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L'EFFET DES POLITIQUES BUDGÉTAIRES SUR L'ACTIVITÉ : UNE

FONCTION DES CONDITIONS CONJONCTURELLES ET DU RÉGIME


BUDGÉTAIRE ?
Pierre-Yves Hénin et Pape N. Diaye

La Documentation française | « Economie & prévision »

2001/1 no 147 | pages 73 à 88


ISSN 0249-4744

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Les travaux récents de macroéconomie appliquée
L'effet des ont remis en cause l'importance des effets keynésiens
exercés par la politique budgétaire. Ainsi, les effets
politiques multiplicateurs de la demande globale obtenus par
construction dans les modèles traditionnels,
budgétaires sur s'avèrent peu robustes dans des estimations en forme
réduite.

l'activité : une Une mesure traditionnelle de l'impact d'une


politique budgétaire est fournie par les
fonction des multiplicateurs associés aux grands modèles
économétriques. Actuellement de l'ordre de 1.3 pour
la France(1) (Banque de France et alii, 1998), cette
conditions évaluation est en net retrait par rapport aux travaux
des années 1970. Cependant, on peut estimer avec
conjoncturelles et Blanchard et Perotti (1999, p. 1) que du "fait de leur
structure même, ces modèles postulent plutôt qu'ils
du régime n'estiment un effet de la politique budgétaire sur
l'activité''. Les estimations en forme réduite sont en
budgétaire ? général modestes dans la ligne des résultats obtenus
aux États-Unis dans les années soixante avec
l'équation de Saint-Louis (Andersen et Jordan,
Pierre-Yves Hénin(*) 1968).
Pape N'Diaye(*) L'évaluation en termes de modèles VAR est aussi
limitée. Sur 26 applications de VAR structurels
intégrant un effet budgétaire, recensés dans Hénin
(1997), 7 seulement comportent une variable
budgétaire dont l'innovation contribue de 6 à 20 % à

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la variance des erreurs de prévision du PIB à
l'horizon de un an. Sur données françaises, Bruneau
et de Bandt (1996) comme Bac, Méary et Sobczak
(1997) obtiennent des coefficients non significatifs
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aux seuils usuels pour les variables budgétaires.


Blanchard et Perotti (1999), utilisant des variables
indicatrices pour identifier les chocs fiscaux
majeurs, obtiennent pour les États-Unis des effets de
la dépense et des impôts du signe traditionnellement
attendu, mais avec des multiplicateurs faibles,
associés à une éviction significative de
l'investissement privé.

Différents arguments théoriques viennent d'ailleurs


étayer cette relativisation des mécanismes
traditionnellement privilégiés. Pourtant, les
arguments "classiques" de neutralité, voire d'effets
pervers des mesures budgétaires sur l'activité, ne
reçoivent de justifications théoriques que sous des
hypothèses très restrictives et ne peuvent s'appuyer
que sur une évidence empirique fragile ou des
conditions très particulières.

Dans ce débat souvent peu concluant, des arguments


particulièrement intéressants suggèrent que les
interactions entre variables budgétaires et activité
macroéconomique peuvent n'être ni symétriques, ni
homogènes dans le temps. Ainsi, les contraintes
financières des consommateurs peuvent être plus
resserrées en récession, ce qui y renforcerait le jeu
(*) Université de Paris I – EUREQua et Cepremap. des mécanismes keynésiens. Alternativement, l'effet
stimulant du déficit sur l'activité pourrait se
Économie et Prévision n°147 2001-1 retourner en cas de déficit excessif ou de dette

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publique élevée qui induirait des anticipations de Tous les paramètres peuvent a priori dépendre de la
hausse des impôts(2). Il peut être ainsi justifié de valeur prise par l'indicatrice s t ={0, 1} de régime,
reformuler les interactions entre le déficit budgétaire limité ici à deux états possibles :
et l'activité comme dépendant de régimes,
conjoncturels ou budgétaires, et non pas comme (2) m s (t ) = a 0 + a 1 s t
invariantes dans le temps.
(3) j i , s (t ) = j i , 0 + j i ,1 s t
La présente étude retient dans ce sens la
formalisation proposée par Hamilton (1988, 1989) (4) l i , s (t ) = l i , 0 + l i ,1 s t
où la transition entre les régimes suit un processus
markovien. Sur quatre des grandes économies de (5) s s (t ) = s 0 + s 1 s t
l'OCDE, on considèrera des estimations d'une
équation réduite de l'activité en fonction du solde La perturbation e t étant posée iid normale N (0,1),
primaire, en fonction d'abord de régimes l'équation (5) autorise une hétéroscédasticité
conjoncturels -expansion et récession- puis de conditionnelle au régime. L'équation (2) décrit un
régimes croisés, associant à cette typologie changement possible du terme constant, l'équation
conjoncturelle deux états de la politique budgétaire : (3) permet un changement dans la composante
''équilibre'' ou ''déficits''. On introduira d'abord la auto-régressive de l'écart conjoncturel et donc de la
méthodologie des modèles à changement de régime persistance du cycle. L'équation (4) surtout, autorise
''markovien'' et les spécifications retenues pour la l'impact du solde primaire sur l'activité à différer
présente étude. On présentera ensuite les résultats selon la phase du cycle(3).
pour chacun des quatres pays considérés, avant de
conclure sur quelques remarques plus synthétiques. Dans les conditions privilégiées par l'approche
On trouve que les coefficients estimés du ratio de keynésienne, une réduction du solde exerce un effet
solde primaire dans les équations d'activité font de stimulation de la demande et donc de l'activité que
apparaître une majorité de cas classiques, du moins à doivent traduire des coefficients l i négatifs(4). À ces
court terme. En revanche, les enchaînements effets keynésiens s'opposent la thèse classique d'un
dynamiques sont plus compatibles avec une logique effet positif de la consolidation budgétaire (l i
keynésienne, les régimes de rigueur budgétaire étant positifs). Remarquons cependant que cette

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plus fréquemment suivis d'une dégradation caractérisation traditionnelle de la thèse classique,
conjoncturelle. fondée sur la domination d'effets d'éviction,
demanderait à être nuancée au regard des
développements théoriques contemporains.
L'argument d'équivalence ricardienne conduit en
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effet à prévoir la neutralité du solde, soit l i = 0 à


Une stratégie d'évaluation comparative dépenses courantes et anticipées données, tandis que
des effets de la politique budgétaire dans le cas où la dégradation du solde résulte d'une
augmentation imprévue des dépenses, l'argument de
Barro (1981) d'un effet de revenu s'exerçant sur
La présente étude vise à évaluer dans quelle mesure l'offre de travail conduit à attendre un effet de
les effets de la politique budgétaire sur l'activité stimulation de l'activité (l i négatifs). Nous
dépendent de la phase conjoncturelle considérée garderons cependant dans les commentaires
-expansion ou récession- ou plus généralement de l'opposition terminologique traditionnelle entre
régimes dont la définition croise cette situation effet keynésien (les déficits stimulent l'activité) et
conjoncturelle avec l'orientation de la politique classique (effets négatifs).
budgétaire en termes d'équilibre budgétaire ou de
déficits. Nous présenterons d'abord le cas d'un Pour rendre opérationnelle la spécification ( 1-5) , on
modèle à régimes conjoncturels. posera, à la suite de Hamilton (1988, 1989) que
l'indicatrice s ( t) suit un processus markovien du
Représentation et estimation d'un modèle à premier ordre.
changements de régime markovien
On retiendra pour examiner les effets de la politique (6) Prob ( s t | s t -1 , s t - 2 ,...) = Prob ( s t | s t -1 ) avec
budgétaire sur l'activité l'expression suivante :
(7) Prob ( s t =1 | s t -1 = 1) = p ,
k k
(1) y t = m s (t ) + å j i , s (t ) y t - i + å l i , s (t ) b t - i + s s (t ) e t Prob ( s t = 0 | s t -1 = 1) = 1 - p
i =1 i =1

