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TRIBUNES 39

DÉBAT T RE EN VA L-DE-M A RNE

GROUPE
SOCIALISTE ET

© M. LUMBROSO
RÉPUBLICAIN

Protection de l’enfance :
mieux vaut prévenir que guérir !
P
lus de 300 000 enfants bénéfi- Les parents eux-mêmes sont en demande liales, les agences régionales de santé,
cient en France d’une mesure d’accompagnement. Des enquêtes les centres de PMI, les communes, les
d’Aide sociale à l’enfance. Celles-ci récentes révèlent que 93 % d’entre eux associations… Tout ceci rend totalement
peuvent être variables allant d’un déclarent rencontrer des difficultés pour inefficace cette stratégie !
simple soutien éducatif à domicile de alimenter leur enfant de 0 à 3 ans ; ils Pourtant, il est grand temps de prendre
quelques heures par semaine, à un pla- sont plus de la moitié à trouver qu’il est à bras-le-corps cette question de l’ac-
cement dans les cas les plus graves. difficile d’être parent ; et autant à cher- compagnement de la parentalité dès le
Cette politique publique, dont les dépar- cher régulièrement des réponses à leurs plus jeune âge, et jusqu’à la fin de l’ado-
tements sont les chefs de file, repré- interrogations sur les réseaux sociaux. lescence. Cela permettrait à la fois d’évi-
sente une dépense publique de près de Nos politiques publiques doivent mieux ter les difficultés rencontrées par
8 milliards d’euros chaque année pour prendre en compte ces inquiétudes et certaines familles, parce qu’elles seront
l’ensemble d’entre eux, dont plus de 6 ces interrogations. mieux accompagnées, mais aussi de
milliards sont consacrés aux place- Partant de ce constat, le Gouvernement repérer d’éventuelles difficultés plus tôt.
ments… une somme considérable ! dans sa stratégie nationale en protection Or, les professionnels de la protection
C’est d’autant plus inquiétant que ces de l’enfance a proposé un plan très axé de l’enfance savent que plus tôt nous
dépenses sont en augmentation sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, prenons en charge une situation, mieux
constante. Tant le nombre de familles ceux qui comptent plus dans le dévelop- cela se passe ensuite. Il n’y a rien de pire
accompagnées que d’enfants confiés pement de ces derniers. Pourtant, les que de laisser des carences éducatives
physiquement aux départements sont mesures promises ne sont absolument ou des violences perdurer pendant des
en hausse chaque année. Cela indique pas à la hauteur des enjeux, et ceci pour années, et de n’intervenir ensuite seu-
soit que les violences ou les carences trois raisons : d’abord le saupoudrage de lement à l’adolescence.
éducatives augmentent, soit qu’elles moyens est insuffisant ; ensuite, les
Nous attendons donc de l’État qu’il mette
sont mieux repérées, mais dans tous les mesures reposent sur la contractualisa-
en place des dispositifs simples, confiés
cas, elles ne diminuent pas. tion avec les départements, créant une
à une seule entité, ou au moins à un chef
Lorsque tant de familles et de telles « usine à gaz » qui génère plus d’inéga-
de file clair, et des moyens conséquents
sommes sont en jeu, nous devons nous lités qu’elle n’en résorbe, car cela
pour enfin accompagner la parentalité
interroger s’il ne serait pas plus utile, demande de trouver des crédits supplé-
et ainsi prévenir les violences et
d’investir plus en amont dans l’accom- mentaires, même aux collectivités qui
carences éducatives. ■
pagnement de la parentalité, plutôt ont le moins de moyens ; enfin, on conti-
Retrouvez l’actualité du groupe Socialiste
qu’en aval dans la prise en charge des nue d’éparpiller les compétences en et Républicain du Conseil départemental sur :
jeunes. Ne dit-on pas qu’il vaut toujours matière d’accompagnement de la paren- Facebook : www.fb.me/pscd94
mieux prévenir que guérir ? talité entre les Caisse d’allocation fami- Twitter : @PSCD94. Site internet : www.ps-cd94.fr

L E M AG A ZINE DU DÉPA R T EMEN T • N°387 • JUIN 2021

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