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Pour cela, l’efficacité est notre boussole. Vous l’aurez compris, une mobilisation de cette
ampleur, c’est éprouvant, c’est intense, c’est fort émotionnellement. Il y a donc un enjeu à
ce que chaque instant soit utilisé au maximum de son potentiel ! Une réunion c’est un
moment où chacune des personnes autour de la table a mis son activité débordante sur
pause. C’est un moment où plusieurs personnes qui ont besoin de se coordonner, de
prendre des décisions, de se soutenir… sont réunies. Vous avez compris où je voulais en
venir : c’est un moment précieux.
Malheureusement, il n’est pas rare que ces moments soient parasités par de petites actions
qui finissent par empoisonner le collectif. La liste exhaustive serait trop longue mais je
pense assez intuitivement à ces réunions où certaines prises de paroles sont excessivement
longues, où des tensions interpersonnelles minent les échanges, et où à la fin très peu de
décisions concrètes sont prises et la majorité des participant•e•s ne savent pas ce qu’ils
ont à faire.
Alors comment faire pour que ces réunions de militants soient accueillantes, fluides et
efficaces ?
Déjà, commencer par prendre conscience des cadres implicites pour les tenir à distance.
Ces règles de fonctionnement tacites qui régissent trop souvent nos réunions. Tout le
monde peut prendre la parole quand il veut, on peut couper la parole sans problème, les
décisions sont prises par ceux qui parlent fort et ont souvent imposé leur rythme à la
(cc) BY-SA fertîles
Contenu Cassandre Bachellier
réunion, et que les hommes peuvent prendre trois fois plus la parole que les femmes parce
qu’on ne va quand même pas mener tous les combats de front. Imaginez que ces règles
soient affichées sur les murs de la salle. Elles vous paraîtraient probablement intolérables.
De nombreux collectifs se sont saisis de cette problématique et ont apporté des réponses
variées. En voici un aperçu. Les briques essentielles sont : le cadre, les modes de prises de
décisions, les outils de communication non verbale, et un déroulé de réunion type, et le
rôle de facilitateur ou facilitatrice.
Poser le cadre
La première proposition est de poser un ensemble de principes ou règles qui constituent
un cadre. Cela peut sembler surprenant mais le conseil est de les expliciter en début de
réunion et idéalement de les afficher pour que tout le monde les gardent à l'esprit ou
puisse s’y référer durant la réunion.
Et trois autres qui peuvent être très utiles en fonction du groupe avec lequel vous travaillez
:
Pour et pas contre : Ce principe peut également être utilisé comme mode
de prise de décision. Il s’agit de se mettre dans l’état d’esprit du “ce serait
mieux avec…” plutôt que “Ce serait mieux si…”. Décider en pour et pas
contre c’est ne pas laisser 10 propositions s’accumuler pour ensuite en
débattre, mais plutôt, se saisir de la première qui est apportée, observer
si elle présente des risques, l'expérimenter, et la faire progresser si c’est nécessaire.
Le cadre ainsi créé permet de nourrir la confiance entre les participant•e•s afin d’expliciter
ce qui doit l’être et garantir un partage apaisé et riche. Ce cadre enfin demande de
l’indulgence envers soi, envers les autres, pas toujours facile mais très porteur !
Faciliter, kezako ?
Faciliter une réunion c’est s’assurer que son cadre (présenté ci-dessus) et son déroulé
(explicité ci-dessous) sont respectés afin de servir au mieux l’intention. Cette mission est
assurée par une personne désignée en amont ou en début de réunion. Le facilitateur ou la
facilitatrice est donc garant•e de la bonne tenue de la réunion, de la forme, pour assurer
l’émergence du contenu. La personne qui facilite se tient donc dans une posture de
neutralité par rapport au contenu des échanges afin d’assurer que les autres personnes
puissent contribuer de manière sereine. Elle s’occupe du contenant pour que les
participant.e.s puissent se concentrer sur le contenu.
Dans l’idéal, si vous êtes un binome, vous pouvez chacun prendre un rôle : un prend le
contenu, les proposition, les apports… L’autre prend la facilitation.
Si vous êtes seul : expliquez le au groupe : “c’est compliqué pour moi de gérer ces deux
rôles, si quelqu’un veut bien prendre la modération/facilitation, c’est bienvenu, et sinon je
ferais de mon mieux pour distinguer les moments où je fais des apports de contenu et les
moments où je m’occupe du contenant”. Pendant votre animation, n’hésitez pas à imager
votre changement de casquette “j’enlève ma casquette de facilitation...je la remet”
- Expliciter les objectifs au début. Ils sont explicités en amont ou au début. Formuler
l’intention permet de clarifier le périmètre et donc d’assurer l’implication effective
des présent•e•s en assurant que ne sont mobilisées que les personnes nécessaires
- Un cadre commun rappelé en début de réunion : des règles (le cadre explicité plus
haut), des gestes, un mode de prise de décision (défini en amont et respecté par le
groupe → plus d’infos ici). C’est important de ne pas partir du principe que toutes
les personnes autour de la table ont les mêmes codes. S’assurer d’un langage
commun peut prévenir beaucoup de malentendus.
- des rôles répartis : Les non-dits sont le pire ennemi du collectif. Rendre visible les
rôles de chacun permet de ne pas être plusieurs à en porter la charge mentale et de
respecter collectivement l’effort fourni par la personne qui remplit ce rôle. Les deux
rôles importants à répartir sont : la facilitation (voir au dessus), la prise de notes (qui
doit être synthétique pour être utile et donner envie d’être relue). Plus d’infos sur
les rôles ici
- Coeur de la réunion animé par un facilitateur ou une facilitatrice. Dans l’idéal prévu
en amont avec un ordre du jour.
- Prochains Petits Pas (les PPP !) : Afin de ne pas repartir dans un flou, sans avoir acté
quoi que ce soit, je termine toutes mes réunions par un temps dédié aux prochains
pas. Quelles sont les prochaines actions concrètes à mettre en œuvre après cette
rencontre ? Chaque tâche est attribuée à une personne qui l’a explicitement
acceptée et associée à une date butoir. Cela permet de repartir avec un sentiment
(cc) BY-SA fertîles
Contenu Cassandre Bachellier
clair d’action et d’assurer que la réunion a atteint au moins certains de ses objectifs.
À la prochaine réunion, nous vérifions qu’ils ont été réalisés.
Les gestes :
Pour coopérer, utiliser le non-verbal est un outil précieux. Non seulement car il permet de
rendre visible l’énergie d’un groupe, de donner des retours non verbaux à celui ou celle qui
parle, mais aussi car il me permet à moi lorsque je m’exprime par les gestes de me rendre
acteur.rice, de rester engagé.e, et ce sans parler !
- Je suis d’accord : Pour signifier à une personne, un groupe que je suis d’accord,
enthousiasmé ou aligné.e avec une proposition, je peux utiliser l’applaudissement
en langage des signes
- Silence : Je crée une VAGUE de silence en levant la main Quand ma main est levée,
je me TAIS !
- Prise de parole en comptant : Je compte sur mes doigts lorsque je veux prendre la
parole, pour simplifier les prises de parole et donner de l’autonomie au groupe.