Vous êtes sur la page 1sur 27

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE CONSTITUE-T-IL UN ÉLÉMENT

D'ATTRACTIVITÉ TERRITORIALE ? APPLICATION AUX PAYS DE


L'AFRIQUE CENTRALE

Désiré Avom, Gislain Stéphane Gandjon Fankem

L'Harmattan | « Marché et organisations »

2012/2 N° 16 | pages 77 à 102


ISSN 1953-6119
ISBN 9782296991996
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2012-2-page-77.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour L'Harmattan.


© L'Harmattan. Tous droits réservés pour tous pays.
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


LE DEVELOPPEMENT DURABLE
CONSTITUE-T-IL UN ELEMENT
D’ATTRACTIVITE TERRITORIALE ?
APPLICATION AUX PAYS DE L’AFRIQUE
CENTRALE48

Désiré AVOM
LAREA-FSEG
Université de Yaoundé II-Soa
Faculté Libre de Droit
Chercheur associé au CLERSE
davom99@hotmail.com

Gislain Stéphane GANDJON FANKEM


LAREA-FSEG
Université de Yaoundé II-Soa
fankemstephane@yahoo.fr

INTRODUCTION
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Le développement durable peut-il constituer un facteur
d’attractivité territoriale pour les entreprises ? Cette interrogation
occupe actuellement une place centrale dans les débats publics et
universitaires dans les pays développés. En effet, dans un contexte
d’interdépendance croissante des économies marquées par une
crise à la fois financière, économique et écologique, l’attractivité
des territoires se trouve au cœur des préoccupations du moment.

* Cet article a été présenté au colloque « Développement durable, territoires et


localisation des entreprises : vers une attractivité durable ? », Université de
Bordeaux IV, Bordeaux, Septembre 2011. Nous remercions le rapporteur
anonyme de la Revue Innovations ainsi que Blandine Laperche pour leurs précieux
commentaires et suggestions. Les auteurs restent responsables des erreurs et
omissions éventuelles.
1 Comprend 10 pays : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-
Équatoriale, République Démocratique du Congo (RDC), République
Centrafricaine, Sao Tomé et Principe et Tchad. Ces pays sont regroupés au sein
de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) créée
en Octobre 1983. La population de la CEEAC est aujourd’hui estimée à près de
150 millions d’habitants, inégalement repartie sur une superficie d’environ 6 666
900 km2.

77
Appréhendée essentiellement comme « la capacité pour un
territoire d’offrir aux acteurs les conditions qui les convainquent de
localiser leur projet sur un territoire plutôt que sur un autre »
(Hatem, 2004, p. 1), l’attractivité est aujourd’hui un enjeu majeur
de politique économique pour les nations. Dès lors, il s’agit pour
ces dernières de répondre à la question suivante : qu’est-ce qui
détermine l’attractivité d’un territoire ? La littérature empirique
fournit plusieurs éléments de réponse. Nous pouvons citer, en
suivant Mulkay et Rousseau (2006) : le potentiel marchand, les
infrastructures, la concentration des activités, le niveau des
qualifications, la recherche et l’innovation, l’environnement
administratif et réglementaire, le coût du travail et la fiscalité.
Toutefois, cette littérature empirique semble occulter la
problématique du développement durable49 - pris au sens que lui a
donné l’Organisation des Nations Unies, c’est-à-dire un
développement économiquement viable (satisfaction des besoins
d’une génération), socialement équitable (dans une solidarité
horizontale) et écologiquement reproductible (dans une solidarité
verticale, i.e. intergénérationnelle). Pourtant, les actions en faveur
de ce dernier sont probablement de nature à modifier ces facteurs
d’attractivité territoriale. D’autre part, si tant est que les politiques
de développement durable sont génératrices de coûts nets pour les
territoires initiateurs, la concurrence territoriale pourrait
nécessairement s’en trouver modifiée.
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Cette étude se propose de vérifier empiriquement l’existence
d’une certaine compatibilité entre développement durable et
attractivité des territoires. Plus précisément, elle s’insère dans le
champ du questionnement général suivant : les pays50 intègrent-ils
le développement durable dans leur stratégie d’attractivité
territoriale ? Comment rapprocher les politiques d’aménagement

2 On relie généralement l’origine du concept de développement durable à la


parution, en 1987, du rapport élaboré par la Commission mondiale sur
l’environnement et le développement, « Notre avenir à tous », plus connu sous
le nom de sa présidente, Gro Harlem Bruntdland (CMED, 1987). Ce rapport
défini le développement durable comme : « un développement qui répond aux besoins
des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs » (CMED, 1987, p. 51). Toutefois, il convient de relever, avec Vivien et
Zuindeau (2001), que ce concept dispose d’antécédents intellectuels, parfois
anciens, s’inscrivant dans la pensée écologique et dans l’économie politique.
3 La plupart des études qui s’intéressent à l’attractivité territoriale sont menées à
l’échelon local ou infranational. Mais dans le cadre de ce travail nous privilégions
l’échelon national et ceci, en partie, pour des raisons d’indisponibilité de
statistiques régionales ou locales.

78
du territoire qui ciblent l’attractivité avec celles qui sont soucieuses
du développement durable ?
Les pays de l’Afrique Centrale représentent un champ
d’application empirique pertinent pour mener cette analyse. Et ce
pour au moins deux raisons. D’abord, parce que d’une part, depuis
plus d’une décennie ces pays sont engagés dans de vastes
programmes en faveur du développement durable. En effet, la
mise sur pied de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale
(COMIFAC) en 2002, dont les principaux objectifs sont
l’orientation, l’harmonisation et le suivi des politiques forestières et
environnementales en Afrique Centrale, en est une parfaite
illustration. D’autre part, parallèlement à ces programmes, ces pays
poursuivent leur effort pour attirer les investissements directs
étrangers (IDE). De plus, à notre connaissance très peu d’études
traitant du lien entre développement durable et attractivité des
territoires se sont intéressées aux pays africains. Pire encore, selon
toute vraisemblance il n’existerait aucune étude spécifique à la
l’Afrique Centrale. En effet, les travaux – quasiment tous récents –
sur la question portent pour la plupart sur les pays développés et
les pays émergents (voir, par exemple, Olszak, 2010). Ce travail
vise également à combler ce vide.
Nous basons notre recherche sur une analyse statistique, opérée
à l’aide d’indicateurs de développement durable et d’attractivité
territoriale. Ce choix procède du fait qu’à notre connaissance, nous
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


ne disposons pas encore de modèle empirique théoriquement
fondé qui lie explicitement le développement durable à l’attractivité
des territoires. Même si dans la lignée de Krugman (1991) un grand
nombre de travaux dits de la « nouvelle économie géographique »
(NEG) s’est intéressé à la localisation des activités (et/ou à
l’attractivité territoriale). Aussi, comme Olszak (2010) nous
rapprochons ces indicateurs afin de ressortir d’éventuelles
corrélations ou au contraire l’indépendance entre développement
durable et attractivité territoriale51.
Le reste de l’étude est organisé comme suit : dans une première
section, nous étudions la relation entre l’attractivité territoriale et le
développement durable au travers de la littérature existante. Dans
une deuxième section, nous présentons les indicateurs et les
sources de données utilisées lors de l’application empirique. Les
résultats sont exposés dans une troisième section. Enfin, nous

51 Néanmoins, des tentatives de modélisation existent, (voir, par exemple,


Cardebat et Musson, 2010) mais se prêtent assez mal aux vérifications
empiriques.

79
concluons dans une quatrième section par quelques pistes de
recherche.

