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Les politiques
C. Bouthevillain
G. Dufrénot
Ph. Frouté
L. Paul
budgétaires
Les politiques budgétaires sont au cœur de la Carine Bouthevillain
crise d’ampleur inédite qui affecte l’ensemble des
est Docteur en économie et spécialiste des
économies avancées. En même temps, la présence
questions de politiques budgétaires européennes
accrue des questions de finances publiques dans les
dans une grande institution financière publique. Elle
dans la crise
a notamment travaillé sur les liens entre la politique
d’une urgence nouvelles.
budgétaire et la croissance économique.
Cet ouvrage traite de l’actualité des politiques
budgétaires en répondant à une double originalité : Gilles Dufrénot
réunir en un seul volume les principaux est Professeur de Sciences économiques à
arguments théoriques et l’analyse des faits les l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’école
plus notables de la crise et aborder les questions d’économie d’Aix-Marseille (AMSE). Il travaille
de politique budgétaire sous différents angles – sur les questions de la conduite des politiques
macroéconomique, fiscal, institutionnel et financier
– en montrant les multiples interactions entre ces
domaines.
économiques dans les unions monétaires.
Philippe Frouté
Comprendre les enjeux actuels
La démarche des auteurs est d’éclairer les enjeux
actuels et les défis à venir en décryptant des
est Maître de Conférences en Sciences
économiques à la Faculté d’Administration et
et les défis futurs
thématiques complexes dans un langage échanges Internationaux de l’Université Paris
compréhensible par le grand public. De nombreux Est-Créteil et membre du LARGOTEC. Il co-dirige
exemples concrets permettent au lecteur de
s’approprier des concepts et des mécanismes qui
le diplôme universitaire d’études des politiques
internationales.
Carine Bouthevillain • Gilles Dufrénot
sont au centre des débats entre décideurs nationaux
et internationaux, l’accent étant plus particulièrement Laurent Paul
Philippe Frouté • Laurent Paul
mis sur la situation de la zone euro. est diplômé de l’Institut d’études Politiques de Paris Préface de Michel Bouvier
Chacun des six chapitres aborde une thématique et spécialiste des questions de politique budgétaire
particulière et permet au lecteur de progresser selon dans une grande institution financière publique. Ses
son niveau de connaissance, avec l’aide d’encadrés travaux portent notamment sur la dynamique des
approfondissant certains sujets ciblés et de références déficits et dettes publics dans la zone euro.
bibliographiques permettant d’aller plus loin.
Les défis posés par le rôle de la politique budgétaire
pour lisser le cycle économique à court terme,
soutenir la croissance et l’emploi à long terme Compléments en ligne gratuits
et concevoir une fiscalité efficace dans la crise sur le site des auteurs :
sont exposés sans masquer les clivages des • actualités
divers courants de pensée économiques. Les clés
permettant de comprendre la nouvelle gouvernance • éléments bibliographiques
économique européenne instaurée en réponse à complémentaires
la crise sont présentées. Enfin, les deux derniers • éléments pédagogiques
chapitres sont consacrés aux interactions entre crise www.politiques-budgetaires-crise.com
bancaire et crise des dettes souveraines et aux
conséquences des choix effectués pour assurer leur
financement dans les pays avancés.
L’ouvrage s’adresse ainsi aux étudiants de
l’enseignement supérieur (grandes écoles,
instituts d’études politiques, universités), à ceux qui
préparent des épreuves d’économie de concours
administratifs, notamment de la fonction publique
française ou européenne, aux praticiens de la vie
économique – journalistes ou chefs d’entreprise –
et à toute personne soucieuse de comprendre les
enjeux budgétaires dans le monde d’aujourd’hui.
POBUCRI
ISBN 978-2-8041-7674-7
ISSN 2030-501X www.deboeck.com
Imprimé en Belgique
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : septembre 2013 ISSN 2030-501X
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2013/0074/042 ISBN 978-2-8041-7674-7
PRÉFACE
On peut s’étonner alors que la situation de crise des finances publiques est
quasi permanente depuis la seconde moitié des années 1970, que durant tout ce laps
de temps aucune solution efficace n’y ait jamais été apportée. Ce n’est pas faute pour-
tant que les points de vue – plus ou moins péremptoires – se soient exprimés sur le
sujet. Des points de vue souvent repris à l’identique par les générations qui se sont
succédé durant cette longue période, les annonces de « sortie de crise » ne se comp-
tant plus et les politiques budgétaires préconisées se révélant sans grande efficacité,
bien que toutes marquées au coin d’une culture de la performance.
C’est à cette question d’importance que s’attachent à répondre avec une
grande finesse les auteurs de cet excellent ouvrage, à travers une identification des
enjeux contemporains des politiques menées par les États en matière budgétaire.
On ne peut qu’applaudir à un tel projet car il est urgent de s’interroger sur la
manière dont est abordée la situation des finances publiques et de leur environnement.
Il serait judicieux nous semble-t-il de considérer que nous sommes face à une lon-
gue période de transition, ce qui permettrait d’appréhender et d’intégrer les périodes
critiques dans une logique globale et de mieux en identifier le sens général. En effet,
une plongée dans l’inconnu, un basculement pour l’instant incontrôlé vers un autre
monde est en train de se produire et, au-delà des déterminismes économiques, c’est
un modèle politique qui est en question. Plus encore, c’est un tournant de l’Histoire
qui se dessine au travers de crises successives des finances publiques jamais résolues
et de plus en plus graves. C’est l’organisation de la société qui est au cœur d’un pro-
cessus de changement qui se poursuit depuis une quarantaine d’années.
Ainsi, sont en jeu aussi bien les représentations que l’on peut se faire de l’État
que le contenu et le rôle que l’on souhaiterait lui donner. C’est pourquoi il est excessif
de centrer les réflexions, comme c’est le cas depuis des décennies, sur la place qu’il
devrait ou non tenir au sein du marché. Il est également tout aussi réducteur d’enfer-
mer les finances publiques dans un cadre unilatéral, juridique ou économique car les
formes qu’elles peuvent prendre relèvent de choix politiques, autrement dit de poli-
tiques budgétaires.
C’est bien cela que le lecteur est conduit à comprendre. Les auteurs, tout
en identifiant et évaluant avec un réel souci pédagogique les différentes théories et
politiques budgétaires en présence nous rappellent que dans le champ des finances
publiques, et peut-être plus que dans d’autres, on a affaire à des processus particuliè-
rement enchevêtrés au sein desquels interagissent de très nombreux facteurs. Et si le
regard est celui d’économistes, ce n’est pas pour autant que sont écartés les aspects
institutionnels. En d’autres termes, la complexité des finances publiques est présente
tout au long d’un ouvrage qui amène à réfléchir certes sur les politiques budgétaires
de crise mais au-delà sur l’élaboration d’une doctrine de la gouvernance financière
publique.
Sur ce point, et au travers des propos développés, se dégage implicitement
une tendance vers une cohérence d’ensemble des politiques budgétaires. Il est à sou-
ligner que ce souci de cohérence globale de la décision financière publique a été
posé de manière cruciale et concrète avec la montée en puissance de la décentrali-
sation au début des années 1980. Le rapport « Vivre ensemble » 1 relevait d’ailleurs
que les finances publiques devaient s’entendre de l’association des finances de
l’État, des collectivités locales et de la sécurité sociale. La réflexion s’est poursui-
vie ensuite avec le développement de la communauté européenne jusqu’à prendre
une forme juridique avec le Traité de Maastricht (1992) qui impose une approche
globale des finances publiques. Le dispositif a été ensuite fortement renforcé par
le Pacte de stabilité et de croissance adopté à Dublin en décembre 1996 tandis
que la récente période a été marquée, on le sait, par des mesures visant à une
meilleure coordination des décisions économiques et budgétaires (semestre euro-
péen, « six pack », Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein
de l’Union économique et monétaire, « two pack »). Plus encore, selon une direc-
tive du 8 novembre 2011 2 déterminant les exigences applicables aux cadres bud-
gétaires des États membres ceux-ci devront mettre en place d’ici le 31 décembre
2013 « des mécanismes appropriés de coordination entre les sous-secteurs des admi-
nistrations publiques afin d’assurer l’intégration complète et cohérente de tous ces
sous-secteurs dans la programmation budgétaire, dans l’élaboration des règles bud-
gétaires chiffrées spécifiques au pays, ainsi que dans l’établissement des prévisions
budgétaires ».
