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Dieu sait que nous voulons bien faire ; mais il n’en faut pas forcément beaucoup pour
nous faire douter. « Il a 3 ans, il devrait dire 10 mots (Oh, ces calculs !) » - « Pourquoi
il déforme tout comme ça ? On le corrige, on répète, mais ça entre par une oreille et
ressort par l’autre » …
Ces questionnements prouvent que vous êtes vigilants, vous ne voulez pas laisser
passer une difficulté sans vous en occuper et c’est tout à votre honneur. Pour parler
avec de nombreux parents, chaque semaine, je constate que souvent, il n’y a pas lieu
de vous inquiéter. Par contre, s’il n’y a pas toujours de soucis majeurs qui
nécessiteraient un bilan orthophonique, voire une prise en charge, vous vous sentez
parfois perdus pour stimuler et encourager l’éclosion du langage en développement
de vos enfants. J’entends de nombreuses familles qui cherchent des outils, une
guidance.
Elle est où, l’école de parents que nous aimerions tant… Juste pour être plus sûrs de
nous ? J
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Ma fille ainée a parlé tôt mais
ma seconde déforme tous les
mots et on la comprend mal. Je
sais que « chacun son rythme »,
mais je m’étonne un peu quand
même !
Mon fils de 18 mois ne dit Max aura 4 ans dans 2 mois.
aucun mot mais comprend Il ne parle toujours pas de
façon construite mais son
clairement ce qu’on lui dit.
vocabulaire avance à pas de
Il pointe du doigt et émet des géant. Je suis rassurée ! le
sons, c’est tout ! Ma mère me dit : « Écoute Morgan,
reste va venir ?
Eliott est en retard, 4 ans et 4
mots ?! Ta femme a beau ne parler
que l’espagnol…fais quelque
chose ! » Elle exagère, mais je me
questionne aussi.
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Je sais que d’habitude, on vous donne des points de repères quantitatifs, du style « combien de
mots, à quel âge ? ». Je préfère personnellement que cela reste le domaine du professionnel,
qui sait lire les échelonnages et poser un diagnostic, en fonction de l’histoire personnelle de
l’enfant.
Mettre un âge sur les productions attendues ne fait pas toujours sens, en revanche les étapes
sont importantes que l’on soit monolingue ou bilingue. Chaque enfant a son propre rythme
d’apprentissage, nous le savons ; certains enfants apprennent en continu, d’autres par paliers.
Ce qu’il est important d’observer, pour vous parents, c’est le fait que votre enfant évolue et ne
reste pas « bloqué » à un stade, sans passer au suivant. Les âges sont donc inscrits, ici, à titre
indicatif.
Je me base, entre autres, dans cet exposé, sur les stades de développement du langage, tels que décrits par la FNO (Fédération
Nationale des Orthophonistes).
La référence que je fais à la « famille bilingue » renvoie à la situation « une langue par parent » ; mais elle peut aussi s’appliquer au
tout petit qui va à la garderie ou au jardin d’enfants, dans une langue autre que celle de la maison. Le bilinguisme est toujours à
considérer au cas par cas.
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Comment stimuler l’éclosion de son langage ?
Votre bébé s’anime dès qu’il vous voit, il vous reconnaît ! Vous vous souriez et vous vous regardez. C’est le
moment des vocalises ! Vous initiez, sur tous les tons « areuh, baba ». Il « répond » imite, rit. Soyez expressifs,
votre bébé n’a d’yeux que pour vous ; il observe vos mimiques, s’amuse de tout ce qui bouge sur votre visage.
Parlez-lui calmement, chaleureusement, chantez-lui des comptines, modulez votre voix, riez avec lui.
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Il utilise des gestes symboliques : une brosse à l’oreille Entre 1 an
pour « téléphoner ». Il dit ses premiers MOTS. Parfois et 1 an ½
un mot générique représente plusieurs référents.
- « Allô ? Bye ! »
- « Auto ! » Oui, elle est rouge, la voiture. « Auto ! » Ça c’est un
camion ! « Auto ? » Ah, tu vois les enfants qui montent dans le bus ?
C’est un bus, mon chou !
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Votre enfant utilise des mots isolés pour
communiquer. C’est une période d’explosion lexicale. Entre 18
mois et
Ensuite, il associera deux mots (juxtaposés, peut-être
2 ans
déformés), qui cette fois, sont une ébauche de phrase.
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Les spécialistes appellent cela le stade « du mots-
phrase ».
Cette étape peut… ou non, prendre un petit peu plus de temps à venir. Il a emmagasiné « en double », cette
période d’enregistrement du vocabulaire passif (mode « réception » et non « expression ») peut prendre plus
de temps. Pour certains enfants, l’évocation peut être plus difficile (Retrieval), les mots ne leur viennent pas à
l’esprit avec autant d’aisance. C’est un cap à passer.
