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RELATIFS A LA N O T IO N DE LIMITE
Anka Sierpiriska
Institut Mathématique
Académie des Sciences de Pologne
ABSTRACT
The present paper is concerned with a research the direction , of which
was indicated by Guy Brousseau in his 1983. To discover the epistemo
logical obstacles connected with mathematics to be taught at school and
to .elaborate didactical means to help the students to overcome them —
these are, briefly, two main problems of this research programme. In
this paper, the particular case of the notion of limit is considered and
only the first of the two above mentionned problems is dealt with : a list
of epistemological obstacles relative to the notion of limit is proposed ;
there are no proposals of didactical situations enabling the students to
overcome these.
RESUMEN
La investigaciôn que trata este articulo se situa dentro de la linea
de investigaciones indicadas por Guy Brousseau (1983). Descubrir los
obstâculos epistemolôgicos ligados a las matemâticas que se ensenan en la '
escuela y encontrar los medios didâcticos para ayudar los alumnos a
superarlos. Brevemente presen tamos aqui dos problemas principales de
ese programa de investigaciôn. Se trata del caso particular de la nociôn de
limite y el articulo toca solamente el primera de esos problemas : se
propone una lista de obstâculos epistemolôgicos relativos a la nociôn de
limite présentes todavia en los alumnos de hoy en dia ; no se proponen
situaciones didâcticas que permitirian a los alumnos de superar esos
obstâculos.
RESU M E
La recherche dont il est question dans le présent article se place dans la
voie des recherches indiquée par Guy Brousseau dans son (1983). Décou
vrir les obstacles épistémologiques liés aux mathématiques à enseigner à
l’école et trouver les moyens didactiques pour aider les élèves à les
Anka SIERPINSKA
Institut Mathématique, Académie de Pologne
U L Sniadeckich 8
00950 Varsovie Pologne
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 7
I. Introduction
La recherche dont nous allons rendre compte se donnait
pour but la mise en évidence d’obstacles épistémologiques
relatifs à la notion de limite. Nous rencontrerons donc
deux notions clés :
obstacles épistémologiques
limite.
En ce qui concerne la limite, il s’agit d’une notion topo
logique, bien connue des mathématiciens, basée sur deux
notions : celle d’ensemble et celle d’application d’un espace
topologique dans un autre et qui obéit à la définition géné
rale suivante :
si f : A —* Y est une application d’un sous-ensemble A
d’un espace topologique X dans un espace topologique Y et
Xç, est un point d’adhérence de A, alors on dit que y de Y
est'limite de f en Xç, si pour tout voisinage V de y dans Y il
existe un voisinage U de ^ tel que ^ A D ^ ^ ) c V.
La notion d’obstacle épistémologique, telle qu’elle est
actuellement utilisée dans les recherches en didactique des
mathématiques est beaucoup plus controversée et a donné
heu à plusieurs interprétations (Brousseau 1983, Duroux
1983, Glaeser 1984).
Pour notre part, nous retiendrons deux aspects de la
notion d’obstacle épistémologique selon G. Bachelard (Ba
chelard 1938) :
— l’apparition des obstacles a un caractère inévitable.
Dans la citation célèbre où il introduit le terme « obstacle
épistémologique » Bachelard écrit :
« C ’est en termes d ’obstacles qu’il faut poser le pro
blème de la connaissance scientifique. Et il ne s’agit pas
de considérer les obstacles externes, comme la complexité
et la fugacité des phénomènes, ni d ’incriminer la faiblesse
des sens et de l’esprit humain : c’est dans l’acte même de
connaître, intimement, qu’apparaissent, par une sorte de
nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C ’est
là que nous montrerons les causes de stagnation et même
de régression, c’est là que nous décèlerons des causes
d ’inertie, que nous appellerons obstacles épistémologi
ques » (Bachelard 1938, p. 13).
8 Recherches en Didactique des Mathématiques
2.3. Dispositif
Pour la présentation matérielle de la première étape, le
dispositif utilisé a été le suivant :
. étiquettes (S) et @
. règle
. planches 1.2.3.4.
— l’ensemble des informations mises à la disposition des
Récepteurs.
. une planche.
Figure 2
2.4. La consigne
Nous détaillons ici la consigne pour les Emetteurs.
Pour la première étape elle est détaillée avant la présenta
tion du dispositif :
« Je vous montrerai tout à l’heure, sans paroles, ce qu’est
la tangente à une courbe en un point. Votre tâche sera
d’écrire à vos collègues, en utilisant seulement des mots, ce
qu’est une tangente à une courbe en un point, de façon à ce
qu’ils soint capables, à partir de cette information, de dessi
ner une tangente à une courbe donnée en un point donné
de cette courbe. Vous n’aurez pas le droit de vous servir de
dessins dans le message que vous allez écrire ensemble,
seulement des mots. Voici une feuille et un crayon ».
La présentation est effectuée de la façon suivante : l’épin
gle portant la lettre S est fixe. L’épingle portant la lettre P est
placée dans la fente et déplacée le long de la courbe jusqu’au
16 Recherches en Didactique des Mathématiques
Emetteurs :
1) Recherche d ’une construction classique de la tangente à
une courbe*
Les élèves semblent manipuler (implicitement) l’idée sui
vante :
Il faut trouver le centre de courbure au point donné,
dessiner la normale en ce point, la tangente est alors la
droite perpendiculaire à la normale. Cette conception géné
ralise la construction de la tangente à un cercle ; elle leur a
été suggérée au cours de la présentation par la démonstra
tion de l’équivalence, pour le cercle, de la tangente au sens
usuel et de la tangente au sens de la manipulation. On
retrouve les éléments de cette conception à travers les énon
cés suivants :
* C e rta in e s ex p ressio n s des élèves se ro n t codées, le code étan t com posé d ’une
le ttre e t d ’u n chiffre.