1. Développement durable et attractivité du territoire :


les enseignements de la littérature

La littérature traitant du lien entre développement durable et


attractivité du territoire est relativement récente. En plus d’être peu
abondante, elle ne s’inscrit pas dans un cadre théorique unifiée. Au
moins deux raisons peuvent être avancées pour justifier ceci. La
première résulte de ce que, pendant longtemps, la littérature s’est
exclusivement focalisée sur la dimension environnementale du
développement durable en relation avec les décisions de
localisation des activités des firmes et donc de l’attractivité des
pays pour celles-ci. La recherche a alors porté essentiellement sur
l’impact des réglementations environnementales sur le choix de
localisation des entreprises (et/ou attractivité du territoire). La
deuxième raison apporte un amendement à la première. En effet,
les auteurs ajoutent progressivement à la dimension
environnementale, les dimensions économique et sociale du
développement durable. Ensuite ils s’efforcent de mettre en
évidence l’influence de ce dernier sur le choix de localisation des
entreprises en retenant le cadre théorique de la nouvelle économie
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


géographique.

1.1. Environnement et attractivité territoriale :


l’hypothèse du havre de pollution

L’instauration des normes et la mise en œuvre d’instruments


économiques au niveau national, notamment dans les pays
développés, pourraient avoir pour conséquence, dans le cadre du
libre-échange, de transformer certains pays en développement en
«havres de pollution» (pollution havens). Tel est le principal
enseignement que l’on peut tirer du modèle de Baumol et Oates
(1988). Ce modèle repose sur des arguments théoriques avancés
quelques années plutôt par Walter (1982) et Pearson (1985). En
effet, ces derniers affirment que les coûts supplémentaires induits
par la réglementation modifient les avantages comparatifs
classiques en faveur des pays plus souples en matière de protection

80
de l’environnement52. C’est le fondement de l’hypothèse du havre
de pollution (HHP).
Selon cette hypothèse, les entreprises polluantes dans les pays,
où les normes environnementales sont les plus strictes,
transféreraient leurs activités dans les pays qui n’imposent pas de
normes. La réalisation des économies d’échelle qui en résulte pour
les entreprises qui ont délocalisé leurs activités renforcerait leurs
compétitivités et par conséquent l’attractivité des territoires où
elles sont installées.
Les pays où les normes environnementales sont les plus strictes
pourraient être tentés à leur tour, en renonçant à tout patriotisme
économique53 orienté vers des actions intérieures, d’alléger les
contraintes environnementales. Une course « au moins-disant
environnemental » (environmental regulatory chill) serait alors
susceptible de s’engager entre les Etats désireux de conserver ou
de retrouver leurs avantages comparatifs54 (Delaite et Poirot, 2010).
Le durcissement des contraintes environnementales55 amorcé au
début des années 1990 dans la quasi-totalité des pays développés
suscite un regain d’intérêt pour l’HHP. Dans les milieux
académiques et professionnels, la tendance est à la vérification
empirique de cette hypothèse. Celle-ci montre que peu d’études
menées jusqu’ici corroborent l’HHP (Wagner et Timmins, 2009).
En particulier, les contributions qui l’avalisent sont récentes dans
leur grande majorité (voir, à titre d’illustration, Dean et al., 2009;
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


5 Dans une contribution remarquable, Eskeland et Harrison (2003) ajoutent
qu’en situation de mobilité parfaite du capital, la tendance à l’égalisation des taux
de profit peut conduire les firmes à des activités polluantes à se délocaliser vers
les havres de pollution où le rendement marginal du capital est plus élevé, et à
exporter ainsi leurs produits vers les pays plus strictes en termes de protection
environnementale.
6 Le patriotisme économique est « le sentiment partagé par tout ou partie des
acteurs d’un pays, tels que les administrations publiques centrales, les
collectivités territoriales, les consommateurs ou les entreprises, d’appartenir à un
système économique et/ou social national dont il convient d’assurer la
pérennité » (Delaite et Poirot, 2010, p. 1).
7 Mais le dilemme du prisonnier appliqué aux politiques environnementales
montre qu’au final, aucun pays ne gagne en attractivité et que l’environnement
est dégradé partout. Notons que le dilemme du prisonnier est un jeu – au sens
de la théorie des jeux – conçu par le mathématicien américain A.W. Tucker dans
les années 1950, dont le propos est de montrer comment des choix rationnels
peuvent conduire à une situation sous-optimale.
8 D’un point de vue international, le protocole de Kyoto, signé en 1997 puis
ratifié par un nombre suffisant de pays (Etats-Unis et Australie exclus) depuis
2005, est maintenant en vigueur. Rappelons que ce protocole prévoit la
limitation des émissions de dioxyde de carbone engendrées par l’activité
économique humaine.

81
Kallenberg, 2009; Zeng et Zhao, 2009). Dean et al. (2009)
montrent, par exemple, que dans les années 1990, les provinces
chinoises ayant de faibles niveaux de réglementation
environnementale ont attiré de nombreuses entreprises étrangères
très polluantes. Cependant, la plupart des travaux dévoilent un
impact modéré ou fragmentaire des réglementations
environnementales sur l’attractivité des territoires. C’est
notamment le cas de Keller et Levinson (2002) et de Cole et Elliot
(2005) qui trouvent un effet modeste aux Etats-Unis, ou encore de
Eskelan et Harrison (2003) qui confirment un effet partiel au
Mexique, Venezuela et Maroc. Pire, certaines études,
particulièrement celles de Grossman et Krueger (1993) et de
Javocik et Wei (2004), aboutissent même à des résultats contraires
aux effets attendus. Cet effet contre-intuitif semble trouver sa
justification dans la littérature traitant de l’impact de la
libéralisation commerciale sur l’environnement (Antweiler et al.,
2001 ; Cole et Eliot, 2003 ; Copeland et Taylor, 2004). En effet, la
modification de l’allocation des ressources productives induite par
la libéralisation a pour corollaire, l’incitation des activités
polluantes à se localiser dans les territoires les mieux dotés en
facteur capital56. Si ces derniers possèdent des réglementations
environnementales les plus strictes, l’HHP est invalidé. Ainsi, par
exemple, Grossman et Krueger (1993) mettent en évidence que la
libéralisation des échanges entre les Etats-Unis et le Mexique dans
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


les années 1980 et 1990 ne s’est pas accompagnée d’une
délocalisation des industries polluantes, mais plutôt d’un
renforcement de ces dernières57.
Cependant, comme le soulignent Darrigues et Montaud (2010),
l’HHP repose implicitement sur une conception de
l’environnement en termes de bien public et l’appréhende sous
l’angle d’une réglementation imposée aux agents. Or il existerait

9 Précisons également qu’une autre interprétation de cet effet contre-intuitif a


été avancée par Ederington et al. (2005). Leur argumentation repose sur le fait
qu’en présence d’autres facteurs d’attractivité, les coûts induits par la
réglementation environnementale peuvent s’avérer insuffisants pour déterminer
entièrement le choix des firmes pour un territoire. Lorsque les gains générés par
ces autres facteurs d’attractivité sont supérieurs aux coûts induits par une
réglementation environnementale forte, le résultat contre-intuitif montrant un
lien positif entre renforcement de la contrainte environnementale et attraction
des industries polluantes peut se justifier.
10 Toutefois, les auteurs précisent que dans les années 1980, la réglementation
environnementale américaine imposait aux entreprises des coûts
supplémentaires très faibles comparativement au reste de leurs coûts de
production, ce qui pourrait expliquer que ce facteur ait été peu déterminant.

