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Berbères
ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ / Imaziɣen (ber)
البربر/ ( األمازيغar)
Drapeau berbère.
Tunisie ≈ 50 00012
Égypte 50 00013
Canada 25 88514
États-Unis 3 00016
Autres
Régions
Afrique du Nord
d’origine
Langues berbères, traditionnellement écrites avec l'alphabet tifinagh, également l'alphabet berbère latin ou l’alphabet arabe ;
Langues
Dialectes arabes maghrébins (chez la population berbère arabisée)
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Sommaire
1Liminaire
2Étymologie
3Origines
o 3.1Recherches pré-modernes
o 3.2Génétique
o 3.3Anthropologie
3.3.1Mechta-Afalou ou Proto-Berbère
3.3.2Mechtoïde
3.3.3Protoméditérannéen
o 3.4Linguistique
o 3.5Récits de l'Antiquité et du Moyen Âge
3.5.1Selon Salluste
3.5.2Selon Hérodote
3.5.3Selon Ibn Khaldoun
o 3.6XIXe-XXe siècle
4Groupes ethniques
o 4.1Principaux groupes ethniques berbérophones
o 4.2Principaux groupes ethniques « non-berbérophones » d'origine berbère
5Berbères au pluriel
6Histoire
o 6.1Préhistoire
o 6.2Antiquité
6.2.1La Numidie
6.2.2Guerre de Jugurtha
6.2.3De 256 à 640, christianisme, invasion vandale
o 6.3Moyen Âge
6.3.1Conquête musulmane
6.3.2Dynasties et grandes formations berbères
6.3.3Les conflits berbères
6.3.4Influence des Berbères en Afrique de l'Ouest et en Al-Andalus
o 6.4Époque moderne
6.4.1De 1400 à 1900
6.4.2Les confréries berbères et le mouvement des saints berbères entre 1500 et 1900
o 6.5Contemporain
6.5.1De 1900 à 2000
6.5.2La résistance berbère face à la colonisation européenne
6.5.3Diaspora
7Religion
8Cultes berbères
9Culture berbère
o 9.1Croyances
o 9.2Tatouage
o 9.3Festivals
o 9.4Culture
10Démographie contemporaine
11Berbères notables
12Notes et références
13Voir aussi
o 13.1Bibliographie
13.1.1Travaux généraux
13.1.2Études spécialisées
13.1.3Livres en ligne
o 13.2Articles connexes
o 13.3Liens externes
Liminaire
Le plus connu des royaumes berbères est la Numidie. De nombreux rois berbères
ont régné dans différentes régions d'Afrique du Nord, tels
que Gaïa, Syphax, Massinissa, Juba Ier et Juba II, mais aussi des reines, telles
que Dihya, Sophonisbe ou encore Tin Hinan. On peut aussi parler des grandes
confédérations connues de Libye antique, telles celles des Libous, ou
des Mâchaouach, et les XXIIe et XXIIIe dynasties égyptiennes qui en sont issues. Il y
eut aussi des expansions berbères à travers le sud du Sahara, la plus récente étant
celle des Touaregs et la plus ancienne celle des Capsiens.
Plus réduites, les zones berbérophones actuelles sont inégalement réparties,
majoritairement au Maroc et en Algérie ainsi que dans une moindre mesure en Libye,
en Tunisie et en Égypte. Les langues berbères forment une branche de la famille
des langues afro-asiatiques. Autrefois, leur alphabet servait à écrire le libyque, dont
l'alphabet, appelé « tifinagh » a continué à être utilisé par les Touaregs et fait preuve
aujourd'hui d'un regain d'intérêt auprès des berbérophones.
Les Berbères constituent donc une mosaïque de peuples de l'Égypte au Maroc, se
caractérisant par des relations linguistiques, culturelles et ethniques. On distingue
plusieurs formes de langues
berbères : Chleuh, Chaoui, Rifain, Kabyle, Chenoui, Mozabite, Nafusi, Touareg…
sont les plus importantes variétés de la langue berbère. À travers l’histoire, les
Berbères et leurs langues ont connu des
influences puniques, romaines, arabes, turques ou encore françaises, ce qui fait que
de nos jours, sont appelées officiellement « berbères », les ethnies d'Afrique du
Nord parlant, se considérant et se réclamant berbères.
Cependant le terme berbère est un exonyme qui n'est pas forcément reconnu par
certains Berbères qui lui préfèrent le terme
(autoethnonyme) Amazigh (pl. Imazighen).
Selon Charles-Robert Ageron, « dans l’usage courant, qui continue la tradition arabe,
on appelle Berbères l’ensemble des populations du Maghreb »28.
Étymologie
Le nom « berbère » dérive d'un terme de l'égyptien ancien qui signifie « étranger »
ou des variations de celui-ci. L'exonyme a été adopté plus tard par les Grecs, avec
une connotation similaire.
Parmi ses attestations écrites les plus anciennes, Berbère apparaît en tant
que ethnonyme dans Le Périple de la mer Érythrée, au Ier siècle29.
En dépit de ces premiers manuscrits, certains historiens modernes ont soutenu que
le terme n'est apparu que vers 900 dans les écrits des généalogistes arabes30,
Maurice Lenoir postant une date d'apparition au VIIIe ou au IXe siècle31.
Les Berbères sont les Mauri cités dans la Chronique de 754 lors de la conquête
musulmane de la péninsule Ibérique, pour devenir depuis le XIe siècle, le
terme Moros (en espagnol, et Maures en français) sur les chartes et les chroniques
des royaumes ibériques chrétiens en expansion pour se référer aux Andalous, Nord-
Africains, et les musulmans en général.
Pour l'historien Abraham Isaac Laredo32 le nom Amazigh pourrait être dérivé du nom
de l'ancêtre Mezeg qui est la traduction de l'ancêtre biblique Dedan, fils de Shéba
dans le targoum. Selon Léon l'Africain, Amazigh signifiait « homme libre », bien que
cela soit contesté, parce qu'il n'y a pas de racine de M-Z-Gh qui signifie « libre »
dans les langues berbères modernes. De plus, « Am- » est un préfixe signifiant « un
homme, celui qui est [...] ». Par conséquent, la racine requise pour vérifier cet
endonyme serait (a)zigh, « libre », ce qui manque cependant aussi dans le
lexique berbère, mais peut être lié à aze « fort », Tizzit « bravoure »,
ou jeghegh « être brave, être courageux »33.
En outre, ce terme a aussi une connotation avec le mot touareg Amajegh, qui signifie
« noble »34,35. Le terme Amazigh est commun au Maroc, en particulier chez les
locuteurs du rifain et du shilah de l'Atlas central, en 198036, mais ailleurs dans la
patrie berbère, un terme local plus particulier, comme Kabyle ou Chaoui, est plus
souvent utilisé en Algérie37.
Selon l'historien Ibn Khaldoun, le nom Mazîgh est dérivé de l'un des premiers
ancêtres des Berbères, basé sur une opinion38.
Les Égyptiens, les Grecs, les Romains et les Byzantins ont mentionné diverses tribus
avec des noms similaires vivant en Libye antique, dans les zones où les Berbères
ont été plus tard identifiés. Les noms de tribus ou confédérations postérieurs diffèrent
des sources classiques, mais sont probablement encore liés au berbère moderne.
Parmi eux, la confédération des Mâchaouach représente l'une des premières
identifiées. Pour les historiens, il s'agirait du même peuple que celui appelé quelques
siècles plus tard en grec Mazyes par Hécatée de Milet, et Maxyes par Hérodote,
alors qu'il a été appelée Mazaces et Mazax dans les sources latines, et serait lié aux
derniers Massyles et Massæsyles. Tous ces noms sont similaires et sont peut-être
des représentations étrangères du nom utilisé par les Berbères pour s’appeler eux-
mêmes, en général, Imazighen.
Origines
Le Medracen, à Batna, est un mausolée numide, l'un des plus anciens monuments de
l'actuelle Algérie (300 av. J.-C.)
La majorité des haplogroupes masculins des Berbères sont E1b1b (12% à 100%)
d'origine atérienne[réf. nécessaire] et ibéromaurusienne39,40, et J (0% à 31%) d'origine
majoritairement arabe et carthaginoise41. L'haplogroupe R1b (M269), présent surtout
en Europe de l'Ouest arrive ensuite avec des fréquences entre 0 et 15 % selon les
régions. Un sous-groupe particulier de l'haplogroupe E1b1b, l'haplogroupe E1b1b1b
caractérisé par le marqueur M81, est très fréquent chez les Berbères et voit sa
fréquence décroître d'ouest en est42.
Les études anthropologiques et génétiques ont révélé la complexité du peuplement
de l'Afrique du Nord.
