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Le Royaume et la Résurrection selon Saint Irénée de Lyon (2è siècle)

Le 3 juin dernier, quand j'écoutais les textes de Marc Bosquart sur la résurrection, je ne
pouvais faire autrement que de faire des liens avec la doctrine de Saint Irénée sur laquelle je
m'étais déjà penché quelques années plus tôt.

«Sans vouloir interférer avec les lumières que Marc a reçues sur les grâces mystiques relatées par Mère
Paul-Marie, on peut constater clairement la complémentarité et la cohérence avec une tradition déjà
existante d’une vision plus mystique du monde au sein de la pure Foi Catholique. C’est ce que nous
pouvons observer en nous penchant sur la doctrine de la «Résurrection de la chair» telle qu’elle nous est
présentée dans l’enseignement de Saint Irénée.»

Ce théologien illustre et grand défenseur de l'orthodoxie de la foi chrétienne, a lui-même reçu


son enseignement d'un disciple immédiat de l'Apôtre Saint Jean (Saint Polycarpe). Toutes les
informations qui suivent, sont tirées de la fin de son Traité "Contre les Hérésies" (AH) où, à
partir de la fin du livre V, il est question de la Résurrection des justes.

Il est tout d'abord intéressant de constater que dans le cadre de la Résurrection des justes,
Irénée livre également son enseignement sur le Royaume. Mais, à bien y penser, est-il
étonnant de découvrir cette association Résurrection-Royaume sous la plume d'un disciple de
Saint Jean? Saint Jean n'a-t-il pas écrit dans l'Apocalypse: "Ils reprirent vie et ils
régnèrent avec le Christ pendant mille ans." ? (Ap 20,4)

Saint Irénée, dans son traité contre les hérésies, est intraitable envers les hérétiques.
S'appuyant sur l'apostolicité de sa doctrine reçue de Saint Jean, il déclare:

Ainsi donc, certains se laissent induire en erreur par les discours hérétiques, au point de
méconnaître les « économies » de Dieu et le mystère de la résurrection des justes et
du royaume qui sera le prélude de l'incorruptibilité, royaume par lequel ceux qui en
auront été jugés dignes s'accoutumeront peu à peu à saisir Dieu. (AH, V,32,1)

LE ROYAUME, EN CE MONDE "RÉTABLI EN SON ÉTAT PREMIER"


Saint Irénée, s'appuyant sur l'Écriture et sur la Tradition, parle donc sans hésiter du "temps du
Royaume", de "l'héritage de la terre", de "l'héritage promis à Abraham", du "septième jour,
jour de repos", du "septième millénaire", et du "royaume des justes". Il parle d'un "Royaume
TERRESTRE", "en ce monde-ci", mais dans ce monde "RESTAURÉ", "RENOUVELÉ" et
"RÉTABLI par le Christ EN SON ÉTAT PREMIER" (cf. AH, V, 32, 1; 33,1; 35,2; 36,3 et
autres). "Rétabli en son état premier", ce qui suggère fortement un nouveau Paradis terrestre.

"LA PREMIÈRE RÉSURRECTION, CELLE DES JUSTES"


Venons-en donc à la résurrection. Déjà dans notre première citation, on pouvait noter
l'expression: "résurrection des justes". Faisant référence encore à l'Apocalypse, Saint Irénée
parle aussi de la première résurrection, "la première résurrection, qui est celle des justes"
(Cf. AH, V, 36, 3). Habituellement, on croit qu'il y aura une résurrection générale à la fin du
monde suivie du jugement dernier. Saint Irénée croit plutôt qu'il y aura une première
résurrection, la résurrection des saints ("des justes"), pendant le temps du Royaume dont ils
seront les héritiers. Quand aux damnés, ce n'est qu'à la fin du monde qu'ils ressusciteront
pour être jugés. Cette façon de voir cadre parfaitement avec la vision de Mère Paul-Marie au
sujet de Saint Raoul-Marie qui annonce aux foules du Ciel que le moment de leur résurrection
est tout proche.
"LES JUSTES S'EXERCERONT À L'INCORRUPTIBILITÉ "
En lien avec la résurrection, par trois fois, Saint Irénée emploie cette expression intéressante:
"s'exercer à l'incorruptibilité".

