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De Siegfried à Parsifal
Rudolf Steiner
Une conférence de Rudolf Steiner,
donnée à Stuttgart en 1914
(a)
, qui n'a jamais
été
publiée jusqu'à présent.
De fait, on a vu récemment
de mauvaises mises en scènes qui manifestent justement
toujours cette
tendance psychologisante, "moderne", parfaitement inadéquate,
en
attendant même à Bayreuth. C'était d'autant plus réjouissant
de voir en février
dernier, à l'Opéra Bastille de Paris
(présentée en 1997 pour la première fois), des
réalisations
de l'Anneau
quelque peu plus "dignes et initiatiques", tant par la mise
en
scène de Graham Vick, que par le niveau de l'exécution musicale
(sous la
direction de James Colon). Il faut espérer revoir ces représentations
parisiennes à
l'avenir. On a pu entendre récemment la "Kundry"
parisienne (Violetta Urmana),
lors d'une représentation donnée
à Zurich aux dernières Pâques (dans le cadre d'une
autre
mise en scène)
(c)
.
Zurich est précisément liée au destin de cette oeuvre,
puisque c'est dans le jardin de la maison d'accueil Wesendonck, à
Zurich, que
Wagner reçut l'inspiration originelle de son Parsifal .
Thomas Meyer
À
partir de l'oeuvre de Richard Wagner, l'Anneau du Niebelung
, on peut
reconnaître comment le Je, l'individualité humaine
consciente d'elle-même de
la cinquième époque post-atlantéenne,
est né de la sagesse originelle de
l'époque atlantéenne.
C'est à notre époque que se rattache en effet la mission
de
développer un Je libre, autonome, une individualité ayant toutes
les
qualités requises, ainsi que d'amener l'intellect à son
épanouissement extrême.
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Le principe
de liberté doit exister pour donner à l'homme la possibilité
de
retrouver le chemin de la divinité par une décision volontaire,
absolument et
entièrement libre, indépendamment de toute volonté
divine supérieure. Le
savoir rationnel a donc pris naissance de la
pure sagesse, ces flammes
originelles représentées par le fleuve
du Rhin.
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L'âme de Parsifal
nous apparaît dans toute sa candeur enfantine. Sans cette
nature enfantine,
qui n'est que folie devant le monde, il n'aurait pu parvenir
dans le domaine
du Graal.
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Siegfried
ne fait pas pleinement l'expérience d'un Je qui s'individualise.
Parsifal
fait au contraire l'expérience de ce Je personnel, quoiqu'il ressemble
à Siegfried
comme deux gouttes d'eau. Il entre en rapport avec cette nouvelle
sagesse
dans le domaine du Graal, tout en étant d'abord totalement ignorant.
Parsifal
se trouve dans la cinquième époque post-atlantéenne,
Siegfried
au
passage de la troisième à la quatrième époque.
Parsifal
devait abandonner sa
mère, l'ancienne sagesse pour devenir autonome.
L'être humain est mené de
l'ancienne sagesse au Je personnel.
Parsifal
a beaucoup de noms, mais il n'en
connaît plus aucun. Il a traversé
de nombreuses incarnations, lors desquelles
il a sans cesse porté
des noms différents, mais il n'en sait plus rien. L'être
humain
devenu une personne ne sait plus qu'il a déjà existé
de nombreuses
fois et qu'il a porté beaucoup d'autres noms.
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L'état de santé
d' Amfortas
Amf
se complique avec l'évolution vécue par Parsifal
.
L'humanité à deux chemins devant elle: Celui d'
Amfortas
Amf
et celui de Parsifal
. Les deux cheminements doivent s'unir si on veut recouvrer la santé
de l'âme.
Amf
Amfortas
nous apparaît comme grevé de douleurs, profondément
atteint et
malade en son âme sous l'effet de la lance. Qu'est-ce que
cette lance? "Qui de
ma lance craint la pointe, ce feu jamais ne franchisse!"
