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François, le pape du relativisme ?

Le 29 juin 2023, l’Eglise célèbre Saint Pierre et Saint Paul. L’amour du second pour le premier l’a emmené à lui faire une correction
filiale publique (cf. Galates 2, 11-14). Aujourd’hui, Pierre c’est le Pape François, et Paul ce sont les chrétiens qui ont eu le courage de
faire une correction filiale à François. C’est l’exemple des prêtres, professeurs d’université et experts en théologie et morale qui ont
publié la lettre ouverte au Collège des Cardinaux (juillet 2016, 45 signataires), la correction filiale au Pape François (juillet 2017, 62
signataires), la lettre ouverte aux évêques (avril 2019, 20 signataires). Mais ont-ils posé un acte bon ? Oui, selon Saint Augustin et
Saint Thomas d’Aquin, car « la correction qui est… un acte de charité appartient à chacun à l’égard de tous ceux qu’il doit aimer, et
chez lesquels il voit quelque chose à corriger… s’il y avait danger pour la foi, les supérieurs devraient être repris par les inférieurs,
même en public. Aussi Paul, qui était soumis à Pierre, l’a-t-il repris pour cette raison. Et à ce sujet la Glose d’Augustin explique :
“Pierre lui-même montre par son exemple à ceux qui ont la prééminence, s’il leur est arrivé de s’écarter du droit chemin, de ne point
refuser d’être corrigés, même par leurs inférieurs” » (Summa Theologica II-II, q.33, a.4). Voilà pourquoi le prêtre africain qui écrit les
présentes lignes désire réaliser cet acte de miséricorde spirituelle consistant à attirer l’attention du Pape François sur ses erreurs qui
affectent négativement le mariage, la famille, les sacrements, l’Eglise et le monde. François est-il le pape du relativisme ? L’analyse
suivante le démontre. En étudiant l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, nous verrons que les principales erreurs du
pontificat de François ont une racine commune : le relativisme et l’éthique de situation (cf. ma 2ème lettre ouverte). Il y a relativisme
lorsqu’une personne se croit exemptée de vivre une loi absolue, par exemple la loi morale naturelle (représentée par les Dix
Commandements). Il y a éthique de situation lorsque cette exemption se fait en fonction de certaines situations ou circonstances.

Le relativisme et l’éthique de situation dans Amoris laetitia et la pastorale des divorcés remariés
Avant Amoris laetitia (19 mars 2016), l’Eglise a fait preuve d’une grande compréhension et miséricorde à l’égard des divorcés
remariés. Elle leur a permis d’accéder au Sacrement de la Confession avec les mêmes conditions que Dieu impose à tous les chrétiens,
à savoir le repentir et la résolution de ne plus pécher. Ce ne sont pas des actes corporels mais des actes spirituels, réalisables par toute
volonté humaine (même celle des personnes vicieuses). Dans la Confession, le prêtre pose simplement une question au pécheur repenti :
« Puisque tu n’es pas marié, es-tu disposé à lutter pour éviter les relations sexuelles ? » En cas de réponse affirmative, le divorcé
remarié recevait l’absolution et accédait à l’Eucharistie en privé. Avec l’apparition d’Amoris laetitia, une vive polémique est
immédiatement née à cause de nombreuses phrases (numéros 298, 300, 301, 302, 303, 304 et 305) qui rendent manifestes le relativisme
et l’éthique de situation dans la mentalité du Pape François (cf. Robert Spaemann, interview du 29 avril 2016 avec Anian Christoph
Wimmer de Catholic News Agency) et qui dévoilent trois cas précis de crypto-hérésie (hérésie réelle mais non exprimée ouvertement,
selon l’expression du Professeur Roberto De Mattei). « On appelle hérésie la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une
vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité » (Code de Droit Canonique 751).

Quelle est la nouvelle doctrine proposée par Amoris laetitia ? La voici avec les mots du Pape François : « à cause des conditionnements
ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne
l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la
grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Eglise » (305) ; « dans certains cas, il peut s’agir aussi de l’aide des
sacrements » (note 351) ; « dans ces situations, connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter “comme frère et sœur” que
l’Eglise leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité “la fidélité peut courir des risques et le
bien des enfants être compromis” » (note 329).