La question du type humain auquel se rattachaient les Berbères ou tout au moins
leur composant principal a été l’objet d’un débat récurrent, pour les uns, une
évolution se ferait par gracilisation avec une gracilisation générale du squelette, un
changement dans les proportions du crâne, qui de l'hyperdolicocéphalie des débuts
de l'Ibéromaurusien va devenir brachycéphale; elle s'observe dans le Columnatien,
où Marie-Claude Chamla a identifié des Mechta-Afalou gracilisés, pour d'autres, il y
aurait une impossibilité anatomique de passer du type Mechta-Afalou au type
Protoméditérannéen, la transition anatomique de l'Afrique du Nord résulterait donc
d'une migration43,44,45.
Recherches pré-modernes
Selon les récits de l'Antiquité, notamment Hérodote (v. 484 av. J.-C. — 425 av. J.-C.)
dans son écrit L'Enquête (en grec ancien: Ἱστορίαι / Historíai), relatant les
informations collectées pendant ses voyages en Afrique du Nord, les Libyens (terme
générique pour les Berbères) se disaient descendre des Troyens. Il les plaçait dans
la partie septentrionale de l'Afrique, dans les montagnes de l’Atlas (Enquête, IV, 184-
185)46. Par ailleurs, toujours selon Hérodote, le terme de « Maxies » était utilisé par
les Berbères pour se dénommer. Hérodote compte parmi eux les « Atlantes »47.
Salluste n’hésite pas à remonter les siècles pour rechercher les origines des
Berbères ; il va même jusqu’à interroger les ouvrages en langue punique en
possession du roi Hiempsal II ou les écrits mêmes de ce souverain numide48.
Diodore de Sicile aussi a consacré plusieurs paragraphes de son Livre Trois (LIV-LV)
à un peuple d’« Atlantes » qu’il situe « à l’'extrémité de l'Afrique » et qu’il présente
comme « arrivé à un assez haut degré de puissance et de civilisation ». Il place leur
histoire aux temps légendaires de la mythologie et y voit l’origine de nombreux
dieux ; par ailleurs ces « Atlantes » doivent faire face à leurs « voisins » les
« Gorgones » et sont vaincus par les « Amazones »49.
Au Moyen Âge, les thèses s'appuient sur des récits bibliques et sur des références
historiques comme Ibn Khaldoun : elles donnent alors à ce peuple une
origine chamitique.
Aux XIXe et XXe siècles, plusieurs auteurs lui attribuèrent une origine européenne et
nordique.
Génétique
E
F
- K
A E(x - R R A So
Populati M - J J
n / E1b M G I 1 1 ut ur
on 2 M 1 2
B 1b) 8 a b re ce
1 9
9
5
Abde
li &
Benh
Algérie/Ch 21 85.3 4.6 0.9 0.5 1.9
0 4.6% 0 0 0 0 0 assin
aouis 8 % % % % %
e
(2019
)50
Algérie/Ka 10 Kaby
0 2% 71% 0 0 7% 0 0 7% 0 6% 7%
byles 0 le
DNA
E
F
- K
A E(x - R R A So
Populati M - J J
n / E1b M G I 1 1 ut ur
on 2 M 1 2
B 1b) 8 a b re ce
1 9
9
5
Proje
ct51
Arred
Algérie/Ka i et
57.9 10.5 15. 15.
byles/Tizi 19 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
% % 8% 8%
Ouzou (2004
)52
Dugo
ujon
Algérie/Mo 89.6 1.5 1.5
67 0 4.5% 0 0 0 0 0 3% 0 et al.
zabites % % %
(2009
)53
Beka
da et
Algérie/Mo 10
20 0 10% 80% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
zabites %
(2015
)54
Beka
da et
Algérie/Zé 51.4 11. 8.5 2.8
35 0 25.7% 0 0 0 0 0 0 al.
nètes % 4% % %
(2015
)54
Pereir
Burkina a et
77.8 5.6
Faso/Touar 18 0 16.7% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
% %
egs (2011
)55
Kuja
Égypte/Siw nová
62.9 31.
is/Désert 35 0 5.7% 0 0 0 0 0 0 0 0 et al.
% 4%
Libyque (2009
)56
E
F
- K
A E(x - R R A So
Populati M - J J
n / E1b M G I 1 1 ut ur
on 2 M 1 2
B 1b) 8 a b re ce
1 9
9
5
Dugo
ujon
Égypte/Siw 28 3.2 7.5 6.5 28 8.3
93 6.5% 12% 0 0 0 0 et al.
is/Siwa % % % % % %
(2009
)53
Otton
Libye/Toua i et
11
regs/Al 38 0 50% 39% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
%
Awaynat (2011
)57
Otton
i et
Libye/Toua
9 0 11% 89% 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
regs/Tahala
(2011
)57
Pereir
a et
Mali/Touar 90.9
11 0 9.1% 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
egs %
(2011
)55
Semi
no et
Maroc/Ber 79.6 14.1
64 0 6.3% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
bères % %
(2004
)58
Regui
g et
Maroc/Rifa
43 0 0 79.1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
ins
(2014
)59
(2004
)58
Regui
g et
Maroc/Chl 98.5
65 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
euhs %
(2014
)59
Semi
no et
Maroc/Chl 12.5
35 0 2.5% 85% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
euhs %
(2004
)58
Alvar
Maroc/Chl ez et
90.8
euhs/Amiz 33 3% 6.1% 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
%
miz (2009
)60
Dugo
ujon
Maroc/Chl 85.2 1.9 1.9 1.9
54 0 9.3% 0 0 0 0 0 0 et al.
euhs/Asni % % % %
(2009
)53
Regui
g et
Maroc/Zay 18 89.8
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
anes 7 %
(2014
)59
Dugo
ujon
Maroc/Zay 2.9 81.1 4.3 5.8
69 5.7% 0 0 0 0 0 0 0 et al.
anes % % % %
(2009
)53
E
F
- K
A E(x - R R A So
Populati M - J J
n / E1b M G I 1 1 ut ur
on 2 M 1 2
B 1b) 8 a b re ce
1 9
9
5
Dugo
Maroc/Bén
ujon
i- 79.1 6.0 1.5 1.5 4.5
67 0 7.5% 0 0 0 0 0 et al.
Snassen/Si % % % % %
(2009
di Bouhria
)53
Pereir
a et
Niger/Toua 5.6 16.7 33.
18 44.4% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
regs % % 3%
(2011
)55
Ennaf
Tunisie/Ber aa et
92.5 2.5
bères/Bou 40 0 5% 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
% %
Omrane (2011
)61
Ennaf
Tunisie/Ber aa et
92.5 2.5
bères/Bou 40 0 0 0 0 0 0 5% 0 0 0 al.
% %
Saad (2011
)61
Ennaf
Tunisie/Ber aa et
93.6 4.25 2.1
bères/Djerb 47 0 0 0 0 0 0 0 0 0 al.
% % %
a (2011
)61
Fadhl
aoui-
Tunisie/Ber
100 Zid et
bères/Chen 27 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
% al.
ini–Douiret
(2011
)62
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B 1b) 8 a b re ce
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9
5
Fadhl
aoui-
Tunisie/Ber
65.7 2.9 31. Zid et
bères/Sene 35 0 0 0 0 0 0 0 0 0
% % 4% al.
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(2011
)62
Fadhl
aoui-
Tunisie/Ber
100 Zid et
bères/Jrado 32 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
% al.
u
(2011
)62
Mechta-Afalou ou Proto-Berbère
L'Afrique du Nord, durant le paléolithique ainsi que mésolithique, était habitée par
des populations du type de Mechta-Afalou ou Proto-Berbère72 caractérisées par une
robustesse générale, forte épaisseur des parois crâniennes, grandes dimensions du
crâne et de l’ensemble du squelette, tendance à la mésocéphalie, face large et
courte munie d’arcades sus-orbitaires saillantes réunies en un bourrelet médian,
orbites basses et rectangulaires, mandibule vaste, au corps très divergent avec
projection latérale des gonions, menton accusé, denture assez volumineuse et
atteinte de lésions pathologiques nombreuses. La stature de ces hommes était
élevée (1,77 m), leurs épaules larges, leur squelette très robuste. La comparaison
des hommes et des femmes de ces gisements montre qu’il existait un dimorphisme
sexuel prononcé, particularité fréquente chez les populations préhistoriques et
notamment au Mésolithique73.
Mechtoïde
Les hommes de Mechta-Afalou datant du Caspien, trouvés dans la nécropole de
Columnata, montrent des signes de gracilisation et de brachycéphalisation par
rapport aux hommes plus anciens d’Afalou et de Taforalt, et sont qualifiés du terme
de « mechtoïdes ». Ils présentent une moindre robustesse générale, des dimensions
du crâne et des os longs moins grandes (stature, 1,72 m), une tendance à la méso-
brachycéphalie, des reliefs osseux moins développés, une denture moins
volumineuse, toutes caractéristiques qui dénotent une gracilisation par rapport aux
restes ibéromausuriens plus anciens. L’usure des dents était chez eux moins
précoce et moins intense, la carie était en augmentation notable, indiquant des
modifications probables dans le régime alimentaire et une moindre résistance aux
facteurs cariogènes que leurs prédécesseurs73.
