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UNIVERSITE DE MAZENOD

Av. Kasavubu, C/KINTAMBO – KINTAMBO


REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
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COMPRENDRE

L’ENSEIGNEMENT SOCIAL DE L’EGLISE

Notes pour les Étudiants

Prof. Alfred M. LIBWA

Année Académique 2021-2022


Comprendre l’ENSEIGNEMENT SOCIAL DE L’EGLISE
PRÉLIMINAIRES
a) L’Enseignement social de l'Église catholique comprend un ensemble de principes
chrétiens de vie sociale pour chaque fidèle catholique d’abord, et pour tout homme de bonne
volonté ensuite. Ces principes sont ancrés sur des convictions fondamentales universellement
acceptées à tel enseigne que les dirigeants ou responsables ne peuvent pas traiter les employés
comme ils veulent, que la loi de la jungle n'est pas juste pour les êtres humains, que la société
humaine est un ensemble de structures d'interdépendances où le secret du succès est le service de
l'un à l'autre. En plus, l’Enseignement social de l'Église catholique est déterminé par l'évidence
de la croyance que Dieu a créé le monde pour être convivial, où les êtres humains expérimentent
le soutien interpersonnel au point que les valeurs morales deviennent la base pour société.

On parle d’«Enseignement social de l’Église» ou de «Doctrine sociale de l’Église» en


tant que c'est l'ensemble des interventions dans lesquelles le Pape ou les évêques en assemblée
abordent des problèmes de société comme la propriété, le travail, les salaires, l'écologie, le
développement, etc. L’Enseignement social de l'Église catholique est mieux considéré comme un
ensemble de poteaux indicateurs, ou un ensemble de questions permettant de discerner comment
nous vivons et comment nous pouvons promouvoir ce qui est une société bonne, loyale ou
raisonnable et juste. Cela signifie, comment nous pouvons réaliser le bien commun. Cet
enseignement implique la croyance incluse dans le fait que, être humain c’est aussi l'état d'être
un animal social avec les responsabilités sociales. À cet égard, l'Église voit une concrète
interfécondité entre l'Évangile et l’activité politique/sociale.

L'intérêt de l'Église, ainsi manifesté dans les contenus des documents (Encycliques) qui
expriment les enseignements sociaux, consiste à contribuer au développement d'une structure
sociale basé sur le désir pour le développement humain intégral. Ceci inclut la promotion du
bien-être de chacun et de tout le monde, l’éducation, la santé, l’option pour les pauvres, la
démocratie et les droits de l'homme, tous conçus comme composants du bien commun. Les vues
de l'Église comme fondamentales au bien commun sont les principes de subsidiarité, par où les
décisions doivent être prises au plus proche de la base et la solidarité par laquelle nous devons
être tous responsables les uns des autres. Les autres éléments essentiels du bien commun sont les
droits de l'homme, l’option préférentielle pour les pauvres, et la protection du pauvre et du
vulnérable de l'hostilité des forces économiques.

L’Enseignement social de l'Église catholique consiste en une collection de documents


écrits par des Papes, les Conciles de l'Église, les Évêques, les Conférences Nationales des
Évêques et les missions spéciales. Le trait commun de tous ces documents est qu'ils nous défient
pour évaluer le monde d’une autre façon, et ils interrogent les aspects que nous avions toujours
pris comme allant de soi. Ces documents nous invitent à analyser le monde et à agir alors avec
sérieux comme Chrétien responsable. Mais il faut noter que d'autres traditions chrétiennes,
orthodoxes ou protestantes s'expriment aussi sur les questions de société mais, sur un autre
mode. Ce qui n’est pas pris en compte par ce cours bien limité dans le contexte qui est le nôtre.

b) Objectifs majeurs de ce cours


Par rapport aux principes et valeurs fondamentales tirés de l’Enseignement sociale de
l’Église, ce cours vise à:
- Aider les participants à avoir une compréhension concrète et un approfondissement des
enseignements sociaux de l'Église catholique. Avec un tel bagage ou soubassement, il serait
possible pour les participants d’être capables d’établir un rapport étroit entre l'aspect religieux de

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la vie comme enseigné par l'Église catholique et l'aspect social, laïc de la vie comme vécu par les
gens dans une communauté d'interactions sociales.
- Aider les participants à considérer que le désir d’appartenir à la société humaine est un
important don de Dieu. Et que les communautés/nations/États existent à travers la participation
des individus comme des hommes et des femmes concrètes. La communauté est une expression
d’une impulsion divine pour aimer et être aimé, pour être servi et servir. C’est important pour un
chrétien de savoir que le service à la communauté et aux autres dans une communauté/pays est
une part constitutive essentielle du fait d’être chrétien. Chaque chrétien doit avoir service à
rendre à la communauté ou aux autres dans la communauté. Les liens entre les aspects spirituels,
moraux et politiques sont complexes et profonds. Cela signifie que la foi chrétienne a une
nécessaire dimension sociale.
- Aider les participants à avoir une plus profonde compréhension du rapport étroit entre leur foi
comme Chrétiens (aspect religieux de leur vie) et l'aspect social/politique de leur vie (comme
citoyens d'un État/nation).
- Aider les participants à découvrir et atteindre une compréhension commune adéquate et une
appréciation des objectifs, des tâches ou actions à entreprendre et la nécessité de prendre en
Église des initiatives de la justice. (Gaudiun et Spes, 12: AAS 58 < 1966 > 1034).
- Instruire les participants à faire la distinction entre la charité et la justice de manière à être
capable d’établir un lien entre la justice et la charité.
- Aider les participants ou groupes à développer la paix et la liberté internes qui sont essentielles
comme fondement au travail pour la paix et la liberté des autres et de la communauté/État/Nation
- Aider les participants à arriver à une compréhension concrète/réelle des principes
fondamentaux de l’Enseignement social de l’Église Catholique.
- Aider les participants à développer une compréhension concrète de l’Enseignement social de
l’Église concernant le bien commun. Ceci implique le sens du fondamental du bien commun et
les modes ou manières de sa réalisation qui consistent, bien entendu, à la mise en pratique du
bien commun.
- Aider les participants à comprendre le concept de subsidiarité et à le mettre en pratique.
- Permettre aux participants de comprendre la nécessité de participation sociale et politique,
aussi bien que de développer l'esprit de participation dans les processus politiques du pays. Les
participants apprendront l'importance du droit de participer au gouvernement de leur pays.
Il faut noter que le but principal du gouvernement est de protéger les droits fondamentaux des
citoyens. Ceux-ci ont le droit de participer au processus du gouvernement de leur pays. Ils
peuvent choisir parmi plusieurs façons facultatives pour le faire.
- Aider les participants à comprendre que tous les peuples/nations appartiennent à la même
famille humaine, et que dans cette famille, nous sommes tous obligés de nous occuper les uns
des autres.
- Aider participants à comprendre la relation entre les valeurs et les principes et comment les
principes fournissent les points de référence pour un ordre et une structure adéquats de la vie en
société. On devrait être capable de développer des pratiques personnelles des vertus dans le
contexte de la vie en société.

c) Quelques termes-clefs à savoir


Évangélisation, Évangile, Promotion humaine, Justice,
Personne humaine, Droit de l'homme, Droits et devoirs, Évalue,
Homme cô image de Dieu, Dignité humaine, Loi naturelle, Liberté,
Bien Commun, Responsabilité, Propriété privée, Solidarité,
Option pour le pauvre, Subsidiarité, Amour, Paix,
Vertu morale, vie Sociale, Vérité,
Participation et démocratie.

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d) Enseignement (croyance) social ou Doctrine sociale de l’Église, quid?
La foi est une qualité personnelle qui nous permet de voir la réalité d’une manière
différente, c’est une attitude d'une personne, un attribut personnel qui nous permet à la fois
d’accepter ce qu’un autre dit ou fait (Dieu et sa révélation à nous) et de répondre avec notre plein
engagement à cette personne de confiance absolue qu’est Dieu. Ceci ressemble même beaucoup
à l’“amour.” Quand la foi est vue ou considérée comme un credo, comme un corps de vérités,
comme ce que la communauté croit, nous utilisons le terme “croyances.” Alors on en fait matière
d’enseignement car c’est un ensemble de vérités. Ces croyances sont appelées Doctrines quand
elles sont des enseignements acceptés à titre officiel d'une communauté de la foi, notamment ce
qui est contenu dans les catéchismes officiels. Les croyances sont appelées des Dogmes quand
elles sont définies solennellement comme des enseignements d'une communauté, tels que le
dogme de l'incarnation, le dogme de l'Eucharistie, et le dogme de la conception immaculée.

