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La pratique du commerce international est très vieille, elle s’inscrit dans l’histoire de toutes
les civilisations. L’internationalisation des entreprises n’est pas un phénomène récent. Dans les
années 1920-1930, certaines entreprises avaient déjà développé des activités internationales comme
Rhône-Poulenc, qui dans la période de l’entre deux guerres, avait noué des liens importants et
développé des échanges commerciaux avec les États-Unis. Toutefois, l’internationalisation a pris
son essor des années 1945 à 1990 avec la mise en place du libre échange, qui s’est étendu à un
nombre croissant de pays. C’est ainsi que l’environnement de l’entreprise est devenu international.
L’entreprise a donc été amenée à prendre en considération la globalisation des économies, qui s’est
manifestée par des évolutions du contexte socio-économique, politique, réglementaire et
technologique conduisant à une intensification de la concurrence, une accélération des échanges
d’information, humains..., une disparition progressive des frontières. Dans ce cadre, les entreprises,
de toutes tailles, ont été amenées à s’internationaliser.
b) Définition
L’internationalisation d’une entreprise relève des décisions stratégiques car cette stratégie doit lui
permettre de se développer sur d’autres marchés que celui dont elle est originaire. Il s’agit donc
d’une stratégie d’ensemble de choix produit/marché qui engage l’entreprise à long terme avec des
risques importants en fonction des moyens conséquents engagés.
Il n’existe pas une manière meilleure que les autres de mener une stratégie
d’internationalisation. Comme pour les autres stratégies, il n’y a pas de «recette miracle», et c’est
la manière d’utiliser les outils de gestion qui fera que l’entreprise pourra sortir de ses frontières
avec succès. Pourtant, les études empiriques montrent que la plupart des firmes suivent des
démarches internationales comparables, et passent par plusieurs étapes clairement identifiées. Bien
sûr, des contre-exemples viennent relativiser la portée universelle de ces analyses. Mais ici encore,
le type de stratégie retenu peut être très différent d’une entreprise à l’autre. Le recours à une
typologie nous aidera à saisir la variété des situations à travers quatre types de stratégies
d’internationalisation.
Pour Johanson et Vahlne, le besoin de mener un apprentissage graduel pour acquérir des
connaissances est d’autant plus fort qu’il existe une «distance psychologique». Laghzaoui5 propose
une traduction de ce concept: «la distance psychologique renvoie à “l’ensemble des différences
culturelles et linguistiques ayant une influence sur la circulation de l’information et la prise de
décision dans les transactions internationales, pour expliquer qu’à mesure que l’expérience
internationale s’accroît, la distance psychologique qui sépare [les entreprises] des nouveaux
territoires étrangers se réduit. La diminution de la distance psychologique favorise une progression
1
Johanson et Vahlne, “The Internationalization Process of the Firm: A Model Knowledge Development and Increasing Foreign
Market Commitments”, Journal of International Business Studies, Vol. 8, 1977
2
Rhee et Cheng, “Foreign Market Uncertainty and Incremental International Expansion: The Moderating Effect of Firm, Industry,
and Host Country Factors”, Management International Review, Vol. 4, 2002.
3
Basly, «Processus d’internationalisation de la firme: une relecture à la lumière des approches fondées sur la connaissance», Actes
de l’AIMS, Montréal, 2007.
4
Le savoir-faire peut se définir comme l’ensemble des connaissances acquises ou développées par une entreprise pour mettre en
œuvre un procédé de fabrication ou un processus de gestion
5
Laghzaoui, «Ressources et Compétences: Une Nouvelle Grille de Lecture de l’Internationalisation des PME», Actes de l’AIMS,
Montréal, 2007
plus étendue et une utilisation plus complète des opportunités offertes par les différents pays
connus.”»
Ceci renvoie à la problématique des différences entre cultures nationales. La culture d’un pays a en
effet un impact direct sur les représentations que se font ses habitants. Dès lors, les organisations
qui opèrent au niveau international doivent tenir compte de ces différences pour être efficaces. Un
même message publicitaire humoristique peut ainsi rencontrer un franc succès dans un pays et ne
pas être saisi dans un autre pourtant proche géographiquement.