En d’autres termes, la mise en place de systèmes financiers publics intégrés
et régulés dans le cadre d’une gouvernance globale apparaît inéluctable. À notre sens
cette direction amène nécessairement à s’interroger non seulement sur le périmètre du
secteur public mais aussi sur ce qu’est ou doit être la chose publique 3. Il s’agit très
concrètement de redéfinir le champ d’action de l’État et plus largement ce que nous
qualifions aujourd’hui, avec beaucoup d’hésitations, le secteur public, les adminis-
trations publiques ou bien encore l’administration publique. Au final, déterminé par
Michel Bouvier
Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
Fondateur et Directeur de la Revue française de finances publiques (RFFP),
Président – Fondateur de l’Association pour la Fondation
internationale de finances publiques (FONDAFIP)
L’ambition de ce livre est d’apporter un éclairage sur les défis se posant aux poli-
tiques budgétaires dans la crise qui affecte aujourd’hui à des degrés divers l’ensemble
des pays avancés. Le débat public ouvre l’accès à quantité d’informations renvoyant à
l’action des pouvoirs publics pour relancer la croissance et l’emploi, aux moyens de
stabiliser la dette publique ou encore à la définition de la politique fiscale à l’aune de
la mondialisation. La crise pose également des questions nouvelles sur l’éventualité
d’un défaut souverain d’un pays avancé ou encore sur le pouvoir croissant des mar-
chés financiers dans les choix budgétaires.
Le décryptage de ces débats est souvent difficile à faire par un public,
même averti. Les problématiques de politique budgétaire sont en effet devenues plus
complexes qu’auparavant et elles nécessitent une analyse multidimensionnelle prenant
en compte l’ensemble des paramètres de l’environnement économique, social et ins-
titutionnel. Il s’agit d’apprécier à la fois l’impact de la crise sur les agrégats budgé-
taires et la contribution de la politique budgétaire aux stratégies de sortie de crise. Sur
ce plan là, les analyses standards et les certitudes d’avant-crise sont largement mises
en cause ; le cadre de la gouvernance budgétaire est lui-même sujet à de profondes
mutations. Les controverses traditionnelles entre interventionnistes et libéraux, entre
défenseurs de la souveraineté budgétaire et partisans de davantage de fédéralisme à
l’échelle de l’Union européenne, se poursuivent. Mais ces débats se déroulent dans un
cadre profondément renouvelé et avec la difficulté d’un environnement en mutation
rapide. Le comportement des acteurs économiques apparaît en outre de plus en plus
difficile à anticiper, ce qui accroît l’incertitude quant à l’efficacité de mesures budgé-
taires passant par la fiscalité ou les dépenses. Dernier élément de complexité, la crise
a rendu caduque l’analyse de la politique budgétaire comme un domaine séparé des
sphères financière et monétaire. Elle a mis en évidence le rôle joué par les marchés
financiers dans l’endettement excessif des États et également jeté un éclairage particu-
lier sur le cercle vicieux entre les difficultés du secteur bancaire et les crises de dettes
publiques. Désormais, le policy-mix doit composer avec un triple objectif – stabilité
monétaire, stabilité financière et soutenabilité des finances publiques – tâche rendue
particulièrement délicate du fait des multiples interactions qui lient ces trois domaines.
L’analyse des politiques budgétaires dans la crise actuelle donne lieu à un foi-
sonnement d’études qui, paradoxalement, incite à une certaine humilité face aux faits.
– Enfin, l’ouvrage pourra servir de référence aux journalistes travaillant sur les
questions économiques et financières, aux attachés parlementaires, aux res-
ponsables de formation ainsi qu’à toute personne soucieuse de s’informer et
de comprendre les débats d’actualité sur la crise dont les médias se font l’écho
quotidiennement.
Paris, juillet 2013
Les opinions exprimées dans cet ouvrage n’engagent que les auteurs. Les erreurs
et omissions éventuelles sont de leur seule responsabilité.
APPROCHES MACROÉCONOMIQUE
ET FISCALE
objectif est d’autant plus important pour les économies avancées que celles-ci font
face à un ralentissement tendanciel de la croissance potentielle. Or, le choc de la crise
et les conséquences du vieillissement de la population aggravent encore les risques
d’augmentation incontrôlée de la dette publique. Face au risque d’insoutenabilité, la
stratégie budgétaire de long terme apparaît claire : se désendetter et procéder à des
réformes structurelles qui permettent en particulier d’augmenter l’efficacité productive
de la dépense publique. Mais sa mise en œuvre a des coûts élevés à court terme ainsi
que l’illustre de façon presque caricaturale le cas de la Grèce. Enfin, pour les pays de
la zone euro, se pose la question de la conciliation entre la conduite de réformes struc-
turelles et le maintien d’un haut niveau de dépenses publiques pour financer l’État pro-
vidence. Le chapitre 2 discute des arbitrages de la politique budgétaire à long terme :
comment consolider efficacement et rapidement tout en renforçant la croissance poten-
tielle dans des modèles économiques que la crise a modifiés ?
La politique budgétaire intervient aussi par le biais de la politique fiscale qui
suit plusieurs objectifs parfois contradictoires : recherche d’un système optimal pour
la croissance et correction des inégalités par la redistribution. Les conséquences de
la crise conduisent les États à s’interroger sur la stratégie à mettre en œuvre. Ils sont
à la recherche de nouvelles ressources pour se désendetter, ce qui peut les conduire
à réfléchir à de nouvelles formes de taxation (la fiscalité verte) ou à privilégier les
impôts à rendement élevé et qui ne laissent pas de prise au risque de fuite des bases
fiscales (la TVA et les impôts sur l’immobilier). En même temps, certains pays ont
la tentation de développer des stratégies non coopératives pour attirer avec des taux
réduits les bases fiscales alors que d’autres cherchent à réduire les distorsions dans
leur système fiscal qui peuvent nuire à la croissance. Le chapitre 3 traitera des enjeux
liés à ces différentes stratégies en donnant des réponses sur des questions d’une brû-
lante actualité. Faut-il taxer le capital ou le travail ? Les entreprises ou les ménages ?
Doit-on aller vers un fédéralisme européen en matière fiscale ?
Débats d’actualité
• Le camp des Keynésiens compte des prix Nobel d’économie, comme Joseph
Stiglitz et Paul Krugman, ainsi que des économistes reconnus, comme Jean-
Paul Fitoussi ou même Olivier Blanchard, aujourd’hui chef économiste du
FMI. Leur argument central est que jamais dans l’histoire, une économie n’est
sortie de la dépression par une politique d’austérité comme celle qui est impo-
sée aujourd’hui dans les économies avancées.
• Le camp des non-interventionnistes rassemble également des prix Nobel
(James Buchanan, Edward Prescott et Vernon Smith) ainsi que des macro-
économistes de renom, comme Robert Barro ou David Levine et exerce une
influence très forte dans les institutions internationales (FMI, BCE, OCDE).
Ils contestent l’efficacité des politiques budgétaires de stabilisation et jugent
que la solution pour sortir de la crise actuelle est le désendettement et l’adop-
tion de mesures structurelles pour améliorer le fonctionnement de l’économie
à moyen et long terme.
4 www.bruegel.org think tank dont la direction était assurée jusqu’en mai 2013 par Jean Pisani-Ferry et depuis
par Guntram Wolff.
fluctuations conjoncturelles, celle qui par extension est liée à des mesures volontaires
des autorités publiques. Le CAB permet ainsi de dissocier la part du déficit ayant un
caractère conjoncturel (donc réversible avec le cycle économique et que l’on assimile
le plus souvent au jeu des stabilisateurs automatiques) de celle d’origine structurelle
(réversible uniquement par des décisions des autorités budgétaires).
Ces indicateurs ont comme caractéristique commune d’être des variables inob-
servables et de résulter de diverses méthodes d’estimation sophistiquées. Ils nécessi-
tent le recours à de nombreuses hypothèses et sont par construction contestables, ce
qui laisse la place à de multiples controverses.
5 On appelle élasticité budgétaire le rapport entre la variation d’un impôt et celle de son assiette. Par exemple,
en théorie, si la consommation des ménages augmente de 1 %, les recettes de TVA augmenteront elles-aussi de
1 %. Dans ce cas, l’élasticité est unitaire, comme c’est le cas pour la plupart des impôts à moyen terme. La pro-
gressivité d’un impôt apparait par le biais d’une élasticité supérieure à l’unité.
