les pouces. Le Covid ? Que
nenni ! Ces agents restent sur
la touche parce que la Direc-
tion générale de la sécurité
intérieure (DGSI) traîne à
leur accorder une habilitation
« secret-défense »…
Explication  : en octobre
2019, la DRPP –  qui, jus-
qu’alors, habilitait elle-même
leurs marges… » Le coup d’ar-
rêt subi par les usines asiati-
ques lors du premier semestre
a conduit les arma teurs à
mettre entre 20 et 30 % de
leurs navires à l’ancre. Une
reprise vigoureuse, l’été sui-
vant, de la demande nord-
américaine a attiré les porte-
conteneurs sur la ligne
transpacifique, que ses gros
volumes réguliers rendent
très rentable…
Les grands ports de la côte
Ouest, comme Los Angeles ou
Long Beach, sont désormais
engorgés, certains bateaux at-
tendant trois semaines avant
d’être déchargés ! La pandé-
mie aidant (qui frappe aussi
les dockers), les boîtes vides
s’entassent outre-Atlantique
mais manquent cruellement
en Europe et en Chine. D’au-
tant que les usines chinoises
qui les fabriquent ont égale-
ment été mises à l’arrêt pen-
dant quelque temps ! Et que,
bizarrement, les armateurs
ne mutualisent pas les conte-
neurs qu’ils possèdent alors
qu’ils sont fédérés en trois
grandes alliances. Tiens,
tiens…
Conséquence : des caissons
défectueux, peu étanches,
sont remis en circulation. Et
il arrive aux navires, surchar-
ses troupes – est passée tota-
lement à côté de la radicali-
sation de l’un de ses informa-
ticiens, lui-même autorisé au
secret-défense. Dans les lo-
caux de la Préfecture de police
(PP), l’homme a tué quatre de
ses collègues à coups de cou-
teau. Depuis, ce sont les
frères ennemis de la DGSI
qui, après avoir passé les pos-
tulants au tamis, donnent le
coup de tampon. « Ils pren-
nent un malin plaisir à nous
faire lanterner, les enquêtes
durent des mois. Pendant ce
gés, d’en perdre en pleine mer,
tel ce bateau japonais qui, en
novembre dernier, en a passé
1 816 par-dessus bord, dont…
64 contenant des matières
dangereuses. Les lignes vers
l’Europe, qui voient les cours
flamber, sont désorganisées.
Jean-Michel Garcia, délégué
aux transports internatio-
naux de l’Association des uti-
lisateurs de transport de fret,
s’en désole : « Le taux de ser-
vice portuaire est tombé sous
les 50 %. » Traduction ? Les
marchandises n’arrivent plus
qu’une fois sur deux à la date
prévue, voire à l’escale ! Pour
garantir la venue de leurs
conteneurs, les importateurs
doivent acquitter des primes
de dernière minute. Et ce gen-
til racket ne suffit pas tou-
jours. « Il arrive que nos conte-
neurs restent à quai, par
exemple quand l’escale de
Shenzhen est sautée par le na-
vire prévu… » témoigne notre
importateur de télés.
Havrais
problème
La taille des giga-porte-
conteneurs, qui peuvent char-
ger jusqu’à 25 000 boîtes (équi-
valents 20  pieds), pénalise
encore l’Europe. La durée de
navigation « entre Shanghai
temps-là, des agents se tour-
nent les pouces alors qu’on en
a cruellement besoin pour
la lutte antiterro », s’agace
un gradé de la Préfecture de
police.
PP où t’es ?
Les effectifs actuellement
en rade représentent un cin-
quième des 200 recrues que
les troupes du Renseignement
du préfet de police ont reçues
en renfort après les attentats
de 2015. La DGSI verrait-elle
la DRPP comme un nid d’is-
et Le Havre est passée de vingt
et un à trente et un jours, sans
compter les temps de manu-
tention, qui sont plus longs vu
le gigantisme des bateaux »,
explique un transitaire du
Havre. Un collègue havrais re-
doute l’impact sur nos ventes
à l’étranger : « Le Havre est le
premier port mondial d’expor-
tation de vins et spiritueux :
94 % du cognac part à l’étran-
ger, dont la moitié en Amé-
rique et un quart en Asie. »
Egalement touché, l’export de
grumes, d’agroalimentaire, de
cosmétiques et de produits de
luxe. Tout baigne…
Les professionnels, venus
présenter leurs doléances au
ministère des Transports le
11 février, pressent le gouver-
nement d’agir à Bruxelles afin
que soit enfin créée une auto-
rité de régulation européenne.
Aux Etats-Unis, la Federal
Maritime Commission a ré-
cemment imposé aux arma-
teurs un plafonnement du prix
BALLADUR SUPERSTAR
du conteneur de 40  pieds à
5 000 dollars, deux fois moins
élevé qu’en France. De leur
côté, les autorités de Pékin ont
demandé à la compagnie
CMA CGM de maîtriser ses
tarifs, pour éviter de trop pé-
naliser les usines chinoises.
Pour l’instant, les pays du
nord de l’Europe refusent
toute intervention sur les
prix… Mais la Commission eu-
ropéenne, occupée à préparer
son texte sur les Gafa, pourrait
y intégrer des dispositions sur
le transport maritime.
En attendant, les restric-
tions d’importations – de com-
posants électroniques, notam-
ment  – font craindre des
« ruptures de livraison », voire,
à terme, «  de production  »,
dans certaines usines fran-
çaises, détaille la déléguée de
la Ficime. Sans compter
l’étranglement des PME d’im-
port-export, elles aussi sous la
ligne de flottaison…
David Fontaine
se trouve La Ferme. Perrino,
associé à Jean-Pierre Valentini
–  un Français résidant en
Suisse qui a fait fortune dans
le courtage de pétrole afri-
cain  – , se porte acquéreur.
Deux millions pour 3,3 ha : une
belle affaire, vu le tarif du fon-
cier sur «  l’île aux milliar-
daires ». Les deux hommes en-
visagent de construire un hôtel
de luxe. Selon un rapport de
synthèse établi par la police ju-
diciaire, « les fonds provenaient
Une cimenterie de
Lafarge en fragrant délit
E PROJET de loi Climat
L et Résilience, destiné à ré-
duire de 40 % les émissions de
gaz à effet de serre, fait rire
jaune les 14  350  habitants
d’une commune située entre
Marseille et Aix-en-Provence.
Jaune comme les fumées de
l’usine de La Malle qui s’élè-
vent dans le ciel de Bouc-Bel-
Air, pour le coup mal nommée.
Cette unité du groupe Lafarge,
qui fabrique 400 000 tonnes de
ciment par an, dégage depuis
trois ans une affreuse odeur
d’œuf pourri. Rassemblés au
sein de l’association Bouc-Bel-
Air Environnement, les rive-
rains se plaignent de picote-
ments dans les yeux et les
voies respiratoires.
Le fond
de l’air effraie
La mairie et plusieurs com-
munes avoisinantes ont frappé
à toutes les portes de la Répu-
blique – en vain. Le directeur
du Decathlon local a fini par
déposer une plainte auprès du
préfet, tant ses clients se plai-
gnaient : sans suite. L’affaire
sentait trop le soufre ?
Selon un arrêté préfectoral
du 15 mars 2018, Lafarge Ci-
ments est autorisé à dépasser
les valeurs limites fixées par
l’Union européenne pour les
émissions de poussières et de
dioxyde de soufre. Le groupe
explique avoir sollicité une dé-
rogation pour échapper à « une
hausse des coûts disproportion-
sure ne pas connaître les lieux !
Il s’est pourtant bien rendu sur
place en juillet 2010, quand,
avec d’autres militants natio-
nalistes, il menait une opéra-
tion « reconquête du territoire ».
Surtout, le 29 août 2018, avant
qu’il rachète le terrain, il s’est
entretenu avec Perrino. Lequel
n’était alors pas encore in-
quiété par la justice.
Et aucun des deux ne s’est
mis à table lors de ce tête-à-
tête ?
Didier Hassoux
née au regard des bénéfices
pour l’environnement ». Le coût
annuel d’un système d’épura-
tion, en effet, serait « compris
entre 4,2 et 4,4 millions d’eu-
ros », auquel il conviendrait
d’ajouter le « remplacement de
l’électrofiltre d’un four », soit
de 1,7 à 2,2 millions d’euros
par an.
Pour faire avaler la pilule
aux habitants, préfecture et ci-
mentier rappellent que les ar-
giles et calcaires de la région
contiennent déjà beaucoup de
soufre. Un peu plus, un peu
moins… « Mais le minerai sou-
fré à l’état naturel n’a rien à
voir avec le soufre dégagé lors
d’un processus industriel,
s’étrangle un ingénieur. Il n’est
pas plus nuisible que le char-
bon enfoui dans le sous-sol ! »
Contacté, un porte-parole de
Lafarge assure que l’entreprise
« respecte les réglementations
environnementales » et prévoit,
cette année, des investisse-
ments pour améliorer la situa-
tion. La préfecture, de son côté,
promet la signature d’« un nou-
vel arrêté dans les prochains
jours », visant la « réduction
des émissions de poussières
et de composés soufrés de
l’usine ». Il était temps ! La-
farge compte rapatrier les ac-
tivités de son usine de Contes,
près de Nice, à Bouc-Bel-Air.
Les habitants n’ont pas
envie de jouer les souffre-dou-
leur…
O. B.-K.

IRAK : DE QUOI ONT PARLÉ LE PAPE FRANÇOIS

ET L’AYATOLLAH SISTANI LORS DE LEUR RENCONTRE ?
lamo-gauchistes ?
En réalité, nonobstant le
drame d’octobre 2019, la
DGSI n’entretient pas les re-
De la chirurgie sur le pouce
lations les plus cordiales avec ʼACCIDENT BÊTE  ! En faisant la Le toubib lui indique quʼil peut toujours « de-

L
la patronne de la DRPP, pour-
tant issue de ses rangs. A Le-
vallois, c’est elle qui octroyait
l’habilitation aux agents de
la Sécurité intérieure, et pou-
vait la retirer à un flic
lorsque, par exemple, il convo-
lait avec une personne de re-
ligion musulmane. Ses mé-
thodes ont fait grincer des
dents. Et la commissaire,
ajoutent ses adversaires, n’a
jamais pris la peine de faire
renouveler sa propre habili-
tation, « très secret-défense »,
depuis qu’elle siège à la PP.
Or la démarche doit être ef-
fectuée tous les sept ans.
Elle redoute peut-être le se-
cret-défiance ?
D. H. et C. L.
vaisselle, Jacques casse une assiette
et sʼentaille superficiellement le pouce
sur 3 cm. Le sang coule. Par précaution,
notre grand blessé se rend aux urgences
de la clinique Blomet, dans le
XVe arrondissement parisien, proche de
son lieu de travail. Lʼétablissement
appartient au groupe Ramsay Santé, lʼun
des leaders européens de lʼhospitalisation
privée.
Après un rapide coup dʼœil à la plaie, et
sans examen clinique, lʼurgentiste lâche
son verdict : « Bon, on vous opère demain.
On ouvre la blessure pour voir sʼil nʼy a pas
dʼatteinte du tendon ou dʼun nerf. Et, avant,
vous allez faire une radio chez nous et
consulter lʼanesthésiste. » Et dʼajouter, de-
vant la mine ahurie de Jacques : « Vous
savez, la main, cʼest précieux… » Chez le
radiologue, notre blessé est pris dʼun doute.
mander un avis ailleurs ». Direction lʼhôpital
Cochin, donc, où un chirurgien examine la
blessure et procède à des tests neurolo-
giques et de préhension. Non sans exami-
ner la radio : « Comment imaginer une at-
teinte osseuse avec cette blessure
superficielle ? Cʼest nʼimporte quoi ! Cʼest
un examen complètement inutile ! »
Quant à lʼexploration chirurgicale sous
anesthésie locorégionale envisagée par
ses confrères, elle le fait exploser de rire :
« Y a rien, même pas de point de suture à
faire ! Je vous mets trois strips et vous re-
venez si ça sʼinfecte. » Quand Jacques lʼin-
terroge sur la différence de prise en charge,
le chirurgien persifle : « Il y a trois possibi-
lités : lʼargent, ouvrir le parapluie pour se
protéger et… lʼincompétence. Ça peut être
un mix des trois. »
Contactée, la clinique Blomet reste
sobre : « Nos urgentistes savent parfaite-
ment orienter les patients, du plus grave
au moins grave. Une plaie de la main peut
sʼavérer grave même si elle paraît ano-
dine. » La ponction sur la Sécu, elle, paraît
hautement sérieuse…
Jérôme Canard