Protoméditérannéen
Ce dernier est divisé en deux variantes, une variante comprenant des sujets dolicho-
à mésocrânes, à face longue et à voûte élevée, aux orbites méso- à hypsiconques,
au nez méso- à leptorhinien, orthognathes ou modérément prognathes. Une autre
variante groupant des sujets dolichocrânes, à voûte basse, à la face de hauteur
moyenne, aux orbites mésoconques, au nez mésorhinien, éventuellement
prognathes. Chez les deux types la stature était élevée chez les hommes (1,76 m),
sensiblement plus petite chez les femmes (1,63 m) qui présentaient en outre une
certaine gracilité comparativement aux hommes nettement plus robustes.
Linguistique
Article détaillé : Langues berbères.
Les langues berbères, selon les experts européens, appartiennent à la famille des
langues afrasiennes (langues sémitiques, amharique, copte, langues tchadiques…)
qui remonte à 10 000 ans selon certains et 17 000 ans selon d’autres74.
L'origine des langues afrasiennes est très controversée75 certains linguistes pensent
qu'elles viennent d’Afrique orientale76,77, du Sahara78, du Levant79 ou de l'Afrique du
nord80.
Récits de l'Antiquité et du Moyen Âge
Selon Salluste
Salluste consacra les chapitres XVII et XIX de son ouvrage Bellum Iugurthinum à une
digression sur le pays de l'Afrique du Nord et ses habitants, d'après les traditions
numides et les livres puniques du roi Hiempsal II. Après une description du pays –
limites, climat, faune et flore –, l'historien présente les Gétules et les Libyens comme
les premiers habitants de l'Afrique. Le demi-dieu Hercule mourut en Espagne selon
la « croyance africaine », et son armée composée de divers peuples se démantela.
Les Mèdes, les Perses, les Arméniens de son armée passèrent par bateau en
Afrique et s'établirent sur la côte81.
Les Perses s'établirent à l'ouest, « plus près de l'Océan », habitant dans les coques
renversées de leurs bateaux, faute de matériel de construction. Ils s'allièrent par
mariage avec les Gétules. Conduits à se déplacer sans cesse, ils se donnèrent le
nom de « Nomades » (Numides)82. Salluste tient pour preuve de ce récit les
habitations des paysans numides, rappelant celles des coques renversées de
l'armée d'Hercule.
Les Mèdes et les Arméniens s'unirent aux Libyens. Ils « bâtirent des places fortes »
et « pratiquaient des échanges commerciaux avec l'Espagne ». Altérant le nom des
Mèdes, les Libyens indigènes se seraient mis à les appeler Maures. Par la suite, les
Perses et les Gétules grandirent en puissance et s'installèrent à l'ouest de Carthage
sous le nom de Numides. Enfin, ils annexèrent la Libye. La presque totalité du nord
de l'Afrique fut annexée par les Numides, « les vaincus se fondirent avec les
vainqueurs, qui leur donnèrent leur nom de Numides ».
Selon Hérodote
Hérodote (484 av. J.-C.-425 av. J.-C.) dit que les Maxyes — un peuple Berbère —
prétendent descendre des Troyens83. Il est a noter que d'après la tradition grecque,
les Maxyes ne sont pas les seuls habitants de la Libye antique qui seraient venus du
bassin égéen au temps de la guerre de Troie84.
Selon Ibn Khaldoun
Statue d'Ibn Khaldoun à Tunis ; il a consacré sa vie à l'étude de l'histoire des Berbères.
Ibn Khaldoun (1332-1406) fait remonter l'origine des Berbères à Mazigh fils de
Canaan. D'après lui, ils descendent de Canaan, fils de Cham. Faisant une étude
comparative des différents généalogistes arabes et berbères existant bien avant lui, il
en tire sa propre analyse sur l'origine des Berbères. Dans son livre sur l'Histoire des
Berbères, il cite presque tous les travaux déjà faits sur la généalogie ancienne 85. Il
désigne deux grandes familles : Madghis et Barnis85,86.
À propos de ces traditions, Yves Modéran a fait observer87 :
« Issue d’un genre littéraire spécifique, le récit mythique et généalogique, l’évocation
d’un ancien mouvement des Berbères de l’est vers l’ouest, explicitement rapportée à
l’ensemble de ce peuple, et non à telle ou telle tribu connue à l’époque byzantine, est
toujours repoussée par les auteurs arabes dans des temps extrêmement éloignés,
définis par une chronologie biblique (ou coranique, si l’on préfère). Et elle s’avère
surtout, dans presque tous les cas connus, reprise de traditions juives ou chrétiennes
bien antérieures au Bas-Empire romain, avec seulement des corrections destinées à
actualiser le mythe et à le rendre ainsi fonctionnel, capable de fournir des
explications aux hommes du Moyen Âge sur la situation des Berbères de leur propre
époque »
XIXe-XXe siècle
Le premier auteur à avoir évoqué l'origine nordique des Berbères est Thomas
Shaw dans son ouvrage Travels or Observations Relating to Several Parts of
Barbary and the Levant publié en 1738. Selon lui, les Berbères blonds descendent
des Vandales de Gélimer, retirés dans les montagnes après qu'ils eurent été défaits
par Bélisaire. Un siècle plus tard, un autre texte fondateur de l'origine nordique des
Berbères est l'article de Laurent-Charles Féraud intitulé Monuments dits celtiques
dans la province de Constantine et publié en 1863 où il suggère que les Berbères
blonds descendent des Gaulois mercenaires de Rome, à cause de la présence
des dolmens en Algérie. Par la suite, le docteur Lucien Bertholon, qui consacre sa
vie à l'anthropologie berbère, même s'il n'en continue pas moins à affirmer l'origine
nordique des Berbères, en fait les descendants des peuples égéens88.
Contrairement à ces auteurs, l'anthropologue italien Giuseppe Sergi ne pense pas
que les Berbères proviennent du nord, mais au contraire, que les Nordiques
proviennent du sud. Pour Sergi, il existe une race méditerranéenne, originaire
d'Afrique, dont était issue la race nordique; cette race méditerranéenne étant elle-
même issue des Chamites, qui occupaient le Nord de l'Afrique89.
Les théories de l'origine nordique des Berbères sont reprises, dans la première
moitié du XXe siècle, par certains auteurs allemands. Ainsi Hans Günther90, raciologue
du Troisième Reich, ou encore Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme, considèrent
les Berbères comme descendants des peuples aryens atlanto-nordiques91.
Pour Henri Vallois écrivant en 1944, il est également certain que les « Berbères
blonds » appartiennent à la race nordique92.
Dans un ouvrage de 1882 consacré à la forme des crânes humains, Armand de
Quatrefages et Ernest Hamy assimilent l'homme de Cro-Magnon aux Basques,
aux Chaouis, Kabyles et aux Guanches93.
Groupes ethniques
Les Berbères sont dispersés en plusieurs groupes ethniques en Afrique du Nord.
Sahara :
o les Touaregs, dont l'aire de nomadisation s'étend sur plusieurs
pays : Algérie, Libye, Niger, Mali et Burkina Faso ;
o les Mozabites dans la vallée du Mzab en Algérie avec comme centre
principale la ville de Ghardaïa (Algérie) ;
o les Berbères de l'oasis de Laghouat en Algérie ;
o les Berbères de l'oasis de Ouargla en Algérie ;
o les Berbères de l'oasis de Touggourt en Algérie ;
o les Chlouh essentiellement dans la Saoura (Algérie) mais aussi dans la région
de Figuig (Maroc) ;
o les Berbères des oasis d'Adrar en Algérie ;
o les Berbères de l'oasis de Ghadamès à 500 km au sud-ouest de Tripoli, sur le
plateau de Tinghert, prêt de la frontière avec l'Algérie et la Tunisie ;
o les Berbères de l'oasis de Ghat, en Libye, sur les contreforts du mont
Koukoumen (667 m) dans le Tassili n'Ajjer ;
o les Berbères de l'oasis d'Aoudjila dans l'est de la Libye ;
o les Berbères de l'oasis Djaraboud, en Libye, proche de la frontière avec
l’Égypte, faisant face à l'oasis de Siwa ;
o les Siwis, dans l'oasis de Siwa (Égypte) ;
o les Zénètes du Touat en Algérie.
Mauritanie :
o les Zenagas, de la côte sud de la Mauritanie.
Principaux groupes ethniques « non-berbérophones » d'origine
berbère
Principaux groupes ethniques — totalement ou en grande majorité — « non-
berbérophones » mais historiquement berbères ou d'origine berbère. Ils sont parfois
appelés Berbères arabisés. On peut citer :
Berbères au pluriel
Plusieurs nations sont venues partager le mode de vie des Berbères. Selon Salluste,
les Maures faisaient partie de l'armée d'Hercule venus d'Espagne104 composé
de Perses, d'Arméniens, et de Mèdes105. Ils se sont mêlés aux populations
autochtones Gétules du Maghreb actuel. Ils se sont installés dans les montagnes
du Maroc et aux Aurès en Algérie et en Libye. Il s'ensuit plusieurs ethnies qui se sont
fondues dans les tribus berbères comme les Phéniciens, les Vandales, les Juifs,
les Byzantins, les Romains, les Arabes, les peuples d'Afrique, les Européens,
les Turcs, etc.106,107.
