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UNIVERSITÉ ABDELMALEK ESSAADI

FACULTÉ DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES DE TANGER

L’expropriation pour cause


d’utilité publique
Master : Droit économique et du commerce
international
Matière : droit administratif

Réalisé par :
EL OTMANI Imane
HBIAK Tawab
ZIYANI Fatima
TAHER yassir
EL KHARRAZ Hamza
EL AKEL Abde lmounim
ABDELJABBAR Jaafar
Encadré par :
Pr. CHEDDADI

Année universitaire 2015 -2016


Sommaire
Introduction: ……………………………………………………………………………….. 2
Chapitre I: concept et base juridique de l’expropriation………………………………... 4

Section 1:Le concept de l’expropriation pour cause d’utilité publique au Maroc……….... 5

1- version général du concept………………………………………………………….. 5


2-autres procédure d’appropriation …………………………………………………… 5

Section 2: Les bases juridiques du concept…………………………………………………. 7

1- les sources constitutionnelles……………………………………………………….. 8


2- les sources législatives et réglementaires…………………………………………… 9

Section 3:Condition de l’expropriation……………………………………………………. 10

1-Le but d’utilité publique…………………………………………………………... 10


2-L’objet de l’expropriation ………………………………………………………… 12
3-Les bénéficiaires de droit de l’expropriation……………………………………… 13

Chapitre II : La phase administrative ............................................................................ 16

Section 1 : déclaration d’utilité publique………….…………………………………. 17


Section 2: l’enquête administrative ………………………………………………………………….….. 18
Section 3: l’acte de cessibilité………………………………………………………………………….……. 19
Section 4 : le contrôle juridictionnel de la procédure administrative………………..…… 20

Chapitre III : la phase judicaire …………………………………………………..…. 21

Section 1: les requêtes : …………………………………………………………………………………….…. 22


2- requêtes tendant au transfert de propriété … …..……………………………….… .22
3- la fixation des indemnités……………………………………………………………………….. 23

Section 2: les voies de recours et d'exécution………………………………………………………. 25


1- les voies de recours…………………………………………………………………………………. 25
2- les voies d’exécution…………………………………………………………………………….…. 26
Conclusion………………………………………………………………………………………………………………………..…… 29

Bibliographie………………………………………………………………………………………………………………………….. 30

[1]
Introduction :

L’expropriation pour cause d’utilité publique est une procédure qui permet de
transférer la propriété d'un bien immobilier, appartenant à une personne privée,
au profit d'une personne publique, sous forme d’une cession forcée, afin de
poursuivre une action d'utilité publique et moyennant le paiement d’une
indemnité qui doit être « juste et préalable ».

Toutes les constitutions marocaines ont mis l’accent sur la protection de la


propriété privée tout en permettant sa limitation dans un but d’intérêt public et
selon les procédures prévues par la loi :

La loi peut en limiter l’étendue et l’exercice si les exigences du développement


économique et social de la Nation en dictent la nécessité.
Il ne peut être procédé à expropriation que dans les cas et les formes prévus par
la loi ». Tel est l’intitulé de l’article 35 de la nouvelle constitution
Partant de ce principe, le législateur marocain a mis en place un régime juridique
particulier à l’expropriation conciliant entre le droit du propriétaire et les
impératifs relatifs à la réalisation des projets d’utilité publique.

Le législateur en adoptant cette procédure dans le contexte d’un Etat de


droit a cherché à assurer un équilibre entre l’administration expropriante et les
propriétaires expropriés. C est ainsi que la dite administration a été soumise à
des conditions contraignantes et rigoureuses pour garantir au mieux le transfert
de propriété contrôlé par la justice. Il s’agit de la loi n° 7-81 relative à
l'expropriation pour cause d'utilité publique et à l'occupation temporaire.

Au Maroc, même si la loi 7-81 se borne à déclarer que le droit


d'exproprier est ouvert en vu d'entreprendre des travaux et opérations déclarés
d'utilité publique rien ne s'oppose à ce que la jurisprudence s'inspire de
l'évolution entamée pour épouser les nouvelles conceptions et atteindre des
justifications de pointe.

Quelle en est la base juridique de ce droit? Et quelles sont ses procédures?

Pour répondre à ces questions il est nécessaire de les traiter selon les 3 chapitres
suivants :

[2]
Dans un premier temps le concept et la base juridique de cette expropriation
pour cause d’utilité publique : éclaircir le concept et le différencier des autres
procédures similaires, fixer les bases juridiques ainsi son développement dans le
temps enfin les conditions de la procédure.

Dans un deuxième temps tracer les différentes étapes qui encadrent la procédure
d'expropriation qui constituent la phase administrative une telle procédure est
verrouillé par la déclaration d'utilité publique sans laquelle l'expropriation ne
peut se concevoir. Elle s'accomplit Sous le contrôle juridictionnel.

Et enfin dans un troisième temps La phase judiciaire qui explore les conditions
d'exécution, et les voies de recours d'expropriation.

[3]
Chapitre 1 : concept et bases juridiques de
l’expropriation pour cause d’utilité
publique

[4]
I. Le concept d’expropriation pour cause d’utilité publique :

1. Version général du concept :

L’ expropriation pour cause d’utilité publique est la procédure qui permet à


l’Etat , aux collectivités locales, aux personnes morales de droits public ou
privé, aux personnes physiques auxquelles la puissance publique délègue ses
droits, agissant dans un but d’utilité publique , de contraindre un particulier à lui
céder la propriété d’un immeuble ,d’un droit réel immobilier, moyennant le
versement d’une juste et préalable indemnité.

Compte tenu du fait que l’Etat et les collectivités publiques, agissant dans le
cadre de l’intérêt général et de l’utilité publique, bénéficient dans les limites
fixées par la loi du privilège de la puissance publique, sans lequel, ne peuvent
disposer de terrains privés pour satisfaire ses multiples demandes (terrains et
infrastructure). C’est ainsi que la loi les place au dessus des particuliers pour
jouir du droit d’occupation et d’expropriation des biens immeubles, sans avoir à
se soumettre à la procédure habituelle d’acquisition ou de location de gré à gré
en contre partie d’une équitable indemnisation.

