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NOVEMBRE 2008
AVANT-PROPOS
Il est donc important de comprendre que la christologie doit dans sa réflexion aller
lui qui pourtant n’a rien écrit mais dont l’inspiration fait encore parler, écrire et espérer
Je remercie toute l’équipe des formateurs de Multi C qui ont contribué à l’élaboration
André Bachand
LA CHRISTOLOGIE1
Introduction
Ce manuel n’a pas la prétention de couvrir tous les contours de la christologie. Il se
- Être capable de faire les liens entre les grandes vérités doctrinales du Christ et
l’œuvre de Christ
- Après les questions d’introduction, dans la première partie du cours, nous nous
de contextualisation.
Christ :
▪ Sa divinité
▪ Son humanité
1 Hormis l’avant-dernier chapitre, ce manuel est basé principalement sur l’ouvrage de Henri Blocher,
Christologie, Fascicules I et II / Cours professé, Vaux-sur-Seine, Faculté libre de théologie évangélique,
1986. Pour un approfondissement de ce cours, l’apprenant est encouragé à se référer à cet ouvrage.
4
▪ L’humiliation
▪ L’exaltation
▪ L’office prophétique
▪ L’office sacerdotal
▪ L’office royal
5
1. Considérations préliminaires
-Tout passe par le Christ (Colossiens 1, 15-20). « Toutes les lignes maîtresses se
recoupent en lui2 ». Selon les Écritures, tout ce qui subsiste et qui existe tire sa source
en lui. Tout a été créé par lui, en lui et pour lui. Jean nous dit que toutes choses ont été
faites par lui et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui (Jean 1, 3). Tout se rejoint en
après toutes choses : « Alpha dès l’origine [… et] Oméga au siècle des siècles4 ».
-La concentration de toutes choses dans le Christ est un phénomène unique sans
pareil. « Aucune autre religion n’a osé tant attribuer à son fondateur, et de loin! Les
pas à celles de Jésus selon le christianisme5 ». Quand les Écritures parlent du Christ et
de son espérance, on précise que « ce sont des choses que l’œil n’a pas vues ni
l’oreille entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme » (1 Cor 2, 9).
christologie est tout – ou elle n’est rien6 ». Le début et le leitmotiv de toute la théologie
barthienne est « ho logos sarx egeneto » (la Parole devint chair7). Barth ramène tout à
2 Blocher, Christologie, p. 1.
3 Blocher, Christologie, p. 1.
4 Ibid., p. 1.
5 Ibid., p. 1.
6 K. Barth, Dogmatique I, 2, trad. F. Ryser, Genève, Labor et Fides, 1954, p. 114, cité par Blocher, p. 1.
7 Jn. 1, 14.
6
Si la christologie est essentielle et cardinale à notre foi et que tout s’y ramène,
tout ne s’y réduit pas forcément dans les Écritures. Tout se rattache à la christologie,
Dans quels contextes étudions-nous la christologie? Quels liens avec les autres
L’accent extraordinaire sur le Christ ne devrait pas nous faire oublier la monarchie du
Père. Paul rappelle aux Corinthiens que si tout est à nous et nous à Christ, Christ est à
Dieu (1 Co 3, 23). Si l’homme est le chef de la femme, Christ le chef de tout homme,
Dieu est le chef de Christ (1 Cor 11.3). Quand Christ aura rétabli toutes choses dans la
perfection finale, le Fils sera soumis à Celui qui lui a soumis toutes choses (15, 28). Il
est impératif de comprendre que « la christologie prend place dans une vision
trinitaire plus vaste, où les rapports éternels des Personnes de la Trinité (Jn 1, 1) ne se
confondent pas avec les missions historiques du Fils venu s’incarner, et de l’Esprit
répandu sur l’Église8 ». Si c’est seulement par le Christ et en Christ que nous trouvons
Dieu, Dieu est en même temps : Père, Fils et Saint-Esprit et non Christ seulement.
1.2.2. La méthode9
si cardinale?
8 Blocher, p. 2.
9 Pour approfondir le thème de la méthode en christologie, consulter Jacques Doyon, « Méthode en
christologie » in Le Christ hier, aujourd’hui et demain, Colloque de christologie tenu à l’Université Laval
(21 et 22 mars 1975), Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1976, pp. 157-169.
7
Blocher nous fait constater que nombre de théologiens modernes s’enferment dans
Jésus car celle-ci n’est considérée que dans le sens général. Autrement dit, la
singularité de l’homme Jésus n’est pas sérieusement prise en compte car c’est à partir
humain irréel.
Les préférences vont aujourd’hui à la méthode qui part de l’homme Jésus et des faits
cette méthode a aussi ses limites et ses faiblesses. En voulant trop insister sur
piège que celui que la christologie d’en haut. Dans ce sens, Xavier Tilliette a raison de
s’interroger si "si une christologie 'd'en bas' radicale est possible, si elle ne recèle pas
une faille irrémédiable, en définitive plus funeste que les perplexités d’une
10 Les expressions christologie d’en haut et christologie d’en-bas ont été vulgarisées par W. Pannenberg.
Elles ont été adoptées aussi bien par les exégètes que les théologiens.
8
Cette approche fut préconisée par Martin Luther qui penserait voir une
exercice complexe.
exacte de Jésus-Christ?
présupposés. Soyons d’abord attentif au fait que très souvent et trop souvent pour ne
pas dire presque toujours, ce sont les prémisses des gens qui décident de leurs
conclusions. Ceux qui par exemple ne croient pas aux miracles vont dépouiller Jésus
croix, il est incontournable que cela a dû susciter chez les spectateurs de l’étonnement
nous livre pas son sens initial de prime à bord. En contemplant les faits autour de
Jésus, on peut raisonnablement conclure que nous avons en face de nous quelqu’un
d’extraordinaire. On peut raisonnablement conclure que Dieu agit par cet homme
plus puissamment qu’un autre. Toutefois, est-ce que la déclaration qui consiste à dire
qu’il est ressuscité des morts le met automatiquement dans une classe à part ? oui et
non. En effet, d’autres furent ressuscités des morts avant lui. Sur la base de la seule
observation des faits de la vie de Jésus, nous ne pouvons conclure que Jésus est Dieu
11 Blocher, p. 6.
9
l’affirmer12 ».
moderne
Cette approche ne croit pas aux miracles. Elle écartera de la vision de Jésus
tout ce qui relèverait du surnaturel. Elle amputera les Écritures, la personne et l’œuvre
Celle-ci aura sans nul doute une vision radicalement différente. C’est à partir
d’elle que nous partons à la rencontre de Jésus et que nous jugeons de la première.
L’exercice de la raison qui appréhende les faits sur Jésus pour arriver à la
conclusion que Jésus est le Fils de Dieu est trop limité. Jacques Maritain a bien perçu
la réalité selon laquelle les faits authentifient Sa propre parole. C’est dans ce sens qu’il
affirme :
...ce que prouvaient les œuvres, les signes (et la prédication, et tout le
comportement personnel, et la miséricorde, et la bonté...) c'est la
sainteté du Christ et sa mission divine. Et il était clair qu'un tel saint,
un tel envoyé de Dieu, un tel bien-aimé de Dieu ne pouvait pas
mentir. En sorte que c'est sa parole à lui, son témoignage à lui sur
lui-même, qui devaient être pour les hommes l'irrécusable preuve
de sa divinité13.
12 Blocher, p. 6.
13Jacques Maritain, De la grâce et de l’humanité de Jésus, Desclée de Brouwer, 1967, p. 129 cité par
Blocher, p. 6.
10
Comme Jésus lui-même a fait de sa parole et de celle des prophètes qui l’ont
précédé une seule et même parole, c’est donc le témoignage des Écritures qui doit
biblique, rendu par Jésus-Christ lui-même et par ses témoins inspirés14 ». Ainsi Blaise
Pascal disait avec beaucoup d’à-propos : « Sans l’Écriture, qui n’a que Jésus-Christ
aboutir à toutes sortes de conclusions. L’événement du Christ est essentiel, mais c’est
plutôt l’Écriture qui est la clé de son interprétation. Telle fut la raison pour laquelle,
Jésus ressuscité dût parcourir les Écritures pour expliquer aux deux disciples
d’Emmaüs ce qui le concernait (Luc 24, 27). La prédication des apôtres faisait aussi
appel aux Écritures (voir les Actes des apôtres) : À partir des Écritures, ils établissaient
qui a voulu se révéler et il a pris les moyens de se faire connaître. Cette prémisse
impliquerait deux autres : que Dieu existe et qu’il parle et que le surnaturel existe. Si
vous niez cela, votre vision du Christ s’en ressentira. Ceux qui vous parlent du Christ et
qui ne partageraient pas ses prémisses vous présenteront toujours un Jésus humain
Quand on s’interroge sur l’être du Christ, on plonge les regards dans son
mystère, que les anges s’efforcent en vain de sonder (cf. 1 P 1,12). Cela ne va pas nous
14 Blocher, p. 7.
15 Blaise Pascal, Pensées N°548 cité par Blocher, p. 7.
11
est hors de question que nous maîtrisions l’objet de l’étude, que nous démontrions le
‘‘comment’’ des réalités confessées par notre foi. Accepter d’avance d’être dépassé,
infiniment dépassé, traduit cette crainte du Seigneur (crainte paisible et joyeuse) qui
faudrait pas non plus absolutiser la notion de paradoxe. Toujours dans un effort de
Questions de réflexion
bas. Quels sont les avantages et les inconvénients de chacune de ces méthodes ?
nous présentent Jésus-Christ comme s’insérant dans une lignée. On peut faire
suivi une préparation, s’est intéressée dans une lignée (c’est la portée théologique des
directes et indirectes, plus ou moins voilées qui sont faites en avance. Elles se faisaient
conclusion qu’elles pointaient vers le Christ est plus que lumineuse. Il est intéressant
de noter que les premiers à saluer le Seigneur dans le Nouveau Testament furent ceux
qui attendaient la consolation d’Israël (Lc 2, 25). Pour eux, Dieu préparait quelque
La loi, les prophètes et les Écrits visaient certes ce qui se passait pour leur
époque, mais regardaient aussi au-delà de leur époque. Le « tanak » visait au-delà des
époques et circonstances de rédaction, un avenir autre : « ce qui était futur pour eux
est advenu en Jésus19 ». Jésus est le Christ, « celui qui devait venir » d’après ces textes
(Mt 11, 3 ss). Dans le judaïsme, il fut toujours question d’une tension orientée vers
17 Blocher, p. 16.
18Les juifs disent « Tanak » en combinant les initiales des trois rubriques en hébreu, TNK pour Tôra-
Nevi’îm-Ketûvim : la loi, les prophètes, et les Écrits.
19 Blocher, p. 18.
13
C’est dans l’Ancien Testament que les premiers apôtres et chrétiens ont
Pour les apôtres et les premiers chrétiens, l’attente d’Israël est comblée en
fidèles reflètent la certitude qu’en Jésus-Christ toutes les promesses de Dieu sont Oui
Les évangélistes présentent Jésus qui fait usage de l’Ancien Testament pour montrer
Nous voyons la loi et les jugements de Dieu qui, «par leur fonction critique »
nous font comprendre que l’ancienne Disposition était foncièrement limitée et ses
21 Blocher, p. 18.
14
Testament. « En ce sens que l’échec de l’Ancien Testament, dénoncé par les prophètes
et patent dans les faits, est l’articulation entre lui et le Nouveau, la venue de Jésus23 ».
Le rôle de la loi était de nous conduire à Christ. Son mandat était limité. Plusieurs
textes de l’AT présentent Dieu qui annonce qu’il fera toutes choses nouvelles. Par les
(Jr 1, 10). La force du peuple saint doit s’épuiser totalement avant que Dieu produise
2.1.2.2. Les événements, les institutions, les hommes, sont des préfigurations du
- Tupos (type) (1 Co 10, 6); antitupos pour la réalité figurée (Hébreux 9, 24); skia
(ombre) (La loi était l’ombre des choses à venir : Col 2, 16-17; Hé 8, 5; 10, 1);
évangile, Jésus s’y proclame la vraie manne, la vraie vigne… « Constamment, chez les
prophètes, les choses du passé servent de figures pour les annonces d’avenir (nouvel
2.1.2.3. L’Ancien Testament fait référence au Christ sur le mode prédictif, dans des
Soulignons que :
- Plusieurs oracles qui sont cités par le Nouveau Testament ne visent pas Jésus de
22 Blocher, p. 19.
23 Blocher, p. 20.
24 Blocher, p. 20.
15
Mat 2, 15).