Histoire
Article détaillé : Histoire des Berbères.
La région du Maghreb, aurait été habitée par des Berbères depuis au
moins 23000 av. J.-C.108,109,110,111 Des peintures rupestres locales, datées de douze
millénaires, ont été découvertes dans la région du Tassili n'Ajjer, dans le sud de
l'Algérie. D'autres d'art rupestre ont été observées à Tadrart Acacus dans le désert
libyen. Une société néolithique, marquée par la domestication et l'agriculture vivrière,
s'est développée dans la région saharienne et méditerranéenne (le Maghreb) de
l'Afrique du Nord entre 6000 et 2000 av. J.-C. Ce type de vie, richement représenté
dans les peintures rupestres du Tassili n'Ajjer du sud-est algérien, a prédominé au
Maghreb jusqu'à la période classique. Des scripts préhistoriques en tifinagh ont
également été trouvés dans la région d'Oran112. Au cours de l'ère pré-romaine,
plusieurs Etats indépendants successifs (Massyles et Massæsyles) existaient avant
que le roi Massinissa unifie le peuple de Numidie.
Préhistoire
Articles détaillés : XXIIe dynastie égyptienne et XXIIIe dynastie égyptienne.
Extension du territoire carthaginois avant la première guerre punique vers 264 av. J.-C.
Les Libyens (Berbères), formés de plusieurs confédérations telles que les Gétules,
les Garamantes115, les Atlantes, etc., dispersés dans le vaste territoire de la Libye
antique (Maghreb actuel) depuis les temps anciens, vont connaître des relations
culturelles et politiques avec l'Égypte ancienne, les Phéniciens (de ces échanges
naîtra la grande civilisation carthaginoise), la Grèce antique, l'Empire romain, etc. Le
monument Madracen, datant de 300 av. J.-C.116, appartiendrait donc à la grande
archéologie méditerranéenne de l'époque hellénistique manifestant un goût
archaïsant, mais aussi une très bonne connaissance du vocabulaire architectural le
plus récent comme en témoigne la présence d'une gorge égyptienne 117. Mais le
monument pose un gigantesque problème qui demeure non résolu 118.
Durant la période de prédominance des Phéniciens en Méditerranée, plusieurs villes
portuaires sont érigées dont Carthage.
Buste du roi berbère Massinissa, fondateur du royaume de Numidie (vers 201 av. J.-C.).
En 148 av. J.-C., à la mort de Massinissa, Scipion Émilien partage la Numidie entre
les trois fils du roi. De même, Rome oblige Micipsa, dernier fils de Massinissa, à
partager sa part entre ses deux fils et le fils naturel de son frère, Jugurtha. Ce
dernier, voulant restaurer l'unité du royaume, fait assassiner ses cousins, et,
en 113 av. J.-C., se rebelle contre Rome à qui il va infliger de sévères défaites au
cours d'une guerre longue et difficile qui durera de 111 av. J.-C. à 105 av. J.-C..
Incapables de remporter une victoire militaire, les Romains usent de traîtrise pour le
capturer. En 105 av. J.-C., à la faveur d'un guet-apens, Jugurtha est livré par
Bocchus, son beau-père et jusque-là son allié, à Sylla qui avait soudoyé l'entourage
de ce dernier. La Numidie est partagée : sa partie occidentale est attribuée
à Bocchus, roi de Maurétanie, le reste est laissé sous l'autorité d'un roi vassal
de Rome.
En 42 de notre ère, les Romains parviennent à devenir maîtres de la totalité du
Maghreb. Sous l'instigation de ces derniers, le territoire est divisé en provinces. Par
la suite, les Vandales et les Byzantins envahiront une partie du Maghreb actuel.
La Numidie
Articles détaillés : Numidie et Maurétanie.
Carte représentant le royaume de Syphax (Massæsyles) et Gaïa (Massyles) en 220 av. J.-C., avant leur
unification par Massinissa.
Maurétanie tingitane (à l'ouest), Maurétanie césarienne (au centre-ouest), Numidie (au centre-est), Africa (à
l'est) et la Gétulie, provinces romaines au Ier siècle de notre ère.
Au IIIe siècle av. J.-C., l'Afrique du Nord était divisée en trois royaumes berbères :
celui des Maures122 avec le royaume de Maurétanie qui s'étend de l'Atlantique au
fleuve Moulouya, au centre celui des Massæsyles, entre le Mulucha et la rivière
Amsaga, sur lequel règne le roi Syphax et enfin, à l'est près de Carthage, le royaume
des Massyles, entre la rivière Ampsaga (Oued-el-Kebir) et les territoires de Carthage.
Carte du royaume de Numidie à son extension maximale, vers 150 av. J.-C.
Face est du mausolée royal de Maurétanie, surnommé tombeau de la chrétienne, construit probablement
entre Bocchus Ier et Juba II, 100 av. J.-C. et 25 av. J.-C. (Tipaza en Algérie)
Ainsi après la mort du grand roi fondateur, une crise de succession, vue d'un bon œil
par Rome se produisit et plongea la Numidie dans des troubles politiques. Micipsa,
fils de Massinissa succédera au trône de son père. Durant son règne, il fit envoyer le
très populaire Jugurtha, petit-fils de Massinissa, comme représentant en Ibérie pour
l'éloigner du pouvoir. Micipsa nomme Gulussa vice-roi et ministre de la Guerre et
Mastanabal vice-roi et ministre de la Justice. Après le bref règne de Micipsa, ses
deux fils Adherbal et Hiempsal finissent par détruire tout le travail d'unification de
Massinissa en divisant la Numidie de nouveau en Numidie orientale et occidentale.
La crise politique encore larvée à ce stade entre Rome et la Numidie, finit par se
déclarer officiellement lorsque Jugurtha, le très populaire petit-fils de Massinissa
revint en Numidie et se saisit du pouvoir par la force en 118 av. J.-C., en s'attaquant
aux petits-fils de Massinissa (tuant Hiempsal et expulsant Adherbal qui s'enfuit à
Rome) pour réunifier la Numidie et la remettre sur le chemin de la stabilité et du
développement.
Guerre de Jugurtha
Article connexe : Guerre de Jugurtha.
Monnaie à l'effigie de Jugurtha.
Rome qui ne voit pas d'un bon œil cette réunification, se met alors à créer des
problèmes politiques à Jugurtha, en lui demandant de s'expliquer sur sa prise de
pouvoir violente et l'expulsion d'Adherbal qui se réfugia chez eux. Jugurtha aurait
répliqué dans son entourage qu'il est une chose qu'il avait apprise des Romains lors
de son séjour en Ibérie : « Roma est urbs venalia » (trad. « Rome est une ville à
acheter »), faisant ainsi référence à l'étendue de la corruption chez les officiels
romains. C'est ainsi que Jugurtha se résout à acheter un répit en offrant de l'argent à
des membres de la classe politique romaine pour les corrompre. Rome accepte alors
de le laisser régner, mais seulement à condition que la Numidie reste divisée. Elle lui
offre la reconnaissance diplomatique sur la Numidie occidentale, à condition de
remettre Adherbal sur le trône en Numidie orientale. Jugurtha accepta dans un
premier temps l'offre de Rome. Cependant, son intention de restaurer la Numidie
unifiée demeura forte, ce qui le conduisit incessamment à envahir en 112 av. J.-C. la
Numidie orientale, réunifiant ainsi de nouveau la Numidie. Au passage il fit exécuter
plusieurs hommes d'affaires romains opérant en Numidie orientale. Le gouvernement
romain, furieux d'un tel développement, est sur le point de lui déclarer la guerre,
lorsque Jugurtha réussit une nouvelle fois avec grande habileté à corrompre les
responsables en place à Rome. Cela a pour conséquence d'atténuer l'animosité qui
s'était emparée de la classe politique romaine à son encontre, et même de lui
procurer un traité de paix avantageux.
Toutefois, ce traité sera aussitôt remis en cause, après les profonds changements
que connut la classe dirigeante romaine ; excédé, Jugurtha fit exécuter Adherbal en
réponse à cet acte. La classe politique romaine se déchaîne alors et finit par
demander l'invasion de la Numidie. Rome envoie alors le consul Metellus en Numidie
à la tête de plusieurs légions pour punir Jugurtha et le déposer. Jugurtha parvint
avec intelligence à résister durant des années, en combinant des manœuvres
militaires face aux Romains et politiques avec son voisin de l'ouest, le
roi Bocchus Ier de Maurétanie. L'adjoint du consul Metellus, Gaius Marius,
entrevoyant une opportunité, retourne à Rome pour se plaindre de l'inefficacité
suspecte de son chef et demande à être élu consul à sa place, ce qu'il obtint. C'est
alors que Gaius Marius envoie son questeur, Lucius Cornelius Sulla, en mission en
Maurétanie pour négocier l'aide de Bocchus Ier. Bocchus accepte alors de trahir
Jugurtha, et aide les Romains à le capturer dans un guet-apens. Jugurtha est alors
envoyé à la fameuse prison de Tullianum. Il fut exécuté tout de suite suivant la
tradition du triomphe romain en 104 av. J.-C. à la prison de Tullianum. Dès lors, la
Numidie est partagée : sa partie occidentale est attribuée à Bocchus, roi de
Maurétanie, le reste est laissé sous l'autorité d'un roi vassal de Rome.
