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© Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 3 762 − 1
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et les caractéristiques techniques du microtome, l’épaisseur de situent classiquement dans une gamme de 2,4 (ZnSe, KRS-5 : cris-
l’échantillon obtenu pourra varier de quelques micromètres à quel- taux mixtes de bromure et d’iodure de thalium) à 4 (Ge) et les angles
ques centaines de micromètres. Dans le cas d’échantillons particu- d’incidence des systèmes commercialisés sont généralement 30°,
lièrement déformables à température ambiante, il faut effectuer la 45°, 60°. Le trajet optique total est fonction du nombre de réflexions
découpe en refroidissant l’échantillon de polymère ainsi que la lame internes, qui dépend lui-même de la géométrie du cristal : longueur,
du microtome, ce qui est réalisé directement si l’on utilise un micro- épaisseur et angle d’incidence.
tome cryogénique ; La difficulté majeure rencontrée lors de la mise en œuvre de cette
— les techniques de préparation des échantillons utilisées classi- technique est l’obtention d’un contact intime entre cristal et subs-
quement en spectrométrie infrarouge pour l’analyse de poudres trat. Si dans le cas des matériaux déformables (élastomères), on ne
(inclusion dans KBr, suspension dans une huile de paraffine, ana- rencontre en principe pas de difficultés à obtenir un bon contact, il
lyse d’une solution du produit dans une cellule infrarouge) peuvent n’en va pas de même avec les matériaux plus rigides. L’augmenta-
être également mises en œuvre, mais elles ne seront pas décrites ici tion de la pression sur l’échantillon permet souvent de pallier ce pro-
car non spécifiques de l’analyse des matériaux polymères. blème, mais risque d’entraîner la déformation (KRS-5), voire la
fracture du cristal (Ge, ZnSe). La seconde difficulté est liée à l’état de
1.1.2.2 Analyse par réflexion surface des échantillons : l’analyse par ATR (en mode macro) néces-
site en effet que le contact soit réalisé sur une surface minimale clas-
Dans un certain nombre de cas, il n’est pas possible de réaliser
siquement voisine de 2,5 cm2 (2,5 cm x 1 cm). L’état de surface de la
une analyse par transmission, pour des raisons liées à l’opacité du
partie en contact avec le cristal doit être suffisamment homogène
polymère ou à des difficultés de mise en forme d’un échantillon. On
pour obtenir un spectre de bonne qualité. Ceci n’est pas toujours le
doit alors avoir recours à d’autres techniques d’analyse, qui sont
cas, par exemple avec des polymères ayant été soumis à un vieillis-
essentiellement basées sur des mesures de réflexion.
sement ou une dégradation.
■ Analyse par réflexion totale atténuée (ATR, Attenuated Total
■ Analyse par réflexion externe : les techniques de mesure par
Reflectance). L’ATR est une technique facile à mettre en œuvre, qui
réflexion interne sont plus particulièrement utilisées pour analyser
permet d’obtenir rapidement le spectre infrarouge de matériaux
des traitements de surface de métaux, des revêtements de surface
trop absorbants ou trop épais pour pouvoir être analysés par trans-
de polymères, de peintures...
mission. C’est aussi, comme nous le verrons plus loin, une techni-
que très intéressante lorsque l’on veut caractériser la surface de La réflexion spéculaire (ou régulière) est une réflexion de Fresnel
l’échantillon. à la surface du matériau, selon un angle de réflexion égal à l’angle
d’incidence (figure 2). Le faisceau réfléchi a une énergie faible et le
Le principe de l’ATR a été décrit dans ce traité [41]. On rappellera
spectre infrarouge obtenu a une allure différente de celle d’un spec-
que la profondeur de pénétration , p peut être définie comme la
tre de transmission classique. Les bandes présentent en effet une
distance depuis l’interface cristal-échantillon correspondant à une
allure de dérivées, car le spectre de réflexion résulte de la variation
diminution de l’intensité de l’onde évanescente égale au produit de
simultanée des coefficients spécifiques d’absorbance molaire et de
1/e par sa valeur initiale. Elle est donnée par la relation :
l’indice de réfraction du substrat. Cette allure des bandes complique
λ à l’évidence l’interprétation des résultats, mais le traitement mathé-
, p = ----------------------------------------------------------- matique du spectre de réflexion par une transformation de Kramers-
2π n 1 ( sin2 θ Ð n 21 2 )1 ⁄ 2
Kronig permet d’obtenir en quelques secondes un spectre d’allure
avec λ longueur d’onde de la radiation, semblable à celle d’un spectre réalisé en transmission, qui corres-
pond à la variation de l’indice d’absorption en fonction du nombre
n1 indice de réfraction du cristal, d’ondes. L’angle d’incidence est choisi en fonction de l’épaisseur et
θ angle d’incidence, de l’angle de Brewster du substrat à analyser. Ainsi, dans le cas de
n21 rapport de l’indice de réfraction de l’échantillon à revêtements dont l’épaisseur est de l’ordre du nanomètre, un angle
l’indice de réfraction du cristal (figure 1). d’environ 80° est choisi (incidence rasante), alors que pour des
applications à des substrats d’épaisseur voisine du micromètre, un
angle d’incidence de l’ordre de 30° est préféré. Les accessoires des-
tinés à la mesure de réflexion spéculaire disponibles sur le marché
permettent d’adapter les conditions de mesure aux différents types
I0 M
de substrats.