*Ce texte ne peut pas s’appliquer à David qui est resté dans le séjour des
morts;
prédire);
*Il l’exerçait dans l’attente consciente du fils promis, ce qui rend encore plus
2.1.3.1. L’interprétation christologique n’est pas plaquée « par la foi » sur des
Les auteurs du Nouveau Testament ne l’ont pas simplement importé par leur
lecture, sur la base de leur foi chrétienne faisant une falsification indéniable de
l’histoire. Le sens des textes n’est pas changeant comme si les gens du Nouveau
les auteurs du Nouveau Testament, il est clair que la réalité du Christ se trouve déjà
25 Blocher, p. 21.
26 Blocher, p. 21.
16
dans l’Ancien Testament. Pour Jean, Abraham a vu le jour de Jésus, et s’est réjoui (Jean
8, 56); Esaïe a parlé de lui quand il a vu sa gloire (Jn 12, 41). Les prophètes ont salué
certitude qui s’intègre dans la souveraineté de Dieu, qui conduit l’infaillible exécution
2.1.3.2. L’objectivité textuelle du sens christologique dégagé par Jésus et les apôtres
« Pierre, par l’Esprit, n’enseigne pas seulement que Jésus est ressuscité, mais
que David, dans le psaume 16, l’avait prédit, et que le sort de David mort et enterré
2.1.4. L’enjeu de la thèse (la venue du Christ est préparée dans l’Ancien Testament)
2.1.4.1. C’est à partir des paroles de Jésus et de l’Ancien Testament que les disciples
Jésus, et c’est remettre en question le fondement de notre foi : notre foi se repose sur
27 Blocher, p. 23.
17
Dieu qui travaillait dans l’Ancien Testament poursuit son œuvre dans le Nouveau. Dans
que les plus dangereux adversaires du christianisme dans l’antiquité […] aient voulu
Israël28 ».
vers Jésus. Croire cela, c’est croire aux miracles, c’est croire dans un surnaturel
de Jésus était bel et bien préparée dans l’AT, les prétentions de Jésus et l’explication
apologétique30 ».
Blaise Pascal disait : « La plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les
textes de l’AT et les événements de la vie de Jésus pour démontrer qu’il était le Christ
(Ac 17.2, 3,11; 18.28). « L’école catholique d’autrefois allait jusqu’à s’appuyer sur le
28 Blocher, p. 24.
29 Blocher, p. 24.
30 Blocher, p. 25.
calcul des probabilités : la combinaison des traits prédits et attestés dans l’histoire du
Dans les milieux académiques, on prête peu attention à cette approche. On n’est
bien différent.
situation historique.
RÉPONSES
les textes sont considérés ensembles dans un contexte plus large, l’ambiguïté et
nous précisons que l’étude dite « scientifique » des textes est loin d’être impartiale et
ses résultats sont changeants. Il faudrait se rappeler que dans les cercles académiques
des études « scientifiques » actuelles changent avec le temps. Il faut faire la critique de
32 Blocher, p. 25.
33 Blocher, p. 25.
34 Blocher, p. 25.
19
prophète s’adressait à son époque, dans le plan de Dieu rien n’oblige qu’il s’y
emprisonne.
2.1.4.3. La fidélité aux Écritures nous conduit plutôt à applaudir le miracle dans les
- En lisant l’AT, on ne peut nier qu’il y a une attente. L’AT regarde vers quelque
chose de grand et qui est à venir. Dans la loi et chez les prophètes, il est clairement
aurait 28,5% de texte prédictif dans l’AT. Que l’on remette en question l’ordre de
grandeur, il est non discutable que dans l’AT les promesses occupent une place
l’histoire biblique36 ».
événements à venir seront d’une magnitude supérieure comparés à ceux qui étaient à
35 Blocher, p. 25.
36 Blocher, p. 26.
20
- Précisons que le fait qu’il y ait tous les indices d’une ardente attente ne prouve pas
qu’elle visait le Christ. Quelque chose avant le Christ ou après le Christ aurait pu être
visé.
le Christ, il n’y a eu aucun événement qui ait pu répondre aux attentes de l’AT.
encore à venir37 ». Selon la prophétie de Daniel, c’est au temps du IVe empire (Rome)
que le Royaume éternel doit arriver (Daniel 2 et 7). Le Christ est venu sous l’empire
37 Blocher, p. 26.
sacrifices de l’AT doivent être toutefois bien interprétés dans le sens qu’ils visaient
plus. Les rites de l’AT étaient limités. Ils ne pouvaient assurer le pardon des péchés.
Dans l’AT, nous voyons le fait que Dieu s’intéresse à un Reste. « La théologie du
Reste se développe chez les prophètes écrivains depuis au moins Amos 9, 9, avec des
racines plus anciennes (cf. Gn 45, 7 très significatif et les sept mille de 1 R 19, 18), et
s’épanouit dans le livre d’Esaïe39. » Dieu estime la majorité du peuple n’a pas su garder
ses lois ou ne s’est pas gardée dans ses voies. Il s’est réservé un Reste. Ce Reste hérite
des promesses faites à Israël. « La théologie du Reste représente une critique interne
du système établi de l’Ancien Testament40 ». Elle tend à dépasser les limites d’Israël
Constat : Nous voyons souvent dans l’AT qu’il faut un deuxième pour venir
texte.
40 Blocher, p. 28.
22
- David partage sa gloire avec Salomon : David est l’homme selon le cœur de
- Etc.
Blocher, dans son analyse, accorde une attention aux figures du Christ dans les
Soulignons que le Christ est encore très voilé dans l’AT. On le discernera sous des
Moïse.
2.3.1.1. La semence
Genèse 3.15 mérite bel et bien le nom de ‘‘Protévangile41’’. Edmond Jacob a tout à fait
raison de déclarer : « Nous pensons qu’il y a dans ce texte l’annonce du salut final de
national42 ». Christ serait cette postérité de la femme qui écrasera la tête du Serpent.
Dieu veut bénir toutes les nations par la postérité d’Abraham. C’est à travers la
41 Message ou récit évangéliques antérieurs aux évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean).
42 Edmond Jacob, Théologie de l’Ancien Testament, p. 264 cité par Blocher, p. 29.
23
nations de toute la terre (Gen 12, 3; 18, 18; 28, 14). Dans le testament de Jacob
(Genèse 49, 10), la mention du shîloh vient continuer le trait. Jacob prédit que « le
sceptre ne s’éloignera pas de Juda jusqu’à ce que vienne le shîloh43. « Ce fils de Juda
doit être un roi (le sceptre), mais non pas David (car la royauté doit persister en Juda
jusqu’à, donc avant, sa venue)44 ». Il devrait avoir une succession de rois avant le
shîloh. Il n’y avait pas de successions de rois avant David; seulement la royauté de Saül
a précédé la sienne).
Deutéronome 18, 15,18 annonce la venue d’un prophète « comme Moïse »45.
Ce texte vise plus loin que la série des prophètes de l’AT pour focaliser sur un Envoyé
C’est lui qui rétablira toutes choses ou qui annoncera toutes choses selon la
perception des samaritains de celui qui devait venir. La femme samaritaine l’appelle
43 D’après Ez. 21, 32, les rabbins et le Targoum, shîloh veut dire « celui auquel il appartient ».
44 Blocher, p. 30.
45 Blocher, p. 31.
46 Blocher, p. 31.
24
Ce titre va être très utilisé dans le Nouveau Testament pour parler du Christ.
l'espérance israélite : l'oracle porté par Nathan à David (2 S 7, 4-16, surtout 12-16).
Salomon.47 ».
« L’accent massif sur l’éternité du règne promis48 » fait comprendre que la prophétie va
au-delà des rois terrestres. Ainsi, l’ont compris les psalmistes et les prophètes. Les
- Amos 9.11 révèle que le Fils attendu ne viendra qu’après l’écroulement de la maison,
pauvre cabane du grand roi (Cela ferait-il référence à la décadence de Juda. C’est
- Osée 3.4s : Selon ce passage, « c’est une longue privation, un retour au désert, qui
précédera leur retour à l’Éternel et au nouveau David49 ». Ce texte peut faire référence
- Michée reçoit une révélation sur le lieu de naissance du nouveau David (car il s’agit
47 Blocher, p. 31.
48 Blocher, p. 32.
49 Blocher, p. 32.
25
- On attribue « une dignité divine à celui qui doit venir, hors de proportion avec ce
- Des psaumes développent le rapport filial avec Dieu pour le Fils de David (Ps 2, 7).
étonnamment Seigneur et cite l’oracle qui lui attribue de siéger à la droite de l’Éternel,
- Les écrits ultérieurs continuent de préciser encore les traits du Messie, du Fils de
- Zacharie : Le Fils de David (9, 9) sera « le compagnon de l’Éternel (13, 7), le berger en
la personne duquel l’Éternel lui-même peut se dire rejeté (11, 8ss), transpercé (12, 10)
par les siens52 ». Autant de textes qui s’appliquent directement à Jésus dans le NT.
Le Serviteur souffrant d’Esaïe est une nouvelle figure qui est présentée à l’attente
d’Israël. Plusieurs textes d’Esaïe sont à considérer : 52, 13-53,12; 42, 1s; 50, 4-11; 51,
16; 48,16.
mission à son égard (49, 6) et les contrastes sont aigus, « il est bien Israël (49, 3) mais
50 Blocher, p. 33.
51 Blocher, p. 33.
52 Blocher, p. 33.
26
dans ce sens qu’il remplit lui seul la vocation qu’Israël a trahie, qu’il est lui seul le Reste
pour le nouvel exode. « L’Esprit repose sur lui comme sur le nouveau David (42, 1/ 11,
2) et la même image du rejeton apparaît (53, 2/ 11, 1) ». C’est un serviteur qui « vient
Dans le livre de Daniel, il y a une figure spéciale qui mérite d’être considérée.
autre règne survint : « Quelqu’un ‘‘comme un fils d’homme’’ (kevar enas) s’avance vers
l’Ancien des Jours avec les nuées du ciel et reçoit la domination universelle et sans fin
(7, 13s)54 ». Dans le Nouveau Testament, cette figure prendra le nom abrégé de « Fils
de l’homme ».
Bruce, il serait même un leader des saints55. Les « quatre bêtes sont quatre rois (v. 17),
chaque royaume est résumé en quelque sorte par son monarque le plus glorieux (le
53 Blocher, p. 35.
54 Blocher, p. 36.
les nuées des cieux. « Les nuées des cieux » est un motif de divinité dans la théologie
vétéro-testamentaire. « La venue du fils de l’homme sur les nuées situe son apparition
non dans la catégorie de celles des anges, qui ne sont jamais revêtus de cette dignité
De plus, Daniel nous laisse comprendre que le fils de l’homme ne vient pas de
la terre, « tandis que les bêtes montent de la mer ; une venue avec les nuées peut
2, 34-35 : la petite pierre qui tient lieu de parallélisme synonymique au fils de l’homme
« se détache sans le secours d’aucune main », c’est-à-dire que son origine réside dans
Nous pouvons sans nous tromper affirmer que ce Fils de l’homme, cet Envoyé,
selon qu’il est présenté par Daniel, est divin. La même image se retrouve en Ézéchiel
1, 26. Daniel ne s’écarte pas de l’attente messianique qui traversait les livres de l’AT
avant lui (9, 2 : il ferait référence aux textes de Jérémie). « Le fils de l’homme est donc
bien le roi, sa fonction se recouvre avec celle du Messie, mais en lui donnant le titre
56 Blocher, p. 37.
57 Edmond Jacob, La théologie de l’Ancien Testament, p. 274 cité par Blocher, p. 37.
58 Blocher, p. 37.
59 Edmond Jacob, La théologie de l’Ancien Testament, p. 274s, cité par Blocher, p. 38.
28
2.4.1 L’attente qui traverse l’AT est simultanément attente de l’Éternel, YHWH : « le
salut relève de lui … il vient (Ps 96, 13 ; Es 35, 4 ; 40, 10 ; 62, 11 ; Za 2, 14...), il va
intervenir pour visiter son peuple, et ses ennemis, pour établir son règne et pour
manifester sa gloire. (Du côté de Dieu, il faut le signaler, les textes présentent parfois
l'Ange de l'Eternel, qui parait tantôt se confondre avec lui et tantôt se distinguer)60 ».