En effet, le terme doctrine est utilisé depuis toujours dans l’Église. Il désigne, d’une
manière générale, tout ce que l’Église professe et enseigne à partir de ce qu’elle a reçu. Il se
distingue du terme de dogme qui désigne l’ensemble des vérités définies officiellement par le
Magistère: vérités révélés en lien étroit avec la révélation.
À l’époque moderne les termes de doctrine et de dogme étaient souvent considérés
comme équivalents. Mais de nos jours, dans l’usage courant, le terme de doctrine désigne le plus
souvent l’enseignement du Magistère en matière sociale (Doctrine sociale de l’Église)
La Doctrine sociale de l’Église est un ensemble de conceptions (faites de vérités, de
principes et des valeurs) que le Magistère vivant puise dans la loi naturelle et la Révélation, et
qu’il adapte et applique aux problèmes sociaux de notre temps, afin d’aider selon la manière
propre de l’Église, les peuples et les gouvernants à organiser une société plus humaine, plus
conforme au dessein de Dieu sur le monde.
Pourquoi l’Église a-t-elle une doctrine sociale? Trois raisons principales fondent le droit
et le devoir de l’enseigner. Chacune d’entre elles est intimement liée à la mission de l’Église.
Première raison: comme éducatrice des consciences, l’Église doit conduire chaque
personne humaine à sa destinée surnaturelle à travers les réalités terrestres.
Deuxième raison: comme gardienne de la loi morale, l’Église a le droit et le devoir de
dénoncer les atteintes portées à la loi morale par les institutions économiques et sociales.
Troisième raison: comme Corps mystique, l’Église a la mission d’unir tous les hommes
dans l’unité de la charité du Christ.
Selon le Concile Vatican II (Gaudium et Spes, n°40), par son Enseignement social,
l’Église entend annoncer et actualiser l’Évangile au cœur du réseau complexe des relations
sociales. Il ne s’agit pas seulement d’atteindre l’homme dans la société, l’homme en tant que
destinataire de l’annonce évangélique, mais féconder et fermenter la société même par l’Évangile
(cf. Compendium, n° 62)
À l’origine de la Doctrine sociale de l’Église, il y a la rencontre des exigences de
l’Évangile avec la vie sociale et politique. Il ne fait aucun doute pour l’Église que dénoncer les
mauvaises conditions de vie des personnes, juger du bien-fondé des systèmes sociaux,
économiques, politiques et culturels en fonction de la justice sociale et des exigences chrétiennes
sont autant de tâches qui font partie de sa mission apostolique. Néanmoins la Doctrine sociale de
l’Église ne se contente pas d’analyser les situations changeantes dans lesquelles se trouve
l’humanité. Puisqu’elle s’adresse aux hommes d’action aux prises avec les difficultés
quotidiennes, elle se réfère à des principes permanents et aux valeurs fondamentales de la vie
sociale; elle rappelle les axes indispensables pour orienter les décisions concrètes, elle précise la
visée éthique qui doit accompagner les enseignements sur terrain. Elle donne, en somme, des
repères pour agir.
Le chapitre IV du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église rappelle quelques principes
directeurs pour l’action et les valeurs fondamentales de la vie sociale, notamment: le principe du
bien commun, la destination universelle des biens, le principe de subsidiarité, la participation, le
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principe de solidarité, le principe de charité, les valeurs fondamentales de la vie sociale (la vérité,
la liberté, la justice). Notons que ces principes et ces valeurs fondamentales de la vie sociale
constituent les véritables fondements de l’enseignement social catholique. Intimement liés entre
eux, ces principes et valeurs reposent liés sur le principe de la dignité de la personne humaine.
Par son enseignement social, l’Église veut faire surgir une perspective anthropologique
où l’homme, être raisonnable, «image de Dieu», est le premier servi et l’objet de toutes les
préoccupations, quelles que soit sa place dans la hiérarchie sociale, sa situation économique, sa
nation d’appartenance.

ART. I: ENSEIGNEMENTS (AFFIRMATIONS) DE QUELQUES


ENCYCLIQUES SOCIALES

I.1. La visée de l'Enseignement social de l‘Église

On peut dire que la clé de l’Enseignement social ou de la Doctrine sociale de l’Église se


comprend dans cette affirmation: "La juste conception de la personne humaine, de sa valeur
unique, dans la mesure où l'homme est sur la terre la seule créature que Dieu ait voulu pour elle-
même" (Gaudium et Spes, 24).
L'élaboration de programmes appartient aux responsables des questions sociales,
économiques, politiques culturelles; mais "le message social de l'Évangile doit être considéré...
comme un fondement et une motivation de l'action... il entre en dialogue avec les diverses
disciplines qui s'occupent de l'homme" (ibid. 57 59).
Il s’agit d’être une Église accompagnatrice de l'humanité dans ce rôle lorsqu'elle aborde
des problèmes de société. Elle est dans une position de recherche : découvrir comment, dans la
complexité des situations économiques, sociales et politiques, se joue quelque chose de l'accueil
de l'Évangile et de son annonce. Le Concile dit : "L'Église fait route avec toute l'humanité et
partage le sort terrestre du monde; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l'âme de la
société humaine". Vatican Il parle de l'Église en termes de "services" et non de "pouvoirs".

I.2. Quelques Encycliques et leurs enseignements majeurs


Loin de les considérer comme les seuls et uniques, les documents suivants sont
constamment retenus parmi les plus importants qui expriment les préoccupations sociales de
l'Église catholique:

1. Pape Léon XIII – 15 mai 1891 - Rerum Novarum ("Nouvelles Choses") parle des conditions
des ouvriers. Cette Encyclique énonce des affirmations suivantes:
 Elle affirme le droit de travailler,
 Elle demande un salaire juste/des conditions décentes de travail;
 Elle décrit la responsabilité du travail et du capital;
 Elle encourage les droits des ouvriers à former des syndicats et à négocier, et;
 Elle condamne le Socialisme athée.

2. Pape Pie XI – 15 mai 1931 - Quadragessimo Anno ("La quarantième année") parle de la
reconstruction de l'ordre social. Cette Encyclique fait des déclarations suivantes:
 Elle condamne la présence du pouvoir dans les mains de peu ou quelques personnes;
 Elle déclare que cette concentration du pouvoir économique cause beaucoup de
souffrances aux pauvres;
 Elle demande une distribution équitable des ressources et des richesses;
 Elle appelle à la réforme des structures sociales et économiques, et
 Elle soutient le droit à la propriété privée.
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3. Pape Jean XXIII – 15 mai 1961 - Mater et Magistra ("Mère et Éducatrice/Enseignante")
parle du progrès social contemporain à la lumière des principes chrétiens. L'Encyclique:
 déplore les fossés de séparation entre les nations riches et celles pauvres;
 préconise l'aide aux pays moins développés;
 s’interroge sur la moralité de la course aux armements;
 affirme les droits des ouvriers pour partager dans la propriété, le profit et la gestion, et
 fait appel aux Chrétiens pour défier l’inégalité et les structures économiques injustes.

4. Pape Jean XXIII – 11 avril 1963 - Pacem in Terris ("Paix sur terre") s’adresse à toutes les
personnes de bonne volonté concernant la paix entre toutes les nations. Cette Encyclique déclare
ce qui suit:
 Elle affirme l’ensemble des droits de l'homme comme l'élément essentiel de paix;
 On doit s’engager au désarmement dès lors qu’il doit y avoir une autorité mondiale pour
aider les nations à œuvrer pour la paix;
 Toutes les nations ont une égale dignité et le droit auto-développement;
 Elle appelle pour une approche humanitaire à la question des réfugiés, et
Elle appelle pour l'intégration de la foi avec l’action.

5. Vatican II – 7 décembre 1965 - Gaudium et Spes ("Joie et Espérance") L'Église dans le


monde moderne. Ce document fait les déclarations suivantes:
Le monde appartient à tout le monde et Dieu veut que tout le monde le partage.
 Il se plaint de la pauvreté croissante dans le monde et la menace de la guerre nucléaire.
 La paix ne peut être soutenue qu’en travaillant pour la justice.
 Il défie les chrétiens à être responsables de ce se passe dans le monde.
 Il stigmatise l’injustice économique comme une cause importante de guerre.

