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Définition de l'état

Personnalité morale
L’Etat est une entité artificielle composée de fonctionnaires assujettis à un gouvernement et à
ses règles ; c'est une personne morale souveraine, plus ou moins centralisé, qui impose des
normes et organise la société. L’Etat dispose donc d’un grand pouvoir, toutefois limité par les
textes dans un Etat de droit. La personnalité morale lui permet d'avoir une existence extérieure
aux gouvernants, qui ne possèdent pas les territoires gouvernés et ne sont pas détenteurs du
pouvoir ; les gouvernants peuvent donc changer tandis que l'Etat perdure. Les gouvernants
restent évidemment des individus, seulement titulaires d’une fonction dont ils ne sont pas
propriétaires. Aussi, le patrimoine des gouvernants diffèrent de celui de l’Etat.
L’Etat est donc une personne morale de droit public, une entité abstraite qui repose sur un
régime exorbitant du droit commun (qui déroge au droit commun en raison de sa qualité de
personne publique). Les collectivités locales (régions, départements, communes) et les
établissements publics constituent également des personnes morales de droit public. La notion
de personne morale est une fiction construite par les hommes en raison pour qualifier les
instances qui n'ont pas d’existence concrète, qui n’existent qu’à travers leurs représentants. Cet
aspect artificiel permet à l’Etat de se dôter de droits supplémentaires, non dévolus aux
personnes physiques ; il peut ainsi notamment s’engager financièrement sur le long terme car
il perdure, contrairement aux gouvernants. Cela lui permet de prendre en charge les intérêts
d’un groupe humain, en assurant ainsi la pérennité de l’Etat ; il dispose également de droits et
obligations propres tels que la possibilité d’engager sa responsabilité, ou d’ester en justice. Ce
dernier garanti la stabilisation du groupe humain en apportant un ordre à l’intérieur des
frontières.
Les différences tenant à l’Etat relative à la qualification de personne morale entraînent d’autres
conséquences. La création de cet être fictif permet ainsi notamment le recours en justice des
individus, qui peuvent agir contre lui. Aussi, les obligations auxquelles les gouvernés sont
assujettis existent vis-à-vis d’une loi et non d’un individu. Le statut de personne morale
implique la possibilité d’avoir des biens entre autres, puisque les recours sont les mêmes que
pour une personne physique.
La limitation du pouvoir de l'Etat par le droit
Le pouvoir de l'Etat est plus ou moins limité par le droit : dans un Etat totalitaire, il est peu
limité par le droit ; en revanche, dans un Etat de droit, il est limité par le droit constitutionnel.
Selon les théories jusnaturalistes, il existerait un droit supérieur et antérieur à l'Etat, qui
viendrait de l'Antiquité, du 17e ou du 18e siècle selon les penseurs. Ainsi, la Déclaration de
1789 serait issue de cette doctrine, qui reposerait sur l'existence de droits naturels attribués à
l'homme dès son origine. De la même façon la théorie du droit objectif, de Duguit, établit
l'existence d'un droit extérieur à l'Etat car le droit vient de la société
Selon les théories positivistes, seul l'Etat créé le droit : il n'existe pas de droit antérieur à l'Etat.
Néanmoins, Raymond Carré de Malberg considère que l'Etat s'autolimite car si lui-même ne
le fait pas, il aura du mal à l'imposer à ses gouvernés.
Souveraineté
Si les compétences de l'Etat sont très larges, l’Etat ne doit servir que l’intérêt général et la
Constitution limite le pouvoir qu’il exerce sur son territoire. Malgré cela, l’Etat est souverain,
et dispose en ce sens d’un droit originaire et suprême (selon Bodin) ; l'Etat ne se soumet à
aucune autorité, et ne tire son pouvoir d'aucune instance supérieure.
Bodin exposedans les Six livres de la République sa théorie de la souveraineté, au 16eme siècle. Il
considère la souveraineté de l’Etat comme un attribut du pouvoir. Mais la souveraineté propre

