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Désiré AVOM
LAREA-FSEG
Université de Yaoundé II-Soa
Faculté Libre de Droit
Chercheur associé au CLERSE
davom99@hotmail.com
INTRODUCTION
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Appréhendée essentiellement comme « la capacité pour un
territoire d’offrir aux acteurs les conditions qui les convainquent de
localiser leur projet sur un territoire plutôt que sur un autre »
(Hatem, 2004, p. 1), l’attractivité est aujourd’hui un enjeu majeur
de politique économique pour les nations. Dès lors, il s’agit pour
ces dernières de répondre à la question suivante : qu’est-ce qui
détermine l’attractivité d’un territoire ? La littérature empirique
fournit plusieurs éléments de réponse. Nous pouvons citer, en
suivant Mulkay et Rousseau (2006) : le potentiel marchand, les
infrastructures, la concentration des activités, le niveau des
qualifications, la recherche et l’innovation, l’environnement
administratif et réglementaire, le coût du travail et la fiscalité.
Toutefois, cette littérature empirique semble occulter la
problématique du développement durable49 - pris au sens que lui a
donné l’Organisation des Nations Unies, c’est-à-dire un
développement économiquement viable (satisfaction des besoins
d’une génération), socialement équitable (dans une solidarité
horizontale) et écologiquement reproductible (dans une solidarité
verticale, i.e. intergénérationnelle). Pourtant, les actions en faveur
de ce dernier sont probablement de nature à modifier ces facteurs
d’attractivité territoriale. D’autre part, si tant est que les politiques
de développement durable sont génératrices de coûts nets pour les
territoires initiateurs, la concurrence territoriale pourrait
nécessairement s’en trouver modifiée.
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du territoire qui ciblent l’attractivité avec celles qui sont soucieuses
du développement durable ?
Les pays de l’Afrique Centrale représentent un champ
d’application empirique pertinent pour mener cette analyse. Et ce
pour au moins deux raisons. D’abord, parce que d’une part, depuis
plus d’une décennie ces pays sont engagés dans de vastes
programmes en faveur du développement durable. En effet, la
mise sur pied de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale
(COMIFAC) en 2002, dont les principaux objectifs sont
l’orientation, l’harmonisation et le suivi des politiques forestières et
environnementales en Afrique Centrale, en est une parfaite
illustration. D’autre part, parallèlement à ces programmes, ces pays
poursuivent leur effort pour attirer les investissements directs
étrangers (IDE). De plus, à notre connaissance très peu d’études
traitant du lien entre développement durable et attractivité des
territoires se sont intéressées aux pays africains. Pire encore, selon
toute vraisemblance il n’existerait aucune étude spécifique à la
l’Afrique Centrale. En effet, les travaux – quasiment tous récents –
sur la question portent pour la plupart sur les pays développés et
les pays émergents (voir, par exemple, Olszak, 2010). Ce travail
vise également à combler ce vide.
Nous basons notre recherche sur une analyse statistique, opérée
à l’aide d’indicateurs de développement durable et d’attractivité
territoriale. Ce choix procède du fait qu’à notre connaissance, nous
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concluons dans une quatrième section par quelques pistes de
recherche.
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de l’environnement52. C’est le fondement de l’hypothèse du havre
de pollution (HHP).
Selon cette hypothèse, les entreprises polluantes dans les pays,
où les normes environnementales sont les plus strictes,
transféreraient leurs activités dans les pays qui n’imposent pas de
normes. La réalisation des économies d’échelle qui en résulte pour
les entreprises qui ont délocalisé leurs activités renforcerait leurs
compétitivités et par conséquent l’attractivité des territoires où
elles sont installées.
Les pays où les normes environnementales sont les plus strictes
pourraient être tentés à leur tour, en renonçant à tout patriotisme
économique53 orienté vers des actions intérieures, d’alléger les
contraintes environnementales. Une course « au moins-disant
environnemental » (environmental regulatory chill) serait alors
susceptible de s’engager entre les Etats désireux de conserver ou
de retrouver leurs avantages comparatifs54 (Delaite et Poirot, 2010).