6. Pape VI – 26 mars 1967 - Populorum Progressio ("Le Développement des Peuples") soulève
le grand problème social du développement des peuples. Cette Encyclique:
 Établit le lien entre développement et paix;
 Affirme le droit de nations pauvres au développement humain total;
 Affirme l'interdépendance du monde comme un village global;
 Proclame que la paix n’est pas seulement l'absence de guerre mais aussi la poursuite d'un
ordre juste dans le monde;
 Rejette les structures économiques qui encouragent l'inégalité;
 Fait appel aux entreprises multinationales pour être des agents de Justice sociale, et
 Préconise l’acceptation des ouvriers qui émigrent des nations pauvres.

7. Pape Paul VI – 14 mai 1971 - Octogesima Adveniens ("La quatre-vingtième année") C’est un
appel d’action en réponse aux besoins nouveaux d’un monde en changement. Cette Encyclique
fait les remarques cruciales suivantes:
 Elle demande l'action politique pour la justice économique;
 Elle fait appel aux individus et à Église locale pour répondre aux situations injustes, et
 Elle préconise l'usage d'analyse de l'injustice sociale pour identifier les causes des
injustices.

8. Synode d'Évêques - 1971 - Convenientes ex Universo ("Rassemblés du monde entier") parle


de la Justice dans le monde. Ce document fait des déclarations suivantes:
 L'action pour la justice est une dimension constitutive de l’annonce de l'Évangile.
 Les Catholiques doivent affronter le péché structurel social.
 Toutes les nations ont un droit à l’auto-développement et à l’autodétermination dans les
affaires économiques.
 Il soutient la Déclaration des Nations Unies sur les Droits de l'homme.
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 Il appelle la modération dans la course aux armements.
 Il en appelle à l'Église elle-même de suivre le modèle de la justice qu’elle prêche.

9. Pape Paul VI - 1975 - Evangeli Nuntiandi ("L’annonce de l'Évangile") Il s’agit de


l’Évangélisation dans le monde moderne. Ce document se résume comme suit:
 L’Évangélisation est la transformation de tous les aspects de vie ;
 L'Évangile est libération de l'oppression ;
 Il soutient que l'Église soit impliquée dans la libération ;
 Il fait le lien entre la justice sociale et la foi ;
 Il promeut l’établissement de petites communautés chrétiennes.

10. Pape Jean Paul II – 4 mars 1979 - Redemptor Hominis ("Rédempteur de l'Homme")
indique la mission de l'Église et le destin humain. Les déclarations principales dans cette
Encyclique sont:
 Les structures économiques et politiques actuelles dans le monde sont inadéquates ;
 Les droits de l'homme constituent les principes fondamentaux pour la transformation
politique, sociale et économique ;
 Il prône de promouvoir des investissements pour la vie et la survie humaines plutôt que
pour les armements ;
 Il condamne la mauvaise exploitation des ressources du monde.

11. Pape Jean Paul II – 14 septembre 1981 - Laborem Exercens ("Exercice de son travail")
aborde la question du travail humain. Les inquiétudes de base de cette Encyclique sont:
 L'élément essentiel pour redonner de la valeur au travail n'est pas le travail lui-même, mais
la personne qui fait le travail ;
 Les individus sont plus importants que les profits ;
 Les conditions de travail par exploitation sont immorales ;
 La dignité du travail est basée sur la dignité de l'ouvrier ;
 Les Ouvriers ont le droit de former des syndicats et de négocier collectivement ;
 Que La dignité des ouvriers migrants soit respectée.

12. Pape Jean Paul II – 30 décembre 1987 - Sollicitudo rei socialis ("Préoccupation sociale de
l'Église") aborde la question sociale du Développement humain authentique. Les inquiétudes
essentielles de cette Encycliques sont:
 Elle stigmatise les "structures du péché" qui entravent le développement des nations
pauvres ;
 Elle fait appel à une option pour les pauvres par les nations riches ;
 Que le Marxisme et le Capitalisme ont tous les deux contribué aux conditions d'oppression
et d’injustice dans le monde ;
 Que les ressources utilisées pour les armements soient plutôt utilisées pour l'allégement de
la misère humaine ;
 Le Commerce et les systèmes financiers internationaux devraient être réformés pour être
plus équitables ;
 Elle promeut l’attention à la planète Terre et exprime des préoccupations écologiques.

13. Pape Jean Paul II – 1er mai 1991 - Centesimus Annus ("Le centième Anniversaire") relève
les "nouvelles choses" d'aujourd'hui. Les déclarations de base de cette Encyclique sont:
 Elle se plaint de l'échec du marché et des économies socialistes ;
 Elle appelle à la réduction ou à l’annulation des dettes en faveur pays pauvres ;
 Elle appelle à l'établissement de la politique qui encourage le plein emploi et la sécurité du
travail ;
 Elle affirme le besoin du contrôle des armements ;
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 Elle appelle les nations riches à ne pas gaspiller des ressources ;
 Elle réaffirme les principes originaux de Rerum Novarum.

14. Pape Jean Paul II - 1994 - Tertio Millennio Adveniente ("L’approche du Troisième
millénaire") C’est à l’approche du Jubilé de l’An 2000. Les déclarations de base de cette
Encyclique sont:
 Elle soutient la valeur sacrée de la vie humaine ;
 La distribution injuste des ressources est la cause de la faim et de la malnutrition ;
 Elle déplore la destruction écologique et le commerce des armes ;
 Elle condamne le commerce international de la drogue ;
 Elle condamne l’avortement volontaire qui est une "structure du péché" ;
 Elle rejette la législation de l'euthanasie et du suicide assistés.

15. Pape François – 24 Mai 2015 – Laudato Si’ («Loué sois-tu [Mon Seigneur]») parle sur la
maison commune qu’est la planète terre. Plusieurs enseignements se dégagent de cette
Encyclique. L’Encyclique attire l’attention entre autres sur :
 La détérioration de la qualité de la vie humaine et dégradation sociale ;
 La destination commune des biens ;
 Une écologie intégrale, càd. une écologie environnementale, économique, sociale,
culturelle, et de justice entre générations ;
 Le dialogue sur l’environnement dans la politique internationale ;
 L’éducation et la spiritualité écologiques.

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ART. II: LES PRINCIPES DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE

Il s’agit principalement ici de comprendre la signification et les implications de ces


principes pour leurs mises en application en société.

II.1. LES PRINCIPES MAJEURS DE LA VIE SOCIALE

II.1.1. Principe de la dignité de la personne humaine


Il est clairement affirmé que «L'homme est la seule créature sur terre que Dieu aime pour
elle-même» (Gaudium et Spes, n°24§3); «L'Église voit dans l'homme, dans chaque homme,
l'image vivante de Dieu même» (Compendium de la DSE, 105-107).
Ce principe personnaliste concerne donc la dignité absolue, le caractère central,
l'intangibilité de la personne humaine considérée selon ses aspects essentiels d'individualité et de
sociabilité. Elle doit être le sujet, le fondement et la fin de toutes les actions sociales: La
personne humaine ne peut jamais être exploitée.
La société doit se mettre à son service. Elle peut aussi exiger beaucoup de ses membres,
mais ne jamais se servir d'eux. Le devoir du plus fort de protéger le plus faible s'inscrit dans cette
logique ainsi que la protection de la famille, lieu de croissance de la personne humaine, de
l'enfant protégé par ses parents.
Le principe personnaliste se concrétise dans la promotion de la dignité humaine à tous les
niveaux, contre tout type de discrimination économique, politique, linguistique, raciale,
religieuse... etc. et en particulier dans la promotion des droits humains fondamentaux. Il s'agit
donc bien du «développement intégral de tout homme et de tout l'homme» selon la fameuse
expression de Paul VI (Populorum Progressio, de 1967)

Et c’est par ce principe qu’il faut souligner le caractère intangible du respect de la vie
humaine: «Aussi l'ordre social et son progrès doivent-ils toujours tourner au bien des personnes,
puisque l'ordre des choses doit être subordonné à l'ordre des personnes et non l'inverse». Le
respect de la dignité humaine ne peut en aucune façon ne pas tenir compte de ce principe: il faut
«que chacun considère son prochain, sans aucune exception, comme «un autre lui-même», [qu'il]
tienne compte avant tout de son existence et des moyens qui lui sont nécessaires pour vivre
dignement». Il faut que tous les programmes sociaux, scientifiques et culturels, soient guidés par
la conscience de la primauté de chaque être humain. (Compendium de la Doctrine sociale de
l'Église, N° 132)

