Vous êtes sur la page 1sur 4

COMPTE RENDU DE LECTURE

Introduction (Nature, auteur et objet de Donum vitæ)

Publiée le 22 février 1987, par la Congrégation pour la doctrine de la foi, alors présidée
par le cardinal Joseph Ratzinger, l’Instruction Donum vitæ « sur le respect de la vie humaine
naissante et la dignité de la procréation » se veut une réponse aux interrogations des Conférences
épiscopales et des évêques, et le fruit d’une attentive évaluation des déclarations de divers
épiscopats1. Elle donne l’avis de l’Eglise sur les méthodes de procréation artificielle, et constitue
un document fondamental pour l’éthique de l’Eglise Catholique romaine de l’assistance médicale
à la procréation.

La première partie, inspirée du cinquième commandement « Tu ne tueras pas », a « pour


objet le respect de l’être humain à partir du premier moment de son existence ». C’est un
développement, en fonction des pratiques actuelles, de la doctrine traditionnelle sur l’illicéité de
l’avortement provoqué. La deuxième partie, quant à elle, est inspirée du sixième commandement
« Tu ne commettras pas d’adultère », et évalue à la lumière de la dignité du mariage « les
interventions de la technique sur la procréation humaine ». Enfin, la troisième partie expose, en
référence à Dignitatis humanae, ce que l’Eglise, au nom de la conscience morale, attend de la loi
civile en matière du « respect dû aux embryons » et à la procréation humaine.

Contenu

L’Instruction Donum vitae commence par le rappel du don de la vie par le Créateur et
Père. Elle énonce ensuite les causes de l’intervention du Magistère. Des questions nouvelles sont
posées par le développement des recherches biomédicales 2. En effet, le Magistère intervient en
vertu de sa mission évangélique et de son devoir apostolique. Sans compétence particulière dans
le domaine des sciences expérimentales, il propose la doctrine morale qui correspond à la dignité
de la personne humaine et à sa vocation intégrale. Les interventions de l’Eglise, notamment en ce
qui concerne la vie humaine et ses origines expriment « l’amour qu’elle doit à l’homme (...). Cet
amour s’alimente aux sources de la charité du Christ » 3 et de la bonté de Dieu, notre Créateur et
notre Rédempteur. Ceci dit, la science et la technique constituent des expressions significatives

1
Cf. https://www.nrt.be/fr/articles/pour-lire-donum-vitae-69, consulté le 15-10-2019, à 21h 32min.
2
Idem.
3
Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Donum vitae, Rome, 1987, n° 1.
1
de la seigneurie confiée à l’homme sur la création ; elles n’indiquent pas d’elles-mêmes le sens
de l’existence humaine ; elles sont ordonnées à l’homme : « c’est dans la personne et ses valeurs
morales qu’elles trouvent l’indication de leur finalité et la conscience de leurs limites » 4. Dès lors
ni les sciences ni les techniques ne sont moralement indifférentes ; elles ne tirent leurs repères
éthiques ni de leur efficacité ni de leur utilité... mais du respect de critères fondamentaux : le
service de la personne humaine, de ses droits inaliénables, de son bien véritable et intégral,
conformément au dessein de Dieu5. Alors, comment appliquer ces critères moraux dans les
questions biomédicales de nos jours ? La réponse est donnée en trois temps : d’abord par le
rappel des données anthropologiques et morales fondamentales ; ensuite l’insistance sur les
conséquences en médecine générale, et dans le domaine de la sexualité ; enfin, l’inventaire des
conséquences pour les procréations artificielles.

En outre, le document rappelle ici les données classiques qui peuvent préciser
l’application des principes généraux jusqu’ici énoncés. Le jugement moral sur les méthodes de
procréation artificielle devra être formulé en référence à ces valeurs fondamentales. Deux
éléments anthropologiques sont décisifs pour ce jugement moral : l’inviolabilité du droit à la vie
de l’être humain innocent depuis le moment de la conception jusqu’à la mort, et l’originalité de la
transmission de la vie. Sur ces deux points, le Magistère de l’Eglise offre... à la raison humaine
les confirmations, éclairages et précisions « de la Révélation » divine. En effet, dès le moment de
sa conception, la vie de tout être humain doit être absolument respectée, car l’homme a été voulu
pour lui-même’ et son âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu. Dieu seul est le Maître
de la vie de son commencement à son terme, personne n’a le droit de détruire directement un être
humain innocent6. De même, la procréation humaine demande une collaboration responsable des
époux avec l’amour fécond de Dieu. Pour ceci, elle doit «se réaliser dans le mariage moyennant
les actes spécifiques et exclusifs des époux, suivant les lois inscrites dans leurs personnes et dans
leur union.