2. Autres procédures d’appropriations :

Il ressort que l’expropriation diffère de certaines autres procédures


d’appropriation ou de location forcée de l’Etat en l’occurrence :

 L'occupation temporaire :

L'occupation temporaire comme son nom l'indique est un acte par lequel
l'administration occupe d'une manière temporaire, pour une période déterminée,
un immeuble, en général parcelle de terrain.

L'occupation temporaire dont la procédure est prévue par la 50 à 58 de la loi 7-


81, s'apparente à une location forcée au profit de l’administration. Elle donne
lieu à une indemnisation à l’amiable ou par voie de justice. L'occupation prend
fin par la remise du bien occupé, ce qui la différencie de l'expropriation qui
aboutit au transfert de la propriété à l'expropriant.

[5]
 Le nationalisme:

La nationalisation est un acte de souveraineté d'un Etat. Elle permet aux


pouvoirs publics le transfert de moyens de production du secteur privé au
secteur public représenté par l'Etat.

La nationalisation diffère de l'expropriation par plusieurs aspects. Alors que la


nationalisation reflète un choix politique de gestion, l'expropriation est une
procédure que l'on retrouve aussi bien dans les pays socialistes que dans les pays
libéraux.

La nationalisation s'opère souvent sur les capitaux. Les services ou sur les
secteurs économiques (assurances, commerce extérieur, recherche et
exploitation pétrolières, énergie) alors que l'expropriation ne concerne que les
immeubles et les droits réels nécessaires à la réalisation des projets qualifiés
d'utilité publique.

 La réquisition :

La réquisition consiste pour les pouvoirs publics à disposer en temps de paix ou


de guerre, de biens meubles ou immeubles, de moyens de production, de
services et prestations appartenant à autrui.

La réquisition des personnes et des biens est réglementée par plusieurs textes
législatifs et réglementaires, qui en déterminent les fondements, l'objet, la
procédure, les autorités compétentes, l'indemnisation et les conditions
d'application. Ce qui distingue la réquisition de l'expropriation réside d'abord
dans l'urgence et la nécessité absolue, puis dans le fait que les pouvoirs publics
sont tenus de remettre les biens à leurs propriétaires après les avoir indemnisés,
alors que l'expropriation comme son nom l'indique, transfert la propriété aux
expropriants.

La réquisition est ordonnée par le premier Ministre ou son délégataire (chef de


gouvernement), alors que l'expropriation est décidée par le tribunal
administratif.

[6]
 La préemption :

Il s'agit d'une technique qui existe en droit privé, notamment en matière de


baux ruraux au profit du preneur.

Pour que le droit de préemption puisse s'exercer, il faut que le bien soit mis en
vente par son propriétaire d'une manière spontanée, ce qui différencie cette
procédure de celle de l'expropriation considérée comme une appropriation
forcée au profit de l'administration.

 La confiscation :

La confiscation est considérée comme une sanction ayant pour origine un


comportement antinational, un crime ou une infraction à la réglementation de la
douane.

De ceci il ressort que la confiscation diffère de l'expropriation plusieurs points


notamment en ce que la confiscation est une peine criminelle alors que
l'expropriation est un droit reconnu à l'autorité publique. Que l'exercice de ce
droit est conditionné par l'accomplissement d'une procédure administrative et
judiciaire sous le contrôle du juge administratif. Qu'à l'appropriation du bien,
l'expropriant est tenu de verser une juste indemnisation. Qu'enfin l'expropriation
concerne des biens immeubles privatifs ou en indivision, alors que la
confiscation ne peut s'appliquer qu'au patrimoine de celui qui est condamné à
cette peine.

II. Sources et bases juridiques de l’expropriation :

Dans un contexte d’évolution du concept des droits de l’homme, de la pression


exercées par les organise financiers internationaux et surtout du souci exprime
par les investisseurs tant nationaux qu’étrangers, désireux de disposer d’une
justice performante, capable de préserver leurs intérêt.

Le Maroc opta pour la spécialisation en abandonnant l’ancien system d’unité


judiciaire. C’est ainsi que furent crées les tribunaux administratifs et de
commerce pour alléger la charge des tribunaux de première instance à
compétence générale.

[7]
Le changement ainsi opéré se traduisit par une meilleure visibilité dans le
règlement des affaires administratives et commerciales .le système mis en
place créa la différence en offrant aux justiciables une justice plus adaptée a
leurs besoins et répondant mieux à leurs souci de célérité, d’équité, de
performance et de crédibilité.

Dans ce domaine consacré à l’expropriation pour cause d’utilité publique et


l’occupation temporaire l’Etat et les collectivités locales ont pu mener à bien
l’exécution des projets d’infrastructure sous le contrôle rigoureux des
juridictions administratives , celles-ci garantis du respect des règles de
procédure à la fois administrative et judicaires, ont permis d’autre part aux
expropriés d’être valablement indemnisé dans les temps impartis par la loi .

L’expropriation pour cause d’utilité publique et occupation temporaire trouve


sont fondement dans plusieurs source de droit notamment les sources
constitutionnelles, législative et réglementaires.

1. Source constitutionnelle :

La constitution marocaine promulguée par dahir n° 1-96-157 du 07 octobre 1996


constitue le fondement essentiel du droit des propriétés et de la liberté
d’entreprendre vu que dans les différentes constitutions de 1962, 1970 et 1992
la liberté d’entreprendre n’avait pas été incluse.

Dans la nouvelle constitution de juillet 2011 l’article 35 à l’instar de l’ancien


article 15 de l’ancienne constitution de1976 stipule que : « Le droit de
propriété est garanti.

La Loi peut en limiter l’étendu et l’exercice si les exigences du développement


économique et social du pays le nécessite.il ne peut être procède a
l’expropriation que dans les cas et les formes prévus par la loi

L’état garantit la liberté d’entreprendre…»

Il s’agit pour le législateur de créer un cadre juridique de la liberté


d’entreprendre et lui ouvrir la loi à l’exercice de l’expropriation dans le respect
des règles édictées par la loi

[8]
2. Sources législatives et réglementaires :

La procédure moderne de l’expropriation à fait son apparition dans l’acte


général de la conférence d’Algésiras 7 avril 1906 invitant le sultan a édicter
une réglementation reposant sur le principe de l’indemnisation des propriétaires
préalablement a toute dépossession , et sur le but d’utilité publique qui devrait
être établi par une enquête administrative en cette période fut régie
temporairement par une circulaire de grand vizir.

