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L’entre
Pour mieux la connaître
L’entreprise
Sylvain Bersinger
L’entreprise
Pour mieux la connaître
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-11792-8
EAN : 9782343117928
Sommaire
Introduction 9
II) La comptabilité 27
7
XII) Fusions, acquisitions et évaluation
d’entreprise 193
Conclusion 209
8
Introduction
C’est une question légitime : pourquoi écrire (ou
lire) un livre parlant des entreprises ? A première vue, il
semblerait qu’il existe bien d’autres façons plus ludiques
ou intéressantes de passer le temps.
Seulement voilà, je ne suis pas d’accord avec cette
dernière phrase. L’entreprise est un monde passionnant,
trop souvent méconnu. Tout le monde a affaire avec les
entreprises de façon quotidienne ou presque, que ce soit
pour travailler ou consommer. Lorsqu’un acteur de
l’économie et de la société a une telle importance, il
semble légitime de se pencher sur son cas. D’autant plus
que de nombreuses questions qui font la une des journaux
ou des campagnes électorales sont rattachées à
l’entreprise, à l’exemple des salaires mirobolants des
grands patrons, des délocalisations, des prises de bec sur le
droit du travail, de la publicité, des prix qui augmentent
forcément plus vite qu’on le souhaiterait, et bien d’autres
choses encore.
9
mais n’ayant aucune connaissance du domaine pourrait y
trouver quelques pistes pour se mettre le pied à l’étrier.
Plus tous les curieux, bien entendu. Tous ceux qui
aiment se promener le nez au vent et s’émerveiller sur l’air
de « tiens, j’avais pas vu les choses sous cet angle ! ». Une
proportion réduite de la population qui ne suffit pas à faire
des best-sellers, nous sommes bien d’accord, quoique…
On a bien l’exemple de cette jeune allemande, Giulia
Enders, dont le livre n’explique rien de plus que le
fonctionnement de l’intestin avec un luxe de détails à vous
flanquer la nausée mais qui n’en est pas moins devenu un
immense succès mondial. D’accord, elle est furieusement
mignonne et sa photo sur la quatrième de couverture
rajoute du piment à l’affaire, mais on ne peut pas résumer
tout son succès à ça.
Car après tout, il y a bien des gens qui occupent
leurs loisirs à courir en rond jusqu’à en perdre haleine, qui
se saoulent comme des cochons en se tortillant au son
d’une musique assourdissante, qui vont tuer des animaux
dans la forêt ou attraper dans les rivières des poissons qui
seraient bien plus beaux à sauter dans les vagues plutôt
qu’à l’état de cadavre dans une bourriche ; alors pourquoi
pas lire un bouquin parlant des entreprises ? De ce qu’elles
sont, de ce qu’elles font, de comment elles s’organisent, se
financent, grandissent, meurent parfois aussi… en un mot
de la façon dont elles créent de la richesse. Car ne
l’oublions pas, les entreprises sont au cœur du mécanisme
de croissance économique ; si l’on veut que le pays gagne
en prospérité, il faudra bien se soucier des entreprises.
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I) Commençons par le
commencement : les définitions
1) Définitions, hé oui
Comme au bon vieux temps des culotes courtes, on
commence par définir de quoi on cause, il ne faut pas
mettre la charrue avant les bœufs. Et on se rend compte
que définir les termes du sujet n’est pas forcément une
mince affaire. Notre sujet étant l’entreprise, nous
pourrions débattre longuement de la meilleure définition
possible. En voilà une assez englobante et standard :
l’entreprise est une unité économique de production de
biens ou services à but commercial.
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activité est effectuée en interne, c’est une relation
hiérarchique au sein de l’entreprise.
Une transaction sur un marché a un coût, appelé
coût de transaction. Selon les libéraux purs et durs,
partisans de l’hypothèse de l’hypothèse de concurrence
pure et parfaite, ces coûts sont nuls ou insignifiant. Pour
Coase, il n’en est pas ainsi. Chercher un client ou un
fournisseur, négocier, vérifier que le contrat a bien été
respecté… tout ceci a un coût. A l’intérieur d’une même
entreprise, il n’y a pas de coût de transaction entre les
différents services puisqu’il n’y a pas d’échange
monétaire, mais il y a des coûts d’administration, c’est-à-
dire des coûts pour s’organiser. Pour Coase, les entreprises
apparaissent lorsque les coûts de transaction sont
supérieurs aux coûts d’administration. Dans le cas
contraire, il est préférable de traiter via le marché avec une
autre entreprise.
Selon Coase, l’entreprise serait donc un nœud de
contrats entre toutes ses parties prenantes, fournisseurs et
clients, salariés, banquiers, assureurs… Le tout serait de
signer les contrats les plus judicieux dans lesquels aucune
partie ne serait lésée et de les faire respecter ensuite.
3) Biens vs services
Pour décortiquer notre définition de l’entreprise qui
est, je vous le rappelle ça évitera de perdre le fil, « une
unité économique de production de biens ou services à but
commercial ». Précisons ce qu’on entend par bien et par
service. Pas que ça soit le point crucial, plutôt par
conscience professionnelle.
Un bien correspond à une production physique,
qu’on peut voir et toucher. Un ordinateur, une voiture, une
pomme. Les services présentent un caractère immatériel,
sans apparence physique. Le cours d’un professeur, la
consultation chez un médecin, une nuit à l’hôtel, un trajet
en avion. L’avion a certes une forme physique, Airbus
fabrique un bien, mais la compagnie aérienne vous vend
un service : être déplacé d’un point à un autre. Lorsque
vous arrivez à l’aéroport de destination, vous n’avez aucun
bien tangible dans les doigts, sauf si vous êtes grippe-sous
au point d’avoir empoché le sachet de sucre fourni avec le
plateau-repas.
Parfois, on fait la distinction entre secteur primaire
(agriculture et pêche), secondaire (industrie) et tertiaire
(services). Les deux premiers correspondent à des biens, le
18
troisième étant les services. Cette distinction, bien
qu’encore utilisée, commence à être sérieusement passée
de mode. Car dans nos économies occidentales, les
services représentent plus des trois quarts de la production.
Le primaire compte pour maximum 3% de la production
totale, le secondaire pour guère plus de 20%, tout le reste
c’est du service.
Une entreprise peut bien entendu fabriquer des
biens ET des services. Exemple d’une entreprise qui
organiserait des visites de ses usines, car une visite est un
service, même si on essayera de vous vendre des biens
sous formes de gadgets hors de prix à la boutique-
souvenir.
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gouvernement favorise les grands groupes au détriment
des PME. Très utilisé, cet acronyme de PME (petites et
moyennes entreprises), il est toujours vendeur de prétendre
que l’on se bat bec et ongles pour les PME. Mais affinons
la classification, même si la division en différentes
catégories a toujours un petit côté arbitraire :
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II) La comptabilité
1) Quelques considérations générales
Je sais, la comptabilité est le truc le plus ennuyeux
qui soit. Ennuyeux mais bougrement important ! En
gestion, en finance, même en économie on utilise la
comptabilité, en tout cas ses rudiments. Alors je vous
propose qu’on voie ça tout de suite, au début, comme ça
on sera débarrassé et on pourra passer à des choses plus
rigolotes. Alors prenez une profonde inspiration, et allons-
y…
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Les actionnaires sont intéressés par la santé de
l’entreprise, comment feriez-vous pour choisir d’acheter
telle action plutôt que telle autre sans comptabilité ?
N’oublions pas les salariés, qui sont aux premières
loges en cas de pépin et qui aiment bien connaître la santé
de leur employeur.
Les banques épluchent la comptabilité des
entreprises pour décider de leur accorder un prêt ou non.
Pas que la comptabilité, nous sommes bien d’accord, mais
le banquier aime bien avoir une idée précise de votre
situation pour estimer votre capacité de remboursement.
Ensuite les clients comme les fournisseurs d’une
entreprise s’intéressent à sa comptabilité, les uns pour
savoir s’ils seront livrés, les autres pour savoir s’ils seront
payés.
Et n’oublions pas les tribunaux. En cas de conflit
juridique en tout genre, le juge aura besoin d’avoir une
idée précise de ce qui s’est passé dans l’entreprise.
Pour résumer, toutes les parties prenantes, c’est-à-
dire tous ceux qui sont en interaction avec l’entreprise ont
besoin d’information, donc de la comptabilité.
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On va remonter un peu le temps. Je sais pas vous, mais
j’aime bien l’histoire. Et comme c’est moi qui écrit, on va
en faire quelques lignes, sautez le passage si vous n’êtes
pas curieux. Faire l’histoire de la comptabilité revient plus
ou moins à faire l’histoire des échanges économiques. Car
dès qu’il y a production et commerce il faut bien savoir ce
qui est à qui et qui doit quoi à qui ; c’est pourquoi on a
besoin d’une comptabilité, aussi rudimentaire soit-elle. Il
n’est donc pas surprenant que l’on trouve des traces de
comptabilité dès l’antiquité en Mésopotamie, avec par
exemple le code d’Hammourabi, cet ensemble de lois
inscrites sur une stèle : pensez à y jeter un œil la prochaine
fois que vous passez au Louvre.
Ensuite, ce sont les italiens de la Renaissance qui vont
inventer la comptabilité moderne. Au même moment, ils
poseront les bases de la banque, de la finance et de ce qui
deviendra le capitalisme. C’est un moine, le vénitien Luca
Paccioli, qui est à l’origine de la comptabilité en partie
double en 1494. Depuis cette fin de XVème siècle nous
n’avons pas fondamentalement évolué puisqu’on utilise
toujours la comptabilité en partie double. Cela consiste à
enregistrer deux fois chaque opération : une fois pour
indiquer quelle ressource l’entreprise a utilisé et une fois
pour indiquer l’emploi qu’elle en a fait. Par exemple on
achète une marchandise. Il y a une sortie d’argent (une
ressource utilisée) et une acquisition de marchandise (un
emploi qui en est fait). Cette façon de faire présente
notamment l’intérêt de pouvoir facilement vérifier qu’on
ne s’est pas planté en cours de route, on y reviendra plus
en détail.
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a) Le bilan
Actif Passif
Camion : 15 000€ Capitaux propres
Machine : 12 000€ (apports) : 20 000€
Trésorerie : 3 000€ Dettes : 10 000€
Total : 30 000€ Total : 30 000€
b) Le compte de résultat
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Charges (coûts) Produits (revenus)
Charges d’exploitation Produits d’exploitation
(charges liées au cycle de (issus de l’activité
production : marchandises, courante : vente de biens
salaires…) ou services)
Charges financières (intérêts Produits financiers
sur emprunts) (revenus de placements)
Charges exceptionnelles Produits exceptionnels
(amende, dommage et (subventions, revente de
intérêt) biens immobiliers)
Charges Produits
Somme des charges : Somme des produits :
40 000€ 50 000€
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Charges Produits
Somme des charges : Somme des produits :
40 000€ 50 000€
Bénéfice : 10 000€
Total : 50 000€ Total : 50 000€
Charges Produits
Somme des charges : Somme des produits :
50 000€ 40 000€
Perte : 10 000€
Total : 50 000€ Total : 50 000€
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personne vendait tout ce qu’elle possède il y en aurait pour
un milliard. C’est un stock de richesse.