Dans la première partie intitulée « Respect des embryons », l’accent est mis sur le respect
de la vie humaine. Il est en effet : l’être humain doit être respecté - comme une personne - dès le
premier instant de son existence, soulignant ainsi une position mettant en cause la sélection, la

4
Ibid., n° 2.
5
Cf. Vatican II, Constitution Pastorale Gaudium et Spes, Centurion, Paris, 1967, n° 24.
6
Idem.
2
congélation, la réduction embryonnaire, ainsi que toute recherche sur l’embryon. L’Eglise
catholique autorise toutefois les interventions sur l’embryon pour le soigner ou le maintenir en
vie. Pour cette raison, l’Instruction rappelle que « l’être humain doit être respecté - comme une
personne - dès le premier instant de son existence » 7. Et donc qu’il a les droits de toute personne
humaine, comme celui de rester en vie. Cela remet en cause, évidemment, la sélection des
embryons par les biologistes, leur congélation et leur décongélation, ainsi que la « réduction
embryonnaire », avortement provoqué si le nombre d’embryons dans le sein de la mère est trop
important selon le couple ou le médecin responsable.

Par ailleurs, la deuxième partie de Donum vitae traite des « interventions sur la
procréation humaine », plus précisément des « diverses procédures techniques destinées à obtenir
une conception humaine d’une manière autre que par l’union sexuelle de l’homme et de la femme
»8. En effet, l’ordonnance de cette deuxième partie est à considérer de près. Un point préliminaire
situe les procréations artificielles à l’intérieur de la culture qui les a rendues possibles. Le plan du
document distingue les fécondations artificielles hétérologues (« techniques destinées à obtenir
une conception humaine à partir de gamètes provenant d’au moins un donneur autre que les
époux unis en mariage » [II, 1-3]) et les fécondations artificielles homologues (« à partir des
gamètes de deux époux unis en mariage » [II, 4-6]). La considération morale de ces procréations
artificielles apparaît liée à l’institution matrimoniale. Après l’appréciation morale de ces
procédures, le document considère les questions posées à la conscience des médecins (II, 7) puis
des couples stériles (II, 8).

L’enseignement sur l’illicéité des fécondations artificielles homologues et hétérologues


est conforme à la dignité personnelle de l’embryon humain, de l’union conjugale et de la
procréation. Ce que la personne révèle d’unicité dans l’origine, et de plénitude dans le don, n’a
pas fini d’éclairer le mystère de la vie et de l’amour parmi les hommes.

En ce qui concerne la dernière partie, elle aborde la morale et la loi civile. Un sous-titre en
précise le contenu et en suggère l’originalité : les valeurs et obligations morales que la législation
civile doit respecter et sanctionner en cette matière. Cette troisième partie de l’Instruction
concerne en fait le domaine politique. Elle procède en trois étapes. Primo, une intervention de
l’autorité politique et législative est requise. Secundo, elle doit concerner deux droits
7
Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Donum vitae, Rome, 1987, n° 6.
8
Idem., n° 7.
3
fondamentaux de la personne humaine : droit à la vie depuis la conception jusqu’à la mort et
droits de la famille et de l’institution matrimoniale. Tertio, elle doit répondre au contexte culturel,
idéologique et politique contemporain.

Par voie de conséquence, la loi doit proscrire « les banques d’embryons, l’insémination
post mortem et la maternité de substitution »9 et prévoir à cet effet des sanctions pénales. Tel est
l’enseignement de l’Eglise en morale politique concernant le respect de la vie et de la famille
humaines. L’Instruction se termine par des considérations réalistes et exigeantes sur la mise en
œuvre de ces normes morales.

Conclusion

L’Instruction Donum vitæ donnée par le Magistère énonce des normes morales. Elle est
destinée à former le jugement des consciences ; elle ne s’y substitue pas. De plus, la
détermination de la loi morale ne tient lieu ni de la grâce nécessaire à son observation ni du
pardon offert en cas de négligence ou de violation. En effet, « la souffrance des époux qui ne
peuvent avoir d’enfants ou qui craignent de mettre au monde un enfant handicapé est une
souffrance que tous doivent comprendre et apprécier comme il convient » 10, souligne
l’Instruction. Mais pour autant, cela ne donne pas aux couples en souffrance d’enfant un « droit à
l’enfant ». Autrement dit, la Congrégation reconnaît que la stérilité est certainement une dure
épreuve et appelle à éclairer et à soutenir la souffrance de ceux qui ne peuvent réaliser une
légitime aspiration à la paternité et à la maternité. Elle lance aussi un appel aux chercheurs à
lutter contre la stérilité par d’autres moyens que l’assistance médicale à la procréation. Enfin, le
dernier appel de l’Instruction va aux théologiens « pour qu’ils approfondissent et rendent toujours
plus accessibles aux fidèles les contenus de l’enseignement du Magistère de l’Eglise, à la lumière
d’une anthropologie solide en matière de sexualité et de mariage » 11 et qu’ils continuent la
réflexion initiée par cette Instruction.

9
Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Donum vitae, Rome, 1987, n° 8.
10
Idem.
11
Ibid., n° 9.
4

Vous aimerez peut-être aussi