Le premier texte adopté au temps du protectorat pour organier la procédure


d’expropriation pour l’utilité publique et l’occupation temporaire fut le dahir
du 31 aout 1914, un texte reflétant la préoccupation proposé à la nouvelle
administration, il fut caractérisé par la situation particulière avantageuse fait à la
puissance publique et sa rigueur à l’égard des propriétaires expropriés.

Ce régime est resté en vigueur jusqu’ ‘en 1951 une nouvelle réglementation lui
a été substituée le dahir du 3 avril 1951 portant loi du code foncier, la reforme a
pour effet d’accélérer la procédure.

La dite réglementation générale demeure en ’application pendant 37 ans et a été


complétée par des procédures spéciale :

 Dahir du 17.01.1961 permettant la reconstitution de la ville d’Agadir


 Décret royal portant loi du 11.12.1965 relatif a la mise en valeur
touristique de la baie de Tanger.
 Dahir du 07.10.1971 par la mise en valeur touristique de la zone ksar
Sghir.
 La loi de 17.01.1992 remplaçant le dahir de 31.07.1652 sur l’urbanisme.
 Le dahir portant loi du 21.01.1976relatif de la mise en valeur de la baie
d’Agadir.
 Les textes portant le code d’investissement agricole par l’aménagement
des structures foncières et la création de lotissement agricoles.

En fin la nécessité de modifier le régime de l’expropriation a été affirmé par tous


ceux que préoccupait le problème de l’adaptation de ce régime aux exigences
de la planification urbaine, de la mise en œuvre de la politique de l’habitation
ou bien encore du développement de la politique d’équipement de l’Etat et des
autres collectivités publiques.

[9]
33 ans plus tard le projet de réforme à été élaboré et proposé au vote en cour de
l’année 1981 il a été promulgué par dahir du 06.05.1982 portant loi en vigueur
7-81.

III. Les conditions de l’expropriation :

1. Les bénéficiaires de l’expropriation :

La procédure de l’expropriation relève principalement de la compétence de


l’Etat. Mais le droit d’expropriation est ouvert à l’Etat et aux collectivités
locales ainsi qu’aux autres personnes morales de droit public et privé assurant le
service public ou aux personnes physiques auxquelles la puissance publique
délègue ses droits en vue d’entreprendre des travaux ou opérations déclarés
d’utilité publique (article 3 de la 7-81). Alors quels en sont les bénéficiaires et
dans quelles conditions?

 L’Etat :
Il est à la fois promoteur et bénéficiaire à travers ses composantes et ses
ramifications. L’Etat peut déclarer l’utilité publique et prononcer la cessibilité.
À travers l’administration publique et ses organes, mais L’Etat possède deux
domaines, le domaine privé et le domaine public Le domaine privé : constitué
d’immeuble acquis, confisqués, expropriés, reçus en lègue, nationalisés ou repris
aux étrangers. Le domaine public : maritime, forestier, militaire.

L’Etat peut déclare l’utilité publique et prononce la cessibilité a travers


l’administration public et ses organes représente par le ministre compétent
chargé de la réalisation du projet

 Les collectivités territoriales:


Les collectivités territoriales qui peuvent procéder légalement à l’expropriation
sont en plus de l’Etat, les régions, les préfectures, les provinces et les communes
urbaines et rurales. Elles sont compétentes pour mettre en œuvre
l’expropriation et en bénéficier concurremment avec l’Etat et les établissements
publics conformément aux dispositions de l’article 3 de la loi 7-81. Néanmoins
il appartient au ministère de tutelle de proposer la déclaration d’utilité publique
qui devra être déclarée par décret de chef du gouvernement. D’autre part la
délibération du conseil communal relative à une procédure d’expropriation doit

[10]
recevoir le visa du ministère de l’intérieur, tuteur des collectivités,
conformément aux dispositions de l’article 69 de la nouvelle charte communale.

NB : la compétence territoriale des collectivités locales se limite à leur espace


juridique en ce qui concerne le droit d’expropriation.

 Les personnes morales de droit public : établissements public


Le droit d’exproprier est reconnu par la loi à l’ensemble des établissements
publics en leur qualité de personnes morales de droit public.

Les établissements publics en règle générale, peuvent exproprier mais


exclusivement en vue d’un but correspondant à leur spécialité.ils se divisent eu
deux catégories :ceux qui bénéficient du droit d’exproprier par le fait de leur
statut de création et ceux qui ne peuvent exproprier que sur délégation de
l’administration de tutelle c’est le cas de certains grand offices de l’tat (O.N.E ,
O.C.P ,O.N.C.F.), de l’agence urbaine de Grand Casablanca et de certains
Offices de mise en valeur agricole ( Tadla, Doukkala, Zagora, PAR EX ). Quant
à ceux qui ne bénéficient pas au départ de cette prérogative, ils sont tenus d’agir
sur délégation de leur ministère de tutelle pour obtenir l’expropriation à leur
profit.

 Les personnes morales de droit privé assurant un service public :


Il s’agir par exemple :
 d’une société d’économie mixte chargée de travaux publics,
 d’un concessionnaire de distribution d’eau et d’électricité,
 d’une association reconnue d’utilité publique
 d’une société de transport public (RAM),
Agissant dans un but d’utilité publique ou ayant une mission de service
public.ces personnes morales de droit privé ont besoin d’une délégation de leur
administration d’attachement pour bénéficier du droit à l’expropriation dans les
conditions prévues par la loi. Celles-ci doivent justifier un but d’intérêt général
lié à la mission qui leur est confiée par l’Etat ou les collectivités.

 Les personnes physiques :


Dans ce cas le bénéficiaire est un tiers. Il ne peut accéder à l’exercice du droit à
l’expropriation que si l’utilité publique est déclarée par décret, sous la
responsabilité du ministre de tutelle qui est responsable en cas de mauvaise
interprétation de l’objet et du but. Aussi l’administration préfère-elle

[11]
entreprendre la procédure à son profit pour ensuite céder l’immeuble à la
personne physique chargée de l’exécution du projet ( recherche minière,
construction de logements sociaux en partenariat avec l’administration de
l’habitat etc..) en raison de la complication de cette procédure, on ne rencontre
que très peu de cas de personnes physiques ayant obtenu l’expropriation à
laquelle est préférée l’acquisition de gré à gré .