(8) Prob ( s t = 0 | s t -1 = 0) = q ,
où y t est une mesure stationnaire de l'activité (écart
conjoncturel) et b t le solde budgétaire primaire. Prob ( s t =1 | s t -1 = 0) = 1 - q

74
On notera alors P la matrice des probabilités de Des procédures de test spécifiques au modèle à
é p (1 - q )ù régimes de Hamilton sont présentés dans Hansen
transition P = ê . (1992) et Hamilton (1996). Pour le test de
ë(1 - p ) q úû
l'hypothèse nulle d'un AR(1) linéaire contre
l'alternative d'un modèle à changement de régime
La probabilité de quitter le régime ''1'' est constante et markovien, affectant la seule constante, Hansen
égale à 1- p. La durée de vie moyenne de ce régime est (1992) détermine une borne pour la distribution
donc 1/( 1- p) . Similairement, la durée moyenne du d'une statistique supLR, du maximum du rapport de
régime ''0'' est 1/( 1- q). Une condition de symétrie est vraisemblance sur une grille de paramètres de
donnée par p = q, les deux régimes étant alors nuisance comprenant à la fois le terme constant
également persistants. changeant entre les régimes et les probabilités de
transition. L'utilisation de cette statistique s'avère
Le processus ainsi défini étant ergodique, l'effet des extrêmement lourde en pratique et de fait les
conditions initiales sur l'état du système s'estompe applications qui y recourent restent rares. Garcia
avec le temps. (1998) justifie l'usage d'une statistique supLR, du
maximum du rapport de vraisemblance pour un
La probabilité d'observer le régime 1 balayage limité à la probabilité inconditionnelle (ou
indépendamment des états intermédiaires, tend vers ergodique) d'un état, pour un modèle à deux états(5).
une constante p, égale à la probabilité d'être C'est ce test que nous avons mis en oeuvre dans les
précédemment dans ce régime et d'y rester ( pp) plus cas qui le permettent (modèles univariés à deux
la probabilité d'être antérieurement en 0 et d'en sortir régimes).
[(1 - q )(1 - p )]
Les premières applications d'un modèle de type (1)
d ' o ù p = (1 - q ) (2 - p - q ) i n t e r p r é t a b l e a u s s i ont été effectuées par Hamilton (1988) sur le taux
comme la probabilité inconditionnelle du régime 1. d'intérêt et Hamilton (1989) sur le taux de croissance
D'après la propriété d'ergodicité, on aura : du PNB américain, les régimes considérés
correspondants alors respectivement à l'expansion
æ p ö æ p ö (taux de croissance fort) et la récession (taux de
ç ÷ = Pç ÷
è1 - p ø è1 - p ø croissance faible)(6). Des applications

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internationales comparatives, du type de celle que
L'estimation du processus ( 1) repose au contraire nous proposons ici, du modèle conjoncturel de
sur la probabilité de réalisation d'un régime Hamilton ont été proposées par Goodwin (1994) et
conditionnellement aux états précédents du système. Rabault (1994), ces deux auteurs soulignant l'intérêt
de la méthode qui permet souvent une datation
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Comme s t n'est pas observable, cette probabilité doit


être exprimée conditionnellement à l'observation satisfaisante des cycles, mais aussi sa fragilité, qui
des réalisations passées de la variable y t ce qui sur données comparatives, vient limiter la
nécessite le recours à un algorithme de filtrage. signification des différences affectant les
estimations par pays.
L'estimation du modèle s'effectue alors par la
maximisation de la vraisemblance des observations, Le formalisme du processus markovien
l'état du système constituant une variable latente s'accommode de modèles comportant plus de deux
dont la valeur est prédite par un filtre approprié. régimes. Dans le cadre initial des représentations de
la dynamique conjoncturelle du PNB américain,
La probabilité de la réalisation d'un état à une date Filardo (1994) a ainsi introduit un troisième régime,
donnée, conditionnellement à l'ensemble de représentatif de la phase de reprise, où la croissance
l'information apportée par l'échantillon, peut alors du produit est plus rapide que dans la phase
être calculée par un algorithme de lissage : c'est d'expansion installée.
l'examen de ces probabilités qui fonde l'inférence
qualitative sur la nature du régime que l'on estime Des extensions multivariées : MS-VAR et ''régimes
s'être réalisé à chaque période. croisés''
Le formalisme des modèles à changement de régime
Le modèle (1) étant linéaire pour des valeurs markovien peut également s'appliquer à l'estimation
données des s t , les tests usuels posséderaient leur d'une dynamique multivariée entre variables
propriété standard si l'ensemble des régimes étaient d'intérêt. Une extension spontanée de (1) est ainsi
connus ou observables. En fait ces régimes (ou constituée par un système VAR(7) associant l'équation
plutôt, leur probabilité) sont estimés conjointement à (1) et l'équation suivante du solde b t
l'ensemble des paramètres du système. Ainsi les
paramètres du modèle complet ne sont pas k k
identifiables sous l'hypothèse nulle d'un régime (9)b t = v s (t ) + å y i , s (t ) y t - i + å z i , s (t ) b t - i + s gs (t ) ht
unique : le terme constant, par exemple, est alors une i =1 i =1

combinaison quelconque des a 0 et a 1 , ne permettant


pas de déterminer ces coefficients.

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tout ou partie des coefficients du VAR, y compris la régime budgétaire, ( n1 en Rbe et Ebe, n2 en Rdb et
matrice de variance covariance des innovations Edb).
W = E(e t , ht )(e t , ht ) dépendant de l'indicatrice de
régime s ( t ). Une modélisation MS-VAR de ce type Il convient de remarquer que ce critère
a été appliquée par Garcia et Perron (1996) au d'identification a priori ne garantit pas la satisfaction
processus joint taux d'inflation - taux d'intérêt ou par du critère a posteriori, portant sur l'espérance de
Kugler (1996) à la courbe des taux en fonction de variables endogènes conditionnellement au régime
régimes de la politique monétaire. que l'estimation permet d'identifier soit :

Une spécification particulièrement pertinente d'un (11) E ( y t / s = 1,2) > E ( y t / s = 3, 4) et


MS-VAR en bivarié retient l'hypothèse de quatre
régimes définis par le croisement de deux états de E ( g t / s = 1,3) > E ( g t / s = 2, 4) et
caractéristiques propres à chaque variable. Phillips
(1991) introduit ainsi un modèle de transmission des Par exemple la condition n2 < n3 , que la constante de
fluctuations entre les États-Unis et leurs grands l'équation de solde en régime ''2'' (expansion et
partenaires considérés successivement. Les quatre politique de déficit) soit supérieure à sa valeur en
régimes sont alors définis comme expansion régime ''3'' (récession et politique d'équilibre) ne
américaine - expansion étrangère, expansion suffit pas à assurer que l'espérance du solde en ''2''
américaine - récession étrangère, récession excède son espérance en ''3'' car cet écart entre les
américaine - expansion étrangère et finalement constantes peut être dominé par la contribution des
récession américaine et à l'étrange. Phillips (1991) autres régresseurs. Dans l'application qui suit, on
montre que la matrice P de format ( 4,4) des imposera a priori les conditions d'identification (10).
probabilités de transition est alors particulièrement Si elles sont validées a posteriori par les conditions
informative sur l'existence et la symétrie des (11), on conservera cette spécification. En cas de
mécanismes de transmission conjoncturelle. conflit de critères, on estime le modèle sans
restriction sur les constantes et on identifie les
Dans le contexte de la présente étude, le modèle (1) régimes sur la base des espérances conditionnelles
conditionnant l'impact du solde sur l'activité par la selon les conditions (8).
phase conjoncturelle peut ainsi être étendu à