Quel est le sens des mots précédents ? Le texte que François a présenté officiellement comme l’unique interprétation valide de la
nouvelle pastorale d’Amoris laetitia envers les divorcés remariés est la lettre des évêques de Buenos Aires (5 septembre 2016). Ce texte
dit ceci : « 5) Lorsque les circonstances concrètes d’un couple le rendent possible, surtout lorsque les deux sont chrétiens et ont un
cheminement de foi, l’engagement à vivre dans la continence peut être proposé. Amoris laetitia n’ignore pas les difficultés de cette
option (cf. note 329) et laisse ouverte la possibilité d’accéder au Sacrement de la Réconciliation lorsqu’un tel engagement échoue (cf.
note 364, selon l’enseignement de Saint Jean-Paul II au Cardinal W. Baum, du 22/03/1996). 6) Dans d’autres circonstances plus
complexes, et lorsqu’une déclaration de nullité n’a pu être obtenue, l’option ci-dessus peut en fait ne pas être réalisable. Cependant,
un chemin de discernement est également possible. Si l’on reconnaît que, dans un cas particulier, il existe des limitations qui atténuent
la responsabilité et la culpabilité (cf. 301-302), notamment lorsqu’une personne considère qu’elle tomberait dans une faute
supplémentaire en portant préjudice aux enfants de la nouvelle union, Amoris laetitia ouvre la possibilité d’accéder aux Sacrements de
la Réconciliation et de l’Eucharistie (cf. notes 336 et 351). Ceux-ci, à leur tour, disposent la personne à continuer de mûrir et croître
avec la force de la grâce. » Ajoutons aussi les mots du Cardinal Francesco Coccopalmerio, Président du Conseil Pontifical pour les
Textes Législatifs, puisqu’il reprend l’idée du texte précédent dans son livre ‘Il capitolo ottavo della Esortazione Apostolica Post
Sinodale Amoris Laetitia’ (février 2017) : « si l’engagement de vivre comme frère et sœur s’avère possible sans difficulté pour la
relation, les deux concubins l’acceptent volontiers ; si, en revanche, cet engagement donne lieu à des difficultés, les deux concubins ne
semblent pas être obligés en soi, car ils vérifient le cas de la personne dont parle le n° 301 avec cette expression claire : elle peut se
trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir autrement et de prendre d’autres décisions sans commettre une
nouvelle faute ». En résumé, quelle est la nouvelle doctrine d’Amoris laetitia ? La voici : à cause des circonstances atténuantes, du bien
de la famille ou de la difficulté à s’abstenir des relations sexuelles, il existe des divorcés remariés auxquels on ne peut pas exiger
l’obligation de vivre la continence sexuelle et que l’on doit admettre aux Sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, après un
temps d’accompagnement et de discernement. Cette nouvelle doctrine d’Amoris laetitia est-elle conforme à la Tradition chrétienne ?
Non ! Et cela pour trois motifs.

Le premier motif c’est que tous les êtres humains (même les vicieux pour lesquels l’imputabilité serait réduite ou nulle) sont tenus de
vivre la continence sexuelle s’ils ne sont pas mariés. Cela est prescrit par Dieu dans le sixième commandement du Décalogue et est une
expression de la loi morale naturelle. En effet, « présente dans le cœur de chaque homme et établie par la raison, la loi naturelle est
universelle en ses préceptes et son autorité s’étend à tous les hommes » (Catéchisme de l’Eglise Catholique 1956) ; « la loi naturelle
est immuable et permanente à travers les variations de l’histoire » (Idem 1958). Affirmer le contraire c’est tomber dans un relativisme
moral et sexuel puis dans une hérésie qui rejette l’universalité du sixième commandement. Or c’est ce que fait le Pape François
lorsqu’il concède que certains divorcés remariés puissent avoir « certaines manifestations d’intimité » réservées aux personnes mariées.
C’est aussi ce que fait le texte officiel d’interprétation d’Amoris laetitia en présentant la vertu de continence sexuelle comme une «
option » pour certains divorcés remariés et en affirmant qu’elle « peut en fait ne pas être réalisable ». Il en est de même pour le
Cardinal Coccopalmerio quand il déclare que « les deux concubins ne semblent pas être obligés en soi ».