Les textes nous présentent une tension entre «l'espérance de la Visitation par
remplacer les bergers humains défaillants, puis annonce dans la suite du discours que
2.4.3. Dans l’AT, les lignes de la promesse convergent mais ne se rejoignent pas
On s’est donc rendu compte que dans le judaïsme, la tendance a consisté à faire des
60 Blocher, p. 38.
61 Blocher, p. 39.
62 Blocher, p. 39.
29
nationaliste et politique, dans la pensée majoritaire63 ». Est-ce cela qui fut à la base
été comprises dans le sens que nous leur avons trouvé64 ». On ne voyait pas dans la
souffrance du Serviteur une rédemption pour les fautes du prochain. C’est un aspect
aient attendu deux messies : un messie sacerdotal, dit d’Aaron et un messie laïc,
‘‘d’Israël’’.
Il faut attendre le Nouveau Testament pour que l’on voie comment toutes les
63 Blocher, p. 39.
64 Blocher, p. 40.
30
Les gens ont eu des perceptions différentes, voire même contradictoires de Jésus (Mt
16, 14). Ils reprochent à Jésus d’avoir tenu leur esprit en suspens quant à son identité
(Jn 10, 24). Les gens se butaient à la personne et l’œuvre de Jésus qui faisait cet
avertissement solennel : « Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de
enseignant. Son enseignement suscite l’étonnement (Jn 7, 46) et les questions qui
n’ont pas de réponse évidente. « Il parlait avec autorité et non pas comme les scribes »
(Mt 7, 29). Il fait l’usage d’un seigneurial « Mais moi je vous dis » qui lui donne au
moins rang de nouveau Moïse. Il a recourt à l’Écriture dont il souligne l’autorité; il n’en
conteste jamais l’autorité. Il s’y soumet lui-même et y découvre le chemin tout tracé
pour sa mission.
vérité je vous le dis », ce qu’on ne retrouve chez aucun prophète ou rabbin66. C’est une
formule qui remplace le « Ainsi parle l’Éternel » des prophètes. McDonald commente :
d’exorcismes. C’est un contraste avec Jean-Baptiste (Jn 10, 41, bien qu’il fut le nouvel
65 Blocher, p. 48.
66Selon Guthrie, on retrouverait un emploi liturgique à Qûmran. Cf. Donald Guthrie, New Testament
Theology, Leicester, I. V. P. 1981, p. 282, note 186.
67 H. D. McDonald, Jesus-Human and Divine, Grand Rapids, Zondervan, 1968, p. 58 cité par Blocher, p51.
31
Elie). Pour Christ, ses miracles sont des signes de l’accomplissement des temps (Mt 11,
5). Pourtant, il ne répond pas à la demande d’un miracle des pharisiens (Mc 8, 12). Il
fait des miracles, mais il n’en est pas friand. Pour lui, les miracles ne constituent pas le
chemin qui mène à la foi (Jn 4, 48). Quand il fait un miracle, très souvent, il interdit
-Dans son discours public, il privilégie le genre de la parabole. Les rabbins de son
temps le pratiquaient déjà. Mais Jésus les a beaucoup dépassés. C’était une façon
pour lui de mettre en lumière les vérités les plus profondes (Mt 13, 35). C’est aussi un
moyen pour lui de cacher ces vérités aux réprouvés (Mt 13, 10-16). On comprend
hommes, les pécheurs et les ‘‘petits’’ particulièrement (accent marqué chez Luc sur la
compassion pour les pauvres). Jésus fait figure de prophète, de héraut de ce futur
paraît tantôt future et tantôt réalité déjà présente69 ». Ce qui vient choquer et troubler
la prédiction du rejet, des souffrances, de la mort70 ». Pierre en sera scandalisé (Mt 16,
22).
68 Blocher, p. 51.
69 Blocher, p. 51.
Ce qu’aucun prophète avant lui n’a fait : « Jésus introduit sa propre personne dans le
message qu’il porte71 ». Cela est fait toutefois avec discrétion. « L’entrée dans le
Royaume se décide par rapport à lui (Mc 8, 38s; Mt 7, 21ss), il en dispose en faveur
des siens (Lc 22, 29)72 » avec la même autorité que celle du Père. Il attribue les clés du
royaume comme il veut (Mt 16, 19). C’est en lui que le royaume est déjà présent (Mt
12, 28; Lc 17, 21). Selon le fameux mot d’Origène, il est l’autobasiléia, le Royaume en
personne.
les péchés (Mc 2, 10). Il porte le salut chez les publicains et autres gens déconsidérés
(Lc 19, 9). Jésus ne fait pas que prêcher, il se prêche lui-même, avec une autorité si
naturelle et surnaturelle. Là encore les gens se demandent : mais qui est cet homme
voir agir, réagir, observer ses attitudes, ses relations, etc. Quand on a affaire avec
Dieu est celui de l’AT. Plus l’humain s’approche de Dieu, plus il prend conscience qu’il
n’est rien. Cette règle qui se confirme dans l’AT, est une règle de la piété biblique.
Jésus par contre ne laisse jamais deviner le moindre sentiment d’indignité dans la
présence de Dieu. Il fait l’expérience intime de la communion avec Dieu sans éprouver
71 Blocher, p. 52.
72 Blocher, p. 52.
73 Blocher, p. 52.
33
Nous le voyons mettre les standards moraux à leur plus haut niveau, et du
même souffle, il montre une compassion sans pareille pour les plus bas tombés; il
accepte l’hommage d’une prostituée. Il est en colère contre le péché, et il fait preuve
Il a une rigueur morale absolue, mais il ne vit aucun ascétisme. Il mange bien. Il
va dans les fêtes. Il fait même bonne chair avec les parvenus de l’argent malhonnête
D’une part, Il fait preuve d’humilité profonde et d’autre part il émet sur son
compte des prétentions exorbitantes. « Jésus donne l’image d’un modèle d’équilibre
et d’humilité, dont la paix intérieure rayonne du récit; quand il dit : « Je suis doux et
humble de cœur (Mt 11, 29) 74 ». On ne remarque rien de faux ni d’outré dans ses
paroles. En même temps, Jésus émet sur son propre compte des prétentions
exorbitantes; sans trop anticiper sur les autres études à venir où nous allons élaborer
sur sa divinité, soulignons quelques autres éléments : les comparaisons que Jésus fait
o Il ose se dire plus grand que le plus glorieux des rois d’Israël (Mt 12, 42)
o Il se dit plus grand que Jacob, plus grand qu’Abraham (Jn 4, 12-13; 8,
51-59).
Est-ce de la mégalomanie? Pour tout autre homme, on serait forcé de dire oui.
74 Blocher, p. 53.
75 Blocher, p. 54.
34
Messie qui est devenu pour lui comme un quasi nom propre. Le NT l’utilise
énormément pour Jésus. Nous l’appelons le Christ, mais Jésus a eu toutefois des
l’attribution du titre serait le fait de l’Église, plus tard76 ». Cette hypothèse est très vite
Certains auteurs avancent le fait qu’il y a une conviction très répandue chez les
juifs que nul ne peut se déclarer lui-même le Messie, mais seulement être déclaré tel
par Dieu, et le grand-prêtre, après qu’il aura accompli l’œuvre du Messie. Selon
Blocher, cette idée ne trouve aucun fondement dans l’AT et sa présence et sa diffusion
au temps de Jésus ne sont pas prouvées. Au contraire, contre ses adversaires, Jésus a
76 Blocher, p. 54.
77 « Elle ne s'ajuste pas aux phénomènes du texte. L'épisode de Césarée de Philippe, avec Pierre dénoncé
comme "Satan", n'a pas pu être fabriqué dans l'Eglise. L'entrée des Rameaux, à la signification messianique
indéracinable, événement si public et marquant dans les mémoires, a certainement eu lieu. La
condamnation par l'autorité romaine (elle-même présupposée par le mode d'exécution), et l'inscription sur
la croix, exigent que Jésus ait fait figure de prétendant à la royauté messianique. La réponse "Tu 1'as
dit" (Mt 26,64 ; cf.27, 11) est "affirmative quant au contenu et réticente ou circonlocutoire quant à la
formulation". », Blocher, p. 54.
35
de Messie pouvait être proclamé sur les toits. Matthieu 26, 63-4 : « Le ‘‘tu l’as dit’’
signifie « Je le suis, mais non pas forcément comme tu l’entends » et Jésus ajoute
- Le Fils de Dieu
Nous voyons dans le NT que le titre Christ et celui de Fils de Dieu vont de paire
dans plusieurs passages. Le grand-prêtre demande à Jésus s’il est le Christ, le Fils du
Dieu vivant; Pierre précisa qu’il est le Christ, le Fils du Dieu vivant; les démons que
Jésus fait taire l’appellent aussi Christ et Fils de Dieu. « S’agit-il d’un simple équivalent
fondé sur 2 Samuel 7.14? Dans la première confession de Nathanaël (Jn 1, 49), on ne
-Ce titre est fréquent dans les Évangiles NT pour parler de Jésus et très peu utilisé par
le judaïsme de l’ère chrétienne qui s’est montré fort réservé quant à l’emploi de « Fils
78 Blocher, p. 55.
80 Blocher, p. 57.
36
fragments de Qûmran.
-Jésus fait preuve de moins de réticences face à ce titre pour lui-même. Même s’il
rejette la publicité des esprits malins, « il se nomme lui-même le Fils (équivalent de Fils
de Dieu), et on l’en accusera (Mt 27, 43; Jn 19, 7); il accueille l’admiration qui s’exprime
par ce titre (Mt 14, 33), et c’est celui que le Père fait retentir du ciel au Jourdain et lors
- Pour Jésus, sa filialité avec le Père est unique. C’est pourquoi il évite
de jamais dire "notre Père" avec ses disciples (l'oraison dominicale est
une prière pour eux) : toujours soit "mon Père", soit "votre Père". La
forme 'abbà' que Jésus employait dans la prière était originale -même
si nous ne pouvons pas dire jusqu'à quel degré ; elle a frappé au point
que les chrétiens de langue grecque l'ont conservée, en araméen,
comme màranà'tà' (Rom 8,15 ; Ga 4,6). Contrairement à ce qui s'est
répété ad nauseam, ce n'est pas un mot du langage "bébé", des petits
enfants, mais il paraît bien évoquer le lien familial (alors que le "notre
Père" habituel connote plutôt la dignité, l'autorité, le statut). Jésus
voulait-il indiquer que son lien à Dieu était singulièrement familial,
naturel ? En Marc 13,32, Jésus se range, en tant que Fils, au-dessus des
anges, et dans la parabole audacieuse des vignerons homicides, au-
dessus de tous les envoyés de Dieu qui l'ont précédé (Mc 12,1-12) : la
différence des serviteurs au Fils, spécialement quant à leur lien au
Maître de la vigne, est une différence de nature et non pas de degré.
Jésus semble faire allusion aussi à cette sorte de différence dans sa
question sur le psaume 110,1 (voir surtout la formulation de Mt 22,42 :
"De qui est-il le Fils ?"). Dans le joyau qu'on trouve dans l'écrin de la
"Grande Jubilation", Matthieu 11,27, le Fils n'a pas seulement pleins
pouvoirs et rôle de médiateur : il est avec le Père dans une relation
réciproque, et il est avec le Père d'un côté, les bénéficiaires de la
révélation étant de l'autre !81.
