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Language: French
COLLECTION
DES MÉMOIRES
RELATIFS
À L'HISTOIRE DE FRANCE.
Par M. GUIZOT,
PROFESSEUR D'HISTOIRE MODERNE À L'ACADÉMIE DE PARIS.
À PARIS,
CHEZ J.-L.-J. BRIÈRE, LIBRAIRE,
RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, No. 68.
1824.
HISTOIRE
DE L'HÉRÉSIE
DES ALBIGEOIS,
Son ouvrage n'en est pas moins un des plus instructifs et des plus
curieux qui nous soient parvenus sur l'un des plus grands et des plus
tragiques événemens du treizième siècle. Pierre ne fut pas
seulement témoin de la guerre des Albigeois; il y fut acteur: tantôt il
parcourait la France avec son oncle pour recruter de nouveaux
Croisés, tantôt il le suivait dans les siéges et les batailles, prêchant,
confessant, assistant, comme il le dit lui-même, avec une allégresse
ineffable, aux massacres et aux auto-da-fé. Il vécut dans l'intimité
des chefs Croisés, ecclésiastiques et militaires, partageant toutes
leurs passions, exclusivement préoccupé du succès de leur
entreprise, et tellement dévoué à la personne de Simon de Montfort
qu'il lui sacrifie aveuglément non seulement ses ennemis, mais ses
compagnons, et même se permet, bien qu'avec réserve, de blâmer
le pape, quand le pape n'accorde pas au comte du Montfort une
complaisance et une faveur illimitées. Aussi les infidélités, surtout les
réticences, abondent dans son récit; il dénature ou omet, non
seulement les circonstances favorables au comte Raimond de
Toulouse et à tous les siens, mais les discordes intestines des
Croisés, la rivalité de leurs ambitions, les reproches que le pape leur
adressa plusieurs fois, enfin tout ce qui eût pu ternir la gloire ou
abaisser un moment la fortune du comte Simon, seul héros, pour lui,
de cette effroyable épopée. Cette ardeur de parti, la fureur de
conviction religieuse qui s'y joint et qui étouffe à un degré rare,
même dans ces temps-là, même dans le camp des Croisés, tout
sentiment de justice et de pitié, donnent à la narration de l'écrivain
une véhémence, une verve de passion et de colère qui manquent à
la plupart des chroniques, quelque terribles qu'en soient les scènes,
et animent celle-ci d'un intérêt peu commun. Le moine Pierre
raconte d'ailleurs avec détail ce qu'il a vu; il décrit les lieux, rappelle
avec soin les petites circonstances, les incidens, les anecdotes, ce
qui fait la vie et la vérité morale de l'histoire. Il en est peu de plus
partiales que la sienne et qui doivent être lues avec plus de
méfiance; mais aucune peut-être n'est plus intéressante, plus vive,
et ne fait mieux connaître le caractère du temps, des événemens et
du parti de l'historien.
F. G.
HISTOIRE
DE LA GUERRE
DES ALBIGEOIS
PROLOGUE
Adressé par l'Auteur au pape Innocent III.
En outre ils disaient que le Dieu bon avait eu deux femmes, savoir,
Collant et Collibant, et que d'elles il avait procréé fils et filles.
Autre fait pour rire. Un autre croyant légua, près de mourir, trois
cents sous aux hérétiques, et commanda à son fils qu'il eût à leur
bailler ladite somme. Mais comme eux, après la mort du père,
l'eurent requise du fils, il leur répondit: «Je veux que d'abord me
disiez en quel point est mon père.—Sache de certitude, reprirent-ils,
qu'il est sauvé et colloqué déjà aux cieux.—Je rends grâce, dit-il lors
en souriant, à Dieu et à vous. Puis donc que mon père est déjà dans
la gloire, aumônes ne font plus besoin à son âme; et pour vous je
vous sais assez benins que de ne l'en vouloir retirer. Par ainsi n'aurez
aucun denier de moi.»
Qu'il suffise de ce peu que j'ai dit touchant les sectes des
hérétiques.
Lorsque quelqu'un se rend à eux, celui qui le reçoit lui dit: «Ami, si
tu veux être des nôtres, il faut que tu renonces à la foi toute entière,
telle que la tient l'Église de Rome.» Il répond: «Oui, j'y renonce.—
Reçois donc l'Esprit saint des bons.» Et lors il lui souffle sept fois
dans la bouche. «Renonces-tu, lui dit-il encore, à cette croix qu'en
ton baptême le prêtre t'a faite sur la poitrine, les épaules et la tête,
avec l'huile et le chrême?» Et il répond: «Oui, j'y renonce.—Crois-tu
que cette eau baptismale opère pour toi le salut?—Non, répond-il, je
ne le crois pas.—Renonces-tu à ce voile que le prêtre a posé sur ta
tête en te donnant le baptême?» Il répond: «Oui, j'y renonce.» Et
c'est en cette sorte qu'il reçoit le baptême des hérétiques, et renie
celui de l'Église. Tous alors lui imposent les mains sur le chef, le
baisent, le revêtent de la robe noire; et dès l'heure, il est comme un
d'entre eux.
CHAPITRE III.
Quand et comment les prédicateurs vinrent au pays albigeois.