Le durcissement des contraintes environnementales55 amorcé au
début des années 1990 dans la quasi-totalité des pays développés
suscite un regain d’intérêt pour l’HHP. Dans les milieux
académiques et professionnels, la tendance est à la vérification
empirique de cette hypothèse. Celle-ci montre que peu d’études
menées jusqu’ici corroborent l’HHP (Wagner et Timmins, 2009).
En particulier, les contributions qui l’avalisent sont récentes dans
leur grande majorité (voir, à titre d’illustration, Dean et al., 2009;
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Kallenberg, 2009; Zeng et Zhao, 2009). Dean et al. (2009)
montrent, par exemple, que dans les années 1990, les provinces
chinoises ayant de faibles niveaux de réglementation
environnementale ont attiré de nombreuses entreprises étrangères
très polluantes. Cependant, la plupart des travaux dévoilent un
impact modéré ou fragmentaire des réglementations
environnementales sur l’attractivité des territoires. C’est
notamment le cas de Keller et Levinson (2002) et de Cole et Elliot
(2005) qui trouvent un effet modeste aux Etats-Unis, ou encore de
Eskelan et Harrison (2003) qui confirment un effet partiel au
Mexique, Venezuela et Maroc. Pire, certaines études,
particulièrement celles de Grossman et Krueger (1993) et de
Javocik et Wei (2004), aboutissent même à des résultats contraires
aux effets attendus. Cet effet contre-intuitif semble trouver sa
justification dans la littérature traitant de l’impact de la
libéralisation commerciale sur l’environnement (Antweiler et al.,
2001 ; Cole et Eliot, 2003 ; Copeland et Taylor, 2004). En effet, la
modification de l’allocation des ressources productives induite par
la libéralisation a pour corollaire, l’incitation des activités
polluantes à se localiser dans les territoires les mieux dotés en
facteur capital56. Si ces derniers possèdent des réglementations
environnementales les plus strictes, l’HHP est invalidé. Ainsi, par
exemple, Grossman et Krueger (1993) mettent en évidence que la
libéralisation des échanges entre les Etats-Unis et le Mexique dans
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des mécanismes de marché qui peuvent inciter les entreprises à
parfaire leur performance environnementale en dehors de tout
cadre contraignant (Graham et Woods, 2006). Deux théories ont
été avancées pour expliquer cette hypothèse d’une
autoréglementation environnementale des entreprises. La
première, la courbe environnementale de Kuznets58, mise en
évidence par Grossman et Krueger (1995) suggère qu’un
accroissement du revenu moyen par habitant est susceptible
d’avoir un effet positif pour l’environnement. Autrement dit, avec
l’augmentation de leur niveau de vie les consommateurs
deviennent plus sensibles à l’environnement et incitent les
entreprises à investir dans des technologies plus propres59. La
deuxième théorie, dite théorie « win-win » ou hypothèse de
« Porter », établie par Porter et Van Der Linde (1995), affirme que
des réglementations strictes peuvent avoir un impact positif sur la
productivité des firmes touchées. Cette théorie se fonde sur l’idée
selon laquelle les entreprises soumises à une réglementation
environnementale stricte risquent, à priori, d’augmenter leurs coûts
de dépollution. Et que, dans une perspective dynamique, ces coûts
supplémentaires (ou la simple idée de leur existence) vont pousser
les entreprises à une révision générale de leur processus de
production et donc à l’innovation. Ainsi, les efforts d’innovation
peuvent non seulement aboutir à réduire les coûts de dépollution,
mais également à augmenter la productivité de l’entreprise.
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11 Dans une contribution restée célèbre Kuznets (1955) émet l’hypothèse selon
laquelle il existerait, au-delà d’un certain seuil, une relation positive entre le
développement économique d’une nation et le niveau d’équité de répartition des
richesses entre individus au sein de cette même nation. En représentant sur un
graphique l’évolution du revenu moyen par habitant (en abscisses) et les
inégalités sociales (en ordonnées), Kuznets (1955) suggère qu’on verrait alors se
dessiner une courbe en «cloche». La période d’augmentation des inégalités ne
serait qu’une phase « primaire » du développement, elle-même préalable à un
rééquilibrage de la répartition des revenus dans la société – une fois un certain
seuil de développement atteint. A la suite de plusieurs travaux empiriques, il
apparaît possible que les évolutions de certains polluants comparées au niveau
de richesses d’un pays suivent un sentier similaire. D’où le nom de « courbe
environnementale de Kuznets ».