A ne pas confondre avec le flux. Le flux représente
une évolution, un déplacement sur une période donnée. Le
compte de résultat représente un flux, il indique les
opérations effectuées par l’entreprise sur une période
donnée, en l’occurrence un exercice comptable, donc un
an. Pour continuer de filer la comparaison avec un
individu, le revenu représente un flux. Un revenu ne peut
être considéré à une date précise, il représente une rentrée
d’argent sur une période : un an, un mois, un jour voire
une heure. Quand on dit « je gagne 10 000€ par mois (tant
mieux pour vous) », c’est d’un flux que l’on parle.
De tout ceci découle que le bilan et le compte de
résultat ne donnent pas forcément la même information sur
l’entreprise et qu’ils sont plus complémentaires que
redondants. Imaginons une entreprise qui a été très
prospère sur les dernières décennies mais, pour une raison
de votre choix, l’année passée s’est révélée catastrophique.
Le compte de résultat va indiquer une lourde perte et une
situation très difficile, puisqu’il ne considère que l’année
écoulée. Alors que le bilan donnera une image toute autre.
L’entreprise aura acquis du patrimoine et se sera
désendettéé au cours de ses longues années de vaches
grasses. Les mauvais résultats de l’année écoulée auront
peut-être jeté une ombre au tableau mais le bilan indiquera
néanmoins une situation beaucoup plus reluisante que le
compte de résultat. En un mot, l’un représentant un flux et
l’autre un stock (j’insiste là-dessus), ils ne racontent pas la
même chose, chacun apporte son éclairage particulier.
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c) L’annexe
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raisonnement de bon sens dérivé de la vie de tous les jours
est le meilleur moyen de foncer droit dans le mur. Car
l’étudiant dont nous venons de parler a déjà entendu ces
termes de débit et crédit, ils sont mentionnés sur son
compte en banque (qui vient d’ailleurs de virer au rouge
car les consommations coûtent effroyablement cher en
boîte de nuit). Alors il se dit qu’avec un peu de jugeote, il
fera bien le lien entre ses relevés bancaires et le cours de
compta. Erreur ! Ou plutôt, pas si vite.
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Revenons sur les numéros de compte. Chaque
compte a un numéro, classé selon différentes catégories.
Le tout est répertorié dans ce que l’on appelle le plan
comptable général, que vous trouverez dans votre librairie
préférée. Ça se présente comme une sorte de petit livret,
genre dépliant touristique, sauf que ce qui y est indiqué est
beaucoup moins palpitant.
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Bilan :
Comptes d’actif Comptes de passif
Classe 2: comptes Classe 1 : comptes de
d’immobilisation capitaux
Classe 3 : comptes de stocks Classe 4 : comptes de
et en-cours tiers
Classe 4 : comptes de tiers Classe 5: comptes
Classe 5 : comptes financiers financiers
Compte de résultat :
Comptes de charge Comptes de produit
Classe 6 : comptes de Classe 7 : comptes de
charge produits
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Débit Crédit
Compte d’actif Augmentation (+) Diminution (-)
Compte de Diminution (-) Augmentation (+)
passif
Compte de Augmentation (+) Diminution (-)
charge
Compte de Diminution (-) Augmentation (+)
produit
c) Exemple
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Numéro de Date : 01/06 Débit Crédit
compte
2182 Matériel de transport 20 000
512 Banque 20 000
Achat d’un camion
payé comptant
Journal de l’entreprise :
50
Dans ce cas, on a 20 000€ au débit et 20 000€ au
crédit, on a donc un solde nul. Ce qui est somme toute
logique, puisqu’on a eu une dette envers le fournisseur, et
que l’on a réglé par la suite. A l’arrivée, comme on ne doit
plus rien au fournisseur, le compte est à 0. Si la dette
n’avait pas été réglée à la fin de l’exercice, il y aurait
toujours un solde créditeur de 20 000, indiquant la dette
qui reste à honorer.
51
Si on voulait faire les choses dans le détail, il
faudrait aussi dresser la balance en plus du grand livre. La
balance est un document qui récapitule le solde de chacun
des comptes ouverts. Mais comme on a, dans les comptes
juste au-dessus, bien visible le solde final de chaque
compte, je propose que l’on zappe la balance.
Charges Produits
Achat de marchandises Vente de marchandises 15
10 000 000
Bénéfice : 5 000
Total : 15 000 Total : 15 000
Actif Passif
Locaux 100 000 Capitaux propres : 90 000
Machine 20 000 Dette : 50 000
Camion 20 000 Bénéfice 5 000
Argent en banque 5 000
Total actif : 145 000 Total passif : 145 000
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Moralité : adopter le point de vue de la banque
plutôt que regarder son petit nombril !
a) De quoi s’agit-il ?
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Pour obtenir le résultat, on a soustrait tous les
postes à la vente de marchandises. En ce qui concerne les
variations de stock, les parenthèses indiquent un chiffre
négatif, une notation souvent utilisée. Comme moins par
moins donne plus, la variation de stock va s’additionner au
résultat d’exploitation. En effet, si le stock a diminué cela
signifie que l’entreprise a vendu en 2015 des marchandises
qu’elle n’a pas achetées au cours de l’exercice, c’est tout
bénef (pour 2015), d’où la hausse de 50 000 du résultat
d’exploitation.
Commençons à affiner l’analyse. On cherche à
calculer la marge commerciale, en valeur absolue pour
commencer.
Marge commerciale = ventes de marchandises –
coût d’achat des marchandises vendues.
Les ventes de marchandises, facile, c’est
1 200 000. Pour le coût d’achat, ça se corse un peu. On a
700 000 d’achat de marchandises, 14 000 de frais de port
sur achats, moins 50 000 de variation de stocks. En effet,
puisque le stock a diminué de 50 000, cela signifie que ces
marchandises n’ont pas été achetées en 2015, or on se
préoccupe uniquement de la marge de 2015. On obtient
donc :
Marge commerciale = 1 200 000 – 700 000 -
14 000 + 50 000 = 536 000
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Ce qui signifie que pour chaque euro vendu,
l’entreprise réalise une marge de 44,57 centimes. Tout ceci
est bien gentil, mais demeure très général. On connait la
marge globale de l’entreprise, mais pas la marge de
chaque produit vendu, ce qui complique la gestion
efficace. On dispose des informations supplémentaires
suivantes :
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Ventilons ces coûts pour les différents produits
Fonction Fonction
administrative commerciale
Salaires + 25% soit 70 000 75% soit
charges = 210 000
280 000
Amortissement 10 % soit 10 000 90% soit
= 100 000 90 000
Total 80 000 300 000
Vélos 33% soit 26 600 80% soit
240 000
Autos 33% soit 26 600 10% soit
30 000
Motos 33% soit 26 600 10% soit
30 000
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III) Stratégie d’entreprise
Avec la stratégie d’entreprise, on change de registre.
Finis les règles comptables, les obligations légales,
l’empilement consciencieux de tableaux de chiffres. La
stratégie se projette dans le futur, dans d’autres lieux, bref,
on regarde au loin.
Les entreprises évoluent dans un environnement
concurrentiel où celles qui sont le moins performantes
disparaissent. On l’a dit au début : profit is the rule of the
game, d’où la nécessité d’élaborer une stratégie pour faire
face à la compétition.
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réinventé l’eau chaude, mais ils permettent de poser ses
idées noir sur blanc. Voyons les plus connus.
1) La matrice SWOT
SWOT, ça vient de l’anglais, ou devrais-je dire de
l’américain, comme la plupart des choses dès qu’on
évolue dans le monde du business. La preuve, on dit plus
souvent business que affaires. Mais passons, SWOT
signifie strenghts, weaknesses, opportunities, threats ce
qui se traduit par forces, faiblesses, opportunités, menaces.
On aurait pu parler de la matrice FFOM, mais avouons
que ça sonne moins bien que SWOT.
La matrice SWOT, donc, a la dégaine suivante :
Positif Négatif
Interne à Forces faiblesses
l’entreprise Matériel récent Endettement élevé
Image positive
Externe à opportunités Menaces
l’entreprise Secteur en Hausse du prix
croissance des fournitures
Aides de l’Etat
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Coca-Cola Positif Négatif
Interne à Forces Faiblesses
l’entreprise Marque Faible diversification
mondialement
connue
Externe à Opportunités Menaces
l’entreprise Hausse Obésité et toutes les
demande pays lois qui visent à
émergents lutter contre
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essorer les PME ou les agriculteurs, ce serait donc un
point négatif pour lesdits PME ou agriculteurs.
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Par la suite, on a ajouté l’Etat en tant que sixième
force au modèle initial, bien que Porter se soit toujours
opposé à cette évolution qu’il juge inutile. Avec cette
nouvelle force, on se demande si l’Etat et notamment la
législation a un impact fort sur votre activité. Si vous
vendez des cigarettes, les taxes et les images à faire vomir
sur les paquets représentent l’importance de l’Etat ; mais
si vous vendez de chaussettes, la règlementation est
beaucoup moins tatillonne. Voilà pourquoi on continue à
dire le modèle des 5+1 forces, pour laisser la trace de ce
rajout tardif.
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Pour l’intensité concurrentielle j’ai mis 10 car la
bataille est rude sur le marché des sodas. Le pouvoir de
négociation des fournisseurs est vraisemblablement faible
face à une entreprise qui achète de très grandes quantités.
Le pouvoir de négociation des distributeurs est faible, on
n’imagine mal un supermarché, un bistro ou un restau qui
ne proposerait pas de Coca, même s’ils peuvent opter pour
une autre marque de sodas. La menace de nouveaux
entrants est moyennement élevée, pas que faire du soda
soit plus difficile qu’autre chose, mais en faire sur une
échelle propre à concurrencer Coca-Cola est une autre
paire de manches. Les produits de substitution sont
nombreux au rayon des boissons non-alcoolisées et l’Etat
vient mettre ses pattes dans ce secteur sous forme de lutte
contre l’obésité et de « pour votre santé, mangez au moins
cinq fruits et légumes par jour » en bas des affiches
publicitaires.
Voilà, grossièrement, l’illustration du modèle des 5+1
forces de Porter avec l’exemple de Coca-Cola ; à vous de
vous amuser à compléter le graphique avec d’autres
entreprises…
3) L’analyse PESTEL
L’analyse (ou modèle PESTEL) se situe dans la lignée
des 5+1 forces de Porter. Rien de bien révolutionnaire.
