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Le comble dans tout ça est que le constat que l’on fait dans l’Etat est le même qu’on fait
dans l’Eglise aujourd’hui. A ce sujet, Le Pape François in s'appuyant sur 1 Timothée 6 :9-10,
fait de l'amour de l'argent la racine principale de tous les maux qui fait tomber les hommes
dans les tentations, dans le piège 2. Tout service rendu par un usager à tous les niveaux de
notre église nécessite malheureusement une gratification, quel qu’en soit la circonstance, mais
le moyen le plus utilisé est la corruption dont sa racine, sa cause déterminante, mise en
lumière par l’ouvrage sus-évoqué,3 a pour nom : la dépravation de la morale chrétienne.
Toutes les mesures prises en vue d’éradiquer la corruption font l’effet d’une épée dans l’eau
tant qu’elles ne sont pas ciblées sur l’amélioration du système de gouvernement, lequel
comme on le sait tient en lèse l’évolution à tous égards de l’église. Il convient dans le cas de
notre étude d’apporter des réponses aux questions suivantes : Qu’est-ce que la corruption et
quelles peuvent être ses causes ? Comment se manifeste-t-elle ? Quel rapport avec la morale
chrétienne ? Quelles pistes de sortie ?
1
(Extrait du Discours d’ouverture et de Politique Générale du Président National du RDPC, S.E. Paul BIYA, à
l’occasion du 3e Congrès Ordinaire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, le 16 septembre
2011)
2
https://www-la--croix-com.cdn.ampproject.org/v/Malte-lutte-contre-corruption-enjeu-majeur-lEglise-monde-
2022-04-02-1201208348 (consulté le 06 mai 2023 à 19h45).
3
FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, GERDDES-Cameroon, TITI NWEL (dir), De la corruption au Cameroun, Yaoundé,
SAAGRAPH, 1999, 269 pages
1. DEFINITION DES CONCEPTS.
1.1. Corruption.
<< (2k. 23, 13): the literal meaning of the Hebrew ‘‘mashhuth’’ is ‘‘destroyer’’, to it
may have been taken in this passage in the sense of ‘‘destruction>>4 . Selon le
Nouveau Dictionnaire Biblique5, la corruption, traduit des mots grecs ‘‘phthora’’ et
‘‘diaphtora’’, renvoie au caractère éphémère de la création ou à son dépérissement.
Dans ce sens, la corruption s’applique ici aux êtres Humains dont les corps s’altèrent
à leur mort contrairement à Dieu qui est incorruptible. La notion de corruption dans
l’Ancienne Alliance s’appliquait également aux animaux malformés, et cet état les
rendait inadéquats pour le sacrifice. Dans le texte de Romain 8.21, la corruption
correspond au péché qui déprave les cœurs et encourage les hommes à poser des
actes répréhensibles les conduisant à leur perte. D’après Merrill & al, “the word and
its cognates can also be used of moral depravity”6. Allant dans le même sens,
Alexandre Westphal7 ajoute que, se référant aux versions Sg. et Syn., la corruption,
d’après le livre d’Osée 9.9, renvoie à la dépravation et au désordre morale.
En somme, la corruption est une dépravation morale qui fait dévier celui qui la
pratique de sa finalité première. C’est une pratique qui altère le jugement et
corrompe les bonnes mœurs. Elle détériore les valeurs morales propres à un groupe
et lui fait perdre toute dignité.
4
Melancton W. Jacobus et al ; A new standard Bible Dictionary, Funk & Waglanalls Company, New York and
London, 1926; p151.
5
Nouveau Dictionnaire Biblique, édition Emmaüs ; CH-1806 Saint-Legier, Suisse, 1992, p291-292.
6
Merrill & al, The Zondervan Encyclopedia of the Bible, revised; the Zondervan corporation; 2009, p1033.
7
Alexandre Westphal ; Dictionnaire Encyclopédique de la Bible tome 1 ; copyrigth by H. Westphal, Valence,
1956 ; p243.
8
Larousse 3 Volumes en Couleurs, Tome 1, Librairie Larousse 17, rue du Montparnasse, Paris, 1970, p760.
4.2. Morale chrétienne.
La morale est la science ou la doctrine dont le rôle est de tracer des règles de
conduite valables pour l’ensemble des hommes en les adossant sur les notions du
bien et du mal moral. Elle est aussi « la science du devoir et des devoirs » ; ou
encore la science des lois dont la finalité est de régenter la vie humaine. Au sens
étymologique du terme, la morale est la science des mœurs, toutefois elle est une
science normative et non pas descriptive, comme la psychologie. Elle enseigne donc
ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. La morale est de prime abord une
théorie des principes de l’action humaine dans le monde. A cet effet, on peut
l’appeler l’éthique d’autant plus que son objectif est de déterminer le but suprême de
l’homme dans le monde, ou le souverain bien. Pour Aristote, ce but correspondait au
bonheur ou à la béatitude. Pour Kant, la morale renvoie à l’union de la vertu et du
bonheur ; Descartes la considère comme l’incarnation de la générosité.