"De même que [l'homme] ressuscitera réellement, c'est réellement aussi qu'il
s'exercera à l'incorruptibilité, qu'il croîtra et qu'il parviendra à la plénitude de sa
vigueur aux temps du Royaume, jusqu'à devenir capable de saisir la gloire du Père."
(AH, V, 35, 2)

Les justes s'exerceront à l'incorruptibilité et se prépareront au salut. (Cf. AH, V,


35,2)

“Ce septième millénaire, est celui du royaume des justes, dans lequel ils s'exerceront
à l'incorruptibilité.” ( AH, V, 36, 3)

Et voici deux autres passages qui complètent les précédents:

Car ni la substance ni la matière de la création ne seront anéanties… mais “la figure de


ce monde passera”, c’est-à-dire les choses dans lesquelles la transgression a eu lieu :
car l’homme a vieilli en elles. Mais lorsque cette “figure” aura passé, que l’homme aura
été renouvelé, qu’il sera mûr pour l’incorruptibilité au point de ne plus pouvoir
vieillir, “ce sera alors le ciel nouveau et la terre nouvelle”, en lesquels l’homme
nouveau demeurera, conversant avec Dieu d’une manière toujours nouvelle (AH, V, 36,
1).

Aux temps du royaume, l'homme, vivant en juste sur la terre, oubliera de mourir (cf.
AH, V, 36, 2).

UN ROYAUME À TROIS ÉTAGES ?


Saint Irénée décrit aussi ce qu'on pourrait appeler un Royaume à trois étages, qui pourrait
très bien correspondre à l'échelle des trois mondes.

Et comme le disent les presbytres, c’est alors que “ceux qui auront été jugés dignes” du
séjour du ciel y pénétreront, tandis que d’autres jouiront des délices du Paradis, et
que d’autres encore posséderont la splendeur de la cité ; mais partout Dieu sera vu,
dans la mesure où ceux qui le verront en seront dignes. Telle sera la différence
d’habitation entre ceux qui auront produit “cent pour un, soixante pour un, trente pour
un” : les premiers seront enlevés aux cieux, les seconds “séjourneront dans le
paradis”, les troisièmes habiteront “la cité”, c’est la raison pour laquelle le Seigneur a
dit qu’ “il y a de nombreuses demeures chez son Père” […] C’est là la “salle du festin”
en laquelle prendront place et se régaleront “les invités aux noces” (AH, V, 36, 1-2).

Un Royaume à trois étages, où les justes d'en-bas "s'exerceront à l'incorruptibilité", jusqu'à en


"oublier de mourir" ? Un Royaume à trois étages où "partout Dieu sera vu, dans la mesure où
ceux qui le verront en seront dignes" ? Cela ne suggère-t-il pas que les justes d'en-bas
pourraient un jour devenir capables de monter aux étages supérieurs sans mourir, c'est-à-dire
sans laisser ici-bas leurs corps physiques?
LE CIEL EST AVEC NOUS
Voici encore un très beau passage, qui rappelle les dernières grâces de Marie-Paule,
contenues dans les Livres Blancs I et II, concernant le Coeur du Père et la proximité du Ciel
qui désormais descend jusqu'à nous.

Après l’avènement de l’Antéchrist et l’anéantissement des nations soumises à son


autorité, aura lieu la résurrection des justes : alors les justes régneront sur la terre,
croissant à la suite de l’apparition du Seigneur, ils s’accoutumeront, grâce à lui, à
saisir la gloire du Père et, dans ce Royaume, ces justes accéderont au commerce
des saints anges ainsi qu’à la communion et à l’union avec les réalités
spirituelles (AH, V, 35, 1).

Et pour finir, la conclusion même du Traité contre les Hérésies:

Et en tout cela et à travers tout cela apparaît un seul et même Dieu Père : c'est lui
qui a modelé l'homme et promis aux pères l'héritage de la terre ; c'est lui qui le donnera
lors de la résurrection des justes et réalisera ses promesses dans le royaume de son Fils
; c'est lui enfin qui accordera, selon sa paternité, ces biens que l'œil n'a pas
vus, que l'oreille n'a pas entendus et qui ne sont pas montés au cœur de
l'homme. (...) Car Dieu a voulu que sa Progéniture, le Verbe premier-né, descende
vers la créature, c'est-à-dire vers l'ouvrage modelé, et soit saisie par elle, et que la
créature à son tour saisisse le Verbe et monte vers lui, dépassant ainsi les
anges et devenant à l'image et à la ressemblance de Dieu (AH, V, 36, ?).

?=3 ou 4...il faudrait vérifier. Mais comme je le mentionne c’est vraiment à la toute
fin du traité.

Faudrait-il une conclusion plus personnelle?

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