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l'hypothèse d'un double conditionnement des Cette discussion sur l'identification des régimes est
coefficients l i , d'une part par la situation importante en particulier en matière budgétaire.
conjoncturelle (E ou R, pour expansion ou récession) Notre interprétation en termes d'orientation de la
et, d'autre part, l'orientation de la politique politique budgétaire est justifiée dans la mesure où
les effets conjoncturels automatiques sont
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budgétaire caractérisée par l'opposition entre


équilibre budgétaire (eb) et déficit (db). On appréhendés pour les y i , s (t ) dans l'équation 9. Dans
désignera ainsi les quatre régimes de ce modèle la pratique, on peut douter que l'effet estimé de l'écart
généralisé par les abréviations évidentes (1, 2, 3, 4) conjoncturel suffise à rendre compte de la
(Ebe , Edb , Rbe , Rdb ) du régime ''1'' expansion de composante endogène du solde. De ce fait, la
l'activité et politique d'équilibre budgétaire ( Ebe ) au typologie obtenue combine cette orientation
régime ''4'' combinant récession et politique discrétionnaire et des effets conjoncturels résiduels.
budgétaire permissive (Rdb).

L'identification en ces termes des régimes résultant


de l'application empirique de l'algorithme de Stratégie de l'étude empirique
Hamilton repose sur un critère a priori mais aussi sur
un critère a posteriori.
La stratégie d'exploration empirique adoptée pour
L'identification a priori des régimes est assurée par l'étude consiste à estimer successivement, pour
les restrictions suivantes sur les termes constants des chacun des quatres pays considérés, trois variantes
équations (1) et (9) où les indices se réfèrent aux de l'équation (1) dans le cadre d'un VAR bivarié :
régimes dans l'ordre précité(8). i) un modèle linéaire, à régime unique, estimé sur
l'ensemble de l'échantillon disponible. L'estimation
(10) m 1 = m 2 > m 3 = m 4 et de l'équation (1) par les MCO n'est pas affectée par
son intégration dans un VAR, qui nous servira
n1 = n2 > n3 = n4 seulement à calculer la log vraisemblance du
système sous l'hypothèse nulle, reportée dans les
Ces restrictions imposent la même valeur de la tableaux 1 à 4 ;
constante m 1 de l'équation d'écart conjoncturel pour ii) un modèle à changement de régime markovien, à 2
les deux régimes d'expansion (Ebe et Edb) régimes conjoncturels (expansion et récession, notés
(respectivement m 3 en récession). De même la E et R ) ;
constante de l'équation du solde ne dépend que du iii) une spécification où l'équation (1) est estimée
dans le cadre d'un MS-VAR de la dynamique jointe de

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l'écart conjoncturel et du solde, avec les quatre
régimes ''croisés'' introduits plus haut (Ebe, Edb, Les résultats empiriques pour la France
Rbe, Rdb).
La dynamique de changement de régime, Les résultats empiriques sur données françaises font
intervenant dans les cas ii) et iii), étant estimée dans l'objet du tableau 1. La première colonne rapporte
le cadre du VAR, l'équation du solde (9) contribue à la l'estimation par les MCO de l'équation (1) sur
détermination de la dynamique de l'activité. l'ensemble de l'échantillon (1965.1 à 1996.4)(11). Par
Toutefois, compte tenu du sujet de cette étude, nous définition l'ensemble des observations (123, compte
ne reporterons et ne commenterons que les résultats tenu de retards) est classé dans un régime unique. Les
relatifs à l'équation (1) de l'écart conjoncturel. moyennes conditionnelles sont alors égales à la
moyenne empirique de l'écart conjoncturel et du
L'estimation des modèles à changement de régime solde primaire sur cet échantillon. Sur la base de tests
markovien (MS) a été réalisée en utilisant le logiciel de Student, on ne peut rejeter l'hypothèse de nullité
de Warne (1997) qui autorise une gamme de des coefficients du solde primaire retardé de un et
restrictions alternatives dans un MS-VAR. On peut deux trimestres, l'écart conjoncturel suivant alors
ainsi poser l'identité entre régimes des coefficients simplement un processus autorégressif AR(2).
autorégressifs des termes constants et/ou des
variances-covariances résiduelles. Les restrictions Les résultats du modèle MS à deux régimes
sur les constantes ont été utilisées comme critère conjoncturels sont rapportés aux colonnes suivantes.
d'identification a priori comme indiqué ci-dessus. Cette spécification conduit à une très sensible
On a renoncé à contraindre les coefficients augmentation de la vraisemblance.
autorégressifs directs (j i , s (t ) ) ou en particulier Malheureusement, le comportement de la statistique
croisés (l i , s (t ) ) sur lesquels portent l'essentiel de du rapport de vraisemblance de ce modèle contre
l'information recherchée. l'hypothèse nulle du VAR linéaire est dans ce cas non
standard et aucun test connu ne peut s'y appliquer.
Compte tenu du nombre des paramètres à estimer Cependant, dans le cas simplement autorégressif où
dans les spécifications les plus riches, on a les variables de solde sont exclues, on a pu tabuler le
systématiquement fixé à deux retards (k = 2) la test de Garcia (1998) qui permet de rejeter très
dimension autorégressive des modèles. Les tests

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nettement l'hypothèse nulle du modèle linéaire (à un
d'autocorrélation, non reportés dans les tableaux qui seul régime). Sans constituer une procédure de test
suivent, permettent généralement de conclure que ce stricto sensu, l'examen du critère d'Akaïke AIC
nombre est suffisant. semble indiquer que le modèle à régime conjoncturel
n'est pas surparamétrisé puisque le gain en
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L'étude empirique, engagée sur les 6 ''majors'' de vraisemblance excède la pénalisation associée à
l'OCDE, a été menée à bien sur quatre pays : la l'estimation de 10 paramètres supplémentaires (5
France, les États-Unis, le Royaume-Uni et le coefficients, 2 probabilités de transitions
Canada. Au-delà des problèmes proprement indépendantes et 3 paramètres de variance-
statistiques de correction des données allemandes, il covariance). On est donc fondé à penser que le
est apparu que l'importance des modifications modèle à régime domine le modèle linéaire.
structurelles et politiques introduites par la
réunification ne permettait pas de poser l'hypothèse L'identification des régimes (expansion et récession)
de probabilité de transition constantes sur la période. satisfait le critère d'espérance conditionnelle,
L'estimation des modèles considérés ici sur données comme l'inégalité relative aux termes constants de
japonaises a été abandonnée après des premiers l'équation (m 1 > m 2 ) . En récession, l'activité est en
résultats qui faisaient apparaître une instabilité moyenne inférieure de 2,33 ( 0,72- ( -1,61)) points
excessive(9). de PIB à son niveau d'expansion.
La variable d'activité retenue est une mesure de 82 points sont classés en expansion (soit 67 % des
l'écart conjoncturel, soit la composante stationnaire observations, ce qui est proche de la probabilité
du logarithme du PIB résultant de l'application du inconditionnelle ou ergodique, p, de ce régime de
filtre de Hodrick-Prescott avec le coefficient de 70%) contre 40 en récession. La typologie
pondération l =1600 habituel au pas trimestriel. Les conjoncturelle reportée en tableau AF, en annexe,
données de PIB en volume ont été tirées de la base s'avère très proche de celle présentée dans des
''IFS'' du FMI. Les données budgétaires de cette base travaux récents, tels que ceux de Allard (1994). La
ne permettant pas le calcul d'un solde primaire, on a matrice de probabilité de transition indique qu'un
retenu la série de solde primaire de l'OCDE, trimestre d'expansion est suivi dans 82 % des cas par
trimestrialisée par le NIESR dans le cadre de la base un trimestre d'expansion, un trimestre de récession
de données du modèle multinational NIGEM(10). dans 75 % des cas par un autre trimestre de récession,
soit des durées moyennes respectives de 9,1
trimestres et de 4 trimestres.