• Les « fuites » par l’extérieur constituent l’effet d’éviction le plus évident, alors
que Keynes raisonnait largement en 1936 dans un cadre d’économie fermée.
Si la relance budgétaire se traduit par une hausse des importations, l’ampleur
de l’effet multiplicateur en est réduite d’autant. Un tel effet a été clairement
observé lors de la relance opérée par le Gouvernement de Pierre Mauroy en
1981, celle-ci ayant dû être interrompue après l’apparition d’un déficit de tran-
sactions courantes record (4 % du Pib) qui a eu pour résultat la dévaluation
du franc. Un autre phénomène de fuite par l’extérieur possible en économie
ouverte est l’éviction par le taux de change théorisée par Mundell et Fleming 7.
La hausse du taux d’intérêt induite par la politique budgétaire expansive pro-
voque une appréciation du taux de change nominal pour peu que le degré de
mobilité des capitaux soit important. La diminution des exportations nettes
freine alors l’effet de la relance.
Les autres sources d’éviction résultent du comportement des agents privés.
• La réaction des entreprises. En premier lieu, celles-ci n’ont pas nécessaire-
ment la capacité d’accroître leur production en réaction à l’augmentation de
la demande résultant de la relance budgétaire, soit parce qu’elles ne dispo-
sent pas de capacités de production inemployées, soit parce qu’il leur est dif-
ficile d’augmenter très vite leur offre de biens en raison d’une insuffisance
6 T. Haavelmo (1945). Multiplier Effects of a balanced budget, Econometrica, vol. XIII, pp. 311-318.
7 Ces deux auteurs ont publié un ensemble d’articles entre 1960 et 1962 dont les conclusions ont donné nais-
sance au modèle Mundell-Fleming. Voir par exemple, R. Mundell (1961). A Theory of Optimum Currency Areas,
The American Economic Review, Vol. 51, No. 4, pp. 657-665 septembre, et J.M. Fleming (1962). Domestic
Financial Polices Under Fixed and Under Floating Exchange Rates. International Monetary Fund Staff Papers
9, pp. 369-379.
8 Le théorème de l’équivalence ricardienne a été énoncé en premier lieu par David Ricardo, économiste clas-
sique du XIXe siècle, puis repris par R. Barro (1974). Are government bonds net wealth? Journal of Political
Economy, n° 82, pp. 1095-1117.
• Cet impact est direct quand la hausse des déficits est financée par la banque
centrale ou par des emprunts auprès des établissements financiers : ces
créances sur les administrations publiques constituent en effet une des contre-
parties de la masse monétaire.
• Mais l’impact sur la masse monétaire peut exister également quand les États
placent leur dette sur les marchés financiers comme ils le font majoritaire-
ment aujourd’hui. Certes, il s’agit de placements financiers, qui, lorsqu’ils
sont acquis par des agents non financiers, n’entrent pas dans la masse monétaire.
Mais la croissance trop rapide de ces placements financiers peut générer en
retour une accélération de la création monétaire par les banques via les effets
de richesse induits.
La question est d’une actualité brûlante au moment où l’on observe une forte
croissance des liquidités au niveau mondial, qui est en partie le fruit de la croissance
de l’endettement des pays développés. À ceux qui prédisent une remontée de l’inflation
dans les prochaines années en raison de l’excès de création monétaire, les Keynésiens
répondent que la mondialisation a réduit les risques d’une inflation du type de celle
enregistrée durant les années 1970. Cette controverse recouvre un débat connexe qui
est celui des risques réels ou supposés de l’inflation sur la croissance.
9 Pour une présentation complète de ce courant de pensée, voir « La modélisation macroéconomique – conti-
nuités, tensions », Économie et statistique n° 451-452-453, janvier 2013.
l’inconvénient d’être mesuré à partir d’une analyse agrégée qui ne permet pas de
comprendre la complexité des mécanismes de transmission des politiques de dépenses
et de recettes publiques à l’économie. C’est d’ailleurs ce qui avait expliqué la force
des critiques formulées par les monétaristes, puis par les nouveaux classiques, sur le
fait que les effets positifs des relances budgétaires tombaient dès que l’on prenait en
compte les comportements d’anticipation, d’optimisation, les problèmes de crédibi-
lité et d’incohérence temporelle de la politique budgétaire. C’est pourquoi, un cou-
rant qualifié de nouvelle synthèse néoclassique s’est imposé depuis la fin des années
1990 dans l’analyse macroéconomique 10.
À l’origine, les théoriciens de ce courant considèrent que les politiques bud-
gétaires n’ont pas d’impact à long terme sur la croissance, ce qui explique que l’ana-
lyse des multiplicateurs avait pour eux un intérêt limité avant la crise. L’introduction
de l’État dans les raisonnements était surtout motivée par la nécessité d’éliminer les
rigidités nominales et l’accent était mis sur le rôle de la politique monétaire, suppo-
sée réaliser à la fois la stabilité des prix et celle de l’activité grâce à la fixation du
taux d’intérêt de court terme par la banque centrale. Or, la crise va bouleverser cette
vision des choses, au point de suggérer une certaine efficacité des politiques budgé-
taires dans le contexte particulier actuel (voir le paragraphe 1.1.2).
Pour cela, ce courant s’appuie sur des modèles, très complexes, à fondements
microéconomiques et à anticipations rationnelles 11. Ceux-ci combinent le cadre théo-
rique de l’analyse des nouveaux classiques et des néo-keynésiens et se différencient
de Keynes par le fait que l’économie n’est pas en situation de déséquilibre (tous les
marchés sont équilibrés) et que la rigidité des prix et des salaires résulte d’un choix
rationnel de la part des entreprises (parce que la modification des prix se révèle coû-
teuse pour celles-ci et que certains marchés fonctionnent sur le mode de la concur-
rence monopolistique). Les principales conclusions de ces modèles en ce qui concerne
les effets de la politique budgétaire à court terme sont les suivantes :
10 Pour un aperçu des arguments de la nouvelle synthèse néoclassique, voir par exemple M. Woodford (2009).
Convergence in macroeconomics: elements of the new synthesis, American Economic Journal, Macroeconomics,
1(1), pp. 267-279.
11 Ces modèles sont connus sous le nom de modèles d’équilibre général dynamiques et stochastiques (DSGE).
pas au revenu permanent. Cette hypothèse qui rejoint la thèse centrale keyné-
sienne a été avancée pour expliquer l’efficacité des plans de relance budgé-
taire lors de la crise de 2008.
• Lorsque la politique budgétaire est combinée à la politique monétaire (policy-
mix), elles sont complémentaires et se renforcent pour contrecarrer les effets
négatifs des chocs de production, ce qui augmente la taille du multiplicateur.
En revanche, lorsqu’elles jouent en sens opposé en raison d’objectifs diffé-
rents (par exemple quand la politique monétaire doit répondre à un choc infla-
tionniste alors même que la politique budgétaire vise à soutenir la croissance),
la taille du multiplicateur est réduite.
ENCADRÉ 1.1
Les principales méthodes d’estimation du multiplicateur budgétaire
De façon basique, le multiplicateur budgétaire se résume au rapport entre l’augmentation
ex ante du déficit public (qui représente l’action de la politique budgétaire) et l’augmen-
tation induite de la production. Mais une telle observation prise de façon instantanée est
largement insuffisante car il faut impérativement prendre en compte les aspects suivants,
sachant que leur importance est plus ou moins significative selon la méthode d’évaluation
du multiplicateur choisie :
A) La composition des recettes et des dépenses qui constituent le choc budgétaire et
les élasticités de ces agrégats à la croissance. Une des difficultés de mesure du
multiplicateur résulte de la présence de biais de simultanéité. Si le solde budgé-
taire a un impact sur l’activité, les variations de celle-ci ont également un impact
sur le solde public via les stabilisateurs automatiques. Par exemple, une récession
va conduire à de moindres recettes fiscales car les assiettes budgétaires progressent
moins vite, mais cela n’est pas équivalent à une baisse discrétionnaire d’impôt qui
est une politique volontariste de relance. Le multiplicateur concerne seulement ce
second mécanisme. Il est donc nécessaire, pour identifier le choc budgétaire ini-
tial et évaluer le multiplicateur, de tenir compte du positionnement de l’économie
dans le cycle et d’isoler uniquement les mesures discrétionnaires mises en œuvre.