(6) Celui
qui ne peut
pas encore franchir ce mur de flammes continuellement en mouvement
doit
craindre la pointe de cette lance. C'est le cas d'
Amfortas
Amf
. Il succombe à
l'élément de cupidité de Kundry qui
réside dans le domaine du désir. Il doit
craindre la pointe
de la lance qui l'a blessé. Il est donc atteint au plan
psychique
autant qu'au plan corporel. La lance est représentée comme
la lance
de l'amour divin, la lance solaire de la divinité. La pointe
de la lance agit au
plan spirituel comme les rayons solaires qui transpercent
les hommes. De son
éclat lumineux, la divinité éclaire
chez l'homme son imperfection personnelle.
Ce n'est pourtant pas la divinité
qui punit en quelque sorte l'humanité, mais
l'être humain se
juge lui-même et parvient à la connaissance de soi sous l'effet
des forces lumineuses de la lance. C'est la situation dans laquelle se trouve
Amf
Amfortas
. Il doit reconnaître que lui, le gardien élu du Graal, ne peut
pas
supporter la divinité car il n'est pas suffisamment pur pour cela,
parce qu'il ne
peut pas traverser sans danger le mur des flammes vivantes,
le mur des
passions. La profonde blessure consiste dans le fait de devoir
se dire: "Dans le
château du Graal, je dois découvrir la
relique sacrée à l'intention de ceux qui
sont purs et moi,
moi je suis indigne de faire cela." Klingsor
a utilisé les
forces créatrices de la lance à des fins
personnelles, et c'est bien ce qui est
épouvantable. L'égoïsme
ne doit pas disposer de telles forces, car ce serait
épouvantable
pour les événements du monde. Pour ces événements,
le combat
n'est pas encore terminé et il continuera tant que tous
les hommes ne se seront
pas décidés pour le bien.
Parsifal
doit effectivement causer une déception à Gurnemanz
car il doit
commencer à connaître la compassion et à
s'engager dans le sentier octuple
dès son arrivée au château.
Parsifal
aurait dû poser une question importante
au roi malade: "Mon oncle,
quel est ton mal?"
(7) Il aurait
dû ressentir de la
compassion et en même temps - sinon cette
question n'a aucun sens -
posséder les forces secourables qui reposent
dans la lance. Mais il ne les
possède effectivement pas. Il doit d'abord
les conquérir. "Oh! quel miraculeux
et suprême bonheur!
de l'arme qui put fermer ta blessure je vois découler un
sang sacré
aspirant à la source parente qui coule là-bas dans l'onde du
Graal
(8)
" La lance porte en elle ces forces de guérison. Sous l'expression
"oncle",
se manifeste le fait que Parsifal
, dans le Graal, se trouve au milieu de ceux
qui lui sont spirituellement
apparentés, c'est-à-dire ses frères en esprit. Mais
il
ne sait pas qu'
Amfortas
Amf est son frère spirituel, un frère qui se trouve à un
rang
plus élevé et c'est la raison pour laquelle il s'adresse
à lui en l'appelant son
oncle. Il ne reconnaît donc pas son
frère spirituel. Il ne sait pas plus que
Titurel est son grand-père, Titurel le vieillard chenu qui a édifié la château du
Graal et
qui se trouve réellement dans les mondes spirituels, où l'on
peut
effectivement réellement le rencontrer lorsqu'on dirige l'activité
de
connaissance sur ces mondes par le regard clairvoyant; Toujours est-il
qu'il
est le grand ancêtre des frères du Graal, le grand maître.
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Kundry
met Parsifal
à
l'épreuve en lui rappelant sa mère. Elle lui fait le
reproche
d'avoir provoqué sa mort, si bien qu'il s'écrie: "Ha!
qu'ai-je pu
oublier encore? De quoi me suis-je jamais souvenu? Seule une
folie
accablante vit en moi?" Kundry lui
rétorque ces paroles tentatrices: "L'aveu
effacera la faute dans
le repentir. Le savoir en raison changera la folie!"
(11)
Kundry ne
veut pas signifier la connaissance divine. Tout ce que la tentatrice
exprime
est altéré, dénaturé quant au sens, de manière
sophiste, le blanc est
inversé en noir. Elle ne triomphe pourtant
pas; Car c'est précisément l'instant
où la victoire
est remportée, où Parsifal
éprouve les souffrances de l'autre
dans son propre corps, en cet
instant où l'amour divin, miséricordieux naît en
lui.