12 Cependant, cette courbe environnementale de Kuznets est régulièrement
débattue, avec des résultats contradictoires dès lors que la pollution est la
principale dégradation environnementale mentionnée. Par exemple, cette
relation est confirmée chez Dasgupta et al. (2002), mais contestée par Stern
(2004).
83
prendre en considération la dimension sociale du développement
durable dans son rapprochement avec la localisation géographique
des entreprises ou l’attractivité des territoires et ce, dans un cadre
théorique approprié.
84
concurrence plus forte sur les marchés des biens et sur celui du
travail et à des effets de congestion. A l’inverse, les rendements
d’échelle croissants et les effets externes associés à la multiplication
des firmes créent des forces centripètes qui favorisent leur
concentration sur un même territoire.
La NEG constitue ainsi un cadre d’analyse pertinent pour
étudier les déterminants de l’attractivité des territoires62. C’est sans
doute pourquoi les développements récents, notamment celui de
Cardebat et Musson (2010), qui tiennent compte à la fois des
dimensions économique, sociale et environnementale du
développement durable et qui cherchent à relier celles-ci à
l’attractivité territoriale, adoptent ce cadre.
A notre connaissance, l’intégration dans le cadre théorique de la
NEG de l’influence du développement durable – dans toutes ses
composantes – sur les choix de localisation des entreprises est due
à Cardebat et Musson (2010). Bien que leur contribution ne fasse
pas référence explicitement à l’attractivité territoriale, elle permet
néanmoins de comprendre les enjeux potentiels de la relation de
celle-ci avec le développement durable. C’est la raison pour
laquelle nous nous attardons quelque peu brièvement sur cette
étude63.
Soulignons tout d’abord que l’article de Cardebat et Musson
(2010) repose sur l’idée qu’afin d’être durable, le développement
économique doit générer un minimum d’externalités négatives aux
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modèle « Footloose entrepreneurs » de Forslid et Ottaviano65 (2002), ils
recherchent les conséquences de cet impact sur la localisation des
entreprises. Leur résultat montre que l’effet net du développement
durable sur cette dernière est indéterminé et ce du fait de deux
forces en présence. D’une part, si les coûts de transport
augmentent, les activités devraient tendre à se disperser. D’autre
part, si dans le même temps, la substituabilité des produits diminue
suite à une hausse de la préférence pour la proximité, cela risque
d’annuler l’effet de la hausse des coûts de transport sur la
localisation des industries puisque l’agglomération sera de ce fait
encouragée.
Bien que l’étude de Cardebat et Musson (2010) ait le mérite de
montrer que le développement durable ne peut pas se limiter aux
seuls coûts de transport et donc ne conduit pas forcément avec
certitude à la dispersion ou régionalisation des échanges, elle
présente tout de même des limites. En effet, comme les auteurs le
remarquent eux-mêmes, à aucun moment n’a été directement
évoquée l’idée que le développement durable pouvait représenter
non pas un facteur de répulsion – comme dans la littérature sur les
havres de pollution – mais au contraire un facteur d’attraction. De
plus, comme souligné plus haut, l’étude n’intègre pas les politiques
d’attractivité territoriale dans le cadre théorique retenu. Pourtant,
un pays en investissant clairement dans le développement durable,
pourrait non seulement satisfaire les citoyens66, mais également
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de la sous-région. Cette proportion est significativement plus
élevée comparativement aux moyennes des pays à bas revenu
(50%) et autres pays d’Afrique Sub-saharienne (65%). Cette
dépendance s’explique par la coexistence de deux facteurs
complémentaires : les dotations des ressources naturelles qui
caractérisent la sous-région et le faible niveau de développement
des pays. Toutefois, l’Afrique Centrale présente un fort potentiel
écologique. En effet, elle occupe jusqu’à un quart des forêts
tropicales du monde. Couvrant quelques 1,8 millions de kilomètres
carrés dans six pays (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon,
Guinée Equatoriale et RDC) qui forment le Bassin du Congo. Ce
bassin constitue la deuxième plus grande zone tropicale humide
contiguë restante dans le monde et approximativement un
cinquième du canopée de forêts tropicales mondiales. Depuis 2002
les pays de l’Afrique Centrale, regroupés au sein de la COMIFAC,
mettent en œuvre des politiques favorables au développement
durable. Ils coordonnent désormais leurs efforts nationaux dans la
conservation et la gestion durable des forêts. Parallèlement à ces
politiques, ces pays poursuivent leur effort pour attirer des IDE.