81 Blocher, p. 58.
37
-L’évangile selon Jean va encore plus loin dans la compréhension du titre Fils de Dieu
pour Jésus. Il précisera le fait que Jésus soit de la même essence, de la même nature
que le Père. Il révèle la relation métaphysique ou essentielle qui existe entre le Fils et
son Père qui se traduit par l’unité de leur être (Jn 5, 18; 10, 30 ; 19, 7). Malgré ce que
tâtonnantes82 » (Jn 6, 41s; 7, 11, 26,31, 40; 8, 25,48; 10, 24; 12, 34). Certes, les leaders
percent pas moins le sens; ils déforment « tout dans le cadre rigide de leur théologie,
-La sagesse. Ce titre ne fait pas partie des plus connus parmi ceux que Jésus utilise
pour lui-même. En Luc 11, 49, Jésus s’appelle la Sagesse. Le parallèle de Matthieu 23,
ministère de Jésus3. Comme la Sagesse en Proverbes 1-9, Jésus envoie des messagers
; comme elle, il invite les hommes à son banquet (et en Jn 6, la nourriture qu'ils
elle, il doit essuyer le mépris et l'hostilité des pécheurs ; comme elle, il fait son propre
éloge (il n'y a pas d'autre parallèle, sauf les discours en première personne de YHWH),
et promet la vie à qui vient à lui. Toutes ces données pèsent d'un grand poids. Le
rendre compte. Mais si Jésus, par la sûreté systématique de ses démarches, montre
82 Blocher, p. 59.
-Le Fils de l’homme. C’est un titre dont s’est servi de façon régulière et sans ambages.
Selon Black, cité par Dunn, « c’est un titre fait pour voiler en même temps que pour
révéler85 ».
Qui est ce Fils de l’homme? Jésus a parlé du Fils de l’homme en référence à Daniel 7,
13 :
Plusieurs auteurs pensent que Jésus a inclus dans la notion le lien représentatif
Dans ses annonces de la passion, Jésus parle du Fils de l’homme (Mc 8, 31,
etc.). « C’est le Fils de l’homme qui est venu « pour servir et donner sa vie en rançon
pour une multitude » (Mc 10, 45). On pense que cette influence (souffrance et don de
sa vie du fils de l’homme) proviendrait non de Daniel, mais plutôt d’Esaïe (les chants
du Serviteur). La multitude dont il est question dans Marc 10, 45 est bel et bien celle
d’Esaïe 52-53. On croirait que la souffrance pour les fidèles en Daniel 7 a pu faciliter le
rapprochement, « que nul n'avait fait dans le judaïsme, entre le Serviteur souffrant et le
accomplie par Jésus, d'avoir réuni dans sa conscience ces deux vocations en
vie87". Nouveauté que même les disciples ont eu du mal à comprendre !88 ».
de son ascension où il était auparavant (Jn 3, 13; 6, 62). « Nous ferions valoir que cette
cette façon ; que l'absence de récit de vocation, et le choix de "venir" plutôt qu' "être
envoyé" favorise l'idée d'une venue "dans le monde" (Jn 18, 37); et, surtout, que la
description très ample de l'objet de la venue (Mc 10, 45 :"pour servir") englobe toute
la vie de Jésus, situant du même coup la venue à l'origine de son humanité, avec
préexistence89 ».
Il va sans dire que Jésus fut une énigme pour ses contemporains. Pour les
chefs religieux de son temps, selon la formule de Blocher, la seule façon d’éliminer
l’énigme était de l’éliminer en personne. Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts.
Les disciples après sa résurrection, et enseignés par l’Esprit vont comprendre que les
fils de l’Ancien Testament se tressaient en Jésus et que c’est en lui que le mystère se
noue ou au mieux se dénoue. Ils arriveront à la conviction que « c’est lui qui est le vrai
l’homme, le Serviteur, la Parole qui donne l’Esprit, la Sagesse90 ». Parmi tous les titres
87Oscar Cullmann, Christologie du Nouveau Testament, Paris / Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1958, p.
139, cité par Blocher, p. 63.
88 Blocher, p. 63.
89 Blocher, p. 64.
90 P. Benoît, « Préexistence et incarnation », Revue Biblique 77, 1970, p. 11 cité par Blocher, p. 65.
40
qui sont utilisés pour Jésus, celui de « Seigneur » paraît le plus central, au moins pour
la première génération.
-La victoire de Jésus sur la mort, (c'est-à-dire) sa résurrection revêt une importance
cardinale pour la foi chrétienne. Elle fut au centre des premiers discours apostoliques :
Christ n’est pas ressuscité des morts, notre foi est vaine, et nous sommes encore, et
sans espoir92 ». Le corollaire est aussi vrai : si Christ est ressuscité, tous les espoirs sont
permis. La grande lumière de la résurrection ne se fait pas dans le vide. Elle vient
droite du Père), les Quarante jours, et l'effusion du Saint-Esprit : l'Esprit est l'Esprit du
Ressuscité. D'autre part, elle ne prend son sens que du rapport avec ce qui précède,
-La résurrection peut être vue dans sa valeur de signe de l’approbation divine. Quand
Jésus fut arrêté, aux yeux du peuple et de ceux qui regardaient de l’extérieur, ce fut le
grand démenti à toutes ses prétentions. « On l’a condamné pour s’être dit le
châtiment qu’on inflige aux esclaves et aux terroristes. Cette humiliation mettait fin à
91 Blocher, p. 65.
92 Blocher, p. 65.
93 Blocher, p. 66.
94 Blocher, p. 66.
41
Quand Dieu ressuscite Jésus d’entre les morts, il vient casser le verdict terrestre
à son sujet et le confirme comme Fils de Dieu avec puissance et encore là, toutes les
ressuscite pas comme Lazare, le fils de la veuve, la fille de Jaïrus, etc. Ces derniers ont
connu de nouveau la mort. Dans le cas du Christ, ce ne fut pas qu’un sursis. « La
qualité de son corps montre que le « Christ ne meurt plus » et qu’il s’agit de la défaite
de la mort95 » de façon décisive. Il a déchiré les filets de la mort et se tint devant nous
comme Prince de la vie et du salut (Ac 3,15; Hé 2.) Il a dépouillé la mort de sa victoire
création. Comme il est sorti vainqueur de la mort, tous ceux qui mettent leur confiance
en lui, ressusciteront aussi à leur tour. « (Le symbolisme du Premier jour de la semaine,
valeur numérique de Ièsous, en grec, est 888). Le Prince de la vie est donc pionnier
d'une humanité re-créée, nouvel Adam et dernier Adam. D'autre part, il reçoit les
pleins pouvoirs (Mt 28,18, accomplissant Dn 7,14), dans le ciel comme sur la terre, il
siège sur le trône divin. Il est le Seigneur. En envoyant l'Esprit (qui est lui-même
principale serait que ‘‘Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez
crucifié’’ (Actes 2, 36). Il faudrait exclure l’idée que Christ serait devenu Seigneur ou
95 Blocher, p. 66.
96 Blocher, p. 67.
42
plénier de son règne messianique pour celui qui était Christ et Seigneur dès sa
"Seigneur" est ici lié au psaume 110 (Ac 2, 34s) ; son usage, en tête,
souligne que Dieu a confirmé la messianité céleste revendiquée par
Jésus. Il suggère aussi l'universalité de son empire, en accord avec
Daniel 7, 14 ("roi" s'emploiera davantage pour Israël, et "Seigneur"
pour le monde).3 Dès le jour de la Pentecôte, Pierre rapproche le texte
de Joël 3, 5, avec l'invocation du nom du Seigneur, YHWH, et
l'applique à Jésus-Christ (Ac 2, 21-38 ; cf. Rm 10, 13). Outre le
témoignage de l'historien Luc, les spécialistes donnent beaucoup de
poids à celui de la formule maranatha (màrànà'tà’; Notre Seigneur,
viens !) qui prouve l'emploi du titre Seigneur par le christianisme de
langue araméenne ; on trouve sans doute… on a découvert à Qûmran
deux cas où le mot est utilisé pour Dieu97.
urgente l'explication de la Croix : pourquoi Dieu a-t-il permis, et, dans un sens, voulu,
deviendra un titre pour Jésus (Actes 3, 13, 26; 4, 27, 30). On les voit citer largement le
texte d’Esaïe (Actes 8, 26-40; 1 Pierre 2, 21-25). Jésus paraissait suspect aux yeux de
beaucoup de gens. Dans ces oracles, les prédicateurs de l’Église primitive se sentaient
bien celui qui devait venir : « ils attirent l’attention sur le fruit de la mort de Jésus, le
97 Blocher, p. 68.
98 Blocher, p. 68.
99 Blocher, p. 69.
43
Nous voyons les discours des Actes des apôtres référer à Jésus-Christ comme
Étienne dans sa vision finale contemple Jésus qu’il appelle le Fils de l’homme
précise « son souci déclaré de rester en accord de doctrine avec « ceux qui furent
apôtres avant lui101 » (Ga 2, 2; 1, 17). Nous constatons chez lui la présence de tout un
matériel traditionnel (1 Cor 11, 23ss; 15.3ss; il fait usage de plusieurs formules
principe : ‘‘Celui qui fera ces choses vivra par elles’’103. Selon le système du judaïsme
pharisien, Jésus ne pouvait être autre chose qu’un imposteur. C’est pour cela que Paul
combattait la foi chrétienne avec tant de véhémence. Sa rencontre avec le Christ sur la
pharisien. Paul comprendra que Christ instaure par sa venue un nouveau régime. Ce
régime de la grâce « fait régner une logique radicalement différente. Dès Actes 13,
39, il proclame : ‘‘En lui quiconque croit est justifié de tout ce dont vous ne pouviez
être justifiés par la loi de Moïse’’104 ». Cela est possible à cause du sacrifice de Christ
justification, c’est le seul moyen d’éteindre les exigences de la loi divine; l’offre du
Dieu fait une ouverture extraordinaire aux païens puisque les différences humaines
s’estompent étant donné que juifs et non-juifs sont tous perdus sans le Christ. Tout est
Christ est Fils de Dieu, don de Dieu comme divin sacrifice et Dieu béni
éternellement. Pour être sauvé sans les œuvres de la loi, alors que les exigences
doivent toujours être respectées selon un principe de justice, il a fallu que quelqu’un
d’autre paye à notre place. Dans cette logique, le sacrifice de Jésus ou Jésus le
sacrifice devint pour nous le don de Dieu. Comme don de Dieu, il vint accomplir,
comme Fils de Dieu, ce dont les hommes ont toujours été incapables : la satisfaction
parfaite de la justice de Dieu. Il est don de Dieu pour nous essentiellement en ce sens
là. Dieu nous a donné son Fils pour nous sauver. Paul insiste sur ce titre. C’est lui qui
l’utilise pour la première fois dans le livre des Actes (9, 20); voir aussi (13, 32-33). La
devenu Fils de Dieu par sa résurrection. Parce qu’il est Fils de Dieu, Dieu l’a ressuscité
d’entre les morts. La même explication vaut pour Rm 1, 4. Paul associe beaucoup
Jésus comme Fils de Dieu, don aux hommes et le coûteux sacrifice que Dieu a
consenti en la personne de son Fils. Christ est le don coûteux de Dieu à l’humanité
(Gal 4, 4-5; Rm 8, 3). Ce Fils de Dieu pour Paul est de condition divine (Ph 2, 6) et Dieu
Christ est chef d’humanité. Pour prendre notre place et nous représenter, il a
fallu que Jésus soit humain comme nous. Il a dû être né d’une femme et sous la loi
(Gal 4, 4), et sans péché personnel. Son humanité est semblable à la nôtre, mais sans
solidarité avec Adam pour la perdition, ou en solidarité avec Christ pour notre salut.
« Ceux qui croient passent de l’allégeance ‘‘en Adam’’ à l’allégeance ‘‘en Christ’’, et lui
résurrection future107 ».