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Tableau 1 : résultats France

Modèle équation
Linéaire échantillon Régimes conjoncturels Régimes "Croisés"
complet
Variable E R Ebe Edb Rbe Rdb
Constante -0,10 0,648* -1,62* 0,541* 0,541* -0,793* -0,793*
(0,14) (0,12) (0,13) (0,06) (0,06) (0,09) (0,09)
0,177* 0,09 -0,088 0,997* 0,069 -1,15* 0,554*
yt-1 (0,13) (0,09) (0,7) (0,09) (0,18) (0,06)
(0,09)
0,245* 0,227* 0,02 -0,275* 0,489* 0,70 0,551*
yt-2 (0,08) (0,08) (0,10) (0,07) (0,10) (0,17) (0,04)
0,040 0,321+ 0,543* 0,857* -0,081 2,05* -0,428*
bt-1 (0,09) (0,19) (0,24) (0,14) (0,18) (0,24) (0,14)
0,135 -0,08 -0,32 -0,521* 0,301+ -1,94* 0,039
bt-2 (0,08) (0,18) (0,23) (0,12) (0,18) (0,22) (0,18)

Multiplicateurs
- 0,321 0,543 0,857 -0,081 2,05 -0,428
R1
- -0,051 -0,369 0,333 0,295 -4,29 -0,198
R2 - -0,007 -0,011 0,069 0,143 -10,32 -0,301
R4
Proba. inconditionnelle 1 0,70 0,30 0,34 0,38 0,18 0,10
Nbre d'Observations 122 82 40 44 42 13 23
Proba. de transition - 0,89 0,25 0,62 0,0 0,32 0,55
0,14 0,85 0,00 0,05
0,11 0,75 0,19 0,03 0,09 0,07
0,05 0,12 0,59 0,33
Moyenne conditionn.
de y -0,08 0,72 -1,61 0,52 0,89* -0,92 -0,73
[de b] [-0,17] [-0,14] [-0,28] [-0,02] [-0,18] [-0,56] [0,09]

Log. vraisemblance

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-453,8 -234,6 -183,4
AIC 7,75 4,24 3,84
F test 0,123 0,600
(niveau) (0,73) (0,66)
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NB : les notations * désignent un coefficient significatif à 5 %, un + un coefficient significatif à 10 %.

L'examen des coefficients estimés par régime fait dispose pas de test du rapport de vraisemblance
apparaître un contraste très significatif entre les applicable à ce cas plus général que ceux étudiés par
termes constants, mais un effondrement de la Garcia (1998), la réduction de l'AIC par rapport au
composante autorégressive propre aux régimes. En modèle à deux régimes conclut que cette
revanche, les coefficients du solde sont maintenant spécification n'est pas sur-paramétrisée.
significatifs à un retard. Ils appréhendent un effet
positif, donc de nature classique selon la Au-delà des coefficients du solde dans l'équation
terminologie discutée précédemment pour le cas où d'activité, nous avons reporté au tableau 1 les valeurs
une amélioration du solde est favorable à l'activité. des multiplicateurs dy t / db t -1 , à un horizon de 1, 2 et
4 trimestres R1 , R 2 et R 4 . Les multiplicateurs
Le conditionnement par les phases conjoncturelles indiquent la réponse de l'écart conjoncturel à une
permet donc, contrairement au modèle linéaire, de variation temporaire du solde, compte tenu de la
dégager un effet budgétaire, effet de type classique. dynamique autorégressive (12) . Ainsi la réponse
classique à l'impact, plus importante en récession
Les résultats du modèle à 4 régimes croisés semblent (0,54 point de PIB pour 1 point d'amélioration du
valider cette représentation plus riche de la solde) fait place à l'horizon d'un trimestre a un effet
dynamique jointe du PIB et du solde. Si l'on ne keynésien également transitoire.

78
De plus, les restrictions identifiantes posées sur les
constantes ne sont pas rejetées par le F-test Résultats : États-Unis
approprié.

Le poids relatif des régimes d'expansion n'est pas Les résultats obtenus sur données américaines pour
sensiblement modifié (72 observations au lieu de la période 1972.1 à 1996.4 sont également
70). 57 observations (soit 47 %) sont classées en favorables aux spécifications à changement de
régimes d'équilibre budgétaire, soit la moitié des régime.
trimestres d'expansion mais seulement un tiers
(13/36) des trimestres de récession. Le modèle linéaire, à régime unique, comporte des
coefficients non significatifs pour le solde, mais par
La faible occurence de certains régimes suggère contre une dynamique autorégressive très
qu'ils correspondent à des situations de transition, persistante de l'écart conjoncturel.
comme le confirme l'examen de la matrice des
probabilités de transition. La probabilité de rester en Le modèle à régime conjoncturel autorise une nette
régime de récession avec budget équilibré (Rbe) n'est augmentation de la vraisemblance, qui domine la
ainsi que de 9 %, soit une durée moyenne de 1,1 pénalisation associée aux paramètres
trimestre. Dans 59 % des cas, le régime est suivi de supplémentaires dans le calcul de l'AIC. La
déficit, avec récession persistante ( Rdb ) et dans 32% typologie conjoncturelle associée classe les 3/4 des
d'un retour à l'expansion avec maintien de l'équilibre observations en expansion et le quart en récession.
budgétaire. Le régime associant récession et déficit Cette typologie, reportée sur le graphique en annexe,
est un peu plus stable (33 % de probabilité de survie est conforme aux classifications standard. Elle
et donc une durée moyenne de 1,5 trimestre). Dans s'avère cependant plus sensible, en détectant une
55 % des cas, ce régime est suivi d'un double série de récessions secondaires (en 1980, 84, 90, ...)
retournement conjoncturel (vers l'expansion) et trop courtes pour être retenues dans les typologies
budgétaire (vers l'équilibre). usuelles. De ce fait, la durée moyenne des périodes
d'expansion est limitée à 7,2 trimestres, la durée
On note également que la probabilité de rester en moyenne des récessions à 2,2 trimestres.
expansion est plus grande (0,85) en cas de déficit que

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d'équilibre (0,76 = 0,62 + 0,14). Plus étonnante est Les équations de l'écart conjoncturel n'appréhendent
l'observation que la restauration du régime pas d'effet budgétaire en expansion, mais à 2
d'équilibre budgétaire accompagne une reprise et ne trimestres de retard, un effet keynésien en récession
s'effectue pas au cours d'un épisode d'expansion. qui persiste à un niveau élevé avec un multiplicateur
de l'ordre de -1 à 4 trimestres.
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Les coefficients estimés par régime pour l'équation


de l'écart conjoncturel délivrent un message assez L'estimation du modèle à 4 régimes se traduit par un
contrasté. En situation de récession et déficit (Rdb), gain moins net en terme de vraisemblance, en
l'impact négatif du solde est compatible avec un effet particulier compte tenu de la pénalisation pour le
keynésien persistant. Une réponse classique, du nombre de paramètres par le calcul de l'AIC, mais on
moins à court terme, est obtenue dans les régimes ne dispose pas de procédure formelle de tests d'un
d'équilibre budgétaire, voire même en expansion modèle à 4 régimes contre sa restriction à 2 régimes.
avec déficit. En expansion et équilibre (Ebe) par
exemple, une amélioration d'un point du solde Des 76 % d'observations en expansion, 60 % (46)
primaire accroître l'activité de 0,86 point de PIB à un sont classées en équilibre budgétaire et 40 % en
trimestre, mais seulement de 0,34 à un horizon de 2 déficit. Cette proposition d'occurence de l'équilibre
trimestres. La réponse de l'activité en récession et budgétaire serait plutôt supérieure parmi les régimes
équilibre budgétaire ( Rbe) est fortement divergente. de récession (16/23).
On notera que cette forme d'instabilité propre à un
régime ne remet pas en cause la stabilité globale du Les phases d'expansion en équilibre (Ebe) sont un
modèle, puisque la durée moyenne de ce régime est peu plus durables (4 trimestres) que les phases
faible ( environ 1,5 trimestre). associant expansion et déficit (3 trimestres), mais la
probabilité cumulée de rester en expansion est
sensiblement indépendante du régime budgétaire.
Contrairement au cas français, le régime de
récession avec équilibre budgétaire est plus stable
que la récession avec déficit. Ceci est compatible
avec un effet keynésien, la probabilité de retour à
l'expansion étant de 0,40 (0,31 + 0,09) en cas de