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à l’Etat n’est pas sans limite, sa liberté n’est pas totale ; Bodin rappelle que le prince aurait,
selon Montesquieu, tendance à abuser de son pouvoir si celui-ci était sans limite. La
souveraineté consistant dans son sens premier sens au pouvoir d’établir librement les lois, la
notion sous tendrait un pouvoir sans limite. Pour cette raison il faut fonder une autolimitation
du pouvoir.
Jellinek considère quand à lui que l'Etat est souverain parce qu'il est dispose de "la compétence
de ses compétences". Laferrière pense la souveraineté comme un pouvoir de droit suprême
inconditionnel ; ce pouvoir résulte d'une Constitution, qui précède les normes internes.
Max Weber considère que le pouvoir de l'Etat repose également sur son droit de recourir à la
violence : l’Etat détient le monopole de la violence physique légitime. La force utilisée par
l’Etat est en effet considérée légitime car elle s’appuie sur le droit ; l'Etat est le seul à détenir
les forces de police, les forces armées.

Etat unitaire

Aujourd’hui il existe beaucoup d’Etats fédéraux, essentiellement pour les grands territoires (à
l’exception de la Chine), et les Etats unitaires sont désormais plus diversifiés (certains sont
restés très centralisés, d’autres ont octroyé une grande autonomie aux collectivités).
Etat unitaire
Un Etat unitaire repose sur l’existence d’une seule constitution, qui régit l’ensemble des règles
applicables sur un territoire donné. Il existe alors un centre politique souverain, entité unique
et en théorie indivisible, qui ne se soumet à aucune entité supérieure, ni à aucune norme.
En pratique, un tel système serait difficile à faire fonctionner, et notamment sur de vastes
territoires. Certains aménagements apparaissent donc nécessaires pour assurer le bon
fonctionnement de ces Etats : un équilibre entre une trop forte centralisation et une
décentralisation totale doit être trouvé. C’est ainsi que la majorité des Etats a connu une
évolution qui les a conduit à décentraliser l’exercice du pouvoir. Ainsi, les collectivités
territoriales ont acquis de nombreuses compétences, plus ou moins larges selon les Etats.
Malgré cela, les collectivités restent soumises au contrôle du pouvoir central et à l’unique
constitution, ce qui garantit l’unité de l’Etat.
L’autonomie des régions est parfois telle dans certains pays qu’elle tend à se rapprocher d’un
système fédéral. Pourtant, il existe une grande différence : les Etats fédérés disposent tous des
mêmes compétences, à l’inverse des collectivités territoriales pour lesquelles ce n’est pas
toujours le cas. Certaines entités régionales ont en effet plus de compétences que d’autres.
Formes d’Etats unitaires
En fonction compétences attribuées aux collectivités et de la nature des contrôles effectués par
le pouvoir central, l’Etat unitaire peut ainsi revêtir plusieurs formes :
Etat unitaire concentré
Ce type d’Etat est en réalité inenvisageable, à l’exception peut-être dans de micros Etats. En
effet, les collectivités n’y détiennent aucun pouvoir et les agents sont directement nommés par
le gouvernement central. Il n’y existe donc aucun relais susceptible d’assurer une bonne
administration en périphérie.
Etat unitaire déconcentré
Dans ce type d'Etat, l’autorité centrale dispose d’un grand pouvoir sur le territoire national, à
l’image de la France. Le pouvoir y est cependant en partie délégué aux autorités déconcentrées,
qui sont des relais périphériques destinés à faire appliquer les grandes orientations politiques
aux instances hiérarchiquement inférieures.
La mise en place d’autorités déconcentrées permet à l'Etat d'être plus efficace à l’échelon local.
Il est en effet plus aisé d’agir directement au sein d’une localité que d’œuvrer au seul niveau
de l’Etat sans être en lien direct avec les problèmes locaux.
Exemple type de ces autorités déconcentrées, les préfets se soumettent à l’autorité hiérarchique
des autorités supérieures et appliquent les grandes décisions du pouvoir central au niveau
local. Ainsi, les autres autorités déconcentrées ne peuvent aller au-delà des attributions
octroyées par les instances centrales et de leur territoire d'application.
Etat unitaire décentralisé