Selon André Lalande9, la morale est l’ensemble des mœurs, soit des règles de
conduite admises à une époque et pour une société spécifique. Durkheim pour sa
part pense que « un fait moral est normal pour un type social déterminé quand on
l’observe dans la moyenne des sociétés de cette espèce »10. C’est donc à juste titre
qu’on parle de morale chrétienne. A entendre Alexandre Westphal, « la bible a ceci
de saisissant, elle nous fait sentir ce qu’a d’extraordinaire et d’irrationnel ce fait : des
exigences morales toujours plus hautes, plus amples et plus pures, aboutissant à
l’idéal moral le plus absolu, surgissant et s’intensifiant à des époques et dans des
milieux caractérisés avant tout par un sensualisme, un égoïsme et une brutalité
révoltants »11. La morale se manifeste dans ce sens comme une réaction et une
protestation constante contre le mal ambiant. C’est une action exigeante, un levain
agissant dans quelques consciences dramatiques, et elle fait dorénavant discerner à
travers les siècles, en dépit des multiples résistances, ce qu’est le devoir absolu, ce
qui doit être, ce qu’on doit faire et finalement ce qu’on doit être. La morale chrétienne
est donc étroitement liée au sentiment de la volonté de Dieu, elle est la diffusion
d’une union de Dieu avec quelques hommes, et elle s’impose finalement parce
9
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Presse Universitaire de France, Paris, 2010,
p653.
10
Durkheim, Division du travail social, Intro., p34.
11
Alexandre Westphal ; Dictionnaire Encyclopédique de la Bible Tome 2 ; copyrigth by H. Westphal, Valence,
1956 ; p191-192.
qu’elle se fait sentir comme la volonté et la pensée de Dieu sur le sens de la
personne et de la vie de l’homme. Cette pensée prône des valeurs de justice,
d’équité, de service, d’amour, de tolérance, de charité, …, et de pardon. Elle
s’oppose par conséquent à toute forme d’injustice, de corruption, de mensonge et de
favoritisme pour ne citer que ceux-là.
2.1. Precarité
2.2. La cupidité
Bien sûr si l'on remonte dans le temps et en référence aux Saintes écritures surtout
dans le Nouveau Testament, nous verrons bien que Judas Iscariote après un
complot avec les principaux sacrificateurs livrera Jésus Christ entre leurs mains pour
une modique somme de trente pièces d’argent. (Matthieu 26 :14-16 ). Cette histoire
nous la vivons aujourd’hui dans nos Églises où beaucoup de chrétiens pour l'amour
de l'argent passent leur majeure partie de temps à livrer les secrets. Le Pape
François s'appuyant sur 1 Timothée 6 :9-10, fait de l'amour de l'argent la racine
principale de tous les maux qui fait tomber les hommes dans les tentations, dans le
piège.13 L'argent et sa convoitise est au centre de la corruption. 14 Lorsque l'argent
devient le dieu Mamon, la corruption devient inéluctable.
12
, https://www-la--croix-com.cdn.ampproject.org/v/Malte-lutte-contre-corruption-enjeu-majeur-lEglise-monde-
2022-04-02-1201208348 (consulté le 06 mai 2023 à 19h45).
13
Idem
14
https://www-camer-be.cdn.ampproject.org/v/s/www.camer.be/amp/75722/10:1/cameroun-diocese-de-
bafoussam-reduire-la-corruption-a-leglise-cameroon.html? ( Consulté le 06 mai à 20h00).
2.3. La convoitise
15
Des Églises sans corruption sont possibles (expériences, valeurs et solutions), Christoph Stuckelberger
Les pratiques de corruption ont lieu dans les structures sanitaires généralement
avant les soins ou avant l'hospitalisation.16 En effet, le personnel médical s'interdit de
pratiquer des soins à un patient s'il ne débourse une somme. Les patients sont
délaissés ainsi à eux-mêmes sans soin à cause de leur refus ou alors de leur
manque d'argent, ce qui cause des pertes en vie humaine. L'administration de
l’établissement ainsi que les dirigeants de l’Église légitimisent ainsi par leur
connaissance de ce phénomène, des comportements malhonnêtes et immoraux qui
sont déjà ancrés dans le milieu médical. 17 Ces employés et dirigeants de l'Eglise en
acceptant des pots-de-vin sont loin de respecter les Saintes Écritures qui disent
pourtant : « Tu ne recevras point de présent ; car les présents aveuglent ceux qui
ont les yeux ouverts, et corrompent les paroles des justes.» (Ex. 23,8).