Statue du roi berbère Juba II - Maison dite du Roi - 25-23 av. J.-C. - Vollubilis (Maroc).
La situation perdure jusqu'à la guerre civile entre Jules César et Pompée. Juba Ier,
partisan de Pompée, perd son royaume en 46 av. J.-C. après la défaite
de Thapsus contre César. César accorde à Sittius un vaste territoire autour
de Cirta (Constantine). La Numidie devient alors la province d’Africa nova, jusqu'à ce
qu'Auguste réunisse les deux provinces en un seul ensemble, l'Afrique proconsulaire.
Cette dernière est dirigée par un proconsul, qui conduisit un moment l'armée
d'Afrique.
Auguste rend son royaume à Juba II, fils du précédent, après la bataille
d'Actium (31 av. J.-C.). En 25 av. J.-C., Juba II reçoit le trône de Maurétanie, et la
Numidie est partagée entre la Maurétanie et la province d'Afrique. La partie intégrée
à la province d'Afrique en constitue une région et, en théorie, n'a pas d'autonomie
administrative, puisqu'elle dépend du proconsul assisté de légats.
Par la suite, les Romains pénètrent dans le Maghreb actuel vers le début de notre
ère. Sous Rome, le territoire fut divisé en provinces :
Ruines romaines de Timgad (actuelle Wilaya de Batna, Algérie), et vue sur l'Arc de Trajan.
Lambèse fut la première capitale romaine, par la suite Timgad va être construite au
temps de Trajan. L'agriculture se développe grâce à la plantation de plusieurs milliers
d'oliviers pour faire de l'huile d'olive en Algérie. La civilisation berbère est à son
apogée, plusieurs grandes villes sont construites au nord et au sud dans le désert.
La nationalité romaine est offerte aux Berbères, cela facilite l'intégration de certains
nomades au monde romain123. Plusieurs mariages mixtes entre Romains et Berbères
naturalisés sont célébrés dans les grandes villes. La pratique des cultes berbères est
représentée dans les fresques romaines. De même, les jeux romains sont source de
distraction et de joie pour la plupart des Berbères. De plus, les bains publics étaient
un luxe ouvert à tout le monde. À Timgad, région chaouie, il y avait vingt-sept
bains124. Il n'y avait pas de remparts autour des villes pour faciliter les relations entre
les Berbères et les Romains. Les arts sont développés par les artisans berbères (la
céramique, la poterie, etc.). Plusieurs amphithéâtres sont construits. Le théâtre
de Timgad pouvait contenir 4 000 personnes de l'Aurès. La population globale de
l'Aurès était estimée entre huit et dix-mille habitants, pendant les premières années
de l'Empire romain en Afrique du Nord124.
Les populations se rebellent de nombreuses fois surtout les Zénètes, vers le début
du Ier siècle. Les Maghraouas auraient été très nombreux dans les environs d'Icosium
(Alger) et Ptolémée de Maurétanie devait les contenir.Ptolémée de Maurétanie, fera
transférer une partie des Maghraoua vers le chlef125. Cela provoque une succession
d'actions militaires de Rome, soldées parfois par de graves défaites romaines.
Les alentours de Tlemcen auraient été composés des royaumes gétules dans
l'antiquité. Ils auraient vécu dans cette partie du Maghreb126. Plusieurs rois gétules
purent contrebalancer l'Empire romain. L'exemple du héros Tacfarinas,
Vers 17, Tacfarinas qui soulève tous les tribus gétules127. Tacfarinas mourut
à Pomaria (Tlemcen actuellement)128. En effet, sept ans durant, Tacfarinas résiste
aux Romains, malgré Tibère qui transfère une seconde légion pour appuyer la
troisième légion Auguste (seule ensuite). Dès 39, Caligula confie la conduite de la
région de Numidie à un représentant personnel – « légat de l'empereur » – chargé de
commander la troisième légion Auguste. C'est ainsi qu'il met fin à une exception
politique : celle d'une armée importante placée sous les ordres d'un proconsul et non
d'un légat. Le Sénat perd la dernière légion qui était sous ses ordres.
Bien que toujours officiellement intégrée à la province d'Afrique proconsulaire, la
Numidie en constitue une région à part, placée sous l'autorité de son légat qui dirige
la troisième légion Auguste et ne rend de compte qu'à l'empereur. C'est une province
de fait, mais non de droit, statut relativement unique dans l'empire. Après 193,
sous Septime Sévère, la Numidie est officiellement détachée de la province d'Afrique
et constitue une province à part entière, gouvernée par un légat impérial.
Sous Dioclétien, elle constitue une simple province dans la
réorganisation tétrarchique, puis est brièvement divisée en deux : Numidie
militaire et Numidie cirtéenne.
À l'époque du Bas-Empire romain, les Levathae (ou Laguantans) se révèlent
tellement agressifs que les Romains font élever un limes pour les contenir. Après la
crise économique que vécut la grande cité romaine de Leptis Magna, la ville connut
plusieurs razzias de la part des populations locales.
De 256 à 640, christianisme, invasion vandale
Saint Augustin d'origine berbère, il est l’un des principaux Pères de l’Église latine et l’un des 33 Docteurs de
l'Église.
Triomphe de Neptune et Amphitrite, mosaïque romaine de Cirta (actuelle Constantine en Algérie), ca. 315-
325.
Dès lors, Constantin envoie ses troupes les réduire au silence, dans ce qui est
considéré comme la première persécution de chrétiens par d'autres chrétiens130. La
répression ne fait qu'accroître le soutien populaire des donatistes; en 321 les légions
romaines se retirent.
Toutefois vers l'an 340, l'idéologie donatiste donne naissance à une secte populaire,
celle des « circoncellions », (ceux qui encerclent les fermes). Les donatistes, à
l'instar des autres chrétiens, célébrant les martyrs, les circoncellions, ouvriers
agricoles, deviennent des radicaux qui, considérant le martyre comme la plus grande
vertu chrétienne, abandonnent toutes les autres valeurs (Humilité, Charité, Agape,
etc.). Leur but étant de mourir au combat, les circoncellions, munis de matraques de
bois, - ils refusent de porter des armes en fer en vertu du précepte évangélique :
« Qui a vécu par l'épée, périra par l'épée » - attaquent les voyageurs, cernent puis
rançonnent les exploitations agricoles (d'où leur nom), tuant, violant, volant les
stocks, exigeant l'affranchissement des esclaves. Lorsqu'ils n'arrivent pas à se faire
tuer, ils se suicident en sautant du haut d'une falaise. Ce dérapage du culte donatiste
noircit encore plus leur réputation à Rome.
La cavalerie maure du général Lusius Quietus, sur la colonne Trajane, exposé au Museo della Civiltà
Romana, Rome.
En 395 l'Empire romain faisant face à de sérieux problèmes internes, qui réduisent le
contrôle qu’exerce Rome sur l’Afrique du Nord, les donatistes, essaient de dominer la
scène politique et religieuse. L'empereur les déclare hérétiques en 409 et leur enjoint
de restituer toutes les églises en leur possession en Afrique du Nord. Il envoie
plusieurs légions qui sont d'une férocité terrible envers les responsables religieux du
culte, et parfois même envers la population locale. Saint Augustin,
évêque catholique d'Hippone (actuellement Annaba), essaie de calmer la violence de
l'administration romaine, en plaidant pour un traitement plus humain des donatistes.
Malgré les appels pressants de plusieurs parties, les donatistes disparurent presque
complètement de la scène religieuse, seule une minuscule communauté survivant
dans la clandestinité jusqu’au VIe siècle131.
Quelques années plus tard, en 430, c'est tout l'Empire romain qui se retire de
l'Afrique du Nord sous la pression des Vandales et des Alains, autre peuple indo-
européen, venus avec eux et originaires des steppes du sud de la Russie. Le 28 août
430, Saint Augustin, l'un des derniers symboles de l'intégration de la population
berbère au sein de l'Empire romain, trouve la mort durant le siège d'Hippone par les
Vandales132. Cependant les Berbères sous le règne de Cabaon réussissent à défaire
les Vandales et s'emparer des Aurès puis portèrent un coup dur à une armée
vandale à l'époque du roi vandale Thrasamund, qui mourut après avoir occupé le
trône pendant vingt-sept ans ; « les Vandales prirent la fuite, et les Maures,
s'élançant hors de leur retranchement, en tuèrent un grand nombre, en firent
beaucoup prisonniers, et de cette nombreuse armée il ne retourna dans leur pays
qu'un fort petit nombre de soldats »133.