82
des mécanismes de marché qui peuvent inciter les entreprises à
parfaire leur performance environnementale en dehors de tout
cadre contraignant (Graham et Woods, 2006). Deux théories ont
été avancées pour expliquer cette hypothèse d’une
autoréglementation environnementale des entreprises. La
première, la courbe environnementale de Kuznets58, mise en
évidence par Grossman et Krueger (1995) suggère qu’un
accroissement du revenu moyen par habitant est susceptible
d’avoir un effet positif pour l’environnement. Autrement dit, avec
l’augmentation de leur niveau de vie les consommateurs
deviennent plus sensibles à l’environnement et incitent les
entreprises à investir dans des technologies plus propres59. La
deuxième théorie, dite théorie « win-win » ou hypothèse de
« Porter », établie par Porter et Van Der Linde (1995), affirme que
des réglementations strictes peuvent avoir un impact positif sur la
productivité des firmes touchées. Cette théorie se fonde sur l’idée
selon laquelle les entreprises soumises à une réglementation
environnementale stricte risquent, à priori, d’augmenter leurs coûts
de dépollution. Et que, dans une perspective dynamique, ces coûts
supplémentaires (ou la simple idée de leur existence) vont pousser
les entreprises à une révision générale de leur processus de
production et donc à l’innovation. Ainsi, les efforts d’innovation
peuvent non seulement aboutir à réduire les coûts de dépollution,
mais également à augmenter la productivité de l’entreprise.
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Toutefois, l’ampleur de l’importance accordée à la protection de
l’environnement, le développement durable ne saurait se réduire
exclusivement à elle. Aussi, les travaux devraient également

11 Dans une contribution restée célèbre Kuznets (1955) émet l’hypothèse selon
laquelle il existerait, au-delà d’un certain seuil, une relation positive entre le
développement économique d’une nation et le niveau d’équité de répartition des
richesses entre individus au sein de cette même nation. En représentant sur un
graphique l’évolution du revenu moyen par habitant (en abscisses) et les
inégalités sociales (en ordonnées), Kuznets (1955) suggère qu’on verrait alors se
dessiner une courbe en «cloche». La période d’augmentation des inégalités ne
serait qu’une phase « primaire » du développement, elle-même préalable à un
rééquilibrage de la répartition des revenus dans la société – une fois un certain
seuil de développement atteint. A la suite de plusieurs travaux empiriques, il
apparaît possible que les évolutions de certains polluants comparées au niveau
de richesses d’un pays suivent un sentier similaire. D’où le nom de « courbe
environnementale de Kuznets ».
12 Cependant, cette courbe environnementale de Kuznets est régulièrement
débattue, avec des résultats contradictoires dès lors que la pollution est la
principale dégradation environnementale mentionnée. Par exemple, cette
relation est confirmée chez Dasgupta et al. (2002), mais contestée par Stern
(2004).

83
prendre en considération la dimension sociale du développement
durable dans son rapprochement avec la localisation géographique
des entreprises ou l’attractivité des territoires et ce, dans un cadre
théorique approprié.

1.2. Attractivité du territoire, développement durable


et NEG

Afin de justifier le choix de localisation d’une entreprise pour


un pays donné, il n’est pas évident de trouver un cadre théorique
unifié de même que des résultats empiriques homogènes et
comparables (Nicet-Chenaf et Rougier, 2007).
Dans une revue de la littérature sur le sujet, Bloningen (2005)
regroupe ces travaux autour de deux problématiques et de deux
approches méthodologiques60. D’une part, des modèles
microéconomiques qui cherchent à expliquer la décision d’une
firme de produire à l’étranger plutôt que d’exporter ou d’accorder
des licences. D’autre part, des modèles macroéconomiques qui
essaient d’identifier les facteurs qui déterminent le choix de la
localisation des entreprises et les volumes d’IDE reçus par une
économie. C’est dans cette deuxième perspective que s’inscrivent
les travaux théoriques de la NEG en rapport avec l’attractivité des
territoires.
Trouvant son origine dans les thèses de Marshall (1890), la
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


NEG61 explique que l’attractivité des territoires résulte de la
combinaison des forces centripètes qui font converger le capital
vers celui déjà présent dans un espace donné et des forces
centrifuges qui éloignent au contraire l’installation de nouvelles
entreprises des localisations existantes (Crozet et Lafoucarde,
2008). Les forces centrifuges sont essentiellement dues à une
13 Pour plus de détails, voir Blonigen (2005).
14 De manière générale, la NEG s’intéresse à la question des déterminants
endogènes de la concentration spatiale des activités économiques. Les
contributions fondamentales ici sont celles de Krugman (1991), Krugman et
Venables (1995) et Fujita et al. (1999). Par exemple, Krugman (1991) explique le
phénomène d’agglomération en se fondant sur la théorie du chao – popularisée
par la métaphore du papillon de Pékin qui provoque un raz de marée à San
Francisco. Selon cette théorie, un fait initial bénin provoque une succession
d’événements qui parfois n’ont aucune conséquence mais qui, sans raison
nécessaire, quand un seuil de déclenchement à préciser est dépassé, se
transforme en un phénomène majeur. Ainsi, pour peu qu’une entreprise, puis
quelques autres, décident de s’implanter en un lieu, pour peu aussi que ces
implantations prospèrent, alors un bassin industriel se développera bientôt. On
consultera avec « avidité » le « petit » ouvrage récent de Crozet et Lafoucarde
(2009) pour un survey sur les développements de la NEG.

84
concurrence plus forte sur les marchés des biens et sur celui du
travail et à des effets de congestion. A l’inverse, les rendements
d’échelle croissants et les effets externes associés à la multiplication
des firmes créent des forces centripètes qui favorisent leur
concentration sur un même territoire.
La NEG constitue ainsi un cadre d’analyse pertinent pour
étudier les déterminants de l’attractivité des territoires62. C’est sans
doute pourquoi les développements récents, notamment celui de
Cardebat et Musson (2010), qui tiennent compte à la fois des
dimensions économique, sociale et environnementale du
développement durable et qui cherchent à relier celles-ci à
l’attractivité territoriale, adoptent ce cadre.
A notre connaissance, l’intégration dans le cadre théorique de la
NEG de l’influence du développement durable – dans toutes ses
composantes – sur les choix de localisation des entreprises est due
à Cardebat et Musson (2010). Bien que leur contribution ne fasse
pas référence explicitement à l’attractivité territoriale, elle permet
néanmoins de comprendre les enjeux potentiels de la relation de
celle-ci avec le développement durable. C’est la raison pour
laquelle nous nous attardons quelque peu brièvement sur cette
étude63.
Soulignons tout d’abord que l’article de Cardebat et Musson
(2010) repose sur l’idée qu’afin d’être durable, le développement
économique doit générer un minimum d’externalités négatives aux
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


plans sociaux comme environnementaux64. Et que ces effets
externes négatifs, générés par le choix de localisation des agents
économiques, soient internalisés dans leur calcul économique. Les
auteurs montrent ensuite que le développement durable impacte à
la fois les conditions d’offre (coûts de transport) et de demande
(préférences des consommateurs) pour les firmes. En utilisant le

15 Notons également que d’autres théories explicatives de l’attractivité des


territoires existent. C’est notamment le cas de la théorie de l’aménité territoriale
due à Mucchielli (1998). Celle-ci « consiste à raccorder l’implantation initiale
d’un type d’activité à des atouts initiaux du territoire en termes d’avantages
géographiques comme l’existence de mines, de fleuves, de plaines, etc. »
(Mucchielli (1998), p.166).
16 Pour plus de détails, voir Cardebat et Musson (2010).
17 Au plan social, le choix d’une localisation à l’étranger a un impact immédiat
sur le marché du travail domestique et sur les comptes sociaux. Au plan
environnemental, les externalités négatives viennent notamment des émissions
de gaz à effet de serre liées au transport (Cardebat et Musson, 2010).