I0 IR IAR
M C
M
E IR
M miroir
E
C cristal d'ATR
E
E échantillon
I0 faisceau incident S
IR faisceau réfléchi M E échantillon IR faisceau réfléchi (spéculaire)
S support réfléchissant IAR faisceau absorbé-réfléchi
Figure 1 – Schéma de principe de la réflexion totale atténuée I0 faisceau incident
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La réflexion-absorption est une technique très utilisée pour obte- mère. La pulsation ω est reliée à la vitesse V de déplacement du
nir le spectre infrarouge d’échantillons déposés sur une surface miroir de l’interféromètre et au nombre d’onde ν selon la relation
réfléchissante (figure 2). Le faisceau incident est transmis à travers
l’échantillon, réfléchi sur le support, puis transmis à nouveau à tra- ω = 2π V ν
vers l’échantillon. L’énergie du faisceau ainsi transmis deux fois est
La technique d’analyse par photoacoustique ne nécessite pas de
beaucoup plus importante que celle du faisceau réfléchi à la surface
préparation particulière de l’échantillon, si ce n’est sa découpe pour
de l’échantillon. Le spectre infrarouge obtenu est alors un spectre de
qu’il puisse être positionné dans la cellule. Les cellules photoacous-
transmission conventionnel. L’épaisseur des échantillons analysa-
tiques disponibles commercialement permettent d’analyser des
bles par cette technique est généralement comprise entre 1 et
échantillons de dimensions inférieures à celles d’un disque de 1 cm
20 µm.
de diamètre et d’environ 1 cm d’épaisseur. Cette technique d’ana-
lyse se révèle particulièrement intéressante pour l’analyse de poly-
1.1.2.3 Analyse par photoacoustique (PAS) mères qui, en raison de leurs caractéristiques physiques, ne peuvent
On remplace le détecteur du spectromètre par une cellule photoa- être mis en forme pour être analysés par transmission et qui ne don-
coustique que l’on positionne à la place du porte-échantillons. La nent pas de résultats satisfaisants lors des analyses par réflexion.
cellule PAS est constituée schématiquement d’une cavité étanche
dont une paroi inclut un microphone qui joue le rôle de détecteur 1.1.2.4 Couplage avec la microscopie
(figure 3). L’échantillon à analyser est introduit à l’intérieur de la cel-
Le développement important que connaît actuellement la micros-
lule, puis celle-ci est purgée avec de l’hélium et obturée mécanique-
pectrophotométrie infrarouge résulte directement de celui de la
ment. L’une des faces de la cellule est constituée d’une fenêtre
spectrophotométrie IRTF, essentiellement en raison du gain de sen-
transparente au rayonnement infrarouge. Le faisceau infrarouge
sibilité que cette technique a apporté. La microspectrophotométrie
modulé par l’interféromètre du banc optique est dévié et concentré
permet d’analyser des surfaces théoriquement aussi petites que le
pour être absorbé par l’échantillon placé dans la cellule. L’énergie
permet la limite imposée par la diffraction du rayonnement infra-
photonique absorbée par l’échantillon est libérée sous forme
rouge. Avec les microscopes les plus performants équipés de systè-
d’énergie thermique modulée, qui migre vers la surface de l’échan-
mes optiques sophistiqués et de détecteurs très sensibles, on arrive
tillon. L’élévation de température à la surface de l’échantillon provo-
effectivement à analyser des aires d’environ 10 µm x 10 µm. Selon le
que une augmentation de la pression dans la cellule parfaitement
type d’objectif qui équipe le microscope infrarouge, on peut réaliser
étanche. L’onde de pression modulée se propage à l’intérieur de la
des mesures par transmission, réflexion, par réflexion à incidence
cellule par l’intermédiaire de la couche d’hélium qui joue le rôle de
rasante, et même par ATR.