Le second motif qui rend inacceptable la nouvelle doctrine d’Amoris laetitia, c’est que « les circonstances ou les intentions ne pourront
jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte “subjectivement” honnête ou défendable comme
choix » (Jean Paul II, Veritatis splendor 81). « Il est donc erroné de juger de la moralité des actes humains en ne considérant que
l’intention qui les inspire, ou les circonstances (milieu, pression sociale, contrainte ou nécessité d’agir, etc.) qui en sont le cadre. Il y a
des actes qui par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances et des intentions, sont toujours gravement illicites en
raison de leur objet ; ainsi le blasphème et le parjure, l’homicide et l’adultère. Il n’est pas permis de faire le mal pour qu’il en résulte
un bien » (Catéchisme de l’Eglise Catholique 1756). Saint Thomas d’Aquin et Saint Paul le confirment : « Souvent, l’homme agit avec
une intention droite, mais cela ne lui sert de rien, car la bonne volonté lui manque ; comme si, par exemple, quelqu’un vole pour
nourrir un pauvre, son intention assurément est droite, mais il lui manque la rectitude de la volonté, qui fait que la rectitude d’intention
n’excuse jamais une mauvaise action. “Comme certains nous accusent outrageusement de le dire, devrions-nous faire le mal pour
qu’en sorte le bien ? Ceux-là méritent leur propre condamnation.” (Rm 3, 8) » (Saint Thomas d’Aquin, Opuscula Theologica II 1168)
En vivant sexuellement sans être mariés, les divorcés remariés commettent des actes intrinsèquement mauvais c’est-à-dire, soit le péché
d’adultère (si leur mariage précédent est valide), soit le péché de fornication (si leur mariage précédent n’est pas valide). Même
Amoris laetitia reconnaît qu’ils vivent dans une « situation objective de péché » (305, cf. 302 et 303), mais malheureusement il trouve
des arguments pour excuser leur incontinence et tombe ainsi dans une éthique de situation, puis dans une hérésie rejetant le caractère
absolu du sixième commandement (cf. Exode 20, 14 ; Marc 10, 11-12).

Le troisième motif qui rend inacceptable la nouvelle doctrine d’Amoris laetitia c’est qu’aucun chrétien non-marié (même les vicieux
pour lesquels l’imputabilité serait réduite ou nulle) ne peut recevoir le Sacrement de la Confession s’il n’est pas disposé à mettre tous
les moyens pour éviter les relations sexuelles. C’est ce qu’a rappelé le Pape Saint Jean Paul II dans l’exhortation apostolique post-
synodale Familiaris consortio : « La réconciliation par le Sacrement de Pénitence – qui ouvrirait la voie au Sacrement de l’Eucharistie
– ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement
disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que,
lorsque l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par exemple l’éducation des enfants –, remplir l’obligation de la
séparation, “ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux” »
(84). La nouvelle doctrine d’Amoris laetitia tombe donc dans une troisième hérésie puisqu’elle rejette une condition absolument
nécessaire pour recevoir le Sacrement de la Confession et qui constitue une vérité de foi divine et catholique relative à ce sacrement: il
s’agit de la résolution de mettre tous les moyens possibles pour éviter le péché (cf. Concile de Trente, Doctrine sur le Sacrement de
Pénitence, 14ème session, 25 novembre 1551, DS 1676 et 1678 ; Catechismo di San Pio X, Della Dottrina Cristiana, Parte IV, 731 ;
Catéchisme de l’Eglise Catholique 1451 ; Compendium du Catéchisme de l’Eglise Catholique 303 ; Tradimento della sana dottrina
attraverso “Amoris laetitia”, Tullio Rotondo, mars 2022). Le silence du Pape François face aux ‘dubia’ des Cardinaux Walter
Brandmüller, Raymond Leo Burke, Carlo Caffarra e Joachim Meisner est finalement un bon indice de sa mentalité relativiste qui refuse
d’affirmer clairement et publiquement la vérité.

