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La choura est le processus islamique de consultation entre les personnes informées des
questions en jeu, et elle s’effectue le mieux en organisant des discussions, des débats
contradictoires entre ceux qui sont conscients des enjeux liés au projet en question et des défis
à relever.
La Sunna abonde en exemples de choura entre le Prophète () et ses compagnons. Abou
Hourayra disait : « Je n’ai jamais vu personne rechercher davantage la consultation avec ses
compagnons que le Prophète () » Boukhari. Le Prophète éduquait les compagnons à débattre,
à se concerter, il ne s’écartait de la choura que dans les cas d’une révélation directe annonçant la
voie à suivre.
Le facteur le plus important dans la pratique de la choura est l’existence de points de vue
opposés. Le débat d’idées, documenté, réfléchi et bien argumenté constitue le moyen le plus
efficace pour tirer le plus grand bénéfice de la pratique de la choura.
Une prise de décision concertée nécessite au préalable de débattre les tenants et les aboutissants
liés à cette décision et à tous les niveaux de son organisation à son exécution, jusqu’à ce que
tout le monde en ait pleinement conscience. Pour arriver à un consensus sur les faits, il nous faut
d’abord découvrir les faits.
Un autre point lié à la choura est : négocier et transiger. Souvent, nous sommes confrontés à la
nécessité de parvenir à un accord avec d’autres personnes qui ont des intérêts, des objectifs ou
des perspectives différents des nôtres. Pour résoudre les problèmes dans de tels cas, il faut avoir
recours à un processus de concessions mutuelles qu’on appelle généralement : la négociation.
Négocier est un art qui exige une compréhension de la psychologie humaine. Pour être plus
précis, plus nous en savons sur les besoins de l’adversaire et sur ses motivations, plus nous
avons des chances de prendre une bonne décision et de résoudre efficacement le problème en
question. Toutefois, la négociation n’est pas un jeu que nous gagnons ou nous perdons, et ce
n’est pas non plus une tentative d’écrasement de l’adversaire pour le pousser à dire "oui" à
toutes nos exigences. Il faut s’attacher à parvenir à une solution sage et juste fondée sur la raison
et des critères objectifs.
Les directives islamiques concernant l’art de transiger entre le bien et le mal ont été expliquées,
entre autres, par ibn Taymiya dans son livre « al Hisba fi al Islam ». A son avis, les limites du
compromis sont :
1. Il n’est pas permis d’ordonner ou d’interdire une ligne de conduite entre le bien ou le
mal sans avoir procédé à un examen profond.
2. Si le bien est prépondérant, il devrait être ordonné même si cela entraîne un moindre
mal.
3. Si le mal est prédominant, il devrait être écarté même si cela entraîne la perte d’un grand
bien.
4. Si le bien et le mal s’équilibrent et sont inséparables, ni l’un ni l’autre ne doit être
ordonné ou écarté.
Choura méthodologie
La choura a été instituée en islam pour responsabiliser, exploiter toutes les compétences et les
faire participer à la réussite du projet commun. Mais, surtout pour éviter, les abus de pouvoir, le
pouvoir d’un seul qui tranche dans le vif et les autres doivent se plier et exécuter. Ce n'est pas
parce qu'une personne est animée par les meilleurs intentions du monde que ses décisions
personnelles sont toujours judicieuses et appropriées…
Les discisions en islam doivent être discutées, concertées consciencieusement et adoptés
collectivement.
La séance de choura commence par, bien évidemment, par une lecture du Coran et par un petit
rappel sur les fondamentaux, sur les objectifs. Ce rappel est nécessaire pour renouveler son
intention, revoir sa sincérité, car une assise de choura et de concertation est une assise dont
l’intérêt de la dynamique, l’intérêt du projet prime sur les intérêts et les ambitions personnels,
ce qui engage notre responsabilité devant Dieu.
Prendre, pour habitude, de se consulter, de se concerter avant d'agir permet d’éviter les regrets
et les incidents du parcours. En effet, la concertation, avec la confrontation des idées, l'échange
des points de vue et la multiplicité des analyses qu'elle entraîne forcément, permet souvent de
mettre en valeur des aspects importants auxquels une seule personne, aussi compétente et
savante puisse-t-elle être, ne pense pas.
Respecter les bienséances relatives à la choura permet d’éviter de tomber dans des discussions
sans fins et des débats stériles qui n’aboutissent à aucune résolutions concrètes.
Mon éloquence, ma capacité à convaincre et à tourner les choses à mon avantage n’a pas
d’importance devant la cohésion du groupe, sa capacité à réfléchir collectivement et à agir
efficacement pour le bien commun.
L’ambiance général, lors d’une assise de choura doit être fraternelle où règne bien sûr l’amour
en Dieu, le pardon, le respect et la rigueur. Sans oublier, que parfois l’assise de choura qui à
défaut de réfléchir et d’élaborer une stratégie de travail devient une séance d’amusement et de
rigolade sans cesse ce qui fait perdre beaucoup de temps. Attention, on est pas à l’armé, rigoler
un peu certes que l’ambiance soit chaleureuse certes, mais cela ne doit pas nous détourner de
nos objectifs.
Souvent, entre frères et sœurs dans une dynamique collective, on n’ose pas critiquer par peur de
blesser ou que les relations se détériorent ou que cela est contradictoire avec les principes de
fraternité. Critiquer en islam ne veut pas dire dénigrer, on ne critique pas des personnes mais des
conduites, des manières de voir, des comportements et des agissements. Notre responsabilité est
de veiller à préserver l’intérêt commun, à servir le projet, et pour cet objectif on est amené à
évaluer, à critiquer mais aussi à proposer.
La meilleure choura est celle qui finit avec des résolutions concrètes, des volontés prêtes à
agir et non celle qui laisse des rancunes entre les personnes et crée des animosités au sein
du groupe.