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2020]
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LA MONARCHIE PONTIFICALE.
LE «DENIER DE SAINT-PIERRE»
Eugenius, episcopus, servus servorum Dei. Dilectis filiis canonicis Trecensis ecclesie, salutem et
apostolicam benedictionem. Sicut ea que a nobis statuuntur firma volumus et illibata persistere, ita
ea que a fratribus nostris episcopis rationabili providentia fiunt, ut in suo vigore permaneant,
diligenti nos convenit sollicitudine providere. Quod ergo a discretione religiosi viri Acconis
episcopi....
Si quis igitur hujus nostre confirmationis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit,
indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursurum.
Datum Autisiodori. XVII. kl. septembris.
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Grégoire IX dit quelque part de Frédéric II: «Il ment au point d'affirmer
que tous ceux-là sont des sots qui croient qu'un Dieu créateur de l'univers et
tout-puissant est né d'une vierge.... Il ajoute qu'on ne doit absolument croire
qu'à ce qui est prouvé par les lois des choses et par la raison naturelle.»
Telle était en effet la véritable hérésie de l'empereur. Il ne s'agit plus, ici, de
réduire la puissance politique de l'Église, d'enlever aux papes la direction
supérieure de la chrétienté; c'est le prestige même de la foi chrétienne qu'il
veut atteindre, et, de même qu'il a sécularisé l'État, en soumettant toutes les
forces de la société, l'Église comme les autres, à la volonté d'un seul maître,
il sécularise la science, la philosophie, la foi, en leur donnant pour maîtresse
unique et souveraine la raison.
Frédéric II se préoccupait sincèrement des hauts problèmes
philosophiques, non point comme un chrétien qui demande à la sagesse
profane la confirmation de sa foi, mais comme un esprit libre qui aspire à la
vérité, quelque affligeante qu'elle puisse être pour les croyances communes
de son siècle. Il dirigeait à sa cour une véritable académie philosophique.
Un disciple des écoles d'Oxford, de Paris et de Tolède, Michel Scot,
chrétien régulier, que protégea Grégoire IX, lui avait apporté en 1227,
traduits en latin, les principaux commentaires aristotéliques d'Averroès et,
entre autres, celui du Traité de l'Ame. En 1229, l'empereur, tout en
négociant avec le Soudan, chargeait les ambassadeurs musulmans de
questions savantes pour les docteurs d'Arabie, d'Égypte et de Syrie. Plus
tard il interrogeait encore sur les mêmes points de métaphysique le Juif
espagnol Juda ben Salomo Cahen, l'auteur d'une encyclopédie, l'Inquisitio
sapientiæ; il renouvelait enfin, vers 1240, cette enquête rationnelle, dans le
monde entier de l'islam, puis près d'Ibn Sabin de Murcie, le plus célèbre
dialecticien de l'Espagne. Celui-ci répondit «pour l'amour de Dieu et le
triomphe de l'islamisme», et le texte arabe de ses réponses est conservé,
sous le titre de Questions siciliennes, avec les demandes de l'empereur, dans
un manuscrit d'Oxford. «Aristote, interrogeait Frédéric, a-t-il démontré
l'éternité du monde? S'il ne l'a pas fait, que valent ses arguments? Quel est
le but de la science théologique, et quels sont les principes préliminaires de
cette science, si toutefois elle a des principes préliminaires, entendons, si
elle relève de la pure raison? Quelle est la nature de l'âme? Est-elle
immortelle? Quel est l'indice de son immortalité? Que signifient ces mots
de Mahomet: «Le cœur du croyant est entre les doigts du miséricordieux?»