piston. Cette onde atteint la membrane acoustique du détecteur qui
convertit le signal en signal électrique transmis au système de Les applications analytiques de la microspectrophotométrie infra-
détection du banc optique. Le spectre IR obtenu par cette technique rouge dans le domaine des matériaux polymères sont donc extrê-
est un spectre d’émission. Le spectre de référence doit donc être mement nombreuses et variées : analyse d’échantillons
effectué à l’aide d’un composé qui absorbe dans toute la gamme hétérogènes (polymères multicouches, dispersion d’additifs...), ana-
des photons émis par la source IR : on choisit pour cela le noir de lyse de fibres, analyse de microprélèvements (applications intéres-
carbone. santes dans le domaine des œuvres d’art par exemple)...
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important. Fort heureusement, la généralisation des bibliothèques usuels. Ces spectres ont été obtenus par analyse en mode transmis-
de spectres informatisés facilite considérablement ce travail d’iden- sion de films d’épaisseurs comprises entre 100 et 200 µm.
tification. La figure 4 montre les spectres de quelques polymères
Absorbance Absorbance
3,0 3,0
2,5
2,5
2,0
2,0
1,5 1,5
1,0 1,0
0,5 0,5
0 0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
Nombre d'onde (cm-1) Nombre d'onde (cm-1)
a polypropylène b polyéthylène
Absorbance Absorbance
3,0 1,8
1,6
2,5
1,4
2,0 1,2
1,0
1,5
0,8
1,0 0,6
0,4
0,5
0,2
0 0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
Nombre d'onde (cm-1) Nombre d'onde (cm-1)
c polystyrène d poly(chlorure de vinyle)
Quand l’analyse par transmission n’est pas possible pour des rai- de carbone, et ainsi d’obtenir un spectre du polymère de bien
sons d’opacité de l’échantillon, on peut mettre en œuvre l’analyse meilleure qualité que celui enregistré avec le cristal de ZnSe.
par ATR selon le principe décrit précédemment. Le choix du cristal
est alors essentiel, comme l’illustre la figure 5, qui montre les spec-
tres d’un élastomère à 30 % de noir de carbone obtenus, soit avec 1.2.2 Identification d’adjuvants, plastifiants,
un cristal de germanium (Ge), soit avec un cristal de séléniure de anti-UV, charges, pigments...
zinc (ZnSe). Le cristal de Ge permet, dans ce cas, en diminuant
l’épaisseur de la couche analysée, de limiter la contribution du noir Dans le cas d’un mélange de polymère et d’adjuvants, le spectre
infrarouge global est sensiblement la somme des spectres des cons-
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tituants. Les différences éventuelles sont dues aux interactions entre cial du type amine à encombrement stérique et d’un film de
les composants. La figure 6 a montre le spectre d’un échantillon de polypropylène contenant 20 % de carbonate de calcium (ces spec-
PVC plastifié contenant 30 % de dioctylphtalate. Les figures 6 b et tres pourront être comparés utilement aux spectres des polymères
6 c présentent respectivement les spectres d’un film de polypropy- vierges présentés en figure 4).
lène stabilisé contenant 1 000 ppm d’un photostabilisant commer-
Absorbance Absorbance
0,8 1,2
0,7 1,0
0,6 0,8
0,5 0,6
0,4 0,4
0,3 0,2
4 000 3 600 3 200 2 800 2 400 2 000 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800 4 000 3 600 3 200 2 800 2 400 2 000 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800
Nombre d'onde (cm-1) Nombre d'onde (cm-1)
a analyse avec un cristal de ZnSe (n = 2,4) b analyse avec un cristal de Ge (n = 4)
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Absorbance Absorbance
3,0 3,0
2,5 2,5
2,0 2,0
1,5 1,5
1,0 1,0
0,5 0,5
0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
Nombre d'onde (cm-1) Nombre d'onde (cm-1)
a spectre de transmission d'un film de PVC plastifié (30 % dioctylphtalate) b spectre de transmission d'un film de polypropylène chargé
(20 % carbonate de calcium)
Absorbance
1,15
1,10
O O
1,00
N N
0,95
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Absorbance
3,0 IR R
2,5
L E
2,0 L lame du microtome
E échantillon
R résine d'inclusion
1,5
IR direction de l'analyse
infrarouge
0,5
1.3.2 Analyse de la migration d’additifs
0 La migration des additifs peut avoir diverses origines : exsuda-
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
tion, évaporation ou lavage en surface, consommation lors d’un
Nombre d'onde (cm-1)
vieillissement... L’analyse du polymère par microspectrométrie
a spectre d'un film de copolymère à 2 % d'acétate infrarouge peut permettre de mettre en évidence des profils de con-
de vinyle épaisseur 120 µm
centration d’additifs dans l’échantillon. La méthode d’analyse est,
A1020 cm–1 A 720 cm–1
comme précédemment, l’analyse couche par couche du polymère
en procédant à une découpe dans un plan perpendiculaire au plan
du gradient de concentration.