4 – « Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021

 Les tribulations JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES DRÔLES DE ZIGS

de Cantona dans le Xinjiang q JACK DORSEY, fondateur et

pédégé de Twitter, met aux en-
LUTTE DES GLACES RIC CANTONA, un mouchoir sur la notre mentalité n’est pas de nous amuser tout
chères le premier tweet dans

Les malheureux manchots pa-

pous de l’Aquarium de Bergen,
en Norvège, atteints d’une
forme de grippe aviaire (H5N8),
sont désormais confinés dans
leur enclos : « L’autorité sani-
taire alimentaire a mis en place
un couvre-feu : tous les oiseaux
sous contrôle humain doivent
être placés sous un toit », rap-
porte l’AFP (6/3).
L’autorité sanitaire ne précise
pas si les rassemblements de
manchots sur la banquise res-
tent autorisés en semaine et le
week-end.
APRÈS
L’ISLAMO-GAUCHISME…
ÇA DÉ-GHOSN
Inquiétant : un ministère de la
Solitude vient d’être créé au
Japon, pour aider les individus
« qui se laissent glisser dans un
isolement mortel », alerte
« Le Journal du dimanche »
(7/3), citant quelques concepts
qui décrivent ce mal moderne :
E tête, se traîne dans les dunes à l’infini le temps… »
sous un soleil de plomb. A l’écran s’im- Le film présente une image idyllique et pa-
prime le nom des lieux : « Désert de Tourfan, cifiée d’un Xinjiang où il fait bon vivre sous le
lequel il avait écrit, en 2006,
ce message inspiré : « Je crée
mon compte Twttr (just setting
up my twttr). » Mais comment
Xinjiang, Chine ». Mais qu’est donc allé faire drapeau chinois qui flotte au vent. Il a été pro-
un tweet lisible par tous les uti-
l’ex-footballeur dans cette galère ? duit, côté chinois, par Eagle Media, une société
Il s’agit de l’une des premières scènes d’un de Shanghai qui s’est fait connaître par des lisateurs peut-il devenir pro-
film franco-chinois tourné à l’automne 2017 pubs pour des marques de bagnoles, dont Mer- priété privée ? Franceinfo (6/3)
dans le Xinjiang avec des gamins ouïghours et cedes, la dernière étant tournée par Wong Kar- explique que l’acheteur ac-
qui n’est toujours pas sorti en Chine ni dans wai en personne (« In the Mood for Love », quiert « un certificat signé et
le reste du monde. Un divertissement familial 2000). Mais le producteur principal est bien vérifié par le créateur », à la
qui conte une histoire édifiante : celle d’un ex- français : il s’agit de Nicolas Duval-Adassovsky, façon d’un autographe numé-
footballeur star devenu entraî- de la société Quad, producteur rique, maintenu en ligne aussi
neur, faussement accusé de tru- à succès d’« Intouchables » et longtemps que son auteur le
quer les matchs par un vilain Oui-Oui autres cartons de Nakache et souhaite. Lundi 8 mars, les en-
mafieux chinois qui le fait jeter Toledano… Et le réalisateur, chères atteignaient 2,5 millions
en plein désert de Tourfan par chez les Ouïghours présenté ici et là comme un cer- de dollars.
des hommes de main. Recueilli tain Steve Weiz, n’est autre que Et dire que personne n’a
par des enfants ouïghours gentiment espiègles, Gérard Krawczyk, auteur de la série des pensé, en 2006, à répondre à
il va les entraîner et les mener à la victoire « Taxi ». Des poids lourds qui ont obtenu la bé- Dorsey : « T’as vraiment rien
nationale, sous la houlette d’une jolie instit’ nédiction des autorités chinoises. d’autre à raconter ? »
chinoise. « Magic 7 » vient pourtant seulement de faire
Le titre du film, « Magic 7 », est emprunté surface, au marché du film de la Berlinale, qui q CHRISTOPHE FANICHET, pa-
au surnom d’Eric Cantona quand il était le my- se tenait en ligne pour les professionnels début tron de SNCF Voyageurs, af-
thique numéro 7 de Manchester United, de 1992 mars. Pourquoi si tard ? En raison du sombre
à 1997, couronné par quatre titres en cham- contexte politique dans le Xinjiang, où les Ouï-
pionnat et deux Coupes d’Angleterre. Dans le ghours sont férocement persécutés par Pékin ?
Le train corse : firme vouloir faire de l’écologie
« un pilier de la reconquête des
voyageurs ». Pour ce faire, il
film, Cantona, qui crie ses consignes en chinois, A cause de scrupules éthiques ? Pas du tout.
enseigne d’ailleurs la passe à sept à Xatiyar, « Le film a été tourné avant qu’on parle de tout
Sardar, Waris, Baktiar, Wuxiar, Dilawar et ça, assure une chargée de production de Quad.
peut mieux fer lance un comparateur d’émis-
sions de CO2. Selon « Le Pari-
sien » (5/3), il s’agit de conver-
Rana… qui marquent ! Tels sont les prénoms Il a juste été très long à monter, et la postpro- LUS CHERS, plus sub-
ouïghours des gamins composant son équipe. duction a été compliquée, étant donné que qua-
Maisons de pisé rectangulaires comme en tre langues y sont parlées : mandarin, ouïghour,
P ventionnés, moins ponc-
tuels, moins bien gérés et
voiture et trois fois celui des
TER ! » 
Il aura ainsi fallu près
tir le gaz carbonique en
« années d’utilisation habituelle
d’un four électrique par un
Afrique du Nord, paysages rocheux majestueux, français et anglais… Cela n’a rien à voir avec moins rapides : les chemins d’une décennie à ladite collec- foyer français ». Un Paris-Mar-
plaines couvertes de vignes, c’est un vrai dé- la situation politique. Il faut juste qu’on lui de fer corses rivalisent de tivité pour acquérir deux lo- seille en TGV équivaut ainsi à
pliant touristique pour le Xinjiang. Un grand- trouve un distributeur chinois et un distributeur génie avec la SNCF. Tel est cotracteurs d’occasion (tra- « environ un mois d’utilisation
père porte un calot musulman ; une maman, en Europe. » Pourvu que le but (financier) soit l’avis – définitif – exprimé le vaux, dépannages, transport habituelle moyenne d’un four
longue robe et fichu dans les cheveux, jette à marqué… par Eric Cantonais ! 26 février par la chambre ré- de fret). Prix : 2,15 millions électrique ».
son fiston footeux : « Nous sommes différents, David Fontaine gionale des comptes, qui d’euros, «  soit entre 7 et Prochain slogan de la SNCF :
conclut sèchement : « Le pilo- 15 fois » le tarif habituel de « Vous n’avez pas les moyens
tage de cette politique publique l’occase. Même train-train de prendre le TGV ? Passez vos
Quelle Occitannée ! Déconfit n’est ni efficace ni efficient. »
Ça déraille !
L’exécutif insulaire, à ma-
avec la rénovation des ateliers
de Casamozza (Corse-du-
Sud) : le marché prévoyait, en
vacances devant votre four
électrique. »
L E DÉPUTÉ du Lot Auré-
lien Pradié, 35 ans, a an-
ne souhaite pas quitter le
Capitole. Les suivants, par
d’intérêts jorité nationaliste, ne fait pas
mieux que ses prédécesseurs
2008, une belle installation
photovoltaïque sur le toit, des-
UN DOUBLE
noncé dans « Midi libre » et ordre de popularité, sont Bri- ANDIDAT à un nouveau de droite et de gauche. Si, de- tinée à économiser énergie et
« La Dépêche » (7/3) qu’il mè-
nerait la liste LR aux régio-
gitte Barèges, qui vient d’être
condamnée pour détourne-
C (et dernier) mandat de
trois ans, le président du Lou-
puis 2002, la collectivité
contrôle totalement la poli-
pognon. Le dérapage financier
atteint 22 %. De plus, il est
TRANCHANT

« irusu » (« faire semblant de
ne pas être chez soi quand
quelqu’un sonne à la porte »),
« karoshi » (« mort subite par
surmenage »), « hikikomori »
(« le choix de ceux – même très
jeunes – qui s’enferment dans
leur appartement et n’en sortent
plus »).
Ghosn, lui, a connu un autre
tourment : le « syndrome du
patron de Renault-Nissan en-
fermé dans sa cellule ».
CRS, PAS SS !
Au tribunal correctionnel de
Saint-Brieuc, un policier affichant
quinze ans de service au comp-
teur, dont sept comme CRS, a
comparu pour vols à main
armée commis dans des bou-
langeries, des magasins de
fleurs et des bars-tabacs de la
région. « L’Echo de l’Armor et
l’Argoat » (6/3) était à l’au-
dience et raconte : « Un mètre
quatre-vingts, masqué entière-
ment, tout de noir vêtu, avec son
pistolet en plastique, il impres-
sionne. Pour chaque extorsion,
il n’[omet] pas de dire bonjour
en entrant, avant de demander
poliment la caisse. Et il part en
courant si le commerçant n’ob-
tempère pas. » Le mobile de ces
braquages, qui lui ont rapporté
1 500 euros : des dettes de jeu.
Jugement du tribunal : quatre
ans de prison, dont deux ferme.
Une bien curieuse façon d’en-
courager les CRS affables !
nales de juin dans la région ment de fonds publics, et vre, Jean-Luc Martinez, se dé-
Occitanie. Or un sondage Ifop Franck Proust, qui sera jugé mène auprès de sa ministre
commandé par son propre pour trafic d’influence et fa- de tutelle, Roselyne Bachelot,
parti ne le crédite que de 13 % voritisme en juillet. qui l’a reçu le 4 mars. Mais
d’intentions de vote et donne Avec 13 %, Pradié risque de pas question de s’attarder sur
la sortante, Carole Delga battre le record de Dominique les suites de l’affaire de la
(PS), victorieuse à tous coups Reynié, tête de liste LR en fresque de Tiepolo très abîmée
devant Jean-Paul Garraud, 2015, qui avait décroché le et contestée, achetée l’an
tête de liste RN et ex-député plus faible score de de la passé par le musée pour
UMP. droite en France, hors Corse 4,5 millions d’euros à un col-
Quid des autres élus Répu- et outre-mer, avec 18,84 %. lectionneur italien établi à
blicains, priés de se ranger Avant de voir son élection an- Monaco, Pier Franco Grosso
derrière le camarade Pradié ? nulée par le Conseil d’Etat au (« Le Canard », 3/3).
Le plus connu, Jean-Luc Mou- motif qu’il n’habitait pas la En janvier 2020, le labo de
denc, le maire de Toulouse, région… restauration du Louvre avait
pourtant rendu un verdict
réservé sur l’état de cette
HARRY : “MON PÈRE ET MON FRÈRE fresque, au risque de faire ca-
SONT PRISONNIERS DU SYSTÈME” poter la vente. Pur hasard :
un mois plus tard, Pier Franco
Grosso était reçu à Delphes
par Martinez, comme l’a ra-
conté « La Tribune de l’art »
(3/3). Ce jour-là, l’Italien, en-
chanté par l’excursion, avait
proposé de financer à hauteur
de 70 000 euros les travaux de
Martinez, via le fonds de do-
tation de l’Ecole française
d’Athènes.
Un an plus tard, quand le
conseil d’administration du-
dit fonds s’est inquiété de cette
coïncidence, Martinez lui a ré-
pondu dans un courriel  :
« N’ayant pas moi-même sol-
licité le mécénat de M. Grosso,
je ne pense pas qu’il y ait là le
moindre conflit d’intérêts. »
Pourquoi en douter ?
tique ferroviaire, elle n’a pas
empêché une série de « déra-
pages de coûts et des dysfonc-
tionnements ». Résultat, re-
levé par « lemonde.fr » (24/2) :
«  Le coût d’exploitation au
voyageur-kilomètre est près de
six fois supérieur à celui d’une
MACRON NE VEUT PAS QUE
L’ON SE MOQUE DE SARKOZY
apparu, «  plusieurs années
après la réception, [que] les
panneaux solaires installés
sur le toit du dépôt n’avaient
pas été raccordés »…
Terrains
souples
Avec ses gares et ses lignes,
la collectivité dispose d’un ca-
pital foncier considérable…
qu’elle dilapide ! En laissant
26 particuliers occuper des ter-
rains de la Plaine orientale,
par exemple, «  sans titre et
sans paiement ». Ailleurs, d’au-
tres ont bénéficié de cessions
de terrains accordées grâce à
« des traitements de faveur ».
C’est le cas d’une grande
partie des 278 employés des q JAIR BOLSONARO persiste et
Chemins de fer de la Corse, signe. Alors que le Brésil a tra-
dont 40  conducteurs et versé sa semaine la plus meur-
48 agents des 10 trains circu- trière depuis le début de la
lant chaque jour. Selon la pandémie, le Président s’en est
chambre, ces cheminots affi- pris aux gouverneurs et aux
chent une moyenne de travail maires qui ont mis en place
quotidienne de 4 h 02 (au lieu couvre-feu, zones rouges et
de 6 heures) rémunérées 7 h 24 confinements (AFP, 4/3) : « Ça
– soit 28 % de moins que chez suffit avec ces histoires (...).
les salariés des TER ! Il y a Vous allez pleurer jusqu’à
donc potentiellement « des quand ? (…). Nous regrettons
marges d’augmentation de la les morts, mais où va le Brésil
productivité significative ». si on arrête tout ? »
Attention tout de même au Et dire que son ami Trump
surmenage ! n’est même plus là pour l’ac-
D. H. compagner…