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Votre enfant utilise « moi » pour parler de lui. Vers
trois ans, il fait de petites phrases de deux, trois mots Entre 2
d’un style télégraphique et les associe aux gestes. Les et 3 ans
verbes ne sont pas encore conjugués (ou pas tout le
temps). Les phrases peuvent être affirmatives,
négatives, impératives. Il discute. C’est souvent la
période où l’enfant dit beaucoup « non ».
- « NON ! Moi bain ! » à Comment ça, tu ne veux pas prendre ton bain ?
Allez hop, tu te déshabilles tout de suite, petit coquin !
- « maman, moi, bras, tigué » à tu es fatiguée, tu veux que je te porte ?
- « Taper Victor moi. Pas gentil ! Moi pleurer »à Tu as raison, ce n’est pas
gentil ça, que Victor te tape. Pourquoi il t’a tapé d’abord ? Ne pleure pas
mon chou, viens là. On va parler avec Victor, ça va aller tous les deux.
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Votre enfant s’affirme, il utilise le JE, a ses opinions. C’est
l’étape des succulents « mots d’enfants ». Il diversifie son Entre 3
et 4 ans
vocabulaire : aux noms communs (étiquettes) et aux
verbes (actions) s’ajoutent des adjectifs (description,
ressenti), des prépositions (organisation spatiale), des
pronoms personnels (les autres) … Ses phrases sont
maintenant construites (sujet-verbe-complément) et les
verbes sont conjugués, même s’il peut encore y avoir des
maladresses.
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Votre enfant allonge et complexifie ses phrases
(pronoms relatifs, coordinations, adverbes). Il précise Entre 4
son vocabulaire. Il articule tous les sons. Il construit des et 5 ans
récits (il utilise passé - présent - futur).
« Max n’a pas voulu ranger son livre. La maîtresse, elle était pas
contente. Même qu’elle s’est fâchée ! Et après elle était énervée, mais
alors énervée ! La prochaine fois, Max il devra faire attention. Moi, je
range toujours mes affaires, hein papa ? » - Pas toujours… - « Ben,
c’est toi qui les ranges alors (rires), moi je peux continuer à
jouer, puisque c’est toi qui le fais ! ».
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Votre enfant a acquis les règles du langage. Ses
phrases sont maintenant sans erreur de grammaire Entre 5
ou de syntaxe. Il construit des récits, son discours et 6 ans
peut être plus imaginatif. Il tient des conversations
avec ses pairs et les adultes. Il parle sans déformer
les mots. Il est prêt pour apprendre à lire et à écrire.
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VOUS ÊTES LES PERSONNES QUI CONNAISSEZ LE MIEUX VOTRE ENFANT.
SI VOTRE INTUITION VOUS TITILLE, ÉCOUTEZ-LA !
Demandez l’avis d’un professionnel (pédiatre, orthophoniste, psychologue, etc.), quel que soit l’âge de votre
enfant. Prendre conseil, vous apportera un autre regard sur la situation dans laquelle vous vous enlisez. Au
mieux, vous serez rassurés et continuerez votre chemin, l’esprit en paix. S’il s’avérait qu’un petit souci se fasse
jour, vous aurez la satisfaction d’avoir pris les choses en mains, afin d’aider votre enfant. Parfois, une simple
guidance sera suffisante pour vous donner les outils auxquels vous n’auriez peut-être pas pensés. D’autre fois,
l’intervention ponctuelle d’un spécialiste, auprès de votre enfant, sera la bienvenue.
- Votre pédiatre :
Qui voit grandir votre enfant, vous écoute et connait votre famille.
- Un ORL :
Pour parler, il faut entendre. Sans qu’il y ait perte de l’audition sévère, des otites à répétition, par exemple,
peuvent entraîner des gênes ponctuelles. Votre enfant, ne vous entendant pas bien, va parler avec des sons
ou des mots déformés. (À savoir : les otites peuvent passer inaperçues de vous et de votre médecin traitant).
- Un orthophoniste :
Spécialiste de la communication, du langage et de l’articulation, il pourra vous conseiller et vous guider.
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- Un ophtalmologiste :
On y pense moins, mais pour parler, il faut aussi voir. Si votre enfant ne vous voit pas nettement, il rate de
précieuses informations, verbales (lecture sur les lèvres, que nous faisons tous sans nous en rendre compte) et
infra-verbales (vos mimiques, réactions, etc.).
- Un psychologue :
Les parents ne vont pas le voir avec aise. Or, un psychologue, comme tout autre praticien lors de sa
consultation, vous conseillera et vous guidera, sans porter de jugement.
Consulter ne va pas toujours de soi. Trouver un praticien qui parle votre langue, ce n’est pas simple. Et si votre
praticien est du pays d’accueil, il risque d’avoir des références différentes qui peuvent générer votre inquiétude.
J’entends souvent, ici aux États-Unis, les parents me dire « Mon pédiatre américain me stresse… » : nous avons
d’autres habitudes et surtout des systèmes de santé différents. Votre praticien agit avec bienveillance selon les
critères qu’il connait. Votre pédiatre vous conseille « trop vite » (à votre idée) de consulter des Speech and
Language Therapists (orthophonistes) ? Aux USA, de très jeunes enfants sont pris en charge par la « Early
Intervention », les services existent et les pédiatres vous les recommandent. Tout est à mettre en perspective. J
À toutes fins utiles, j’offre 4 Séances-Rencontres gratuites de 30 minutes, chaque mois, pour aider les familles
expatriées qui auraient des questions. Ces entretiens se passent par Skype. Vous pouvez prendre rendez-vous
sur mon site.