II.1.2. Le principe du Bien commun

a) Le Bien commun
De la dignité, de l’unité et de l’égalité de toutes les personnes découle avant tout le
principe du bien commun, auquel tout aspect de la vie sociale doit se référer pour trouver une
plénitude de sens (compendium, n°164). Le Concile Vatican II, dans Gaudium et Spes n°26,
définit le bien commun comme «cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux
groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et
plus aisées».
Selon le Pape Jean XXIII, la raison d’être des pouvoirs publics est de se porter garants du
bien commun que chacun doit rechercher: «Tous les individus et les corps intermédiaires sont
tenus de concourir, chacun dans sa sphère, au bien de l’ensemble. Et c’est en harmonie avec
celui-ci qu’ils doivent poursuivre leurs propres intérêts et suivre, dans leurs apports – en biens et
en services -, les orientations que fixent les pouvoirs publics selon les normes de la justice et
dans les formes et limites de leur compétence. Les actes commandés par l’autorité devront être
parfaitement corrects en eux-mêmes, d’un contenu moralement bon, ou tout au moins susceptible
d’être orienté au bien». (Pacem in terris, n°53)
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En effet, le pouvoir politique, et plus précisément la communauté politique a pour but de
procurer les conditions nécessaires du bien être temporel de ses membres. Pour y parvenir, elle
doit organiser, agencer rationnellement les relations sociales entre elle et les citoyens et celles
des citoyens entre eux. Cependant, remarque J-M. Aubert, «cette fin qui est spécifique à la
société politique, et qui fonde son droit à employer les moyens appropriés, se distingue
évidement des fins particulières de chacun de ses membres, toutes différentes et souvent
divergentes et opposées. Cette fin est dite bien, car elle doit procurer l’épanouissement de
l’ensemble du corps social; et ce bien est dit commun, pour marquer son caractère unitaire,
unificateur» (J.M. Aubert, Vivre en chrétien au XXème siècle, T.II, p.166)
La difficulté de concevoir et de limiter ce bien commun est grande. Précisons cette notion
en recourant à la description qu’en fait Jacques Maritain. Pour lui, «ce qui constitue le bien
commun de la société politique, ce n’est pas seulement des biens ou services d’utilité publique
ou d’intérêt national (routes, ports, écoles etc.), que suppose l’organisation de la vie commune,
ni les bonnes finances de l’État, ni sa puissance militaire. Ce n’est pas seulement le réseau de
justes lois, de bonnes coutumes et de sages souvenirs historiques, de ses symboles et de ses
gloires, de ses traditions vivantes et de ses trésors de culture. Le bien commun comprend toutes
ces choses, mais bien plus encore et de plus profond et plus humain: car il enveloppe aussi et
avant tout la somme elle-même (…). Il enveloppe la somme ou l’intégration sociologique de tout
ce qu’il y a d’activité, de prospérité matérielle et de richesse de l’esprit, de sagesse héréditaire
inconsciemment mise en œuvre, de rectitude, de justice, d’amitiés, de bonheur et de vertu,
d’héroïsme, dans les vies individuelles des membres de la communauté, selon que tout cela est,
dans une certaine mesure, communicable, et se réserve dans une certaine mesure sur chacun, et
aide ainsi chacun à parfaire sa vie et sa liberté de personne. C’est tout cela qui fait la bonne vie
humaine de la multitude» (La personne et le bien commun, Paris, DDB, 1947, p.45-46)
A la lumière de cette description du bien commun, il apparait d’une part qu’il a un
contenu évolutif, en raison des progrès de la socialisation et la progressive prise de conscience
communautaire et, d’autre part qu’il est une réalité toujours à définir, en dépendance avec
l’évolution historique et culturelle de la société, de son homogénéité, de son degré d’éducation et
d’unification.

En bref, la finalité du pouvoir politique est la poursuite du bien commun, car celui-ci vise
des conditions d’ensemble prioritaires, parce que nécessaires à tous. Ainsi ce bien commun,
condition de l’épanouissement des personnes, demande impérativement à être réalisé. Toutefois,
cette réalisation exige la contribution de tous et de chaque citoyen.
En effet, même si l’État est l’agent du bien commun, et même si sa fin est de rendre les
hommes heureux par l’accomplissement de ce bien commun, il n’a pas pour autant à faire le
bonheur des citoyens malgré eux ou sans eux. Les citoyens ont aussi le devoir de prendre des
initiatives pour le développement de la société. Ils ne doivent pas être des instruments passifs
entre les mains de l’État. La démocratie étant d’abord une responsabilité, chaque citoyen doit se
mettre au travail. Seul ou avec les autres, il doit prendre des initiatives pour la construction de la
société.
L’initiative personnelle des particuliers est un droit essentiel de la personne humaine. En
fait il appartient à chaque personne d’être première responsable de sa propre subsistance par
l’exercice libre de ses activités productives. De son côté, l’État doit encourager et lui donner des
moyens par des mesures justes. La personne privée doit aussi, par son travail productif,
contribuer à l’accroissement du bien commun et le respecter. Nous touchons là une question
difficile dans la situation du Congo et de bien d’autres pays: le respect du bien commun.

b) La destination universelle des biens


Parmi les multiples implications du bien commun, le principe de la destination
universelle des biens revêt une importance immédiate: « Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle
contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création
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doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de justice, inséparable de la
charité » (Compendium, n° 171)
Ce droit est originel car il remonte à la création même de l’homme.
En le créant, Dieu a, en effet, conféré à l’homme une participation de son propre pouvoir
et souveraineté sur les biens de la nature dont il est le créateur, ayant fait l’honneur à son image,
il l’a en quelque sorte fait son ministre auprès des autres créatures, le rendant participant de sa
propre providence. Si Dieu est donc le premier propriétaire des choses, étant la cause de leur
existence, l’homme est en quelque sorte son gérant; son pouvoir n’est donc pas absolu; il ne peut
user des biens de la nature mis par Dieu à sa disposition qu’en respectant l’intention divine sur
ces biens. Or, cette intention est avant tout que tous les hommes puissent user de ces biens.

En effet, tous les hommes sont égaux en dignité devant leur destinée voulue par Dieu, et
ils le sont alors aussi face aux moyens exigés pour réaliser leur vocation d’homme. Or, les biens
économiques sont indispensables à l’homme pour vivre et se développer. Il a donc sur eux un
droit inaliénable pour les mettre à son usage, droit à les transformer par le travail pour les adapter
à cet emploi.

Remarquons qu’à ce niveau fondamental, il ne s’agit pas encore du droit de propriété,


c’est-à-dire d’appropriation privée. Il s’agit essentiellement d’un droit d’usage. La notion de
propriété implique autre chose, la gestion, le pouvoir de disposer et d’administrer les biens. Par
conséquent, si un principe ultérieur, un droit naturel second, légitime une appropriation privée
des choses, le caractère fondamental et universel de ce droit souverain d’usage doit toujours être
sauvegardé. Par-delà toute détermination ultérieure précisant les modes d’appropriation, ce droit
premier garde sa pleine valeur. Donc, si les biens de la terre peuvent être l’objet de propriété
privée, ils doivent rester communs quant à leur usage. C’est là une doctrine traditionnelle dans
l’Église.

Quand on parle de «destination universelle des biens», on veut simplement dire que ce
droit réside en tout homme, en toute personne humaine. Il n’implique pas du tout que les biens
terrestres doivent rester dans l’indivision; mais il exige que toute personne ne puisse accéder à
leur usage. En effet, ce principe signifie, à travers les différences et inégalités de la propriété
privée, une exigence communautaire de solidarité humaine, de mise à la disposition d’autrui de
l’usage de biens possédés. Il implique donc un détachement intérieur, un esprit de dépossession,
du fait que l’usage n’est pas personnel (même si la propriété est privée). C’est donc l’esprit de
pauvreté qui est contenu en germe dans ce droit. La pauvreté au sens évangélique est ici prise au
sens de détachement, de non-émergence dans la chose possédée.