Les attaques de plus en plus fréquentes des Berbères et l'énergie de l'empereur
byzantin Justinien et de son général Bélisaire, provoquent la chute rapide du
royaume vandale.
En 544, les Byzantins exerceront un pouvoir juste dans la province de Constantine et
dans l'Ifriqiya. Cependant, l'émergence d'insurrection berbère contre les Byzantins
provoque l'organisation de plusieurs États puissants les Djerawa, les Banou Ifren,
les Maghraouas, les Awarbas, et les Zénètes134.
Moyen Âge
Conquête musulmane
Articles détaillés : Conquête musulmane du Maghreb et Grande révolte berbère.
Carte représentant les royaumes romano-berbères dans les années 600, de gauche à droite ; le royaume
d'Altava, le royaume de l'Ouarsenis, le royaume du Hodna, le royaume de l'Aurès, le royaume de
Nemencha, le royaume de Capsus, le royaume de Dorsale et le royaume de Cabaon.
La première expédition musulmane sur l'Ifriqiya est lancée en 647. En 661, une
deuxième offensive se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670
par Oqba Ibn Nafi, est décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la
même année135 et cette ville devient la base des expéditions contre le nord et l’ouest
du Maghreb. L’invasion complète manque d’échouer avec la mort d’Ibn Nafi en
683136. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le
général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre l’exarque et à prendre
Carthage137 en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par la Kahena137. Les
Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s’empare
de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes
en 697137. Ces derniers, au prix d’un nouvel effort, finissent cependant
par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena 136.
Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas
d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays. Après avoir
résisté, les Berbères se convertissent à l'islam136, ils sont enrôlés dans l'armée
Omeyyade pour calmer les révoltes, et c'est alors que le général Tariq ibn Ziyad s'en
va à la conquête de la péninsule ibérique, à la tête d'une armée de 12 000 hommes
composés essentiellement de Berbères fraîchement convertis. Des centres de
formation religieuse s’organisent alors, comme à Kairouan, au sein des
nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l’ampleur de ce mouvement
d’adhésion à l’islam. D’ailleurs, refusant l’assimilation, nombreux sont ceux qui
rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, hérésie née en Orient et
proclamant l’égalité de tous les musulmans sans distinction d'origine ou de classe 138.
En 740, les Berbères de l'actuel Maroc lancent la grande révolte berbère, échaudés
par des prédicateurs Sufrites Kharijites, une secte musulmane qui a embrassé une
doctrine représentant l'égalitarisme total en opposition à l'aristocratie
des Quraych qui s'était accentuée sous le califat omeyyade, qui tente de leur
imposer le statut du dhimmi, qui se traduit notamment par l'imposition de lourdes
taxes. Les rebelles ont élu Maysara al-Matghari pour mener leur révolte, et ont réussi
à prendre le contrôle de presque tout ce qui est maintenant le Maroc, inspirant à de
nouvelles rébellions au Maghreb et à al-Andalus. Lors de la bataille de Bagdoura, les
rebelles berbères ont annihilé une armée particulièrement forte envoyée par le calife
omeyyade de Syrie. Les Omeyyade n’ont pu échapper à la catastrophe qu’à la suite
des dissensions internes qui ont scindé en deux les armées berbères. Ces dernières
furent battues séparément non loin de Kairouan dans les localités d’al-Qarn et d’al-
Asnam en 742139. Le Maroc et l'ouest Algérien est au main des armées berbères, et
les omeyyades en sont expulsés, mais l'est de l'Ifriqiya (actuelle Tunisie) reste une
province omeyyade jusqu’en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit
ces derniers l’emporter138. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le
commandement d’Abou Qurra s’emparent de tout le territoire, mais ils se retirent
finalement dans leur royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs,
surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque140.
e
Carte des États méditerranéens au XIV siècle parmi lesquels l'État à partir de la
gauche Mérinides, Zianides et Hafsides.
Les conflits berbères
Pendant l'Antiquité, les Berbères se disputaient le
pouvoir. Massinissa et Syphax s'affrontèrent lors de la deuxième guerre punique. Le
premier avait la Numidie occidentale et le deuxième la Numidie orientale. Massinissa
gagne la bataille, mais le fils de Syphax, Vermina, reprend la guerre contre
Massinissa. Massinissa était allié des Romains et Vermina était avec les
Carthaginois. Vermina demande la rémission à Rome. À la fin, Massinissa réussit à
unifier la Numidie. Après Micipsa, une lutte interne entre les petits-fils de Massinisa
se déclenche pour la succession. Jugurtha tue Adherbal pour la prise du pouvoir de
la Numidie. Jugurtha rompt avec les Romains. Mais Bocchus, beau-père de
Jugurtha, capture et livre Jugurtha aux Romains.
Carte d'extension minimale de diverses tribus Zénètes entre le Xe siècle et XIe siècle, dont une partie est
des Ifrenides.
Au Moyen Âge, l'une des plus puissantes tribus berbères était celle des Banou
Ifren85 après avoir servi la reine Dihya85. En 745, ces derniers choisissent le
dogme sufrite (kharidjite) et désignent Abou Qurra comme calife. Ce dernier sera à la
tête d'une armée composée de 350 000 cavaliers berbères. Il reprend le Maghreb
aux deux puissantes dynasties (les Omeyyades et les Abbassides), revient
à Tlemcen après qu'Yazid-Ibn-Haten a brisé la coalition berbère. Le premier conflit
important berbère au VIIIe siècle survient alors, raconté par Ibn Khaldoun, historien
du XIVe siècle152. Les Banou Ifren avaient 40 000 cavaliers dans cette
guerre[réf. nécessaire]. Abou Qurra a pu unir tous les Berbères153.
Par la suite, les Berbères se sont divisés en deux parties distinctes l'une de l'autre 154.
Cette division a créé un grand conflit entre les Sanhadjas et les Zénètes qui a débuté
au Maghreb avant d'être transposé en Andalus. Les Sanhadja (chiite) ont attaqué les
Zénètes kharidjites (Banou Ifren, Maghraoua, etc.), créant une séparation territoriale
entre les deux tribus berbères85. Les Zénètes furent ainsi amenés à se déplacer vers
l'ouest du Maghreb et au sud devant la poussée des Zirides (tribu des Sanhadja,
chiite)154. Cependant, plusieurs tribus des Banou Ifren et des Maghraouas se sont
ralliées aux Fatimides dans ce conflit complexe155, qui n'est ni de religion ni de
« race », d'après Yves Lacoste et al.155. D'autre part, plusieurs Fatimides ont changé
de camp pour s'engager du côté des Omeyyades85. Au contraire, selon le dictionnaire
de Michel Mourre, le pouvoir et la religion seraient les sources des conflits des
Berbères156.
Les Sanhadja se divisent pour former deux dynasties distinctes : les Zirides (chiite) et
les Hammadides (sunnite). Les Zénètes, eux aussi sont divisés sur la question de
pouvoir, trois dynasties sont formées Banou Ifren, Maghraoua et Meknassa. Une
lutte acharnée au pouvoir des tribus zénètes est signalée par Ibn Khaldoun.
Ibn Toumert rencontra son disciple Abd-el Moumen non loin de Béjaïa Béjaïa redevint une place
commerciale, scientifique et culturelle prospère sous les Hafsides du XIIIe au XVe siècles.
Ensuite survient le deuxième plus important conflit entre les Almoravides (tribu des
Sanhadja) et sunnite Malékites et les Zénètes. Après la défaite des Zénètes à l'ouest
du Maghreb par les Almoravides, les Zénètes qui restent en vie et minoritaires par
rapport aux Sanhadjas sont confrontés dans une guerre contre une
alliance Hammadides-Hilaliens157.
Tour Hassan à Rabat, construite en 1196 par les Almohades.
Carte historique de la péninsule Ibérique présentant l'époque des taïfas et les petits royaumes chrétiens
émergents. Les taïfas de Tolède, Ronda, Alpuente, Arcos, Carmona, Grenade, Morón, Ceuta,
d'Algésiras étaient berbères.
La dynastie songhaï des Dia, fut fondée à Koukia au XIe siècle, résultat d'un
métissage entre Berbères dirigés par le chef berbère Za el-Ayamen164, et les
Songhaïs. Plus tard la dynastie des Dia fondera le royaume songhaï de Gao, au
niveau du fleuve Niger, qui sera vassale de l'Empire du Ghana créé par les
Soninkés, puis l'Empire du Mali. Durant le XVe siècle, les Songhaïs, après plusieurs
conquêtes militaires, supplante l'Empire du Mali, et le royaume songhaï de Gao
devient un empire, sous la dynastie des Si, du conquérant Sonni Ali Ber, qui se verra
remplacé par la dynastie des Askia d'origine soninkés, fondée par Askia
Mohammed Touré, avec la ville de Gao pour capital. Il s'étend sur plus ou moins
le Niger, le Mali et une partie du Nigeria actuel. L'empire s'effondre à la fin
du XVIe siècle, à la suite de la bataille de Tondibi.