Le pouvoir juridique de l’Etat y est en partie attribué à des collectivités indépendantes,
nommées, et soumises à l’autorité centrale. Ces collectivités disposent d’une réelle autonomie
: elles bénéficient d’un pouvoir normatif, mais non constituant), et de larges compétences
(principe de « libre-administration »).
On parle de décentralisation technique ou territoriale.
• Décentralisation technique : les collectivités territoriales s’autogèrent, leur autonomie
est relative, mais réelle. Elles bénéficient de leur propre budget et de leur propre
patrimoine. Leur statut juridique d’établissement public leur permet de d'édicter des
actes, bien que le contrôle étatique perdure ; il s'agit d'établissements administratifs
(EPA), culturel, ou scientifique (universités), qui agissent dans un but d’intérêt
collectif.
• Décentralisation territoriale : les collectivités territoriales s’administrent par
l’intermédiaire de conseils élus qui gèrent leurs propres affaires. La décentralisation
administrative et politique existe dans certains pays (pas en France), ce qui permet aux
collectivités d'avoir des pouvoirs plus étendus, et parfois de bénéficier de compétences
législatives.
Tout Etat décentralisé est déconcentré. En France, le principe de libre administration est établi
par l’article 72 de la Constitution.
L’Etat unitaire en Europe
Comme plusieurs de ses voisins, la France a attribué de plus en plus de compétences aux
collectivités territoriales, bien que celles-ci ne disposent pas d’une autonomie aussi large que
les communautés autonomes espagnole ou les régions et provinces italiennes.
Italie
Dès 1946, l’Italie reconnaissait l’existence de régions à statut particulier pour les territoires
ayant des particularismes importants, qu’ils soient linguistiques (ex : Frioul), culturels ou
géographiques (ex : Sardaigne). Le statut de ces territoires particuliers s’est ensuite appliqué
aux autres régions, ce qui a permis à l’ensemble des régions italiennes d’acquérir une véritable
autonomie. Ainsi, les assemblées de ces régions ont aujourd’hui le pouvoir de faire des lois
dites « régionales », égales à celle du Parlement italien, qui lui, gère les grandes questions et
préserve ainsi la cohésion territoriale et sociale du pays.
Espagne
Comme en Italie, le régime souple propre aux « Communautés autonomes » de Catalogne et
du pays basque a été élargi aux autres régions, qui désormais bénéficient également d’une
grande autonomie. Cette autonomie va aujourd’hui tellement loin que certaines communautés
revendiquent leur indépendance.
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, le régime est centralisé en Angleterre ; cependant l’Irlande du Nord, le Pays
de Galle et l’Ecosse bénéficient d’une large autonomie. Ainsi, en Ecosse, le transfert d’une
partie des compétences de l’Etat britannique à l’Ecosse (ce que l’on a appelé la dévolution), a
permis la création d’un Parlement écossais qui bénéficie d’un pouvoir législatif. Et l’autonomie
de l’Ecosse est telle qu’un référendum d’autodétermination prévu en 2014 doit permettre aux
Ecossais de déterminer jusqu’à quel point ils désirent s’éloigner du Royaume-Uni.
France
En France, le système reste rigide, bien que les collectivités aient progressivement obtenu une
plus grande autonomie. Dès 1882, le principe de liberté d’administration des collectivités a été
reconnu, et un siècle plus tard, on donnait aux communes, département, et régions
(nouvellement créées par la loi de 1982) de nouvelles compétences. De plus, elles bénéficient
d’une grande liberté d’action car le préfet n’a plus qu’un regard à priori sur toutes leurs
décisions depuis 1982. Néanmoins, les compétences dévolues restent purement
administratives. La France reste donc un Etat unitaire et relativement centralisé, bien que les
collectivités aient davantage d’autonomie.
Résumé
Un Etat unitaire est un Etat qui n’a qu’une seule constitution, une seul entité centrale. Mais
cette autorité peut être déconcentrée et décentralisée.
La déconcentration et la décentralisation peuvent se superposer, comme c’est le cas en France
: le préfet applique les orientations des autorités centrales au sein des collectivités, qui, elles,
bénéficient d’une certaine autonomie.

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