La cession intervient au profit des personnes physiques à la condition toutefois


que les immeubles expropriés soient utilisés dans le cadre d’un cahier de charges
et d’une convention approuvée par le décret du conseil d’Etat. L’inexécution des
charges entraine la résolution de la cession.

2. L’objet de l’expropriation :

L’expropriation porte essentiellement sur les immeubles, mais peut aussi porter
sur des droits réels immobiliers et exceptionnellement sur des meubles. Les
immeubles peuvent appartenir à un particulier ou à une administration au sens
large du terme (exception faite pour les immeubles appartenant à une puissance
étrangère, jouissant de ce fait de l’immunité diplomatique sauf convention
réciproque l’autorisant). En vertu des dispositions de l’article 4 de loi 7-81, ne
peuvent être expropriés, les édifices à caractère religieux des divers cultes, les
cimetières, les immeubles faisant partie du domaine public et les ouvrages
militaires.

 Les immeubles :

Les immeubles toutes catégories confondues peuvent faire l’objet


d’expropriation. Il en est ainsi pour les immeubles par nature d’une part et les
immeubles par destination qui suivent le sort de leur immeuble de rattachement
d’autre part.

 Les immeubles par nature : ce sont les terrains nus, les terrains à bâtir,
les terres de culture, les friches, les cours d’eau, étangs et bois privés.
 Les immeubles par destination : ceux-ci ne peuvent être expropriés avec
le fond auquel ils sont rattachés que le propriétaire les a affectés au fond à
perpétuelle demeure.
 Les immeubles des collectivités publiques : il faut distinguer entre les
immeubles du domaine privé des collectivités publiques et les immeubles
du domaine public.

[12]
Les immeubles du domaine public sont inaliénables et ne peuvent pas faire
l’objet d’une expropriation. Ils doivent préalablement à la déclaration d’utilité
publique faire l’objet d’un déclassement. Par contre les immeubles du domaine
privé des collectivités publiques peuvent être expropriés de la même façon que
s’ils appartenaient à des personnes privées.de ce fait si un immeuble du domaine
privé de l’Etat est destiné à être utilisé par un autre service de l’Etat, il ne doit
pas faire l’objet d’une expropriation, mais d’un changement d’affection.

 Fraction d’un immeuble : l’expropriation peut concerner une fraction de


l’immeuble touchée par l’emprise du projet. Cette fraction peut concerner
sa surface, les dessous ou les dessus, et éventuellement une portion de la
totalité d’un bâtiment ou d’un immeuble en copropriété.

 Les droits réels immobiliers :

Il s’agit de l’usufruit, des droits d’usage et d’habitation, du droit d’emphytéose


(bail de 18 à 99 ans) du droit du concessionnaire de mines et du titulaire du
permis d’exploitation et des servitudes. A ce sujet, la servitude de non
aedificandi grevant un terrain peut être supprimée par expropriation, en vue de
construire un ensemble immobilier, sans qu’il soit nécessaire d’exproprier le
fonds principal.

 Les meubles :

Exceptionnellement peuvent être expropriés : les fonds de commerce, les


inventions, les brevets, les meubles et les approvisionnements des usines en
temps de guerre.

3. Le but de l’expropriation :

L’expropriation ne peut s’accomplir que si le visé est celui de l’utilité publique.


Mais cette expression d’utilité publique est une notion très large que la
jurisprudence s’évertue à délimiter et à préciser.

D’autre part le but essentiel de l’expropriation est la satisfaction de l’utilité


publique, en vue d’un intérêt général par opposition à un intérêt particulier à
moins que cet intérêt soit accessoire . La notion d’intérêt général a connu elle
aussi une certaine évolution à travers le temps, passant de la nécessité publique
à l’utilité publique.

[13]
Cependant la notion classique d’utilité publique repose sur deux critères : un
critère organique et un critère matériel

 Critère organique :
Celui-ci est lié à la notion de service public. C’est le fait par exemple
d’exproprier un immeuble pour y construire ou y installer une perception.

 Critère matériel :
Le critère matériel englobe une notion très vaste de service public
.l’expropriation est autorisée par la loi pour servir des buts diversifiés à
caractère social, économique, d’hygiène, de loisir ou d’aménagement urbain :

a. Des buts diversifiés :

 But d’hygiène : loi du 15 février 1902 relative aux immeubles


insalubres ;
 But sportif : loi du 26 mai 1941 relative à la construction de stades ;
 But agricole : loi du 23 mai 1943 et loi du 8 avril 1962 relatives aux
terres abandonnées et aux terres incultes ;
 But social : loi du 7 février 1953 pour permettre l’accession à la petite
propriété, loi du 12 juillet 1966 relative à l’éradication des bidonvilles ;
 But écologique : loi du 12 juillet 1966 relative à la pollution des eaux.

b. Energie nucléaire :

Mais c’est en vue de développement économique que la jurisprudence


française a innové, en incluant des notions nouvelles, depuis 1971 l’extension de
la notion d’utilité publique en matière économique, est parvenue à englober
l’énergie nucléaire par la construction de centrales destinées à produire une
énergie bon marché et assurer l’indépendance nationale des sources
énergétiques (programme de l’ E.D.F).C.E. 11janvier 1980, Flamanville

c. Zones industrielles :

La jurisprudence française a justifié à plusieurs reprises l’expropriation au


profit de la réalisation de zones industrielles sur la base d’avantages
économiques et sociaux liés à ces infrastructures. Cette évolution de la
jurisprudence donne à pense que la notion d’utilité publique pourrait bousculer
la liberté d’entreprendre, l’exercice de la liberté de commerce par la
constitution. C’est pour cette raison que le conseil d’Etat contrôle d’une
manière concrète l’utilisation de la notion d’utilité publique.
[14]
Il apprécie notamment si « les atteintes à la propriété privée, le cout financier et
éventuellement les inconvénients d’ordre social ou l’atteinte d’autre intérêts
publics que comporte une opération ne sont pas excessifs eu égard à l’intérêt
qu’elle présente ».