Le relativisme et l’éthique de situation dans les autres erreurs du Pape François


Le 10 décembre 2018, le Pape François, le Cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, S.J., et l’Archevêque Giacomo Morandi ont autorisé
l’hystérectomie (ablation de l’utérus) en prétextant l’accord des médecins expérimentés qui assureraient qu’aucune grossesse future ne
pourrait arriver à terme. En réalité, puisque l’état de l’utérus ne comporte pas de danger présent ni futur pour la santé de la mère, il
s’agit d’une stérilisation directe, acte intrinsèquement et moralement mauvais (cf. Humanae vitae 14 ; document de la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi du 31 juillet 1993 ; ma 3ème lettre ouverte). Cela cache aussi une hérésie rejetant la loi divine sur la
procréation (cf. Genèse 1, 28). La Déclaration d’Abu Dhabi, signée par le Pape François (4 février 2019), contient une phrase qui nie
que le christianisme soit la religion suprême voulue par Dieu (cf. Jean 14, 6 ; Dominus Iesus 13), et cache deux hérésies rejetant la
mission salvifique du Christ et la bonté de la volonté divine (cf. Genèse 1, 31). Ce relativisme religieux se retrouve dans la participation
du Pape François à trois cérémonies païennes (4 octobre 2019 avec la Pachamama, 25 et 27 juillet 2022 avec les autochtones du
Canada). Le 21 octobre 2020, le 15 septembre 2021, le 5 février 2023 et les 10-11 mars 2023, le Pape François a demandé des lois de
cohabitation civile homosexuelle en prétextant le partage juridique d’avantages socioéconomiques. En réalité, il a commis « un acte
gravement immoral » en autorisant une cohabitation sexuelle intrinsèquement peccamineuse, et en oubliant que les homosexuels
peuvent recourir « au droit commun pour régler les questions juridiques d’intérêt réciproque » (document de la Congrégation pour la
Doctrine de la Foi du 3 juin 2003 ; cf. ma 1ère lettre ouverte). Cela cache une hérésie rejetant la loi divine sur le mariage entre l’homme
et la femme (cf. Genèse 2, 24 ; 18, 20). Le 15 septembre 2021, en prétextant que « la Communion n’est pas une récompense pour les
parfaits », le Pape François a donné son accord pour que tous les politiciens publiquement pro-avortement reçoivent la Sainte
Eucharistie sans nécessité pour eux de rejeter leur attachement à l’avortement (cf. ma 4ème lettre ouverte). Cela cache deux hérésies : la
négation de la nécessité du Sacrement de Pénitence pour accéder à l’Eucharistie en cas de péché grave (cf. 1 Corinthiens 11, 27-29 ;
Code de Droit Canonique 915, 916, 1347§2) et la négation du caractère absolu du cinquième commandement (cf. Exode 20, 13 ;
Deutéronome 19, 10). On constate finalement que, contrairement à Saint Jean Paul II (cf. Veritatis splendor 80-83), François ne
reconnaît pas que certains actes (adultère, stérilisation, idolâtrie, homosexualité, avortement) sont intrinsèquement mauvais et ne
pourront jamais bénéficier d’un certain degré d’acceptation morale en raison de circonstances atténuantes ou parce qu’ils contiennent
des “éléments positifs”. Le Pape François reconnaitra-t-il enfin ses erreurs pour les corriger ? De nombreux chrétiens l’espèrent depuis
2016. Parlons donc haut et fort pour attirer l’attention du Pape François. Mais surtout prions Jésus et Marie pour qu’ils lui donnent
l’humilité qu’a eu Saint Pierre lorsque Saint Paul lui a fait la correction filiale à Antioche.
***
L’abbé Janvier Gbénou (Father Jesusmary Missigbètò comme nom de plume) est né en 1980 et a été ordonné Prêtre de Jésus Christ le
5 mai 2012 à Rome. Originaire du Bénin (Afrique de l’Ouest), il est titulaire d’un master en Méthodes Informatiques Appliquées à la
Gestion des Entreprises et d’un doctorat en Philosophie.

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