En termes clairs et précis le principe de destination universelle des biens n’est pas opposé
à la propriété privée. Par le travail, l’homme, utilisant son intelligence, parvint à dominer la terre
et en faire sa digne demeure. Selon Jean-Paul II, l’homme «approprie ainsi une partie de la terre,
celle qu’il s’est acquise par son travail. C’est l’origine de la propriété individuelle». (Centesimum
annus, n°31; Compendium, n°176). Mais dans Laborem exercens n°14, le Pape attire l’attention
sur le fait que «le droit à la propriété privée est subordonnée à celui de l’usage commun, à la
destination universelle des biens», c’est-à-dire que ce droit n’est légitime que dans la mesure où
celui qui est détenteur fasse bénéficier autrui qui des fruits tirés de ce qu’il possède.
Dans Centesimus annus, Jean-Paul II revient sur l’importance de la propriété privée. Il la
présente comme nécessaire pour que chaque homme puisse trouver un espace autonome
indispensable pour sa vie personnelle et familiale; il faut la regarder comme «un prolongement
de la dignité humaine». Mais son caractère privé ne doit pas être idéaliste: la propriété a aussi un
caractère social puisqu’elle rentre dans la loi de commune destination des biens. Jean-Paul II
parlera même d’«hypothèque sociale», c’est-à-dire d’un droit de regard voire de préemption de
la collectivité sur les possessions individuelles, au nom du bien commun, de l’utilité publique et
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de la juste répartition des bines de la terre. (Droit de préemption: priorité dont jouit un acheteur
soit par la loi, soit par la convention des parties).

Notons aussi que le principe de la destination universelle accorde une sollicitude


particulière aux pauvres. Pour l’Église, le message social de l’Évangile ne doit pas être
considéré comme une théorie mais avant tout comme un fondement et une motivation de
l’action. Stimulés par ce message, quelques-uns des premiers chrétiens distribuaient leurs biens
aux pauvres, montrant qu’en dépit des différences de provenance sociale, une convivialité
harmonieuse et solidaire était possible (cf. Ac 4,32-37). Ainsi depuis les origines, s'inspirant du
précepte évangélique « vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8), l’Église
enseigne à secourir le prochain selon ses divers besoins et accomplit largement dans la
communauté humaine d’innombrables œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. (cf.
Compendium, n°184). Pour le Pape Jean-Paul, le message social de l’Église est rendu crédible
par les témoignages des œuvres plus encore que sa cohérence et sa logique internes. C’est de
cette conviction que découle son option préférentielle pour les pauvres. (cf. Centesimus annus,
n°57)

II.1.3. Le principe de subsidiarité

Ce principe stipule que ni l’État, ni aucune société ou individu ne doivent jamais se


substituer à l’initiative et à la responsabilité des personnes et des communautés intermédiaires
au niveau où elles peuvent agir, ni détruire l’espace nécessaire à leur liberté. (cf. PIE XI,
Encyclique Quadragessimo anno, n°86-88)
Sur la base de ce principe, toutes les sociétés d’ordre supérieur doivent se mettre en attitude
d’aide («subsidium») - donc de soutien, de promotion, de développement - par rapport aux
sociétés d’ordre mineur. De la sorte, les corps sociaux intermédiaires (les familles, les syndicats,
les associations, etc.) peuvent remplir de manière appropriée les fonctions qui leur reviennent,
sans devoir les céder injustement à d’autres groupes sociaux de niveau supérieur, lesquels
finiraient par les absorber et les remplacer et, à la fin, leur nieraient leur dignité et leur espace
vital.

A la subsidiarité comprise dans un sens positif, comme aide économique,


institutionnelle, législative offerte aux entités sociales plus petites, correspond une série
d’implications dans un sens négatif, qui impose à l’État de s’abstenir de tout ce qui restreindrait,
de fait, l’espace vital de cellules mineures et essentielles de la société. Leur initiative, leur liberté
et leur responsabilité ne doivent pas être supplantées. (Compendium, n°186)

Concrètement le principe de subsidiarité protège les gens des abus des instances sociales
supérieurs et incite ces derniers à aider les individus et corps intermédiaires) à développer leurs
fonctions. Ce principe s’impose parce que toute personne, toute famille et tout corps
intermédiaire ont quelque chose d’original à offrir à la communauté. L’expérience atteste que la
négation de la subsidiarité et la limitation au nom d’une prétendue démocratisation ou égalité des
tous devant la société, limite et parfois même annule l’esprit de liberté et d’initiative.

Certaines formes de concentration, de bureaucratisation, d’assistance, de présence


injustifiée et excessive de l’État et de l’appareil public contrastent avec le principe de
subsidiarité: «En intervenant directement et privant la société de toutes ses responsabilités, l’État
de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils
publics, animées par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service
des usagers, avec une croissance énorme des dépenses». Le manque de reconnaissance ou la
reconnaissance inadéquate de l’initiative privée, même économique, et de sa fonction publique,
ainsi que les monopoles, concourent à mortifier le principe de subsidiarité.
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À l’application du principe de subsidiarité correspondent: le respect et la
promotion effective de la primauté de la personne et de la famille; la mise en valeur des
associations et des organisations intermédiaires, dans leurs choix fondamentaux et dans tous ceux
qui ne peuvent pas être délégués ou assumées par les autres; l’encouragement offert à l’initiative
privée, de sorte que tout organisme social, avec ses spécificités, demeure au service du bien
commun; l’articulation pluraliste de la société et la représentation de ses forces vitales; la
sauvegarde des droits de l’homme et des minorités; la décentralisation bureaucratique et
administrative; l’équilibre entre la sphère publique et la sphère privée; avec la reconnaissance
correspondante de la fonction sociale du privée; et une responsabilisation appropriée du citoyen
dans son rôle en tant que partie active de la réalité politique et sociale du pays.
(Compendium,n°187).

Pour l’Église, l’État n’est pas le centre de la société mais simplement au sommet de la
pyramide sociale. Il faut le voir comme un couronnement et un aboutissement de tous les
processus sociaux; mais sa justification ultime ne peut se comprendre qu’en référence au respect
des personnes et des groupes qui forment sa base. Ce qui est premier, c’est l’organisation de la
société civile par les nombreux acteurs potentiels qui agissent sur les terrains du quotidien tels
que la famille, l’école…, là où initiatives et responsabilités sont davantage possibles. La sphère
centrale du pouvoir n’a de sens que si elle est soucieuse de faire grandir les multiples centres de
décisions qui naissent spontanément aux échelons les plus petits. Une société comprise selon ce
schéma n’est pas une société des spectateurs mais des citoyens responsables et actifs. Pour éviter
donc que l’État ne se transforme en une gigantesque machine administrative qui envahirait tous
les secteurs de la vie, l’Église a toujours jugé indispensable et encouragé l’action des
organismes et associations privées qui réservent et protègent l’espace qui revient à la personne
et favorisent les relations de collaboration en vue du bien commun:
Les gouvernants se garderont de faire obstacle aux associations familiales, sociales et
culturelles, aux corps et institutions intermédiaires, ou d’empêcher leurs activités légitimes et
efficaces; qu’ils aiment plutôt les favoriser, dans l’ordre. Quant aux citoyens, individuellement
ou en groupe, qu’ils évitent de conférer aux pouvoirs publics une trop grande puissance; qu’ils
ne s’adressent pas à eux d’une manière intempestive pour réclamer des secours et des avantages
excessives, au risque d’amoindrir la responsabilité des personnes, et des groupes sociaux».
(Gaudium et spes, n°75).
L’Église reste fidèle au principe des corps intermédiaires parce qu’ils favorisent la
responsabilisation de tous et entravent la dérive absolutiste des pouvoirs centraux. Pour Jean-
Paul II, ces corps doivent jouir d’«autonomie effective vis-à-vis du pouvoir publics» (Jean-Paul
II, Laborem exercens, n°14)

II.1.4. Le principe de solidarité

Pour parvenir au bien commun. L’Église insiste sur deux principes importants,
régulateurs de la vie sociale: la solidarité et la subsidiarité.
La solidarité ne désigne pas un vague sentiment de compassion pour les maux subis par
tant de personnes à travers le monde. C’est la détermination ferme et persévérante de travailler
pour le bien commun. Chaque personne, comme membre de la société, est indissolublement liée
au destin de celle-ci et, dans la perspective chrétienne, au salut de tous les hommes. Par-là,
l’Église montre son opposition à toutes les formes exacerbées d’individualisme social ou
politique. Dans son Encyclique Sollicitudo rei socialis, Jean Paul II a souligné l’importance de
ce principe en le qualifiant de «vertu humaine et chrétienne».
Dans une perspective eschatologique, chacun sera jugé selon la manière dont il a vécu
cette solidarité entre les hommes (cf. Mt 25,31-46). Aucun individu ne peut être une pure
monade, une entité abstraite coupée du reste du monde. L’homme est un être en relation. Nul ne

