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LE GRAND
75 | PARIS
COMMERCE | Un projet d’arrêté ministériel pourrait, s’il est publié, légaliser ces entrepôts fantômes
entièrement dédiés à la livraison à domicile. Un coup dur pour la Ville qui tente de juguler leur essor.
Les dark stores bientôt légalisés ?
Le projet qui inquiète la mairie
 CHRISTINE HENRY
ALORS QUE la mairie de Paris a
engagé une bataille pour régle-
menter les dark stores, ces en-
trepôts fantômes pourraient
être légalisés. Un projet d’arrêté
ministériel pourrait faciliter le
développement de ces maga-
sins sans devanture, dédiés à la
livraison de courses à domicile.
Une perspective que ne voit pas
d’un bon œil la mairie de Paris,
désireuse de réguler cette acti-
vité qui s’est développée avec la
crise sanitaire et qui provoque
des nuisances et concurrence
le petit commerce. « C’est un
mauvais coup », dénonce Em-
manuel Grégoire, premier ad-
joint à la mairie de Paris.
Le texte émanant du minis-
tère de la Transition écologique
et de la Cohésion des territoires
précise que « les points perma-
nents de retrait par la clientèle
d’achats au détail commandés
par voie télématique » sont
considérés comme des com-
merces tandis que « les locaux
de stockage de produits ali-
mentaires destinés à la vente
par livraison à la clientèle sans
point d’accueil ne relèvent pas
de cette sous-destination ».
« En clair, ces dark stores
pourraient être reconnus com-
me des commerces de détail
dès lors qu’il y a un point de
vente ou un point de retrait »,
résume Emmanuel Grégoire.
Une brèche ouverte dans la-
quelle les plates-formes pour-
raient s’engouffrer pour échap-
per aux sanctions mises en
place par la Ville.
L’Hôtel de Ville n’exclut pas
de se pourvoir en justice
« Nous avons bon espoir d’ob-
tenir du gouvernement qu’il
bloque la sortie de cet arrêté. Ce
document émane de la direc-
tion de l’habitat, de l’urbanisme
et des paysages mais curieuse-
lefigaro_in
2022-08-17T16:43:41+02:00
Monde;u:nouvet@lemonde.fr;
2022-08-15T02:06:10c:Le
Jour:
Autre
un
Demain
ment, ni Christophe Béchu, le
ministre de la Transition écolo-
gique et de la Cohésion des ter-
ritoires, ni Olivia Grégoire, mi-
nistre du commerce, ne sont au
courant. C’est une intense cam-
pagne de lobbying qui s’est
jouée. ». Dans le cas contraire, la
mairie n’exclut pas de se pour-
voir en justice pour en contes-
ter la légalité.
L’APUR (l’atelier parisien
d’urbanisme), dans une étude
publiée en janvier, a recensé
plus de 80 dark stores dans la
capitale et sa proche banlieue.
Ces mini-entrepôts virtuels, qui
appartiennent à une dizaine
d’acteurs — Uber Eats, Gorillas,
Fink, Frichti, Deliveroo… — vous
permettent d’échapper à la cor-
vée des courses dans les super-
marchés. Il suffit de quelques
Patrimoine
Lundi 15 août
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Plusieurs se sont installés
dans les rez-de-chaussée et les
sous-sols des immeubles alors
que le plan local d’urbanisme
interdit la création d’entrepôts
sur des parcelles comprenant
des habitations, ou bien dans
des locaux commerciaux, sans
avoir effectué une demande de
changement d’usage.
« La livraison des achats à
domicile répond à un besoin.
C’est le sens de l’histoire. Mais
on ne peut pas laisser ces dark
stores s’installer n’importe où,
réagit Gérard Simonet, prési-
dent de l’association Vivre le
Marais. Nos rues sont trop
Votre fait du jour
Cinq espaces verts méconnus
à découvrir pour vous rafraîchir
P. IV-V
étroites pour supporter le trafic
de camions de livraison et de
triporteurs et l’absence de de-
vanture nuit à l’esthétique. »
« On va vivre un véritable
cauchemar »
Les habitants de la rue de Mont-
morency (IIIe) ont découvert à la
mi-juillet l’ouverture, à l’angle
de la rue du Temple, d’un entre-
pôt fantôme. « L’enseigne
Gopuff s’est installée dans les
locaux libérés par une supéret-
te. À la rentrée, quand l’activité
va repartir, on va vivre un véri-
table cauchemar avec la noria
des camions de livraison, le sta-
tionnement sur les trottoirs des
tripoteurs et des scooters et les
klaxons des automobilistes
coincés pendant que les mar-
chandises sont déchargées. La
Un dolmen
légendaire
en forêt de
Rambouillet
LP/LÉA BEAUDUFE-HAMELIN
P. II
LP/ELISABETH GARDET
Les dark stores, comme celui-ci
appartenant à Frichti, pourraient
être considérés comme des
commerces s’ils disposent d’un
point de retrait permanent, selon
le projet d’arrêté ministériel.
a
On ne peut pas laisser
ces dark stores s’installer
n’importe où. Nos rues sont
trop étroites pour supporter
le trafic de camions de
livraison et de triporteurs
LP/M.-A.G.
GÉRARD SIMONET, PRÉSIDENT
DE L’ASSOCIATION VIVRE LE MARAIS
mairie a été alertée », confie Interrogé par l’AFP, le minis-
Daniel, qui habite juste au-des- tère délégué auprès du ministre
sus. « Il n’y a pas de pire choix de la Transition écologique,
d’implantation dans le Marais », chargé de la Ville et du Loge-
s’insurge le président de Vivre ment, a confirmé qu’un projet
le Marais. Même situation rues de décret et un projet d’arrêté
Émile-Allez, Brunel ou Tocque- étaient « en cours d’élabora-
ville, dans le XVIIe, rue Lamarti- tion », notamment pour
ne, dans le IX e , et dans bien « mieux encadrer le dévelop-
d’autres quartiers de la capitale. pement des dark stores, dark
Face aux nuisances engen- kitchen » et « clarifier le statut
drées, l’Hôtel de Ville hausse de ces locaux ». Le projet « a été
le ton depuis le printemps. soumis en juillet à la consulta-
« Une cinquantaine de procès- tion des différentes parties pre-
verbaux sont en attente d’une nantes (collectivités locales et
instruction par le tribunal et professionnelles concernées), a
nous avons commencé à appli- précisé cette source. Dans les
quer des sanctions financières. prochaines semaines, le travail
Les dark stores non autorisés d’adaptation du texte et de con-
risquent une astreinte de 500 € certation des acteurs concer-
par jour plafonnée à nés va se poursuivre afin de
25 000 € », précise le bras droit concilier au mieux les différents
d’Anne Hidalgo. enjeux. » n