Concernant les élasticités, leur évaluation est également difficile. Empiriquement,
les élasticités ne sont pas constantes dans le temps et peuvent fluctuer en fonc-
tion de nombreux facteurs tels que des changements de comportement des contri-
buables qui ne résultent pas de modifications de la fiscalité (optimisation fiscale
par exemple), ou encore de la position de l’économie dans le cycle. Il convient
donc d’identifier la composition et la durée des chocs de politique budgétaire dis-
crétionnaire et de leur affecter les justes élasticités qui captent à la fois les com-
portements des agents et les caractéristiques du système fiscal d’un pays.
B) Plusieurs paramètres concernant les agents privés : la valeur des propensions mar-
ginales à épargner et à importer, la proportion d’agents confrontés à une contrainte
de liquidité etc., sont des grandeurs centrales pour l’évaluation du multiplicateur.
Leur évaluation est elle-même délicate et dépend notamment du développement et
du fonctionnement des systèmes financiers.
C) Le policy-mix : l’impact des chocs budgétaires sur la production doit être apprécié
par rapport aux autres chocs de politique économique, en particulier ceux résultant
a. C. Romer, D. Romer (2010). The Macroeconomic Effects of Tax changes: Estimates based on a
new measure of Fiscal shocks, American Economic Review no 100 (June), pp. 763-801.
b. O. Blanchard, R. Perotti (2002). An empirical characterization of the dynamic effects of changes
in government spending and taxes on output, Quarterly Journal of Economics 117.
(Smets et Wouters, 2007) c. Les modèles permettent d’abord de raisonner dans un environ-
nement international et bouclé macroéconomiquement. Et ils peuvent soit simuler un choc
budgétaire à partir de l’état actuel de l’économie, soit évaluer ex post la répercussion d’un
choc budgétaire. Enfin, le modélisateur a tout loisir d’intégrer un certain nombre d’hypo-
thèses influant sur l’efficacité du multiplicateur. Le modèle peut par exemple accorder une
place plus ou moins grande à l’équivalence ricardienne, intégrer une politique d’offre de
crédit de la part des banques, ou encore comporter un cadre macroéconomique keynésien
à court terme et des effets classiques à plus long terme. Le débat entre Keynésiens et néo-
classiques se retrouve ainsi au niveau des modèles qui se rattachent plus ou moins à l’une
des deux familles, ce qui ne facilite pas évidemment la recherche d’un consensus.
Ces différentes approches donnent une forte amplitude des résultats. Par exemple,
les effets multiplicateurs aux États-Unis vont de 3,0 pour la méthode narrative à 1,0 pour
le modèle DSGE (J. Creel et al, 2011) d.
c. F. Smets, R. Wouters (2007), Shocks and Frictions in US business cycles: a Bayesian DSGE
approach, American Economic Review, vol 97 n° 3, pp. 586-606.
d. J. Creel, E. Heyer, M. Plane (2011). Petit précis de politique budgétaire par tous les temps – Les
multiplicateurs budgétaires au cours du cycle, Revue de l’OFCE, 2011/1 no 116, pp. 61-88.
12 R. Hemming, M. Kell, S. Mahfouz (2002). The Effectiveness of Fiscal Policy in Stimulating Economic
Activity-A Review of the Literature, IMF working paper, 02/208, December.
13 C. Bouthevillain, J. Caruana, C. Checherita, J. Cunha, E. Gordo, S. Haroutunian, G. Langenus, A. Hubic,
B. Manzke, J. Pérez, P. Tommasino (2009). Pros and cons of various fiscal measures to stimulate the economy,
Banco de Espana economic bulletin, juillet.
• les multiplicateurs de dépenses publiques sont plus élevés – au moins à court
terme – que les multiplicateurs côté recettes. Cette conclusion vient de ce
qu’une partie de l’augmentation du revenu disponible résultant d’une réduc-
tion d’impôts risque d’être épargnée (par les consommateurs et les entreprises
aux revenus et profits les plus élevés qui n’ont pas de contrainte de crédit)
alors que les achats de biens et services par les administrations publiques exer-
ceront quant à eux une incidence directe, exempte d’effets d’éviction, sur la
demande agrégée ;
• au sein du multiplicateur de dépenses publiques, une hausse des transferts
sociaux et des achats de biens et services de l’État est réputée avoir l’effet
le plus fort à court terme. L’argument est symétrique du raisonnement précé-
dent : les revenus de transferts sont destinés pour l’essentiel à des ménages
modestes dont la propension à consommer est particulièrement forte. En
revanche, une relance de l’investissement public semble avoir un effet plus
fort à moyen et long terme, ce qui s’explique par les délais de mise en œuvre
et de montage financier de ce type de programmes, faisant souvent intervenir
à la fois le public et le privé ;
• les multiplicateurs fiscaux augmentent généralement au fil du temps et plu-
sieurs études concluent qu’ils peuvent être plus élevés à long terme que les
multiplicateurs de dépenses publiques. En effet, si les agents économiques
anticipent que la baisse d’impôts n’est pas transitoire, ils seront conduits à
réviser à la hausse leur revenu permanent. La baisse de l’impôt sur le revenu
et de l’impôt sur les bénéfices des entreprises semble exercer l’effet le plus
fort à long terme sur la production ;
• les multiplicateurs budgétaires peuvent significativement différer entre les
phases d’expansion et de récession économique. Cette non-linéarité s’explique
parce que la propension à consommer des ménages, comme la propension à
investir des entreprises, sont influencées par l’état de la conjoncture. D’un
côté, la crise augmente la proportion de ménages en difficulté, dont la pro-
pension à consommer est forte, ce qui jouera favorablement sur la valeur du
multiplicateur. D’un autre côté, les entreprises peuvent éprouver plus de dif-
ficultés à trouver des financements en période de crise, ce qui réduit leur pro-
pension à investir et en conséquence pèse sur le multiplicateur.
La diversité des résultats obtenus dans les études sur la valeur des multipli-
cateurs budgétaires explique pourquoi il n’est pas possible pour un gouvernement de
déterminer ex ante l’efficacité d’une politique de relance tout comme le coût d’une
politique de consolidation. La mesure ne pourra être effectuée qu’ex post et avec
des marges d’incertitude toujours importantes, par le biais du calcul du solde budgé-
taire ajusté du cycle. Cette question revêt une importance particulière dans le cadre
de la gouvernance européenne qui impose aux pays membres un effort d’ajuste-
ment structurel minimum par an pour revenir à l’objectif de solde public de moyen
14 Voir par exemple, S. Bhattacharya, C. Goodhart, D. Tsomocos, A. Vardoulakis (2011). Minsky’s financial
instability hypothesis and the leverage cycle, LSE financial Markets Group, Special Paper 202, septembre.
15 Dans certaines situations de crise, les instruments habituels de la politique monétaire (principalement la fixa-
tion du taux directeur, celui auquel les banques commerciales se refinancent auprès de la banque centrale) peu-
vent devenir inefficaces. On appelle mesures de politique monétaire non conventionnelle l’utilisation d’autres
instruments dont disposent les banques centrales. Elles peuvent augmenter massivement la quantité de mon-
naie en circulation dans l’économie (“quantitative easing” ou assouplissement quantitatif), agir sur la pente de
la courbe des taux, débloquer les marchés de crédit en achetant directement des titres sur ces marchés afin de
peser sur les primes de risque (“credit easing” ou assouplissement des conditions de crédit). Voir « Les mesures
non conventionnelles de politique monétaire », Focus n° 4, Banque de France, avril 2009.
16 Knut Wicksell, un économiste suédois (1851-1926), a développé sa théorie du taux d’intérêt naturel dans un
ouvrage publié en 1898 : Interest and Prices.
par exemple en combinant les mesures suivantes : 1) hausse des impôts sur la consom-
mation (par exemple TVA), 2) baisse des taxes frappant le facteur travail, 3) baisse des
impôts sur les revenus du capital et hausse des crédits d’impôts sur l’investissement.
Cet enchaînement s’explique comme suit : la hausse de TVA modifie le coût marginal
de production anticipé des entreprises qui craignent que la hausse de TVA se traduise
par des hausses de salaire. Cette mesure doit donc être accompagnée d’une baisse des
taxes sur le facteur travail et de hausses des subventions à l’investissement (par exemple
sous la forme de crédit d’impôt) pour avoir un impact sur l’emploi et la production 17.