85
modèle « Footloose entrepreneurs » de Forslid et Ottaviano65 (2002), ils
recherchent les conséquences de cet impact sur la localisation des
entreprises. Leur résultat montre que l’effet net du développement
durable sur cette dernière est indéterminé et ce du fait de deux
forces en présence. D’une part, si les coûts de transport
augmentent, les activités devraient tendre à se disperser. D’autre
part, si dans le même temps, la substituabilité des produits diminue
suite à une hausse de la préférence pour la proximité, cela risque
d’annuler l’effet de la hausse des coûts de transport sur la
localisation des industries puisque l’agglomération sera de ce fait
encouragée.
Bien que l’étude de Cardebat et Musson (2010) ait le mérite de
montrer que le développement durable ne peut pas se limiter aux
seuls coûts de transport et donc ne conduit pas forcément avec
certitude à la dispersion ou régionalisation des échanges, elle
présente tout de même des limites. En effet, comme les auteurs le
remarquent eux-mêmes, à aucun moment n’a été directement
évoquée l’idée que le développement durable pouvait représenter
non pas un facteur de répulsion – comme dans la littérature sur les
havres de pollution – mais au contraire un facteur d’attraction. De
plus, comme souligné plus haut, l’étude n’intègre pas les politiques
d’attractivité territoriale dans le cadre théorique retenu. Pourtant,
un pays en investissant clairement dans le développement durable,
pourrait non seulement satisfaire les citoyens66, mais également
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


dynamiser les entreprises présentes sur le territoire et en attirer de
nouvelles (Musson, 2010 ; Olszak, 2010). C’est ce que cherche à
vérifier la présente étude pour le cas des pays de l’Afrique Centrale.
Les économies de l’Afrique Centrale présentent la particularité
de dépendre fortement des produits de base (les produits agricoles
bruts, les produits alimentaires et les boissons, les hydrocarbures et
les métaux de base). Ainsi, le pétrole est le premier produit
d’exportation pour 6 pays (Angola, Cameroun, Gabon, Guinée
Equatoriale, Congo et Tchad) des 10 pays de la sous-région et les
trois premiers produits d’exportation dans chaque pays sont tous
des produits de base, sauf les pierres précieuses en Angola,
Centrafrique et RDC. Les exportations de produits de base dans
leur globalité représentent environ 85% des exportations des pays

18 Ce modèle est une version analytiquement solvable du modèle Centre-


Périphérie de Krugman (1991). Pour une présentation complète du modèle, voir
Forslid et Ottaviano (2002).
19 Selon Musson (2010), les pays et les entreprises doivent désormais composer
avec les pressions citoyennes et scientifiques qui invitent à prendre en compte,
de plus en plus le bien-être des individus et de l’environnement.

86
de la sous-région. Cette proportion est significativement plus
élevée comparativement aux moyennes des pays à bas revenu
(50%) et autres pays d’Afrique Sub-saharienne (65%). Cette
dépendance s’explique par la coexistence de deux facteurs
complémentaires : les dotations des ressources naturelles qui
caractérisent la sous-région et le faible niveau de développement
des pays. Toutefois, l’Afrique Centrale présente un fort potentiel
écologique. En effet, elle occupe jusqu’à un quart des forêts
tropicales du monde. Couvrant quelques 1,8 millions de kilomètres
carrés dans six pays (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon,
Guinée Equatoriale et RDC) qui forment le Bassin du Congo. Ce
bassin constitue la deuxième plus grande zone tropicale humide
contiguë restante dans le monde et approximativement un
cinquième du canopée de forêts tropicales mondiales. Depuis 2002
les pays de l’Afrique Centrale, regroupés au sein de la COMIFAC,
mettent en œuvre des politiques favorables au développement
durable. Ils coordonnent désormais leurs efforts nationaux dans la
conservation et la gestion durable des forêts. Parallèlement à ces
politiques, ces pays poursuivent leur effort pour attirer des IDE.
Nous vérifions, de manière empirique, si ces actions en faveur du
développement durable sont de nature à améliorer l’attractivité des
pays de la sous-région. Mais avant, présentons le cadre
méthodologique utilisé.
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


2. Données et méthode statistique

Cette partie a pour but de présenter les indicateurs et la


méthode statistique utilisés lors de l’application empirique. Aussi,
nous exposons dans un premier temps, les indicateurs de
développement durable et d’attractivité du territoire, et dans un
deuxième temps, la méthode des « voisins les plus proches » telle
que développée par Cleveland (1994).

2.1. Les indicateurs de développement durable


et d’attractivité du territoire

Afin d’analyser la nature de la relation entre développement


durable et attractivité des territoires en Afrique Centrale, nous
utilisons des indicateurs composites67. Ceux-ci sont représentatifs

20Certaines études utilisent des tableaux de bord (Dashboard). Mais dans le cas
présent, ils semblent inappropriés. En effet, les tableaux de bord se heurtent à la

87
des concepts ou d’attributs de concepts de durabilité et
d’attractivité. Plusieurs indicateurs ont été proposés dans la
littérature68. Mais dans le cadre de ce travail, nous nous limitons à
trois. Les deux premiers représentent respectivement les
dimensions environnementale et socio-économique du
développement durable. Le troisième symbolise l’attractivité
territoriale.

2.1.1. Indicateurs de durabilité : empreinte écologique


et indicateur du développement humain (IDH)

En même temps que le sommet de la Terre, à Rio en 1992,


consacrait officiellement la définition du développement durable
du rapport Bruntdland, se posait la question des indicateurs de ce
concept (Allaire et Dupeuble, 2004). En effet, défini dans cette
globalité (cf. note de bas de page numéro 2), le concept de
développement durable peine à être opérationnel. C’est pourquoi
pour lui donner une réalité pratique, il a été mis en place des
indicateurs représentant ses différentes dimensions. Dans cette
étude nous retenons l’empreinte écologique (ecological footprint) et
l’IDH comme indicateurs respectifs des dimensions
environnementale et socio-économique du développement
durable. Ce choix repose principalement sur l’importante
contribution de Gadrey et Jany-Catrice (2005). En effet, dans leur
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


étude qui porte sur les nouveaux indicateurs de richesse, ces
auteurs montrent que l’empreinte écologique et l’IDH sont de
meilleurs indicateurs des dimensions environnementale et socio-
économique du développement durable respectivement69.
L’empreinte écologique est un indicateur synthétique qui évalue
la demande humaine envers les écosystèmes, en mesurant la
surface biologiquement productive de terre et d’eau requise pour
fournir les ressources renouvelables utilisées par les humains, et
absorber les rejets de dioxyde de carbone (CO2) générés par les
activités humaines70 (WWF, 2010). Dans les comptabilités

difficulté de faire apparaître une donnée unique permettant de positionner un


pays sur une échelle de durabilité.
21 Pour une revue de la littérature récente sur les indicateurs d’attractivité
territoriale et de développement durable, voir Musson (2010).
22 Pour plus de détails sur les avantages et les inconvénients de ces indicateurs
par rapport à d’autres, voir Gadrey et Jany-Catrice (2005) et Musson (2010).
23 La construction de cet indicateur repose sur les travaux pionniers de
Wackernagel et Rees (1995). L’empreinte écologique est ainsi établie à peu près
tous les 2 ou 3 ans depuis 1995 par le Global Footprint Network (GFN) et le

88
nationales d’empreinte (National Footprint Accounts) actuelles, les
ressources suivies comprennent les cultures et le poisson pour
l’alimentation et d’autres usages, le bois, et les pâturages utilisés
pour nourrir le bétail (voir le tableau 1 ci-dessous). Le CO2 est le
seul déchet actuellement inclus.