Ressentir les souffrances des autres, dans notre propre corps, c'est à
cela
que nous sommes conduits en ce temps de guerre (la conférence
a été donnée
pendant la guerre 1914-18. N.D.T.), en
nous livrant à méditer ces paroles:
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Il existe
des Chrétiens bien-pensants, mais qui n'approfondissent pas la
connaissance
du Christ et parlent volontiers de l'amour du Rédempteur en
affirmant
que le Sauveur est toujours amour. On ne doit pas oublier pourtant
qu'on
ne pas approcher sans plus le Rédempteur, sans une préparation
correspondante; C'est la raison pour laquelle il faut parler du chemin qui
prépare celui qui mène vers Lui. Le Christ exige de nous -
et doit l'exiger -
l'effort de purification de notre être. Et lorsque
nous l'approchons dans un état
d'immaturité, Il agit sur nous
dans sa grandeur comme en nous jugeant, bien
qu'il ne juge pas. Il agit ainsi
seulement par la majesté de son apparence que
nous devons comparer
à notre imperfection, dont nous ne soupçonnons pas du
tout
l'ampleur souvent. Les épreuves qu'
Amfortas
Amf
doit traverser en cette
circonstance, ont été vécues
en Palestine, elles ont été effectivement vécues
par
un homme qui, par ignorance, commença d'abord à persécuter
le Sauveur
et ses disciples: Paul. La lumière, dans laquelle la voix
du Christ retentit pour
lui, en lui apportant la connaissance de soi, a agi
en lui comme une lance
ouvrant une blessure. Il sut de ce fait qu'il suivait
le spirituel. Il sut; Le Christ
en nous, l'homme christifié doit s'unir
au Christ en dehors de nous. Pour cela,
nous avons beaucoup, beaucoup à
faire à notre époque. Le Christ ne peut pas
sans plus habiter
une âme obscure.
Parsifal
a atteint la source sacrée qui représente la sagesse, la sagesse
divine
qui le purifie de l'erreur dans les faits. Le lavement des pieds commence,
le
lavement des pieds qui signifie toujours la volonté de servir.
Après s'être
purifié de la poussière de sa longue
errance, il s'aperçoit qu'il entre dans une
nouveau rapport avec le
monde qui l'entoure, avec le monde végétal, la nature
végétale,
l'âme humaine. L'oiseau du bois pouvait aussi parler à Siegfried
,
parce que celui-ci disposait de cette relation, entre la nature et son
être, après
avoir tué le dragon Fafner .
(16) Lorsque
nous avons acquis ces relations avec
la nature, alors nous entendons ce que
la nature nous dit et nous devenons
alors clairaudiant. Nous trouvons la
forteresse du Graal en notre for intérieur,
mais seulement si nous
avons édifié nous-mêmes le temple, si nous avons
érigé
ses colonnes en notre âme de nos propres mains. Dans le Crépuscule
des dieux
, on raconte que le Walhalla
est réduit en cendre par le feu lunaire
Loki. Cela
veut dire que le feu de Lucifer provoque la déchéance du corps
physique. L'égoïsme des passions apporte à l'être
humain la décadence du
corps physique menant à la mort. Celui-ci
doit donc désormais édifier un
nouveau temple à partir
de ses propres forces, en utilisant les forces déposées
en
lui depuis le Mystère du Golgotha, en reconnaissant ainsi au sens
juste la
mission de son Je. C'est alors que surgit le nouveau temple christifié
(La
Jérusalem
céleste
de la Révélation
de Jean ,
N.D.T.). Parsifal
doit d'abord
expier la faute d'
Amfortas
Amf
, lui apporter la purification avec la divinité; L'âme
guérit
ainsi dans la catharsis. La divinité veut avoir toute notre âme,
l'ensemble de notre Je qui doit porter en lui les forces élaborées
qui ont été
acquises au plan physique. Ce Je, qui se tient
là debout avec tous ses talents,
qui a traversé la catharsis,
est appelé à devenir le porteur du Je supérieur. Car
nous devons mourir sans aucun doute; Mais nous mourons pour devenir.