À l’instar de la politique monétaire non conventionnelle, les économistes qui
préconisent le recours à la politique budgétaire non conventionnelle insistent sur le
fait qu’elle ne peut être que temporaire et que des mesures inverses devront être prises
dès la sortie de crise pour éviter les effets pervers sur l’économie durant la phase de
reprise 18.
De plus, en période de crise, pendant laquelle les contraintes de liquidité
pèsent fortement sur le secteur privé et les agents doivent se désendetter, accroître
la dette publique est un moyen de soutenir l’activité, le temps que les ménages et les
entreprises aient assaini leurs bilans. L’État peut ensuite rembourser sa dette lorsque
la situation conjoncturelle redevient normale. Le fait que le taux d’intérêt nominal soit
à zéro et que la relance budgétaire ait des effets inflationnistes peut donner une effi-
cacité maximale à la politique budgétaire 19.
Le politique budgétaire non conventionnelle reste pour l’instant un objet
de discussion entre théoriciens et sa mise en œuvre ne serait envisageable que si
tous les autres instruments de politique économique avaient perdu de leur effica-
cité. Au Japon, le gouvernement du premier ministre Shinzo Abe issu des élections
de décembre 2012 a adopté une politique qui s’en rapproche avec un objectif expli-
cite de remontée de l’inflation, mais en ayant recours d’abord à la politique moné-
taire non conventionnelle.
17 Voir, par exemple, G. Eggerston (2009). What policy is effective at zero interest rates ?, Federal Reserve of
New-York, Working Paper n° 402.
18 Voir I. Correia, E. Farhi, J.P. Nicolim, P. Teles (2012). Unconventional fiscal policy at the zero bound,
Federal Reserve Bank of Minneapolis, Working Paper n° 698.
19 Voir G. Eggertson, P. Krugman (2012). Debt, deleveraging and the liquidity trap, Quarterly Journal of
Economics, 127(3), pp. 1469-1513.
• d’une part, le solde conjoncturel qui contient toutes les fluctuations liées au
cycle économique : par extension et de façon un peu abusive, on assimile ce
solde à l’action de ce que l’on appelle les stabilisateurs automatiques 20 ;
• d’autre part, le solde ajusté du cycle (Cyclically Adjusted Balance – CAB)
qui contient toutes les autres sources de variation du solde. La correction de
l’impact des fluctuations liées au cycle économique permet ainsi d’isoler dans
cet agrégat toutes les fluctuations qui résultent de la mise en œuvre de poli-
tiques discrétionnaires. Une difficulté vient de ce que le solde ajusté du cycle
absorbe également l’influence d’autres facteurs qui jouaient déjà un rôle signi-
ficatif avant 2008 et qui ont pris de l’ampleur après la crise, en l’occurrence
l’impact des cycles des actifs financiers et immobiliers dont la longueur et
l’amplitude sont différentes de celles du cycle d’activité. Ainsi, dans un rap-
port de 2004 21, l’OCDE signalait déjà que les cycles de ces actifs influençaient
très sensiblement les CAB. Cette influence a été démultipliée par le carac-
tère systémique de la crise financière et son extension à la sphère réelle. Là
encore, c’est de façon abusive que l’on confond le CAB et le solde structu-
rel, ce dernier n’étant censé contenir que les variations résultant des mesures
budgétaires discrétionnaires.
20 La différence entre le solde conjoncturel et les stabilisateurs automatiques vient de ce que le solde conjonc-
turel regroupe toutes les fluctuations liées à la conjoncture, indépendamment de leur caractère automatique ou
pas. Ainsi, le versement de prestations sociales comme le revenu de solidarité active (RSA) en France s’accroit
lorsque l’économie est en phase de récession. L’accroissement de cette dépense fait donc partie du solde conjonc-
turel. Mais il ne s’agit pas d’un mécanisme automatique puisque l’obtention du RSA nécessite une demande
explicite auprès des autorités publiques par le bénéficiaire. De ce fait, la dépense publique finançant le RSA ne
fait pas formellement partie des stabilisateurs automatiques mais pour l’analyse économique on peut tout à fait
l’inclure.
21 OCDE (2004). Cycles des prix des actifs, facteurs exceptionnels et soldes budgétaires, Perspectives
Economiques de l’OCDE (chapitre 6) et pour des développements récents, R. Price et T.T. Dang (2011). Adjusting
fiscal balances for asset price cycles, Document de travail de l’OCDE n° 868.
22 La liste des postes de dépenses inclus dans les stabilisateurs automatiques dépend des législations en vigueur
dans chaque pays. Seules les dépenses qui fluctuent automatiquement, c’est-à-dire sans l’intervention des auto-
rités publiques, en font partie. En France, seules les prestations chômage sont considérées comme faisant partie
des stabilisateurs automatiques.
23 Voir J. In’t Veld, M. Larch, M. Vandeweyer (2012). Automatic stabilizers: what they are and what they do,
European Commission Economic Papers 452.
• en premier lieu, les périodes de creux conjoncturel peuvent s’avérer plus lon-
gues et plus prononcées que les périodes de reprise : de ce fait, le creusement
du solde public en période défavorable ne sera pas intégralement compensé
en période de haute conjoncture. Les économistes ont consacré de nombreuses
études à l’analyse du caractère asymétrique et irrégulier du cycle conjonc-
turel. Leurs travaux montrent que, non seulement les phases de récession et
d’expansion n’ont souvent pas les mêmes durées, mais en outre, les baisses
de production observées dans les creux du cycle sont plus prononcées que les
hausses en période d’expansion ;
• un risque de même nature existe en cas de changements structurels de l’écono-
mie. Ainsi, des ruptures structurelles sur le niveau de la croissance potentielle
autour de laquelle s’enroule le cycle ne pourront être identifiées qu’ex post
car les méthodes à la disposition des économistes permettent difficilement
de faire une prévision fiable ex ante. Le graphique 1.1 ci-après illustre les
dangers pour l’équilibre budgétaire découlant d’une baisse non anticipée du
niveau de la croissance potentielle.
Graphique 1.1
Baisse non anticipée du niveau de la croissance potentielle
Source : figure réalisée par les auteurs
24 S. Deroose, M. Larch, A. Schaechter (2008). Constricted, lame and pro-cyclical? Fiscal policy in the euro
area revisited, European Economy, Economic Papers n° 353. Les stabilisateurs automatiques sont estimés comme
la variation du ratio solde budgétaire/Pib par rapport à l’évolution relative du Pib.
60
50
40
30
20
10
Graphique 1.2
Taille des stabilisateurs automatiques mesurée par le poids des recettes courantes dans le Pib (%)
Source : Perspectives économiques de l’OCDE – printemps 2013
D’autres études empiriques montrent qu’au sein de la zone euro, les stabili-
sateurs s’échelonnent d’environ 0,3 (Espagne) à 0,7 (pays nordiques) en passant par
0,45 pour la France qui se situerait dans la moyenne de la zone. Cette observation jus-
tifie pourquoi les plans de relance adoptés en Europe à l’automne 2008 ont été sen-
siblement moins importants que celui mis en œuvre aux États-Unis (voir partie 1.2),
la force plus élevée des stabilisateurs compensant ce moindre recours à la politique
discrétionnaire.
Cette importance se reflète dans le fait que toutes les grandes institutions (FMI,
OCDE, Commission européenne, SEBC 25) ont développé leurs propres méthodes d’es-
timation du CAB (voir encadré 1.2). S’agissant de l’Union européenne, le CAB a peu
à peu pris une place prépondérante au sein du mécanisme de surveillance des poli-
tiques budgétaires nationales sur la base du mode de calcul de la Commission. Le
pacte budgétaire signé en mars 2012 par les chefs d’État lui donne une consécration
institutionnelle en obligeant les pays membres de l’Union à respecter une règle d’équi-
libre budgétaire – ce qu’il est convenu d’appeler la règle d’or – exprimée sur la base
d’un solde ajusté du cycle (voir chapitre 4).