Christ est Seigneur. Paul a tendance à spécialiser ce titre pour le Fils, même
lorsqu’il cite des textes de l’AT ne portant que YHWH dans l’original, à quelques
exceptions près. En faisant cela, Paul nous invite à comprendre que « le Christ a pris la
Seigneur est à côté du Père (pour qui généralement le titre de Dieu est généralement
108 L. Cerfaux, Le Christ dans la théologie de saint Paul, coll. Lectio Divina, Paris, Cerf, 1951, pp. 352ss,
cité par Blocher, p. 73.
Dans ces passages, l’apôtre Paul met en avant la relation du Christ avec le croyant ici
Ces vérités au sujet du Christ que nous venons d’énoncer jusqu’à présent
vérités sur le Christ : le Christ en relation avec les croyants comme Seigneur et
préoccupe davantage de sa mise en place dans le cadre d’une vision plus vaste, et
théologique :
- Le facteur polémique. L’Église se devait de lutter très vite contre les hérésies
faisaient face.
dans la première période, nous avons quelques exemples de cela (Actes 17,
6).
Alors que Paul est en prison, il apprend que des hérésies ou fausses doctrines
l’œuvre du Christ pour mieux s’assurer de leur justification, mais prêchent d’autres
médiations en vue d’atteindre la plénitude (culte des anges (Col 2, 18), les
Pour Paul, « seule une vision étriquée, rétrécie, du Christ rend vulnérable à la
Paul précisera que Christ « n’est pas un simple intermédiaire, mais il est la
Christ a l’universelle primauté sur toutes choses (Col 1, 15-20). Dans son épître aux
Éphésiens, l’apôtre Paul abonde dans le même sens mais sans la dimension
dessein divin antérieur au monde s’y retrouve (2 Tim 1, 9, Tite 1, 1-4). Christ n’est pas
seulement l’intermédiaire entre Dieu et les hommes (1Tim 2, 5), il est aussi le grand
théos au Christ, comme en 2 Tim 4, 1; par exemple, nous pouvons dire : ce grand
de la Christologie. L’idée de médiation joue un rôle central (8, 6; 9, 15; 12, 24). « La
réalise dans son sacrifice ‘‘plus excellent’’, tient aussi à ce qu’il est : il l’emporte sur les
prêtres lévitiques mortels parce qu’il demeure éternellement (7, 24; cf. v. 16)115 ».
Christ est éternel dans les deux sens pré et post (7, 3 : il n’a ni commencement de
jours ni fin de vie). Jésus est aussi le grand-prêtre parfait parce qu’il fut en tout
anges est clairement établie. Si l’auteur parle sans équivoque de la nature humaine du
Christ, il ne laisse aucun doute quant à sa nature divine qu’il proclame avec puissance
au chapitre 1 établissant Jésus comme supérieur à tous les autres médiateurs : les
nature humaine et sa nature divine sont fortement soulignées. Jésus est le Prophète-
Jean rapporte onze utilisations par Jésus du titre Fils de l’homme pour lui-
même. La foule lui attribue le titre une fois (Jn 12, 24) ; ce qui fait douze usages du
certains traits de l’Ancien des Jours! Témoignage puissant sur leur identité d’être !119 ».
Fils de Dieu ou Fils apparaît extrêmement important pour Jean (21 fois dans la
johannisme. Ce qui concerne le Fils de Dieu ou le Fils et son rapport au Père revêt une
essentielle entre Jésus et son Père…120 ». Jean veut nous laisser comprendre que
L’Évangile
Pour indiquer la différence qualitative entre les hommes nés de l’Esprit par
grâce et Jésus, Jean réserve à celui-ci le nom de Fils (huios) et appelle ceux-là
(seul engendré).
la réalité d’autrefois, à savoir la manne, la vigne, etc., mais proclament aussi et surtout
sa divinité (Jn 8, 58). Jean nous apprend que les juifs étaient scandalisés par ses
Dernier avec le Père (Ap 1, 8; 22, 13; dans le titre divin, ‘‘Celui qui vient’’ ne peut guère
se rapporter qu’au Fils, dont l’Apocalypse annonce la Venue). Jean prend aussi le
temps de souligner l’humanité du Fils de Dieu, peut-être plus que tous les autres
évangélistes :
rapport à Jésus. La christologie est inscrite dans une vision trinitaire. Si Jean est le
Questions de réflexion
l’Ancien Testament.
- En quoi la conviction selon laquelle Jésus est le Messie promis dans l’Ancien
défi de leur temps et nous laissant en même temps un héritage théologique et un défi
de réflexion à poursuivre.
53
Pline le jeune présente les chrétiens comme ceux qui chantent ‘‘un hymne à Christus
comme à un dieu’’123. Ces chrétiens ont compris que la divinité du Christ est la
divines)
-Dieu. Nous précisons que le terme theos est beaucoup plus utilisé pour le Père que
pour le Fils. Toutefois, le témoignage des Écritures à cet effet est on ne peut plus clair.
Plusieurs passages importants vont utiliser ce nom pour Jésus qui le reçoit :
o Es 7, 14 cité par Mt 1, 23 ou Es 9, 5
Fils au même titre que le Père. Le logos éternel est Dieu avec Dieu.
On croirait que Théos (Dieu) serait moins fort que ho Théos (Dieu avec article).
Cette distinction n’apparaît pas dans le Nouveau Testament : Jean 1, 18 parle de Dieu
le Père, mais n’utilise pas l’article. « En accolant ‘‘Dieu’’ et ‘‘vers (auprès de) Dieu’’, Jean
unique124 » :
seul engendré… »
Actes 20, 28 : Alors que plusieurs manuscrits ont Seigneur, mais la critique textuelle
doit donner l’avantage à la leçon la plus difficile (Il est peu probable qu’un scribe ait
voulu introduire Dieu dans le texte pour signifier que Dieu a acquis l’Église par son
sang).
Romains 9, 5
Dans ses derniers écrits, Paul appelle plus souvent Jésus-Christ Théos (Dieu) dans des
formules composées qu’il semble alors goûter. Le texte le plus frappant est Tite 2, 13.
Tite 2, 13
« Un seul article étant employé pour les deux noms, il faudrait supposer une entorse à
Jésus-Christ qui est notre espérance et dont nous attendons l’apparition glorieuse (cf.
2 Tm 4, 8)125 ».
Hébreux 1, 8 : L’auteur de l’épître aux Hébreux, témoin d’une christologie bien mûrie
applique au Christ le titre de Théos, avec article, dans la citation qu’il fait du psaume
45 (Hé 1, 8s).
-Fils de Dieu : (Fils dans le sens de celui qui partage l’essence; Fils dans le sens
naturel. Les ennemis de Jésus avaient bien compris que Jésus se disait Dieu quand il
-Seigneur : C’est plus qu’une simple marque de respect appliquée à Jésus. Il rappelle
- « JE SUIS » Les attributs divins : Les attributs de l’essence divine, les qualités ou
plénitude de la divinité » (Col 2, 9). Le Père et lui sont un seul être, une seule essence
(Jn 10, 30). Il faut faire une distinction entre les attributs dits moraux et communicables
et les attributs non communicables. C’est sur la base des attributs non communicables
pensée)
- La création dans la Bible est l’œuvre exclusive de Dieu (Es 40, 14). Jésus est le
- Le salut dans l’Ancien Testament relève fondamentalement de YHWH. C’est lui qui
rachète son peuple. Dans le Nouveau Testament, l’auteur du salut éternel est Jésus (2
Cor 5, 19). Si Jésus n’était pas Dieu, notre garantie du salut serait limitée. Car
seulement Dieu peut nous faire connaître Dieu et nous assurer en Dieu. Si Jésus n’est
pas Dieu, alors qu’il donne sa vie pour nous sauver, le Père et lui doivent se partager la
gloire du salut. Si Jésus-Christ n’est pas Dieu, Dieu ne nous a pas démontré le plus
grand amour. Il n’est pas venu lui-même. Il ne connaît pas l’amour sacrificiel. En effet,
Le Dieu de la Bible est un Dieu jaloux. Il ne laisse pas de rival usurper une
fraction de sa gloire, et condamne tout culte offert à un autre. Il est assez significatif
que Jésus reçoive les mêmes gloires que le Père (Jn 5, 23).
À lui s’adresse l’adoration (Matthieu 14, 33; Jn 20, 28; Hé 1, 6). Apoc 19, 10
nous montre que même les êtres célestes glorieux refusent l’adoration.
À lui s’adresse la prière. On ne prie que Dieu seul. On trouve les chrétiens qui prient
- Les apôtres
- (Actes 2, 22; 1 Tm 2, 5)
- Paul développe le parallèle antithétique des deux hommes chefs d’humanité (1Cor
- Le titre « Fils de l’homme », malgré les résonances divines qui l’entourent en Daniel,
son origine céleste et non de la terre – points que nous avons déjà beaucoup
57
accentués – l’idée d’humanité n’est pas exclue. Jésus est l’homme127 par excellence »,
- « C’est le mot chair (sarx en grec) qui sert surtout pour la notion de nature humaine ».
- Connotations du terme
*Appartenance au monde
*Vulnérabilité et sensibilité
homoousios à moi’’).
passages frappants de Paul font l’amalgame des deux notions, mais jamais
127Les docètes (doketai, de dokein, sembler, paraître) réduisent l’humanité de Jésus à une apparence plus
ou moins inconsistante.
58
*Héb 5, 8
*Jésus-Christ a :
- un corps (Jean 2, 21; Matthieu 20, 28; Jean 10, 15,17; Matthieu 26, 26,
28) ;
* la faim (Matthieu 4, 2) ;
* l'amertume et la tristesse (Jean 11, 33, 38; Matthieu 26, 38; Jean 13, 21; 12,
27);
* Il a subi la tentation même, alors qu’il ne pouvait être tenté (Mt 4, 10; Héb 2,
17; 4, 15).
3.3.1. Le Fils de Dieu s’est incarné, il s’est fait homme (Jn 1, 14).
-Attestation scripturaire
* Il affirme qu’il est sans péché et met ses adversaires au défi de désigner en lui
* Les apôtres témoignent qu’il est le Juste sans péché (2 Cor 5, 21; Ac 3, 14; 7,
1Jn 3, 5). Il devait être pur pour s’offrir en sacrifice pour le péché. La vie de
tendance ou d’attitude.
Hébreu 4, 15 précise que Jésus a été tenté comme nous en toutes choses sans
à la tentation :
60
* « Puisqu’il est Dieu et que Dieu est inaccessible au mal (Jc 1, 13), puisqu’il est
inévitablement négative.
*Quel sens conserve donc le combat contre le tentateur si le Christ ne peut pas
dissout-il pas?
Pour lui, il n’y avait pas de possibilité de péché. Certains théologiens avancent
humaine. Nous pouvons affirmer que la possibilité de pécher pour Jésus ne fut
pas inclue dans le plan de Dieu. « Nos jugements sur le possible (lorsqu'il s'agit
-Paul l’appelle « Adam final », le second Adam (1 Cor 15, 45, 47, Rm 5, 12). Comme
chef d’humanité, dans son alliance avec Dieu, il engage les destinées de ceux qui lui
sont solidaires.
-Christ est second Adam ou dernier Adam, procédant directement de Dieu (1 Cor 15,
47; Hé 2, 11). Comme chef et représentant de la race, il a fallu que Jésus « se chargeât
solidairement avec eux, qu’il liquidât le contentieux, pour les conduire ensuite, après
* Une personne. Jamais, Jésus ne dialogue avec le Fils, comme il le fait avec le
« nous ».
*Deux volontés : la prière de Gethsémani le prouve (Mt 26, 39). Christ a une
*Activités. « Les actes sont de la personne par la nature : le sujet agit en mettant
a le sens d’« une action ou une œuvre complexe obtenue par le concours ou la
l’homme Dieu qui agit. Toutefois, une action théandrique peut faire appel à
l’une des deux natures ou des deux en même temps. Actions théandriques au
sens large et faible : elles relèvent des capacités d’une seule des deux natures.
Actions théandriques au sens fort et strict : elles sollicitent les capacités des
Calvin disait que « tout ce qui concerne l’office de Médiateur n’est pas
personne composée135 ».