[15]
Chapitre 2 : la phase administrative

[16]
La phase administrative débute par la constitution d’un dossier administratif
préparé et instruit par le service public chargé diligenter la procédure
d’expropriation au nom de l’état elle a pour but de mettre en œuvre la procédure
d’expropriation par l’accomplissement d’un certain nombre d’acte administratif
préparatoire. Elle est destinée à informer le public, les propriétaires et les ayant
droits de tout projet d’expropriation dans une zone déterminée.

La phase administrative précède la phase judiciaire, elle débute par la


déclaration d’utilité publique et s’achève par la prise de l’arrêt de cessibilité ce
dernier acte détermine les propriétés nécessaires à l’expropriation et les
identifie dans les moindre des détails.

I. La déclaration d’utilité publique :

L’utilité publique est déclarée par un acte administratif qui précise la zone
susceptible d’être frappée d’expropriation (art.6 de la loi 7/81). Cette zone peut
comprendre, outre les immeubles nécessaires à la réalisation des ouvrages ou
opérations déclarés d’utilité publique. La portion restante de ces immeubles
ainsi que les immeubles avoisinants peuvent être frappés d’expropriation dans
les mêmes conditions, pour mieux atteindre le but d’utilité publique envisagé ou
lorsque l’exécution des travaux doit procurer à ces immeubles une notable
augmentation de valeur.

L’acte déclaratif d’utilité publique désigne les propriétés frappées


d’expropriation, sinon il est procédé à cette désignation par un acte
administratif dit « acte de cessibilité ». Cet acte doit intervenir dans le délai de
deux ans à compter de la date de publication au Bulletin officiel de l’acte
déclaratif d’utilité publique. Passé ce délai, une nouvelle déclaration d’utilité
publique doit être faite.

La déclaration d’utilité publique, fait l’objet d’une procédure administrative, par


laquelle l’expropriant procède à la connaissance de l’immeuble à travers un
dossier technique qui contient tous les éléments concernant la situation
géographique, la superficie, la nature, les propriétaires et les ayant droits, les
plans cadastraux et tout ce qui est nécessaire à son identification complète. A la
fin de cette procédure le dossier complet est transmis au Secrétariat général du
Gouvernement, par le ministre intéressé, pour vérification et établissement d’un

[17]
projet de décret déclarant l’utilité publique, lequel est transmis avec les éléments
du dossier aux services compétents du Premier ministre pour approbation et
signature. Lé législateur marocain a accordé cette compétence au Premier
ministre, du fait qu’il est le chef de l’administration, lequel répond devant la
justice de toute atteinte à la propriété d’autrui (voie de fait par exemple),
appropriation illégale, occupation sans droit ni titre etc.…

2. L’enquête administrative

Celle-ci prévue par l’article 10 de la loi 7-81 qui stipule que «l’acte de cessibilité
doit être précédé d’une enquête administrative ».

La détermination des biens consiste à identifier les immeubles frappés


d’expropriation. Il s‘opère à partir d’une enquête parcellaire basé sur la
constitution d’un dossier technique aboutissant à l’établissement de l’acte de
cessibilité ou à la déclaration de l’utilité publique. l’enquête a pour objet de
déterminer avec précision les parcelles susceptible d’être expropriées, d’en
recenser les propriétaires, les ayant droit ,et les usufruitiers. elle permet aussi
aux personnes intéressées par l’information ouverte de contester le bien fondé de
l’expropriation comme elles peuvent vérifier si oui ou non les biens sont
nécessaires et indispensables à la réalisation des projets envisagés et s’ils
doivent être expropriés. Leur contestation s’il y a lieu doit en faire état sur le
registre des observations ouvert a cet effet au siège de la commune. L’enquête
administrative précède la déclaration d’utilité publique Il s’agit d’une étape
importante sur laquelle se base la procédure administrative. L’avis d’ouverture
d’enquête administrative est affiché au siège de la conservation de la propriété
foncière s’il s’agit d’immeubles immatriculés ou en cours d’immatriculation et
au siège du tribunal administratif compétant s’il s’agit d’immeubles non
immatriculés.

L’enquête administrative débute au jour de la publication qui en est faite et


s’achève après écoulement de deux mois continus. En vertu des dispositions de
l’article 48 de la loi 7-81, il s’agit d’un délai franc. En tout état de cause durant
les 60 jours ouvrables, les bureaux de l’administration doivent demeurer ouverts
à la disposition du public.

[18]
3. L’acte de cessibilité :

Lorsque l’acte déclaratif d’utilité publique ne vise qu’une zone, il est nécessaire
d’individualiser de façon précise les parcelles à exproprier ; tel est le but de
l’acte de cessibilité dont le décret d’application détermine les autorités habilités
à le prendre. Ce sera le président du conseil communal ou le gouverneur selon
que l’expropriant sera la commune ou la province ou la préfecture ; ces autorités
peuvent d’ailleurs déléguer cette compétence.

Dans tous les autres cas l’autorité compétente est le ministre intéressé après avis
du ministre de l’intérieur.

L’acte déclaratif d’utilité publique peut désigner lui même les parcelles à
exproprier et dans ce cas, il vaut également acte de cessibilité.

Naturellement, l’acte de cessibilité est soumis aux mêmes exigences de publicité


que l’acte déclaratif d’utilité publique.

L’administration peut toujours prendre possession de l’immeuble avec l’accord


du propriétaire, à la seule condition de verser une indemnité provisionnelle.
Mais la prise de possession est également possible lorsque le propriétaire s’y
refuse. L’expropriant doit alors s’adresser au tribunal administratif statuant en
référé. Celui-ci peut autoriser la prise de possession moyennant le versement ou
la consignation de l’indemnité offerte ; le juge ne peut refuser cette prise de
possession que dans le cas ou la procédure suivie par l’administration est
entachée de nullité. Le juge des référés exerce donc ici un contrôle de
l’accomplissement des formalités administratives ; cette décision n’est
susceptible ni d’opposition, ni d’appel.

Ces exigences de délai ont ainsi pour effet d’inciter l’administration à faire
aboutir rapidement la procédure et à ne pas faire peser pendant une période
indéterminée une menace d’expropriation sur les propriétaires.