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peut vivre en se construisant une forteresse personnelle, ignorant les désirs, les besoins d’autrui,
et s’estimer exempt de toute obligation vis-à-vis de l’autre.
En effet, par tout un aspect de son être, la personne humaine, malgré sa transcendance, est
dépendante du milieu social; d’un côté elle a besoin de la société, et de l’autre côté celle –ci
(société) n’étant composée que de personnes, a besoin de la collaboration de chacune pour
exister comme telle. Tous les membres de la société sont liés pour le meilleur et pour le pire, et
sont par-là solidaires en des interactions incessantes.
Notons que ce principe de solidarité est à la fois un principe social et une vertu morale.
Selon la doctrine sociale de l’Église, les nouvelles relations d’interdépendance entre les hommes
et les peuples qui sont, de fait des formes de solidarité, doivent se transformer en relations
tendant à une véritable solidarité éthico-sociale, qui est l’exigence morale inhérente à toutes les
relations humaines. La solidarité se présente donc sous deux aspects complémentaires: celui de
principe social et celui de vertu morale.
La solidarité doit être saisie avant tout dans sa valeur de principe social ordonnateur des
institutions, en vertu duquel les «structures de péché» (corruption, tribalisme, etc.) qui dominent
les rapports entre les personnes et les peuples doivent être dépassées et transformées en
structures de solidarité, à travers l’élaboration ou la modification opportune de lois, des règles
du marché ou la création d’institutions.

La solidarité est également une véritable vertu morale, et non pas un «sentiment de
compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes
proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler
pour le bien commun; c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes
vraiment responsables de tous» la solidarité s’élève au rang de vertu sociale fondamentale parce
qu’elle se situe dans la dimension de la justice, vertu orientée par excellence au bien commun et
dans l’ engagement à «se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique
du terme, à se perdre pour l’ autre au lieu de l’ exploiter, et à le servir au lieu de l’opprimer à son
propre profit (cf. Mt 10,40-42 ;20,25;Mc 10 ?42-45.Lc 22, 22-25 )» (Compendium, n°193)
Par ailleurs, le message de la doctrine sociale sur la solidarité met en évidence le fait qu’
«il existe des liens étroits entre solidarité et bien commun, solidarité et destination universelle
des biens, solidarité et égalité entre les hommes et les peuples, solidarité et paix dans le monde.
Le terme «solidarité», largement employé par le Magistère, exprime en synthèse l’exigence de
reconnaitre dans l’ ensemble des biens qui unissent les hommes et les groupes sociaux entre eux,
l’espace offert à la liberté humaine pour pourvoir à la croissance commune, partagée par tous.
(Compendium, n°194).

Remarquons ainsi que le principe de la solidarité est au cœur même de la vie et du


message évangélique. Par son action, Jésus a montré le lien entre solidarité et charité.
Selon le Pape Jean Paul II, «à la lumière de la foi, la solidarité tend à se dépasser elle-même, à
prendre les dimensions spécifiquement chrétiennes de la gratuité totale, du pardon et de la
réconciliation. Alors le prochain n’est pas seulement un être humain avec ses droits et son égalité
fondamentale à l’égard de tous, mais il devient l’image vivante de Dieu le Père, rachetée par le
sang du Christ et l’objet de l’action constante de l’Esprit. Il doit donc être aimé, même s’il est un
ennemi, de l’amour dont l’aime le Seigneur, et l’on doit être prêt au sacrifice pour lui-même au
sacrifice suprême: «donner sa vie pour ses frères» (cf. 1 Jn 3,16). (Sollicitudo rei socialis, n°40,
voir aussi Compendium, n°196).

II.2. AUTRES VALEURS FONDAMENTALES DE VIE SOCIALE.

La doctrine sociale de l’Église contient non seulement des principes qui président
à l’édification d’une société digne de l’homme, mais elle indique aussi des valeurs
fondamentales de la vie sociale. Celles-ci sont, selon le Concile Vatican II, inhérentes à la
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dignité de la personne humaine, et sont essentiellement: la vérité, la liberté, la justice et l’amour.
(Gaudium et Spes, n°26). Leur pratique est une voie sûre et nécessaire pour atteindre le
perfectionnement personnel et une vie sociale en commun plus humaine; elles constituent la
référence incontournable pour les responsables de la chose publique, appelés à mettre en œuvre «
les réformes substantielles des structures économiques, politiques, culturelles et technologiques
et les nécessaires changements dans les institutions.

II.2.1. La Vérité

Pour la doctrine sociale de l’Église, les hommes sont tenus de façon particulière à tendre
vers la vérité, à la respecter et l’attester de manière responsable . Vivre dans la vérité revêt une
signification spéciale dans les rapports sociaux: la vie en commun entre les êtres humains au
sein d’une communauté est, en effet, ordonnée, féconde et correspond à leur dignité de personnes
lorsqu’elle se fonde sur la vérité. Plus les personnes et les groupes sociaux s’efforcent de
résoudre les problèmes sociaux selon la vérité, plus ils éloignent l’arbitraire et se conforment aux
exigences objectives de la morale.
En effet, notre époque requiert une intense activité éducative et un engagement de la part
de tous, afin que la recherche de la vérité, qui ne se réduit pas à l’ensemble ou à une seule des
diverses opinions, soit promue dans chaque milieu et prévale sur toute tentative d’en relativiser
les exigences ou de lui porter atteinte. C’est une question qui touche en particulier le monde de
communauté publique et celui de l’économie, dans lesquels l’usage sans scrupules de l’argent
fait naître des interrogations toujours plus pressantes, dans l’action personnelle et sociale.
(Compendium, n°196)

II.2.2. La Liberté

De par sa nature l’homme est un être de liberté. Chaque personne humaine, créée à
l’image de Dieu, a le droit naturel d’être reconnue comme un être libre et responsable. Le droit à
l’exercice de liberté est une exigence inséparable de la dignité de la personne humaine. Ce droit
doit être reconnu et respecté.
Mais la liberté ne peut être un absolu: certes, elle est la possibilité de choix, spontanéité
ouverte à toutes les orientations possibles. Néanmoins une possibilité n’est rien en soi. Elle n’a
de sens que par terme, par un projet qu’elle veut réaliser, et par une force à mettre en œuvre;
elle n’a de sens que si elle s’exerce sur une réalité à modifier, à transformer.
La valeur de la liberté, en tant qu’expression de la singularité de chaque personne
humaine, est respectée quand il est permis à chaque membre de la société de réaliser sa vocation
personnelle; de chercher la vérité et de professer ses idées religieuses, culturelles et politiques,
d’exprimer ses opinions; de décider son état de vie et, dans la mesure du possible son travail; de
prendre des initiatives à caractère économique, social et politique. Par ailleurs, la liberté doit
aussi se manifester comme capacité de refus de ce qui est négatif, sous quelque forme que ce
soit, comme capacité détachement effectif de tout ce qui peut entraver la croissance personnelle,
familiale et sociale. La plénitude de la liberté consiste dans la capacité de disposer de soi en vue
du bien authentique, dans la perspective du bien commun universel. (Compendium, n°200)

II.2.3. La Justice

Du latin Jus, Juris, n: primitivement, signifie une formule qui a force de loi; puis cela
signifie droit, justice, et, par extension, tribunal. Justitia, Justice signifie juste appréciation,
reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun. Le mot évoque ainsi des concepts
tels droiture, équité, impartialité, intégrité, probité. C’est un principe moral de conformité au
droit positif (cf. légalité) ou naturel (cf. équité). C’est aussi le pouvoir de faire régner le droit ou

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l’exercice de ce pouvoir. Communément, on dit que la justice est la vertu en fonction de laquelle
on rend à chacun ce qui lui appartient, càd son dû (debitum).

Selon le Catéchisme de l’Église Catholique la justice «consiste dans la ferme et constante


volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû». (Catéchisme, n° 1807). Du point de
vue subjectif, la justice se traduit dans l’attitude déterminée par la volonté de reconnaître l’autre
comme personne, tandis que, du point de vue objectif, elle constitue le critère déterminant de la
moralité dans le domaine intersubjectif et social.
La doctrine sociale de l’Église distingue trois formes classiques de la justice, notamment:
- La justice commutative ou justice civile, qui règle les rapports entre les individus;
- La justice distributive ou justice sociale, exigence liée à la question sociale, qui se
manifeste aujourd’hui sous une dimension mondiale, concerne les aspects sociaux, politiques et
économiques et, surtout, la dimension structurelle des problèmes et des solutions qui s’y
rattachent.
- La justice légale ou justice politique, qui intéresse la société dans son ensemble de
manière spécifique.