-Sciences du Christ
132 Le terme « théandrique » vient de deux mots grecs : « Théos » qui veut dire Dieu et « andros » qui
signifie homme. Le terme en lui-même signifie du point de vue étymologique « divino-humain ». Il a été
initialement utilisé par un théologien du Ve siècle ap. J.-C. connu sous le nom du Pseudo-Denys
l’Aréopagite. C’est dans une de ses lettres au moine Gaïus qu’il s’est exprimé sur les actions théandriques
de Jésus-Christ. Il y dit que Christ n’était ni homme, ni non-humain. Bien qu'étant humainement né, il était
de loin supérieur à l'homme, et tout en étant au-dessus des hommes, il est cependant devenu vraiment
homme. Ce n’est pas en vertu du fait d’être Dieu qu’il a accompli des actions divines ou en vertu de ce
qu’il était homme qu’il a accompli des actions humaines, mais en vertu du fait d’être « Dieu fait homme »
qu’il a accompli quelque chose de nouveau parmi nous. Il s’agit des actions théandriques, c’est-à-dire en
tant que Dieu-homme. Somme toute, selon le Pseudo-Denys, l’action du Christ n’était ni simplement
humaine, ni simplement divine, mais divino-humaine ou théandrique. La difficulté avec cette théorie réside
non pas dans les affirmations de l’auteur, mais plutôt dans leurs implications par rapport à la nature de
Jésus-Christ qui semble être réduite à son interprétation monophysite. C’est la raison pour laquelle
plusieurs conciles locaux dont celui de Latran (649) n’ont pas hésité à condamner l’unique action
théandrique de Jésus-Christ pour privilégier ses deux opérations (humaine et divine). Cf. « Epistola IV »,
PG 3.1072, trans. Colm Luibheid, in Pseudo-Dionysius: The Complete Works, Classics of Western
Spirituality, New York, Paulist, 1987, 265. Voir aussi Coffey, D., « The theandric nature of Christ »,
Theological studies, vol. 60, no. 3, 1999, pp. 405-431; M. Messier, "Theandrisme," Catholicisme hier,
aujourd'hui, demain 14, Paris, Letouzey et Ane, 1996, col. 953-56.
133 Paul Galtier, L'Unité du Christ. Etre,... Personne,.. Conscience, Paris, Beauchesne, 1939, p. 271, cité
par Blocher, p. 201.
134 Calvin, Institution de la religion chrétienne II, 14, 3, cité par Blocher, pp. 201-202.
Il faut distinguer deux sortes de science dans le Christ : une science humaine
et une science divine. Ce qui est clair : L’homme Jésus fait une acquisition de
connaissance (Mc 11, 13). Nous voyons aussi certaines limitations dans la
d’envahir l’âme humaine de Jésus. La personne du Fils incarné semble s’être abstenue
de recourir à son omniscience divine dans le champ où elle déployait ses caractères
humains.
-Conscience de soi du Christ. Dans sa relation au Père, l’homme Jésus « s’est d’emblée
senti aimé comme étant le Fils par le Père ». Cette conscience immédiate s’est enrichie
3.4.1. La kénose
indépassable136 ».
- Objections au kénotisme
* Si le Fils de Dieu, Dieu le Fils a cessé d’être Dieu pendant un certain temps,
voilà un profond changement chez Dieu et Dieu ne change pas, c’est ce que
* Dieu ne change pas; sa nature ne change pas. Il est au-dessus des réalités qui
Si Dieu ne change pas, il est le Dieu vivant. La vie bouge. Dieu est capable
* Aimer selon l’Écriture, ce n’est jamais nier sa propre essence, mais c’est
*Christ a voilé la gloire qu’il avait auprès du Père (Jn 17, 5).
condition humaine sans tricher. Comprenons qu’il ne s’est pas amusé à faire des
une position tranchée sur cette question car même Blocher ouvre la voie à un
fallait s’enfuir en Égypte. Tous ces éléments confortent la thèse que sa naissance est
miraculeuse de sa naissance.
- Le Service : Dans Lc 22, 27, Jésus fait remarquer à ses disciples qu’il est au milieu
d’eux pour servir. Son service était empreint d’humilité. Il s’est rendu semblable aux
« Lc 2, 21). Il s’est entièrement soumis à la loi même s’il en a constamment réclamé une
autre interprétation. Toujours dans le sens de l’identification aux hommes qu’il vient
sauver, il s’est fait baptiser par Jean-Baptiste. En réalité il n’avait pas besoin de ce
baptême de repentance (Mt 3, 13-17). Son ministère est perçu sous l’angle de la
souffrance : lui-même dit qu’il n’a pas de lieu où reposer sa tête (Mt 8, 20); l’hostilité
contre lui allait croissant dans les rangs des juifs (Lc 4, 29; Jn 8, 59; 10, 31).
- La passion : Les souffrances endurées par Jésus et qui se sont soldées par sa mort
ont atteint une intensité hors du commun. Jésus a récapitulé toute la souffrance
par sa souffrance139. Il est mort de la mort la plus humiliante qui existait à son époque.
Les juifs considéraient comme maudit celui qui était pendu au bois tandis que les
romains réservaient la croix aux plus grands criminels. Sa passion était à la fois totale,
volontaire et pénale.
139 VoirHenri Blocher, La doctrine du péché et de la rédemption, Fac-étude, Vaux-sur-Seine, 1982-83, pp.
109, 148ss.
66
- Le Christ recueille le fruit de son œuvre, entre le premier dans le régime nouveau
s’asseoir à la droite du Père recouvrant sa gloire originelle. Cela est vécu dans les deux
« Tout œil le verra, même ceux qui l’ont percé ». Christ se manifestera.
Questions de réflexion
- Vous recevez la visite d’un Témoin de Jéhovah qui vous dit que Jésus était un
l’humanité ?
de la Personne du Christ ont surgi. Les apôtres ont été les premiers à s’opposer
vigoureusement à ces déviations. Le ton polémique de l’apôtre Paul dans son Épître
aux Galates met en relief sa détermination à réduire au silence les judaïsants qui
annonçaient « un autre évangile ». Dans son Épître aux Colossiens, il s’est élevé contre
67
les germes du gnosticisme qui dénaturaient le Christ des Écritures dans cette Église.
L’apôtre Jean a aussi combattu de son côté pour restaurer l’image du vrai Christ
seul dénominateur commun qu’on pourrait noter, pour ce qui est de l’identité de
Jésus-Christ, c’est qu’ils enseignent un Jésus dénaturé, différent de celui qui est révélé
partant de leur manière de présenter le Christ. Nous pouvons identifier trois pôles
essentiellement comme un homme. Toutes les sectes qui nient la divinité de Jésus le
siècle. Il enseignait que Jésus était un homme qui ne différait en rien des autres
humains. Il est né comme les autres, d’un père nommé Joseph et d’une mère nommée
Marie. C’est seulement à son baptême que le Christ vint sur lui sous la forme d’une
colombe. La venue de Christ sur lui a fait de lui le « Fils de Dieu ». Le Christ habita en
140Stuart Olyott est favorable à une telle répartition. Cf. Stuart Olyott, Fils de Marie, Fils de Dieu :Ce que
la Bible enseigne sur la personne de Christ, Cedex, Europress, 1988, p. 116.
68
tant qu’homme sur la croix. L’apôtre Jean a connu personnellement Cérinthe et l’a
est peu connue. Tertullien suggère que cette secte tire son nom d’un certain Ebion,
mais il se peut que ce nom ait été donné à la secte à cause de la vie de pauvreté et
« pauvre ». Au deuxième siècle de notre ère, les adeptes de cette secte étaient connus
que Jésus n’était qu’un homme comme tous les autres. Sa naissance n’était pas
miraculeuse mais il a quand même bénéficié d’une assistance divine par le Saint-
Esprit. Suite à son obéissance parfaite à Dieu, il a été élevé par ce dernier et a reçu les
systématique avec Théodote de Byzance vers 190 ap. J.-C. Ce dernier formula une
considérait que comme un homme ordinaire. C’est seulement à son baptême que
Jésus aurait été adopté comme « Fils de Dieu », lorsque Dieu a cité les paroles du
Psaume 2, 2. Stuart Olyott souligne que cette hérésie a réapparu au cours de l’histoire
sous le nom de Soniciens, un groupe qui s’est fait un renom au seizième siècle. Les
Unitaires qui subsistent encore aujourd’hui défendent les mêmes hérésies que les
ébionistes142.
Les aloges étaient très proches des ébionistes dans leur doctrine du Christ.
Sous la direction d’un prêtre romain nommé Gaïus, ils s’opposaient radicalement à la
141 Depuis Schleiermacher et Neander, les critiques défendent ce point de vue, bien que par le passé les
historiens pensaient que l’apôtre Jean s’en prenait aux docètes.
142 Olyott, p. 118.
69
Leur attitude vis-à-vis du Logos leur a valu de la part de leurs adversaires le nom
Même si ces hérétiques soulignent la descente du Verbe sur Jésus ou bien une
certaine divinité dont il aurait bénéficié, ils maintiennent leur négation de la divinité
de Jésus-Christ car s’il est Dieu, il le serait de toute éternité et non à un certain
moment de son histoire tant il est vrai que d’une part, on ne peut devenir Dieu, et
reconnaissent une certaine préexistence qui toutefois est loin d’être éternelle. C’est
début du quatrième siècle. Arius s’est élevé contre son évêque qu’il accusa de
sabellianisme143 à cause de l’unité entre le Père et le Fils que celui-ci confessait. Arius
a recruté des adeptes jusque dans la cour impériale, car la sœur de l’empereur
Constantin adhérait à cette doctrine. Arius est parti du fait que les païens admettent
l’existence de plusieurs dieux. Si les chrétiens tiennent Jésus-Christ pour Dieu, ils
ouvrent une porte à une accusation justifiée, car ils ne seraient pas loin des
en s’appuyant sur des textes comme Jean 14, 28 ou encore Proverbes 8, 22. Dans son
souci de considérer Dieu comme unique et éternel, il dit que Dieu a fait « Fils unique »
la première de ses créatures et l’a placé au-dessus de toutes les autres créatures. Par
son intermédiaire, le Dieu éternel a fait venir à l’existence toutes les autres créatures. A
143 Le sabellianisme définit Dieu comme une unité absolue. Selon cette hérésie, Dieu le Père, le Fils
ressuscité et le Saint-Esprit sont différentes modes ou aspects de l’unique Dieu. Par conséquent, les trois ne
sont pas des personnes différentes. Dieu est une monade, une unité indivisible. Ainsi le même Dieu s’est
manifesté en tant que Père dans la Création, en tant que Fils dans la rédemption des hommes et en tant que
Saint-Esprit dans la sanctification. Suivant la théorie sabellianiste, c’est Dieu lui-même qui est mort sur la
croix. Cette hérésie est une opposition radicale à l’idée de la Trinité. Cf. Pier Franco Beatrice, “The Word
"Homoousios" from Hellenism to Christianity”, Church History, Vol. 71, No. 2 , 2002, pp. 251-253.
