La Femme de France

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 . La Femme de France. 1927-08-14.

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Appel aux lemmes
Voulez-vous entreprendre une tâche déli-
cate et utile me demanda-t-on un jour au
journal La Femme de France, voulez-vous
nous expliquer ce que vous entendez par
féminisme et nous dire comment, à votre
avis, le féminisme peut être bienfaisant
pour les femmes sans léser en aucun?
façon les hommes ?
J'ai accepté sans faiblir, j'ai pensé que
l'heure était venue de réfléchir posément
sur la question qui devient socialement une
des questions les plus délicates.
Le féminisme comme il a été compris
jusqu'alors par certains — hommes ou
femmes — est une arme à deux tranchants.
Vous libérez la femme et vous l'isolez dans
la vie, vous la rendez indépendante et vous
détachez d'elle ce qui fait sa joie, son bon-
heur. Tout compte fait, la femme y perd et
préfère rester ce qu'elle est : créature
aimable, soumise à l'homme en vertu de la
loi, mais cherchant par tous moyens en son
pouvoir — et elle a de nombreux moyens
croyez-moi à vivre à côté de lui dans la
!
plus douce et la plus intime harmonie. La
femme n'a sans doute pas tort, la blâmerons-
nous d'agir avec circonspection et de ne
vouloir, à aucun prix, gâcher le bonheur
qu'elle possède ou qu'elle espère? Le fémi-
nisme est une doctrine nouvelle qui peut et
doit s'entendre autrement. Le féminisme
rationnel ne consiste pas à placer la femme
en face de l'homme, en concurrence avec
lui, il ne veut pas nuire à la paix du ménage
et-abolir l'autorité du mari lorsque le mari
est sage et que son autorité est tendre, le
féminisme veut révéler la femme à elle-
même, l'instruire de ses droits, la mettre
en garde. contre ses erreurs, et lui faire
admettre l'importance et la nécessité de
l'accomplissement scrupuleux de ses devoirs.
La femme a évolué très rapidement. Elle
des troubles les plus profonds
a su au milieu situation
se créer une et réagir contre la
tourmente. Seule au foyer, par le départ de
celui qui jusqu'alors l'avait guidée, la
femme française a su pendant la guerre
tenir sa noble place, et remplacer, dans la
force de ses moyens, celui qui était parti
ou disparu. La femme a bien mérité de la
Patrie a-t-on déclaré après la guerre. Cette
femme par la force des choses et la diffi-
culté de l'existence dut continuer son labeur.
Actuellement elle subvient, à côté du mari,
aux besoins de la famille. Noblement, sans
vanité et sans amertume, elle s'est mise au
travail.
Cette femme-là mérite qu'on s'intéresse
à son effort, elle a droit au bonheur complet.
Ne disons donc plus du féminisme : c'est
la lutte des femmes à la conquête de droits
enlevés aux hommes ; disons mieux : le
féminisme c'est un mouvement généreux
qui veut élever la femme au-dessus d'elle-
même et en faire une créature droite, hon-
nête, à la conscience claire, loyale, puisant
toute sa joie dans un altruisme éclairé.
Femme de devoir, épouse fidèle, mère
dévouée et respectée, travailleuse non
infériorisée, citoyenne dont la voix sera
écoutée et comptera. Cette femme que nous
voulons créer doit avant de revendiquer
des droits nouveaux, connaître les droits
qui la protègent, elle doit être capable de
s'en servir.
C'est l'oeuvre que nous voulons entre-
prendre ici.
^^mede^noe
La femme réclame des droits, et ne con- des rougeurs fugaces et passagères sous
naît rien à la loi. l'empire de la modestie, de la frayeur, de l'in-
Elle ignore que le Code contient pour elle
des dispositions favorables dont elle peut
dignation ou de la colère, il faut autant que
possible veiller de bonne heure à ne point se
et doit profiter. Nous nous efforcerons laisser aller à une sensibilité exagérée.
d'indiquer aux lectrices de la Femme de Les rougeurs du front qui ne seraient plus
France qui voudront bien nous suivre, à se absolument fugaces seront combattues par
garantir contre les chagrins de la vie en tous les moyens hygiéniques possibles :
s'appuyant sur les textes faits en faveur des ainsi éviter les attentions trop prolongées à
femmes. Etre utile est notre devise et devient l'étude, à la lecture dans une position assise,
notre désir le plus cher. la tête penchée. Marcher. Se prémunir con-
Que nos amies - soient assurées de tout tre l'impression du vent et celle du soleil ;
notre dévouement, et qu'elles connaissent ne point porter des vêtements serrés, avoir
notre joie à leur fournir les indications et les le ventre libre.
conseils destinés à leur adoucir la. vie, si Les jeunes filles contractent souvent trop
cruelle parfois à certaines !... tôt la mauvaise habitude de plisser le front,
YVONNE NETTER. et voient naître des rides précoces. Un petit
Docteur en droit, effort de la volonté devra les corriger de ce
A vocal à la Cour. défaut gros de conséquences. Elles pourront
d'autre part appliquer tous les soirs, en se
couchant, un bandeau de* toile neuve,
trempé dans un liquide composé par parties
égales : d'alcool et de blanc d'oeuf ; elles
Voulez ~ vous continueront jusqu'à ce que les rides aient
disparu.