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Vous l’avez compris, il s’agit de vérifier que votre enfant PROGRESSE, qu’il franchit une à une les étapes de
développement du langage, même si à un rythme différent de la « norme ». Vous voulez vous assurez qu’il
ne stagne pas, ne reste pas « coincé » à l’un de ces stades, ne régresse pas. Et surtout, vous assurez qu’il
communique.
NOTE : cette grille se concentre sur l’aspect EXPRESSIF du langage. Avec les familles que j’accompagne, je complète
cette grille du volet compréhension du langage et des étapes cruciales du développemental de l’enfant. La grille
propose alors également un volet pour identifier d’éventuelles difficultés.
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L’ENVIRONNEMENT LANGAGIER DE MON ENFANT :
Langue du parent 1 :
Langue du parent 2 :
Langue(s) parlée(s) à la table familiale :
Il utiliser le [JE].
Il a ses opinions.
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Votre enfant va, quelques jours ou à plein temps, dans un jardin d’enfants ou
en classe de maternelle. Les enseignants peuvent avoir un regard différent du
vôtre sur le langage et les compétences de communication de votre enfant. Il
est intéressant de comparer vos notes et d’avoir une image la plus globale
possible de votre enfant. Comment communique-t-il en dehors de la maison ?
Éventuellement, si votre enfant passe beaucoup de temps avec une nounou de
langue française, vous pouvez aussi lui soumettre ce questionnaire.
Votre intention : « Nous aimerions votre avis sur la manière dont notre enfant
s’exprime, cela nous aiderait beaucoup d’avoir votre opinion à ce sujet ».
Voici le questionnaire que je vous ai préparé, vous pouvez le photocopier tel
qu’il est *:
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NOM DE L’ENSEIGNANT qui remplit ce questionnaire :
PRÉNOM, NOM DE L’ENFANT :
ÂGE (et date de naissance) :
CLASSE :
Quelle est, d’après vous, sa langue dominante :
Pourquoi ?
S'exprime facilement.
Il a confiance en lui.
Il se fatigue vite.
DATE :
FAIT À :
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Il est certain que ce n’est pas le bilinguisme qui provoque des pathologies du langage oral !
Ceci étant posé, comme je l’ai mentionné précédemment, s’il y a une pathologie du langage oral, elle sera peut-
être moins évidente à repérer quand l’enfant est plongé dans un environnement bilingue, en raison des
décalages auxquels on s’attend. Le langage, et le bilinguisme a fortiori, se développent à des rythmes différents
pour chacun, même au sein d’une même fratrie. Je le répète : le développement du langage en milieu bilingue,
est à analyser au cas par cas.
• Être conscient qu’une langue forte DOIT émerger, que ce soit celle que vous désiriez ou non.
Et ça, j’insiste !
• Être un maximum flexible. Certes, la théorie dit : « un parent, une langue » (OPOL : One Person, One
Language) ou « un lieu, une langue », mais avant tout, nous communiquons avec nos enfants. Si, au
moment de partir à l’école, c’est plus efficace de parler anglais à son enfant pour qu’il réagisse vite,
be it ! Si vous lui parlez dans votre langue mineure et qu’il vous répond dans sa langue dominante, n’allez
pas à chaque fois, vous prendre la tête. Dites-vous que la langue mineure est emmagasinée et
s’exprimera en temps voulu.
• Vivre les deux langues avec fluidité, sans comparaison, sans jugement. Il n’y a pas une langue meilleure
que l’autre. Celle de papa versus celle de maman. Si un parent dénigre la langue de l’autre, même
inconsciemment, il y a toutes les chances que l’enfant n’apprendra pas cette langue-là aussi bien. Idem,
avec la langue de la maison versus la langue du pays ou de l’école.
• Expliquer à votre enfant pourquoi il apprend deux langues. C’est un point crucial et très souvent oublié.
Pourquoi dois-tu apprendre en anglais ou en espagnol à l’école ? Pourquoi est-ce que nous te
demandons de parler français ? Etc. Vous expliquerez votre situation de famille, vos déménagements
éventuels, où les frères et sœurs sont nés. Et lui, votre enfant, quelle langue aime-t-il ? Laquelle veut-il
utiliser, parler ?
• Valoriser les efforts de votre enfant et applaudir à ses progrès. C’est grâce à vous, mais aussi à cause
de vous, qu’il est bilingue J. Alors, aidez-le, encouragez-le, appréciez ses efforts.
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Tout d’abord, je vous propose de consulter mon blog (cliquer sur ce lien pour en savoir plus), où vous
trouverez de nombreux articles que j’ai rédigés sur des thématiques qui vous tiendront à cœur.
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