L'on constate outre cela, que les recrutements dans les différentes structures
sanitaires de l’Eglise sont emprunts de corruption à travers des trafics d'influences
de certains hommes d’Eglise sur les dirigeants. D’autres exhibent leur talent de
corrompu en prélevant de l'argent aux potentiels candidats lors des recrutements. 18
L’on peut également citer le trafic des médicaments, de l’établissement du certificat
de genre de mort, de l’accueil, des frais d’analyses médicales. 19 Citant le rapport de
la CONAC 2011,2012 Ndongmo et Bayang déclarent :
« Rien ne s'obtient pour rien, pour être là où je suis, j'ai payé. Il n'y a pas de cas
dans mon établissement.» Ces paroles d'un proviseur de lycée publique, 21 ne sont
pas juste l'apanage du secteur public. L’Église elle aussi s'est lancée de pieds
fermes dans le marchandage des postes d'administration et des affectations du
personnel dans les établissements. Dans le cas de l'EPC, les responsables sont
abordés ou abordent des personnes dans l'optique de leur proposer ou garantir des
affections dans des établissements. Parfois, il est juste question d'affinité. Ainsi on
est nommé parce qu'on a des affinités avec le Modérateur de la paroisse, du
consistoire ou bien de l'Assemblée générale.
Ce fléau qui gangrène la société se retrouve également dans l’Église lieu qui
prône pourtant une morale. La corruption pratiquée donc dans l’Église influe
considérablement la morale dans ce sens qu'elle la dilue. En effet, elle introduit le
clanisme, le favoritisme pourtant contraire à l'amour, la justice que prône la morale
chrétienne ; lorsqu'elle encourage par exemple l'accession à un poste de
responsabilité par affinité ou par des pots-de-vin.
Conclusion.
08/05/23 à 14h45).
Nous retenons de cette étude que la lutte contre la corruption dans notre pays voire notre
Eglise a commencé en 1998 par une campagne médiatique menée par le gouvernement à cet
effet. Elle s’est intensifiée après l’affectation du Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams à la tête de
la Conac, ayant pour mission régalienne, la mise en place progressive des structures
gouvernementales de lutte contre ce fléau et par l’implication de la société civile et religieuse.
L’évaluation des actions menées aussi bien par les pouvoirs public, privé et religieux que par
la société civile montre que ce mal n’a pas été touché dans ses racines et qu’il persiste encore.
Son autopsie établie en 1999 avait pourtant révélé qu’il se nourrissait d’un système politique
insuffisamment démocratique, parce que manquant de légitimité populaire. En conséquence,
le remède pour guérir la société de ce fléau avait été indiqué : donner au système politique en
place une assise démocratique solide, afin que les gouvernants aient l’autorité nécessaire
d’agir et de faire faire. Par la suite, le phénomène a intéressé plusieurs chercheurs, mais aucun
d’eux n’a porté son attention sur sa cause déterminante et par conséquent, aucun remède
idoine n’a pu lui être prescrit. Du côté du gouvernement, les chances de succès de la lutte
contre la corruption proviennent des structures où le politique au plus haut niveau s’engage à
juguler les pratiques de corruption dans le domaine de sa compétence. Le peu d’engagement
de la CONAC constaté, s’explique du fait que le responsable de cette structure est sous
l’autorité du président de la République dont seule la détermination en la matière peut porter
du fruit. Même si la corruption reste rampante, il n’est pas dit que notre parole a été vaine.
Nous ne saurions cependant évaluer une action qui n’obéit pas aux exigences de la science des
sociétés. La corruption reste rampante non pas parce qu’elle est invincible, mais du fait que la
société camerounaise dans son ensemble n’a pas encore entrepris des actions appropriées
(celles qui ont pour cible la nature du système politico-religieux) en vue de l’éradiquer. En un
mot donc, nous fidèles de l’EPC, consistoire Mathias meye me Npkwele étant fils d’une
figure emblématique de cette Eglise sommes invités à détourner notre regard de toute attitude
déviante et corruptible. Bien se renseigner et surtout maîtriser sa foi, la doctrine et l’éthique
de son Eglise est une nécessité qui s’impose. Notre manière de faire doit créer une dynamique
nouvelle au sein de l’EPC, elle gagnerait à copier ces vertus qu’elle semble oublier
maintenant. Ainsi nous effectuerons cette marche pour revenir à Dieu tel que prône le thème
général de l’année, alors que les corruptibles iraient fatalement vers une mort certaine et
méritée.
Par ailleurs, la morale chrétienne garantie-t-elle une vie dans l’Eglise débarrassée de toute
corruption ?