Pendant une période de deux ans à compter de la publication au B.O (bulletin


officiel) de l’acte déclaratif d’utilité publique aucune construction, aucune
plantation ou amélioration ne peut être effectuée sans l’accord de l’expropriant
sur les immeubles situés dans la zone fixée par l’acte déclaratif il en est de
même pour des propriétés désignées dans un acte de cessibilité. Si au cours de
ce délai l’expropriant n’a pas déposé la requête prévue par l’article 18,
l’expropriation ne peut être prononcée qu’en vertu de nouvelle déclaration
d’utilité publique.
[19]
Dès la publication de l’acte de cessibilité au Bulletin officiel, l’expropriant
provoque la réunion de la commission administrative d’évaluation pour fixer
les indemnités qui seront proposées aux expropriés.
Cette commission se compose des membres permanents et de membres non
permanents.

Lorsque l'expropriant et l'exproprié s'entendent sur le prix fixé par la


commission et sur les modalités de cession de l'immeuble ou des droits réels
frappés d'expropriation ou su celles de la prise de possession, cet accord doit être
formalisé et concrétisé par un acte juridique dont la forme varie selon que le
propriétaire où le titulaire du droit réel réside ou non dans les lieux de
l’immeuble exproprié ;
Si l’exproprié réside sur les lieux, l’accord est passé par procès verbal devant
l'autorité administrative locale du lieu de situation de l'immeuble lorsque
l'exproprié réside dans ledit lieu ;
Si l'exproprié ne réside pas dans ce lieu, cet accord est conclu conformément aux
dispositions du droit privé par acte sous seing privé ou par acte.

4. Le contrôle juridictionnel de la procédure administrative

Comme le dahir de 1951, la nouvelle loi sur l’expropriation a prévu un contrôle


de régularité confié au juge de l’expropriation. Jusqu’alors ce contrôle ne
pouvait porter que sur la régularité externe (forme et compétence) des divers
actes administratifs et ne permettait pas d’en prononcer l’annulation.

C’est pourquoi le recours pour excès de pouvoir révélait d’une très réelle
importance , d’autant plus que le recours au juge ordinaire ne pouvait pas être
regardé comme donnant aux intéressés la possibilité de faire pleinement valoir
leur droit ; il n’y avait donc pas irrecevabilité pour cause de recours parallèle .

Quand au fond, le contrôle du juge administratif connait depuis peu une réelle
avancée dans la mesure où la cour suprême accepte de vérifier concrètement
l’utilité publique invoquée par l’administration.

[20]
Chapitre 3 : la phase judiciaire

[21]
I. Les requêtes :

En vertu de l’article 2 de la loi 7-81, « l’expropriation pour cause d'utilité


publique s'opère par autorité de justice ».
C’est pourquoi, si la tentative de l’accord amiable n’a pas abouti ou si
l’expropriant n’y a pas recouru, l’intervention du juge devient obligatoire.
A cet effet, l’expropriant est tenu de s’adresser au juge administratif et lui
présenter la requête tendant respectivement à la prise de possession et au
transfert de propriété.

1. la requête tendant au transfert de propriété :

Il s’agit d’une étape essentielle de l’expropriation ; son importance a semblé


telle que le législateur a confié au juge le soin de le prononcer. On peut
cependant estimer que le rôle du juge était en réalité assez limité à ce niveau,
puisqu’il ne pouvait refuser de transférer le droit de propriété que s’il décelait
une irrégularité formelle dans la procédure ; il va de soit que le tribunal
administratif saisi d’un recourt en annulation, ne connaitra plus cette limite ; et
si le juge de la légalité est la cour suprême , le tribunal administratif devrait
surseoir à statuer en attendant la décision relative à la régularité des actes
déclaratifs de l’utilité public ou de cessibilité.

L’ancienne jurisprudence en matière d’expropriation demeure valable dans la


mesure où elle décidait que le juge qui devait relever d’office les irrégularités de
la procédure, devait refuser de prononcer le transfert de propriété ; à plus forte
raison en sera-t-il de même s’il a le pouvoir d’annuler les actes administratifs
qui lui seront déférés.

Cette requête est présentée par l’expropriant au tribunal administratif dans le


ressort duquel est situé l'immeuble, une requête tendant à faire prononcer le
transfert de propriété et fixer les indemnités.
Comme pour le cas de la demande de prise de possession, cette requête doit être
accompagnée de toutes les pièces justificatives de l’accomplissement des
formalités requises et précisant le montant de l’offre de l’administration.
Comme son appellation l’indique, cette requête a pour objet de transférer à
l’expropriant la propriété légale de l’immeuble exproprié et la fixation du
montant des indemnités d’expropriation.

[22]
Le jugement qui prononce le transfert de propriété fixe l'indemnité
d'expropriation après avoir obligatoirement rappelé le montant des offres de
l'expropriant et en prescrit le paiement ou la consignation.

2. fixation des indemnités :

 Le législateur a mis en place un certains nombre de règles à respecter par le juge


pour fixer l’indemnité d’expropriation, à savoir que :

l’indemnité ne doit indemniser que du dommage actuel et certain


directement causé par l'expropriation ; elle ne peut s'étendre à un dommage
incertain, éventuel ou indirect ;
elle est fixée d'après la valeur de l'immeuble au jour de la décision
prononçant l'expropriation sans qu'il puisse être tenu compte, pour la
détermination de cette valeur, des constructions, plantations et améliorations
faites, sans l'accord de l'expropriant, depuis la publication ou la notification
de l'acte déclaratif d'utilité publique désignant les propriétés frappées
d'expropriation ;
l'indemnité ainsi calculée ne peut dépasser la valeur de l'immeuble au jour de
la publication de l'acte de cessibilité ou de la notification de l'acte déclaratif
d'utilité publique désignant les propriétés frappées d'expropriation. Il n'est
pas tenu compte dans la détermination de cette valeur des éléments de
hausse spéculative qui se seraient manifestés depuis l'acte déclaratif d'utilité
publique.
Cependant, pour inciter l’expropriant à activer le dépôt de la requête, la loi a
prévu que si l’expropriant n'a pas déposé, dans un délai de six mois à
compter de la publication de l'acte de cessibilité ou de la notification de
l'acte d'utilité publique désignant les immeubles frappés d'expropriation, la
requête tendant à faire prononcer l'expropriation et fixer les indemnités ainsi
celle demandant que soit ordonnée la prise de possession, la valeur que ne
peut dépasser l'indemnité d'expropriation est celle de l'immeuble au jour où a
lieu le dernier dépôt de l'une de ces requêtes au greffier du tribunal
administratif .
le cas échéant, l'indemnité est modifiée en considération de la plus-value ou
de la moins-value résultant pour la partie de l'immeuble non expropriée de
l'annonce de l'ouvrage ou de l'opération projetée.