Hidalgo à contre-emploi ?
E TRIBUNAL de Paris
L Des subventions mal empaquetées
s’est donné, le 25 février,
deux mois et demi pour déter-
miner si le mensuel « Capital »
a diffamé Anne Hidalgo. Il
l’avait accusée d’avoir bénéfi-
cié, pendant un an et demi,
d’un emploi fictif au sein du
cabinet de Marylise Lebran-
chu, alors ministre de la
Justice de Lionel Jospin.
L’actuelle maire de Paris y
aurait indûment encaissé
80 000 euros d’argent public,
affirmait le magazine. Ce qui
a entraîné la plainte en diffa-
mation de l’intéressée.
A la fin de l’année 2000,
Hidalgo, inspectrice du Tra-
par Hidalgo), s’étonne de voir
cette dernière faire campagne
alors qu’elle occupe un plein-
temps chez Lebranchu. Via la
Commission d’accès aux docu-
ments administratifs, il obtient
les bulletins de salaire d’Hi-
dalgo ; entre-temps, celle-ci est
devenue première adjointe à
la Mairie de Paris. Il découvre
que, malgré la campagne puis
sa charge de première adjointe,
elle a continué de travailler au
cabinet de Lebranchu.
Témoin “Capital”
Pour conclure à l’emploi fic-
ADIEU, veaux, vaches, cochons.
Le Salon de l’agriculture a été re-
porté pour la première fois depuis
sa création, il y a un demi-siècle.
A cause du Covid, 600 000 cita-
dins vont devoir prendre leur mal
en patience jusqu’en mai, avant
de s’ébaubir de la plus grande
ferme de France. De quoi fiche le
bourdon aux agriculteurs, dont
beaucoup, en ce moment, se font
aussi du mouron au sujet de la
politique agricole commune (PAC).
Les négociations sur le futur
budget agricole européen battent
leur plein. Il s’agit de se répartir
à la fourchette », la Commission
européenne avait fixé les objectifs
pour une agriculture plus verte
d’ici à 2030. Au menu : réduire
de 50 % l’utilisation des pesticides
et de 20 % celle des engrais chi-
miques, avec, en sus, 25 % des
cultures converties en bio.
Une ambition qui risque de ne
pas décoller du plancher des
vaches, avertit le collectif Pour
une autre PAC. Selon les 45 or-
ganisations paysannes, ONG
écolos et associations de consom-
mateurs qui composent ce mou-
vement, la nouvelle PAC risque,
Même pas peur !
N DIRAIT qu’ils l’ont
O fait exprès. Juste au
moment où l’on s’ap-
prête à fêter (joyeusement ?)
les 10 ans de la catastrophe
de Fukushima, l’Autorité de
sûreté nucléaire (ASN) an-
nonce que, à la demande
d’EDF, la durée de vie des
réacteurs français pourra
être prolongée de dix ans.
Elle était de quarante ans,
elle devrait passer à cin-
quante. Même pas peur !
On s’en souvient, trois L. L. de Mars

vail, est détachée au cabinet
de Lebranchu comme « chef du
secrétariat particulier ». La
campagne des municipales dé-
bute à Paris, et Yves Siniga-
glia, responsable du
syndicat SUD
au ministère
du Travail
(lui aussi
poursuivi
tif, « Capital » s’appuyait no-
tamment sur le témoignage de
Jean-Pierre Morelle, alors
contrôleur financier au minis-
tère du Travail. Ce supervi-
seur financier de la carrière
d’Hidalgo affirmait par écrit
que « le cumul de deux emplois
à temps partiel – et a fortiori
à temps plein – n’était pas sou-
tenable s’agissant de cadres
supérieurs ».
«  Le  Canard  » avait éga-
lement évoqué l’affaire
(8/11/17) ; la Mairie de Paris
lui avait précisé que « Mme Hi-
dalgo faisait alors campagne
(municipale) le soir ou le week-
end ». Une fois élue, elle avait
été moins occupée au cabinet,
mais, précisait la Mairie, « le
ministère du Travail avait re-
fusé [sa] demande de réduire
sa rémunération ». Faux, avait
rétorqué Morelle : « Je n’ai ja-
mais été saisi d’une de-
mande de passage
à mi-temps éma-
nant [de Mme Hi-
dalgo]. » Alors, il n’y
a rien à lui repro-
cher !
J. C.
la grosse galette, soit 386 mil-
liards d’euros de subventions pour
les sept ans à venir, dont plus d’un
quart pour la France ! Sauf que
les agriculteurs qui se décarcas-
sent pour la biodiversité et l’en-
vironnement estiment que la
nouvelle PAC ne va pas les ré-
compenser autant que promis.
Pour Bruxelles, qui veut que le
continent européen affiche un
bilan carbone neutre en 2050,
verdir l’agriculture est une priorité.
Rappelons qu’il y a plus de
35 millions de vaches en Europe
et qu’une seule d’entre elles largue
chaque année dans l’atmosphère,
avec ses flatulences méthanisées,
125 kg d’équivalent CO2, soit au-
tant qu’un trajet de 400 km en
bagnole. En mai dernier, dans un
document intitulé « De la ferme
comme en 2013, de rater la
marche.
Lors de la réforme de la PAC,
Bruxelles avait décidé d’utiliser
30 % de ses subventions pour en-
courager les pratiques agricoles
écolos. En fait, le verdissement
n’avait pas concerné plus de
4,5 % des surfaces. Un fiasco dé-
noncé par la Cour des comptes
européenne dans deux rapports,
en 2018 et en 2020. « La nou-
velle PAC demeure taillée pour le
productivisme. Une partie de la
cagnotte reste conditionnée au
nombre d’hectares ou de têtes de
bétail, sans vraiment tenir compte
du service environnemental
rendu », regrette Mathieu Cour-
geau, éleveur laitier et président
de Pour une autre PAC.
En voilà, du grain à moudre !
semaines après le 11 mars
2011, le patron de l’ASN – le
gendarme du nucléaire  –
avait stupéfié son monde en
reconnaissant qu’un acci-
dent majeur de même am-
plitude que Fukushima était
possible en France. Il dé-
mentait ainsi un demi-siècle
de propagande des nucléo-
crates assurant le contraire.
Et voilà qu’aujourd’hui 32
de nos réacteurs les plus fa-
tigués (sur un total de 56),
qui ont dépassé ou dépasse-
ront bientôt les quarante an-
nées pour lesquelles ils
étaient prévus, vont être ra-
fistolés, rapiécés, rapetassés
afin de tenir dix années de
plus. Attention : l’ASN exige
un ravaudage tout ce qu’il y
a de plus sérieux. Elle a
prévu que le volume des tra-
vaux sera quatre fois supé-
rieur à celui qui avait permis
à ces mêmes réacteurs de
passer la barre des 30 ans.
Et ce ne sera pas de la
tarte. Depuis des années, le
physicien nucléaire Bernard
Laponche alerte sur la dan-
gerosité du parc français. Il
vient de publier un rapport
alarmant sur les risques de
cette prolongation à 50 ans
(Global Chance, 2/21). Son
principal souci : « Comment
EDF, qui se montre incapa-
ble de terminer dans les dé-
lais l’EPR de Flamanville,
lequel a déjà dix ans de re-
tard, réussira-t-il à mener à
bien ces réparations multi-
ples, lourdes et coûteuses ? »
Au lieu de replâtrer vite
et mal 32 réacteurs, mieux
vaudrait, dit-il, se concentrer
sur les moins déglingués et
les moins dangereux. Donc
abandonner les autres : au
moins ceux du Tricastin
(risques sismiques et d’inon-
dation), de Gravelines (à côté
d’un port méthanier, de
17 usines Seveso et de mil-
lions d’habitants) et du
Bugey (en très mauvais
état).
Quoi  ! Fermer 14  réac-
teurs à haut risque  ? Al-
lons… Après tout, une catas-
trophe nucléaire, ce n’est pas
si grave, la preuve : pas un
mort officiel dû au nucléaire
à Fukushima ! Certes, il y a
eu 160 000 personnes éva-
cuées, 252 cancers de la thy-
roïde, une poignée de travail-
leurs malades, et aussi
175 milliards d’euros partis
en fumée, d’immenses zones
contaminées à 20 mSv/an,
sur lesquelles les autorités
invitent les gens à revenir
(pas plus de 1 mSv/an, disent
les normes internationales),
et le parc nucléaire japonais
est toujours pétrifié, avec
9 réacteurs seulement remis
en marche, sur un total
de 54 (1).
Et alors ? Admirez comme
la France combat magistra-
lement le coronavirus. Son
système de santé n’est-il pas
le meilleur du monde ? Elle
saura tout aussi bien affron-
ter un accident nucléaire.
Ses experts atomiques sont
les meilleurs du monde.
Jean-Luc Porquet
(1)  «  Fukushima, dix ans
après  », par Cécile Asanuma-
Brice, Maison des sciences de
l’homme, 217 p., 12 €.

« Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021 – 5

 Random Patrol L’Aigle et ses belles plumes
(Keuf dur) Dans “Les Goûts de Napoléon”, Philippe Costamagna raconte

«J comment ce despote éclairé aimait la galerie pour mieux l’épater.