Au-delà de ce trois formes de justice, il est important de noter qu’on parle aussi
aujourd’hui de:
- La Justice participative dont les normes qui fondent une communauté d’action sont
notamment: l’engagement de la personne, la justice sociale, la justification ouverte, la
responsabilité, l’équité, etc. Les décisions sur les soins de santé p.ex., au niveau donc de la
justice participative, doivent être faites selon ses normes et non seulement selon la justice de
l’ordre politique qui impose le système (taxes, prescriptions ou restrictions…) à la société sans
argumentation justificative; ce serait tout simplement du cynisme qui ignore l’état social de
chacun!
- La Justice procédurale: Comme il est difficile de trouver des solutions objectives et
faciles dans un monde pluraliste qui nous caractérise à présent, cette justice signifie donc qu’il
faille opérer un processus juste pour donner une solution ou décider sur un problème.
Une réflexion s’impose ici à propos de la Justice Procédurale: Beaucoup d’auteurs se soulèvent
contre cette vision car ils affirment qu’il y a toujours des critères objectifs qu’on peut établir
unanimement. P.ex. Élire un Président. Il n’en est pas un qui soit objectif ; il faut un processus
juste pour l’avoir… (élection?). La question est donc: quel est le critère d’un processus juste?
Car on peut y aller indéfiniment du processus au processus! Voilà pourquoi philosophiquement
et éthiquement, la neutralité du choix est difficile à élucider; c’est toujours un risque à assumer!

Si l’on tient compte de toutes ces dimensions de la justice, on peut estimer que la justice
politique correspond à ce que la doctrine sociale appelle le bien commun; la justice civile
correspond au principe de subsidiarité, qui permet à chacun de prendre des initiatives, la justice
sociale correspond au principe de solidarité, qui permet de compenser les inégalités. On aurait
donc à la fois le registre purement rationnel de la justice avec ses trois dimensions, et ce que l’on
appelle les trois principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église – bien commun,
subsidiarité, solidarité –, reprenant ces trois dimensions, mais en leur donnant toutefois un
aspect nouveau: la charité, qui va élever la justice à un niveau supérieur. Les trois principes
fondamentaux de l’enseignement social chrétien reprennent des dimensions naturelles pour les
porter à un niveau plus élevé – et plus performant -, grâce aux «énergies» évangéliques.
En effet, la justice est particulièrement importante dans le contexte actuel, où la valeur
de la personne, de sa dignité et de ses droits, au-delà des proclamations d’intentions, est
sérieusement menacée par la tendance diffuse de recourir exclusivement aux critères de l’utilité
et de l’avoir. De ce fait, la justice n’est pas une simple convention humaine, car ce qui est
«juste» n’est pas originellement déterminé par la loi, mais par l’identité profonde de l’être
humain. (cf. Compendium, n°202)
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La pleine vérité sur l’homme permet de dépasser la vision contractuelle (stipulée par
contrat) de la justice, qui est une vision limitée, et d’ouvrir aussi à la justice l’horizon de la
solidarité et de l’amour.
A la valeur de la justice, la doctrine sociale associe en effet celle de la solidarité, comme
voie privilégié de la paix. De fait, l’objectif de la paix selon le Pape Jean-Paul II, «sera
certainement atteint grâce à la mise en œuvre de la justice sociale et internationale, nous aussi
grâce à la pratique des vertus qui favorisent la convivialité et qui nous apprennent à vivre unis
afin de construire dans l’unité , en donnant et en recevant, une société nouvelle et un monde
meilleur».(Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis, n°39)

II.2.4. La voie de la charité

Si la justice porte sur les droits de la personne, les biens ou les actes qu’elle peut exiger
pour son respect, la charité va à la personne elle-même. La charité, étant vertu théologale, vise
directement la fin offerte à l’homme, Dieu connu et aimé. Elle n’est pas autre chose que
l’activité de la grâce, introduisant l’homme dans le circuit de la vie divine, l’amour trinitaire
(participation à la communication interpersonnelle de la vie divine). Elle est donc
essentiellement l’amour que Dieu a pour lui-même, sans limites, amour rendu présent par le
christ devenu tête de l’humanité nouvelle. Les autres personnes humaines, fils adoptifs de Dieu
et images de lui, sont de ce fait compris dans cet amour; et le sont en tant que personnes et pas
comme pures occasions extérieures d’aimer Dieu (comme le sont les autres créatures de Dieu,
non humaines). Le but de la charité est donc d’instaurer l’union avec Dieu et l’union avec les
autres hommes. À ce titre elle est l’expression d’une vie nouvelle, d’origine et de structure
surnaturelles, venant pénétrer et animer toute l’existence humaine.
Selon la doctrine sociale de l’Église, aucune législation, aucun système de règles ou de
convention ne parviendront à persuader les hommes et peuples à vivre dans l’unité, dans la
fraternité et dans la paix, aucune argumentation ne pourra surpasser l’appel de la charité. Seule la
charité, en sa qualité de « forma virtutum », peut animer et modeler l’action sociale en direction
de la paix dans le contexte d’un monde toujours plus complexe. Pour qu’il soit ainsi, il faut faire
le nécessaire afin que la charité apparaisse non seulement comme inspiratrice de l’action
individuelle, mais aussi comme force capable de susciter de nouvelles voies pour affronter les
problèmes du monde d’aujourd’hui et pour renouveler profondément de l’intérieur les structures,
les organisations sociales, les normes juridiques. Dans cette perspective, la charité devient
charité sociale et politique: la charité sociale nous fait aimer le bien de toutes les personnes,
considérées non seulement individuellement, mais aussi dans la dimension sociale qui les unit.
La charité sociale et politique ne s’épuise pas dans les rapports entre les personnes, mais
elle se déploie dans le réseau au sein duquel s’insèrent ces rapports et qui constitue précisément
la communauté sociale et politique, intervenant sur celle-ci en visant le bien possible pour la
communauté dans l’ensemble. Par bien des aspects, le prochain à aimer se présente «en société»,
de sorte que l’aimer réellement, subvenir à ses besoins ou à son indigence, peut vouloir dire
quelque chose de différent par rapport au bien qu’on peut lui vouloir sur le plan purement
interindividuel: l’aimer sur le plan social signifie, selon les situations, se prévaloir des
médiations sociales pour améliorer sa vie ou éliminer les facteurs sociaux qui causent son
indigence. L’œuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel
et urgent du prochain est indispensablement un acte de charité, mais l’engagement tendant à
organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n’ait pas à se trouver dans la
misère est un acte de charité tout aussi indispensable, surtout quand cette misère devient la
situation dans laquelle se débattent un très grand nombre des personnes et même des peuples
entiers; cette situation revêt aujourd’hui les proportions d’une véritable question sociale
(Compendium,n°207 et 208)

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II.2.5. La participation

Une autre valeur importante de référence pour la vie en société à ne pas sous-estimer
c’est la participation. Le droit et le devoir de participer à la vie sociale/politique ne sont pas
réservés à quelques catégories, mais il est entendu que cette participation peut prendre une
grande diversité de formes, de niveaux de tâches et des responsabilités.
Une communauté politique qui bride cette participation, ou la limite, est une communauté
politique qui régresse. La communauté politique s’accomplit au contraire, progresse et s’enrichit
de l’expression de toutes les libertés et s’enrichit de l’expression de toutes les libertés et de
l’engagement de toutes les volontés, quand elle favorise la participation. Toute forme de
participation possible: électorale, consultative, délibérante; mais aussi, participation par les
associations spontanées, participations par toutes sortes d’initiatives culturelles susceptibles
d’élever le niveau de la capacité de participation. La participation est personnalisation, toujours
croissante de la vie politique.
On l’aura remarqué, la conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation,
qui s’exprime essentiellement, en une série d’activités à travers lesquelles le citoyen, comme
individu ou en association avec d’autres, directement ou au moyen de ses représentants,
contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle
il appartient.
La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d’une manière
responsable et en vue du bien commun. (cf. Compendium, n°189). Il est évident que toute
démocratie doit être participative. Néanmoins dans beaucoup de pays Africains la participation
rencontre de véritables barrières. Tous les comportements qui incitent le citoyen à des formes de
participation insuffisantes ou incorrectes et à la désaffection répandue pour tout ce qui concerne
la sphère de la vie sociale et politique doivent être considérés avec une certaine inquiétude: que
l’on pense, par exemple, aux tentatives des citoyens de « négocier » les conditions les plus
avantageuses pour eux-mêmes avec les institutions, comme si celles-ci étaient au service des
besoins égoïstes. Pensons à ce moment toutes les alliances entre les présidents des parties pour la
conquête du pouvoir sans penser à la volonté du peuple.
Pour ce qui est de la participation, une autre source provient des pays à régime totalitaire
ou dictatorial, où le droit fondamental de participer à la vie publique est nié à la racine, car
considéré comme une menace pour l’État lui-même; des pays où ce droit n’est énoncé que
formellement, mais ne peut pas s’exercer concrètement (Compendium, n°191).

