40 TRIBUNES
DÉBAT T RE EN VA L-DE-M A RNE
GROUPE
SOCIALISTE
La rentrée mérite un plan d'urgence !
Manque d’enseignants, déficit de personnels de santé, pénurie de fonctionnaires dans les collectivités, crise des
recrutements, etc. : nous demandons un plan d’urgence pour les métiers de la fonction publique en Val-de-Marne !
L
a perspective de la rentrée scolaire
dans notre département a suscité ces
dernières semaines l’inquiétude légi-
time des familles, des professionnels de
l’éducation, des élus et de tous les acteurs
publics, quant aux conditions d’accueil et
de scolarité des élèves, face au manque de
personnels et au déficit des candidatures
aux concours de recrutement d’ensei-
gnants : autant de signes d’une crise dans
le monde de l’éducation, en Val-de-Marne
comme ailleurs. Vos élus départementaux
socialistes se sont mobilisés en réaction à
ce problème récurrent de non-remplace-
ment d’enseignants, car avec la commu-
nauté éducative, nous refusons la
perspective d’une situation dégradée qui
s’annonce à l’ouverture de cette année sco-
laire ! Face au manque de moyens dans
l’Éducation nationale et à toutes les consé-
quences (des classes surchargées, des
élèves décrocheurs, et une profession
d’enseignant de moins en moins attractive),
un collectif de familles a d’ailleurs attaqué
symboliquement l’État en justice… Cette
démarche, destinée à sensibiliser l’opinion
publique et les médias, est symptomatique
du mal qui touche, au-delà des carrières
dans l’enseignement, l’ensemble des
métiers de la fonction publique depuis ces
dernières années : un véritable déficit de
vocations des métiers publics ! S’agissant
du métier d’enseignant par exemple, les
chiffres des concours d’enseignants du
second degré 2022 ont fait apparaître que
25 % des postes offerts n’ont pas été pour-
vus, soit près de 4 000 postes qui n’ont pas
été pourvus à la session 2022 des concours
enseignants. Pour la seule académie de
Créteil, sur 1 665 postes qui étaient cette
année proposés, seuls 900 ont été pourvus,
soit 765 enseignants qui restaient encore
à trouver pour pouvoir espérer que chaque
classe puisse avoir un enseignant !
L’avocat du collectif de parents qui avait
porté en juin la question du déficit d’ensei-
gnants en justice avait pointé un « problème
structurel » du fait de l’absence d’un vivier
d’enseignants, notamment pour assurer des
remplacements prévisibles. Et que dire de
la situation de plus en plus intenable des
familles d’enfants scolarisés porteurs par
exemple d’un handicap dans le champ des
troubles autistiques, qui sont de moins en
moins accueillis, faute de personnels accom-
pagnants en nombre suffisants, alors que
nombre d’AESH (accompagnants d’élèves en
situation de handicap) sont eux-mêmes
frappés par le non-renouvellement de leur
contrat. Dans le Val-de-Marne, ce sont 27 %
des élèves pourtant notifiés par la Maison
départementale des personnes handica-
pées (MDPH) qui ne sont toujours pas
accompagnés par manque d’AESH ! Ainsi,
afin d’envoyer un message aux rectorats,
un collectif francilien de parents d’élèves,
notamment issus de Paris, de Seine-Saint-
Denis et du Val-de-Marne a lancé cette pro-
cédure judiciaire coordonnée contre l’État,
devant un tribunal administratif, les familles
estimant que l’État n’organise pas le rem-
placement des enseignants absents. Une
première initiative de la FCPE recensait
déjà, en mars 2021, les heures d’enseigne-
ment perdues en raison du non-remplace-
ment des professeurs absents, déclarées par
les parents d’élèves, et qui sont à ce jour
estimées à plus de 79 700 ! Désormais, des
rassemblements s’organisent sans discon-
tinuer devant les rectorats pour réclamer
des moyens pour l’École, faisant valoir le
droit à l’instruction qui a valeur constitu-
© É. LEGRAND
tionnelle et invoquant un préjudice moral
ainsi qu’un préjudice lié à la perte d’appren-
tissage. Chacun doit se rendre à l’évidence :
devenir fonctionnaire, avec l’ensemble des
valeurs et des caractéristiques qui se rat-
tachent à ce secteur, n’attire plus, surtout
chez les jeunes. Et mis à part le projet récent
de décret actant enfin une revalorisation de
3,5 % du point d’indice, les pouvoirs publics
semblent incapables de proposer de façon
concrète et innovante des pistes pour reva-
loriser significativement les carrières de la
fonction publique et susciter de nouvelles
vocations dans tous les secteurs. Plus que
jamais, à l’heure où s’ouvre une nouvelle
année scolaire dont nul ne mesure encore
les difficultés, avec un Gouvernement qui
lui-même semble sans souffle et sans bous-
sole depuis le début de la nouvelle législa-
ture, éloigné des réalités du terrain et
incapable de répondre concrètement à la
dégradation des conditions d’apprentissage
de nos élèves qui s’accentue d’année en
année, vos élu.e.s socialistes réclament
avec l’ensemble de la communauté éduca-
tive, des familles, des personnels de l’édu-
cation et de leurs organisations
représentatives, la mise en place d’un vrai
plan d’urgence pour l’École et pour les
métiers de l’enseignement dans notre
pays ! ■
Bruno Hélin, président du groupe socialiste,
Isabelle Santiago, Mohamed Chikouche,
Frédérique Hachmi, Antoine Pelissolo,
Josette Sol, Samuel Besnard
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