PESTEL n’est le nom de personne, c’est un acronyme,
mais un acronyme en français, chose suffisamment rare
pour être remarquée dans cette discipline. Avec PESTEL,
on se situe sur l’analyse de l’environnement externe à
l’entreprise.
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Politiques : stabilité gouvernementale, fiscalité,
politique commerciale voire monétaire, politique de
change…
Économiques : où se situe-t-on dans le cycle
économique ? Va-t-on vers une crise ou une période de
prospérité ? Le chômage, l’inflation ou tout autre
variable macro-économique risque-t-elle d’influencer
l’entreprise en bien ou en mal ?
Sociologiques : on s’intéresse à la démographie, à la
mobilité sociale, au niveau d’éducation, aux habitudes
de consommation ou d’épargne…
Technologiques : dépenses publiques de recherche,
anticipation des évolutions technologiques, de
l’obsolescence…
Écologiques : lois sur la protection de
l'environnement, traitement des déchets, l’économie
d’énergie…
Légaux : lois sur les monopoles, sur le travail, les
normes de sécurité, anticipation de la règlementation
future…
4) La matrice BCG
Il existe une multitude de modèles, matrices et autres
schémas en stratégie d’entreprise. Car, que voulez-vous, il
faut bien que les consultants diplômés de la Harvard
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business school trouvent un moyen de justifier leurs
honoraires…
Jetons donc un œil à la matrice BCG. BCG signifie
Boston Consulting Group, un cabinet de conseil américain
mondialement connu et basé, vous l’aurez deviné, à
Boston. Elle est surtout utile pour les groupes présentant
une large gamme de produits ou une forte diversification
de leurs activités. Pour la PME du coin, l’utilité de cette
matrice est plus douteuse. Ce livre a peu de chance d’être
lu par le PDG d’un groupe multinational mais, tradition
oblige, on ne peut décemment pas aborder le thème de la
stratégie d’entreprise sans glisser un mot sur la matrice
BCG.
L’utilité de cette matrice, donc, est de classer les
activités d’un groupe et de réfléchir à leur rentabilité et
aux moyens qu’il faudrait allouer à chacune. Ne faisons
pas durer le suspense plus longtemps, la matrice BCG
ressemble à ça :
élevé
Etoile Dilemme
croissance du
Taux de
marché
faible
élevé faible
Part de marché de l’entreprise
70
Produits « dilemme » : marché prometteur mais position
faible. Faut-il investir fortement ou laisser tomber ?
L’entreprise fait face à un dilemme stratégique. Exemple
de Nokia sur les smartphones qui s’est fait voler la
vedette.
Produits « vache à lait » : forte part de marché sur un
secteur arrivé à maturité. Profits élevés mais faible
nécessité d’investir, les profits pourront servir à financer
les produits « étoile ». Exemple des box pour les
opérateurs téléphoniques.
Produits « poids morts » : une faible part de marché sur
un marché peu porteur, il semble judicieux de les laisser
tomber. Ces types de produits sont généralement tombés
dans l’oubli, comme le magnétoscope.
5) La matrice McKinsey
McKinsey est un autre grand cabinet de conseil. Un
concurrent new-yorkais de BCG. Il se devait lui aussi
d’avoir sa matrice, et de lui donner son nom. J’ai peut-être
l’air un peu satirique comme ça, mais c’est parce-que j’ai
un peu de mal à voir la différence entre les matrices BCG
et McKinsey. Enfin, puisqu’elles sont connues toutes les
deux, je vous en touche un mot, pas avoir l’air de bâcler le
travail. Voilà donc la matrice McKinsey :
71
Position concurrentielle
Forte Moyenne Faible
Investir
Elevé
Maintenir sa Investir
pour
position sélectivement
Attrait du marché
croître
Expansion
Moyen
Investir Rentabilité
limitée ou
sélectivement sélective
récolte
Faible
Protéger et se Rentabilité
Abandonner
re-concentrer sélective
6) La chaine de valeur
Avec la chaine de valeur, on en revient à Porter,
car c’est lui le pape de la discipline. La chaîne de valeur,
ou chaîne de Porter, se présente ainsi :
72
Infrastructure de l’entreprise
Gestion des ressources humaines
Activités
Développement technologique,
de soutien
recherche et développement
Approvisionnements
Marge
Commercialisation
Logistique externe
Logistique interne
Activités
Production
principales
Services
On a différents types d’activités : des activités et vente
principales sur la ligne du bas et des activités de soutien
au-dessus. Il aurait peut-être été plus judicieux de placer
les activités principales en haut, mais c’est ainsi que ce
présente généralement le modèle. Et toutes ces activités
permettent de générer une marge, à droite, que l’on
souhaite bien entendu la plus grassouillette possible.
On ne va pas détailler chacune des activités, seulement
quelques-unes. La logistique interne recouvre le stockage
et le déplacement des marchandises au sein de l’entreprise.
La case « services » correspond aux services associés à la
vente, par exemple l’installation, la formation ou le service
après-vente. Enfin, l’infrastructure de l’entreprise
correspond à toutes les tâches indispensables « de base »,
comme l’administration et la comptabilité.
7) Le modèle VIP
Le modèle VIP, j’ai hésité à vous en parler car, vous
allez voir, il est bête comme chou. Mais bon, puisqu’on est
dans la partie sur la stratégie d’entreprise, autant s’y
attarder un peu. Ce modèle a pour seule ambition de poser
les questions fondamentales auxquelles l’entreprise doit
répondre ; questions qui sont faciles à retenir puisqu’elles
correspondent sans surprise à l’acronyme VIP : valeur,
imitation, périmètre.
75
IV) Les indicateurs de gestion
Après une partie somme toute gentillette sur la
stratégie d’entreprise, on va remettre les mains plus avant
dans le cambouis. Avec les indicateurs de gestion, on est
comme qui dirait dans le prolongement de la comptabilité
analytique que nous avions laissé tout à l’heure. Le but est
toujours de décortiquer l’entreprise dans tous les sens pour
déterminer où sont les coûts, où se forment les profits…
bref, bien connaître son entreprise pour mieux la gérer. On
va commencer par les soldes intermédiaires de gestion.
77
A chaque fois on accompagnera la définition d’un petit
exemple en italique pour éviter de le confondre avec le
reste :
79
L’entreprise x a payé 12 000 de salaires et reçu 1 000
de subventions
EBE : 25 000 – 12 000 + 1 000 = 14 000
81
Enfin nous bouclons la boucle en arrivant au résultat
de l’exercice. On prend le résultat courant avant impôt +
le résultat exceptionnel – l’impôt sur les sociétés –
participation des salariés et, hop ! on obtient notre résultat.
Pour obtenir le montant d’impôt sur les sociétés on
multiplie le résultat courant avant impôt par le taux
d’impôt sur les sociétés, à savoir 331/3%. Remarquez la
notation : 331/3. Le taux d’impôt sur les sociétés représente
un tiers du résultat courant avant impôt, noter 33,33%
serait donc inexact puisque 33,33% ne représente pas tout
à fait un tiers. C’est pourquoi on dit « trente-trois un
tiers », avec cette notation surprenante. La participation
des salariés, c’est par exemple les plans d’épargne
salariale.
2) L’analyse financière
L’analyse financière, disons que ça consiste en
l’analyse méthodique de la situation financière d’une
entreprise (mais on pourrait faire la même chose pour un
Etat, une personne physique ou un projet particulier). Le
but de cette analyse est de fournir, à partir de différentes
sources d’information, une vision de l’entreprise qui fasse
ressortir sa situation financière réelle. On se situe donc
clairement dans le prolongement de la comptabilité
analytique, seulement qu’en analyse financière, on va
élargir le champ d’étude.
L’analyse financière peut être utile pour tout un tas de
choses, par exemple évaluer la solvabilité d’une entreprise
(c’est-à-dire sa capacité à rembourser ses dettes), le
dirigeant comme le banquier pourront ainsi savoir quelle
quantité de dette l’entreprise peut supporter. On peut aussi
l’utiliser pour évaluer la valeur d’une entreprise. Dans le
cas d’une introduction en bourse, d’un achat ou d’une
vente d’actions par exemple, il faut bien avoir une idée de
ce que valent les actions qu’on est en train d’échanger, on
en reparlera. Et pour ça, lecteur attentif, il faut se plonger
dans l’analyse financière.
83
Une analyse financière nécessite une étude
approfondie de l’entreprise et de son environnement à
partir de différentes sources :
3) L’analyse interne
En plus des comptes annuels et des soldes
intermédiaires de gestion que nous avons vus dans les
pages précédentes, l’entreprise peut calculer d’autres
indicateurs pour avoir une meilleure vision de sa situation
financière. Voyons-en quelques-uns.
a) La capacité d’autofinancement
b) Le fondS de roulement
Actif Passif
Actif immobilisé (+ 1 an) : Capitaux propres : 200 000
Hangar 80 000 Dettes à 5 ans : 100 000
Machines 120 000 Dettes à 6mois : 10 000
Camion 50 000
Actif circulant (- 1 an) :
Matières premières 60 000
Total : 310 000 Total : 310 000
90
Prenons l’exemple d’une entreprise qui fabrique des
stylos qu’elle vend à Carrefour qui la paie à 3 mois (c’est-
à-dire trois mois après la livraison), pratique courante qui
fait régulièrement râler les entreprises industrielles mais là
n’est pas la question. Pour produire, l’entreprise a dû
engager des dépenses (salaires, matières premières…), il y
a donc un décalage temporel entre le moment où
l’entreprise dépense de l’argent et le moment où elle en
gagne : c’est le besoin en fonds de roulement.
91
Dans ce cas le besoin en fonds de roulement est plus
faible puisque, lorsque l’entreprise sera payée par
Carrefour, elle paiera directement ses fournisseurs. Il n’y a
donc moins de décalage, de « trou » entre ses entrées et
ses sorties d’argent.
d) ROA et ROE
92
En moyenne, on considère que le ROA commence à
être élevé à partir de 10%, c’est-à-dire qu’avec 100€ d’actif
on parvient à générer 10€ de résultat. Ce chiffre peut
cependant varier fortement selon les secteurs, car certains
secteurs nécessitent plus d’investissements que d’autres,
affectant le total de l’actif et donc le ROA.
Actif Passif
(ROA) Capitaux propres (ROE)
Dette
93
L’actif est égal au passif, qui se divise entre capitaux
propres et dette. Il est logique que le ROA soit inférieur au
ROE puisque dans un cas (ROA) le dénominateur inclus
les dettes, ce qui n’est pas le cas du ROE.