Les Zirides prennent le Sud de l'Italie avec l'aide des Fatimides et une partie de
l'Égypte. Les Berbères avaient des États indépendants en Al-Andalus à l'époque des
taïfas. L'Al-Andalus est prise par les Almoravides et ensuite par les Almohades et à
la fin par les Mérinides.
Époque moderne
De 1400 à 1900
Pendant la période de 1400 à 1500, l'effondrement des dernières dynasties berbères
englobe les deux territoires l'Andalousie et l'Afrique du Nord, au centre et à l'ouest.
Les Espagnols et les Portugais reprennent leurs territoires et envahissent le
Maghreb. Ensuite, les Ottomans chassent les Espagnols et prennent l'Algérie,
la Tunisie et la Libye. Quelques Berbères se replient dans les montagnes et
demeurent isolés surtout dans les régions de l'Aurès (le pays des Chaouis), ou
en Kabylie et au Sahara. Le Maroc résiste grâce à l'émergence des Saadiens puis de
la dynastie alaouite qui fondent l'Empire chérifien et résistent à la fois aux attaques
hispano-portugaises et aux tentatives d'invasion ottomanes. Les Espagnols
s'emparent du Sahara occidental, du Rif et de quelques villes dont (Sidi Ifni). Le Rif
engage la guerre pour se libérer de la tutelle espagnole avec Abdelkrim al-Khattabi.
Les Français attaquent les Ottomans et prennent l'Algérie, la Tunisie. La Libye est
conquise par les Italiens. Plusieurs Berbères, tels que Lalla Fatma N'Soumer, Cheikh
El Mokrani, Cheikh Bouamama, etc., se révoltent et organisent plusieurs guerres
pour reprendre leurs territoires.
La France déploie tout dans l'industrialisation et dans la construction des villes digne
de la civilisation moderne, mais les zones montagneuses et les zones rurales sont
épargnées. Plusieurs Européens viennent pour investir et pour exploiter les
richesses. L'Algérie française devient le « grenier de l'Europe ».
Les confréries berbères et le mouvement des saints berbères entre 1500 et 1900
Articles détaillés : Tariqa et Zaouïa (édifice religieux).
Krim Belkacem, chef historique du Front de libération nationale durant la guerre d'indépendance algérienne.
Il signera l'acte d'indépendance de l'Algérie en bas des accords d'Évian, en tant que plus haut gradé des
anciens maquisards.
Zinédine Zidane.
Saïd Taghmaoui.
Les Berbères sont également largement représentés dans les populations issues de
l'immigration en Europe, notamment en France et aux Pays-Bas171, en Belgique,
en Espagne, mais aussi aux États-Unis et au Canada.
En France les berbérophones représentent 25 % des immigrés algériens et 16 % des
immigrés marocains172.
Selon les conclusions d'un colloque « Pour une histoire sociale du berbère en
France », sous la direction de Salem Chaker tenu en octobre 2004 à l'Institut national
des langues et civilisations orientales : « On peut raisonnablement estimer la
proportion de berbérophones à 35 % de l'ensemble de la population originaire
d'Afrique du Nord établie en France (quel que soit son statut juridique). Si l'on retient
une fourchette de 4 à 5 millions de personnes d'origine maghrébine, on aboutit à un
total de 1,5 à 2 millions de berbérophones en France. »
Rifains (Maroc) et Kabyles (Algérie) sont largement majoritaires. « Il existe bien sûr
des berbérophones issus d'autres pays (Tunisie, Libye et pays du Sahel), mais leur
nombre reste peu significatif (de quelques centaines à quelques milliers de
personnes)173. »
Selon Belkacem Lounes, président du Congrès mondial amazigh :
« L'immigration berbère en France est l'une des plus anciennes puisqu'elle remonte
à la fin du XIXe siècle. Elle répondait à la fois aux besoins de mobilisation des soldats
en période de guerre (Première et Seconde Guerres mondiales) et au déficit de
main-d'œuvre, notamment dans les secteurs de l'industrie et du BTP. On estime
actuellement l'immigration berbère à environ deux millions d'individus, contribuant en
toute discrétion à l'épanouissement économique, scientifique, artistique et sportif de
la France. Il est utile de rappeler par exemple qu'Édith Piaf, Marcel Mouloudji, Daniel
Prévost, Isabelle Adjani, Yasmine Bleeth, Zidane et bien d'autres personnalités de
tous horizons, sont le fruit de cet apport berbère174. »
En Belgique et aux Pays-Bas il existe une importante majorité écrasante[pas clair] de
Berbères parmi les Maghrébins résidant dans les pays du Benelux avec plus d'un
million de Rifains, concentrés dans des grandes villes telles
que Bruxelles, Anvers, Amsterdam ou encore Utrecht.
Religion
Articles connexes : Croyances berbères, Christianisme au Maghreb et Juifs berbères.
Cultes berbères
Articles détaillés : Croyances berbères et Africa (divinité).
Pendant l'Antiquité, les cultes berbères étaient pratiqués librement au début de la
présence romaine. Au musée de Timgad, plusieurs fresques représentent les divers
cultes berbères.
As d'Hadrien (136), représentant sur l'avers Africa, portant une dépouille d'éléphant, tenant un scorpion et
une corne d'abondance, un modius de blé à ses pieds.
Afrique ou Africa provient de Ifren177, Ifri est une divinité berbère178, le pluriel est
Ifren179. La traduction ou l'emprunt latin nous donne Africa (Afrique) qui a été
une déesse berbère avant la conquête des Romains. Dea Africa signifie déesse
Africa et représente un symbole à l'époque romaine. Et aussi Ifri désigne les
populations locales des Afers. Ifru symbolise les rites dans les cavernes pour
protéger les commerçants. La grotte non loin de Constantine à Guechguech et la
pièce de monnaie romaine indiquent le mythe de la protection 180. Ifru était une déesse
solaire et en même titre un dieu des cavernes et protecteur du foyer, etc 181. Ifru est
une sorte de Vesta berbère.
Gurzil (en berbère Agurzil) est une divinité à la tête de taureau, fils
d'Ammon. Corippe mentionne un certain Laguatan (la tribu des Luwata et
sont Zénète), grand prêtre de Gurzil, combattant les Byzantins, qui l'auraient tué
alors qu'il tentait de s'enfuir avec les icônes de Gurzil182. Parmi les ruines
de Ghirza, en Libye, se trouve un temple qui est peut-être dédié à Gurzil — d'où
par ailleurs pourrait provenir le nom de la cité.
En Numidie, à N'Gaous dans les Aurès, plusieurs stèles africaines (Molchornor,
« sacrifice d'un agneau »183 ou stèles de Saturne avec mention d'un sacrifice
particulier)184 ont été trouvées par les chercheurs et signalées par les historiens.
Culture berbère
Une famille berbère traversant un gué avec son bétail (Algérie, 1890)
La structure sociale des Berbères est tribale. Un chef est désigné pour diriger la tribu
ou la confédération. Au Moyen Âge, plusieurs femmes ont eu le pouvoir de
gouverner comme la Kahina dans les Aurès (où vivent actuellement les Chaouis). Il y
a eu plusieurs chefs ou reines berbères comme Tin Hinan au Hoggar, Chemci (elle
est issue de la grande tribu des Aït Iraten de la Kabylie), Fatma Tazoughert dans
les Aurès. Lalla Fatma N'Soumer était une femme berbère de la région kabyle qui a
combattu les Français.
La majorité des tribus berbères ont actuellement des hommes comme chef de clan.
En Algérie, la plateforme d'el Kseur en Kabylie (le Gouvernement algérien et les
Arouchs (tribu) Kabyles se sont accordés sur cette plateforme) donne le droit aux
tribus d'émettre des sanctions pécuniaires à l'encontre des délinquants. Dans les
régions des Chaouis, les chefs de tribus décrètent des sanctions contre les hors-la-
loi186.
Les Touaregs ont un chef à la tête de leur tribu, qui est appelé « Amenokal », ou
« Tamenokalt » si c'est une femme, à l'image de Tin Hinan, qui
fut reine et tamenokalt. La société touarègue est très hiérarchisée et matrilinéaire, la
transmission du lignage se faisant traditionnellement non pas par le père mais par la
mère187,188.
Les Mozabites, Berbères du Mzab, sont régis par les chefs spirituels de l'ibadisme.
Les Mozabites ont une vie communautaire. Lors de la crise de Berriane, les notables
de chaque tribu ont réglé le problème et ils ont entamé des pourparlers pour arrêter
la crise entre malékite et ibadite189. Dans les mariages, c'est l'homme qui choisit la
femme, et souvent, c'est la famille qui décide, tout dépend de la tribu. En revanche,
chez les Touaregs, c'est la femme qui choisit son futur époux. De nos jours les rites
de mariage sont différents pour chaque tribu, les familles sont soit matriarcales soit
patriarcales.