[23]
 Il faut rappeler que les indemnités peuvent être réduites par l’effet de deux types
de procédures :

la contribution des riverains à la réalisation de la voirie, prévue par les


articles 37 et 82 de la loi 112-90 relative à l'urbanisme qui dispose que « le
propriétaire de toute parcelle devenant ou demeurant riveraine de la voirie
communale projetée, est tenu de contribuer gratuitement à la création de
cette voirie jusqu'à concurrence de la valeur d'une portion de son terrain
équivalente à un rectangle d'une largeur de dix mètres et d'une longueur
égale à la longueur de façade dont disposera la parcelle sur ladite voirie.
Cette contribution ne saurait toutefois dépasser la valeur du quart de la
parcelle ;
l’indemnité de plus-value, prévue par l’article 59 de la loi 7-81 qui dispose
que « Article 59 : Lorsque l'annonce ou l'exécution de travaux ou
opérations publics confère à des propriétés privées une augmentation de
valeur supérieure à 20 %, les bénéficiaires de cette augmentation ou leurs
ayants droit sont solidairement redevables envers la collectivité intéressée
d'une indemnité égale à la moitié de la totalité de la plus-value ainsi créée.

L'indemnité de plus-value est réduite, s'il y a lieu, de telle sorte qu'en aucun
cas l'enrichissement restant acquis au redevable ne soit inférieur à 20 %. »
Le transfert effectif de propriété ne peut avoir lieu qu’après paiement ou
consignation du montant de l’indemnité fixé par le juge.
Le jugement prononçant le transfert de propriété et fixant l'indemnité est
susceptible d'un appel ayant pour seul objet la fixation de l'indemnité.
Les décisions judiciaires prononçant l'expropriation sont notifiées d'office par le
greffier à l'expropriant et aux expropriés qui se sont fait connaître ainsi que,
lorsqu'il s'agit d'immeubles immatriculés ou en cours d'immatriculation aux
divers ayants droit tels qu'ils sont désignés dans le certificat délivré par le
conservateur de la propriété foncière et, le cas échéant, à l'occupant.

Au vu du jugement, le conservateur de la propriété foncière procède à


l'établissement des titres définitifs au nom de l'autorité expropriante après simple
récolement du bornage et établissement du plan foncier.

[24]
II. Les voies de recours et de l’exécution :

Les voies de recours et d’exécution sont déterminées par la loi


d’expropriation. Elles concernent à la fois l’expropriant et l’exproprié.
L’appel de la décision de transfert de propriété est porté devant la chambre
administrative de la cour suprême. Il ne concerne que l’examen et la fixation
de l’indemnité d’expropriation et doit être interjeté dans un délai d’un mois à
partir de la notification du jugement par le greffe du tribunal administratif.
L’ordonnance autorisant la prise de possession n’est pas susceptible d’appel.

1. Les voies de recours :


La décision prononçant la prise de possession ou le transfert de propriété
n'est pas susceptible d'opposition. L'ordonnance autorisant la prise de
possession n'est pas susceptible d'appel. Le jugement prononçant le transfert
de propriété et fixant l'indemnité est susceptible d'un appel ayant pour seul
objet l'examen et la fixation de l'indemnité et ce en vertu des dispositions des
alinéas 1, 2, 3 de l'article 32 et de l'article 33- 1er alinéa de la loi 7-8l.

Quant au pourvoi en cassation formé contre les décisions définitives des


tribunaux administratifs statuant en matière d'expropriation pour cause
d'utilité publique et d'occupation temporaire. celui-ci n'est pas recevable.
Mais en tout état de cause, rien ne s'oppose à ce qu'une action en rétractation
soit introduite devant n'importe quelle juridiction statuant en matière
d'expropriation si elle remplit les conditions exigées par la loi (art.402 du
code de procédure civile) Il en est de même pour la tierce opposition prévue
par le code de procédure civile (art 303 à 305) dans la mesure où elle satisfait
aux conditions de forme exigées par la loi.

La présomption de la supériorité de l’intérêt général, qu’il incarne, sur les


intérêts des particuliers, érigé en un principe jurisprudentiel, permet aux
juges, administratif et pénal, de mettre l’ouvrage public à l’abri de toute
atteinte, pendant et après sa réalisation.

La protection simultanée de l’ouvrage public et de la propriété privée,


recherchée par le juge lors de l’application de la procédure d’expropriation,
peut paraître, à première vue, comme une double mission dont le résultat n’est
pas toujours convainquant. Mais, le formalisme rigoureux de la procédure

[25]
d’expropriation, destiné à permettre aux ayants droit d’intervenir s’ils le
souhaitent, afin de faire prévaloir leurs droits et intérêts, conjugué à
l’obligation pour l’expropriant de consigner ou de leur régler au préalable
l’indemnité offerte, avant l’entrée en possession des propriétés, atténuent le
caractère unilatéral et forcé de la procédure.
La jurisprudence construite autour de cette idée se résume en l’impossibilité
pour le pouvoir judiciaire d’ordonner la démolition d’un ouvrage public,
même si celui-ci a été irrégulièrement établi, la principale justification de ce
pouvoir exorbitant reconnu à l’administration est que la démolition éventuelle
de l’ouvrage public mal planté, ainsi la recherche d’une autre parcelle et la
reconstruction d’un nouveau ouvrage engendreront pour la collectivité des
charges financières supplémentaires. L’intérêt général doit prévaloir sur
l’intérêt particulier.
Le juge dans ce cas constate le transfert de propriété, c’est à dire
l’expropriation indirecte ou de fait, de l’immeuble servant d’assiette à
l’ouvrage public et évalue l’indemnité à accorder au propriétaire
irrégulièrement dépossédé. Il la justifie par la domanialité publique de
l’ouvrage et par la nécessité de protéger les deniers publics, donc des
préoccupations jugées d’intérêt général. il déclare alors irrecevable toute la
demande d’enlèvement de l’ouvrage public : « La demande de mainlevée de
la voie de fait est incompatible avec l'intangibilité de l’ouvrage public
effectivement réalisé ».