Tableau 1 : Définition des éléments de l’empreinte écologique


Empreinte Calculée à partir de la surface de forêt nécessaire pour absorber la quantité de
carbone CO2 émise par la combustion des énergies fossiles, par le changement
d’affectation des sols et par les processus chimiques et qui n’est pas absorbée
par les océans. Ces émissions sont les seuls déchets compris dans l’Empreinte
écologique.

Empreinte Calculée à partir de la surface utilisée pour élever le bétail pour la viande, les
des pâturages produits laitiers et les produits laineux.
Empreinte Calculée à partir des quantités de bois de charpente, de bois à pulpe, de bois
des Forêts d’œuvre et de bois de chauffage consommés par un pays chaque année.

Empreinte Calculée à partir de l’estimation de la production primaire nécessaire pour


des surfaces soutenir la pêche de poissons et de crustacés, sur base des données
de pêche concernant 1439 espèces marines différentes et plus de 268 espèces d’eau
douce.
Empreinte Calculée à partir de la surface utilisée pour produire de la nourriture pour
des terres l’alimentation humaine et animale, des fibres, des oléagineux et du
cultivées caoutchouc.
Empreinte Calculée à partir de la surface de terre couverte par des infrastructures
des terrains humaines, notamment pour le transport, le logement, les structures
bâtis industrielles et les réservoirs pour l’hydroélectricité.

Source : WWF Rapport Planète Vivante, 2010.


© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Comme les populations humaines consomment des ressources
dans le monde entier, l’empreinte écologique de consommation (la
mesure rapportée ici) additionne ces surfaces, quelle que soit leur
localisation sur la planète. D’autre part pour déterminer si la
demande humaine en ressources renouvelables et en absorption de
CO2 peut être maintenue, l’empreinte écologique est comparée à la
capacité de régénération de la planète (sa biocapacité). La
biocapacité est la capacité de régénération totale disponible pour
répondre à la demande représentée par l’empreinte. Cette dernière
(qui représente la demande en ressources) et la biocapacité (qui
représente les ressources disponibles) sont exprimées en unité
appelée hectare global (hag). 1 hag représente la capacité de
production d’un hectare de terre avec une productivité mondiale
moyenne. L’empreinte écologique est définie sur un intervalle de 0
hag à l’infini. Cependant, le GFN considère que 10 hag par

World Wide Fund for Nature (WWF). Les données les plus récentes remontent
à 2007. Pour les précisions sur la méthodologie de construction voir :
http://www.footprintnetwork.org/index.php/GFN/blog/.

89
habitant apparaissent déjà très élevés au niveau d’un pays, d’un
continent et, par conséquent, au niveau mondial. 2 hag par
habitant constituent le seuil de durabilité au-delà duquel l’équité
intergénérationnelle est remise en cause.

Tableau 2 : Evolution annuelle de l’empreinte écologique en


Afrique Centrale (2005 à 2007)
Empreinte écologique (en hag par habitant)
Pays 2005 2006 2007
Angola 0,9 0,9 1
Burundi 0,8 n.d 0,9
Cameroun 1,3 1,1 1
Congo 0,5 1 1
Gabon 1,3 n.d 1,4
Guinée Eq. n.d n.d n.d
RCA 1,6 1,4 1,3
RDC 0,6 0,7 0,8
Sao Tomé et P. n.d n.d n.d
Tchad 1,7 1,8 1,4
Source: Global Footprint Network
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Note : n.d signifie que les données ne sont pas disponibles.

L’IDH est construit chaque année, depuis 1990, par le


Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD). Il
mesure le niveau de développement d’un pays en privilégiant une
approche qualitative71. Il est obtenu en faisant la moyenne
arithmétique de trois autres indicateurs permettant chacun de
classer les pays sur une échelle de 0 à 1 : le Produit Intérieur Brut
(PIB) par habitant (exprimé en parités de pouvoir d’achat - PPA),
l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’instruction (mesuré
par un indicateur alliant pour deux tiers le taux d’alphabétisation
des adultes et pour un tiers le taux de scolarisation)72. En fonction
de leur score sur l’intervalle [0 ; 1], les pays sont répartis en trois

24 Notamment en s’appuyant sur le concept de « capacités» (capabilities)


introduit par Sen (1983).
25 Toutefois, il convient de relever que cette présentation correspond à l’IDH
d’avant 2010. En effet, depuis cette date, le calcul de d’IDH a changé : il
représente la moyenne géométrique des indices normalisés utilisés pour mesurer
les niveaux atteints dans chaque dimension. Pour des explications complètes sur
la méthode et sa justification, voir Klugman et al. (2011).

90
catégories. La première représente les pays à développement
humain élevé, ie ceux dont l’IDH est supérieur ou égal à 0,8. La
deuxième regroupe les économies à développement humain
moyen, ie ceux ayant un IDH compris entre 0,5 et 0,8. Enfin, la
dernière catégorie représente les pays à développement humain
faible, ie ceux dont l’IDH est inférieur à 0,5. L’équité intra
générationnelle est parfaitement assurée lorsque l’IDH est
supérieur à 0,8.

Tableau 3 : Evolution annuelle de l’indice de développement


humain en Afrique Centrale (2005 à 2011)
Indice de développement humain
Pays 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2005-2011

Angola 0,445 0,459 0,471 0,476 0,481 0,482 0,486 0,47

Burundi 0,267 0,281 0,289 0,301 0,308 0,313 0,316 0,295

Cameroun 0,449 0,451 0,459 0,466 0,475 0,479 0,482 0,464

Congo 0,506 0,51 0,512 0,52 0,523 0,528 0,533 0,518

Gabon 0,648 0,648 0,656 0,66 0,664 0,67 0,674 0,659

Guinée Eq. 0,516 0,519 0,526 0,537 0,534 0,534 0,537 0,528

RCA 0,311 0,316 0,323 0,327 0,334 0,339 0,343 0,327


© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


RDC 0,26 0,266 0,271 0,27 0,277 0,282 0,286 0,273

Sao Tomé et P. 0,483 0,489 0,496 0,496 0,503 0,506 0,509 0,497

Tchad 0,312 0,311 0,313 0,316 0,323 0,326 0,328 0,318

Source: PNUD

2.1.2. Indicateur d’attractivité : l’indice de liberté économique

Plusieurs indicateurs d’attractivité des territoires existent. La


caractéristique commune de ces derniers est le souci permanent de
ressortir les points forts d’une entité géographique donnée (région,
pays etc.). Ils se distinguent, cependant, les uns des autres au
niveau du choix de la définition du concept mesuré. Cette
distinction trouve son origine dans la controverse Porter-
Krugman. En effet, Porter (1990) appréhende l’attractivité des
nations en termes de compétitivité. Alors que pour Krugman
(1994), le concept de compétitivité, qui relève du domaine de
l’entreprise, n’est pas applicable à l’échelle d’un pays. Selon cet
auteur on ne peut assimiler un territoire à une entreprise. Car le
premier a une dimension politique et culturelle que la seconde n’a