La différence entre ROA et ROE peut être représentée
par l’effet de levier, c’est-à-dire l’utilisation par une
entreprise de la dette pour dégager du résultat.
94
On retombe bien sur nos pieds ! Tout ça pour montrer
que la différence entre ROA et ROE réside dans
l’endettement. Une différence importante entre ROA et
ROE indique un fort recours à l’effet de levier, donc une
dette élevée, et les risques qui vont avec. Il est intéressant
de regarder les évolutions dans le temps de ces rapports,
s’ils s’écartent de plus en plus, cela indique un
endettement croissant, ce qui doit mettre la puce à
l’oreille.
4) Les charges
95
Vous voyez la différence, la charge variable varie
en fonction du volume de production. La charge fixe reste
fixe quel que soit le montant produit ; facile, hein ? Pour
faire la différence il faut se demander : si l’entreprise
produit une unité de plus de façon exceptionnelle, cette
production entrainera-t-elle des charges supplémentaires ?
Si oui, c’est une charge variable, si non, c’est une charge
fixe.
Petit exemple pour finir. L’achat d’une machine est
une charge fixe, car il faudra la payer qu’on l’utilise ou
non. Vous allez me dire que si on produit beaucoup plus il
faudra acheter une nouvelle machine, donc c’est une
charge variable. Et bien non car la différence entre charge
fixe et variable se fait à la marge : si je produis une unité
supplémentaire à titre exceptionnel, est-ce que mes
charges augmentent ? Et on ne rachète pas une nouvelle
machine pour une seule unité, donc charge fixe. Par
contre, l’électricité pour faire tourner la machine en
question est, elle, une charge variable car il faudra
augmenter la consommation d’énergie pour produire une
nouvelle unité ; pas d’alternative à ça.
5) Les marges
Une marge est un écart entre des produits et des
charges. Très utiles, les marges, car c’est elles qui
permettent de savoir ce qui vous reste dans la poche après
avoir produit. Il en existe beaucoup parmi lesquelles la
marge commerciale qui correspond, pour un distributeur, à
l’écart entre le prix de vente et le prix d’achat des
marchandises vendues. La marge brute représente, pour
96
une activité industrielle, l’écart entre le prix de vente et le
coût de fabrication.
98
Avec 3x les produits, 2x les charges variables, 5 les
charges fixes et x la quantité produite.
On cherche, vous l’aurez compris, à déterminer le point
mort. C’est-à-dire qu’on cherche à savoir pour quel
volume de production le résultat est nul, autrement dit
pour quelle valeur de x notre fonction est égale à 0.
En langage plus matheux on cherche à résoudre
l’équation :
3x – 2x – 5 = 0
x -5 +5 = 0 + 5
Soit x = 5
100
V) La culture d’entreprise
1) Qu’est-ce que la culture d’entreprise ?
On va essayer d’alterner : une partie un peu scolaire
suivie d’une partie plus ludique. Après la technicité des
indicateurs de gestion, on va parler un moment de culture
d’entreprise. Car une entreprise, comme une personne, un
pays, une région ou une profession a une culture qui lui est
propre. C'est-à-dire des codes (vestimentaires, façons
d’être, de parler, organisation interne et hiérarchique, etc)
qui peuvent fortement varier d’une entreprise à l’autre.
On peut dire que la culture d’entreprise représente
l’ensemble des éléments spécifiques qui expliquent les
bases du fonctionnement de l’entreprise. On présente
parfois la culture d’entreprise comme son capital
immatériel, puisqu’il n’est ni visible ni inscrit dans les
comptes.
104
En interne, la culture sert avant tout à motiver les
salariés, à créer de la solidarité entre eux, à leur donner
envie de travailler pour une raison autre que monétaire, à
les fidéliser à l’entreprise. Pensez à votre motivation si
vous travaillez seul dans un bureau sans fenêtre éclairé par
un néon blafard, ou alors si vous avez un environnement
lumineux et des collègues sympas avec qui vous allez
boire une bière après le bureau. Ce n’est pas pour rien que
les entreprises dépensent des sous pour organiser des
soirées, cocktails, conférences, séminaires et weekend
d’intégration. L’atmosphère qui règne dans l’entreprise, sa
culture donc, influence l’ambiance de travail qui, à son
tour, impacte la productivité.
En façonnant la culture, l’entreprise peut tenter
d’orienter sa trajectoire dans une direction voulue. Par
exemple si elle veut promouvoir l’innovation, elle pourra
mettre l’accent sur l’interaction entre les salariés, les
apprentissages mutuels et inciter (financièrement ou en
termes de reconnaissance) les prises de risque et les
initiatives audacieuses.
106
Pour finir sur la culture, abordons les problèmes qu’elle
peut poser. Car nous n’avons vu pour l’instant que ses
aspects positifs. Une forte culture, profondément ancrée,
peut se révéler un puissant frein au changement.
Essayez d’expliquer aux cheminots qu’il ne faut pas
faire grève pour un oui ou un non, aux fonctionnaires que
l’efficacité n’est pas un gros mot et aux traders que
provoquer une famine en spéculant sur les céréales n’est
pas forcément une bonne chose même si ça fait gonfler le
bonus de fin d’année et vous vous heurterez de front à leur
culture au travail (j’ai le droit de caricaturer, non ?).
Ces freins au changement peuvent se manifester par
exemple lors d’une fusion ou d’un rachat d’entreprise. La
culture est propre à chaque entreprise et elle n’est pas la
même en occident ou au Japon, en Russie ou au Brésil. Si
l’on fusionne, il faut travailler ensemble, donc que chacun
desserre un peu les dents sur sa propre culture et façon de
procéder, ce qui peut se révéler plus facile à dire qu’à
faire…
Enfin, une culture trop forte peut amener l’entreprise à
trop vivre refermée sur elle-même, à ne pas suffisamment
se soucier des évolutions portant le vaste monde,
empêchant ainsi de voir surgir les menaces comme les
opportunités.
107
VI) Le financement des entreprises
Presque toutes les entreprises ont un constant besoin
de financement pour investir, se développer et croître.
Pour vendre, une entreprise a besoin d’investir
préalablement. Pour investir, il lui faut des sous. Le hic
c’est que tant qu’elle n’a pas vendu elle est fauchée, donc
elle ne peut pas vendre, donc n’a pas les moyens
d’investir. En un mot elle est coincée et ne peut pas se
développer. La finance vise à résoudre ce problème :
apporter des fonds aujourd’hui qui ne seront retournés que
plus tard, une fois que l’entreprise aura pu se développer.
Il existe plusieurs types de financement que nous
allons détailler les uns après les autres.
1) L’autofinancement
L’autofinancement, c’est lorsqu’une entreprise utilise
l’argent qu’elle a mis de côté pour investir. Seulement, je
ne vous apprends rien, pour avoir de l’argent de côté, il
faut avoir eu par le passé des revenus suffisants pour se
permettre d’en mettre une partie à gauche.
L’autofinancement ne permet donc pas de résoudre le
décalage temporel que nous avons mentionné
précédemment entre le besoin d’investir maintenant et les
gains futurs que génèrera cet investissement.
Plus concrètement, une entreprise qui peut
s’autofinancer n’a pas de problèmes de financement et ne
nous intéressera pas vraiment dans cette partie.
109
2) Le paiement différé des achats
Ce n’est pas le moyen de financement le plus
important ou celui qui vient spontanément à l’esprit
lorsqu’on parle de finance d’entreprise. Aussi j’aurais pu
le glisser tout à la fin de cette partie, mais j’ai préféré lui
régler son compte d’entrée de jeu, on pourra ensuite
aborder les choses sérieuses.
Imaginez que vous fabriquiez des bonbons et qu’il
vous faut acheter du sucre. Dans la plupart des cas on ne
paie pas ses fournisseurs comptant (c’est-à-dire pas au
moment de la livraison). Si vous payez votre sucre 30
jours après qu’il vous ait été livré (on dit « payer à 30
jours ») c’est d’une certaine façon un moyen de
financement. Car, pendant 30 jours, vous utilisez un
produit que vous n’avez pas payé, c’est une façon pour
une entreprise de résoudre le problème fondamental que
nous avons souligné au début : le décalage entre les frais
qu’il faut engager dès aujourd’hui pour produire et les
recettes qui ne rentreront que plus tard.
Comme tous les moyens de financement, celui-ci a un
coût. Car si vous payez comptant vous pourrez négocier
une petite ristourne, ce qui sera beaucoup plus difficile si
vous ne payez qu’à 30 ou 60 jours.
3) La dette
Tout le monde sait ce qu’est une dette, mais rappelons-
en malgré tout la définition : une somme d’argent que l’on
doit à quelqu’un à qui on l’a empruntée. Pour une
entreprise, il existe deux principaux types de dette.
110
a) La dette bancaire
111
pour vous prêter, soit à des taux très élevés. On ne prête
qu’aux riches, comme dit le dicton populaire.
b) La dette obligataire
113
4) Les capitaux propres (ou actions)
L’autre manière la plus commune qu’a une entreprise
de se financer est de vendre des actions, ce que l’on
appelle le financement par capitaux propres. Une action
est une fraction du capital social d’une société.
Lorsqu’une entreprise se finance en vendant des
actions, cela revient à dire qu’elle vend un « morceau
d’elle-même » à un actionnaire extérieur qui, en achetant
l’action, apporte de l’argent sonnant et trébuchant.
L’intérêt de procéder ainsi plutôt qu’en s’endettant est
qu’il n’y a pas d’intérêts à payer. Une action ne garantit
aucun revenu. La rémunération de l’actionnaire passe soit
par une plus-value, c’est-à-dire revendre l’action plus
chère qu’on ne l’a achetée, soit par la perception d’un
dividende. Mais une entreprise n’a aucune obligation de
verser un dividende à ses actionnaires. Bien-sûr, si elle ne
le fait pas, ceux-ci vont vite tirer la tronche et il sera plus
difficile à l’avenir de se financer en vendant des actions.
117
pas à verser d’intérêts. Chaque forme de financement
présente ses avantages et ses inconvénients, aux dirigeants
de l’entreprise de faire leur choix.
119
Formulé différemment, acheter une option de vente
c’est acheter le droit de vendre à une contrepartie un
produit à un prix et à une date déterminée. Par exemple on
achète 10€ le droit de vendre à un autre agent économique
100 barils de pétrole à 100$ l’unité le 20 décembre 2016.
On donne définitivement ces 10€ à la contrepartie en
échange de quoi il s’engage à acheter votre pétrole au prix
et à la date convenue.
a) La VAN
100×1,05 = 105€
122
Dans deux ans ils vaudront :
Montant × (1 + i)n
Montant × (1 + i)-n
124
On est donc indifférent entre recevoir 90,7€
aujourd’hui et 100€ dans deux ans.