70
un concile qui se tint à Nicée. Deux personnes jouèrent un rôle important au cours de
évêque, nommé Athanase. Après des débats houleux sur la Personne de Jésus-Christ,
l’orthodoxie triompha et l’arianisme fut stigmatisé. Arius et les évêques qui refusèrent
de signer la formulation de Nicée furent exilés. La lutte ne s’arrêta pas à ce concile car,
une fois devenu évêque et patriarche d’Alexandrie, Athanase poursuivit son combat
contre l’arianisme, qui était loin d’être réduit au silence, en s’appuyant sur les données
l’orthodoxie, Athanase fut cinq fois forcé à l’exil mais il ne baissa à aucun moment les
mais sous un autre nom, car les mêmes erreurs sont défendues par ceux qui se font
Jésus-Christ n’est pas Dieu au sens plein du terme, pour un autre groupe, c’est plutôt
Dans les premiers temps de l’Église, presque tous les groupes qui ont refusé
est un système qui est le fruit d’un syncrétisme d’éléments religieux et philosophiques.
mal. Étant Esprit, donc bon, Dieu ne peut pas entrer en contact avec la matière qui est
mauvaise. Pour cela, il a créé des êtres intermédiaires appelés « éons », dont Jésus
serait le premier, dans le but d’avoir un lien avec le monde. Dès lors, la nécessité de
l’incarnation devient une simple illusion dans la mesure où, étant esprit, il est
s’installer à Rome où il intégra l’Église locale, il avait mené une vie aisée à Byzance. Sa
générosité lui gagna la faveur de beaucoup de personnes, ce qui était un atout non
peu plus tard de l’Église (144 ap. J.-C.) pour fonder une Église rivale. Sa christologie
était basée sur des idées gnostiques. Il considérait le démiurge ou le Dieu créateur
être mauvais. Le Dieu bon qu’il oppose au démiurge a pour sa part envoyé Jésus-
Christ comme sauveur. Marcion adhérait à une christologie docète. Il enseignait que
Jésus-Christ est venu sur terre sans être né; et le corps dans lequel il est apparu n’était
qu’un corps apparent et non réel en s’appuyant sur des textes comme Luc 4, 30 et
72
Romains 8, 3. Point n’est besoin de dire qu’il niait catégoriquement l’incarnation du Fils
de Dieu146.
gnosticisme. Le terme docétisme nous provient d’un terme grec dokein qui signifie
« sembler », « paraître ». Le Christ des docètes est un être céleste qui n’a pas connu
une humanité réelle. Stuart Olyott décrit le Christ des docètes en ces termes : « Il
semblait être un homme, mais ne l’était pas. Son humanité n’avait pas d’existence
substantielle. Cela ne représentait rien de plus qu’une simple vision, une illusion par
ne mourut »147.
matière mauvaise que les docètes ont déduit que la vie humaine de Jésus-Christ se
Jésus-Christ comme relevant d’une utopie pure et simple. Son corps n’est à considérer
que dans le sens d’une hallucination ou d’un fantasme. Pour les docètes, Jésus-Christ
est apparu dans la stature d’un adulte dans un corps purement spirituel. Cette
« hérésie » a fait du mal à l’Église du premier siècle mais fut censurée par les
représentants de l’orthodoxie.
L’influence néfaste du gnosticisme ne s’est pas limitée aux premiers siècles qui
ont suivi la naissance de l’Église, car cette hérésie a resurgi sous une autre forme dans
structure théologique de la Science Chrétienne, et c’est Mme Eddy qui s’est faite
l’existence d’un Dieu personnel. Le Dieu de la Science Chrétienne est défini comme
146 La doctrine de Marcion a suscité de vives réactions dans l’Église. Polycarpe qui connaissait
personnellement Marcion l’appelait « le premier-né de Satan », B. K. Kuiper, l’Église dans l’histoire.
Perspectives Réformées, s. d. p. 35. Justin Martyr et Tertullien ont combattu la doctrine de Marcion par
leurs ouvrages respectifs intitulés Contre Marcion.
147 Olyott, p. 119.
148 Walter Martin, Le monde des sectes, Miami, Vida, 1989, p. 443.
73
intelligence » par Mary Baker Eddy149. Si Dieu n’est pas personnel, il s’ensuit que Jésus
Jésus-Christ ressortent clairement dans les écrits de Mary Baker Eddy. Elle dit que « le
Christ spirituel était infaillible; Jésus, en tant qu’homme matériel, n’était pas le
Christ 150». Cette déclaration permet de comprendre que pour cette secte, Jésus-
Christ n’avait pas de nature humaine, il n’était qu’un être spirituel. Mary Baker Eddy,
elle, concevoir l’incarnation c’est oser limiter Dieu et tenter en même temps de le
diviser alors que Dieu ne peut être ni limité, ni divisé. C’est ainsi qu’elle déclare : « Une
pas davantage être reflétée par un seul homme, autrement Dieu serait manifestement
fini, Il perdrait son caractère déifique et deviendrait moindre que Dieu 151 ». S’il n’y a
pas eu incarnation, cela veut dire que la naissance virginale du Fils de Dieu conçu par
d’autre qu’un idéal, un principe divin. Elle nous présente un « Jésus gnostique, une
idée, un principe »152 mais pas Emmanuel c’est-à-dire Dieu avec nous. La position de
humaine qui ne relève selon elle que de l’illusion. Jésus ne ferait pas exception à la
149Mary Baker Eddy, Science et santé avec la clef des Écritures, Massachusetts, The First Church of Christ,
Scientist, 1989, p. 587. Voir aussi pp. 113, 115.
150 Mary Baker Eddy, Ecrits divers, p. 84, cité par Walter MARTIN, p. 443.
151Mary Baker Eddy, Science et santé et avec la clef des Écritures, Massachusetts, The First Church of
Christ, Scientist, 1989, p. 336.
152 Martin, p. 444
74
règle en venant en chair et en os153. Si Jésus n’a pas assumé la nature humaine, cela
veut dire qu’il n’y a pas eu de sang expiatoire versé sur la croix. D’ailleurs la Science
des péchés. Mary Baker Eddy dit avec un brin d’ironie que « le sang matériel de Jésus
n’était pas plus efficace pour purifier du péché quand il fut versé sur le « bois maudit »
que lorsqu’il coulait dans ses veines alors qu’il était chaque jour occupé aux affaires
groupes hérétiques qui déclarent que Jésus n’est pas venu en chair et en os. En
ce n’est qu’une partie des éléments constitutifs de l’être humain qui est méconnue.
lui fit défaut et porta atteinte à son grand savoir. En prenant pour base une
un corps humain, une âme animale mais il était dépourvu d’un esprit humain. A la
place de l’esprit humain qui est le siège du péché, Jésus - Christ aurait eu le Logos. Il
dernier nous est dépeint avec une humanité tronquée. C’est la raison pour laquelle le
153 Nous aurions pu classer cette secte aussi dans la catégorie des sectes qui nient la divinité de Jésus, car en
plus de la négation de l’humanité de Jésus, elle ne reconnaît pas Jésus-Christ comme Dieu. Il n’y a qu’à se
référer à cette déclaration de Mary Baker Eddy pour voir clairement son opposition à la divinité de Jésus-
Christ: « Le Chrétien qui croit au premier commandement est monothéiste. Ainsi virtuellement il est
d’accord avec la croyance du Juif à un seul Dieu et il reconnaît que Jésus-Christ n’est pas Dieu, ainsi que le
déclara Jésus-Christ lui-même, mais qu’il est le Fils de Dieu ». Eddy, Science et santé, p. 361. Le Jésus de
la Science Chrétienne n’est donc ni Dieu, ni homme, mais une abstraction.
154 Eddy, Science et santé, p. 25.
75
jettent la lumière sur le Jésus des sectes qui est soit un simple homme dépourvu de
nature divine, soit un être céleste sans corps ou encore une simple abstraction qui
peut être soit une « idée » ou un « principe ». Il nous reste maintenant à voir le dernier
point de convergence.
d’autres au contraire ont identifié en lui une seule personnalité mais en réduisant les
deux natures en une seule. Plusieurs hérésies de ce genre ont troublé l’Église des
premiers siècles.
de Mopsueste (350-420 ap. J.-C.). Ce dernier avait le souci d’écarter toute confusion
entre les deux natures de Jésus-Christ, mais dans ses explications, il donnait
soutenait par exemple que c’est seulement la nature humaine de Jésus qui a souffert
sur la croix mais pas ses deux natures. Henri Blocher dit à son sujet que « malgré ses
un peu de circonspection, ce ne sera pas le cas pour son disciple Nestorius. Parvenu
155 L’expression union hypostatique désigne l’union des deux natures du Christ, à savoir la nature humaine
et la nature divine.
156 Blocher, Christologie, fascicule 1, p.108.
157 Il a été patriarche de Constantinople de 428-431 ap. J.-C.
76
Jésus-Christ, ni de son humanité, mais il tenait à maintenir ses deux natures séparées.
très poussée entre l’humanité et la divinité de Jésus-Christ a débouché sur l’idée que
Jésus aurait deux personnalités différentes. Ainsi pour Nestorius, les deux natures du
divinité.
natures ne font pas de lui deux personnes, mais une personne ayant deux natures
dans l’Église, l’empereur Théodose II convoqua un concile à Ephèse (431 ap. J.-C.)
huitième siècle, une forme de nestorianisme mitigé, dont les tenants étaient
expliquer les deux natures de Christ mais comme cela lui paraissait difficile, voire
impossible, il s’accrocha à l’idée que Jésus-Christ était Fils de Dieu quant à sa nature
défense de la foi discréditée par l’hérésie de Nestorius, mais pour tomber lui aussi
dans une autre hérésie. Dans son effort de défendre l’union des deux natures, il a fini
par les considérer dans un sens abstrait et déclara que Jésus-Christ avait une seule
158Il semble que suite à son exil, Nestorius a modéré sa position vis-à-vis de l’union hypostatique en se
rapprochant de l’orthodoxie. Cf. Blocher, p. 109.
77
probablement dans le sens qu’elle est transformée par la divinité » 159. Eutychès fut
qui confessaient pour leur part les deux natures du Christ se réalisant dans une seule
personnalité, quelques-uns de ceux qui avaient été condamnés optèrent pour une
doctrine subtile en reconnaissant les deux natures de Jésus-Christ mais avec une
(625-638) défendaient aussi cette doctrine, ce qui donna lieu à une controverse dans
l’organisation d’un concile se fit sentir et il fut convoqué à Constantinople (680 ap. J.-
C.). Cette doctrine appelée monothélisme fut dénoncée comme hérétique ainsi que
tous ceux qui la confessaient. Le Pape Honorius fut condamné comme hérétique à
Nous nous sommes largement inspirés, dans ce survol, du passé pour peindre
le Jésus des sectes mais nous ne pensons pas qu’il y ait anachronisme dans la
mesure où tout au long de ce développement, nous nous sommes rendu compte que
les hérésies du passé ont fait résurgence sur la scène de l’histoire en changeant
simplement de nom. Les sectes du passé ou modernes nous présentent un Jésus qui
n’est pas égal au Dieu Créateur. Il est soit un être angélique, soit un être humain
ordinaire qui ne s’est fait remarquer que par sa piété, soit un être angélico ou divino-
humain dont l’union des deux natures aurait fait de lui deux personnes différentes ou
une seule personne avec une seule nature, une seule volonté ou enfin une simple
panthéon. Admettre son humanité, pour celles qui ont surtout été influencées par le
gnosticisme, c’est un non sens car l’esprit qui est bon ne peut ni s’incarner, ni se
transformer en matière qui est mauvaise. Le Jésus des sectes tel que nous venons de
l’examiner est différent et strictement inférieur à celui de l’Écriture qui est une
Personne en qui coexistent une nature parfaitement divine et une nature parfaitement
humaine unies entre elles « sans (qu’il y ait) confusion, transformation, division,
séparation » comme l’ont si bien confessé les Pères de Chalcédoine. Walter Martin
affirme avec raison: « Le Jésus ... de toutes les sectes n’est autre qu’une caricature du
Questions de réflexion
christologiques.
