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Peter Szendy
Belin | « Po&sie »
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Parmi tant de choses que je dois à Samuel Weber (lui qui a si souvent interrogé le
motif de la dette 2), il y a notamment une question, que je voudrais en quelque sorte
essayer de lui retourner. Une question qu’il ne formule pas explicitement lui-même
comme je me risque imprudemment à le faire, mais que tout, dans ses écrits, me semble
appeler. À savoir : venir après Derrida, n’est-ce pas aussi interroger autrement la lec-
ture, lui donner une place, un rôle qui ne soit pas seulement dérivé de l’écriture ?
Je ne suis certainement pas le premier à remarquer l’importance de la lecture, à la
fois comme pratique et comme question, dans l’œuvre de Samuel Weber 3. La lecture,
c’est non seulement l’un de ses soucis majeurs mais aussi l’une de ses ressources les
plus constantes et les plus singulières. Peu de penseurs ont su développer, comme lui,
un véritable art de lire (the art of reading, c’est du reste un syntagme qu’il a tenu à
contresigner en l’empruntant à Adorno 4), tout en ne cessant d’interroger, de mettre
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1. Les pages qui suivent ont été écrites pour un colloque consacré à l’œuvre de Samuel Weber en juillet 2010 au Château
de la Bretesche, à Missillac. Une traduction anglaise due à Antoine Traisnel a paru dans Points of Departure. Samuel
Weber between Spectrality and Reading, textes réunis par Peter Fenves, Kevin McLaughlin et Marc Redfield, Northwestern
University Press, 2016.
2. Cf. « The Debt of Criticism : Notes on Stanley Fish’s Is There a Text in This Class ? » et « The Debts of Deconstruction
and Other, Related Assumptions », dans Institution and Interpretation, Stanford University Press, 2001. Cf. aussi « Closing
the Net : “Capitalism as Religion” (Benjamin) », dans Benjamin’s –abilities, Harvard University Press, 2008, p. 257 et sq.
Mes propres dettes à l’égard de Samuel Weber sont lisibles ici ou là, notamment dans Tubes. La philosophie dans le juke-
box (Minuit, 2008, p. 32), mais surtout, précisément sur la question même de la dette, dans « This Is It (The King of Pop) »,
Pop filosofia, textes réunis par Simone Regazzoni, il melangolo, 2010, p. 153 et sq.
3. Cf. Simon Morgan Wortham, Samuel Weber : Acts of Reading, Ashgate, 2003.
4. The Art of Reading, c’est en effet le titre du premier volet d’un essai d’abord paru en 2000, puis recueilli dans
Theatricality as Medium, Fordham University Press, 2004, p. 229 sq. : « After the End : Adorno ». Weber commente la
dernière des Trois études sur Hegel d’Adorno (traduction du Collège de philosophie, Payot, 2003, p. 89 sq.) : « Skoteinos ou
Comment lire ». Adorno y affirme notamment que Hegel « demande objectivement, et non pas simplement pour familiariser
le lecteur, une lecture multiple » (p. 91-92). Il importe de souligner aussi que l’expression reprise par Weber, the art of
reading, « l’art de lire », apparaît en enchaînant immédiatement sur la politique : « … la Logique de Hegel n’est pas seulement
sa métaphysique, elle est aussi sa politique. L’art de lire Hegel devrait être attentif au moment où interviennent le nouveau,
le substantiel et distinguer le moment où continue à tourner une machinerie qui n’entend pas en être une et ne devrait pas
continuer à tourner. Il faut à chaque instant prendre en considération deux maximes en apparence incompatibles : celle d’une
immersion minutieuse et celle de la distance libre. » (p. 94)
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Si, chez Derrida, la lecture n’est donc évidemment pas inscrite dans l’horizon idéal
d’une visibilité réglant la multiplicité des points de vue, elle reste néanmoins, comme
le suggère Samuel Weber, dépendante du paradigme textuel ou scriptural. Non pas au
sens où la lecture serait, chez Derrida comme chez Iser, contrôlée en dernière instance
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1. « Caught in the Act of Reading » (1986), repris dans Institution and Interpretation, Stanford University Press, 2001.
Cf. Wolfgang Iser, L’Acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique (1976), traduction française d’Evelyne Sznycer, Mardaga,
1985.
2. « Reading and Writing chez Derrida » (1983), repris dans Institution and Interpretation, p. 93.
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On notera ici le lexique théâtral qui affecte celui de la lecture, qui en prépare et
accompagne la scénographie : lorsqu’il est question de lire, chez Samuel Weber, le
théâtre – nous y reviendrons – n’est jamais loin.