91
pas. C’est en partie sur la base de ces critiques de Krugman (1994)
que nous fondons notre choix d’indicateur d’attractivité
territoriale.
Parmi les indicateurs qui intègrent ces critiques, trois d’entre
eux sont particulièrement usités dans la littérature. Les deux
premiers, l’indice de performance en termes d’investissements
entrants et l’indice du potentiel d’attractivité en termes
d’investissements entrants, sont construits par la Conférence des
Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED)
pour 140 pays. L’inconvénient pour notre étude est que les
données ne sont pas disponibles pour la plupart des pays d’Afrique
Centrale. Le troisième est l’indice de liberté économique (Index of
Economic Freedom). Il est établi chaque année depuis 1995 par le
think tank – laboratoire d’idées – Heritage Foundation73. Construit à
partir de dix autres indicateurs (représentant : la politique
commerciale, le droit de la propriété, le poids des réglementations,
la lutte contre la corruption, la politique fiscale, la politique
monétaire et financière, la taille du gouvernement, la politique
d’investissement et la politique de l’emploi), l’indice de liberté
économique est une mesure de la croissance économique durable
d’un pays et donc de l’attractivité de ce dernier pour les entreprises
(Heritage Foundation, 2009). Les données relatives à cet indicateur
sont disponibles pour l’ensemble des pays de notre échantillon.
C’est la raison pour laquelle nous le retenons comme proxy de
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


l’attractivité territoriale pour ce travail. L’indice de liberté
économique est défini sur un intervalle allant de 0 à 100, où 100
désigne ici le niveau d’attractivité le plus élevé74.

26 L’objectif de cet organisme est de développer une mesure systématique de la


liberté économique en utilisant des critères objectifs. L’indice de liberté
économique est établi par les experts de la fondation à l’aide de documents et
sources fournis par Economist Intelligence Unit et les Départements d’Etat et
du Commerce des Etats-Unis d’Amérique. Pour un supplément d’informations,
voir :
http://www.heritage.org/index.
27 Le seuil d’attractivité est fixé à 50. Par conséquent, tout pays situé en dessous
de ce seuil est caractérisé par une faible attractivité.

92
Tableau 4 : Evolution annuelle de l’indice de liberté économique
en Afrique Centrale (2005 à 2011)
Indice de liberté économique
Pays 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2005-2011
Angola n.d 43,5 44,7 46,9 47 48,4 46,2 46,1
Burundi n.d 48,7 46,9 46.2 48,8 47,5 49,6 48,3
Cameroun 53 54,6 55,6 54,3 53 52,3 51,8 53,5
Congo 46,2 43,8 44,4 45,3 45,4 43,2 43,6 44,6
Gabon 54,8 56,1 54,8 54,2 55 55,4 56,7 55,3
Guinée Eq. 53,3 51,5 53,2 51,6 51,3 48,6 47,5 51
RCA 56,5 54,2 50,6 48,6 48,3 48,4 49,3 50,8
RDC n.d n.d 42,2 42,5 42,8 41,4 40,7 41,9
Sao Tomé et P. n.d n.d 43,1 43,7 43,8 48,8 49,5 45,8
Tchad 52,1 50 50,1 47,8 47,5 47,5 45,3 48,6
Source: Heritage Foundation
Note : n.d signifie que les données ne sont pas disponibles.

2.2. La méthode des « voisins les plus proches »


de Cleveland (1994)
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


L’analyse statistique menée dans cette étude, à l’aide des
indicateurs retenus, est effectuée sur données en coupe
instantanée. Plus précisément, les données concernant l’ensemble
des pays de l’échantillon sont observées en 2007. Maintes raisons
peuvent être évoquées pour justifier ce choix. Cependant, deux
d’entre elles nous semblent particulièrement pertinentes pour être
relevées ici. La première est la difficulté de disposer des données
statistiques sur une longue période à la fois pour tous les
indicateurs et pour l’ensemble des pays de l’échantillon. Certes, ce
problème existe pour tous les pays en développement, mais il
paraît plus prononcé en Afrique et particulièrement en Afrique
Centrale, où les données sont systématiquement inexistantes pour
bon nombre de pays. La deuxième est due au fait que les
observations par pays et relatives à l’empreinte écologique ne sont
disponibles que pour les seules années 2005, 2006 et 2007 (voir, le
tableau 2). Mais avec ceci de spécifique que pour l’année 2006, les
observations sont manquantes pour la plupart des pays de
l’échantillon. C’est pourquoi nous effectuons une analyse en coupe
instantanée. En conséquence, le choix de l’année 2007 semble se
justifier. Au demeurant, cette année paraît suffisante pour

93
apprécier les premiers effets des réformes engagées par les pays de
la COMIFAC. De plus, l’analyse de l’évolution des indicateurs de
durabilité (sous l’angle socio-économique) et d’attractivité montre
que sur la période allant de 2005 à 2011, en moyenne, ces
indicateurs varient très peu relativement à leurs valeurs de 2007
(voir, les tableaux 3 et 4).
Cette précision sur le choix de la période d’étude étant faite, il
nous semble important d’expliciter, brièvement, le procédé
statistique utilisé. Aussi, les graphiques (représentant des nuages de
points) construits sur la base des indicateurs de référence,
commentés dans la suite du texte, mettent en évidence des courbes
ajustées à partir d’une régression polynomiale75 locale avec largeur
de bande, basée sur l’idée des voisins les plus proches telle que
développée par Cleveland (1994). Ces courbes ajustées sont
supposées récapituler assez bien les caractéristiques du nuage de
points, sa pente devrait donc indiquer l’existence ou non d’une
corrélation, et le signe éventuel. L’avantage d’utiliser
l’éparpillement avec l’ajustement de voisin le plus proche est qu’il
n’impose pas une structure paramétrique à la relation entre les
variables dépendante et indépendante. Puisque la forme réelle de la
relation n’est pas nécessairement connue ex-ante, le choix
arbitraire d’une structure paramétrique, s’il s’avère faux, pourrait
mener à des inférences incorrectes. L’approche non paramétrique a
plutôt permis aux données de s’exprimer, et elle est donc plus
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


appropriée pour l’identification des faits stylisés.

3. Le lien entre développement durable et attractivité


des pays de l’Afrique Centrale : les faits stylisés

Une manière particulièrement utile d’analyser la relation entre le


développement durable et l’attractivité des territoires est
d’observer les faits stylisés. A cette fin, les deux graphiques
commentés dans cette partie représentent des nuages de points. Le
premier renseigne sur la nature du rapport qu’entretient le
développement durable d’un point de vue environnemental et
l’attractivité des territoires. Alors que le second graphique relie
cette dernière au développement durable appréhendé sous l’angle
socio-économique.