E ME DEMANDE si c’est au-
jourd’hui que je vais me faire tuer.
Dans ce livre dense et bril-

«L
C’est la première chose à laquelle E LIVRE, avec Na-
je pense quand je mets mon uniforme. » Matt, poléon, fait son en- lant, Philippe Costamagna,
un cop (flic) de la police de Yukon, dans la trée dans les attri- directeur du musée des
banlieue d’Oklahoma City, vient de monter buts ordinaires du souverain Beaux-Arts d’Ajaccio, n’oublie
à bord de son véhicule de service pour une moderne. » Etait-ce dû à son pas la mode, la gastronomie,
random patrol (patrouille aléatoire). La ca- accent corse ? Moqué par ses les amours (très belles pages
méra, littéralement embedded (embarquée), camarades d’école militaire, sur Joséphine de Beauhar-
le serre depuis la place du mort, justement. le jeune Buonaparte a dévoré nais et Marie-Louise d’Au-
Matt arrive devant une maison où s’est re- très tôt les classiques. Parmi triche), les fastes de cette cour
tranché un homme « en colère contre les flics les modernes, son refuge était dont l’empereur fixe le céré-
et contre les Blancs ». Il se tourne vers la Jean-Jacques Rousseau, avec monial. Tout est codifié par
caméra : « S’il devait m’arriver quelque chose sa « Nouvelle Héloïse », « dic- cet ex-républicain devenu des-
de vraiment grave, appuie sur le petit bouton tionnaire où il trouve les mots pote, tout est bon pour flatter
rouge. » Sur un parking, un barbu revêtu ricains patrouillant seuls, enfermés dans leur pour exprimer son amour ». les émigrés royalistes de re-
d’un tee-shirt Superman s’approche de la ba- voiture, murés dans la solitude et la peur, Au théâtre, il n’apprécie que tour.
gnole de Matt : « On a le droit de se garer sous stress permanent. Le film va droit au les tragédies, surtout celles Cela ne l’amuse pas tous les
là ? » La caméra s’abaisse et montre que le but et au cœur du drame, grâce à son dispo- de Corneille, qui mettent au jours : la cérémonie des révé-
flic avait dégainé son arme derrière la por- sitif épuré. Il fait partie de la riche sélection programme la grandeur rences, qu’il a rétablie, l’en-
tière, au cas où… Il la remet à son ceinturon officielle du plus important festival docu- d’âme, l’héroïsme, la quête de nuie tellement qu’il la fait ac-
et soupire : « Le gros problème, c’est l’iso- mentaire de France, Cinéma du réel, organisé gloire. célérer. Le défilé prend alors
lement des flics. On soupçonne toujours les par le Centre Pompidou, qui bascule de nou- Devenu empereur, ce bi- l’« allure d’un film passé en
gens de vouloir commettre le pire, ça nous veau en ligne. bliophile qui « veut être tenu avance rapide ». Défense de
coupe de la population normale… » David Fontaine au courant de tout ce qui rire dans les rangs… Au
Ce moyen-métrage saisissant du Français paraît en France et en Eu- moins, le guide suprême
Yohan Guignard en dit plus long que bien des . Accessible, ainsi qu’une cinquantaine d’autres films rope  » garnit ses palais de n’était pas dupe de ces
longs-métrages sur la condition des flics amé- inédits, sur « www.canalreel.com » du 12 au 21/3. splendides bibliothèques  : pompes pompantes. Fastes et
13 000 volumes à la Malmai- ostentation étaient pour lui,
son, 30 000 à Fontainebleau. ture », qui l’aide à faire du sant en empereur romain, avec la religion, l’indispensa-
Les films qu’on peut voir Hitler va attaquer l’URSS. Le tueur logé dans son corps. Pro- Quand il part en campagne, Louvre l’« épicentre du pres- avec « Augustus » gravé sur ble opium du peuple.
cette semaine réseau, établi en Allemagne, blème : la vie de l’homme dé- il faut 30 caisses en bel acajou tige français ». le socle. Selon le mot de Mme
Qu’importe en Belgique, aux Pays-Bas et pend de celle de l’intrus. La pour transporter ses livres. Pour se faire voir en pein- Pour les fêtes et les specta- de Staël, la seule opposante
si les bêtes meurent en France, a recruté dans tous scientifique Tatyana a pour Les sciences le passionnent : ture et célébrer sa gloire, il cles, son premier chambellan, qu’il craignait en matière de
les milieux, y compris des « ré- mission secrète de les séparer excellent matheux, « il se fait utilise les Gros, Gérard, Gé- Rémusat, a une mission im- culture, le véritable talent de
Deux bergers, père et fils, publicains laïques, ex-lecteurs sans dommage. Or ce qu’elle
sont isolés, en estive, dans un accepter comme un égal dans rôme et, surtout, David, son possible : « amuser l’inamu- Napoléon fut l’« art d’éblouir
du “Canard” », explique l’un de découvre la révolte. les rangs de la section de ma- préféré, auteur du monumen- sable  ». Car, la plupart du les masses et de corrompre les
majestueux paysage de l’Atlas. ses membres. La Gestapo finit Ce long-métrage du Russe
Une chèvre est malade, le fils thématiques de l’Institut ». tal « Sacre ». Lors de la cam- temps, le chef s’ennuie, s’en- individus ». Voilà qui est bien
par le démanteler. Arrêté, son Egor Abramenko pourrait Histoire d’oublier les calculs pagne d’Italie, simple général, dort et part avant la fin. dit, Germaine, mais laisse en-
doit descendre au village, placé chef, Léopold Trepper, se lance n’être qu’un film d’épouvante,
sous la protection d’Allah par politiques ? il fait une véritable razzia Quand il est content d’un ar- tier le mystère autour duquel
dans un « grand jeu » pour sau- mais l’horreur qu’il raconte va En matière de beaux-arts, dans les galeries de la pénin- tiste, il lui arrive d’interrom- tourne ce livre : le goût du
son père. Or le village a été dé- ver ses hommes. bien au-delà du Gremlin
serté, et d’étranges lumières où il est moins sûr, il a le bon sule, expédiant au Louvre des pre le spectacle pour décorer pouvoir.
Cette adaptation, fidèle gluant. Les autorités cachent goût d’écouter son conseiller fourgons de chefs-d’œuvre. La le veinard de la croix de la Frédéric Pagès
sillonnent le ciel. Fin du mais froide, du best-seller de la vérité au peuple. Faut-il
monde  ? Rencontre du troi- Dominique-Vivant Denon, sculpture le passionne, sur- Couronne de fer. Et la pièce
Gilles Perrault par Jacques servir l’Etat ou le trahir ? s’in- « véritable ministre de la Cul- tout les bustes l’immortali- peut reprendre… . Grasset, 304 p., 20,90 €.
sième type ? Rouffio datant de 1989 re- terroge Tatyana. Comme si le
Ou choc des civilisations, prend les thèses de l’auteur véritable monstre était l’as-
entre, d’un côté, le rigorisme sur le rôle héroïque de Trep- servissement. – S. Ch. DERNIERS JOURS POUR LES DOSSIERS PARCOURSUP
musulman de villageois maro-
cains traditionnels et, de l’au-
tre, un monde qui bascule dans
per. Hélas, des recherches ré-
centes sont venues ébrécher le . Condor (DVD). Le tout-impuissant
mythe. Reste l’époustouflante Moxie Les femmes n’ont [sont] nos seules décora-
l’apocalypse façon Hollywood ? interprétation de Claude Bras-
Ce court-métrage étrange- Confrontée au sexisme ordi- pas d’histoire tions ». La vie de château.
seur, dans le rôle de ce maqui- Là-haut, ils ne croisent
ment inspiré bénéficie d’une sard des villes sacrificiel et naire des mâles de son bahut, d’Amy Jo Burns
belle réalisation par Sofia Vivian, ado de 16 ans inspirée pas grand monde. Si ce n’est
sans illusions. – J.-F. J. L EST LE GENRE de zi- des paroissiens, de rares ha-
Alaoui. Couronné du grand
prix du jury au prestigieux . Canal VOD.
par la folle jeunesse de sa mère
(Amy Poehler, ici également I goto à affirmer que « la vo-
lonté de Dieu est pareille au
bitants de Trap et, plus sou-
vent, leurs voisins, qui, eux,
Festival de Sundance, il est en réalisatrice), décide de faire sa
lice aux Césars, ce vendredi Les films qu’on peut voir révolution. Bientôt, un brûlot vent. On ne la voit pas, et on squattent un mobile-home.
soir. – D. F. à la rigueur anonyme circule dans les cou- ne peut pas l’arrêter ». Tout Ivy y vit en compagnie de
loirs du lycée. De quoi réveiller ça parce qu’un soir d’orage il Ricky, un fabricant-trafi-
. France.tv, jusqu’au 17/3 (gra- Sputnik s’est pris la foudre sur le coin quant-consommateur de
les consciences ?
tuit). Rien à voir avec le vaccin ! Côté pile, un film d’ado éner- de la tronche. whisky, et de leurs quatre
Les films qu’on peut voir Dans le ciel du Kazakhstan, en gique et pétillant, porté par le Depuis, il prêche le di- garçons. Comme son âme
ou revoir 1983, le vaisseau spatial Orbit4 charme candide de Hadley manche dans la station-ser- sœur Ruby –  «  Leurs vies
redescend sur Terre avec deux Robinson. Côté face, au revers vice du coin, baptise dans le étaient une seule et même vie,
L’Orchestre rouge cosmonautes à son bord. Le trou de la rivière, tripote les vécue deux fois » –, Ivy se de-
de la médaille, une enfilade de