79
Tableau 2 : résultats États-Unis

Modèle équation
Linéaire échantillon Régimes conjoncturels Régimes "Croisés"
complet
Variable E R Ebe Edb Rbe Rdb
Constante
0,026 0,200* -0,462* 0,312* 0,312* 0,838 -0,838
(0,08) (0,07) (0,11) (0,07) (0,07) (0,09) (0,09)
yt-1 1,140* 0,899* 0,828* 0,757* 0,757* 0,706 0,706
(0,11) (0,09) (0,11) (0,12) (0,12) (0,10) (0,10)
yt-2 -0,23+ -0,173* 0,115 -0,191+ -0,191+ 0,097 0,097
(0,12) (0,07) (0,13) (0,10) (0,10) (0,16) (0,16)
bt-1 -0,085 0,124 0,263* 0,038 0,295 0,275? 0,344*
(0,16) (0,13) (0,15) (0,10) (0,21) (0,17) (0,17)
bt-2 -0,115 0,133 -1,54* 0,321* 0,297+ -0,923* -1,82*
(0,160) (0,09) (0,19) (0,09) (0,17) (0,25) (0,23)
Multiplicateurs

R1
- 0,124 0,263 0,038 0,295 0,275 0,344
R2
- 0,245 -1,322 0,351 0,520 -0,729 -1,577
R4
- 0,138 -1,059 0,252 0,157 -0,414 -0,915

Proba. inconditionnelle 1,0 0,76 0,24 0,46 0,30 0,17 0,07

Nbre d' observations 97 74 23 43 31 16 7

Proba. de transition - 0,86 0,44 0,77 0,27 0,0 0,31

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0,14 0,66 0,19 0,09
- 0,14 0,56 0,09 0,0 0,71 0,13
0,0 0,07 0,10 0,47
Moyenne conditionn.
de y -0,018 0,45 -0,78 0,79 0,47 -1,69 -0,95
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[de b] [-0,011] [0,18] [-0,07] [0,62] [-0,23] [-0,05] [-1,64]


Log. vraisemblance -192,6 -152,4 128,4
AIC 4,45 3,69 3,53
F test 0,030 0,989
(niveau) (0,86) (0,45)
NB : les notations * désignent un coefficient significatif à 5 %, un +, un coefficient significatif à 10 %.

déficit (régime Rdb ) et de seulement de 0,19 en cas récession indépendantes de la situation budgétaire,
d'équilibre budgétaire (régime Rbe ). alors que la probabilité de reprise est plus forte en
régime de déficit.
Les coefficients des effets budgétaires estimés par
régime confortent le résultat obtenu plus haut d'effet
keynésien (à compter du deuxième trimestre mais
persistant en particulier en récession avec déficit) en
récession. Les effets classiques par contre persistent
en expansion, avec cependant des valeurs absolues
de multiplicateurs plus faibles. Ce résultat est
cohérent avec le constat de probabilités d'entrée en

80
plus haut sur l'utilisation des statistiques de Student
Résultats : Royaume-Uni dans ce contexte.

Le passage à un modèle à quatre régimes est


L'estimation du modèle linéaire, sur un échantillon également justifié sur la base du critère d'Akaïke
courant pour le Royaume-Uni de 1966.1 à 1997.1 ne (AIC). On remarque cependant que les régimes de
dégage pas d'effets significatifs du solde sur récession (Rbe et Rdb) sont alors plus fréquents (69%
l'activité. La dynamique de l'écart conjoncturel est en cumulé) que les régimes d'expansion. Cette
trouvée proche d'un processus AR(1). classification requiert donc une interprétation de la
récession en termes relatifs : on observe ainsi que
La distinction de régimes conjoncturels conduit à un l'espérance conditionnelle de l'écart conjoncturel
modèle meilleur au sens du critère AIC, la durée des reste positive en Rbe , les conditions identifiantes a
régimes d'expansion et de récession est trouvée plus priori sur les constantes n'ayant pu être imposées
équilibrée qu'en France et aux États-Unis avec avec succès.
respectivement 7,7 et 5,5 trimestres.
C'est ici le régime d'expansion avec équilibre
L'estimation d'effets budgétaires conditionnels à la budgétaire qui apparaît comme transitoire et
situation conjoncturelle conduit également à des d'occurence rare (9%). Il est suivi, avec des
résultats différents de ceux obtenus pour les pays probabilités égales, d'une poursuite de l'expansion,
précédents. Aucun effet ne ressort en expansion, mais avec déficit, ou d'une entrée en récession. Le
alors que le coefficient positif du solde retardé d'un régime d'expansion avec déficit est suivi (dans 15 %
trimestre dénoterait un effet classique à l'impact en des cas) d'une poursuite de l'expansion. Parmi les
récession, avec toutefois les précautions évoquées
Tableau 3 : résultats Royaume-Uni

Modèle équation Linéaire échantillon Régimes conjoncturels Régimes "Croisés"


Variable complet E R Ebe Edb Rbe Rdb
*
Constante -0,002 0,434* -0,587* 2,33 0,369* -0,153 -0,428*

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(0,09) (0,10) (0,08) (0,12) (0,10) (0,13) (0,08)
yt-1 0,810* 0,621* 0,732* 3,31* 0,339* 1,18* 0,972*
(0,09) (0,12) (0,10) (0,23) (0,08) (0,10) (0,09)
yt-2 0,010 0,266* -0,148 -9,37* 0,366* -0,359* -0,359*
(0,01) (0,13) (0,10) (0,11) (0,07) (0,12) (0,09)
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0,050 -0,016 0,137* -1,76* -0,210* -0,074 0,390*


bt-1
(0,08) (0,06) (0,07) (0,14) (0,08) (0,08) (0,08)
-0,049 -0,022 -0,080 1,07* 0,199* 0,159* -0,341*
bt-2
(0,08) (0,7) (0,07) (0,13) (0,07) (0,08) (0,07)
Multiplicateurs
-
R1 -0,016 0,137 instabl. -0,210 -0,074 0,390
-
R2 -0,032 0,020 - -0,128 0,072 0,038
-
R4 -0,023 -0,007 - -0,088 0,017 -0,201

Proba. inconditionnelle 1,00 0,57 0,43 0,09 0,22 0,38 0,31

Nbre d'observations 125 69 56 11 27 46 41

Proba. de transition - 0,87 0,18 e 0,15 0,07 0,10


0,49 0,66 0,0 0,10
- 0,13 0,82 0,21 0,19 0,75 0,11
0,30 0,0 0,18 0,69
Moyenne conditionn.
de y -0,05 1,02 -0,86 2,53 0,99 0,09 -0,77
[de b] [0,69] [1,33] [1,23] [1,33] [-0,45] [2,09] [-0,69]
Log. Vraisemblance -364,3 -348,8 -300

AIC 6,20 5,92 5,68

F test 0,51

(niveau) (0,47)
NB : les notations * désignent un coefficient significatif à 5 %, un +, un coefficient significatif à 10 %.