Toujours est-il que la lecture, donc, n’aurait pas de place à elle, pas de « place propre »
(proper place), elle n’aurait pas d’autonomie « dans la déconstruction de la métaphy-
sique » (p. 93). C’est-à-dire qu’elle n’aurait pas de rôle propre dans la déconstruction
du propre. Et voilà la difficulté, voilà ce qui, ainsi qu’il le suggère lui-même à demi-
mot, semble condamner Samuel Weber à une certaine précipitation ou anticipation.
Car lorsqu’il convoque la scène d’un théâtre, lorsqu’il y met en scène la lecture, il le
fait, dit-il, « en anticipant », anticipating. Il se porte vers ce qui est en avant, plus loin,
après : à savoir la question de la lecture, posée là-bas, devant nous, nous attendant. Et il
le fait en risquant nécessairement d’aller trop vite – on verra pourquoi –, en s’exposant
nécessairement à brûler les étapes, en s’élançant précipitamment vers ce code théâtral
(theatrical code) qui, tout en étant donc encore en attente, doit néanmoins être gardé
aussi, retenu pour un temps (retaining, for a while, the theatrical code). Bref, cette
théâtralité, qui s’annonce comme la scène même de l’interrogation à venir sur ce que
lire veut dire, c’est à la fois ce qui viendra après et ce qui était déjà là avant.
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1. Op. cit., p. 228 : … what allows the notion of textuality to be “generalized” in the way indicated by Derrida – and
before him, by Benjamin…
2. … the stamp of writing (ibid., p. 307).
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« Ce type de lecture est le plus ancien : la lecture avant tout langage, dans les
entrailles, dans les étoiles ou dans les danses. Plus tard vinrent en usage les éléments
intermédiaires d’une nouvelle façon de lire, rune et hiéroglyphes. »
Une lecture, donc, qui viendrait avant telle ou telle forme historiquement attestée
d’écriture (rune ou hiéroglyphe) ; voire, comme le suggère Samuel Weber, une lecture
qui viendrait avant « toute écriture » (prior… to all writing, p. 308).
Que serait donc cette archilecture2, cette lecture absolument antéscripturale qui, dès
lors, exigerait justement de trouver sa place, d’être située dans ou articulée avec les
notions derridiennes d’archi-écriture et d’architexte ?
Reprenons.
Ce que nous appellerons donc l’archilecture, c’est à l’évidence, pour Benjamin, une
lecture prophétique (« dans les entrailles, dans les étoiles… »). Mais en quel sens ?
Après son bref essai de 1933, Sur le pouvoir d’imitation (qui ne fut toutefois publié
que de façon posthume en 1955), c’est dans les paralipomènes et variantes de Sur le
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1. Ibid., notamment p. 207 et p. 308. Cette phrase de Benjamin (que lui-même emprunte à Hofmannsthal) figure et
dans une esquisse pour Über den Begriff der Geschichte, et dans Über das mimetische Vermögen. Cf. Walter Benjamin,
« Paralipomènes et variantes de “sur le concept d’histoire” », Écrits français, Gallimard, coll. « Folio », 2003, p. 453 ; « Sur
le pouvoir d’imitation », traduction française de Maurice de Gandillac revue par Pierre Rusch, Œuvres, II, Gallimard,
coll. « Folio », 2000, p. 363.
2. Rien à voir, évidemment, avec la notion d’archilecteur proposée jadis par Michael Riffaterre dans ses Essais de
stylistique structurale (Flammarion, 1971) et définie comme « une somme de lectures » (p. 46). Si Michel Lisse parle bien,
quant à lui, d’archilecture (cf. L’Expérience de la lecture, 2. Le glissement, Galilée, 2001, p. 15, 18 et 189), c’est toutefois
dans un tout autre sens que celui qui m’intéresse ici. L’enjeu, pour Michel Lisse, semble être en effet de répéter, de vérifier
ou de poursuivre, sur le « cas » de la lecture, la déconstruction du logocentrisme entreprise par Derrida : c’est-à-dire de
« libérer la lecture de la coupe de l’écoute », de sa soumission à « ce qui s’entend » (p. 13), pour « ne plus réduire la lecture
à une écoute ou à un regard » (p. 18, je souligne) mais la penser comme « un partage entre écoute et regard » (p. 15). Bref,
la lecture « doit combiner l’écoute et le regard » (p. 189) dans ce que Michel Lisse appelle « l’orœil » (p. 18). C’est pourquoi
l’archi-écriture et l’archilecture sont pensées chez lui dans un rapport de complémentarité et de continuité (« à l’archi-écriture
correspond une archilecture », je souligne, p. 189), alors que c’est précisément leur tension, voire leur incompossibilité
qu’il s’agit ici de faire surgir : là où – j’y viendrai – se loge l’impossibilité de la lecture comme sa possibilité la plus propre.
