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UNIVERSITE DE MAZENOD
3145, Av. Kasa-Vubu
KINSHASA/KINTAMBO
Faculté de théologie
INTRODUCTION
Par ailleurs, pour aborder la question de la pluralité religieuse, il est nécessaire de connaître les
religions et les différents éléments. Cela justifie la présence des plusieurs idées et conceptions qui
défendent telle ou autre religion. Lesquelles sont l’origine de la diversité des idées théologiques. Ainsi,
selon le document de la CTI, « à l’époque où l’on valorise le dialogue, la compréhension mutuelle et la
1
Commission Théologique Internationale, Christianisme et les religions, Rome, 1997, n° 4.
2
tolérance, il est naturel qu’apparaissent des tentatives d’élaborer une théologie des religions à partir
des critères qui soient acceptés par tous, c’est-à-dire qui ne soient pas exclusifs à une tradition religieuse
déterminée.»2 Toutefois, la difficulté de différencier les conditions pour le dialogue interreligieux et les
présupposés de base d’une théologie chrétienne des religions se présente comme un obstacle à cette
élaboration. Et la tendance dans ce débat est d’abandonner les aspects dogmatiques pour chercher les
vérités d’une théologie chrétienne des religions ailleurs. Mais « si la théologie est fides quarens
intecllectum, on ne voit pas comment on pourrait abandonner le « principe dogmatique » ou réfléchir
théologiquement en faisant fi de ses propres sources ».3 Pour ce faire, une théologie chrétienne des
religions, doit avoir comme tâches : l’autocompréhension et autoévaluation du christianisme dans le
contexte de la pluralité des religions, la réflexion concrète sur la vérité et l’universalité de cette vérité
qu’il réclame ; la recherche du sens de la fonction et de la valeur propre de la religion dans l’ensemble
de l’histoire du salut ; l’étude des religions dans ce qu’elles ont en propre.4
D’après le document de la CTI, la question fondamentale qui se pose dans la discussion est celle
de savoir si « les religions sont-elles des médiations de salut pour leurs membres ?»5 A cette question
deux réponses sont données dont l’une est négative et l’autre positive. Cette dernière engendre une autre
question à savoir : « s’agit-il de médiations salvifiques autonomes ou du salut de Jésus-Christ qui se
réalise en elles ?»6 Cette interrogation a fait naître plusieurs positions dans l’histoire de l’Eglise. L’une
de ces positions a été retenue par le Magistère pour réfléchir sur la question salvifique dans les religions.
Elle porte sur l’exclusivisme, l’inclusivisme et le pluralisme qui semble être parallèle à
l’ecclésiocentrisme qui est caractérisé par l’exclusivisme ; le christocentrisme qui est basé sur
l’universalité du salut en Jésus Christ, le théocentrisme qui admet le pluralisme religieux en admettant
l’existence des autres médiateurs en dehors du Christ Jésus et rejette l’idée du Christ comme l’unique
médiateur car il n’est « considéré ni comme constitutif ni comme normatif pour le salut de l’homme ».7
c. Question de la vérité
Le problème de la vérité des religions est sous-jacente à toute discussion relative au pluralisme
religieux. C’est un problème qui s’est posée et qui demeure. La difficulté à établir un critère de vérité
d’une religion demeure. Elle engendre deux tendances : celle des ceux se déclaraient avoir le monopole
de la vérité et celle des personnes qui prétendaient être dans la vérité. Ainsi, surgit le problème à savoir :
être dans le salut et être dans la vérité. Avec justesse le document stipule : « on devrait davantage tenir
2
Ibidem, n° 6.
3
Ibidem, n° 6.
4
Cf. ibidem, n° 7.
5
Ibidem, n° 8.
6
Ibidem, n° 8.
7
Ibidem, n° 12.
3
compte de la perspective chrétienne du salut comme vérité, et de l’être dans la vérité comme salut ». Le
document poursuit, « l’omission du discours sur la vérité entraine la mise en équivalence superficielle
de toutes les religions en les vidant fondamentalement de leur potentiel salvifique ».
d. La question de Dieu
e. Le débat christologique
D’après la CTI, le problème christologique est essentiellement lié à la valeur salvifique des
religions. Parmi les conséquences, on indique le théocentrisme salvifique qui favorise le pluralisme de
médiations véritables. Mais en son sein, il y a un groupe qui affirme la présence du Christ qui manifeste
l’amour de Dieu pour les hommes. D’autres par contre, défendent un théocentrisme salvifique en
détachant du christianisme le Christ. Cette vision s’attaque au dogme de Chalcedoine. Ces théologiens
pensent que ce dogme bloc le dialogue interreligieux. Pour eux, l’incarnation serait une métaphore, une
mythologie. En bref, la mentalité qui se dégage ce que le Christ n’est pas l’unique médiateur. Il est une
forme humaine de Dieu pour rencontrer l’homme. Il est totus Deus, parce qu’il est l’amour actif de Dieu
sur terre et non totum Dei, parce qu’il ne puisse pas en lui l’amour de Dieu.