En 1941, un réseau d’espion- premier, héros de l’Union so- clichés doucereux qui plombent serpents et « tire le feu » en mande ce qu’elle fait dans ce
nage communiste tente, en viétique, est retrouvé mort. Le le sujet. Le capitaine de bon guérisseur. Le dénommé trou à rats, ce nid de ser-
vain, de prévenir Moscou que second est parasité par un alien l’équipe de foot est un violeur Briar Bird «  se comporte pents. Avec ces hommes qui
satisfait, la proviseure une réac comme si nous vivions encore se prennent pour le Tout-
sans cœur. Face à eux, une dans les années 1940, plutôt Puissant.
MARSEILLE : LE STADE VÉLODROME qu’à l’ère d’Internet et des té- Ce roman noir est un mi-
TRANSFORMÉ EN CENTRE DE VACCINATION Afro-Américaine, une Asia-
tique, une handicapée, une léphones portables aux pos- racle. Amy Jo Burns ne fait
transgenre, sur fond de poings sibilités infinies ». Pas exac- pas de ses personnages de
dressés et de guitares fu- tement le style amish, simples demeurés, exaltés et
rieuses. N’en jetez plus, la pourtant. incompris. Elle ne se réfugie
coupe du politiquement correct
est pleine. – F. C.
Il crèche avec Ruby et leur
fille, Wren, du côté de Trap.
pas non plus derrière le fan-
tastique qui explique tout
La taca-taca-tac-tactique
Un patelin de Virginie-Oc- sans rien révéler. Elle n’idéa-
. Netflix. cidentale coincé entre les au-
toroutes 79 et 81. Un endroit
lise rien, ne diabolise rien.
Naviguant d’un narrateur à
des superpuissances
Garage, des moteurs où il est difficile de se ren- l’autre, d’un moment à l’au- Guerres invisibles technologique » pour brider
et des hommes dre, et dont il est plus diffi- tre, d’une beauté simple à par Thomas Gomart l’offensive du régime de
La documentariste Claire cile encore de sortir. « Nous une violence folle, elle ra- Pékin, désireux de ne pas
Simon retourne à Claviers conte des années de secrets, ÔTÉ FACE, les guerres manquer la quatrième révo-
(Var), le beau village de son en-
fance, pour y découvrir une
vivons dans un dépotoir créé
par le charbon, où les trains
dévorent des kilomètres de
de non-dits, l’attachement
viscéral à un endroit et cette
C visibles. Côté pile, les
guerres invisibles. Jadis con-
lution industrielle. En effet,
si les USA dominent encore
bourgade selon elle vidée de rails », raconte la gamine de volonté farouche de s’éman- finés au cadre strictement le monde dans le secteur des
son âme, où seul le garage local 15 ans. ciper pour gagner le monde militaire, les conflits se sont services, la Chine compte bien
ferait tourner la vie locale. Sous Leur cabane en montagne des vivants. déplacés sur le terrain biochi- reprendre l’ascendant grâce
la conduite de son jeune patron demeure « suffisamment dé- Ainsi soit-il. mique, écologique, électro- à la 5G mais surtout grâce à
stressé… pouillée pour qu’on puisse Didier Hassoux nique, ou encore commercial, l’intelligence artificielle (IA).
Sélectionné au sein du festi- voir les quatre coins gris de financier, réglementaire, ou L’ouvrage vaut aussi par
val Cinéma du réel (lire ci-des- chaque pièce. Des fissures . Sonatine, 304 p., 21 €. encore technologique… ses plongées historiques. Tho-
sus), ce nouveau film de Claire [courent] le long de tous les Traduit de l’anglais (Etats- Dans un essai de lecture mas Gomart décode comment
Simon déçoit. Il se noie dès le murs. Les bocaux et les bibles Unis) par Héloïse Esquié. parfois ardue mais passion- le royaume de Xi cherche à
début dans une interminable nante, Thomas Gomart, di- renouer avec son âge d’or de
scène de réparation d’un mo- recteur de l’Institut français l’innovation. Entre le X e et
teur au « pignon fou ». Mise en des relations internationales le XVe siècle, la Chine a in-
1490 scène paresseuse, montage LECTURES POUR TOUS (Ifri), définit pas moins de venté la boussole, la poudre,
brut, dialogues pas toujours in- 24 guerres. L’auteur avance, le papier et l’imprimerie. Elle
telligibles… La réalisatrice à la fin de chacun de ses cha- était alors le «  laboratoire
1 2 3 4 5 6 7 8 9 enchère et en hausse. semble avoir tourné au kilomè- pitres, les «  intentions ca- du monde », et non pas son
– VII. Ça cri paon*. Il a joint tre, en se laissant fasciner par chées » des deux grandes puis- « atelier ». Quand l’empereur
I l’utilitarisme à l’agréable. ces hommes roulant et démon- sances qui constituent le était satisfait des nouvelles
II – VIII. Terre y le Huron**. tant des mécaniques (ah, cet nouveau duopole mondial : la inventions militaires, il gra-
– IX. On n’en bave pas. Apollon en short venu réparer Chine et les Etats-Unis. Et se tifiait ses auteurs de présents
III – X. Est-ce cas là tort ? En son scooter !). – D. F. penche sur les maigres atouts fastueux : des robes et de la
foi de quoi. – XI. Misses ici d’une Europe qui assiste à soie…
IV pied.
. « www.canalreel.com », du 12 cette tectonique des plaques. Sous la plume de Gomart,
au 21/3.
V Au temps de la guerre tous les fils (de soie) de ces
VERTICALEMENT
Les films qu’on peut
froide, la dissuasion nucléaire guerres souterraines devien-
VI 1. Verse un jet tout ne pas voir
du couple soviéto-américain nent visibles.
risque***. – 2. Dépense d’y divisait le monde. Au XXIe siè- Odile Benyahia-Kouider
VII voir. Impair ici. – 3. Elle Un prince cle, la technologie a remplacé
VIII passe sans arrêt de Moselle à New York 2 la bombe comme outil de . Taillandier, 336 p., 20,90 €.
en Allemagne. Etait bien en Le prince du Zamunda, pays domination du monde. La
IX cours. – 4. Provoquas un africain de pacotille, a pris mondialisation heureuse  ?
trente-trois ans depuis le pre- Des fadaises ! LA REINE DʼANGLETERRE
X phénomène de satiété.
mier volet de ses aventures. Et L’Amérique de Trump s’est SERAIT RACISTE,
– 5. Gien dans. Tira au livrée à un « maccarthysme
XI flanc. – 6. Pour récoler les Eddie Murphy avec lui. Devenu SELON MEGHAN
morceaux. Passais sous la roi, il retourne dans le Queens,
à la recherche de son fils caché,
HORIZONTALEMENT barrière tari fer. – 7. Il fait durcir
I. Conseil d’administration. – II. Sur
un gamin conçu avec une pros-
l’aqueux. Compères loriots. – 8. En tituée dont il veut faire son hé-
le canal de Suez, en veux-tu en Veo- un mot commençant. Back office. ritier. Pas facile de grimer un
lia. Ouvertes les dites manches. – 9. Baisés pavillons. chômeur new-yorkais en futur BRB de récits de batailles, d’ampleur entre autres, avait braqué un
– III. Machine à lessiver Brandt. Pas ADN souverain. par Frédéric Crotta ou dérisoires. Exemples de Airbus à Perpignan, faisant ou-
fleur bleus. – IV. Sera très axe ses Ce film de Craig Brewer est et Eric Merlen hauts faits : la traque, en 1989, vrir les soutes sur le tarmac !
Définitions transmises par *Paul
cibles. Demi-tour à gauche. – V. Let- Brévier, **Alain Gau-Gervais et sinistre : Afrique bouffonne, ca- de Claude Genova, un parrain On n’oubliera pas les his-
tres à hélice. Plus facile de se payer ***Guy Chapuis. ricatures de personnages, dia- ALORS QUE des collègues connu pour refaire les genoux toires de ripoux : ces inspec-
une toile du fils. – VI. Passerai logues de carabins. Un défilé croupissent dans la paperasse de ses ennemis à la perceuse, teurs pilleurs de bijouterie (en
de mode, sans personne pour de commissariat, ils prennent et l’arrestation, en 2016, tout 1985) ou complices des trafi-
SOLUTION DU PROBLÈME No 1489 habiter ces costumes délirants. le crime au collet. Et guerroient en douceur, d’une bande de quants de cocaïne clients du
HORIZONTALEMENT VERTICALEMENT En fait, un placement de pro- contre les grands voyous, les papys auteurs du saucisson- restaurant Les Muses, dans le
duits, du joaillier Bulgari aux Zemmour, les Hornec, les nage de Kim Kardashian. La quartier parisien du Palais-
I. TABELLION. – II. EMANE. LEA. 1. TELETRAVAIL. – 2. AMATI. Ferrara. vedette de la téléréalité s’était Royal (en 1993).
– III. LARGUEE. – IV. ETAL. PIEU. PIGNE. – 3. BARA. STRESS. stars du R’n’B et du hip-hop.
On rêve de ce qu’un Sacha Les nombreux entretiens que fait dérober l’équivalent de Elles ternissent un brin le
– V. TI. ABETIR. – VI. SCALENE. – 4. ENGLACEE. IB. – 5. LEU. BAR-
Baron Cohen aurait pu faire les auteurs, tous deux journa- 9  millions d’euros de bijoux bilan, ces flic scories…
– VII. APTERE. SM. – VIII. VIREZ. ZANI. – 6. EPELE. NUE.
d’un tel « Borat ». – S. Ch. listes, ont mené avec des flics dans un hôtel de luxe parisien. J.-F. J.
STO. – IX. AGE. ANIER. – X. INSI- – 7. ILEITE. SIAN. – 8. OE. de la brigade de répression du Plus complexe, l’interpella-
NUAIT. – XI. LESBIENNE. EINSTEIN. – 9. NATURE MORTE. . Amazon Prime. banditisme (BRB) sont autant tion, en 2000, d’un gang qui, . Le Cherche Midi, 234 p., 18 €.