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La lecture semble donc être synonyme d’interprétation, lire (lesen) rime avec inter-
préter (deuten) dans ces vers de Hofmannsthal auxquels Benjamin fait allusion en ces
termes :
« Si l’on veut considérer l’histoire comme un texte, alors vaut pour elle ce qu’un
auteur récent dit des textes littéraires : le passé a laissé de lui-même des images com-
parables à celles que la lumière imprime sur une plaque photosensible. “Seul l’avenir
possède des révélateurs assez actifs pour fouiller parfaitement de tels clichés. Mainte
page de Marivaux ou de Rousseau enferme un sens mystérieux, que les premiers lec-
teurs ne pouvaient pleinement déchiffrer” (Monglond)… La méthode historique est
une méthode philologique, dont le fondement est le livre de la vie. Chez Hofmannsthal
on note : “Lire ce qui n’a jamais été écrit.” Le lecteur auquel il fait penser ici est le
véritable historien. » (Écrits français, p. 453)
Dans ce contexte, tout semble indiquer que le vers de Hofmannsthal, préparé comme il
l’est par la citation d’un « auteur récent1 », ne doit pas être pris à la lettre : « lire ce qui n’a
jamais été écrit » veut dire ici lire ce qui n’a pas encore été déchiffré, lire ce qui reste à lire.
Lire ce qui est écrit d’une écriture certes encore jamais décryptée, mais bel et bien inscrite.
Si bien que, ici comme ailleurs, la lecture répondant à une telle écriture serait
condamnée à n’être que la répétition (de la répétition) du texte, selon l’inexorable para-
digme que Samuel Weber a pu formaliser ainsi2 :
C’est ce pli – ou cette ride (wrinkle veut dire les deux) – qui doit nous retenir.
Que serait donc une lecture qui, sans être vouée à répéter le texte en le représentant,
n’en deviendrait pas pour autant écriture à son tour, n’irait pas pour autant se dissoudre
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Qu’il y ait, comme l’écrit Samuel Weber, un lecteur « inscrit dans » le texte, voire
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1. Cf. « Reading : “To the Very End of the World” », dans Modern Language Notes, vol. 111 n° 5, décembre 1996, p. 827 :
The reader, as inscribed in Tristram Shandy…
2. Comme j’ai tenté de le montrer ailleurs : cf. Peter Szendy « L’image du pouvoir et le pouvoir de la lecture (le Léviathan,
en somme) », dans Geste, n° 4, novembre 2007. Samuel Weber a également consacré de remarquables pages au Léviathan :
cf. « Toward a Politics of Singularity. Protection and Projection », dans Religion : Beyond a Concept, Hent de Vries (ed.),
Fordham University Press, 2008, p. 626 sq.
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Une telle lecture, on peut la dire, on doit la dire logocentrique, bien sûr 2. Mais il faut
alors montrer aussi que le rassemblement concentré sur le dit de l’écrit est inscrit dans
ou prescrit par le texte – par tout texte, sans doute –, en tant qu’il configure d’avance
l’acte de sa lecture. Ici, dans le passage du Léviathan que nous avons à peine commencé
à lire, l’opérateur de ce rassemblement, c’est ce hitherto qui, comme tous ses équiva-
lents ailleurs (in sum et bien d’autres expressions du même genre), est un représentant
du texte dans le texte : tenant lieu de ce qui précède, il est comme un délégué ou un
député du texte qui s’envoie ainsi en avant de lui-même, afin de se construire par repré-
sentations cumulatives, par mandats.
Or, après s’être ainsi, grâce à la récapitulation cumulative que permettent ses man-
dataires, replié sur lui-même, le texte hobbesien annonce, il anticipe sur ce dont il va
s’agir ensuite : in that I am next to handle, « dans ce que je m’apprête à traiter », il sera
question de la parole « prophétique » (prophetical). Il sera question de la prophétie et
des prophètes, ils seront l’objet, le thème du texte, mais ce qu’ils viendront y inscrire
en filigrane ou entre les lignes, ce sera un autre régime de lecture.