Bon, on commence à avoir suffisamment de billes
pour attaquer l’exemple qui nous préoccupait avec notre
investissement à 7 ans. On investit 100 000€ aujourd’hui,
ça c’est facile car comme la dépense se fait aujourd’hui et
qu’on raisonne aujourd’hui, ça ne pose pas de problème.
La question vient des 20 000€ que l’on recevra chaque
année pendant 7 ans. Il faudra, pour chacun de ces
20 000€, appliquer la bonne vieille formule qu’on vient de
présenter. Considérons des taux d’intérêt à 5%. Résumons
dans un tableau :
125
Mais passons sur les maths et revenons à la
signification économique de tout ceci. Parlons un instant
du taux d’intérêt, choisi à 5% dans l’exemple. Il est très
important de se demander quel taux d’intérêt choisir pour
actualiser. Le taux d’intérêt est étroitement lié au risque.
Ici, on cherche à calculer la VAN d’un projet donné. Il
faut donc choisir un taux d’actualisation reflétant le taux
d’intérêt que l’on aurait pu avoir en investissant dans un
projet de risque similaire.
Par exemple, notre projet a 99% de chance de
réussir et une chance sur 100 de planter. Il faut se
demander, « si j’investissais maintenant dans un projet, ou
une action, ou n’importe quel autre produit financier, dont
la probabilité de succès est de 99% (la formulation est pas
très rigoureuse mais tant pis), quel taux d’intérêt pourrais-
je obtenir ? » Si je peux placer à 5% avec un risque
équivalent au projet qui nous intéresse, alors on doit
actualiser avec un taux de 5%.
b) Le Medaf
127
L’objectif de ce modèle est de déterminer quelle
est la rentabilité attendue d’un titre sur un marché. On va
simplifier en ne considérant que le marché des actions. La
rentabilité attendue d’une action, donc, est égale à tout un
tas de signes barbares qui ont les significations suivantes :
128
Venons-en maintenant au bêta, parfois écrit « β ».
Le bêta indique le risque associé à une action particulière.
On peut le calculer à partir d’une affreuse formule pleine
de signes obscurs, n’insistons pas là-dessus et contentons-
nous de l’idée centrale. Imaginons l’action d’une
entreprise très risquée, par exemple une jeune entreprise
qui développe un produit technologique novateur. Jackpot
en cas de succès, mais aussi grosse probabilité de tout
perdre, donc un risque très élevé. Disons qu’une telle
entreprise a un bêta de 3. Cela signifie que la prime de
risque demandée pour y investir est trois fois supérieure à
la prime de risque moyenne du marché, ce qui reflète bien
un risque perçu élevé.
A l’inverse, une entreprise prospère et établie,
comme Total, Michelin ou Renault est moins risquée. Son
bêta sera inférieur à 1, c’est-à-dire qu’elle est perçue
comme moins risquée que la moyenne du marché, par
exemple 0,7. C’est ce qui s’appelle un placement de bon
père de famille.
Et si le bêta d’une entreprise est de 1, cela veut dire
qu’elle est perçue comme aussi risquée que la moyenne du
marché.
Résumons-nous :
129
entreprise risquée (bêta = 3) et l’entreprise pour placement
de père de famille (bêta = 0,7).
130
ni variation erratique ou irrationnelle des cours boursiers,
même de façon momentanée.
Cette vision, résolument libérale et passablement
tirée par les cheveux, a fait l’objet de prises de bec
farouches parmi les économistes, et continue à faire couler
des hectolitres d’encre. Nous n’entrerons pas dans la
mêlée, même si le débat serait palpitant. Nous allons
quitter la finance, mais ne sortez pas tout de suite vos
mouchoirs, on y reviendra un peu plus loin.
131
VII) Management et prise de
décision
Toutes les organisations (entreprises, Etats, armées,
équipes de foot…) doivent gérer la prise de décision.
Gérer la prise de décision revient à répondre aux
questions : Qui fait quoi ? Qui commande ? Qui obéit ?
Les décisions seront prises de façon à atteindre la
stratégie que s’est fixée l’entreprise. Assez simple dans les
petites entreprises puisqu’on est en général d’accord avec
soi-même ou qu’il est plus facile de s’organiser à trois
qu’à trois-cent mille, la prise de décision peut devenir un
casse-tête dans les grandes entreprises multinationales.
Dans ce domaine encore, afin d’affiner la prise de
décision se sont développés tout un tas de cabinets de
consultants. On s’en doute, la prise de décision est très liée
à la structure de pouvoir dans l’entreprise. Le dicton
populaire veut que le respect de la hiérarchie conditionne
l’efficacité des organisations. Tout le problème est de faire
effectivement respecter la hiérarchie sans cependant créer
un climat autoritaire qui asphyxie les bonnes idées que
peuvent avoir les travailleurs au bas de la pyramide et
proches du terrain.
133
Les décisions stratégiques : décisions qui engagent
l’entreprise à long terme (plusieurs années ou décennies),
elles sont prises par les plus hautes autorités de
l’entreprise (conseil d’administration). Exemple :
lancement d’un nouveau programme de recherche. On les
appelle parfois décisions de planification.
Les décisions tactiques : elles engagent l’entreprise à
moyen terme (quelques mois ou années), elles sont prises
par les cadres dirigeants. Exemple : décisions
d’investissements de faible envergure. On les appelle
parfois décisions de pilotage.
Les décisions opérationnelles : elles engagent
l’entreprise à court terme (quelques semaines ou mois).
Elles sont prises par les exécutants. Exemple : résolution
d’un problème courant comme la réparation d’une
machine. On les appelle parfois décisions de régulation.
135
être impacté par les décisions de l’entreprise, par exemple
les salariés, les fournisseurs, les clients, les investisseurs…
Chacune de ces parties prenantes va essayer
d’influencer la prise de décision dans un sens favorable à
ses intérêts. Les actionnaires tenteront d’obtenir le
dividende le plus élevé possible, les salariés une hausse
des salaires, les clients comme les fournisseurs de
meilleurs prix… Chacun ayant ses moyens de pression
propres : leur présence au conseil d’administration pour
les actionnaires, les syndicats et la menace de grève pour
les salariés, les possibilités offertes par la concurrence
pour les clients et les fournisseurs.
La loi est, bien entendu, un contre-pouvoir décisif de
l’entreprise puisqu’elle interdit ou oblige certaines
pratiques. Mais les médias et l’opinion publique d’une
façon générale sont eux-aussi des contre-pouvoirs
importants. Toute entreprise est terrorisée à l’idée qu’un
scandale éclate, pensez à Findus avec la viande de cheval
ou Volkswagen et ses moteurs truqués.
4) Le management
Encore un terme américain entré dans le langage
courant. On peut le définir comme l’ensemble des
techniques de direction, d'organisation et de gestion de
l'entreprise, il est donc intimement lié à la prise de
décision. C’est un terme assez général, parfois même un
peu fourre-tout, et il est souvent divisé en catégories plus
précises : management de l’innovation, des ressources
humaines, des risques…
On le rapproche souvent de la gestion, dont il se
distingue cependant en ceci que le management est plutôt
lié à l’organisation du travail et aux relations humaines
avec une dimension collective (management stratégique,
136
management de projets…). La gestion fait plutôt référence
à des aspects techniques et quantifiables (gestion
comptable, gestion de patrimoine…).
137
VIII) Promotion, commercialisation
et distribution
Si on se rappelle le début, on avait commencé par dire
que le profit est la règle du jeu. Et qui dit profit dit vente.
Ce qui n’est pas une mince affaire. Déjà, pour trouver des
clients, il faut bien les connaître pour savoir ce qu’on va
leur proposer. D’où l’importance de l’étude de marché.
1) L’étude de marché
Une étude de marché consiste à étudier les besoins et
les attentes des clients potentiels ainsi que la concurrence
à laquelle l’entreprise devra faire face. Il faut donc
recueillir des informations détaillées sur la clientèle. C’est
pourquoi des jeunes filles que l’on choisit en général le
plus souriantes et mignonnes possible vous accostent à
intervalle régulier dans les allées des centres commerciaux
en vous demandant si vous avez trente secondes pour
répondre à un questionnaire. Ou que vous êtes assaillis de
courriels ou de coups de fil que vous essayez d’abréger au
maximum en puisant loin dans votre imagination. Parfois,
on va même jusqu’à proposer un petit cadeau à l’heureux
cobaye qui aura accepté de subir l’interrogatoire. Ou, plus
encore, on paie des gens pour qu’ils acceptent de venir
bavarder de leurs expériences de consommation.
Bref, d’une façon ou d’une autre, vous collectez des
infos sur vos clients (âge, sexe, revenus…), leurs
comportements d’achat (fréquence d’achat, utilisation du
produit), leurs opinions (que pensent-ils de la marque, des
concurrents…), leurs critères de choix (prix, qualité,
packaging…), liste non exhaustive.
139
Prenons l’exemple du Minitel. Un peu poussiéreux
mon exemple, mais je l’aime bien quand même. Avant le
lancement du Minitel, on a procédé à une étude de marché,
logique. Et il en est ressorti que les utilisateurs trouvaient
l’appareil trop gros. Alors, ni vu ni connu, il fut décidé de
le baptiser Minitel. Car si dans le nom on vous dit qu’il est
mini, comment pourriez-vous dire qu’il est trop gros ?
Après-tout, il s’agissait d’un objet nouveau et personne ne
savait vraiment quelle taille devrait avoir un Minitel…
2) La mercatique
La mercatique, vous n’en avez probablement jamais
entendu parler, car en bon français il faut dire marketing.
Que voulez-vous, mon bon Monsieur, la langue part à vau-
l’eau avec le reste… La mercatique - utilisons le mot
français quitte à paraitre moyenâgeux - consiste à stimuler,
susciter ou renouveler le besoin des consommateurs.
L’étude de marché est bien entendu un préalable à la
stratégie marketing : il faut bien connaitre ses clients pour
présenter le produit de façon efficace. Eviter par exemple
le fiasco de la Nova. Aller, je vous raconte l’histoire, elle
est cocasse. Dans les années 1960, Ford lance une
140
nouvelle voiture aux Etats-Unis et, probablement pour se
donner un style novateur, décide de l’appeler la Nova.
Nova, ça sonne bien je trouve. A ceci près que les Etats-
Unis sont collés au Mexique, que la communauté latino
était déjà importante à l’époque et que Nova signifie en
espagnol « ça va pas » (no va). On subodore que peu
d’hispanophones ont acheté la voiture et, en prime, tout le
monde a bien rigolé de ce nom si mal choisi ! Mais le jour
où les américains daigneront apprendre les langues
étrangères, ce genre de déconvenue ne se produira plus…
142
« offrez-vous 20 cm de pur bonheur !» (La publicité visait-
elle une clientèle féminine ? mystère).
