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COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE

TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU.


À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
12 Warren W. Wiersbe
2 Corinthiens • Soyez encouragés

2 Corinthiens • Soyez encouragés


« Traqués et opprimés de tous côtés et cependant jamais subjugués par
la peur ; fréquemment désemparés, jamais découragés ; souvent nous
sommes perplexes et ne savons plus quel chemin prendre, mais nous
n’abandonnons pas. Nous connaissons l’angoisse et le dénuement, mais
non le désespoir » (2 Corinthiens 4 : 8 – Parole vivante).
Comment espérer dans un monde désespérant ? Comment faire preuve
de courage sous un déluge d’épreuves ?
Paul répond par un curieux principe : les porteurs de fardeaux sont les

encouragés
mieux placés pour être bénis. Pas étonnant que l’un des mots-clés de
cette lettre soit « réconfort » ou « encouragement ».
« Quand nous sommes découragés en raison de circonstances difficiles,
il est facile de regarder à soi et à ses sentiments, ou de se concentrer sur
les problèmes qui nous affectent. Notre première réaction doit toutefois
consister à regarder au Seigneur par la foi et à prendre conscience de
tout ce que Dieu est pour nous » (W. Wiersbe).
Le message reste pertinent : Dieu veut vous encourager afin que vous
puissiez transformer vos épreuves en triomphes et vos souffrances en
sacrifices pour sa gloire. Découvrez-le dans cette lettre !

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale.


Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau

biblique
Testament de la collection « Soyez ».
W. Wiersbe
biblique

commentaire
commentaire

2 Corinthiens
12,00 € Texte de Parole vivante inclus
9 782910 246099
ISBN 978-2-910246-09-9
a
Soyez encouragés • 2 Corinthiens
Questions d’étude

Warren W. Wiersbe

encouragés
biblique

commentaire

2 Corinthiens
Texte de Parole vivante inclus
3
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Be Encouraged
© 1987 • Warren W. Wiersbe
Cook Communications Ministries • 4050 Lee Vance View
Colorado Springs, CO 80918 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Soyez encouragés • Warren W. Wiersbe
© 2010 BLF Éditions • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Sabine Bastin


Couverture et mise en page : BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Citations bibliques extraites de la Bible du Semeur.


Texte copyright © 2000, Société Biblique Internationale. Avec permission.

ISBN 978-2-910246-09-9

Dépôt légal 1er trimestre 2016

Index Dewey (CDD) : 227.3


Mots-clés : 1. Bible. N.T. 2 Corinthiens.
2. Commentaire.
3. Vie chrétienne.
Je dédie ce livre à Galen et Jeanette
Call, Robert et Wilma Montgomery,
et Cédric et Jean Whitcomb, fidèles
associés dans le ministère par le passé
et, désormais, amis qui m’encouragent
et m’apportent beaucoup de joie.
Préface
Le découragement n’épargne personne. Le chrétien mûr
comme le jeune croyant peuvent traverser des périodes d’abat-
tement. Cependant, le responsable chrétien expérimenté peut
connaître davantage de raisons de se décourager que le jeune pas-
teur qui débute dans le ministère.
Le message de 2 Corinthiens m’a encouragé au fil des années
et j’aimerais désormais qu’il soit aussi une source d’encourage-
ment pour vous. J’ai enseigné certains aspects de cette étude dans
le cadre d’un programme radiophonique et les réactions des audi-
teurs m’ont convaincu que les mots écrits par Paul il y a plusieurs
siècles restent d’actualité aujourd’hui.
J’aimerais remercier mon cher ami Jim Adair pour son aide et
son soutien dans la réalisation d’un autre numéro de cette série
d’ouvrages. J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à travailler avec Jim
et le reste de l’équipe éditoriale tout au long de ces années.
Si le message de ce livre vous encourage, veillez à vous en ser-
vir pour encourager quelqu’un à votre tour !
— Warren W. Wiersbe

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Suggestion de plan
de 2 Corinthiens
I. Paul explique son ministère
– 2 Corinthiens 1 : 1 à 7 : 16
1. Triomphant (1 : 1 à 2 : 17)
2. Glorieux (3 : 1-18)
3. Sincère (4 : 1-18)
4. Authentique (5 : 1-21)
5. Aimant (6 : 1 à 7 : 16)
II. Paul encourage la générosité de ses lecteurs
– 2 Corinthiens 8 : 1 à 9 : 15
Il rassemblait une offrande pour les chrétiens de Judée
1. Principes de la libéralité par la grâce, 1re partie (8 : 1-24)
2. Principes de la libéralité par la grâce, 2e partie (9 : 1-15)
III. Paul impose son autorité
– 2 Corinthiens 10 : 1 à 13 : 13
1. Le guerrier attaque l’opposition (10 : 1-18)
2. Le père spirituel protège l’église (11 : 1-15)
3. Le « fou » se vante de ses souffrances (11 : 16 à 12 : 10)
4. L’apôtre exerce son autorité affectueuse (12 : 11 à 13 : 13)