Pourquoi ? Et qu’est-ce qu’un prophète pour Hobbes ?
Lisons la triple définition du prophète que donne le chapitre trente-sixième du Lévia-
than, intitulé De la parole de Dieu et des prophètes (Of the Word of God, and of Pro-
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1. Martin Heidegger, « Was heisst lesen ? » (1954), dans Aus der Erfahrung des Denkens. 1910-1976, Klostermann, 1983,
p. 111. Traduction française de Marc Froment-Meurice, Nouvelle revue de psychanalyse, n° 37, printemps 1988, p. 193 (citée
par Michel Lisse dans L’Expérience de la lecture, 1. La soumission, Galilée, 1998, p. 42). Heidegger poursuit : « La lecture
à proprement parler est le rassemblement sur ce qui, à notre insu, a déjà réclamé notre être, que nous désirions répondre ou
nous dérober à cette requête. Sans la lecture proprement dite, nous ne sommes même pas capables de voir ce qui nous regarde,
ni de considérer ce qui apparaît et paraît. » (Das eigentliche Lesen ist die Sammlung auf das, was ohne unser Wissen einst
schon unser Wesen in den Anspruch genommen hat, mögen wir dabei ihm entsprechen oder versagen. Ohne das eigentliche
Lesen vermögen wir auch nicht das uns Anblickende zu sehen und das Erscheinende und Scheinende zu schauen.)
2. Comme le fait Michel Lisse dans le sillage de Derrida, ibid., p. 49.
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Non seulement les porte-parole mais aussi les devins en tout genre : il y a de plus en
plus de prophètes, faisant feu de tout bois, utilisant tous les moyens du bord, rompant
tout lien entre les causes – « fausses » – et les effets. Sans qu’on puisse en rendre rai-
son, déliée de toute parole ayant autorité, la prophétie quitte alors son domaine légi-
time et légitimé, elle perd en quelque sorte sa tenue ou sa teneur pour devenir une
simple manière de se rapporter au langage en général ; sans contenu, et pouvant dès lors
accueillir tout événement à venir, la prophétie n’est plus rien d’autre que le pur principe
de déliaison des mots :
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En se généralisant ainsi jusqu’à devenir une simple modalité du commerce avec les
signes, la prophétie se met à parler, allégoriquement, du lecteur. Et, à relire ce passage,
à repasser par les trois sens du mot prophète, on se dit que c’est notre propre lecture
qui est en jeu : 1. le lecteur, en effet, prête sa voix et parle pour un autre, c’est-à-dire
pour le texte dont il est le prolocutor (comme l’acteur serait le porte-parole du person-
nage) ; 2. mais ce faisant, il ne cesse d’anticiper, de se précipiter vers ce qu’il n’a pas
encore pu lire, vers ce qui n’a pas encore été écrit ; 3. si bien qu’il est structurellement
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Depuis Benjamin, sur la scène d’un drame qui s’adresse à la lecture, qui se voue à
elle, nous tentons de penser ce qui pourrait bien être aussi le deuil de la lecture, son
Trauerspiel au sein de ce que Samuel Weber a pu appeler « le drame tragicomique de
la déconstruction ».
1. Cf. Walter Benjamin, Origine du drame baroque allemand, traduction français de Sibylle Muller, Flammarion,
coll. « Champs », 2000, p. 224.
2. Ibid., p. 187 (traduction légèrement modifiée). Benjamin écrit : Jede Person, jedwedes Ding, jedes Verhältnis kann
ein beliebiges anderes bedeuten. Diese Möglichkeit spricht der profanen Welt ein vernichtendes doch gerechtes Urteil :
sie wird gekennzeichnet als eine Welt, in der es aufs Detail so streng nicht ankommt. Doch wird, und dem zumal, dem
allegorische Schriftexegese gegenwärtig ist, ganz unverkennbar, das jene Requisiten des Bedeutens alle mit eben ihrem
Weisen auf ein anderes eine Mächtigkeit gewinnen, die den profanen Dingen inkommensurabel sie erst erscheinen last und
sie in eine höhere Ebene hebt, ja heiligen kann. Demnach wird die profane Welt in allegorischer Betrachtung sowohl im
Rang erhoben wie entwertet.
3. Cf. « God and the Devil – in Detail », dans Benjamin’s -abilities, op. cit., p. 242 : Details […] are required by baroque
allegory, but as Requisiten des Bedeutens, indispensable theatrical props of signification… What distinguishes Benjamin’s
interpretation of the baroque detail is that its spatial dimension becomes distinctively theatrical…
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