Jésus est le chemin par lequel le dessein salvifique de Dieu se réalise dans le monde. Il est le
médiateur unique et universel par lequel l’humanité parvient au salut. C’est par sa médiation que se
s’accomplit le projet salvifique de Dieu. Cependant, pour être sauvée, l’humanité doit croire en Jésus
dont le message et l’action ont une portée universelle en vertu de l’unicité de sa médiation. L’unicité et
l’universalité de l’action de Jésus dans le monde sont explicitement soulignées dans certains passages
des écritures saintes et dans la Tradition telle que l’Eglise l’a reçue des Apôtres.
Selon les écritures, Jésus est l’ultime Adam venu éclairer tous les hommes. La Tradition ancienne
le compare au logos (verbe) qui a une mission universelle. Jésus-Christ est le rédempteur de l’humanité.
Sa médiation unique est inséparable de toutes les autres médiations qu’elle contient. La difficulté est de
comprendre comment les hommes appartenant à d’autres religions peuvent être sauvés. A ce propos, le
document mentionne la possibilité à l’Esprit Saint de donner à tous ceux qui ne croient pas en Jésus Christ
l’opportunité d’être associés au mystère pascal. Car, Dieu les sauve par le chemin que Lui-même connaît.
Par conséquent, la question du salut des hommes appartenant à d’autres religions doit être située dans
l’action universelle de l’Esprit du Christ. Mais, selon le document, Jésus est l’unique moyen du salut de
tout homme qui croit en lui. Bref, pour être sauvé, il n’y a pas d’autre médiation en dehors du Christ.
L’universalité de l’action du Christ se comprend mieux dans l’action universelle de l’Esprit Saint,
laquelle est visible dès la création du monde : l’esprit de Dieu a plané sur les eaux.8 Dans le livre de la
Sagesse il est dit de l’Esprit du Seigneur qu’il remplit l’univers, lui qui tient ensemble tous les êtres, il
entend toutes les voix.9 De ces mots ressort le caractère universel de l’Esprit Saint. En créant l’homme,
Dieu a voulu qu’il soit proche de Lui. Cette proximité est le fruit de l’Esprit Saint bien qu’elle a été
brisée par le péché. Et en Jésus Christ et grâce à l’Esprit Saint, Dieu renouvelle sa proximité avec les
hommes.
La question la plus importante que le document pose est celle de savoir s’il y a de salut pour ceux
qui n’appartiennent pas à l’Eglise. En effet, l’Eglise est le sacrement universel du salut dans la mesure
où elle est le lieu privilégié de l’action de l’Esprit Saint qui unit les hommes dans le Christ pour leur
salut. L’homme ne peut être sauvé qu’à partir de son appartenance à l’Eglise corps mystique du Christ.
8
Ibidem, n° 50.
9
Ibidem, n° 50.
5
A la question du salut des ceux qui sont hors de l’Eglise, le document de la CTI souligne le
dépassement de la position de Pie XII par Vatican II. En effet, en dépassant l’idée de Pie XII qui
considérait ceux qui sont en dehors de l’Eglise comme étant ordonnés au corps mystique du Christ par
un désir inconscient10, Vatican II regarde plus les catholiques c’est-à-dire ceux qui connaissent la
nécessité de l’Eglise pour le Salut. A ceux-là il leur demande la fidélité à l’Eglise. Cependant, le Concile
reconnait aussi que l’affirmation « hors de l’Eglise pas de salut » est bien basée sur le rapport entre la foi
et le baptême en Jésus. Sans ignorer la nécessité de l’unique médiation du Christ, Vatican II admet que
le Christ est l’unique médiateur du salut.
Dans ce point, le document attire notre attention sur l’universalité du salut. En effet, si Lumen
Gentium limite la perspective du salut aux membres de l’Eglise, Gaudium et Spes en donne une
dimension universelle. Les non-chrétiens justifiés ont aussi la possibilité de se joindre au mystère pascal
grâce à l’Esprit Saint et parvenir à réconciliation. Leur association à ce mystère implique l’union à
l’Eglise, corps mystique du Christ. Invisible, elle les introduit dans la communauté spirituelle et les
rattache au mystère du Christ et de son corps, l’Eglise.11 La pratique de l’Amour de Dieu et celui du
prochain offre aux non-chrétiens la possibilité de s’unir à ceux qui ont accès au royaume de Dieu. Ils sont
donc en communion avec eux et leur communion se manifestera en tant que Ecclesia universalis quand
consommation le Royaume de Dieu et celui du Christ.