2. Les voies d’exécution :


Les tribunaux administratifs sont chargés d'exécuter les jugements qu'ils
prononcent. Les arrêts rendus par la chambre administrative de la cour
suprême lui sont renvoyés pour être exécutés. En matière d'expropriation
pour cause d'utilité publique et d'occupation temporaire, l'exécution
concerne deux parties au procès :

 L'expropriant :

Celui-ci est tenu au paiement du montant définitif de l'indemnité telle que


fixée par un jugement ayant acquis la force de la chose jugée et ce dans un
délai d'un mois après sa notification ou sa publication conformément aux
dispositions de l'article 26 de la loi 7-81. D'autre part l'article 31 de la même
loi stipule que « si les sommes dues ne sont pas versées ou consignées dans
un délai d'un mois... des intérêts au taux légal en matière civile courent de

[26]
plein droit au profit des intéressés dés expiration de ce délai». L'indemnité
fixée par le juge de l'expropriation est versée à l'exproprié ou aux ayants droit
qui se sont faits connaître durant la procédure administrative el dont les droits
ont été reconnus par l'enquête diligentée par l'administration. Dans la
pratique judiciaire les fonds sont consignés à la caisse du tribunal et sont
accordés ou distribués par le greffe qui s'assure de l'identité et des droits de
chaque bénéficiaire. Dans l'hypothèse où il n'a pas été possible d'identifier
les ayants droit l'indemnité est déposée à la caisse de dépôt et de gestion
conformément aux prescriptions de l'article 30 de la loi 7-81.
L'administration expropriante entreprend alors une opération de publicité au
siège de la commune et de la conservation foncière du lieu de l'immeuble
durant une période de six mois en vue de porter à la connaissance des
éventuels ayants droit la possibilité de revendiquer cette indemnité ou de
faire opposition à tout octroi injustifié. En cas de contestation l'affaire peut
être portée devant la justice. En tout état de cause l'indemnité ne peut être
versée que sous la garantie judiciaire de la reconnaissance des ayants droit
Ceci dans la mesure où l'immeuble est immatriculé Mais s'il n'est pas
immatriculé ou s'il se trouve en cours d'immatriculation, l'indemnité reste
bloquée en consignation jusqu'à ce que la propriété soit apurée par
l'immatriculation ou par un jugement de justice.

 L'exproprié :

Le dépôt à la conservation de la propriété foncière du jugement prononçant le


transfert de propriété purge de tous droits et charges pouvant grever les
immeubles en cause dans les conditions suivantes (art.37).

- Pour les immeubles immatriculés, la mutation s'opère au nom de


l'expropriant près radiation d'office de toutes les inscriptions au profit
des tiers de quelque nature qu'elles soient. Les droits des bénéficiaires
sont transportés alors sur les indemnités.

- Pour les immeubles en cours d'immatriculation, le transfert entraîne


l'établissement de titres nets de charges au profit de l'autorité
expropriante, les droits réels des opposants, étant d'office transportés
sur l'indemnité.

[27]
- Pour les immeubles non immatriculés, ni en cours d'immatriculation,
le jugement décidant la mutation au profit de l'expropriant, purge la
propriété ou les droits réels expropriés de tous droits ou charges
pouvant les grever. Aucune opposition ne peut donc être admise et
tous droits éventuels au profit des tiers, de quelque nature qu'ils
soient, ne peuvent s’exercer que sur l’indemnité.

En vertu des dispositions de l'article 38 de la loi 7-81, les actions en résolution


ou en revendication ne peuvent arrêter l'expropriation ou en empêcher les effets.
Les droits des réclamants sont transportés sur l'indemnité et l'immeuble en
demeure affranchi. « De ceci il ressort que l'expropriant prend possession de
l'immeuble sur ordonnance du juge des référés fixant l'indemnité provisionnelle,
pour pouvoir y exécuter son projet. et obtient le transfert définitif de la propriété
sur jugement du tribunal administratif, après avoir payé ou consigné le montant
de l'indemnité. Mais dans la pratique la possession de l'immeuble se fait
immédiatement après l'accomplissement de la procédure administrative qu’il
s'agit de grands travaux à caractère national qui chevauchent sur plusieurs
communes ou plusieurs provinces (barrages, autoroutes, canalisations d'eau
potable).

[28]
Conclusion :

La loi 7-81 régissant l’expropriation pour cause d’utilité publique et


l’occupation temporaire à été conçue pour répondre aux besoins du
développement accéléré du pays par l’adoption d’une procédure d’expropriation
plus souple et dégagée des contraintes juridiques inutiles qui retardant le
règlement des affaire sans offrir des véritables garanties de justice et d’équité.

Le texte présente effectivement des failles et des vides juridique qui


offrent un terrain favorable aux contraints abus et aberration :

D’une part la notion de l’utilité publique il revient au juge de statuer sur le


caractère d’intérêt générale du projet générateur d’expropriation. Or l’utilité
publique est carrément décrétée d’office dés lors l’administration qui initie le
projet, ainsi le travail mené par le juge ne respecte pas la théorie du bilan entre
bénéfices acquis et préjudices subis (économique, social et environnemental qui
devrais primer).

Aujourd’hui et après 33 ans écoulés en reproche à cette loi qu’elle est toujours
en faveur de l’administration plutôt qu’aux citoyens.

D’autre part un vide juridique frappe la loi réglementaire du passage de la


phase administrative à la phase juridique. Cette mission est lourde de
conséquence pour le citoyen.

Rappelons qu’un projet de réforme du texte de la loi avait été initié depuis 2004
mais reste toujours classé et sans renouveaux.

[29]
Bibliographie :

ROUSSET Michel « DROIT ADMINISTRATIF MAROCAIN »

BOUFOUS Mohamed « L’EXPROPRIATION POUR CAUSE


D’UTILITE PUBLIQUE AU MAROC».

Jean-Paul Razon, « Les institutions judiciaires et la procédure civile du


Maroc, 1988, p.281 ».

Dahir 1.81.254 portant loi 7-81 le 6 mai 1982le décret d’application N°2-
82-382 du 16 avril 1983.

http://www.justice.gov.ma

http://jurismaroc.vraiforum.com

[30]

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