1
1.3.3 Détermination de profils d’oxydation
0,8
L’oxydation des polymères, amorcée photochimiquement ou
thermiquement, peut conduire à une distribution hétérogène des
0,6 produits d’oxydation dans le matériau. Ce comportement est
observé dans les cas où l’oxydation du polymère est contrôlée par la
0,4 diffusion d’oxygène dans l’échantillon. En outre, dans le cas d’un
photovieillissement, on observe une distribution hétérogène des
photoproduits si la présence d’additifs, charges, pigments... ou la
0,2 structure même du polymère, conduisent à un profil d’absorption de
la lumière dans le matériau.
0 Pour mettre en évidence expérimentalement un profil d’oxyda-
0 4 8 12 16 tion, on procède à l’analyse par microspectrophotométrie de
% d'acétate de vinyle l’échantillon oxydé, après avoir découpé un film dans un plan per-
b courbe de calibration en fonction du taux d'acétate de vinyle pendiculaire à la direction du gradient de distribution des produits
d’oxydation. Le principe de l’analyse est le même que dans le cas
Figure 7 – Dosage du taux de motifs d’acétate de vinyle dans des des multicouches. La figure 10 montre le profil d’oxydation déter-
copolymères d’éthylène et d’acétate de vinyle miné par analyse d’un échantillon de polypropylène (épaisseur
3 mm) soumis à un photovieillissement artificiel accéléré.
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Absorbance Absorbance
1,0 1,0
0,8 0,8
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
Nombre d'onde (cm–1) Nombre d'onde (cm–1)
a première couche : identifié au polypropylène b deuxième couche : identifié à l'alcool polyvinylique
Absorbance
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
Nombre d'onde (cm–1)
c troisième couche : identifié au polypropylène
(nombre d’onde du maximum d’absorption de la bande correspon- base pour cela sur les intensités relatives de bandes spécifiques de
dant aux produits d’oxydation carboxylés). la phase amorphe ou de la phase cristalline. Un étalonnage par une
autre technique (diffraction des rayons X par exemple) est toutefois
nécessaire. On peut signaler également l’utilisation de la spectro-
photométrie infrarouge pour l’étude de la tacticité, la détermination
1.4 Autres applications de l’orientation des macromolécules par mesure du dichroïsme
infrarouge.
Il faudrait plus d’un paragraphe de cet ouvrage pour donner un Il faut noter également les récents progrès effectués dans le
bilan complet des applications de la spectrophotométrie infrarouge domaine du proche infrarouge (4 000 à 11 000 cm−1) et les dévelop-
à l’étude des polymères. On soulignera l’utilisation de cette techni- pements prometteurs de cette technique.
que pour analyser le vieillissement des matériaux polymères, en
particulier les vieillissements oxydants. L’analyse par spectrophoto-
métrie infrarouge permet également de caractériser rapidement les
taux de cristallinité de nombreux polymères semi-cristallins. On se
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1,91
2.2 Quelques exemples d’application
1,43 aux polymères
Figure 11 – Spectre photoacoustique réalisé sur la plaque de Dans le cas des terpolymères EPDM (terpolymère éthylène/propy-
polypropylène analysé en microspectrométrie (cf. figure 10) lène/diène monomère), la spectrométrie Raman permet de détermi-
ner la nature du diène et de mesurer sa concentration (figure 13 : le
maximum de la bande νC=C à 1 685 cm−1 permet d’identifier le diène
au norbornène). Dans le cas des terpolymères ABS (acrylonitrile-
2. Spectrométrie Raman butadiène-styrène), la spectrométrie Raman permet aussi de carac-
tériser facilement le composant polybutadiène (figure 14). On ima-
gine, à partir de ces trois exemples, que les possibilités
d’applications de la spectrométrie Raman aux polymères compor-
Le lecteur se reportera à l’article [43] du traité Analyse et Caracté- tant des séquences polybutadiène sont extrêmement nombreuses.
risation des Techniques de l’Ingénieur.