ENCADRÉ 1.2
Les méthodes d’estimation du CAB
Les méthodes d’estimation du CAB reposent sur les techniques usuelles de décomposition
tendance-cycle d’une série chronologique. En raison du caractère inobservable des deux
composantes, l’une cyclique, l’autre tendancielle, de nombreux débats ont lieu pour sélec-
tionner la méthode la plus adéquate. De fait, il n’est pas possible d’apporter une réponse
unique à ce problème : ce qui est important, c’est de bien comprendre les hypothèses sous-
jacentes de chaque méthode et les caractéristiques que celles-ci confèrent aux deux compo-
santes. Ainsi, certaines méthodes ont assuré à la composante cyclique certaines propriétés
statistiques (comme le fait d’être nulle en moyenne), d’autres privilégieront les propriétés
économiques (méthodes basées sur une fonction de production).
Pour évaluer le CAB, il faut, pour la plupart des méthodes, disposer d’une estima-
tion de la croissance potentielle (voir chapitre 2) et d’élasticités budgétaires. Trois grandes
catégories de méthodes permettent de procéder à cette estimation :
A) Les approches par le biais de filtres statistiques, en particulier le plus utilisé, le
filtre de Hodrick-Prescott. Ces méthodes consistent à répartir dans chaque compo-
sante les fluctuations cycliques en fonction de leurs caractéristiques. Celles dont
la durée est inférieure ou égale à la longueur moyenne des cycles économiques
(8 à 10 ans) sont affectées à la composante cyclique. Les fluctuations cycliques
de longueur supérieure sont affectées à la composante tendancielle. Il existe des
méthodes sophistiquées qui permettent d’affiner cette répartition, mais elles butent
toutes sur le problème des cycles irréguliers et sur les difficultés à mener le calcul
lorsque l’on se situe au milieu du déroulement d’un cycle (effets de bord).
B) Les approches par les modèles statistiques. Elles consistent à estimer les équa-
tions qui décrivent chacune des deux composantes grâce aux propriétés qu’on
leur attribue. Ces méthodes (modèles VAR par exemple) ont pour principale
limite de ne pas reposer sur des fondements permettant l’analyse économique
des résultats.
25 Le Système Européen de Banques Centrales (SEBC) regroupe la BCE et les banques centrales des pays de
l’Union.
C) Les approches dites structurelles. Les plus couramment employées a, elles s’ap-
puient sur l’estimation d’une fonction de production destinée à mesurer la
croissance potentielle. On peut ainsi dégager un écart de production ou output
gap qui constitue l’écart entre le Pib potentiel et le Pib effectivement constaté.
Après évaluation des élasticités budgétaires, on peut comparer le niveau du
solde public effectif avec celui, fictif, que l’on aurait enregistré si l’on se situait
au niveau du Pib potentiel : l’écart représente alors la composante conjonctu-
relle.
Une autre approche dite désagrégée (Bouthevillain et al, 2001) b ne s’appuie pas
sur l’estimation de la croissance potentielle même si elle nécessite de situer des variables
économiques dans leur cycle. Cette méthode demande d’identifier au préalable parmi les
recettes et dépenses publiques celles qui sont sensibles à la conjoncture ainsi que leurs
assiettes. À l’aide d’une moyenne mobile ou d’un filtre de Hodrick-Prescott (HP) ou de
toute autre méthode de décomposition tendance/cycle, on extrait les composantes tendan-
cielle et conjoncturelle des bases fiscalesc. Des élasticités budgétaires propres à chaque
poste de recette et de dépense sont ensuite estimées. La composante conjoncturelle du
solde public se calcule alors par l’addition des composantes conjoncturelles de chaque
poste budgétaire sélectionné. Cette approche, moins usitée d, a l’avantage d’aller plus dans
le détail de la structure du budget et tient compte de la composition de la croissance éco-
nomique plus ou moins génératrice de recettes fiscales mais elle a l’inconvénient de ne
pas s’appuyer sur un cadre macroéconomique intégré.
Quelle que soit la méthode choisie, les marges d’incertitude restent très importantes
car on est obligé de faire des hypothèses fortes qui peuvent faire varier très sensiblement
le résultat. S’agissant de l’approche structurelle, l’estimation du Pib potentiel repose sur
un grand nombre de paramètres (niveau du chômage structurel ou NAIRU, obsolescence
du capital, niveau de la productivité) complexes à estimer car inobservables. La difficulté
n’est pas moins forte s’agissant de l’approche désagrégée car la décomposition tendance/
cycle repose entièrement sur l’hypothèse adoptée ex ante quant à la durée moyenne du
cycle (autour de 8 à 10 ans usuellement) : les résultats seront particulièrement sensibles à
toute modification de ce paramètre.
Cette forte marge d’incertitude constitue un sérieux problème pour l’utilisation de cet
indicateur à des fins opérationnelles, en particulier durant les périodes de retourne-
ment du cycle où la volatilité des résultats sera naturellement plus forte. La diversité
des estimations peut être illustrée en prenant les différentes prévisions publiées pour
la France au premier semestre 2009, donc au début de la crise actuelle (tableau 1.1).
Si l’optimisme des chiffres du programme de stabilité du Ministère des Finances peut
largement s’expliquer du fait que celui-ci a été établi antérieurement aux autres pré-
visions, ces dernières montrent également des différences significatives tant en niveau
qu’en variation.
Tableau 1.1
Des mesures différentes du CAB
Solde total Ministère des Finances – 2,9 – 3,9 + 1,0 – 2,7 – 1,2
OCDE – 3,4 – 6,7 + 3,3 – 7,9 + 1,2
FMI – 3,4 – 7,4 + 4,0 – 7,5 + 0,1
Commission – 3,4 – 6,6 + 3,2 – 7,0 + 0,4
Solde structurel (CAB) Ministère des Finances – 2,4 – 2,7 + 0,3 – 1,4 – 1,3
OCDE – 3,9 – 5,0 + 1,1 – 5,2 + 0,2
FMI – 3,3 – 3,9 + 0,6 – 3,9 0,0
Commission – 4,2 – 5,6 + 1,4 – 5,5 – 0,1
Prévisions pour 2009 et 2010 ; OCDE, perspectives économiques no 85, Juillet 2009 ; FMI, WEO
update, juillet 2009 ; Commission européenne, prévisions de printemps, mai 2009 ; Ministère des
Finances, programme de stabilité 2008-2010, décembre 2008.
Pour les variations de solde, le signe + correspond à une hausse du déficit, le signe – à une réduction.
S’agissant de la crise actuelle, il est encore trop tôt pour mesurer quel sera
l’écart entre les chiffres définitifs et ceux aujourd’hui estimés pour le CAB. Mais on
constate d’ores et déjà au travers des exercices successifs de prévision une forte vola-
tilité des résultats (voir tableau 1.2) qui témoigne de l’incertitude des experts. Et si
le scénario d’une baisse de la croissance potentielle se matérialisait sous l’effet de la
prolongation de la crise (voir chapitre 2), cela conduirait inévitablement à réviser à la
hausse la partie structurelle du déficit.
Tableau 1.2
Solde total et solde ajusté du cycle – France – aux différents exercices de prévision (données Commission)
Par ailleurs, l’indicateur CAB ne considère que le seul cycle d’activité. Or,
comme indiqué précédemment, les assiettes fiscales et certaines dépenses peuvent être
aussi impactées par d’autres cycles dont l’ampleur et la durée sont différentes (immo-
bilier, valeurs financières, matières premières,…). Ces impacts seront imputés à tort
dans la partie structurelle alors que les mesures discrétionnaires n’y sont pour rien.
On sait par exemple que la « bulle immobilière » juste avant la Grande récession avait
généré dans la plupart des économies avancées un surcroît de recettes fiscales (direc-
tement via les droits de mutation ou les impôts fonciers, indirectement par l’effet de
richesse dont les ménages ont pu bénéficier). Ces recettes sont venues améliorer fic-
tivement le CAB, donnant ainsi une image plus favorable de la situation des finances
publiques qu’elle ne l’était réellement. Lorsque le marché immobilier s’est retourné
à partir de 2007, les pays ont connu l’effet inverse avec des moins-values de recettes
fiscales qui sont venues dégrader le CAB.