L’apprentissage de l’internationalisation concerne également la manière de gérer des collaborateurs
appartenant à une culture différente.
b) Typologies de l’internationalisation
Bartlett et Goshal6 estiment que les stratégies d’internationalisation sont caractérisées par
deux dimensions :
–L ’ « intégration » : il s’agit de l’intensité avec laquelle le processus de coordination (façon de
connecter les activités effectuées dans plusieurs pays) est mené ;
–La « différenciation » : elle désigne la mesure dans laquelle la stratégie s’adapte à la demande
locale dans chaque pays.
À partir de ces deux dimensions, Bartlett et Goshal construisent une matrice et distinguent quatre
stratégies possibles :
6
Bartlett et Goshal, Le Management sans Frontières, Éditions d’Organisation, 1991.
Forces d’intégration
Globale
Faibles
Les Avantages :
– accès à de nouveaux marchés. Naturellement, l’intérêt est d’autant plus fort que la demande
sur ces marchés existe pour les produits ou services de l’entreprise, et qu’elle n’est pas satisfaite
;
– diminution des coûts. Deux types de coûts peuvent baisser grâce à l’internationalisation:
les coûts d’approvisionnement (pas de frais d’acheminement, contrôle du prix du flux
entrant, pas de rupture de stocks...),
les coûts de production (main-d’œuvre meilleur marché, fiscalité locale plus
avantageuse...);
– contournement de barrières à l’entrée . Notamment, les barrières protectionnistes,
comme les quotas d’importation, peuvent être évitées simplement en produisant directement
dans un pays cible.
– apparition d’économies d’échelle. En augmentant le volume de production, le coût unitaire de
production diminue (répartition des frais fixes sur une plus grande quantité). Les économies
d’échelle sont les plus grandes dans le cas de la stratégie «globale», car les produits et services
n’ont pas besoin d’être adaptés aux attentes du marché local ;
– répartition des risques . Sauf dans le cas d’une crise mondiale, s’internationaliser permet
de soutenir la demande d’un pays en récession grâce à la demande dans les autres pays. Dans le
même ordre d’idées, une entreprise présente sur plusieurs continents pourra plus facilement
se prémunir contre le risque de change, en possédant des réserves sous forme de différentes
devises ;
– prolongation du cycle de vie du DAS. Un secteur peut être en déclin dans son pays d’origine,
mais dans une phase moins avancée de son cycle de vie dans d’autres zones géographiques.
Les inconvénients :
Cinq inconvénients majeurs existent. Pour chacun d’eux, l’entreprise doit trouver les moyens d’y
remédier pour accompagner sa stratégie d’internationalisation:
– la présence à l’étranger augmente les risques politiques, économiques et financiers. Cela est
d’autant plus vrai que l’entreprise est fortement impliquée dans les pays visés. Cet inconvénient
n’est un problème que dans le cas où l’entreprise est faiblement internationalisée (stratégies
globale et transnationale), et qu’elle se rend dans des pays jugés «instables». Dans le cas
inverse, l’inconvénient peut se muer en opportunité, puisque l’on a vu qu’une
internationalisation large permet de répartir les risques ;
– les coûts commerciaux s’accroissent également. Les dépenses de marketing sont notamment
plus élevées lorsque la firme choisit de s’adapter aux attentes des consommateurs locaux
(stratégies transnationale et multidomestique). La conception des produits et de la
communication exige en effet dans ce cas une mobilisation forte des ressources (financières et
humaines);
– plus l’entreprise propose ses produits dans des pays éloignés et plus:
les coûts de transports augmentent (risque élevé dans le cas d’une entreprise
«internationale» qui ne fait qu’exporter, mais risque réduit dans les autres cas),
l’entreprise doit prendre en compte les législations locales (système de tenue des
comptes...),
voir le cours de S6