L’Eglise joue une fonction salvifique universel qui est placée en première position. Sa mission
universelle et le fait qu’elle soit sacramentellement efficace en ce qui concerne le salut sont
théologiquement soulignés dans l’expression « sacrement universel du salut ». Cette expression qui est
le nom de l’Eglise confère à celle-ci une dimension missionnaire. C’est à travers trois éléments que
l’Eglise en tant que Sacrement universel du salut réalise comme il faut sa mission. Il s’agit tout d’abord
de la martyria (martyre) : ensuite de la leiturgia (liturgie) ; enfin de la diakonia (diaconie).
La question du dialogue interreligieux n’est pas seulement un souhait du Concile Vatican II, mais
aussi une urgence dans notre monde en mutation. Cette question s’avère indispensable pour une théologie
pluraliste. Pour favoriser le dialogue, il faut apprendre aux chrétiens de mettre de côté la prétention.
10
Cf. Pie XII cité par CTI, ibidem, n° 66.
11
Ibidem, n° 73.
6
Qu’ils sachent que toutes les religions sont égales. Pour les autres, considéré Jésus comme le seul
médiateur, c’est un désir tout simplement de grandeur. En effet, le document estime qu’il est nécessaire
de bannir les préjugés pour un bon dialogue. Cependant, l'Eglise catholique ne rejette pas tout ce qui est
vrai et véridique dans d’autres confessions religieux. Elle respecte les valeurs et les vérités qui
proviennent de ces religions. En ce qui concerne la théologie catholique, l'Eglise a comme point de départ
le Christ car il est la Révélation parfait de Dieu. Elle part de sa foi en la Sainte Trinité pour apprécier les
valeurs que l’on retrouve dans d’autres religions. Le dialogue est possible si l’on met de côté la différence.
Et le but est de chercher l’unité.
Nostra Aetate qui est une déclaration du Concile Vatican II sur la relation avec les autres religions.
Il décrit ce que les religions du monde ont de commun. Ces religions reconnaissent un Dieu créateur du
ciel et de la terre. Sans doute, en reconnaissant nos différences, nous ne pouvons pas omettre les points
communs. Notre document affirme : « une théologie chrétienne des religions doit être capable d’exposer
théologiquement les éléments communs et les différences entre sa propre foi et les convictions des
différents groupes religieux ». Nostra Aetate déclare : « l'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est
vrai et saint dans ces religions ». Mais l’Eglise catholique est obligée d’annoncer sans cesse le Christ qui
est le chemin, la vérité et la vie (Jean 14,6). Elle est obligée d’annoncer Jésus comme l’unique et universel
médiateur. La foi en Dieu est un élément très important pour un dialogue franc et sincère. Pour l’Eglise
catholique cette foi s’enracine en la Trinité.
Le dialogue interreligieux est au cœur de la mission de l’Eglise comme l’avait souhaité le concile
Vatican II. Ce dialogue est important pour les chrétiens catholiques car il les éclaire dans leur rapport
avec les autres religions. Et ses actions doivent être visibles dans la vie de chaque jour. Il est abordé
autours des deux interrogations importantes : le sens de Dieu et le sens de l’homme.
b. Le sens de Dieu
Ici, chaque partenaire exprime un certain sens de Dieu, et on interroge l’autre implicitement : quel
est ton Dieu ? Déjà la théologie chrétienne est un discours sur Dieu. Elle tente de dire Dieu en langage
humain. Les religions reconnaissent à la divinité les attributs essentiels comme : la toute-puissance, la
justice, la bonté, l’omniscience. Cela exige un bon discernement pour dépasser l’ambigüité d’un
vocabulaire apparemment commun.
c. Le sens de l’homme
Le dialogue interreligieux engage implicitement une anthropologie. Et cela pour deux raisons : le
dialogue met en communication des personnes dont chacune possède un comportement à lui. Pour les
chrétiens, l’homme est image de Dieu. Depuis la création Dieu veut entrer en relation d’amour avec
7
l’homme. Et l’homme de sa part est toujours à la quête de Dieu. Tel est le témoignage des toutes les
religions du monde. Ainsi, c’est dans la prière que l’homme peut rencontrer Dieu. La prière devient donc
un facteur indispensable pour le dialogue interreligieux car elle unit l’homme à Dieu. Elle est à la base
d’un dialogue harmonieux entre les religions. Le dialogue a son sens dans l’économie du salut. Et c’est
le bonheur de l’homme intégral qu’il faut rechercher dans le dialogue interreligieux.