Ou cette pub pour des sous-vêtements représentant la
photo d’une créature comme on n’en voit jamais dans la
vraie vie, vêtue justement de lingerie fine qui dit
« Regardez-moi dans les yeux… j’ai dit les yeux… ».
Vous remarquerez au passage que ce genre de pub se situe
souvent en dessous de la ceinture…
L’entreprise experte en pubs provoc’ est bien entendu
Benetton et son photographe fétiche Oliviero Toscani, à
tel point qu’on connait plus ses pubs que ses produits.
Exemple de celle représentant un curé embrassant une
none ou celle avec deux chevaux se grimpant dessus pour
s’offrir une saucisse de Morteau de pur bonheur…
3) La politique de prix
Ça ne vient pas spontanément à l’esprit, mais fixer le
prix d’un produit est un vrai casse-tête. Les grandes
entreprises dépensent des petites fortunes pour savoir où
placer leurs prix. On fait ce qu’on appelle des calculs
143
d’élasticité : si j’augmente mon prix de 1%, dans quelle
proportion diminue ma clientèle (ou augmente, mais c’est
plus rare) ?
Prenons l’exemple de Coca-Cola pour illustrer les
questionnements que peut impliquer la fixation du prix.
Une bonne partie du XXème siècle, la canette de Coca a
coûté 5 cents aux Etats-Unis. Or, entre temps, l’inflation a
été forte et les prix moyens ont beaucoup augmenté. Mais
il était très difficile pour Coca-Cola d’augmenter ses prix.
Pour la bonne raison que les canettes étaient généralement
vendues en distributeurs n’acceptant que des pièces, le
prix aurait donc dû bondir de 5 à 10 cents, puisqu’il
n’existait pas de pièces de valeur intermédiaire, ce qui
aurait fait hurler les consommateurs. Et puis la marque
avait distribué tout un tas de gadgets publicitaires où il
était indiqué qu’une canette coûte 5 cents. Difficile de
faire payer 6 cents au client quand il est écrit sur le plateau
sur lequel on lui apporte sa canette de Coca que celle-ci
n’en coûte que 5… Il parait même que le patron de Coca-
Cola aurait demandé au président Eisenhower de créer des
pièces de 7,5 cents pour lui faciliter sa politique de
fixation de prix !
4) La distribution
La distribution, c’est ce qui permet de mettre le produit
au contact du client. Elle s’occupe donc de la logistique,
145
c'est-à-dire le transport, mais aussi de la façon dont le
client va être mis en relation avec le produit. Ce qu’on
appelle la gestion de la chaîne logistique, ou supply chain
management, comme disent les gens dans le coup.
152
5) La gestion des stocks
Gérer les stocks est une des tâches centrales de la
fonction logistique car c’est elle qui est chargée de
l’approvisionnement et de la distribution des
marchandises. Un stock est un coût (marchandise
immobilisée, entrepôts, assurance, vigile…), il convient
donc de le diminuer au maximum. Mais une rupture de
stock est dramatique pour une entreprise car cela signifie
un arrêt de la production ou de la livraison.
Un autre souci est de savoir comment évaluer la valeur
d’un stock, on distingue pour cela deux méthodes
principales :
153
Opérations Quantité Prix Prix total
unitaire
10/01 : achat 30 100€ 3 000€
15/02 : achat 10 110€ 1 100€
30/06 : achat 20 120€ 2 400€
Stock
60 108,33€ 6 500€
disponible
10/07 : sortie 10 108,33€ 1 083,3€
25/09 : sortie 30 108,33€ 3249,9€
154
Opérations Quantité Prix Prix total
unitaire
10/01 : achat 30 100€ 3 000€
15/02 : achat 10 110€ 1 100€
30/06 : achat 20 120€ 2 400€
Stock 60 108,33€ 6 500€
disponible
10/07 : sortie 10 100€ 1 000€
25/09 : sortie 20 100€ 2 000€
10 110€ 1 100€
155
IX) L’innovation et la qualité
Dans un environnement concurrentiel, proposer des
produits novateurs et de bonne qualité est indispensable
pour réussir. Ceux qui se reposent sur leurs lauriers ou qui
sapent la qualité pour améliorer leurs marges à court terme
sont généralement voués à l’échec.
C’est vrai, toutes les entreprises prospères ne sont pas
innovantes. Coca Cola ou Nutella (groupe Ferrero)
fabriquent le même produit depuis des décennies et leur
produit phare sera encore surement le même pendant des
décennies. Mais ces cas ne sont pas les plus répandus.
1) L’innovation
L’innovation consiste en une amélioration radicale
d’un produit, d’un service ou d’un procédé qui remporte
un succès rapide. L’innovation peut donc être liée à
l’invention d’une nouvelle technologie, mais pas
uniquement, ce peut être une nouvelle façon de s’organiser
ou de penser.
Ici, nous nous intéresserons à l’innovation faite par les
entreprises, mais elle peut aussi être le fait de chercheurs
fonctionnaires (dans les universités), d’Etats ou
d’administrations publiques (des innovations dans la vie
publique comme la démocratie, dans les transports,
exemple du vélib…), d’associations (le micro-crédit avec
la Grameen Bank) ou d’individus, artistes ou inventeurs.
D’ailleurs, si vous demandez aux économistes ce qu’il
faudrait faire pour que l’économie aille mieux, ils
répondront probablement « innover ». Plus facile à dire
qu’à faire, mais l’innovation permet de réaliser des gains
157
de productivité qui alimenteront la croissance et la hausse
du niveau de vie.
159
Conclusion, si vous ambitionnez de figurer un jour
au classement des grandes fortunes, creusez-vous la tête…
161
2) Pourquoi l’innovation devient-elle de
plus en plus importante ?
Pour les entreprises, comme pour les pays, innover est
un enjeu vital. Ce sont les organisations les plus
innovantes qui sont bien souvent les plus performantes. La
concurrence féroce des pays à faible coût de main d’œuvre
comme la Chine rend l’innovation encore plus importante.
Exemple de deux entreprises qui produisent en
France : Lejaby (lingerie, histoire de capter l’attention du
lecteur) et Airbus.
La lingerie est une activité à faible contenu
technologie et nécessitant beaucoup de main d’œuvre. Les
usines françaises ne sont donc pas compétitives face aux
faibles coûts chinois, les entreprises de lingerie française
ont soit fait faillite soit ont délocalisé en Chine.
L’aéronautique, à l’inverse est une activité
nécessitant des technologies de pointe et un grand savoir-
faire. L’important est d’avoir de bons ingénieurs, même
s’ils exigent de forts salaires. Inventer de nouveaux
modèles d’avion comme l’A380 nécessite une capacité
d’innovation que n’ont pas encore des pays comme l’Inde
ou la Chine, Airbus continue donc de fabriquer ses avions
à Toulouse.
L’innovation et la montée en gamme sont des
moyens efficaces de ne pas se faire croquer tout cru par la
concurrence de pays où la main d’œuvre est payée au
lance-pierre. Mais attention cependant, on parle souvent
de concurrence des pays en développement à la télé, mais
la concurrence entre pays développés est tout aussi féroce.
Les entreprises françaises ont tout autant à craindre la
concurrence asiatique qu’allemande.
162
L’exemple allemand, ou encore mieux, suisse,
illustre bien l’importance de la montée en gamme. La
Suisse est le pays du chocolat, de l’horlogerie et de la
banque, mais c’est aussi un pays industriel. Fabrication de
machines ou de médicaments permettent au pays de
maintenir un excédent commercial. Le tout avec des
salaires parmi les plus élevés du monde, juste parce que
l’industrie y est très innovante, avec toujours un temps
d’avance sur la concurrence.
Mais je m’attarde sur des choses qui relèvent plus
de la macro-économie que de l’entreprise en tant que telle,
il faut dire que les deux disciplines sont particulièrement
poreuses et on passe vite de l’une à l’autre sans s’en
rendre compte.
Coup de volant pour revenir aux entreprises, plus
spécifiquement à leur gouvernance.
163
X) La gouvernance d’entreprise
1) Qu’est-ce que la gouvernance ?
La gouvernance d’entreprise n’est pas une
discipline très connue et je pronostique que le lecteur n’en
a jamais entendu parler. Tant mieux, ça fera l’occasion
d’apprendre quelque chose. Dans les manuels
universitaires, on l’aborde généralement dans le chapitre
traitant de finance d’entreprise, puisqu’elle est intimement
liée au financement par capitaux propres, c’est-à-dire par
émission d’actions.
Elle peut se définir comme l’ensemble des
processus, institutions et lois qui définissent la façon dont
l’entreprise est administrée et contrôlée. Si le terme de
gouvernance d’entreprise vous est inconnu, vous avez déjà
entendu parler de retraite chapeau, de parachute doré, de
bonus, de prime, de stock option et des rémunérations des
grands patrons qui s’envolent au point de provoquer des
réactions indignées. Et bien tout ceci est lié à la
gouvernance d’entreprise.
166
Dans cette relation d’agence le principal
(l’investisseur) cherche à sélectionner puis à contrôler
l’agent (le dirigeant de l’entreprise dans laquelle il
investit). Ce dirigeant, lui, va tenter de signaler aux
investisseurs potentiels qu’il est compétent et honnête. Il
se vêtira d’une belle cravate et d’une chemise fraichement
repassée, brandira ses diplômes et son casier judiciaire
vierge, étalera toutes ses relations bien placées...
De cette optique disciplinaire de la gouvernance
d’entreprise, qui se centre sur les moyens à disposition des
actionnaires pour contrôler les dirigeants, a découlé une
certaine vision de la rémunération des dirigeants qui n’est
pas allée sans certaines dérives…
167
laine en actions Microsoft, vous allez vous préoccuper de
la façon dont l’entreprise est dirigée, logique. Donc, vous
allez vous préoccuper de la gouvernance de Microsoft.
169
La question est alors de savoir pourquoi les
actionnaires rémunèrent si cher des dirigeants qui
n’augmentent en fait pas tant que ça la valeur de leurs
actions. Car l’argent qui va dans la poche du dirigeant
n’ira pas dans celle de l’actionnaire. Il existe toute une
littérature sur ce sujet, mais un des éléments de réponse est
une sorte de conformité sociale.
Si on considère les grandes entreprises françaises,
leurs dirigeants forment un groupe assez fermé, qui a
fréquenté les mêmes écoles et qui habite dans les mêmes
quartiers. Le PDG est pote avec les administrateurs, on
siège dans plusieurs conseils d’administration, on passe
d’une entreprise à une autre… Alors pourquoi voulez-vous
réduire le salaire d’un PDG qui n’est autre que votre
meilleur pote avec qui vous vous ramassiez des cuites sur
les bancs de l’ENA ou de Polytechnique ? J’exagère un
peu, mais à peine.