81
régimes de récession (toute relative en Rbe), la
situation de déficit s'accompagne d'une probabilité Résultats : Canada
de retour à l'un des régimes d'expansion de 20 %,
alors que cette probabilité est sensiblement plus
faible (7 %) en cas d'équilibre budgétaire. Le modèle linéaire est estimé sur l'échantillon
complet, allant de 1961.1 à 1997.4 de données
Les coefficients de l'équation (1) estimés par régime canadiennes. Contrairement aux pays
permettent de préciser l'impact du solde sur l'activité précédemment considérés, tous les coefficients de
conditionnellement au régime. L'équation estimée l'équation d'activité (1) sont significatifs, la
est très instable(13) pour le régime Ebe , avec un effet dynamique autorégressive de l'écart conjoncturel
keynésien à court terme, ce qui est cohérent avec le étant complètée par un effet du solde temporaire et de
caractère transitoire et non persistant de ce régime. sens classique : il apparaît qu'une amélioration du
Un même effet keynésien à court terme seulement solde b t -1 - b t - 2 stimule temporairement l'activité.
ressort en expansion avec déficit, avec des
coefficients d'un ordre de grandeur plus crédible. L'estimation d'un modèle à 2 régimes conjoncturels
Contrairement aux résultats obtenus par la France et améliore le critère AIC. Elle conduit à une typologie
les États-Unis, les phases de récession conjoncturelle dans laquelle la récession ressort
s'accompagneraient d'effets classiques transitoires comme marginalement plus fréquente que
en Rdb mais très faibles en Rbe. l'expansion. Cette typologie retient des cycles
courts, avec des phases d'expansion limitées à 3
trimestres et des phases de récession d'en moyenne
3,6 trimestres.

Les équations d'activité estimées par régime


s'opposent plus par leur structure autorégressive que

Tableau 4 : résultats Canada

Modèle équation
Linéaire échantillon Régimes conjoncturels Régimes "Croisés"

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complet
Variable E R Ebe Edb Rbe Rdb
Constante 0,022 0,204* -0,623* 0,626* 0,626* -0,457* -0,457*
(0,16) (0,09) (0,12) (0,07) (0,07) (0,11) (0,11)
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yt-1 0,954* 0,597* 0,987* 0,634* 0,586* 0,821* 1,86*


(0,08) (0,05) (0,09) (0,03) (0,09) (0,07) (0,09)
yt-2 -0,178* e -0,272* 0,010 0,358* -0,113* -1,11*
(0,08) (0,06) (0,08) (0,02) (0,08) (0,08) (0,05)
bt-1 0,265* 0,383* 0,272* 0,279* 0,367* 0,323* 0,176*
(0,08) (0,07) (0,05) (0,03) (0,12) (0,08) (0,05)
bt-2 -0,277* -0,25* -0,232* -0,205* -0,475* -0,305* -0,088*
(0,07) (0,07) (0,05) (0,04) (0,11) (0,08) (0,04)

Multiplicateurs

R1 - 0,383 0,272 0,279 0,367 0,323 0,176

R2 - -0,021 0,036 -0,028 -0,260 0,040 0,239

R4 - -0,007 0,028 -0,010 0,068 -0,051 0,198

Proba.inconditionnelle 1,00 0,46 0,54 0,20 0,15 0,45 0,20


Nbre d'observations 143 67 76 29 22 64 28
Proba. de transition - 0,67 0,28 0,32 0,20 0,24 0,0
0,0 0,63 0,06 0,15
- 0,33 0,72 0,57 0,0 0,66 0,19
0,11 0,07 0,04 0,66
Moyenne conditionn.
de y -0,015 0,95 -0,71 1,05 0,18 -0,34 -0,13
[de b] [3,33] [3,9] [3,7] [4,05] [2,99] [4,37] [3,85]
Log. vraisemblance -345,8 -33,4 -295
AIC 5,16 4,99 4,79
F test 0,59
(niveau) (0,66)
NB : les notations * désignent un coefficient significatif à 5 %, un + un coefficient significatif à 10 %.

82
par les coefficients estimés pour le solde budgétaire.
La caractérisation des effets budgétaires comme Synthèse des résultats
''classiques en différence'' comme on l'a vu avec la
spécification linéaire est robuste au
conditionnement par les régimes conjoncturels, la Les tableaux 5 et 6 récapitulent les principaux
réponse positive de l'activité s'annulant dès la résultats obtenus par pays et permettent d'en dégager
deuxième période. une synthèse.

L'estimation de régimes croisés permet une nouvelle Sur la base des coefficients estimés du solde, la
amélioration du critère AIC. La typologie des distinction de régimes permet en général d'obtenir
régimes renforce encore le poids des régimes de des résultats significatifs. Ces résultats ne confortent
récession (65 % des observations, dont 45 % avec pas le poids dominant des mécanismes keynésiens.
équilibre budgétaire). Le régime d'expansion avec L'opposition aux États-Unis d'effets classiques en
équilibre est trouvé plus fréquent, mais plus instable expansion mais keynésiens en récession se retrouve
que l'expansion avec déficit budgétaire. La partiellement en France, mais plutôt retournée au
probabilité qu'une observation classée en Ebe soit Royaume-Uni. Pour rationaliser ces effets, il
suivie d'une entrée en récession est de 2/3 faudrait invoquer des arguments différents : un poids
(0,57+0,11), alors que la probabilité de passage en majoré des contraintes de liquidité en récession pour
récession n'est que de 7% après un trimestre le cas américain, une perception accrue du poids de la
d'expansion avec déficit. La persistance propre des dette dans la même situation au Royaume-Uni. De
régimes de récession est la même, avec une durée manière plus ponctuelle a pu jouer l'effet du policy
moyenne de 3 trimestres, toutefois la probabilité de mix à l'occasion d'inflexions politiques importantes.
reprise (retour à un régime d'expansion) est de 30 % Aux États-Unis, la stimulation budgétaire de
avec équilibre budgétaire (en Rbe ), soit le double de l'époque Reagan a accompagné le durcissement de la
la probabilité de reprise à partir d'une situation de politique monétaire, alors que l'époque Thatcher a
récession et déficit. correspondu au Royaume-Uni à une orientation
simultanément restrictive des politiques monétaires
La réponse, classique à l'impact, s'annule dans les et budgétaires.
situations d'équilibre budgétaire. Elle persiste en
Le second récapitulatif, proposé au tableau 6, s'avère

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récession et déficit (Rdb) mais s'inverse
temporairement en expansion et déficit (Edb). beaucoup plus favorable aux thèses keynésiennes.
Le modèle à régimes croisés permet de conditionner
Au total, parmi les éléments d'inférence favorables les probabilités de transition conjoncturelle par la
situation budgétaire(14). On remarque en effet qu'une
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aux mécanismes keynésiens sur le cas canadien, on


ne retrouve guère que la plus forte persistance de politique budgétaire ''laxiste'', provoquant ou
l'expansion quand elle est ''soutenue'' par une acceptant un déficit, s'accompagne
politique budgétaire permissive. systématiquement de probabilités supérieures de
poursuite de l'expansion, ou de reprise. Au contraire,

Tableau 5 : récapitulatif des effets budgétaires dominants selon le régime

Régimes conjoncturels Régimes "Croisés"


Pays Échantillon complet
E R Ebe Edb Rbe Rdb
France ns. C C C C C à ct K
États-Unis ns. ns. K C C K K
Royaume-Uni ns. ns. C K K à ct C C à ct
Canada C à ct C C à ct C à ct C à ct C à ct C
(C dénote un résultat ''classique'' ; K, keynésien ; à ct, à court terme ; ns, pas de résultats significatifs).