Un autre résidu pouvant être imputé à tort dans le CAB est constitué par
les mesures budgétaires discrétionnaires qui n’ont pas comme but de stabiliser le
cycle d’activité mais poursuivent d’autres objectifs, comme en particulier amélio-
rer transitoirement le solde public. À condition de pouvoir être identifiées, ce type
d’opérations devrait être classé à part 26 (ni dans le solde conjoncturel, ni dans le
CAB) afin de ne pas brouiller l’appréciation de l’orientation de la politique budgé-
taire. La prise en compte de ces opérations permet le calcul d’un autre agrégat que
la Commission européenne appelle « solde structurel » par opposition au « solde
ajusté du cycle » et qui se limite aux mesures discrétionnaires de correction en lien
avec la conjoncture.
26 C’est ce que la Commission pratique dans le cadre de la surveillance des politiques budgétaires des pays
membres.
Ce diagnostic, qui a fait l’objet d’un très large consensus au niveau des orga-
nisations internationales, a justifié le retour à des remèdes de type keynésien – assou-
plissement simultané des politiques budgétaire et monétaire avec la recherche d’une
coordination – ou à tout le moins d’une coïncidence – entre les pays pour leur mise
en œuvre. Or, le contexte de la crise semblait particulièrement favorable pour que les
multiplicateurs budgétaires obtiennent leur pleine efficacité.
Préface .................................................................................................................. 5
Avant-propos ...................................................................................................... 9
CHAPITRE 1
La politique budgétaire est- elle encore efficace pour lisser
le cycle économique ? ............................................................................... 17
1.1 Un décryptage des arguments théoriques........................................ 19
1.1.1 Les analyses du multiplicateur budgétaire avant la crise de 2008 ............................ 20
A. Le multiplicateur keynésien d’origine ............................................ 20
B. Les facteurs qui limitent la taille de l’effet multiplicateur................... 21
C. Le courant dominant de la nouvelle synthèse néoclassique .............. 23
D. Les difficultés posées par l’évaluation du multiplicateur ................... 25
1.1.2 Le renouveau des analyses théoriques dans la crise actuelle .................................. 30
A. Le multiplicateur et les limites des modèles de la nouvelle
synthèse néoclassique ................................................................ 30
B. La politique budgétaire non conventionnelle ................................. 31
1.1.3 Le solde budgétaire ajusté du cycle : une mesure de l’orientation
de la politique budgétaire ........................................................................ 33
A. Vertus et limites des stabilisateurs automatiques ............................. 35
A.1 Des avantages indéniables… ............................................. 35
A.2 …Qui ne doivent pas pour autant être surévalués. ............... 36
A.3 Quelle est l’importance des stabilisateurs automatiques
dans les pays avancés ? .................................................... 38
B. La mesure du solde budgétaire ajusté du cycle .............................. 39
CHAPITRE 2
Politique budgétaire et croissance de long terme ............................. 71
2.1 Les liens entre crise de la dette et croissance de long terme ......... 73
2.1.1 L’impact de la politique budgétaire sur la croissance à long terme :
les mécanismes à l’œuvre ........................................................................ 73
A. Comment les finances publiques peuvent-elles accroître
la croissance potentielle ? ........................................................... 73
B. L’usage de la politique budgétaire dans une optique
de long terme théorisée par les économistes libéraux ..................... 76
C. Les différents agrégats de finances publiques de long terme ........... 78
C.1 Le niveau et la structure de la dépense publique.................. 78
C.2 La dette publique .............................................................. 83
2.1.2 La soutenabilité : les liens entre politique budgétaire et macroéconomie de long terme .... 88
A. Définition de la soutenabilité budgétaire ...................................... 88
B. Intérêt et limites des indicateurs de soutenabilité budgétaire ............ 92
2.2 Quelles stratégies de désendettement dans la crise ?..................... 93
2.2.1 Les pays avancés se sont écartés d’un modèle équilibré
de croissance de long terme...................................................................... 93
A. Avant la crise, des niveaux de dettes déjà élevés
en temps de paix....................................................................... 93
B. Le choc de la crise aggrave les problèmes
de soutenabilité budgétaire ........................................................ 94
C. Sans mesures correctrices, les projections sur la dette publique
mettent en lumière des évolutions explosives ................................. 96
CHAPITRE 3
Les enjeux de la politique fiscale......................................................... 121
3.1 La fiscalité en temps de crise : une autre approche
de l’arbitrage entre consolidation budgétaire et croissance........ 123
3.1.1 Financer les dépenses publiques : l’exigence d’efficacité du système fiscal ................. 124
A. Fiscalité optimale et neutralité fiscale ......................................... 124
A.1 Le rôle fondamental joué par les élasticités de la demande
par rapport au prix ......................................................... 124
A.2 Privilégier les assiettes plutôt que les taux.......................... 125
B. La prise en compte des questions de la complexité et de l’équité ... 127
C. Les défis de la réforme fiscale ................................................... 128
3.1.2 Orienter les comportements : la fiscalité incitative............................................ 129
A. La fiscalité pigouvienne ............................................................ 129
B. Les défaillances de la correction ................................................ 130
C. Les politiques fiscales d’attractivité ............................................. 131
3.1.3 Réduire la pauvreté et corriger les inégalités : la fiscalité redistributive .................... 133
A. Les vecteurs d’une redistribution efficace .................................... 133
B. Les limites de la redistribution.................................................... 136
CHAPITRE 4
Gouvernance et finances publiques : objectifs et contraintes ...... 181
4.1 La justification des outils de gouvernance :
PSC et autres règles budgétaires..................................................... 183
4.1.1 Pourquoi est-il justifié d’encadrer les politiques économiques ? ............................. 183
A. Coordination entre les politiques économiques ............................ 183
B. Dans une union monétaire, il est nécessaire d’éviter les passagers
clandestins budgétaires (coordination entre gouvernements) ......... 185
C. La déclinaison de ces principes au niveau européen .................... 186
4.1.2 La crise remet au centre des débats la question des règles budgétaires .................... 188
A. Comment justifier la mise en œuvre d’une règle budgétaire ? ........ 188
A.1 L’approche keynésienne : les déficits publics
sont nécessaires pour traverser la crise ............................. 189
CHAPITRE 5
Les interactions entre stabilité financière
et politique budgétaire ........................................................................... 243
5.1 Qu’est-ce que la stabilité financière ?............................................. 244
5.1.1 La stabilité financière : un « bien public » .................................................... 244
5.1.2 Une importance démultipliée par le processus de globalisation financière.................. 245
5.1.3 Les dettes souveraines, une préoccupation nouvelle pour la stabilité financière ........... 246
5.2 Un décryptage des liens entre crise bancaire et crise
de la dette publique .......................................................................... 248
5.2.1 L’impact des crises financières sur les finances publiques .................................... 249
A. L’évaluation des coûts budgétaires d’une crise financière ............. 249
A.1 Faut-il intervenir ? ............................................................ 250
A.2 Comment intervenir ? ....................................................... 250
B. Les plans d’assistance aux banques : typologie des mesures ......... 251
5.2.2 L’impact des crises de dettes souveraines sur le secteur financier ........................... 256
A. Les deux canaux d’exposition du secteur financier ....................... 256
A.1 L’exposition directe ......................................................... 256
A.2 L’exposition indirecte ....................................................... 259
B. La raréfaction des actifs publics de bonne qualité,
un risque systémique pour la stabilité financière internationale ...... 260
C. Les banques centrales : dernier recours face aux conséquences
de la crise de la dette souveraine sur la stabilité financière
internationale ? ....................................................................... 262
5.3 Crise bancaire et crise des dettes souveraines dans la zone euro.... 267
5.3.1 La séquence de la crise ......................................................................... 268
A. Jusqu’en 2010, la crise bancaire ne pèse que marginalement
sur les finances publiques des pays membres .............................. 268
B. À partir du début 2010, de nouvelles tensions dans le secteur
financier ................................................................................. 269
C. Des conséquences au niveau de l’ensemble de la zone euro......... 271
5.3.2 Les voies de sortie de la crise .................................................................. 272