170
autres parties prenantes (Etat, fournisseurs, clients…) la
vision change.
Juste un exemple : la cogestion allemande. Dans
les entreprises allemandes, les syndicats disposent d’un
pouvoir important sur la nomination des dirigeants,
contrairement à la plupart des autres pays où le pouvoir est
concentré entre les mains des seuls actionnaires. Et les
bonnes performances de l’industrie allemande font
beaucoup réfléchir sur des approches moins américanisées
de la gouvernance.
4) Quelques exemples
Finissions avec deux exemples typiques en
gouvernance d’entreprise. Le premier concerne Enron. Il
s’agit d’une entreprise américaine spécialisée dans
l’énergie. A la fin des années 1990, Enron réalise des
performances époustouflantes, devient une entreprise
géante et extrêmement profitable. Ses dirigeants récoltent
172
une petite fortune, on ne s’attendait pas à ce qu’il en soit
autrement.
Petit problème : Enron n’est qu’une gigantesque
fraude. Ses comptes ont été maquillés comme une voiture
volée. En 2001, c’est la faillite, ainsi que celle d’Arthur
Andersen, un cabinet d’audit et de conseil présent dans le
monde entier et qui avait aidé Enron dans ses magouilles
comptables.
Enron constitue un cas d’école de gouvernance
d’entreprise : des dirigeants qui gèrent une entreprise dans
leur intérêt propre plutôt que dans celui des actionnaires.
L’affaire fera d’autant plus de bruit que nombre des
actionnaires lésés étaient des petits porteurs qui avaient
investi leur retraite en actions Enron (rappelons qu’aux
Etats-Unis la retraite se fait par capitalisation).
1) Les entrepreneurs
Schumpeter nous parle des entrepreneurs, alors
parlons-en. Je ne sais pas vous, mais je suis toujours
175
fasciné par ces types qui, partis de rien, seulement de
quelques idées, d’un soupçon de débrouillardise, d’une
bonne dose de culot et probablement de pas mal de chance
aussi, inventent des produits révolutionnaires et bâtissent
un empire commercial. On pense évidemment à Steve
Jobs, fondateur et ex-dirigeant d’Apple, l’exemple qu’on
ne peut pas esquiver dès qu’on aborde le sujet.
Précisons que beaucoup de gens devenus très riches se
drapent de l’aura de l’entrepreneur acharné et visionnaire,
alors que leur fortune tient souvent plus aux relations
politiques et aux bons tuyaux murmurés à l’oreille par une
haleine sentant le cognac millésimé qu’à la sueur de leur
front.
Exemple de Nathan Mayer Rothschild bâtissant sa
fortune au lendemain de Waterloo. Il spécula dans le bon
sens sur les titres de dette publique anglaise à la bourse de
Londres. Alors, voyant ? visionnaire ? devin ? Non, il
avait juste payé un réseau d’informateurs qui lui apprit
avant tout le monde que Napoléon avait perdu.
176
cinéma, l’enregistrement et la diffusion du son (invention
du phonographe) ou encore l’éclairage public.
Bien sûr, Edison ne va pas sans ses petites
controverses ; même si son génie est unanimement
reconnu, on lui reproche d’avoir peut-être parfois copié
par-dessus l’épaule du voisin.
Déjà enfant, il pratique de nombreuses expériences
chez lui, dans un petit laboratoire aménagé. A 12 ans il
vend des journaux dans le train et ne tarde pas à écrire lui-
même son propre journal, l’utilisation habile du télégraphe
lui permettant d’avoir les nouvelles en avance et de faire
prospérer sa petite affaire. Toujours bricoleur dans l’âme,
il aménage un laboratoire dans un wagon, mais se fait
renvoyer lorsque ses expériences déclenchent un incendie
à la mode de Gaston Lagaffe.
Il est ensuite employé d’une société de télégraphe où il
bidouille tout un tas de nouveautés, mais ses
expérimentations ne sont pas toujours du goût de ses
employeurs et il change plusieurs fois d’entreprise. Après
avoir gagné un petit pactole en travaillant dans les
systèmes de communication de la bourse de New York, il
crée son entreprise à Menlo Park, ville qui sera rebaptisée
Edison en honneur de son illustre habitant. Son entreprise
est dédiée à la recherche appliquée, faisant de lui un
précurseur de la recherche moderne. C’est le début de la
grande aventure. Je ne vais pas tout vous raconter, ce
serait trop long. Car Edison est considéré comme le plus
grand inventeur du XIXème siècle, et peut-être de tous les
temps.
180
2) La Silicon Valley
Edison était un homme de la côte est, le centre
économique incontesté des Etats-Unis à l’époque. Steve
Jobs, lui, était l’emblème de la Silicon Valley ou « the
valley » comme disent les locaux. De nos jours, le cœur
de l’entrepreneuriat et de l’innovation américaine (et
mondiale) se situe sur la côte ouest, dans cette fameuse
Silicon Valley.
Pour commencer, je colle un zéro pointé au premier
qui traduit Silicon Valley par « vallée du silicone » ! Il
s’agit de la vallée du SILICIUM, cet élément chimique
indispensable à l’industrie informatique et électronique.
Aujourd’hui, tout le monde essaie de copier le succès
de la Silicon Valley. En France, on a la « Plastics Vallée »
dans l’Ain et la « Cosmetic Valley » en région Centre.
Mais nul doute que si la Silicon Valley s’était appelée la
Silicon Mountain on aurait déniché une montagne dans les
environs d’Oyonnax ou d’Orléans et on parlerait de «
Plastics Montagne » et de « Cosmetic Mountain », juste
pour faire comme le grand frère américain.
Car la Silicon Valley (la vraie) est actuellement le lieu
le plus dynamique au monde. La majorité de vos gadgets
informatiques y ont été inventés, et ceux que vous
utiliserez demain sont en train d’y être conçus.
185
Probabilité
Probabilité
de faillite
de succès
Pertes en
Gains en
faillite
succès
cas de
cas de
Restaurant 0,9 0,1 ×1,5 50%
Jeune
pousse 0,3 0,7 ×10 tout
Explications :
J’ai pris un restaurant, mais tout type d’entreprise
connu, décortiqué dans ses moindres détails et peu risqué
aurait fait l’affaire, mettez un coiffeur, un boulanger ou un
hôtel si ça peut vous faire plaisir.
Un restaurant, il est relativement facile d’anticiper son
activité en fonction du lieu d’implantation, de sa taille, de
sa gamme de prix… On peut évaluer les compétences du
cuisinier tout comme la pertinence de son modèle
d’affaires (pardon : son business model). En un mot, on
sait où on met les pieds. Et au cas où ça tourne mal, on
pourra toujours revendre les casseroles et la vaisselle, c’est
pourquoi dans la dernière colonne « pertes en cas de
faillite » j’ai mis 50%, il y aura toujours un peu d’argent à
récupérer. Par contre, le revers de la médaille est qu’on
peut difficilement décrocher le jackpot avec un restaurant.
Si tout marche bien on gagne de l’argent, mais pas de quoi
défier Bill Gates dans le classement des plus grosses
fortunes. Dans « gains en cas de succès », j’ai mis 1,5,
donc si j’investi 100 dans le restaurant je gagnerai 150 en
cas de succès.
187
passe bien dans 90% des cas, c’est pourquoi je multiplie la
parenthèse de gauche par 0,9.
Mais tout ne se passe pas toujours bien. Une fois sur
dix, c’est la faillite. Auquel cas on a dit que la banque ne
récupérait que la moitié de la somme prêtée. On a donc 50
(ce qu’elle récupère) – 100 (ce qu’elle a prêté) × 0,1 car la
faillite se produit dans 10% des cas. A l’arrivée on obtient
117 – 5 ce qui fait, comptez avec moi, une espérance de
rentabilité de 112. En moyenne, la banque récolte donc du
12% sur ses prêts quand elle finance des restaurants.
Il faudrait actualiser les gains de la banque si on
voulait faire un calcul financier rigoureux, mais le but est
d’expliquer la logique dans les grandes lignes, pas d’être
précis à l’euro prêt.
Maintenant, refaisons le même calcul avec la jeune
pousse :
188
de celui de la banque : étant actionnaire, il empoche tous
les gains en cas de succès mais perd tout en cas d’échec.
Et à nouveau comme son nom l’indique, ce type
d’investisseur est spécialisé dans les financements risqués,
c’est-à-dire qui ont une forte probabilité d’échec, mais qui
génèrent de juteux profits en cas de succès. On passe sur le
cas du restaurant qui ne nous intéresse pas ici, on a vu que
la banque allait lui prêter des sous et basta. Intéressons-
nous à la jeune pousse.
191
XII) Fusions, acquisitions et
évaluation d’entreprise
1) Les fusions-acquisitions
Il peut arriver que des entreprises se marient
(fusion) ou qu’elles se croquent les unes les autres
(acquisition). C’est ce qu’on appelle la croissance externe,
qui passe par l’absorption de nouvelles entités, différente
de la croissance interne qui consiste à faire grandir une
entreprise existante.
On parle d’OPA (offre publique d’achat) quand
une entreprise rachète toutes les actions d’une autre
entreprise aux actionnaires actuels. Si les actions de
l’entreprise cible sont payées non pas avec du cash mais
avec des actions, on parle d’OPE (offre publique
d’échange).
Les rachats d’entreprise peuvent être amicaux ou
hostiles. Amical, c’est quand l’entreprise rachetée est
d’accord pour l’être. Soit parce-que ses dirigeants pensent
qu’ils ne pourront pas survivre en l’état, ou que
l’intégration à un plus grand groupe permettra de générer
des synergies. Hostile, c’est quand l’entreprise rachetée
n’est pas d’accord. Ces cas, très médiatisés, sont
cependant relativement rare et ne représentent qu’environ
4% du total des rachats d’entreprise.
Très médiatisés car une tentative de rachat hostile
donne lieu à d’homériques combats. Tout est bon pour
avoir gain de cause : procédures judiciaires, interventions
dans la presse, voir implication des politiques au nom de
la défense des fleurons nationaux ou la préservation de
l’emploi. Du pain béni pour les chroniqueurs.
193
Par exemple, il y a quelques années, le géant du
luxe LVMH avait tenté de racheter son concurrent
Hermès, qui n’était pas du tout consentant. LVMH
courtisait les actionnaires d’Hermès, qui faisait tout pour
les retenir de ne pas se vendre à LVMH… la bataille a
duré des mois. Et s’est soldé par l’échec de la tentative de
rachat.