- Un adepte de la science chrétienne vous accoste dans la rue et vous dit que
L’onction prophétique n’est mentionnée que pour Élisée (1Rois 19, 16). Les
prophètes étaient toutefois des oints (Psaumes 105, 15). Le prophète est celui qui
révèle Dieu. Il parle pour Dieu. Le Christ par contre parle comme Dieu. Il révèle Dieu
en se révélant lui-même. Il est Dieu avec nous. Lors de son ministère terrestre, la foule
le tenait pour un prophète (Lc 7, 16; Mt 21, 11). Il s’est refusé de réfuter cette thèse. Au
catégorie des prophètes. Dans Mt 13, 57, en se référant à lui-même, il affirme qu’un
prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans Lc 13, 33, en pensant à sa
prochaine mort, il affirme qu’il n’est pas convenable qu’un prophète périsse hors de
prophétie d’Esaïe (Lc 4, 17ss/Es 61, 1). L’auteur de l’épître aux Hébreux confirme que
Jésus est le point culminant de la révélation de Dieu par les prophètes (He 1, 2). Le
Testament reprendre le refrain « Ainsi parle l’Eternel ». Jésus qui est l’incarnation de
Dieu, donc la révélation de Dieu aux hommes dit : « mais moi je vous dis » (Mt 5, 22 ;
5,28 ; 5, 34 ; 5, 39 ; 5, 44 ; Jn 15, 16). Dans la réalité, Jésus est plus qu’un prophète car
il est le Logos de Dieu (Jn 1, 1), il est le Fils de Dieu (Jn 3, 16), il est Dieu parmi les
Les sacrificateurs dans l’Ancien Testament étaient oints pour entrer en fonction
(Ex 30, 30; 40, 15; Lv 10, 7. Le sacrificateur était considéré comme l’officiant des
choses sacrées. Il s’occupait des « choses saintes ». Ils avaient aussi la responsabilité
d’instruire le peuple dans les voies de Dieu en lui enseignant la loi (Jr 18, 18; Ml 2, 6s).
Il relevait aussi de leur compétence de consulter Dieu à travers les Ourim et Toumim.
sacrificateur entrait une fois par an dans le lieu très saint pour expier les péchés du
rôle que Jésus a joué comme sacrificateur. Jésus y est appelé le souverain sacrificateur
comme Aaron dans le désert (He 5, 4ss). Jésus joue son rôle de souverain sacrificateur
en présentant à Dieu non pas le sang des animaux, mais son propre sang. Il est à la
80
fois le sacrificateur et la victime expiatoire. Ce faisant, il mit un terme au sacrifice car lui
il est mort une fois pour toutes (He 10, 1-12). Sachant que la présentation du sang à
Dieu par le souverain sacrificateur est une forme d’intercession, Jésus a assuré
l’œuvre de Jésus-Christ à celle de Melchisédek, cet être sans généalogie qui est le
Vingt-neuf fois sur trente-neuf dans l’Ancien Testament, l’oint (Christ) est un
monarque. C’est donc sans surprise que le roi de Juda ou d’Israël est appelé « oint de
YHWH ». Il est juge et berger du peuple de Dieu (2 S 5, 2; 24, 17; Ps 78, 71s). Il joue ce
rôle comme délégué de YHWH qui est le véritable berger de son peuple (Ex 15, 18; Ps
80, 2; Nb 23, 21; Dt 33, 5). Les psaumes royaux vont au-delà des rois contemporains
aux psalmistes pour décrire l’idéal du roi qui est à venir. Il y est question de celui qui
incarnera le roi idéal selon le cœur de YHWH. Cette espérance est présente chez les
(Lc 1, 32ss; Mt 1, 23). La foule qui suivait Jésus confirme cela (Mt 9, 27; 12, 23; 15, 22;
20, 30). Son entrée triomphale à Jérusalem illustrant sa proclamation comme roi
Mc 11, 10; Lc 19, 38; Jn 12, 13). Il est donc sans surprise que la résurrection et
36). Avant son ascension, il avait déjà réclamé l’autorité universelle lorsqu’il dit à ses
disciples qu’il a reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre (Mt 28, 18//Da 7, 14). Les
l’Apocalypse lui reconnaît le titre de « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (17, 14;
19, 16). Sa royauté est une royauté absolue. Non seulement elle est infinie, mais sa
nature et son style diffèrent de ceux des autres monarques (Jn 18, 36).
81
Jésus-Christ exerce son autorité royale sur son Église à travers son Esprit et sa
Parole (Ac 15, 28; 1 Cor 14, 37s; 2 Cor 13, 2s). Il règne dans son Église dont il est la
tête. D’ailleurs les juifs ont tôt fait d’accuser les chrétiens d’adorer Jésus comme roi (Ac
17, 7). Mais il convient de souligner que son règne ne se limite pas à l’Église. Comme
souligné plus haut, lui-même a dit à ses disciples qu’il a tout pouvoir dans le ciel et sur
la terre. L’apôtre Paul y revient dans son épître aux Philippiens 2, 9-11 où il dit : « C'est
pourquoi aussi Dieu l 'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus
de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre
et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus -Christ est Seigneur, à la
gloire de Dieu le Père. » Aucun autre nom n’est comparable à celui de Jésus-Christ. Il
est unique. Lui seul est le Sauveur. Lui seul est le Christ oint par Dieu en personne (He
1, 4). Lui seul est le Fils de Dieu. Son rang, ses titres, sa dignité sont au-dessus de ceux
des autres. Son exaltation fait de lui le Roi et le Messie du ciel. C’est d’ailleurs ce sur
quoi l’apôtre Pierre insistait le jour le la Pentecôte pour convaincre les juifs de l’autorité
de celui qu’ils ont fait crucifier (Ac 2, 33). La souveraineté de Jésus-Christ est aussi
exprimée avec force dans Éphésiens 1, 20-22 qui stipule : « Il l'a déployée en Christ,
en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes,
dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent,
mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et il l'a donné pour chef
suprême de l’Église » est assis à la droite de Dieu et il a autorité sur toute puissance ou
dignité dans ce siècle et dans le siècle à venir. L’Église jouit du soutien de Celui qui est
son chef (Jn 17, 2). L’Église peut être fière d’avoir pour chef Celui qui contrôle et
soutient tout l’univers. Tous les éléments de la nature, les éléments physiques, les rois
et les dirigeants des nations, l’armée des cieux, même les anges déchus sont sous son
contrôle. Rien de ce qui existe n’échappe à son contrôle (Ps 8, 6; Mt 28, 18).
82
Bibliographie
BRUCE, F.F., Jesus and Christian Origins Outside The New Testament, Grand Rapids,
Eerdmans, 1977.
CERFAUX, Lucien, Le Christ dans la théologie de Saint Paul, coll. Lectio divina ; Pa r i s ,
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CHOPIN, Cl., Le Verbe incarné et rédempteur, coll. "Le Mystère chrétien" ; Tournai,
Desclée, 1963.
CRAIG, Samuel G. (ed.), The Person and Work of Christ, Philadelphie, Presbyterian and
Reformed, 1950.
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1939.
HENGEL, Martin, Jésus, Fils de Dieu, coll. Lectio divina ; Paris, Cerf, 1977.
HENRY, Carl F. (sous dir.), Jesus of Nazareth, Saviour and Lord, Londres, Tyndale,
1966.
1976.
McDONALD, H.D., Jesus - Human and Divine, Grand Rapids, Zondervan, 1968.
Excelsis, 1999.
Biblique, 1983.
THIESSEN, H. C., Esquisse de théologie biblique, Paris, Ed. Farel et Béthel, 1985.
Table des matières
Introduction 3
1. Considérations préliminaires 5
1.1. La christologie devrait-elle occuper toute la place en théologie? 5
1.1.1. Karl Barth 5
1.1.2. Selon la théologie biblique 6
1.2. Trois questions essentielles qui président à la bonne étude de la doctrine du Christ: 6
1.2.1. Le lieu de la christologie 6
1.2.2. La méthode 6
1.2.2.1. Christologie d’en-haut, assumo, c’est-à-dire descendante et déductive. 7
1.2.2.2. Christologie d’en-bas, ab imo, ascendante (plus ou moins inductive). 7
1.2.2.3. La combinaison des deux mouvements ascendant et descendant. 8
1.2.2.4. Quelle approche préconiser pour arriver vraiment à une compréhension exacte de Jésus-Christ?
8
1.3. Les prémisses ou présupposés 9
1.3.1. L’approche humaniste centrée exclusivement sur la raison de l’homme moderne 9
1.3.2. L’approche qui croit à l’inspiration des Écritures 9
2.3. L’Écriture : la clé de l’interprétation du Christ 10
2.3.2. Remarques importantes de Blocher 10
2. Le discernement de Jésus-Christ dans l’histoire. La révélation progressive par la Parole de Dieu. 12
2.1. L’orientation du Tanak vers le Christ 12
2.1.1. L’affirmation par le Nouveau Testament 13
2.1.2. Les modalités de la référence 13
2.1.2.2. Les événements, les institutions, les hommes, sont des préfigurations du Christ ou l’ombre des
choses à venir, des exemples. 14
2.1.2.3. L’Ancien Testament fait référence au Christ sur le mode prédictif, dans des oracles qui l’annoncent
d’avance. 14
2.1.3. L’objectivité de la disposition15
2.1.3.1. L’interprétation christologique n’est pas plaquée « par la foi » sur des documents qui ne la
réclameraient pas eux-mêmes. 15
2.1.3.2. L’objectivité textuelle du sens christologique dégagé par Jésus et les apôtres signifie que leur
lecture est pour nous normative. 16
2.1.4. L’enjeu de la thèse (la venue du Christ est préparée dans l’Ancien Testament) 16
2.1.4.1. C’est à partir des paroles de Jésus et de l’Ancien Testament que les disciples ont compris ce que
Jésus était et faisait. 16
2.2. Les indices repérables 19
2.2.1. La place des prédictions. 19
2.2.2. L’insuffisance de l’externe 20
2.2.3. La théologie du Reste 21
2.2.4. Les dualités d’inachèvement 21
2.2. Les formes principales de la promesse 22
2.3.1. La semence et le Prophète 22
2.3.1.1. La semence 22
2.3.1.2. Le nouveau Moïse 23
2.3.2. Le Fils de David 24
2.3.3. Le Serviteur souffrant 25
2.3.4. Le Fils de l’homme 26
2.4. Remarques importantes 28
2.4.2. L’aporie des dualités est très présente 28
2.4.3. Dans l’AT, les lignes de la promesse convergent mais ne se rejoignent pas 28
2.5. Le témoignage apostolique 29
2.5.1. L’énigmatique Yesûa de Nazareth 29
2.5.2. L’énigme de l’enseignement 30
2.5.3. L’énigme de la personnalité 32
2.5.4. L’énigme de la référence à soi 34
-Le Christ ou le Messie 34
2.6. Le seigneur justifié par l’Esprit 39
2.6.1. La portée de la résurrection 40
2.6.2. La prédication primitive 41
2.6.3. L’approfondissement paulinien 43
2.7. Le Fils éternel incarné : deuxième phase 46
2.7.1. La célébration du Mystère dans les dernières épîtres de Paul. 47
2.7.1.1. L’Épître aux Colossiens et aux Éphésiens 47
2.7.1.2. Les lettres à Tite et à Timothée 48
2.7.1.3. La théologie raffinée de l’Épître aux Hébreux 48
2.7.1.4. Le témoignage du théologien 49
3. La constitution de la personne : les deux natures de l’unique Fils 52
3.1. La divinité de Jésus-christ : preuve biblique 53
3.1.1. Les noms divins 53
3.1.2. Les œuvres divines 55
3.1.3. Les honneurs divins 56
3.2. L’humanité du Christ : preuves bibliques 56
3.2.1. Les déclarations expresses 56
3.2.2. L’attribution de la nature humaine 57
3.2.3. Les traits spécifiquement humains 57
3.3. Précisions dogmatiques 59
3.3.1. Le Fils de Dieu s’est incarné, il s’est fait homme (Jn 1, 14). 59
3.3.2. Son humanité est sans péché 59
3.3.3. Le Christ est homme, mais Chef d’humanité comme Adam 60
3.4. L’union des deux natures 61
3.4.1. L’union sans confusion 61
3.4.1. La kénose 63
3.5. La personne et l’œuvre du christ : Les deux états du médiateur 64
3.5.1. État d’humiliation 64
3.5.2. État d’exaltation 66
Questions de réflexion 66
4. Bref aperçu de l’enseignement des sectes sur la double nature de Jésus-Christ 66
4.1. La négation de la divinité de Jésus-Christ. 67
4.2. La négation de l’humanité de Jésus-Christ. 71
4.3. La négation de l’union hypostatique. 75
5. Les trois offices du Christ 78
5.1. L’office prophétique 78
5.2. L’office sacerdotal 79
5.3. L’office royal 80
Bibliographie 82