Nous vérifions, de manière empirique, si ces actions en faveur du
développement durable sont de nature à améliorer l’attractivité des
pays de la sous-région. Mais avant, présentons le cadre
méthodologique utilisé.
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20Certaines études utilisent des tableaux de bord (Dashboard). Mais dans le cas
présent, ils semblent inappropriés. En effet, les tableaux de bord se heurtent à la
87
des concepts ou d’attributs de concepts de durabilité et
d’attractivité. Plusieurs indicateurs ont été proposés dans la
littérature68. Mais dans le cadre de ce travail, nous nous limitons à
trois. Les deux premiers représentent respectivement les
dimensions environnementale et socio-économique du
développement durable. Le troisième symbolise l’attractivité
territoriale.
88
nationales d’empreinte (National Footprint Accounts) actuelles, les
ressources suivies comprennent les cultures et le poisson pour
l’alimentation et d’autres usages, le bois, et les pâturages utilisés
pour nourrir le bétail (voir le tableau 1 ci-dessous). Le CO2 est le
seul déchet actuellement inclus.
Empreinte Calculée à partir de la surface utilisée pour élever le bétail pour la viande, les
des pâturages produits laitiers et les produits laineux.
Empreinte Calculée à partir des quantités de bois de charpente, de bois à pulpe, de bois
des Forêts d’œuvre et de bois de chauffage consommés par un pays chaque année.
World Wide Fund for Nature (WWF). Les données les plus récentes remontent
à 2007. Pour les précisions sur la méthodologie de construction voir :
http://www.footprintnetwork.org/index.php/GFN/blog/.
89
habitant apparaissent déjà très élevés au niveau d’un pays, d’un
continent et, par conséquent, au niveau mondial. 2 hag par
habitant constituent le seuil de durabilité au-delà duquel l’équité
intergénérationnelle est remise en cause.
90
catégories. La première représente les pays à développement
humain élevé, ie ceux dont l’IDH est supérieur ou égal à 0,8. La
deuxième regroupe les économies à développement humain
moyen, ie ceux ayant un IDH compris entre 0,5 et 0,8. Enfin, la
dernière catégorie représente les pays à développement humain
faible, ie ceux dont l’IDH est inférieur à 0,5. L’équité intra
générationnelle est parfaitement assurée lorsque l’IDH est
supérieur à 0,8.
Guinée Eq. 0,516 0,519 0,526 0,537 0,534 0,534 0,537 0,528
Sao Tomé et P. 0,483 0,489 0,496 0,496 0,503 0,506 0,509 0,497
Source: PNUD
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pas. C’est en partie sur la base de ces critiques de Krugman (1994)
que nous fondons notre choix d’indicateur d’attractivité
territoriale.
Parmi les indicateurs qui intègrent ces critiques, trois d’entre
eux sont particulièrement usités dans la littérature. Les deux
premiers, l’indice de performance en termes d’investissements
entrants et l’indice du potentiel d’attractivité en termes
d’investissements entrants, sont construits par la Conférence des
Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED)
pour 140 pays. L’inconvénient pour notre étude est que les
données ne sont pas disponibles pour la plupart des pays d’Afrique
Centrale. Le troisième est l’indice de liberté économique (Index of
Economic Freedom). Il est établi chaque année depuis 1995 par le
think tank – laboratoire d’idées – Heritage Foundation73. Construit à
partir de dix autres indicateurs (représentant : la politique
commerciale, le droit de la propriété, le poids des réglementations,
la lutte contre la corruption, la politique fiscale, la politique
monétaire et financière, la taille du gouvernement, la politique
d’investissement et la politique de l’emploi), l’indice de liberté
économique est une mesure de la croissance économique durable
d’un pays et donc de l’attractivité de ce dernier pour les entreprises
(Heritage Foundation, 2009). Les données relatives à cet indicateur
sont disponibles pour l’ensemble des pays de notre échantillon.