8
1

2 Corinthiens 1 : 1-11
Abattu,
mais pas vaincu !
« Vous semblez imaginer que je ne traverse jamais
des hauts et des bas, mais que j’avance sans peine, d’hu-
meur égale et joyeuse, sur la voie noble et ininterrompue
d’accomplissements spirituels. Ce n’est pas du tout le
cas ! Je me sens souvent complètement misérable et tout
m’apparaît alors sous un jour très sombre ».
Ces mots sont ceux de John Henry Jowett, un homme
considéré à son époque comme « le plus grand prédica-
teur du monde anglophone ». Il fut le pasteur d’églises
prédominantes, il prêcha devant d’immenses assemblées
et écrivit des ouvrages devenus des best-sellers.
« Je suis sujet à des périodes de dépression si ef-
frayantes que j’espère qu’aucun d’entre vous ne connaî-
tra jamais de détresse aussi extrême que celle où je
m’enfonce parfois ».
Ces paroles ont été prononcées dans un sermon par
Charles Haddon Spurgeon dont le merveilleux ministère
londonien a sans aucun doute fait de lui le plus grand
prédicateur anglais. Le découragement frappe sans dis-
tinction de personne. En réalité, il semble agresser bien
davantage ceux qui réussissent que ceux qui échouent
car plus nous gagnons en altitude, plus nous pouvons
tomber de haut. Dès lors, il n’est pas surprenant que
le grand apôtre Paul ait écrit : « Nous étions écrasés, à
bout de forces, au point même que nous désespérions de
conserver la vie » (2 Corinthiens 1 : 8). Malgré la gran-
deur de son tempérament et de son ministère, Paul était
humain au même titre que chacun de nous.
9
Soyez encouragés

Il aurait pu échapper à ces douloureux fardeaux,


mais il avait reçu un appel de Dieu (1 : 1) et se souciait
d’aider son peuple. Il avait fondé l’église de Corinthe
où il avait exercé son ministère pendant un an et demi
(Actes 18 : 1-18). Des problèmes graves ayant vu le jour
après son départ, il a envoyé Timothée pour y mettre de
l’ordre (1 Corinthiens 4 : 17), avant de rédiger le courrier
que nous appelons « la première lettre aux Corinthiens ».
Malheureusement, la situation a empiré et Paul a
dû rendre une visite douloureuse à l’assemblée de Co-
rinthe pour reprendre les fauteurs de troubles (2 Corin-
thiens 2 : 1s). En vain. Il a ensuite adressé une corres-
pondance plus sévère, remise par son compagnon Tite
(2 : 4-9 ; 7 : 8-12). Au terme de grandes souffrances, Paul
a enfin rencontré Tite qui a pu lui annoncer la résolution
du problème. C’est alors qu’il a écrit la lettre que nous
appelons Seconde épître aux Corinthiens.
La rédaction de ce courrier poursuit plusieurs ob-
jectifs. Tout d’abord, il voulait encourager l’église à
pardonner et réintégrer le membre à l’origine de toutes
les difficultés (2 : 6-11). Il désirait aussi expliquer ses
changements de projet (1 : 15-22) et imposer son auto-
rité apostolique (4 : 1-2 ; chapitres 10 à 12). Enfin, il sou-
haitait encourager l’assemblée à participer à l’offrande
d’urgence récoltée spécialement pour les saints nécessi-
teux de Judée (chapitres 8 et 9).
L’un des mots-clés de cette lettre est « réconfort »
ou « encouragement ». Le terme grec original signifie
« appelé aux côtés d’une personne pour l’aider ». Il est
utilisé à vingt-neuf reprises dans l’épître sous sa forme
verbale ou substantive. Malgré toutes les épreuves qu’il
avait à endurer, Paul restait en mesure (par la grâce de
Dieu) d’écrire un courrier rempli d’encouragements.
Quel était son secret ? Comment parvenait-il à
connaître la victoire malgré les pressions et les épreuves ?
Grâce à Dieu. Quand vous êtes découragé, prêt à renon-
cer, cessez de regarder à vous-même et concentrez votre
attention sur Dieu. En s’inspirant de ses propres diffi-
cultés, Paul nous apprend comment nous pouvons être

10
2 Corinthiens 1 : 1-11

encouragés en Dieu. Pour ce faire, rappelons-nous tou-


jours ces trois principes élémentaires.

Rappelez-vous ce que Dieu est


pour vous (1 : 3)
Paul commence sa lettre par une doxologie. Il ne
pouvait assurément pas se réjouir des circonstances qu’il
traversait, mais il pouvait chanter à la gloire du Dieu qui
contrôle toutes les circonstances. Il avait appris que la
louange est un facteur important pour vaincre le décou-
ragement et la dépression. La louange change les choses
autant que la prière.