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CONCLUSION

Partant de l’Encyclique Rerum novarum du 15 mai 1891, considérée comme la première


des grandes Encycliques sociales jusqu’aux plus actuels documents, il s’est agi dans cette brève
étude de comprendre l’Enseignement social de l’Église. Mais enfin de compte, il s’agit aussi de
se demander comment appliquer les principes dégagés ici dans le concret de notre existence.
Jean-Paul II, tout en présentant la vision de l’homme, notamment dans Centesimus annus,
dans une perspective théologique appuyée par la révélation, reprendra de Paul VI les trois
sources d’où l’Église tire son enseignement social: l’analyse des situations, la lumière de
l’Évangile et son propre enseignement, fruit de son expérience dans l’histoire.
D’une certaine manière, on pourrait dire qu’en matière sociale, l’Église utilise la méthode
classique, chère à l’action catholique française depuis Pie XI, du «voir, juger, agir», (Méthode
inductive, contextuelle). Le «voir» est la perception et l’étude des problèmes réels et de leurs
causes à travers les sciences humaines et sociales. Le «juger» est l’interprétation de cette réalité
du point de vue de la foi, qui prend en compte une conception globale de l’homme et de
l’humanité. L’«agir» est ordonné à la réalisation des choix. Il requiert une vraie conversion,
c’est-à-dire une transformation intérieure qui est disponibilité, ouverture et transparence à Dieu.
Le but est de parvenir, à la lumière de principes de base énoncés ci-haut, à élargir le champ de
l’analyse, en évitant de s’enfermer dans des visées trop subjectives, au nom de la dignité de la
personne humaine, voulue et aimée par Dieu en tout lieu et en toute situation.
La doctrine sociale de l’Église se veut parole et action. Pour cela, l’Église voudrait
pousser ceux qui l’écoutent à agir en disciples du «verbe» qui «s’est fait chair et a demeuré
parmi nous». Dieu dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit, au contraire de l’homme. Être croyant, c’est
être transformé de l’intérieur, à la suite du Christ, pour réduire le plus possible la distance entre
ce que l’on dit et ce que l’on fait. Ne pas avancer sur ce chemin, c’est tomber dans la critique que
Jésus profère dans l’Évangile à l’égard des notables religieux de son temps: «ils disent et ne font
pas».
L’Enseignement social de l’Église, présenté notamment sous forme de Compendium est
un système de service à rendre tant aussi bien pour la société que pour l’Église elle-même pour le
bien-être, pour la dignité de toute personne humaine créée à l’image de Dieu.
Trois principes fondamentaux doivent accompagner la réflexion dans la compréhension
de l’Enseignement sociale de l’Église. Il s’agit de: a) la pleine reconnaissance de la dignité de
chaque homme, créé à l'image de Dieu; b) le principe de solidarité où chacun doit contribuer au
bien commun de la société (avec le refus de l'individualisme social et politique); et enfin le
principe de subsidiarité par lequel ni l'État, ni la société – puissante qu’elle soit – ne doivent se
substituer à l'initiative et à la responsabilité des personnes et des communautés intermédiaires, au
niveau où elles peuvent agir.
Ainsi donc, ce que propose l’Enseignement social de l’Église est un enjeu à vivre une foi
incarnée face aux exigences contemporaines, notamment de l'économie, de la politique, de la
bioéthique, de l’environnement, etc. tant au niveau local qu’au niveau mondial. Et c’est
l'Évangile qui doit nous inciter tous à organiser, ici et maintenant, notre "vivre ensemble" de telle
ou telle manière pour la dignité de tout un chacun créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

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TABLE DES MATIERES

PRÉLIMINAIRES...........................................................................................................................1
a) L’Enseignement social de l'Église catholique.....................................................................1
b) Objectifs majeurs de ce cours..............................................................................................1
c) Quelques termes-clefs à savoir............................................................................................2
d) Enseignement (croyance) social ou Doctrine sociale de l’Église, quid?.............................3

ART. I: ENSEIGNEMENTS (AFFIRMATIONS) DE QUELQUES ENCYCLIQUES


SOCIALES......................................................................................................................................4

I.1. La visée de l'Enseignement social de l‘Église.......................................................................4


I.2. Quelques Encycliques et leurs enseignements majeurs........................................................4

ART. II: LES PRINCIPES DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE..................................8

II.1. LES PRINCIPES MAJEURS DE LA VIE SOCIALE........................................................8


II.1.1. Principe de la dignité de la personne humaine..............................................................8
II.1.2. Le principe du Bien commun........................................................................................8
II.1.3. Le principe de subsidiarité..........................................................................................11
II.1.4. Le principe de solidarité..............................................................................................12
II.2. AUTRES VALEURS FONDAMENTALES DE VIE SOCIALE.....................................13
II.2.1. La Vérité.....................................................................................................................14
II.2.2. La Liberté....................................................................................................................14
II.2.3. La Justice....................................................................................................................14
II.2.4. La voie de la charité....................................................................................................16
II.2.5. La participation...........................................................................................................17

CONCLUSION.............................................................................................................................18

TABLE DES MATIERES.............................................................................................................19

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE..................................................................................................20

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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

- Anne Bamberg, "Le renvoi du législateur à la loi civile et la responsabilité sociale de l’Église
catholique : réflexion autour de l’interprétation du canon 1286 du code de droit
canonique", in Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu (dir.), La responsabilité sociale de
l’entreprise en Alsace et en Lorraine du XIXe au XXIe siècle, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2011, 182 p., (Pour une histoire du travail), p. 99-105.
- Antoine de Salins - François Villeroy de Galhau, Le développement moderne des activités
financières au regard des exigences éthiques du christianisme, 1994, pp. 56
- Benjamin Guillemaind, Libéralisme-socialisme-Deux frères ennemis face à la doctrine sociale de
l'Église, Pierre Téqui éditeur, 2001
- Charles Handy, Le Temps des Paradoxes, Editions Village Mondial, 1995
- Commission sociale des évêques de France, Repères dans une économie mondialisée. Préface par
Mgr Jean-Charles Descubes. Bayard/Cerf/Fleurus-Mame. Février 2005.
- Conseil Pontifical Justice et Paix, Compendium de la Doctrine sociale de l'Église (Sous la
Direction de Jean-Charles Descubes, Renato Raffaele Martino, Angelo Sodano)
- François, Laudato Si’ (Sur la sauvegarde de la maison commune, Médiaspaul, Kinshasa, 2015.
- Henri de Lubac, Catholicisme, les aspects sociaux du dogme, Cerf, Paris, 1938.
- Ignace Berten, Arthur Buekens, Luis Martinez, Enterrée la doctrine sociale? Actes de la session
pour membres des équipes d'aumôneries près des mouvements, in Coll. Sens et Foi,
n° 7, Bruxelles, Lumen Vitae.
- Jean-Marie Aubert, Abrégé de la Morale Catholique, Desclée, Paris, 1987.
- Jean-Paul II, Centesimus annus (Le Centenaire de «Rerum novarum»), éd. du Cerf, 1991
- Jean-Yves Calvez, Les silences de la doctrine sociale de l'Église, sj, éditions de l'Atelier, 1999
- Jean-Yves Naudet, La doctrine sociale de l’Église: Une éthique économique pour notre temps.
Collection du Centre d’Éthique Économique, Aix-en-Provence, 2011.
- Marc-Antoine Fontelle, ob, Construire la civilisation de l'Amour, Synthèse de la doctrine sociale
de l'Église, éd. Pierre Téqui.
- Pierre Heuvelman, Doctrine sociale de l'Église: qu'en est-il exactement ? in ID magazine, N° 6,
été 2006.
- Stéphane Gaudin, Entre autorité et libertés : le principe de subsidiarité, in Nouvelles de Synergies
européennes, N° 17, janvier 1996, pp. 21-23.
- VATICAN II, Les seize documents conciliaires, Préface d’André Naud, Ed. Fides, 2001.

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