18 Recherches en Didactique des Mathématiques
Figure 3
Figure 4
Figure 6
« > • • •
• • • • . . . . «
» ..............................................
Figure 7
à 'intersection
Figure 8
Figure 9
28 Recherches en Didactique des Mathématiques
T H É O R I E
SECONDE PARTIE.
ylppücniion de la Théorie a la Géoméirie et à la M écanij!.:.
Extrait n° 1
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 29
Tableau n° 1
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 33
Siv\ xp a D _ ^ " ,X
P y
4'X0,<H3& o .o e^
a° 0 ,0
/• zO f^ s O.CM 46" ^ 4 /
0 ffK®,00fy 0,008^
S\ o O
** A 0,6k
7 J\ oyt O filA k iS k
4 - ÏÏ 0 , 0 314 0 ,3 3 3 8 S S T
\ o o Jl
6 ^ X À Jo 0 b Os 4
2 4«ÿ> i ■** ^cLj *= 0 -fo Q. i °',£jk <r£w«M"i«
g ty a v tj 4o çiv\iA*<5i'4cj o j piM/Jra* (O,ûj ^ « s / ; ^ ^<= / « ;
^ - <*x+b b -O
^ = oy <x=A
a*x
’une droite : y = ax + b b= 0 y = ax a = 1, y = x.
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 37
1. « H orror Infiniti »
2. Obstacles liés à la notion de fonction
3. Obstacles « géométriques »
4. Obstacles « logiques »
5. L’obstacle du symbole.
Cette liste et la classification correspondante sont présen
tées dans le tableau des obstacles :
Cauchy
*o
le t a b l e a u
■ZO —
o ST >
H 0 H 3
r S"
K
des
o bstacles
Obstad* du symbole
Re l a t i f s
A L>
n o t io n
de. l i m i t e
Tableau n° 2
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 39
—
v y
TV — /J
i i_
w .
T>
1 I
Figure 11
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 45
lim sin a- — »,
tandis que l'expression
lim
fini
Extrait n° 2
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 57
V. Quelques commentaires
1. Nous ne prétendons pas que l’analyse des obstacles
épistémologiques relatifs à la notion de limite que nous
venons de présenter soit définitive ou exhaustive. Il nous
semble probable, par exemple, que l’élaboration de
situations-problèmes permettant la prise de conscience et le
franchissement de ces obstacles par les élèves, leur expéri
mentation en classe et leur analyse en interaction avec une
étude historique et philosophique des problèmes liés avec
l’infini surtout résulte en une remise en cause de cette liste,
sa modification, un approfondissement.
2. L’expérience a montré que des obstacles sérieux rela
tifs aux notions du nombre et de l’infini restent à surmonter
chez les élèves malgré un enseignement systématique de ces
notions en classe.
3. A cause de l’importance fondamentale de la notion de
fonction dans la notion de limite, le franchissement des
obstacles qui lui sont liés a une signification toute particu
lière. Le fait qu’ils ne soient pas surmontés chez de si bons
élèves oblige à porter une attention particulière à la notion
de fonction au début de l’enseignement de l’analyse.
4. Les deux points précédents indiquent déjà une direc
tion de recherche future autour des problèmes de l’ensei
gnement de l’analyse. Les concepts de base y sont nette
ment interdépendants, ils s’« accrochent » les uns aux au
tres, aussi faudrait-il chercher les obstacles relatifs non pas à
chacun des ces concepts séparément mais bien à tous ces
concepts ensemble, c’est-à-dire des obstacles relatifs au
champ conceptuel des débuts d’analyse. De même, il serait
insensé de séparer dans l’enseignement les notions de limite,
de continuité, de dérivée ou d’intégrale.
5. Le recours à l’intuition géométrique avait tenu ferme
très longtemps dans l’histoire et faisait un obstacle sérieux à
la formulation d ’une définition rigoureuse, autant en empê
chant la détermination de ce qu’il faut comprendre par la
différence entre deux grandeurs que par un attachement de
la notion de limite à la notion de borne d’un ensemble,
conduisant à accepter comme limite d’une fonction dans un
point ce qui est le sup. ou l’inf. de l’ensemble des valeurs de
cette fonction au voisinage de ce point. Ceci indique la
58 Recherches en Didactique des Mathématiques
VI. Références.
Nous évoquerons ici les quelques travaux didactiques
portant sur la notion de limite qui nous ont été accessibles
et qui nous ont parus significatifs.
Schwartzenberger, Tall et Vinner travaillent depuis long
temps sur l’enseignement de l’analyse. Leur hypothèse cen
trale est que dans un processus d’apprentissage le sujet
construit des structures mentales qui peuvent fonctionner
selon d ’autres principes que ceux de la logique mathémati
que. La structure mentale associée à un concept mathémati
que donné (« concept image » - Tall et Vinner (1981) )peut
contenir une forme verbale utilisée par le sujet pour définir le
concept, certaines propriétés qui ne sont pas nécessairement
introduites par le maître ou le manuel, mais qui peuvent être
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 59
lim un = Tf = 0
n—
La deuxième catégorie est trop large (elle semble du reste
contenir les deux autres) pour pouvoir la her à un obstacle
précis.
Les travaux de B. Cornu (1983) permettent de discuter
plus avant les obstacles à l’apprentissage de la notion de
limite.
Obstacles épistémologiques relatifs à la notion de limite 63