28 Plus spécifiquement, il s’agit ici de polynômes de degré 1.

94
3.1. La relation entre le développement durable d’un point
de vue environnemental et l’attractivité des territoires

Le croisement entre l’indice de liberté économique et


l’empreinte écologique permet d’apprécier le lien pouvant exister
entre un pays attractif en termes d’investissement étranger et sa
durabilité sous l’angle environnemental. Cette confrontation est
illustrée par le graphique 1 ci-dessous. Le nuage de points indique
que les couples de valeurs sont approximativement alignés : les
deux indicateurs semblent corrélés linéairement et positivement.
Cette impression est confirmée par l’analyse de la corrélation. En
effet, le test de Student montre que le coefficient de corrélation
linéaire empirique (0,387) est statistiquement différent de 0 au seuil
de significativité de 5%. Autrement dit, en Afrique Centrale, si par
hasard le niveau d’empreinte écologique d’un Etat augmente, alors
on aura une plus grande chance que son attractivité vis-à-vis des
investissements directs s’accroit. Ce résultat s’oppose ainsi à la
thèse défendue par Antweiler et al. (2001) sur les différences de
dotations factorielles entre les pays. Leur argumentation repose sur
l’idée selon laquelle les industries polluantes, intensives en capital,
auront tendance à se localiser dans les pays où celui-ci est
abondant, c’est-à-dire les pays riches, laissant ainsi aux pays
pauvres, les industries intensives en travail par principe nettement
moins polluantes. Par contre, il semble aller dans le même sens que
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


le mécanisme décrit par la théorie des havres de pollution (cf. supra)
et apparaît ainsi conforme à celui obtenu par Dean et al. (2009)
pour les provinces chinoises.
En effet, plus de 90% des IDE en Afrique Centrale – sous-
région riche en ressources naturelles – concernent les industries
extractives (hydrocarbures et minerais), lesquelles sont fortement
polluantes et intensives en capital. Pour bien prendre acte du
phénomène, il n’est pas inutile de faire état de quelques exemples.
Sur les 10 pays de la sous-région, rappelons-le, 6 sont producteurs
de pétrole et trois de diamants et autres pierres précieuses. Ces
économies ont reçu en 2004, 20% des flux d’IDE mondiaux en
Afrique, soit 80% des IDE mondiaux dans la zone franc et 46%
des IDE français en Afrique – représentant 82% des IDE français
en zone franc – (Ngohou, 2008). Ainsi, il existerait une divergence
entre le développement durable d’un point de vue
environnemental et l’attractivité des pays de l’Afrique Centrale vis
à vis des IDE.

95
Graphique 1 : Relation entre indice de liberté économique et
empreinte écologique

Source : Construit à partir des bases de données de Heritage Foundation


et de GFN
Note : L’échantillon se compose de 8 pays ; les données d’empreinte
écologique pour la Guinée Equatoriale et Sao Tomé et Principe n’étant
pas disponibles.

Le Graphique 1 montre que les pays producteurs de pétrole de


© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


la sous-région sont les plus attractifs au regard de l’indice de liberté
économique mais également les moins respectueux de
l’environnement au regard de l’empreinte écologique. Cependant, il
convient de relever que pour tout pays de l’échantillon, l’empreinte
écologique est inférieure à 2 hag. Et qu’à part le Burundi qui
présente un déficit écologique (empreinte écologique moins
biocapacité totale) de -0,4 hag, le reste des pays de l’échantillon
dispose d’importantes réserves écologiques comparé à la plupart
des territoires du globe (voir l’annexe). Ce qui invite à relativiser
l’ampleur des conclusions tirées plus haut.

3.2. La relation entre le développement durable d’un point


de vue socio-économique et l’attractivité des territoires

La confrontation entre l’indice de liberté économique et l’IDH


permet d’analyser le rapport pouvant exister entre un pays attractif
en termes d’investissement étranger et sa durabilité sous l’angle
socio-économique. Le graphique 2 ci-dessous met en évidence ce
croisement. Le nuage de points montre que les couples de valeurs
sont approximativement alignés : les deux indicateurs semblent

96
ainsi corrélés linéairement et positivement. Cette impression est
confirmée par l’analyse de la corrélation. En effet, le test de Student
montre que le coefficient de corrélation linéaire empirique (0,205)
est statistiquement différent de 0 au seuil de significativité de 5%.
D’où la convergence entre le développement durable d’un point de
vue socio-économique et l’attractivité des territoires au plan
statistique. En d’autres termes, en Afrique Centrale, si par hasard le
niveau de développement humain d’un Etat augmente, alors on
aura une plus grande chance que son attractivité vis-à-vis des
investissements directs suive.
Graphique 2 : Relation entre indice de liberté économique et IDH
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Source : Construit à partir des bases de données de Heritage Foundation
et du PNUD

Le sens de cette relation est le même que celui obtenu par


Olszak (2010) pour des indicateurs d’attractivité différents et dans
le cas de l’Union européenne à 27. En effet, en croisant l’IDH et
l’indicateur synthétique de Lisbonne, il trouve un coefficient de
corrélation empirique statistiquement différent de zéro de 0,77.
L’intensité de la liaison étant dans ce cas plus élevée. Cette
différence d’intensité, par rapport à nos résultats, pourrait sans
doute s’expliquer par la taille de l’échantillon.

97
CONCLUSION

Nous avons examiné dans cet article, le lien entre


développement durable et attractivité des territoires. L’ambition
avouée était de vérifier l’existence d’une certaine compatibilité
entre les deux concepts dans le cadre des économies de l’Afrique
Centrale. Pour ce faire, notre étude empirique a consisté à
confronter des indicateurs composites d’attractivité et de
durabilité.
L’analyse de la corrélation met en évidence deux principaux
résultats. Premièrement, il existe une divergence entre le
développement durable d’un point de vue environnemental et
l’attractivité d’un pays. Deuxièmement, le développement durable
d’un point de vue socio-économique semble compatible avec
l’attractivité d’un pays. Ces résultats inviteraient donc à prendre en
compte la protection de l’environnement et le bien-être des
populations dans la formulation et la mise en œuvre des politiques
d’aménagement du territoire des Etats de l’Afrique Centrale.
Cependant, l’émergence d’une relation de causalité entre les deux
concepts requiert l’utilisation des méthodes économétriques qui
permettent de contrôler pour d’autres déterminants de l’attractivité
territoriale. Cela passe nécessairement par l’élaboration d’un
modèle empirique théoriquement fondé liant explicitement
l’attractivité territoriale au développement durable. Un autre
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


prolongement qui fera également l’objet de nos recherches futures
consistera à identifier les politiques publiques susceptibles de
concilier l’objectif de durabilité environnementale avec celui
d’attractivité territoriale.

BIBLIOGRAPHIE

ALLAIRE, G., DUPEUBLE, T., 2004, Des concepts aux


indicateurs du développement durable: multi dimensionnalité et
responsabilisation, Développement durable et territoires, 1-10.
ANTWEILER, W., COPELAND, B., TAYLOR M.S., 2001, Is
free trade good for the environment? American Economic Review, 91,
877-908.
BAUMOL, W.J., OATES, W.E., 1988, The theory of environmental
policy, CambridgeUniversity Press, Cambridge.
BLONINGEN, B., 2005, A review of the empirical literature on
FDI determinants, Atlantic Economic Journal, 33(4), 383-403.