L'Eglise est appelée à la fin du deuxième millénaire à témoigner le Christ ressuscité. Le dialogue
a une grande importance dans la vie de l'Eglise. Il s’inscrit dans la dynamique du mystère du salut. Il
actualise la mission de l'Eglise. C’est par son Fils, mort et ressusciter qu’il nous appelle à la vie. Comme
le Christ nous a appris à connaître le Père, c’est dans l'Eglise que l’homme doit apprendre à connaitre et
à rencontrer ses frères et sœurs des autres religions. Le dialogue exige l’humilité ; il exige les actes. Le
document stipule : « ceux et celles qui, dans les divers modes de dialogue interreligieux, témoignent de
l’amour du Christ Sauveur, réalisent au plan de la préparation évangélique l’ardent désir de l’apôtre :
être un officiant (leitourgon) de Jésus Christ auprès des nations, accomplissant le service cultuel
(hierourgounta) de l’évangile de Dieu, afin que les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée
dans l’Esprit Saint ». Pour une bonne connaissance de l’autre et sa manière de vivre, le dialogue
interreligieux est très important.
La question qui se pose ici est la signification universelle de Jésus christ et de son apport avec les
religions mais aussi celle de la fonction que ces religions peuvent avoir dans le dessin de Dieu qui consiste
à rassembler tous les hommes. Cette universalité s’accomplit qu’en Jésus du faite qu’il n’y a d’esprit qui
ne soit l’Esprit du Christ. Pour ce faire, nous allons traiter dans ce point plusieurs éléments qui nous
aideront à comprendre cette notion d’universalité.
Comme nous avons souligné plus haut, le salut dont il est question ici ne se réalise pas
indépendamment du Christ et de son Eglise. Le christ reste au centre du mystère de la rédemption qui est
directement attaché au mystère pascal. Face aux autres religions, le document ne nie pas l’existence des
éléments de vérités, de grâce, les bonnes actions qui sont en lien avec l’obtention du salut c’est-à-dire, le
document ne considère pas les autres religions comme étant dépourvu des éléments qui peuvent aider
l’homme à découvrir Dieu. Cependant, si la CTI ne nie pas les aspects positifs se trouvant dans les autres
religions, la question qui peut être posée est celle de savoir si ces religions ont en elles la valeur
salvifique ? A la suite de Vatican II, L’encyclique Redemptoris missio souligne la présence du Saint
8
Esprit non seulement dans les hommes de bonne volonté pris individuellement mais aussi dans la société
et l’histoire, dans les peuples, les cultures, les religions toujours en référence au Christ et l’action
universelle de l’Esprit car provenant directement du mystère pascal, l’Esprit Saint est lié au mystère de
la rédemption des hommes.
En effet, malgré des lacunes, des insuffisances et des erreurs, les religions restent une expression
principale et essentielle de la manifestation de la présence de Dieu chez les peuples. La reconnaissance
explicite de la présence de l’Esprit dans les religions, laisse à penser que cet esprit agit aussi chez les
hommes des bonnes volontés et exerce une certaine fonction salvifique et les religions elles aident les
hommes à atteindre leur fin ultime. Mais cela en rapport étroit avec le Christ car il est l’unique chemin
du salut et l’Eglise corps mystique du Christ. L’esprit qui agit dans les religions est le même que celui
qui guide l’Eglise. C’est pourquoi le document affirme que « seule l’Eglise est le corps du Christ et
c’est seulement en elle que la présence de l’Esprit se donne dans toute son intensité. Par conséquent,
personne ne peut rester indiffèrent à l’appartenance à l’Eglise du Christ et à la participation à la
plénitude des dons salvifique qui ne se trouve qu’en elle ». Les autres religions par contre peuvent exercer
un rôle de praeparatio evangelica c’est-à-dire, une fonction des préparations des différents peuples et
cultures à l’accueil de l’évènement salvifique qui a déjà eu lieu. Pour le Magistère, le salut s’obtient par
le don de Dieu dans le Christ, mais avec la réponse et l’acceptation humaine. Dans ce sens, les religions
jouent cette fonction d’aider les peuples, les hommes à répondre affirmativement à cet appel de Dieu.
CONCLUSION