6 – « Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021


. UNE TOUCHANTE attention à
Radio France : le 1er mars, jour
de la condamnation de Sarkozy
à un an de taule, Frédéric Jouve,
le directeur des programmes et
de la musique du réseau France
Bleu, a fait ajouter dans les
playlists de la radio trois chan-
sons de Carla Bruni qui ont dû
réchauffer le cœur de son Nico-
las : « Le Plus Beau du quar-
tier », « Stand by Your Man »
et « Mon Raymond ».
Les programmateurs de
Radio France savent ce qu’il leur
reste à faire le 17 mars, jour de
l’ouverture du procès Bygma-
lion et du retour de Sarko de-
vant des juges !
. POUR FRANCE 3, les visites
en région de M. le Ministre de
l’Economie sont toujours un plai-
sir. Lors d’un déplacement de
Bruno Le Maire à Vesoul le
19 février, la préfecture de la
Haute-Saône a décroché d’une
fort belle manière un direct dans
le journal de midi, suivi d’un re-
portage dans l’édition du soir
de France 3. Voyant que les
confrères locaux ne comptaient
pas, initialement, donner un
écho démesuré à la visite mi-
nistérielle, la préfecture les a
tout bonnement menacés, s’ils
n’y mettaient pas une meilleure
volonté, d’annuler un tournage
prévu avec la gendarmerie dans
le cadre d’une série de repor-
tages de France 3.
Pour le rayonnement de
Le Maire, les préfets n’y vont
jamais à l’économie !
. RMC confirme son statut de
radio du sport, avec un match
« Jean-Jacques contre Apolline »
de toute beauté. A notre droite,
dans une interview au
« JDD » (7/3), le galant Bourdin
dézingue sa partenaire qui l’a
remplacé à la matinale et qui
représenterait l’« entre-soi
parisien », selon cet expert ;
tandis que, à notre gauche, la
jeune et douce Malherbe, nous
narre « Le Parisien », fustige les
« attaques misérables » de son
prédécesseur.
Le match fera bientôt plus
d’audience que les émissions
des deux belligérants réunis.
1,50 € (TVA 2,10 %)
T 01.42.60.31.36
redaction@lecanardenchaine.fr
173, rue St-Honoré - 75001 Paris
www.lecanardenchaine.fr
SAS Les Éditions Maréchal-
Le Canard enchaîné
Capital : 100 000 € (durée : 99 ans)
Président : Michel GAILLARD.
Directeur général délégué
et directeur de la publication :
Nicolas BRIMO.
Principaux associés :
Michel GAILLARD, André ESCARO,
Nicolas BRIMO, Erik EMPTAZ
et des salariés du journal.
Rédacteurs en chef :
Erik EMPTAZ, Jean-François JULLIARD.
Fondateurs :
Maurice et Jeanne MARÉCHAL.
Anciens directeurs :
R. TRÉNO et André RIBAUD.
Composition : Publications-Élysées, Paris.
Impression : P.O.P., Paris - M.O.P.,
Vitrolles, C.I.L.A., Heric, Nancy-Print.
Diffusion : France Messagerie.
No CPPAP : 0123 C 82612 - ISSN 0008-5405
Les manuscrits et documents
non utilisés ne sont pas restitués.
T 01.42.60.75.16
abonnements@lecanardenchaine.com
Sur notre site :
www.lecanardenchaine.fr
Par courrier :
45, avenue du Général-Leclerc
60643 Chantilly Cedex
FRANCE MÉTROPOLITAINE
1 AN
– Formule papier
60, 00 €
– Formule papier + numérique
72, 00 €
– Formule numérique
50, 00 €
– Formule intégrale
92, 00 €
(Edition papier + numérique et Les Dossiers)
POUR LES AUTRES PAYS
Nous consulter ou rubrique
FAQ sur notre site
SYRIE : BACHAR ET SA FEMME ONT LE COVID
Docteur Folamour
OICI l’histoire d’un
V
jeune ophtalmologue, ti-
mide et éclairé, devenu
en 2011 le bourreau de son
peuple.
En 1993, le médecin qui rê-
vait d’ouvrir les yeux aux
aveugles travaille dans un hô-
pital de Londres. Le garçon de
28 ans est affable, bon cama-
rade. Pour se détendre, il
écoute Phil Collins et se pro-
mène dans la rue. Chaque
matin, une voiture le dépose
au travail. Il est issu d’une fa-
mille riche, supposent ses col-
lègues du bloc opératoire. C’est
tout.
Mais, un jour, c’est la stu-
peur. Une femme arabe, qui
vient se faire soigner, défaille
en croisant le jeune médecin
en blouse verte. Elle se préci-
pite vers lui et lui baise les
mains avec ferveur. L’autre est
très embarrassé. Devant la sur-
prise de l’assemblée, il s’excuse
presque. « Je suis le fils du pré-
sident de la Syrie », balbutie
Bachar El Assad.
Cette enquête sur la dynastie
Assad est unique et passion-
nante. Nourrie de témoignages
– anciens proches de Bachar,
transfuges des services syriens
ou diplomates occidentaux –,
elle raconte la lutte féroce pour
le pouvoir au sein de la famille
régnante. Et, si l’intrigue se
passe à Damas, c’est Dallas
(« [s]on univers impitoyable »)
qui irrigue chaque épisode.
Famille de sang
Le premier à quitter la scène,
c’est Bassel, le fils préféré de
Hafez El Assad, promis à sa
succession à la tête du pays.
Accident de voiture en 1994.
Qui, alors, pour prendre la
suite ? Hafez avait secrètement
pensé à Bouchra, sa fille chérie.
Mais une femme à la tête d’un
pays arabe était inconcevable.
Maher, son plus jeune enfant ?
« Un fou », affirment tous les
témoins. Rifaat, son frère ? Ja-
mais. C’est l’homme des com-
plots. Il le paiera par le ban-
Batteries sélectives
Dans « Midi libre » (17/2) :
« Le projet prévoit de fabri-
quer 55 000 tonnes de batteries
lithium lion… »
Ces batteries lithium-ion
font-elles davantage rugir le
moteur dans la savane ?
Produit de l’amer
Dans «  Le  Progrès  »
(26/2) :
«  Au menu, trois plats
chauds au choix avec de la
viande, du poison… »
Il est pas frais, mon poisson
au mercure ?
PAS DE REPORT DES ASTRA
LU : « Véran agit dans deux vac-
cins. » Il va envoyer un pli destiné aux
soignants qui piquent et parfois trai-
tent, et parler de ses légions de vaccins.
– Trop de facs sont mouillées et Vidal
refuse les dures luttes, elle a déjà
tonné. – Bachelot admire les mimes
qui se déchaînent tout en manquant
de fric en tournée.
. et hipokhâgne », il eût mieux
LECTEURS : « Sans toi, c’est une
dure lutte. » – « Y a du thon pour la
bouffe. » – « Marine dépouille. » – « Ma-
chine en pente. » – « Un dogue niché a
mal. » – « Ces messes sont fétiches*. »
– « Otez l’épuisette avant les nasses. »
– « Un vrai pro, ce Mack Sennett ! » –
«  Non aux prix qui chauffent  !  » –
« Chutes pour des Pinocchio. »
.
LU : « Le pape attire les foules. » –
« Les flics emballent trop, finalement. »
– « Ici, brasse et pétanque. » – « Lattès
manque de fric. » – « Trop de cochons
infectent des nids vides. » – « L’hôtesse
qui a plein de restes dans ses fûts pro-
pose de la potée et des fripes. » – « Le
fond de l’Erèbe n’est pas un creux de
cuvette. »
* Permutation circulaire de consonnes.
nissement et l’exil. Reste son
docteur de fils, celui qui avait
décidé de consacrer sa vie à
l’aveuglement.
Voilà Bachar El Assad, qui
avoue déjà regretter l’hôpital,
obligé d’endosser l’uniforme
guerrier de son père. Trente
ans de pouvoir à reprendre. La
Syrie rêve de réformes ? Il pro-
met de «  rendre l’espoir au
pays ». Malgré Anissa, sa mère,
qui craint que ce fils trahisse
l’héritage de son père. De l’avis
de tous, elle est l’intransigeance
des Assad. La plus dure du
clan. Le fantôme de son mari
en étendard, elle chaperonne
sèchement son fils.
Bachar n’est pas prêt pour
cette charge. Il est gauche, ne
regarde personne dans les
yeux, cache sa bouche lorsqu’il
rit. Avec Asma, sa femme, an-
cienne banquière d’affaires
chez JPMorgan, il va tenter de
séduire. Et d’abord l’Occident.
En offrant aux magazines
l’image d’une famille moderne.
Mais, le 11 septembre 2001,
tout s’effondre. Appelé à s’allier
au combat contre le terrorisme,
Assad répond au Premier mi-
nistre britannique, Tony Blair,
que le seul terroriste c’est Is-
raël. Consternation. Fils de son
père. La machine à broyer s’est
remise en marche.
Le bon docteur fait libérer
des centaines d’islamistes sy-
riens emprisonnés, pour ba-
tailler contre les troupes US en
Irak – des djihadistes qui re-
viendront au pays pour le com-
battre. Il punit sauvagement
le Liban en quête de liberté. Et,
lorsque son propre peuple, sou-
levé par le printemps arabe, ré-
clame les réformes promises, il
lui déclare la guerre.
Un jour que sa fille lui de-
mande en quoi consiste le
métier de président, Bachar El
Assad lui répond : « J’essaie
d’aider les gens.  » Bien vu,
l’aveugle !
Sorj Chalandon
. « Assad, la dynastie de l’hor-
reur », documentaire de Nick Green
en trois parties, les 15, 16 et 17/3,
à 20 h 30 sur LCP.
Aperçu dans « L’Yonne ré-
publicaine » (17/2) :
«  Planté sur la place de
Gland, le petit bâtiment de la
station de pompage faisait un
peu tache… »
Inutile d’en rajouter.
Lu dans « Le Progrès », édi-
tion de Dole (25/2) :
« Une femme coupée en deux
dans une scierie (…). Son pro-
nostic vital est fortement
engagé. »
Un constat très incisif.
Pan(s) sur le bec !
Dans son article « Une pou-
belle toxique et personne pour
la vider ! » (17/2), « Le Ca-
nard » est allé plus vite que le
préfet du Gard. Celui-ci avait
indiqué qu’il ferait appel d’une
décision de justice enjoignant
à l’Etat de nettoyer la pollu-
tion provoquée dans plusieurs
villages par le géant belge
Umicore. Or le Palmipède a
annoncé que l’appel était déjà
prononcé.
Dans « Le Canard » (3/3) le
défunt écrivain Ponthus est
censé être passé par « khâgne
valu écrire, dans l’ordre : hy-
pokhâgne et khâgne.
Un ministre du Front po-
pulaire est nommé « Max Dor-
moy  », il s’agit bien sûr de
Marx Dormoy, assassiné en
1941, une lettre qui fait une
différence Kapitale !
Enfin, Trump est supposé
avoir pris un traitement inno-
vant « conçu par le laboratoire
Eli Lilly », alors qu’il a pris
celui élaboré par Regeneron.
Les coupables réunis, fai-
sant profil bas, sont condam-
nés à offrir une tournée de
haut-médoc !
L’adjoint-venture
Le premier adjoint est persuadé que son association avec Anne Hidalgo
la mènera à l’Elysée et lui, à sa place, à la Mairie.
E FUTUR MAIRE de
L
Paris, c’est lui. Il en
parle volontiers, oui,
bien sûr, c’est pour 2026. Vous
savez, cinq ans, c’est vite
passé. Et puis, il suffit
qu’« Anne » entre à l’Elysée,
une simple formalité, et tout
peut s’accélérer. Il se sent
prêt… « La Mairie, c’est désor-
mais une perspective que je ne
m’interdis pas d’envisager »,
glisse-t-il, sans trop rire. En
attendant ce grand jour, il vit
sa première épreuve du feu.
Pas terriblement à l’aise, Em-
manuel Grégoire, quand il lui
a fallu expliquer péniblement
que le confinement de trois se-
maines à Paris, lumineuse
idée de la Mairie, n’était
qu’« une hypothèse ». Ah bon.
Il s’est même permis d’être
catégorique lors de sa confé-
rence de presse, la gorge légè-
rement nouée : « Ce n’est pas
une demande de notre part, ça
ne l’a jamais été, mais une hy-
pothèse que nous souhaitons
mettre sur la table. » Regards
amusés dans l’assistance. A
l’Hôtel de Ville, on explique
charitablement que cette his-
toire de confinement n’est
qu’«  une boulette d’Emma-
nuel ». « En voilà une bonne
blague ! Emmanuel n’a jamais
pris un risque de sa vie. Quand
il dirigeait la fédération PS de
Paris, il était toujours dans la
LE RENDEZ-VOUS HEBDOMADAIRE DE JEAN CASTEX
OILÀ deux ans, David
V Murgia faisait salle
comble un mois durant
au Théâtre du Rond-Point avec
« Laïka », pièce écrite et mise
en scène par Ascanio Celestini.
Ce vendredi 5 mars, l’acteur
joue une autre pièce écrite et
mise en scène par le même. La
salle, immense, 1 200 places,
est vide : seuls spectateurs, une
poignée de journalistes et de
directeurs de salle. Lesquels
sortent à midi trente de cette
unique représentation, saoulés,
titubants, ravis, émus. Cette
pièce est formidable.
Sur scène, deux hommes.
L’un, David Murgia, nous fait
Ionesco Suite
N AVAIT OUBLIÉ que Io-
O nesco était aussi bizar-
roïde et noir. Le metteur en
scène Emmanuel Demarcy-
Mota s’est emparé d’extraits de
pièces connues et moins
connues, tels « Jacques ou la
Soumission  » et «  Délire à
deux », et les a réunis dans un
spectacle qui regorge de dis-
putes et de scènes de ménage.
Fureur verbale, mots détour-
nés, gags burlesques, fulgu-
rances poétiques se déchaînent
lors d’un repas de famille ou
d’une fête de mariage.
Installés autour d’une longue
table, les personnages, qu’in-
carnent les sept comédiens
(dont deux actrices) de la
troupe du Théâtre de la Ville,
Atine
(Persana grata)
N PERSAN ANCIEN,
E atine signifie « réunies »,
et aussi « inédit », ce qui cor-
respond aux intentions de ces
cinq musiciennes. Riches de
leur parcours dans le jazz, le
flamenco et la musique ba-
roque, elles donnent désormais
à entendre des compositions
subtiles et colorées du classi-
cisme persan. Aux effets ryth-
miques et mélodiques du târ
(luth à très long manche), joué
par Sogol Mizraei, se marient
les ornementations du qânun,
cithare aux cordes pincées
– par Christine Zayed – d’une
Emmanuel Grégoire
ligne, c’est tout sauf un aven-
turier. Il n’a jamais bougé une
oreille quand il bossait au ca-
binet d’Ayrault, ni avant, chez