98
CARDEBAT, J.-M., MUSSON, A., 2010, Que change le
développement durable à la localisation des activités ? , Innovations
33, 182-201.
CLEVELAND, 1994, The elements of graphing data, Summit NJ:
Hobart Press.
COLE, M.A., ELLIOT, R.J.R., 2005, FDI and the capital intensity
of “dirty” sectors: A missing piece of the pollution haven puzzle,
Review of Development Economics, 9(4), 530-548.
COLE, M.A., ELLIOTT, R.J.R., 2003, Determining the trade-
environment composition effect: The role of capital, labour and
environmental regulations, Journal of Environmental Economics and
Management, 46(3), 363-383.
CMED, COMMISSION MONDIALE SUR
L’ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT, 1987,
Notre avenir à tous, traduction française [1988], éditions du Fleuve,
Montréal.
COPELAND, B., TAYLOR, M. S., 2004, Trade, growth and the
environment, Journal of Economic Literature, 42, 7-71.
CROZET, M., LAFOUCARDE, M., 2008, La nouvelle économie
géographique, Editions La Découverte, Collection « Repères », Paris.
DARRIGUES, F., MONTAUD, J.-M., 2010, Localisation des
firmes multinationales et environnement : entre contrainte
imposée et responsabilité incitée , mimeo, Université de Pau.
DASGUPTA, S., LAPLANTE, B., WANG, H., HEELER, D.,
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


2002, Confronting the environmental Kuznets curve, Journal of
Economic Perspectives, 16(1), 147-168.
DEAN, J. M., LOVELY, M.E., WANG, H., 2009, Are foreign
investors attracted to weak environmental regulations? Evidence
from China, Journal of Development Economics, 90(1), 1-13.
DELAITE, M.-F., POIROT, J., 2010, Patriotisme économique et
développement durable, Développement durable et territoires, 1(3), 1-25.
EDERINGTON, J., LEVINSON, A., MINIER, J., 2005,
Footloose and pollution-free, Review of Economics and Statistics, 87(1),
92-99.
ESKELAND, G.S., HARRISON, A.E., 2003, Moving to greener
pastures? Multinationals and the pollution haven hypothesis,
Journal of Development Economics, 70, 1-23.
FORSLID, R., OTTAVIANO, G., 2002, An analytically solvable
core-periphery model, Journal of Economic Geography, 3, 229-240.
FUJITA, M., KRUGMAN, P., VENABLES, A.J., 1999, The Spatial
Economy: Cities, Regions and International Trade, MA: MIT Press,
Cambridge.

99
GADREY, J., JANY-CATRICE, F., 2005, Les nouveaux indicateurs
de richesse, Editions La Découverte, Collection « Repères ».
GROSSMAN, G.M., KRUEGER, A.B., 1993, Environmental
impacts of a north american free trade agreement, in Garber P.,
(eds), The Mexico–US free trade agreement, MA, MIT Press,
Cambridge, 13-56.
GROSSMAN, G.M., KRUEGER, A.B., 1995, Economic growth
and the environment, Quarterly Journal of Economics, 2, 353-377.
HATEM, F., 2004, Investissement international et politiques d’attractivité,
Economica, Paris.
HERITAGE FOUNDATION, 2009, The 2009 index of economic
freedom, www.heritage.org.
JAVORCIK, B. S., WEI, S.-J., 2004, Pollution havens and foreign
direct investment: dirty secret or popular myth?, Contributions to
Economic Analysis and Policy, 3(2).
KALLENBERG, D. K., 2009, An empirical investigation of the
pollution haven effect with strategic environment and trade policy,
Journal of International Economics, 78(2), 242-255.
KELLER, W., LEVINSON, A., 2002, Pollution abatement costs
and foreign direct investment inflows to U. S. states, Review of
Economics and Statistics, 84(4), 691-703.
KRUGMAN, P., 1991, Increasing returns and economic
geography, Journal of Political Economy, 99, 483-499.
KRUGMAN, P., 1994, Competitiveness: A dangerous obsession,
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Foreign Affairs, 73, Cambridge 21.
KRUGMAN, P., VENABLES, A.J., 1995, Globalization and the
inequality of nations, Quarterly Journal of Economics, 110, 857-880.
KLUGMAN, J., RODRIGUEZ, F., CHOI, H.J., 2011. The HDI
2010: New Controversies, Old Critiques, Human Development
ResearchPaper 1, PNUD–BRDH, New York.
KUZNETS, S., 1955, Economic growth and income inequality,
American Economic Review, 45, 1-28.
MARSHALL, A., 1890, Principles of Economics, Macmillan, London.
MUCCHIELLI, J.-L., 1998, Multinationales et mondialisation, Seuil,
Points, Paris.
MULKAY, B., ROUSSEAU, C., 2006, Attractivité économique et
compétitivité des territoires, Document de travail, Insee.
MUSSON, A., 2010, Revue de littérature sur les indicateurs
d’attractivité et de développement durable : vers un indicateur
d’attractivité durable, Géographie, économie, Société, 12, 181-223.
NGOHOU, I., 2008. Investissements directs étrangers en Afrique
Centrale : Attractivité et effets économiques, Thèse de Doctorat,
Université du Sud Toulon-Var.

100
NICET-CHENAF, D., ROUGIER, R., 2007, Attractivité
comparée des territoires marocains et tunisiens au regard des
IDE , Cahier du GREThA, 2007-02, 1-33.
OLSZAK, E., 2010, Développement durable et attractivité des
territoires dans l’Union européenne, opposition ou convergence ?,
Géographie, Economie, Société, 12, 279-305.
PEARSON, C.S., 1987, Multinational corporations, environment, and the
third world, Duke University Press, Durham, NC.
PORTER, M., 1990, The Competitive Advantage of Nations, 2ème
édition, Mac Millan, Londres.
PORTER, M.E., VAN DER LINDE, C., 1995, Toward a new
conception of the environment-competitiveness relationship,
Journal of Economic Perspectives, 9(4), 97-118.
SEN, A. K., 1983, Development: Which way now?, Economic
Journal, 93, 745-762.
STERN, D. I., 2004, The rise and fall of the environmental
Kuznets curve, World Development, 32(8), 1419-1439.
VIVIEN, F.-D., ZUINDEAU, B., 2001, Le développement
durable et son espace : antécédents intellectuels et questions pour
l’avenir, Cahiers lillois d’économie et de sociologie, (37), 11-39.
WACKERNAGEL, M., REES W., 1995, Our ecological footprint:
Reducing human impact on the earth, New Society Publishers.
WAGNER, U., TIMMINS, C., 2009, Agglomeration effects in
foreign direct investment and the pollution haven hypothesis,
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Environmental and Resource Economics, 43(2), 231-256.
WALTER, I., 1982, Environmentally induced industrial relocation
to developing countries, in RUBIN, J.S., THOMAS, G.R., (eds),
Environment and Trade: The Relation of International Trade and
Environmental Policy, Totowa, N. J.: Allanheld, Osmun.
WWF, 2010, Rapport Planète vivante 2010, 110.
ZENG, D.-Z., ZHAO, L., 2009, Pollution havens and industrial
agglomeration, Journal of Environmental Economics and Management,
58(2), pp. 141-153.

101
Annexe

Tableau – A Empreinte écologique et Biocapacité en Afrique


Centrale
Pays Population Empreinte Biocapacité (Déficit) ou
(en million écologique totale (en réserve
d’habitants (en hag/h) hag/h) écologique
(h)) (en hag/h)
Angola 17,6 1 3 2
Burundi 7,8 0,9 0,5 -0,4
Cameroun 18,7 1 1,9 0,8
Congo 3,6 1 13,3 12,3
Gabon 1,4 1,4 29,3 27,9
RCA 4,3 1,3 8,4 7,1
RDC 62,5 0,8 2,8 2
Tchad 10,6 1,7 3,2 1,4
Afrique 963,9 1,4 1,5 0,1
Asie 4031,2 1,8 0,8 -1
Europe 730,9 4,7 2,9 -1,8
Amérique 569,5 2,6 5,5 2,9
Latine et
© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)

© L'Harmattan | Téléchargé le 11/08/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.178.138.133)


Caraïbes
Etats-Unis 341,6 7,9 4,9 -3
et Canada
Océanie 34,5 5,4 11,1 5,8
Monde 6671,6 2,7 1,8 -0,9
Source: Global Footprint Network

102

Vous aimerez peut-être aussi