Nous
mourons dans le Christ, dans cette retraite de sagesse sacrée du Rhin,
qui était originellement auprès de la divinité, qui
fut donnée à l'humanité dans
le Mystère du Golgotha
et qui resurgit en nous, comme Richard Wagner
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Jésus de Nazareth
était un temple de ce genre. Au sein des enveloppes
spirituelles de
Jésus de Nazareth, agissaient les forces du Je du Jésus-
Zarathoustra,
que celui-ci avait acquises au travers de ses nombreuses
incarnations terrestres.
C'est la raison pour laquelle un Je personnel doit
s'apprêter à
devenir le porteur de la divinité après avoir travaillé
avec soin au
sein de son âme; Car de bas en haut, depuis la terre,
un Je mûri de cette
manière doit aller à la rencontre
de la divinité qui descend. Le Je du Jésus de
Nazareth s'est
retiré, lorsque le Christ est entré en lui. Le Je personnel
doit
mourir à la personne, c'est-à-dire que nous devons remettre
ce qui vit de
personnel et d'éphémère en nous. L'homme
doit réacquérir l'enfance de l'âme,
pour pouvoir devenir
le porteur d'un Je; Ce qui implique qu'il abandonne ce
qui n'est pas de l'enfance,
l'égoïsme. La parole
de Paul: "Non pas Je, mais le Christ en moi." acquiert alors toute
sa vérité.
"Rédemption
au Rédempteur!"
(18)
Rudolf Steiner
Der Europäer
6/7- 1999
Notes:
(1) Richard
Wagner, Siegfried
, Acte 2/scène 1. Le Voyageur [
Wotan ]:
“ Qui
m'agrée libre accomplit son oeuvre. Vainqueur ou vaincu,
son roi, c'est lui.
Tels héros seuls me secondent. ” (Traduction
d'Antoine Livio, de même que
les autres citations en français:
L'oeuvre
lyrique de Richard Wagner
, Le
Chemin vert, Paris 1983)
(2) Accord en FA majeur, d'une manière erronée dans les notes (sans
doute
une méprise). Voir aussi Friedrich Oberkogler, Richard Wagner - Vom Ring
zum Gral (Richard Wagner - De l'Anneau au Graal)
, Stuttgart, 1985, P. 54.
c'est
par moi qu'il l'apprend. ”
(4)
R. Wagner, Parsifal
, Acte 1. Gurnemanz
: “ Par compassion sachant le
candide Fol, attends-le, celui que j'ai
élu. ” Les quatre écuyers: “ Par
compassion sachant
le candide Fol... ”
(5)
R. Wagner, Parsifal
, Acte 1. Gurnemanz
: “ Dis, maintenant, tu ne sais
rien de ce que je te demande: Conte,
alors, ce que tu sais: car enfin tu dois
savoir quelque chose. ”
(6)
R. Wagner, La Walkyrie, fin du 3ème acte.
(8)
R. Wagner, Parsifal, Acte 3. Parsifal
: “ Oh! quel miraculeux et suprême
bonheur! de l'arme qui put
fermer ta blessure je vois découler un sang sacré
aspirant
à la source parente qui coule là-bas dans l'onde du Graal! ”
(9)
R. Wagner, Parsifal
, Acte 1. Amfortas:
Amf “ Du vaisseau sacré, le divin
contenu s'embrase avec un éclat
lumineux; enivré par la douleur de la lus
céleste jouissance,
je sens se répandre dans mon coeur la source du sang
divin. ”
Et Acte 2: Parsifal:
“ Le regard se fixe morne sur le vase d'élection...
Le sang
divin s'embrase; ”
(12)
R. Steiner, Menschenschicksale und Völkerschicksale (Destinées
humaines et
destinées des peuples)
, GA 157,
conférence du 1.9.1914: “ So
lang du den Schmerz erfühlest
/ Der mich meidet / Ist Christus unerkannt / Im
Weltenwesen wirkend / Denn
Schwach nur bleibet der Geist / Wenn er allein
im eignen Leibe / Des Leidesfühlens
mächtig ist. ”
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