Delanoë. Toute sa stratégie a
été de devenir le type qu’on ne
voit pas arriver. Et, là, une fois
de plus, il a été totalement fi-
dèle à ce qu’Anne Hidalgo lui
avait demandé : tout avait
été calé, mûrement pesé.
Quand Hidalgo a vu les mo-
queries et les quolibets, elle
l’a obligé à manger son cha-
peau et à rétropédaler tout
seul, c’est tout à fait sa façon
de faire », raconte un parle-
mentaire socialiste.
Son grand pari
On ne peut pas exclure que
la maire de Paris ait pris une
certaine volupté à taper avec
vigueur sur le museau de son
premier adjoint. Car le cher
Emmanuel, arrivé il y a vingt
ans au PS pour soutenir Jos-
pin, bosseur, arrangeant,
« pas sectaire », comme le
décrit Jeanne d’Hauteserre,
la maire LR du VIIIe arron-
dissement, a, depuis quelque
temps, une fâcheuse tendance
à se découvrir. Dauphin auto-
proclamé, il avait déjà un peu
étonné en raison de certaines
déclarations lors de la cam-
pagne municipale, faisant
Pueblo
(Scène de rue)
face, collier de barbe noire, œil
vif et débit torrentueux, il parle
et parle et parle encore, c’est à
peine s’il s’interrompt pour se
désaltérer, chanter un bout de
chanson, agiter une lampe de
poche. L’autre, Philippe Orivel,
au fond d’une cabane, joue du
piano et de l’accordéon. So-
briété, intensité, magie.
Ce que raconte l’acteur, c’est
une histoire qu’il invente,
semble-t-il, au fur et à mesure
s’aiment et se déchirent, se
marrent et s’émerveillent de
tout, s’entretuent et se posent
des questions insolubles du
genre : le limaçon et la tortue
sont-ils identiques ?
Bonne nouvelle : ce vendredi,
à 14 heures et à 21 heures, le
spectacle se rejoue en direct sur
la chaîne YouTube du Théâtre
de la Ville. Du virtuel, donc, en
attendant la réouverture du
Théâtre de la Huchette. Le re-
paire de Ionesco, où, le 30 oc-
tobre, jour de la fermeture des
théâtres, «  La Cantatrice
chauve  » en était à sa
19 301e représentation !
M. P.
. Vu sur «  theatredelaville-
paris.com ».
étonnante richesse sonore.
Dans un souci d’équilibre, la
viole de gambe vient moirer ces
arrangements –  Marie-Su-
zanne de  Loye s’y emploie.
Quant à l’agilité de Saghar
Khadem au tambour tombak,
elle est à tomber. Ainsi entou-
rée, la chanteuse Aïda Nosrat
fait merveille, et l’on se prête
à rêver que chez nous perce le
chant persan.
A. A.
 « Atine – Festival Au fil des
voix », sur YouTube (enregistré le
27/2). CD « Persiennes d’Iran », Ac-
cords croisés/PIAS, 14,99 €.
montre d’un complexe de su-
périorité fortement ancré  :
« On tente de densifier le débat
dans cette campagne, de re-
hausser le niveau de jeu. A vrai
dire, nous sommes surpris du
niveau d’amateurisme : on s’at-
tendait à être challengés, à de-
voir aller plus loin, mais rien. »
C’est lui qui s’occupe du dos-
sier du Grand Paris, et, par
une heureuse coïncidence, « Le
Journal du Grand Paris » lui
a consacré un portrait fort cri-
tique, le 23 décembre : « Il a
l’art de séduire par sa bien-
veillance, sa rigueur et son pro-
fessionnalisme  », mais, il
convient de ne pas l’oublier,
« il allie une gentillesse spon-
tanée à une prédisposition
pour la joute politique, doublée
d’une capacité d’adaptation,
acquise par un travail
acharné ». Et, enfin, la sur-
prise pas du tout attendue :
« Il se prépare à la conquête de
la Mairie en 2026. »
qu’il la raconte, tout simple-
ment parce qu’il a vu derrière
une fenêtre deux femmes, l’une
vieille et l’autre jeune. Il ima-
gine leur vie, et c’est tout un
monde qui par sa bouche
s’anime, une caissière de su-
permarché, une clocharde qui
ne fait pas la manche, un Gitan
de 8 ans qui fume, un manu-
tentionnaire africain, une te-
nancière de bar, bref : des gens
pas essentiels pour un sou qui
En attendant l’Odéon
B EAU COUP de com’ : la
ministre Roselyne Bache-
lot a fait une visite surprise à
l’Odéon, qu’occupent depuis
jeudi 4 mars des acteurs de la
culture excédés par l’intermi-
nable fermeture des théâtres,
musées, cinémas, etc. Bilan de
cette visite ? Rien. Un tweet :
elle «  comprend les inquié-
tudes » des occupants. Elle s’est
engagée à « essayer » de gagner
de nouveaux arbitrages. Du
vent, du flou, de l’enfumage.
S’en souvient-on ? Voilà un
mois, son ministère se félicitait
d’avoir préparé un fort beau
tableau sur la réouverture gra-
duée (et prudente) des lieux de
culture, en concertation avec
les syndicats (« Le Canard »,
10/2). L’ACDN, l’Association
des centres dramatiques na-
HOMMAGE À PATRICK DUPONT, LE DANSEUR ÉTOILE DISPARU
« Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021 – 7
En 2014, il hérite du porte-
feuille des ressources hu-
maines de la Ville de Paris. Il
en parle alors, des sanglots
dans la voix : « J’ai appris
l’importance de l’administra-
tion parisienne, car ce sont
les agents que voient les Pa-
risiens, ce ne sont pas les élus
qui balaient les rues. » Au-
jourd’hui, Manu se lâche un
peu plus sur son « intérêt »
pour le poste, pourtant clé :
« C’était chiantissime, chro-
nophage et sans visibilité mé-
diatique. Tout le monde a re-
fusé, et, à la fin, c’est bibi qui
a dit oui. »
Futur Anne-ex
«  Bibi  » s’attaque au-
jourd’hui à un dossier avec
plus de « visibilité média-
tique » : l’aménagement de
l’espace et le changement
du mobilier urbain pari-
sien. Il a des idées très ar-
rêtées sur la question  :
« Nous sommes en train de
passer de la logique d’une na-
ture esthétique à celle d’une
nature fonctionnaliste. » C’est
vrai que, l’esthétique, c’est
très petit-bourgeois. « Tous ces
débats sont tout de même assez
ubuesques », raconte un par-
ticipant à plusieurs réunions
de réflexion. « C’est un truc
d’intellos totalement déconnec-
tés, qui parlent doctement de
“concours sur des objets toté-
miques dans l’espace public”,
ou d’“espace genré”, comme si
c’était la priorité à Paris, qui
doit affronter l’insécurité et la
misère qui s’installent dans
certains quartiers », poursuit
le même.
Quand on l’interroge sur ses
relations avec Anne Hidalgo,
qui avait juré de ne pas se pré-
senter en 2022 avant d’enta-
mer des tournées en province
sur le mode « Ce que j’ai fait
pour Paris, je le ferai pour la
France », il répond : « Sa suc-
cession, c’est Anne elle-même
qui m’a incité à y penser, elle
est dans la transmission. » Il
y croit donc, quelle fraîcheur.
Anne-Sophie Mercier
nous deviennent infiniment
proches…
Celestini a ce don du conteur
qui sait emporter l’auditeur,
toucher son humanité avec
tact, et finesse, et des trouées
poétiques, et cette générosité
de celui pour qui le plus
humble des personnages est
riche d’un monde inépuisable.
David Murgia dit ces mots
comme s’ils lui venaient, là, à
l’instant. Et 1 200 fantômes de
spectateurs applaudissent à
tout rompre.
Jean-Luc Porquet
. Vu au théâtre Jean-Vilar,
à Vitry-sur-Seine.
tionaux, vient de le recon-
naître, ce beau tableau n’a
servi à strictement rien : « Rien
n’a réellement été entrepris par
le gouvernement pour accom-
pagner la reprise de notre ac-
tivité, même partielle. » Cela
fait plus de quatre mois que
tout est à l’arrêt et qu’aucune
expérimentation n’a été menée
nulle part.
« Moi aussi, j’aimerais bien
qu’on m’occupe… » dit cette di-
rectrice de salle. Et de rêver
que tous les théâtres soient
pris d’assaut par les gens de la
culture. Bachelot multiplierait
les visites surprises. Et il ne
se passerait rien. Mais ça se-
rait du pur Beckett : enfin du
vrai théâtre de l’absurde à la
portée de tous !
J.-L. P.
 Le stade Vélodrome
transformé
en vaccinodrome
Après l’OM…
Directeur : Nicolas BRIMO.
C E N’EST PAS encore
l’euphorie à la Bourse de
Paris (on craint une remontée
des taux d’intérêt et un peu
d’inflation aux Etats-Unis),
mais « les fleurons français de
l’industrie ont bien résisté »,
se félicite « Le Figaro » (5/3).
La chute des bénéfices s’élève
quand même, au total, à
38 milliards d’euros. Mais les
dividendes repartent à la
hausse (« Le Monde », 5/3)
– 32 des 37 sociétés du célèbre
CAC 40 ont déjà claironné la
bonne nouvelle. Et le « ruis-
sellement » va reprendre de
plus belle, car « Le Figaro »
annonce encore « de nouveaux
dispositifs pour aider les en-
treprises à rebondir ».
Si, avec tout ça, il y a encore
des grincheux, c’est vraiment
à désespérer.
SARKO ÉVINCÉ
PAR LA JUSTICE…
LʼAVIS DE LARCHER :
D U CÔTÉ des vignerons
français, c’est le prin-
temps : le gentil Biden a décidé
de suspendre la surtaxe de
25 % appliquée, du temps du
vilain Trump, sur les importa-
tions de vins européens aux
Etats-Unis. Certes, cette sus-
pension ne durera que quatre
mois, le temps de poursuivre
les négociations pour mettre
fin au conflit qui oppose depuis
des années Européens et Amé-
ricains au sujet des subventions
déguisées dont bénéficient
Boeing et Airbus.
Les vignerons ne sont évi-
demment pour rien dans cette
histoire d’avions, mais ce sont
eux qui trinquent.
. insurrection pacifique. Et fémi-
L ES INITIATIVES et les ap-
pels (y compris à Macron)
se multiplient en faveur d’un
rapatriement des dizaines d’en-
fants de djihadistes français,
parfois orphelins, encore coin-
cés en Syrie dans des camps
tenus par des Kurdes. Même
« Le Figaro » (3/3) s’y met et
souligne qu’« experts de l’an-
titerrorisme, avocats et élus
alertent le gouvernement sur
l’urgence de choix straté-
giques ». En vain, pour
l’instant. Ce n’est pas le cas
de la Belgique, qui, écrit
« Le Monde » (3/3), « va rapa-
trier les enfants de djihadistes
détenus en Syrie ».
Tant qu’à faire, la Belgique
devrait aussi s’occuper des
nôtres.
. sur la partie inférieure du corps
L A RÉPRESSION des frau-
des va peut-être s’intéres-
ser, selon « Le Parisien » (6/3),
au comportement commercial
des opticiens. Ils sont « sus-
pectés de ne pas jouer le jeu »
du dispositif « reste à charge
zéro » promis par Macron en
2017 et mis en place du temps
d’Agnès Buzyn.
« Les lunettes 100 % rem-
boursées [seraient] vues d’un
mauvais œil », ironise le quo-
tidien, qui ajoute que « seuls
14 % des montures et 12 %
des verres » ont été vendus
dans les conditions prévues par
le gouvernement.
Précision : les mutuelles, dès
le début de cette affaire, il y a
trois ans, avaient prédit que le
100 % gratuit était quasiment
impossible à tenir.
Ça n’est pas grave : par ces
temps de Covid, le port du
masque provoque chez les
myopes une désagréable buée
sur les carreaux, qui les
conduit à se passer de lunettes.
8 – « Le Canard enchaîné » – mercredi 10 mars 2021
LES CHIFFRES ET LES LETTRES
Le Sarko condamné
n’était pas Sarko
H, SI LES FRANÇAIS qu’un simple citoyen, 22  % Eric Piolle que le monde entier
A avaient pour Sarko les moins bien. L’ex doit encore tra-
yeux de Carla ! «Quel achar- vailler sa plaidoirie pour espérer
nement insensé, mon amour… convaincre en appel.
Le combat continue, la vérité Mais, d’ailleurs, a-t-il vrai-
fera jour », glisse-t-elle, le ment été condamné en première S ont le moral en berne, sué sur son vélo d’apparte- de rassembler un « arc hu-
1 mars, sur son compte Insta- instance ? La question se pose à l’écologiste Eric Piolle n’est pas ment en avalant un documen- maniste» qui va des Insoumis
er
gram, sous une photo d’elle et
lui, les yeux dans les yeux, front
contre front, alors que son époux
vient d’être condamné à trois ans
de prison, dont un ferme, pour
corruption et trafic d’influence.
Le surlendemain, alors que l’ex-
président surjoue l’innocence
sur TF1, elle récidive : «A tes
côtés pour toujours», sous une
image de Marianne la larme à
l’œil, un dessin faisant référence
aux attentats du 13 novembre
2015. La République pleure-t-
elle l’«indignité» faite à son
ancien président ?
Les internautes dénoncent
l’impudeur. Amoureuse mais
pas téméraire, Carla retire son
message. A toi, pas pour tou-
jours ? La chanteuse sait ména-
ger son public. Interrogés par le
« JDD », les sondés ne voient
pas en Sarko une victime de la
justice : 50 % pensent qu’il est
«mieux traité» par les juges
Les cordes à linge
vous saluent bien
LS TIRENT à vue. Choisis-
IFouillent
sent leurs cibles. Exécutent.
les habitations pour
trouver des protestataires. Sè-
ment la terreur. Arrêtent à tour
de bras. En face d’eux, une vaste
nine. La première victime était
une jeune femme de 19  ans,
abattue d’une balle dans la tête.
Une soixantaine d’autres per-
sonnes ont été tuées. Et plus de
1 800 arrêtées. Mais les mani-
festations se poursuivent quoti-
diennement en Birmanie. Le
coup d’Etat de la junte militaire,
qui a chassé du pouvoir Aung
San Suu Kyi le 1er février, ne
passe décidément pas.
Pour entraver l’avancée des
militaires putschistes, les mani-
festantes birmanes recourent à
un joli stratagème : elles suspen-
dent leurs jupes ou leurs sous-
vêtements en hauteur. Selon une
croyance très ancrée, un homme