C’est la raison pour laquelle nous le retenons comme proxy de
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Tableau 4 : Evolution annuelle de l’indice de liberté économique
en Afrique Centrale (2005 à 2011)
Indice de liberté économique
Pays 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2005-2011
Angola n.d 43,5 44,7 46,9 47 48,4 46,2 46,1
Burundi n.d 48,7 46,9 46.2 48,8 47,5 49,6 48,3
Cameroun 53 54,6 55,6 54,3 53 52,3 51,8 53,5
Congo 46,2 43,8 44,4 45,3 45,4 43,2 43,6 44,6
Gabon 54,8 56,1 54,8 54,2 55 55,4 56,7 55,3
Guinée Eq. 53,3 51,5 53,2 51,6 51,3 48,6 47,5 51
RCA 56,5 54,2 50,6 48,6 48,3 48,4 49,3 50,8
RDC n.d n.d 42,2 42,5 42,8 41,4 40,7 41,9
Sao Tomé et P. n.d n.d 43,1 43,7 43,8 48,8 49,5 45,8
Tchad 52,1 50 50,1 47,8 47,5 47,5 45,3 48,6
Source: Heritage Foundation
Note : n.d signifie que les données ne sont pas disponibles.
93
apprécier les premiers effets des réformes engagées par les pays de
la COMIFAC. De plus, l’analyse de l’évolution des indicateurs de
durabilité (sous l’angle socio-économique) et d’attractivité montre
que sur la période allant de 2005 à 2011, en moyenne, ces
indicateurs varient très peu relativement à leurs valeurs de 2007
(voir, les tableaux 3 et 4).
Cette précision sur le choix de la période d’étude étant faite, il
nous semble important d’expliciter, brièvement, le procédé
statistique utilisé. Aussi, les graphiques (représentant des nuages de
points) construits sur la base des indicateurs de référence,
commentés dans la suite du texte, mettent en évidence des courbes
ajustées à partir d’une régression polynomiale75 locale avec largeur
de bande, basée sur l’idée des voisins les plus proches telle que
développée par Cleveland (1994). Ces courbes ajustées sont
supposées récapituler assez bien les caractéristiques du nuage de
points, sa pente devrait donc indiquer l’existence ou non d’une
corrélation, et le signe éventuel. L’avantage d’utiliser
l’éparpillement avec l’ajustement de voisin le plus proche est qu’il
n’impose pas une structure paramétrique à la relation entre les
variables dépendante et indépendante. Puisque la forme réelle de la
relation n’est pas nécessairement connue ex-ante, le choix
arbitraire d’une structure paramétrique, s’il s’avère faux, pourrait
mener à des inférences incorrectes. L’approche non paramétrique a
plutôt permis aux données de s’exprimer, et elle est donc plus
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3.1. La relation entre le développement durable d’un point
de vue environnemental et l’attractivité des territoires
95
Graphique 1 : Relation entre indice de liberté économique et
empreinte écologique
96
ainsi corrélés linéairement et positivement. Cette impression est
confirmée par l’analyse de la corrélation. En effet, le test de Student
montre que le coefficient de corrélation linéaire empirique (0,205)
est statistiquement différent de 0 au seuil de significativité de 5%.
D’où la convergence entre le développement durable d’un point de
vue socio-économique et l’attractivité des territoires au plan
statistique. En d’autres termes, en Afrique Centrale, si par hasard le
niveau de développement humain d’un Etat augmente, alors on
aura une plus grande chance que son attractivité vis-à-vis des
investissements directs suive.
Graphique 2 : Relation entre indice de liberté économique et IDH
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CONCLUSION
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Annexe
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