Tableau 6 : effet de la situation budgétaire sur les probabilités de transition conjoncturelle

Poursuite de l'expansion Entrée en récession Poursuite de la récession Reprise


Pays
en be en db en be en db en be en db en be en db
France 0,76 0,85 0,24 0,15 0,68 0,40 0,32 0,60
États-Unis 0,91 0,93 0,09 0,07 0,81 0,60 0,19 0,40
Royaume-Uni 0,49 0,81 0,51 0,19 0,93 0,80 0,07 0,20
Canada 0,32 0,83 0,68 0,07 0,70 0,85 0,30 0,15

83
une politique d'équilibre budgétaire s'accompagne identifiés avec le schéma postulé a priori
de probabilités accrues d'entrée en récession ou de d'alternance de phases conjoncturelles et d'épisodes
persistance de la récession. Sans procéder à un test budgétaires.
formel du caractère significatif de ces écarts, on
remarque leur caractère général, la seule exception
apparaissant au Canada en situation de récession.

Conclusion

Cette étude illustre l'apport possible des modèles à


changement de régimes markoviens pour rendre
compte de formes variées d'asymétrie ou d'effets
dépendant de régimes macroéconomiques ou
politiques. Sur les quatre pays où notre protocole
d'inférence a été mené à bien, on a pu dégager des
effets spécifiques qui ne ressortaient pas d'un modèle
linéaire estimé sur échantillon complet.

Le message obtenu sur les effets -keynésiens ou non-


des ajustements budgétaires, est contrasté : tandis
que les coefficients estimés du ratio de solde
primaire dans les équations d'activité font apparaître
une majorité de configurations ''classiques'' du
moins à court terme, on trouve qu'une politique
budgétaire restrictive dégrade sensiblement les
probabilités de poursuite de l'expansion ou de

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reprise, si l'économie est en récession. Ce résultat
pourrait être confronté à d'autres approches pour en
évaluer la robustesse, en particulier face aux
épisodes d'ajustements majeurs qui ont retenu
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récemment l'attention (Cour et alii, 1996).

L'exercice illustre aussi des limites de la méthode, en


particulier lorsqu'elle est appliquée à des
échantillons macroéconomiques de taille
relativement courte. En matière de typologie
conjoncturelle par exemple, on remarque que
l'algorithme de classification retient des épisodes de
récessions habituellement éliminées comme trop
courts par les méthodes usuelles de repérage du
cycle. La même remarque s'applique aux épisodes
budgétaires. Cette remarque vient souligner l'intérêt
du résultat précédemment dégagé, selon lequel la
politique budgétaire affecterait plus la dynamique de
transition conjoncturelle que le niveau moyen
d'activité propre à chaque régime.

En matière de comparaison internationale, les


États-Unis présentent les configurations les plus
proches de celles que l'on attend a priori, tant en
termes de croisement de régimes que d'effets
keynésiens prévalant en récession. Plusieurs
arguments peuvent être avancés pour expliquer que
les autres pays s'écartent de cette situation type.
D'une part, les États-Unis ont sans doute utilisé plus
activement la politique budgétaire à des fins de
stabilisation conjoncturelle ; d'autre part, une plus
grande stabilité institutionnelle peut assurer une
meilleure adéquation des régimes empiriquement

84
Notes Bibliographie

(1) Le multiplicateur à 1 an varie de 1 (Metric) à 1.4 Allard P. (1994). Un repérage des cycles du PIB en France
(Amadeus), à 5 ans de 0,90 (Amadeus et Mosaïque) à 1.10 depuis l'après-guerre, Économie et Prévision, n°112,
(Metric). Sur le plan international, des scénarios de NIGEM pp.19-34.
(avec ajustement budgétaire progressif) conduisent à des Andersen L.C. et Jordan J.L. (1968). Monetary and Fiscal
multiplicateurs de 0,48 ( Italie) à 0,95 (Allemagne) à l'horizon Actions: a Test of their Relative Importance in Economic
d'un an, de 0,28 (Allemagne) à 0,48 (Italie) à l'horizon de 4 ans Stabilization, Federal Reserve Bank of St Louis Review, 50,
(Barrell et alii, 1997). pp. 11-24.
(2) La contribution de Sutherland (1995) est souvent citée sur Bac C., Méary B. et Sobczak N. (1997). Déficit structurel,
ce point. Pour le débat sur le thème des contractions déficit conjoncturel : l'apport d'une modélisation multivariée,
budgétaires non récessionistes, voir Ph. Cour, E. Dubois, S. note D.P., août.
Mahfouz et J. Pisani-Ferry (1996). Banque de France, Cepremap, DP, Erasme, Insee, Ofce
(3) On a écarté l'hypothèse d'un conditionnement (1996). Structures et propriétés de cinq modèles
contemporain de l'activité par le solde pour éviter des macro-économiques français, Note d'étude et recherche,
problèmes de simultanéité. Cette restriction, cohérente avec Banque de France, n°38.
les modélisations VAR, paraît défendable au pas trimestriel. Barrell N., Pain N. et Sefton J. (1997). "The Effects of
(4) La spécification parcimonieuse retenue ici ne permet pas Fiscal Policy and the Maastricht Solvency Criteria on
d'appréhender l'effet-stimulant a priori d'une augmentation European Employment", in Hairault, J.O., P.Y. Hénin et F.
égale de la dépense et des impôts selon le ''multiplicateur du Portier, Should we Rebuilt Built in Stabilizers ? Kluwer
budget équilibré'' de Haavelmo. Academic Publisher, 321-336
(5) Voir Garcia (1998), p. 772. Barro R. (1981). "The Output Effects of Government
(6) Hamilton (1989) considère en fait une variante de (1), Purchases," Journal of Political Economy, 89, pp.1086-1121
autorégressive en ( yt -m s( t ) ), faisant donc intervenir les 4 états Blanchard O.J. et Perotti R. (1999). "An Empirical
précédents du système pour un AR( 4) , ce qui assouplit la Characterization of the Dynamic Effects of Changes in
dynamique mais alourdit considérablement les calculs. Government Spending and Taxes on Output", NBER, WP
(7) On utilisera le sigle MS-VAR pour ''Markov Switching 7269.
Vector Auto-Regressive'', ou modèle VAR à changements de Cour Ph., Dubois E., Mahfouz S. et Pisani-Ferry J.
régime markoviens.