qui passe sous des habits portés
de la femme perd sa virilité, et
voit les pires malheurs s’abattre
Grèce de la faim
IMITRIS KOUFONTI-
D NAS, 63 ans, est en danger
de mort. Il entame ce mercredi
matin son 62e jour de grève de
la faim, dans un hôpital du
centre de la Grèce. L’ancien
chef de l’Organisation révolu-
tionnaire du 17-Novembre
(marxiste-léniniste), groupe res-
ponsable de l’assassinat de
23 personnes entre 1975 et 2002
– dont l’ancien chef de la CIA
en Grèce, des Turcs et des mi-
litaires américains –, avait été
condamné onze fois à la prison
à vie en 2003.
Longtemps incarcéré au
centre pénitentiaire de Korry-
dallos, en banlieue d’Athènes,
l’activiste avait ensuite été
transféré dans une prison agri-
cole. Avant qu’une loi, votée en
La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas.
et sa famille nous envient
I CERTAINS politiques 6 heures du mat, «après avoir Il n’en doute pas, il a la capacité
la lecture du jugement rendu par
la 32e chambre correctionnelle
du tribunal de Paris. Page 251
du délibéré, elle déclare «cou-
pable » un certain Nicolas
«  SARKOSY DE NAGUY-
BOSCA », « Sarkosy » avec un
« s » au lieu d’un « z », « Na-
guy » presque comme l’anima-
teur qui taratatate et « Bosca »
avec des consonnes inversées.
Huit lignes plus loin, toujours
sur la même page, elle «con-
damne » un certain «  SAR-
KOSY DE NAGY-BOSCA »,
«Sarkozy » toujours avec un
« s », la particule toujours ca-
viardée. Résultat, l’ancien pré-
sident de la République Nicolas
Sarkozy de Nagy-Bocsa, lui, n’a
jamais été condamné. Et pas da-
vantage Paul Bismuth. A force
de prêter à Sarko plus de noms
d’emprunt qu’il en avait, les
juges ne savent plus comment il
s’appelle… J.-M. Th.
sur lui. Les soldats passent donc
leur temps juchés sur des échel-
les à essayer de faire tomber des
cordes à linge ces pièces de tissu
maléfiques (« Libé », 9/3).
Ça ne suffira pas, évidem-
ment. Tout comme ne suffiront
pas les protestations internatio-
nales d’usage. Le secrétaire gé-
néral des Nations unies a appelé
à la « retenue générale ».
L’Union européenne et la
Grande-Bretagne (ancien pays
colonisateur, comme l’a raconté
George Orwell dans « Une his-
toire birmane  »), ont fait de
même. Total, le champion du
CAC 40, implanté depuis long-
temps en Birmanie, s’est dit
«préoccupé par la situation».
« Nous sommes habitués
aux sanctions», ont ricané les
chefs de la junte à l’envoyée spé-
ciale de l’ONU. En 1988, l’ar-
mée birmane écrasait le mouve-
ment prodémocratie en tirant
aveuglément. Plus de 3 000 ma-
nifestants massacrés. Il y a de la
marge.
J. L. P.
décembre 2020, interdise aux
condamnés pour terrorisme de
bénéficier d’un tel aménage-
ment de peine. Un texte sur me-
sure, qui ciblait en priorité le
détenu d’extrême gauche.
Koufontinas est alors en-
fermé dans une centrale de
haute sécurité. Il demande à ré-
intégrer l’établissement dans le-
quel il avait déjà purgé seize an-
nées de détention. Refus des
autorités grecques. Et début de
la grève de la faim, le 8 janvier.
Un jeûne dur, à l’irlandaise,
comme celui qui a emporté
Bobby Sands et ses neuf cama-
rades, il y a quarante ans.
Une revanche, car « 17-N »
a aussi assassiné un député de
droite, Pavlos Bakayoannis, qui
n’est autre que le père de l’ac-
… l’Olympiqûre
de Marseille ?
Rédacteurs en chef : Erik EMPTAZ, Jean-François JULLIARD.
Le sport continue à Canal
INCENT BOLLORÉ et la direction de tion. Qu’elle lui fasse savoir qu’elle regrette.
V Canal Plus sont de grands seigneurs. Ils
ont accepté que se tienne, ce mercredi 10 mars,
Et vienne lui baiser la bague ? Tout cela au nom
de la «loyauté» et des «intérêts communs»
un comité social et économique (CSE) extra- du groupe, qu’elle n’aurait pas respectés.
ordinaire sur le boxon qui règne au service des Venant de la part d’un patron qui vient de
sports. Au menu des réjouissances : la répres- plaider coupable dans une affaire de corruption
sion qui s’abat sur les journalistes qui ont eu au Togo, la leçon de loyauté n’en est que
l’outrecuidance de signer une pétition interne. meilleure. Bolloré a reconnu avoir soutenu fi-
Rappelons que tout a commencé par une pa-
rodie sur Internet de la dérive droitière de l’émis-
nancièrement des campagnes présidentielles
pour décrocher des concessions portuaires. Il ItionsLquiN’Ycitoyennes
A PAS que Macron
imagine des « conven-
» et autres
sion de Pascal Praud, « L’Heure des pros » y a des procès et de très lourdes amendes à la
« panels » plus ou moins bidon
(CNews), qui a valu à l’un de ses auteurs, Sé- clé. Le genre d’acte de loyauté qui ne menace pour justifier ses décisions.
bastien Thoen, un licenciement. Mais ça n’était pas du tout l’intérêt commun du groupe et de Ainsi, l’adjoint aux transports
pas suffisant… Un journaliste de la maison, ses collaborateurs. d’Anne Hidalgo a annoncé
Stéphane Guy, a osé lui témoigner son soutien, C’est d’ailleurs sur ce même Togo que la mercredi dernier les « conclu-
il a été limogé à son tour. Mais il en fallait en- loyauté de Bolloré avait déjà sévi. Il y a trois sions des états généraux du sta-
core… Une pétition pour Stéphane Guy a été ans, Canal Plus avait supprimé un reportage tionnement », qui, paraît-il,
lancée, trois pigistes signataires ont été virés sur la répression du régime, avant de proposer avaient lieu depuis quatre mois
illico. Toujours pas assez… Des titulaires qui un autre sujet promotionnel sur ce même ré- (« Le Parisien », 4/3).
ont également mis leur nom sur la pétition ont gime, tellement malhonnête que le CSA s’était « 70 000 places rendues aux
été placardisés, d’autres poussés vers la sortie. étranglé. cyclistes, écrit le journal. La
Mairie persiste. » 70 000, c’est
Mais, à Canal, c’est toujours plus ! Une pétition de soutien au loyal Bolloré,
Désormais, Bolloré exige que la vermine pé-
titionnaire s’excuse. Qu’elle fasse acte de contri-
vite !
C. N.
la moitié des emplacements
dont disposent les automobi-
listes se déplaçant dans la ca-
pitale, comme ils en ont en
principe le droit. Cette fois, la
maire de Paris n’a pas démenti
son adjoint, comme elle l’avait
fait avec le premier d’entre
eux, Emmanuel Grégoire, lors-
qu’il avait réclamé un confine-
ment de trois semaines.
On la comprend : le préposé
aux transports, David Belliard,
étant le chef de file du groupe
de ceux-là. Interrogé par taire ou un épisode de “Game aux écolos du PS. Bien sûr, tant EELV au conseil municipal, Hi-
« L’Obs » (4/3), qui lui consacre of Thrones”». «Boulimique, de talents lui attirent des inimi- dalgo ne peut se payer le luxe
une longue enquête, il fait part, pressé, il écoute ses podcasts tiés. « Tout ce que j’entre- de le fâcher.
très tranquille, de son conten- en accéléré» et «dévore en- prends, je le réussis; d’ail-
tement d’être soi. Son destin tièrement “L’Equipe” chaque leurs, mes frères et sœurs sont SON PLUS GRAND REGRET :
présidentiel, assure le magazine, jour». jaloux.» Le parcours présiden- NE PAS SʼÊTRE REPRÉSENTÉ
«il y croit». Le maire de Gre- Et la politique ? Ça va, merci. tiel éclair de Macron lui a ouvert EN 2017
noble ne fait pas dans la fausse «Ce que j’entreprends à Gre- des horizons : pourquoi pas lui ?
modestie. L’exercice du pouvoir noble, c’est une façon de voir «Je comprends que je vais
suprême ? «Je m’en sens.» la société, que j’incarne et qui avoir une responsabilité »,
Lui aussi, comme Macron, est marche.» Ben oui, pourquoi assure-t-il.
un surhomme  : réunions à se faire des nœuds au cerveau ? Fort occupé à parler de lui,
Piolle a tout de même trouvé le
temps de faire une déclaration
DES ENSEIGNANTS ACCUSÉS DʼISLAMOPHOBIE sur l’affaire de l’IEP de Gre-
noble, où deux enseignants,
dont les noms ont été dévoilés,
sont accusés d’«islamopho-
bie» sur les réseaux sociaux,
et, de ce fait, mis en danger.
Piolle se dit «scandalisé» et
«condamne fermement». On
l’a connu plus flottant, quand il
tergiversait alors qu’une asso-
ciation locale souhaitait imposer
le burkini dans une piscine.
Désormais, Piolle «ne peut
pas se dérober », explique
« L’Obs ». Face à cette exigence, J USTE AVANT qu’un ou-
ragan épouvantable leur
à cette intense supplique popu- tombe dessus, à la fin de la
laire pour qu’il entre dans
l’arène, le sauveur de la gauche
semaine dernière, Kanaks et
Caldoches (les autochtones et
conclut gravement : «L’éthique,
c’est d’être à la hauteur des
les Européens qui peuplent la
Nouvelle-Calédonie) avaient
appris que le conflit qui oppose
événements qui vous font
face.» Et pas ramenard, avec indépendantistes et loyalistes
était en voie de règlement.
ça. A.-S. M. Il s’agissait de savoir qui allait
reprendre l’usine de traitement
de nickel (la seule richesse du
Un flic qui ne manque pas d’air « Caillou ») de Goro, dont le
groupe brésilien Vale veut se
débarrasser. C’est tout simple,
OINS D’UN AN après plus grands mouvements ayant d’une vingtaine de plaintes – et
M la  mort de l’athlétique jamais soulevé les Etats-Unis. n’a reçu qu’une ou deux lettres
George Floyd, ex-joueur de Dix mois plus tard, le policier de réprimande. L’accusation a
à en croire « Le Monde » (6/3) :
les deux camps vont se parta-
ger la gestion du site. Et les
football américain noir, s’ouvre Derek Chauvin comparaît libre, obtenu de verser six de ces an- éventuels bénéfices, avec le
à Minneapolis le procès de après avoir acquitté une caution técédents au procès, dont celui concours d’un fonds d’inves-
tissement australien et d’un né-
Derek Chauvin, le policier blanc de 1 million de dollars. Libre et raconté par la jeune Afro-Amé- gociant suisse. Ça tombe bien,
qui l’a maintenu à terre, le seul dans le box, car, malgré les ricaine Zoya Code, qui affirme le très fantasque milliardaire
genou pesant sur son cou, pen- demandes de l’accusation, le qu’en 2017 Chauvin l’avait déjà américain Elon Musk veut
dant 8 minutes et 46 secondes, juge a préféré disjoindre les pro- maintenue à terre, un genou sur « soutenir » cette opération car
tandis que Floyd répétait  : cès des trois flics qui ont aidé le cou (« Libé », 8/3). Sur les il a besoin de nickel, le « métal
«Jene peux pas respirer.» Et Chauvin à plaquer Floyd au sol 2 600 plaintes de la population du diable », pour les batteries
avertissait son tortionnaire  : et éloigné les passants indignés. de Minneapolis soumises entre de ses voitures Tesla.
«Tu vas me tuer…» Il est Il faut dire que ces trois 2012 et 2020 au contrôle in- Les Calédoniens devraient
mort étouffé pour un soupçon hommes étaient «plutôt en- terne, 13 seulement ont abouti peut-être se méfier : Musk s’in-
d’usage de faux billet de clins à charger leur collègue à des sanctions disciplinaires téresse aussi à une technique
de fabrication de batteries qui
20 dollars. en cas de comparution com- contre des policiers locaux. se passe de nickel. Et dont les
Cette mort qui en résume tant mune» (« Le Parisien », 8/3). D’où un sentiment d’impunité champions sont chinois.
d’autres a déchaîné, on s’en Le palmarès de Derek Chau- chez les flics pétant régulière- Manquait plus qu’eux.
souvient, des manifs et des vin est éloquent : en dix-neuf ment les plombs comme Derek
émeutes qui constituent l’un des ans de carrière, il a fait l’objet Chauvin. D. F.
L
.
E MAIRE d’Orléans,
Serge Grouard (LR), ne
COMMENT LA REINE RÉPONDRA-T-ELLE
AUX ATTAQUES DE HARRY ET MEGHAN ?
badine pas avec la démocratie
de proximité. « Dorénavant,
chaque Orléanais qui le sou-
tuel maire d’Athènes et le beau-
frère du Premier ministre grec.
Pas question, donc, de satisfaire
haite pourra, via un nouvel
espace d’expression, installé
sur [une] plateforme, poser
à la demande d’un homme qui une question, explique-t-il
a touché à la famille. Mais hors dans un communiqué. Le
de question qu’il meure. sujet mis en avant sera ensuite
Le gouvernement conserva- débattu lors du conseil muni-
teur grec craint que cette mort cipal. » Banco ! Sauf que la
question posée « doit cocher
n’unisse les mécontents, des plusieurs critères ». Notamment
étudiants révoltés par la création « être validée par le comité de
d’une «police universitaire» pilotage » du quartier concer-
aux frustrés du confinement né, puis être sélectionnée par
sanitaire. une « commission proximité »,
Il y a quatre jours, le gréviste avant d’être éventuellement
a été réanimé et hydraté contre choisie pour figurer parmi les
son gré. «Ce n’est pas un trai- deux questions ayant chaque
tement cruel puisqu’il est hos- mois l’honneur de remonter
jusqu’au conseil municipal…
pitalisé», s’est défendue la jus- Avec autant de filtres, pas
tice grecque (« Kathimerini », grand risque que Grouard soit
8/3). contrarié !
Et elle ne plaisantait pas, Jérôme Canard
Hellas… S. Ch.