être jolie.'
La nouvelle façon de se coiffer avec les
cheveux très courts et rejetés en arrière,
C-tarmes longtemps ignorés nous a valu la découverte d'un autre détail
de la physionomie, également négligé pen-
dant longtemps. Je veux parler de l'oreille.
L'esthétique de la femme est directement On a mis subitement en lumière ce coquil-
liée à la mode. Rien n'est aussi plastique, lage de chair tenu au secret pendant des
aussi malléable que le corps féminin, qui années. La même remarque s'impose
mérite bien à ce point de vue l'épithète du pour le front : si votre oreille n'est point que
poète : « argile idéale, ô merveille » !
d'une forme agréable et délicatement ourlée,
Non seulement la mode impose un certain tenez-là sous l'ombre d'une mèche, laissez
canon de beauté auquel les femmes s'iden- le « cran » des cheveux la recouvrir à l'excep-
tifient avec une rapidité surprenante : en tion de l'extrémité du lobe... Quoi que sug-
perdant leurs formes, par exemple, pour gère la mode, nous ne devons en adopter
réaliser la silhouette svelte et ambiguë qui que ce qui nous est seyant.
est la seule que consentent à habiller les Toutefois, il y a manière d'atténuer cer-
couturiers. taines imperfections. Si le pavillon de l'o-
Mais encore, c'est la mode qui détermine reille est aplati, comme collé sur les os de la
la mise en valeur de certains détails de la tête, on corrige ce défaut en faisant, pendant
joliesse féminine, ou leur dissimulation ja- le jour, passer derrière mèche de
louse. C'est ainsi qu'il n'y a pas très long- une grosse
révélation fut faite du front cheveux, et dans la nuit on la remplace par
temps que nous un petit tampon de coton ou de linge fin. Il
de nos contemporaines. Vous rappelez-vous faut seulement de ia patience pour obtenir
comment, durant des années, il se tint mys- un bon résultat, et ne pas se lasser.
térieusement caché sous l'ombre des che-
veux?... Et ce n'est pas tant seulement la Si le pavillon est trop renversé en avant,
prétention (justifiée) des Eves modernes à dire on emploiera le procédé contraire, c'est-à-
l'intellectualitéqui leur fit arborer le front où le redresser, le fixer contre la tête par les
s'inscrivent l'intelligence et la culture, mais cheveux, ou des rubans et des bandeaux la
surtout les différents styles de la coupe des nuit. Là encore on doit s'armer de patience,
cheveux, qui tendent à dénuder de plus en et ne pas se décourager.
Vous vous rappelez ma recommandation
plus le visage.
Pendant si longtemps les femmes avaient de farder d'une touche légère de rose la
porté leurs cheveux abaissés jusque sur leurs pointe de l'oreille, qui semblerait blafarde
yeux qu'elles trouvèrent le secret d'une trans- par comparaison avec l'incarnat des joues.
formation radicale en découvrant le haut de Le port de la boucle d'oreille est subor-
leur figure. Cela donne incontestablement donné, à mon avis, à la forme générale du
plus de clarté, plus de loyauté (apparente !) visage. Si la figure est allongé, on se gardera
à la physionomie. N'est-ce pas Victor Hugo des grandes pendeloques qui accuseraient
qui a dit : à l'excès cet effet.
a Beaucoup de front dans un visage, c'est Laissez-moi vous faire part encore de ce
beaucoup de ciel dans un horizon. » petit procédé qui se rapporte, non à la beauté
— Fort bien ! mais je connais des femmes proprement dite, mais à la coquetterie : les
qui seraient défigurées par l'obligation de femmes atteintes de surdité nerveuse, au-
montrer leur front ! ront toujours sous la main, au lieu de l'in-
—
Évidemment ! on n'aime à montrer fâme cornet acoustique, un éventail en papier
que ce qui est beau. japonais, dont les lames seront faites de
Quid des fronts d'une hauteur exagérée, bâtons de bambou fendus en deux. Lors-
— qu'elles voudront écouter, elles saisiront
ou qui doivent à la vilaine plantation des
cheveux un dessin peu gracieux, ou encore l'éventail, le déplieront, en appuieront le
des fronts trop bas, et de ceux sillonnés de bord supérieur contre leur mâchoire, du
rides ou sujets à des rougeurs fâcheuses?... côté où l'on parle ou du côté de la mauvaise
Mon dieu chacun de oreille, en le ployant assez pour donner
— ! ces maux com- tension aux baguettes de bambou.
porte un remède. Le premier de tous est de quelque Elles seront toutes surprises d'entendre
ne pas relever les cheveux si le front ne doit
ajouter attrait de plus au visage. Il comme avec un appareil, et par un moyen
pas un
est certain que l'on doit s'efforcer d'acquérir plus gracieux.
« un front de nacre ».
Si le front est enclin à MONELLE.
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