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(1996). Quel est le coût des ajustements budgétaires ?
(8) Phillips (1991) utilise des restrictions semblables pour Économie Internationale, 68, pp. 7-30.
identifier les situations conjoncturelles américaines et Filardo A.J. (1994). "Business Cycles Phases and their
étrangères. Transitional Dynamics, Journal of Business and Economic
(9) Suivant Warne (1996), on a systématiquement éliminé les Statistics, 78, pp. 67-77.
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modèles estimés instables au sens du critère de Karlsen (1990), Garcia R. et Perron P. (1996). "An Analysis of the Real
c'est-à-dire dont les coefficients autorégressifs impliquent Interest Rates Under Regime Shifts", Review of Economics
pour le système une valeur propre supérieure à l'unité. and Statistics, 78, pp. 111-125.
(10) Au vu d'exercices exploratoires, la trimestrialisation du Garcia R. (1998). "Asymptotic Null Distribution of the
solde structurel nous est apparu plus fragile. La spécification Likelihood Ratio Test in Markov Switching Models",
retenue autorisant une dépendance explicite du solde par International Economic Review, 39(3), pp. 763-788.
rapport à l'écart conjoncturel, avec un retard limité à un
trimestre, permet une correction endogène de l'effet Goodwin Th. H. (1993). "Business Cycle Analysis with a
conjoncturel. Markov Switching Model", Journal of Business and
Economic Analysis, 11, pp. 331-339.
(11) En l'absence de contrainte interéquations, l'estimation de
l'équation (1) par les MCO est identique à une estimation jointe Hamilton J.D. (1988). Rational Expectation, Econometric
par les MCG (la méthode SUR, pour Seemingly Unrelated Analysis of Changes in Regimes : An Investigation in the
Regression, en l'occurence). Term Structure of Interest Rates", Journal of Economic
Dynamics and Control, 12, pp.385-423.
(12) Comme on considère l'effet de choc non entretenu, les
multiplicateurs à long terme sont nuls (sauf dynamique Hamilton J.D. (1989). "A New Approach to the economic
instable, que l'on obtiendra pour certains régimes peu Analysis of Nonstationary Time Series and the Business
persistants). Cycle", Econometrica, 57, pp. 357-384.
(13) En raison de cette instabilité, le calcul des multiplicateurs Hamilton J.D. (1996). "Specification Testing in
n'est pas rapporté. Markov-Switching Time Series Models", Journal of
Econometrics, 70, pp.127-157.
(14) C'est donc une forme à modalité binaire de modèle à
probabilité de transition variable -voir Raymond et Rich Hansen B.E. (1992). "The Likelihood Ratio test Under non
(1997)- pour un tel modèle où les probabilités de récession et Standard Conditions: Testing the Markov Switching Model of
de reprise sont conditionnées par l'évolution du prix du pétrole. GNP", Journal of Applied Econometrics, 7, S61-S82.
Karlsen H. (1990). "A Class of Non-Linear Time Series
Models", thèse de Ph.D, Université de Bergen
Kugler P. (1996). "The Term Structure of Interest Rates and
Regime Shifts: Some Empirical Results", Economic Letters,
50, pp.121-126.

85
Phillips K.L. (1991). "A Two-Country Model of Stochastic Figure 1 : typologie des régimes (France)
Output With Changes in Regime", Journal of International
Economics, 31, pp. 121-142. 1- Régimes conjoncturels
Rabault G. (1993). Une application du modèle de Hamilton à UY4
l'estimation des cycles économiques, Annales d'Économie et 0,05

de Statistique, 30, pp. 57-83. 0,04

Raymond J.E., et Rich R.W. (1997). "Oil and the 0,03

Macroeconomy: A Markov State-Switching Approach", 0,02

Journal of Money, Credit and Banking, 29, pp.193-213. 0,01

Sutherland A. (1995). Fiscal Crises and Aggregate Demand : 0

Can High Public Debt Reverse the Effects of Fiscal Policy ?, - 0,01

CEPR Discussion Paper n°1246. - 0,02

Warne A. (1996). "Autocovariance Functions and Maximum - 0,03

Likelihood in a VAR Model Under Markov Switching", - 0,04

mimeo, Institute for International Economic Studies, - 0,05


1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
Stockholm. Modèle UY4. Régimes de récession

Warne A. (1997). Estimation of Vector Autoregressive R (récession) - traits continus : écart conjoncturel yt , tirets : solde
Models with Changes in Regime via the E.M. Algorithm, Note primaire bt .
Technique, IIES, Stockholm.
2- Régimes croisés
2a - Ebe (expansion et budget équilibré)
RC2
0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

- 0,01

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- 0,02

- 0,03

- 0,04 SP
Y

- 0 05
1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
Modèle RC2. Régimes d’expansion avec équilibre budgétaire
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2b - Rbe (récession et budget équilibré)


RC2

0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

- 0,01

- 0,02

- 0,03
SP
- 0,04 Y

- 0,05
1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
Modèle RC2. Régimes d’expansion avec déficit budgétaire

2c - Rdb (récession et déficit budgétaire)


RC2

0,05

0,04

0,03

0,02

0,01

- 0,01

- 0,02

- 0,03

SP
- 0,04
Y
- 0,05
1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
Modèle RC2. Régimes de récession avec déficit budgétaire

n.b. : les zones ombrées correspondent aux périodes pour lesquelles la


probabilité du régime indiqué reste supérieure à 50%.

86
Figure 2 : typologie des régimes (États-Unis) Figure 3 : typologie des régimes (Royaume-Uni)

1- Régimes conjoncturels 1- Régimes conjoncturels


RY1 RY2
0,05 0,08

0,04
0,06
0,03

0,02
0,04
0,01

0 0,02

- 0,01
0
- 0,02

- 0,03 - 0,02

SP
- 0,04 SP
- 0,04 Y
Y
- 0,05

- 0,06 - 0,06
1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
Modèle RY1. Régimes de récession Modèle RY2. Régimes de récession

R (récession) - traits continus : écart conjoncturel yt , tirets : solde


primaire bt R (récession) - traits continus : écart conjoncturel yt , tirets : solde
primaire bt
2 - Régimes croisés 2 - Régimes croisés
2a - Ebe (expansion et déficit 2a - Ebe (expansion et déficit)
RC2
Rm42
0,05 Expansion et déficit
0,08
0,04

0,03 0,06

0,02
0,04
0,01

0 0,02

- 0,01
0
- 0,02

- 0,03
- 0,02

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- 0,04
SP
- 0,05 SP - 0,04 Y
Y
- 0,06
1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 - 0,06

Modèle RC2. Régimes d’expansion avec déficit 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
Modèle RM42. Régimes d’expansion avec déficit
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2b - Rbe (récession et budget équilibré) 2b - Rbe (récession et budget équilibré)


RC2
RM42
0,05
0,08
0,04

0,03 0,06

0,02
0,04
0,01

0 0,02

- 0,01
0
- 0,02

- 0,03 SP - 0,02
Y
- 0,04
SP
- 0,04
- 0,05 Y

- 0,06
- 0,06
1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
Modèle RC2. Régimes de récession avec déficit
Modèle RM42. Régimes de récession avec excédent budgétaire

2c - Rdb (récession et déficit budgétaire) 2c - Rdb (récession et déficit budgétaire)


RC2 RM42
0,05 0,08

0,04
0,06
0,03

0,02 0,04

0,01
0,02
0

- 0,01
0
- 0,02

- 0,03 - 0,02
SP
Y SP
- 0,04
- 0,04 Y
- 0,05

- 0,06 - 0,06
1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
Modèle RC2. Régimes de récession avec déficit Modèle RM42. Régimes de récession avec déficit

n.b. : les zones ombrées correspondent aux périodes pour lesquelles la n.b. : les zones ombrées correspondent aux périodes pour lesquelles la
probabilité du régime indiqué reste supérieure à 50%. probabilité du régime indiqué reste supérieure à 50%.

87
Figure 4 : typologie des régimes (Canada)

1- Régimes conjoncturels
RY1
0,10

0,08
SP
0,06 Y

0,04

0,02

- 0,02

- 0,04

- 0,06

- 0,08
1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997
Modèle RY1. Régimes de récession

R (récession) - traits continus : écart conjoncturel yt , tirets : solde


primaire bt

2 - Régimes croisés
2a - Ebe (expansion et déficit)
RC1
0,10

0,08

0,06

0,04

0,02

- 0,02

- 0,04

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SP
Y
- 0,06

- 0,08
1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997
Modèle RC1. Régimes d’expansion avec équilibre budgétaire
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2b - Rbe (récession et budget équilibré)


RC1
0,10

0,08

0,06

0,04

0,02

- 0,02

SP
- 0,04 Y

- 0,06

- 0,08
1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997
Modèle RC1. Régimes de récession avec équilibre budgétaire

2c - Rdb (récession et déficit budgétaire)


RC1
0,10

0,08

0,06

0,04

0,02

- 0,02

- 0,04 SP
Y

- 0,06

- 0,08
1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997
Modèle RC1. Régimes de récession avec solde faible non persistant

nb : les zones ombrées correspondent aux périodes pour lesquelles la


probabilité du régime indiqué reste supérieure à 50 % .

88

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