Croyances
Mythologie berbère (rubriques), Divinités berbères, Croyances berbères
Mythologie kabyle
Tatouage
De tous temps, le tatouage a fait partie de la culture berbère. Dans l'Antiquité déjà,
les peintures murales retrouvées dans la tombe du roi Sethi Ier en Égypte montrent
des Libyens (Berbères anciens) arborant des tatouages190. Le tatouage peut avoir
plusieurs fonctions chez les Berbères, il peut être lié à des rites magico-
religieux hérités de la religion libyque (religion berbère ancestrale), mais peut aussi
avoir une fonction médicale ou curative, ou simplement avoir un rôle esthétique. Les
croyances ancestrales liées au tatouage sont toujours ancrées dans les campagnes
et intégrées dans les croyances et coutumes chez les Berbères. De nos jours les
femmes dessinent encore parfois, sur le front de leurs enfants, un point ou une croix
en se servant du noir de fumée pour conjurer le sort (si un événement néfaste se
produit le même jour que la naissance d'un enfant, par exemple)191.
Chez les Berbères, le tatouage est considéré comme un langage entre l'humain et
les esprits. Le tatouage au henné (ihenni ou anella en berbère) est actuellement une
représentation ornementale, lors d'un mariage ou d'évènements heureux, mais il a
déjà eu un sens magique primitif. Les femmes berbères se mariaient en se
maquillant au mascara, en se tatouant au henné, et en se parant de bijoux en cuivre
pour être belles et désirables, ou pour exprimer un sentiment. Lors de la mort du mari
par exemple, la femme berbère pouvait porter un tatouage sur le menton
(barbichette), et une chaînette reliant les oreilles, symbolisant la barbe du mari.
Le tatouage berbère remonte à la Préhistoire et servait notamment aux tribus
berbères à s'identifier à travers des dessins géométriques sur le corps
(tribus libyennes)192. Ayant connu la conquête romaine et la christianisation, les
Berbères restent attachés à certaines traditions profondément ancrées. Les vieux
Berbères parlent encore de « l'ancienne voie des ancêtres » et conservent
aujourd'hui le signe de croix, présent notamment sur les selles des chevaux, et le
tatouage en forme de croix sur le front193.
Le mascara, découvert par les Français lors de la colonisation de l'Algérie, existait
dans les hauts plateaux occupés par les Berbères. Ceux-ci l'utilisaient contre
le trachome et pour atténuer la luminosité du désert. Les femmes l'utilisaient en outre
comme maquillage et pour conjurer les mauvais sorts; les hommes l'utilisaient
également à des fins guerrières, en se grimant194.
Festivals
Fantasia
Imilchil
Plusieurs rites de fantasia sont organisés au Maghreb. Le cheval est important chez
les Berbères. Le barbe est un cheval berbère. Les Zénètes étaient des experts dans
la manière de monter un cheval (la jineta).
Culture
Encyclopédie berbère (1984-)
Cuisine berbère
Jeux traditionnels berbères195,196
Sport traditionnel : Takourth197
Artisanat berbère
o anneau de cheville (ardif, arkhelkhal), signe de Tanit...
Berceuses et comptines berbères, Collecteurs de contes berbères
Littérature berbère198, Poésie amazighe, Poètes kabyles, Amdiaz
Peinture et sculpture199, Lazhar Hakkar, Peintres des Aurès
Institut royal de la culture amazighe et Discours d'Ajdir (Maroc, 2001)
Haut commissariat à l'amazighité (Maroc, 1995)
Mouvement culturel amazighe, Printemps berbère (Algérie, 1980), Mouvement
culturel berbère (Kabylie, 1980)
Culture zayane
Culture et art dans les Aurès
Musique berbère, Musique kabyle, Musique chaoui, Musique dans les Aurès
Danse des femmes chaoui200
Festival international de musique de Timgad (1967)
Festival international des films berbères (2013)
Festival du Théâtre amazigh (Batna) (2009), Lahcène Chiba, Mourad
Meguellati201
Démographie contemporaine
Le Maghreb abrite aujourd'hui de vastes populations berbères, qui constituent la
principale ascendance autochtone de la région202,203,204,205,206,207,208. La présence
ethnique sémitique dans la région est principalement due aux mouvements
migratoires phéniciens, et juifs, durant l'antiquité, qui se sont mélangés avec les
populations berbères locales209,210. Cependant, la majorité de
habitants[réf. nécessaire] — parfois qualifiés de Berbères arabisés, en particulier
au Maroc et en Algérie, revendiquent un héritage arabe; c'est une conséquence
du nationalisme arabe du début du XXe siècle. —
Concernant les populations restantes qui parlent une langue berbère au Maghreb,
elles représentent de 25 % à 40% de la population marocaine et de 15 % à 35 % de
la population algérienne, en plus de plus petites communautés en Libye et
en Tunisie et de très petits groupes en Égypte et en Mauritanie.
En dehors du Maghreb, les Touaregs au Mali, au Niger et au Burkina Faso comptent
une population de quelque 850 000, 1 620 000211 et 50 000, bien que les Touaregs
soient des Berbères au mode de vie pastoraliste traditionnellement nomade. Ce sont
les principaux habitants du vaste désert du Sahara212,213.
Le nombre de berbérophones est difficile à évaluer en l'absence de recensements
linguistiques fiables. On entend par berbérophones ceux qui ont le berbère
pour langue maternelle.
Berbères notables
Sheshonq Ier
Massinissa
Jugurtha
Victor Ier
Gélase Ier
Miltiade
Cyprien de Carthage
Flavien de Carthage
Tertullien
Augustin d'Hippone
Arius
Macrin
Apulée
Lusius Quietus
Adrien de Cantorbéry
Koceïla
Kahina
Tariq ibn Ziyad
Maysara al-Matghari
Abou Qurra
Abbas ibn Firnas
Ibn Toumert
Bologhine ibn Ziri
Youssef ben Tachfine
Abd al-Mumin
Ibn Battûta
Yaghmoracen Ibn Ziane
Abdelkrim al-Khattabi
Krim Belkacem
Mostefa Ben Boulaïd
Zinédine Zidane
Aziz Meliani
Ferhat Mehenni
Lounis Aït Menguellet
Lounès Matoub
Ramdane Abane
Amirouche Ait Hamouda
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et avant tout parmi les tribus des Chawias dans le massif des Aurès, on constate un apport de
la race nordique, ou bien plutôt nordique et falique, que l'on peut attribuer à des invasions
préhistoriques. Dans cette région, les blonds représentent, semble-t-il, un cinquième à un tiers
de la population. »
— Hans Günther, Les Peuples de l'Europe (1927), éd. Éditions du Lore, 2006, p. 174
91. ↑ « Les Berbères, dont une partie conservent encore la peau claire et souvent même les yeux bleus, ne
remontent pas aux raids ultérieurs des Vandales, mais bien à la très ancienne vague atlanto-nordique.
De nombreux chasseurs chaouis, kabyles, par exemple, sont aujourd'hui encore irréfutablement
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prêtons à leur disparition en facilitant la diffusion de la civilisation arabe, par la langue, par la
loi et par la foi musulmanes.[…] L'islamisation et l'arabisation constituent les éléments de la
plus grande victoire remportées par les Arabes au Maghreb. Ils constituent également la plus
lourde faute de la France devant l'Histoire et devant elle-même. »
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Travaux généraux
Jacques Hureiki, Essai sur l'origine des Touaregs, Karthala, 1er octobre 2003,
766 p. (ISBN 978-2-8111-3770-0, lire en ligne [archive])
Jean-Pierre Marin (préf. Jean Deleplanque), Au forgeron de Batna, Paris,
L'Harmattan, coll. « Graveurs de mémoire », 2005, 493 p. (ISBN 2-7475-9311-
8, OCLC 123475998, lire en ligne [archive])
Ibn Khaldoun (trad. William MacGuckin baron de Slane), Histoire des Berbères et
des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, vol. 1, Imprimerie du
Gouvernement, 1852 (lire en ligne [archive])
Articles connexes
Divers
Langues berbères
Littérature berbère
Études berbères
Académie algérienne de la langue amazighe
Haut commissariat à l'amazighité
Académie berbère
Festival international des films berbères
Histoire des Berbères
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Gerzée
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Germaine Tillion (1907-2008), Thérèse Rivière (1901-1970), ethnologues
Études postcoloniales
Droit international
Anthropologie juridique
Coutume, Savoirs traditionnels
Peuple autochtone, Droit des peuples autochtones (Déclaration des droits des
peuples autochtones)
Colonisation, Décolonisation, Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
Liens externes
Amazighs.fr [archive] consacré à l'histoire, les actualités tamazgha, l'annuaire des
associations... des Berbères
Fadma.be [archive] consacré à la culture amazighe en général et à celle du Rif en
particulier
Dictionnaire et conjugaison des verbes dans la variante mozabite de la langue
berbère [archive]
L'amazigh (langue, culture et histoire) [archive], bibliographie, 199 pages,
Université Aix [PDF]
Claude Brenier-Estrine, Chronique bibliographique berbère [archive], 40 pages,
Université Aix, 1995, [PDF]