A. Le sauvetage des systèmes financiers en crise dans la zone euro :
les mesures d’urgence .............................................................. 273
A.1 L’extension des missions de la Banque Centrale Européenne ... 273
A.2 L’implication du secteur privé dans les plans
d’aide financière aux États .............................................. 276
B. L’aide européenne directe aux secteurs financiers nationaux
en difficulté ............................................................................. 280
C. Le projet d’union bancaire européenne : une solution pérenne
pour faire face aux risques de crise financière systémique ?.......... 283
CHAPITRE 6
Quel financement pour les dettes publiques
dans la crise actuelle ? ........................................................................... 287
6.1 Le financement par les marchés financiers : avantage
ou inconvénient dans la crise ? ....................................................... 289
6.1.1 Pourquoi les pays avancés sont-ils passés aux émissions de titres négociables ? ........... 289
6.1.2 Les contraintes posées par ce nouveau mode de financement ............................... 294
A. L’égal accès au marché de tous les investisseurs .......................... 294
B. La mesure du risque par les investisseurs .................................... 295
6.1.3 Le paradoxe de la crise actuelle : les marchés financiers ont favorisé la croissance
excessive des dettes publiques et ils sont censés imposer aujourd’hui leur discipline ...... 299
A. Avant la crise actuelle, le risque souverain dans les économies
avancées est jugé inexistant par les marchés .............................. 299
6.2 Existe-t-il des solutions alternatives au financement
sur les marchés financiers ? ............................................................. 303
6.2.1 À partir de quel niveau le risque souverain est-il considéré comme excessif
par les marchés ? ............................................................................... 303
6.2.2 Baisser la charge de la dette ? ................................................................. 305
A. La dominance budgétaire ......................................................... 306
B. La répression financière ........................................................... 310
6.2.3 Baisser la dette tout court ? .................................................................... 313
A. La monétisation de la dette publique .......................................... 313
B. Le défaut souverain .................................................................. 314
6.3 La zone euro à l’épreuve de la crise de la dette ........................... 316
6.3.1 Comment en est-on arrivé à la crise actuelle des dettes souveraines ? ..................... 316
A. Les conséquences de l’entrée dans la zone euro sur l’évaluation
du risque souverain ................................................................. 316
B. À la base de l’hétérogénéité des risques souverains au sein
de la zone euro, la question des divergences de performance
économique ............................................................................ 317
C. Les mécanismes correcteurs n’ont pas fonctionné ......................... 319
D. Le déclenchement de la crise des dettes souveraines .................... 320
6.3.2 Les voies de résolution de la crise ............................................................. 322
A. La mise en place de pare-feu : un problème de capacité .............. 322
A.1 La première question concerne le partage des rôles
entre le FMI et les institutions européennes en charge
de l’assistance financière. ................................................ 325
A.2 La seconde question porte sur le caractère suffisant ou non
des moyens financiers mis à la disposition du MES............ 326
B. L’intervention de la BCE ........................................................... 327
C. La solution des euro-émissions ................................................... 328
D. Un défaut souverain dans la zone euro ? .................................... 331
Glossaire .......................................................................................................... 333
Bénassy-Quéré A., Cœuré B., Jacquet P., Pisani-Ferry J., Politique économique. 3 édition
e
Bergstrom T., Varian H., Exercices de microéconomie - 2. Premier cycle et spécialisation. 2 édition française
e
traduction de la 5 édition américaine par J.-M. Baland, S. Labenne et Ph. Van Kerm
e
2 édition e
Gomez p.-Y., Korine Harry, L’entreprise dans la démocratie, Une théorie politique du gouvernement
des entreprises
Gujarati D. N., Économétrie, traduction de la 4 édition américaine par B. Bernier
e
Jalladeau J., Dorbaire P., Initiation pratique à la macroéconomie. Études de cas, exercices et QCM. 2 édition
e
Krugman P., L’économie auto-organisatrice, traduction de la 1 édition américaine par F. Leloup. 2 édition
re e
Krugman P., Wells R., Microéconomie, traduction de la 2 édition américaine par L. Baechler
e
Mankiw G. N., Taylor M. P., Principes de l'économie, traduction d'Élise Tosi. 3 édition
e
Massé G., Thibaut Fr., Intelligence économique. Un guide pour une économie de l’intelligence
Marciano A., Éthiques de l’économie. Introduction à l’étude des idées économiques
Milgrom P., Roberts J., Économie, organisation et management
Monnier L., Thiry B. (Éds), Mutations structurelles et intérêt général.
Vers quels nouveaux paradigmes pour l’économie publique, sociale et coopérative ?
Mueller C. D., Facchini F., Foucault M., François A., Magni-Berton R., Melki M., Choix publics.
Analyse économique des décisions publiques
Norro M., Économies africaines. Analyse économique de l’Afrique subsaharienne. 2 édition e
Promeuro, L’Euro pour l’Europe. Des monnaies nationales à la monnaie européenne. 2 édition e
Simon C. P., Blume L., Mathématiques pour économistes, traduction de la 1 édition américaine par
re
Stiglitz J. E., Walsh C. E., Lafay J.-D., Principes d'économie moderne. 3 édition,
e
Varian H., Analyse microéconomique, traduction de la 3 édition américaine par J.-M. Hommet. 2 édition
e e
Les politiques
C. Bouthevillain
G. Dufrénot
Ph. Frouté
L. Paul
budgétaires
Les politiques budgétaires sont au cœur de la Carine Bouthevillain
crise d’ampleur inédite qui affecte l’ensemble des
est Docteur en économie et spécialiste des
économies avancées. En même temps, la présence
questions de politiques budgétaires européennes
accrue des questions de finances publiques dans les
dans une grande institution financière publique. Elle
dans la crise
a notamment travaillé sur les liens entre la politique
d’une urgence nouvelles.
budgétaire et la croissance économique.
Cet ouvrage traite de l’actualité des politiques
budgétaires en répondant à une double originalité : Gilles Dufrénot
réunir en un seul volume les principaux est Professeur de Sciences économiques à
arguments théoriques et l’analyse des faits les l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’école
plus notables de la crise et aborder les questions d’économie d’Aix-Marseille (AMSE). Il travaille
de politique budgétaire sous différents angles – sur les questions de la conduite des politiques
macroéconomique, fiscal, institutionnel et financier
– en montrant les multiples interactions entre ces
domaines.
économiques dans les unions monétaires.
Philippe Frouté
Comprendre les enjeux actuels
La démarche des auteurs est d’éclairer les enjeux
actuels et les défis à venir en décryptant des
est Maître de Conférences en Sciences
économiques à la Faculté d’Administration et
et les défis futurs
thématiques complexes dans un langage échanges Internationaux de l’Université Paris
compréhensible par le grand public. De nombreux Est-Créteil et membre du LARGOTEC. Il co-dirige
exemples concrets permettent au lecteur de
s’approprier des concepts et des mécanismes qui
le diplôme universitaire d’études des politiques
internationales.
Carine Bouthevillain • Gilles Dufrénot
sont au centre des débats entre décideurs nationaux
et internationaux, l’accent étant plus particulièrement Laurent Paul
Philippe Frouté • Laurent Paul
mis sur la situation de la zone euro. est diplômé de l’Institut d’études Politiques de Paris Préface de Michel Bouvier
Chacun des six chapitres aborde une thématique et spécialiste des questions de politique budgétaire
particulière et permet au lecteur de progresser selon dans une grande institution financière publique. Ses
son niveau de connaissance, avec l’aide d’encadrés travaux portent notamment sur la dynamique des
approfondissant certains sujets ciblés et de références déficits et dettes publics dans la zone euro.
bibliographiques permettant d’aller plus loin.
Les défis posés par le rôle de la politique budgétaire
pour lisser le cycle économique à court terme,
soutenir la croissance et l’emploi à long terme Compléments en ligne gratuits
et concevoir une fiscalité efficace dans la crise sur le site des auteurs :
sont exposés sans masquer les clivages des • actualités
divers courants de pensée économiques. Les clés
permettant de comprendre la nouvelle gouvernance • éléments bibliographiques
économique européenne instaurée en réponse à complémentaires
la crise sont présentées. Enfin, les deux derniers • éléments pédagogiques
chapitres sont consacrés aux interactions entre crise www.politiques-budgetaires-crise.com
bancaire et crise des dettes souveraines et aux
conséquences des choix effectués pour assurer leur
financement dans les pays avancés.
L’ouvrage s’adresse ainsi aux étudiants de
l’enseignement supérieur (grandes écoles,
instituts d’études politiques, universités), à ceux qui
préparent des épreuves d’économie de concours
administratifs, notamment de la fonction publique
française ou européenne, aux praticiens de la vie
économique – journalistes ou chefs d’entreprise –
et à toute personne soucieuse de comprendre les
enjeux budgétaires dans le monde d’aujourd’hui.
POBUCRI
ISBN 978-2-8041-7674-7
ISSN 2030-501X www.deboeck.com