Le prix des actions d’une entreprise représente ce
qu’aura à payer l’acquéreur pour se l’offrir. Un cours
boursier faible met donc une entreprise en situation de
vulnérabilité face à d’éventuels acheteurs. Ce qui
représente une des raisons de l’obsession des dirigeants
d’entreprises visant à faire monter le cours de leurs
actions : s’ils se font racheter, ils seront probablement
éjectés de leurs fonctions et remplacés par d’autres
dirigeants aux ordres du nouveau propriétaire. En
maintenant un cours boursier élevé, on se protège des
éventuels prédateurs, et on peut même devenir soi-même
un prédateur.
2) L’évaluation d’entreprise
Pour acheter une entreprise (ou fusionner, d’ailleurs),
il faut connaître la valeur de l’entreprise que l’on souhaite
acquérir. Donc le prix de ses actions. D’où l’importance
de l’évaluation d’entreprise.
194
Si une entreprise est cotée en bourse, le prix de ses
actions est clair : c’est le cours boursier, qui défile en bas
des écrans des chaînes de télé financières ou qui remplit
les pages des journaux spécialisés. A partir de là, de deux
choses l’une. Soit on croit à la théorie de l’efficience des
marchés selon laquelle le prix indiqué par le marché est
forcément le bon, c’est-à-dire qu’il évalue correctement la
valeur intrinsèque de l’entreprise, auquel cas il n’y a pas
de questions à se poser. Soit on doute de la validité de la
théorie de l’efficience des marchés bien que son fondateur
Eugene Fama ait reçu le prix Nobel et on se dit que la
valeur fondamentale de l’action diffère à la hausse ou à la
baisse par rapport au cours boursier. Dans ce cas, on peut
se dépêcher d’acheter (si on pense que le cours boursier
est sous-évalué), soit on vend le plus vite possible (si on
pense que le cours boursier est surévalué).
Dans le cas d’entreprises non cotée en bourse, c’est un
peu plus compliqué, le prix des actions n’est affiché nulle
part (même s’il existe l’indice Argos Mid-Market qui
évalue la valorisation des sociétés non-cotées). Si on veut
racheter une telle entreprise, il faudra évaluer sa valeur, ce
qui n’est pas une mince affaire.
Ajoutons que le prix qu’une entreprise est prête à
payer pour en acquérir une autre n’est pas nécessairement
identique. Par exemple, si des synergies importantes sont
espérées, il peut être judicieux de racheter une entreprise
même si on la paie légèrement au-dessus du prix estimé
par le marché. L’urgence de la transaction ou le nombre
d’acquéreurs potentiels sont autant d’éléments qui peuvent
influencer le prix d’achat d’une entreprise.
Dans tous les cas, et on aura l’occasion d’y revenir,
évaluer une entreprise nécessite de bien la comprendre.
D’analyser soigneusement son modèle d’affaires (business
model), son environnement et sa stratégie. En un mot, de
195
reprendre tout ce qu’on a raconté dans la partie sur la
stratégie d’entreprise.
Pour évaluer une entreprise, un nombre indéfini de
possibilités sont offertes, preuve que l’évaluation relève
plus du bricolage que de la rigueur scientifique. Abordons
cependant les méthodes d’évaluation les plus courantes.
a) La méthode patrimoniale
Actif Passif
Total actif (ce que Capitaux propres
l’entreprise possède) Dette
b) La méthode comparative
20 = valeur de l’entreprise / 2
203
Année Flux de trésorerie (millions d’euros)
Année 1 50
Année 2 55
Année 3 60
Année 4 70
Année 5 80
E × kE + D × kd
CPMC =
E+D
204
Cette formule, je ne vous fais pas la démonstration
mathématique, est juste une autre façon de réécrire la
précédente.
Bon, disons l’entreprise Dupond qui nous intéresse ici
se finance de façon équivalente par l’émission d’actions et
la dette. La rémunération du capital (kE) est de 10% et la
rémunération des prêteurs (kD) est de 5%. On a donc :
= é /1,075
205
Comme nos flux de trésorerie changent chaque année
dans cet exemple, remplissons le tableau en entier :
Soit :
La valeur terminale
208
Conclusion
En ces lignes d’adieu, vous restez peut-être
partiellement sur votre faim. Nous avons plus creusé
certains sujets que d’autres, les ressources humaines, le
droit ou la fiscalité par exemple ont été négligés. Eternel
arbitrage entre l’exhaustivité et la taille totale du livre que
je ne voulais pas trop grande puisqu’il se veut grand
public, et un choix des parties en fonction des affinités et
goûts de l’auteur, aussi.
Nous avons, malgré tout, apporté pas mal de
matière. On ne pourra pas dire qu’on s’est tourné les
pouces ! Libre à chacun d’approfondir ensuite avec des
livres plus épais, plus techniques ou plus spécialisés sur tel
ou tel sujet.
Trêve de parlote, les conclusions m’ennuient, on
n’y raconte généralement rien de bien passionnant. Si j’ai
réussi à intéresser et titiller la curiosité du lecteur sur un
sujet pas très ludique au premier abord, je considèrerais
avoir rempli ma mission !
209
Table des matières
Introduction 9
II) La comptabilité 27
1) Quelques considérations générales 27
2) Les comptes annuels 32
a) Le bilan 33
b) Le compte de résultat 35
c) L’annexe 39
3) La comptabilité en partie double (approfondissements) 39
a) L’intérêt de la comptabilité en partie double 40
b) Les comptes et leur fonctionnement 41
c) Exemple 44
d) Exemple (suite) : le journal et compte « en T » 49
e) Exemple (suite) : passage d’un exercice comptable à un autre 52
f) Le « débit – crédit » de votre compte bancaire 54
4) La comptabilité analytique 55
a) De quoi s’agit-il ? 55
b) Un petit exemple pour la route 57
211
3) L’analyse PESTEL 68
4) La matrice BCG 69
5) La matrice McKinsey 71
6) La chaine de valeur 72
7) Le modèle VIP 74
1) L’autofinancement 109
2) Le paiement différé des achats 110
3) La dette 110
a) La dette bancaire 111
b) La dette obligataire 112
4) Les capitaux propres (ou actions) 114
5) Quel est le meilleur moyen de financement ? 117
6) Les produits dérivés 119
7) Encore un peu de finance d’entreprise : VAN et Medaf 121
a) La VAN 121
b) Le Medaf 127
212
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213
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214
Gestions et Management
aux éditions L’Harmattan
Dernières parutions
Politique et économie
10 mesures phares pour un monde meilleur
Marquez-Velasco Adrien
Dans ce livre est proposé un système économique d’une nouvelle ampleur qui
s’intitule le «coordonnisme». Il s’agit d’un régime réunissant les qualités du
capitalisme et du communisme. Il présente comme mesures la coordination
des politiques monétaires, budgétaires et financières afin de réguler les
consommations intérieures et extérieures, l’épargne, l’investissement, l’inflation
et le chômage vers un taux optimal de croissance économique.
(Coll. L’Esprit Économique, série Krisis, 20.00 euros, 194 p.)
ISBN : 978-2-343-07529-7, ISBN EBOOK : 978-2-336-39887-7
Intelligence de l’information
Entre état d’esprit et stratégie d’organisation
Mallowan Monica
En plus de contribuer à l’avancement des connaissances en matière de
modèles traitant de management de l’information stratégique et des pratiques
informationnelles, reliées à leur application en organisation, cet ouvrage aborde
les champs de la littératie, de la culture et de l’intelligence de l’information. Une
proposition est faite au sujet de leur mise en relation dialogique et systémique,
dans un effort de construction d’une double mutation transdisciplinaire, celle
du nouveau statut d’informateur et du concept de transculture de l’information.
(Coll. Intelligence économique, 36.00 euros, 354 p.)
ISBN : 978-2-343-06623-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-39756-6
Fiscalité environnementale
Entre impératifs fiscaux et objectifs environnementaux, une approche
conceptuelle de la fiscalité environnementale
Caruana Nicolas - Préface de Thierry Lambert
La fiscalité environnementale intéresse relativement peu les juristes et représente
en pratique une part très faible des recettes fiscales des États. Souvent limitée aux
écotaxes, cette notion que cette thèse se propose de définir présente de multiples
dimensions, tant fiscales qu’économiques, tant politiques qu’écologiques.
Caractérisée par son efficience environnementale, elle n’a en réalité ni le champ
d’application ni la portée que lui prête le discours politique.
(Coll. Finances publiques, 43.00 euros, 514 p.)
ISBN : 978-2-343-07550-1, ISBN EBOOK : 978-2-336-39716-0
La magie des justes proportions
Restructuration financière d’un LBO avec apport de new money
Journo Albert
Comment opérer la restructuration financière du capital d’une entreprise de taille
moyenne sous LBO (Leveraged Buy out) en période de turbulence opérationnelle ?
Plusieurs scenarii sont imaginés selon l’évolution de la perception du pronostic de
rétablissement. Un cas réel vient étalonner les raisonnements variés déterminant les
nombreux paramètres suivant de justes proportions et des désirs, emportant d’emblée
l’adhésion de tous. Cet ouvrage donne un éclairage original sur un comment faire.
(Coll. Ad valorem, 25.00 euros, 238 p.)
ISBN : 978-2-343-07914-1, ISBN EBOOK : 978-2-336-39861-7
L’économie en question
Regards et apports des spiritualités et des religions
Textes rassemblés par Jan-Luc Castel et Vincent Pilley
La vie économique est aujourd’hui bouleversée et altère même le lien social.
Où puiser l’énergie de résister à ces dévastations ? Comment régénérer les liens
humains dans la société ? Quelles ressources mobiliser pour «changer les règles
du jeu» ? Juifs, bouddhistes, chrétiens, musulmans, athées, libres penseurs osent
entrer en dialogue parce qu’ils croient en la possibilité d’un avenir commun.
(12.00 euros, 168 p.)
ISBN : 978-2-343-07824-3, ISBN EBOOK : 978-2-336-39689-7
Le capitalisme, cancer de l’humanité
Une économie inhumaine et meurtrière, une société malade,
la vie sur Terre en péril
Kornheiser Georges
En 2016, le patrimoine cumulé de 1 % de la population mondiale dépassera celui
des 99 % restants, ce qui est sans précédent. Cette minorité possède tous les
pouvoirs : économique, médiatique, politique, qu’ils soient étiquetés de droite ou
de gauche, les partis de gouvernement sont tous convertis aux dogmes néolibéraux
et pratiquent en fait la même politique une fois aux commandes. Le capitalisme
est devenu fou. Un autre univers, plus juste et plus humain, est pourtant possible.
Il n’est que temps de travailler à son avènement, avant que les dommages ne soient
devenus irréversibles.
(Coll. Questions contemporaines, 39.00 euros, 436 p.)
ISBN : 978-2-343-07156-5, ISBN EBOOK : 978-2-336-39615-6
L’HARMATTAN HONGRIE
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N° d’Imprimeur : 137389 - Dépôt légal : mars 2017 - Imprimé en France
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ISBN : 978-2-343-11792-8
22,50 e