La complémentarité spectrométrie Raman/spectrométrie infra-
rouge peut être exploitée dans de nombreux cas, car, en raison des
règles de sélection, des vibrations très actives en infrarouge ne con-
2.1 Avantages et difficultés duisent qu’à de faibles absorptions en Raman, et réciproquement.
de la méthode Ceci peut être illustré par le cas du polystyrène (figure 15) ou
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Intensité Raman
Intensité x 10 –2
20
18
1,71
1 666 16
1,38 14
1 654
12
1,05
10
1 641
8
0,72
6
4
0,40
2
0,57 0
1 800 1 750 1 700 1 650 1 600 1 550 1 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
∆ ν (cm–1) ∆ ν (cm–1)
Figure 12 – Spectre Raman (excitation Ar+) d’un échantillon de Figure 14 – Spectre Raman TF d’un copolymère ABS
polybutadiène
O O
Intensité Raman
19
Intensité Raman
17
21
19 15
17 13
15
11
13
9
11
7
9
7 5
5 3
3
1
1
4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500
4 000 3 600 3 200 2 800 2 400 2 000 1 600 1 200 800 400 ∆ ν (cm–1)
∆ ν (cm–1)
Figure 15 – Spectre Raman TF du polystyrène
Figure 13 – Spectre Raman TF d’un échantillon de terpolymère (le
diène est, dans ce cas, du norbornène)
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4,5
4,0
3,5 254,3
I II
3,0
15 %
2,5 190,2
2,0
1,5 451,3 7%
1,0
1 900 1 850 1 800 1 750 1 700 1 650 1 600 1 550 1 500 0,5
Nombre d'onde (cm–1)
0
Figure 16 – Spectre Raman TF et spectre infrarouge d’un échantillon 900 800 700 600 500 400 300 200 100
de polyuréthane dans la zone 1 900-1 500 cm−1 (I : spectre IRTF ; ∆ ν (cm–1)
II : spectre Raman TF)
Figure 18 – Spectre Raman TF d’un polypropylène à 7 % ou 15 %
d’oxyde d’antimoine
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2,5
1,875
E échantillon R 1,250
R référence
D détecteur 0,625
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D D
2,0
1
1,6
0,8
1,2
I
0,6 0,8
0,4
0,4
0
II 200 300 400 500 600 700 800
0,2 Longueur d'onde (nm)
tBu
tBu 2
Me Me 1,5
II : HO S OH 2 x 10– 4 M
1
Me Me
0
250 325 400 475 550
longueur de conjugaison se traduit par un effet batochrome (dépla-
cement de l’absorption vers les grandes longueurs d’onde) et une Longueur d'onde (nm)
hyperchromie (augmentation des coefficients d’absorption molaire)
Figure 24 – Évolution du spectre UV-visible d’un film de
marqués (figure 23).
polycarbonate irradié en lumière monochromatique (λ = 254 nm)
● Jaunissement du polycarbonate : certains polymères compor-
sous vide (les courbes successives correspondent respectivement à
tant des structures aromatiques développent sous irradiation lumi- 0, 1, 15, 56, 149 et 713 heures d’irradiation)
neuse une coloration d’origine non oxydante (par exemple, le
polycarbonate de bisphénol-A, les polyuréthanes à base de MDI ou
de TDI...). Les mécanismes des réactions responsables de cette évo-
lution sont connus et ont été plus spécialement étudiés dans le cas La sensibilité des appareils actuellement commercialisés permet
du polycarbonate. La spectrométrie d’absorption UV-visible permet la mise en œuvre de nombreuses techniques de couplage qui per-
de mettre en évidence les photoproduits issus de ces réactions con- mettent d’élargir considérablement le champ d’applications de ces
nus sous le nom de réarrangement de photo-Fries (figure 24). spectrométries.
La littérature scientifique portant sur les spectrométries optiques
est extrêmement large. Le lecteur trouvera dans les références
citées à la fin de cet article des publications d’intérêt général et éga-
4. Conclusion lement un ensemble de publications destinées à compléter les
exemples d’applications de la spectrométrie optique donnés dans le
cadre de cet article.
Les années 80 ont vu un développement important des applica-
tions des spectrométries vibrationnelles au domaine des polymères.
Ce développement est associé à l’amélioration notable de l’instru-
mentation, due notamment à la diffusion de la spectrométrie infra-
rouge à transformée de Fourier et à l’introduction de nouvelles
technologies en spectrométrie Raman.
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Références bibliographiques
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