Louez-le parce qu’il est Dieu !


Vous trouverez l’expression « Loué soit Dieu » dans
deux autres passages du Nouveau Testament : Éphé-
siens 1 : 3 et 1 Pierre 1 : 3.
• Dans le premier, Paul loue Dieu pour ce qu’il a ac-
compli par le passé, lorsqu’il « nous avait choisis »
en Christ (v. 4) et « comblés des bénédictions de
l’Esprit » (v. 3).
• Dans 1 Pierre 1 : 3, Pierre remercie Dieu pour les
bénédictions futures et l’« espérance vivante ».
Toutefois, dans 2 Corinthiens, Paul loue Dieu pour
les bénédictions présentes, pour ce que Dieu accomplis-
sait à cette heure et en ce lieu.
Pendant les atrocités de la guerre de Trente Ans, le
pasteur Martin Rinkart a fidèlement servi la population
d’Eilenburg, en Saxe. Il dirigeait jusqu’à 40 services
funéraires par jour, pour un total de plus de 4 000 pen-
dant son ministère. Pourtant, malgré cette expérience
dévastatrice, il a écrit une prière de reconnaissance des-
tinée à être prononcée avant le repas par ses enfants.
Aujourd’hui, elle est devenue un cantique de louange :
« Rendez grâce au Seigneur du cœur, des mains, des
lèvres ! Il a fait des exploits : il faut qu’on le célèbre ! »

11
Soyez encouragés

Louez-le parce qu’il est le Père de notre Seigneur


Jésus-Christ !
C’est grâce à Jésus-Christ que nous pouvons appeler
Dieu « Père » et même nous approcher de lui comme ses
enfants. Dieu nous voit à travers son Fils et il nous aime
comme il aime son Fils (Jean 17 : 26). Nous sommes « les
bien-aimés de Dieu » (Romains 1 : 7) parce qu’il nous
pardonne « en son Fils bien-aimé » (Éphésiens 1 : 6).
Le Père est en mesure d’accomplir pour nous au-
jourd’hui tout ce qu’il a accompli pour Jésus pendant
son ministère terrestre. Nous sommes précieux à ses
yeux parce que son Fils lui est précieux et parce que
nous sommes citoyens du « Royaume de son Fils bien-
aimé » (Colossiens 1 : 13). Nous sommes précieux pour
le Père et il s’assurera que les pressions de la vie ne nous
détruisent pas.

Louez-le parce qu’il est le Père de compassion !


Pour les Israélites, le mot « père » signifie « créateur
de ». Satan est le père du mensonge (Jean 8 : 44) parce
que le mensonge est né avec lui. Selon Genèse 4 : 21,
Youbal est le père des instruments de musique parce
qu’il a créé la lyre et la flûte. Dieu est le père de la com-
passion parce que toute compassion trouve son origine
en lui et ne peut être obtenue qu’auprès de lui.
Dans sa grâce, Dieu nous donne ce que nous ne mé-
ritons pas et ne nous donne pas ce que nous méritons.
« Car les bontés de l’Éternel ne sont pas à leur terme et
ses tendresses ne sont pas épuisées » (Lamentations de
Jérémie 3 : 22). La compassion de Dieu est « infinie »
(Néhémie 9 : 19 – Français courant), « pleine d’amour »
(Psaumes 25 : 6) et « immense » (Nombres 14 : 19). La
Bible répète souvent combien les compassions de Dieu
sont inépuisables (Psaumes 5 : 8 ; 51 : 3 ; 69 : 14, 17 ;
106 : 7, 45 ; Lamentations de Jérémie 3 : 32).

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2 Corinthiens 1 : 1-11

Louez-le parce qu’il est le Dieu de toute


consolation !
Les mots « réconfort » ou « consolation » (racine
grecque identique) sont répétés à dix reprises dans les
versets 1 à 11. Nous ne devons pas envisager le récon-
fort en termes de « compassion », parce que cette der-
nière peut nous affaiblir au lieu de nous fortifier. Dieu ne
nous donne pas une tape dans le dos, en nous gratifiant
d’une friandise ou d’un jouet pour nous aider à oublier
nos problèmes. Non, il insuffle de la force dans notre
cœur pour que nous puissions affronter nos épreuves et
triompher d’elles. Le mot français « réconfort » est issu
du mot latin signifiant « fort ». Le terme grec veut dire
« appelé aux côtés d’une personne pour l’aider ». Le
même mot est appliqué au Saint-Esprit (« le Consola-
teur ») en Jean 14 : 16 (Colombe).
Dieu peut nous encourager, par son Esprit et à travers
sa Parole, mais il utilise aussi parfois d’autres croyants
pour nous apporter le réconfort dont nous avons besoin
(2 Corinthiens 2 : 7-8 ; 7 : 6-7). Comme il serait mer-
veilleux que nous portions tous pour surnom Barnabas,
c’est-à-dire « l’homme qui encourage » ! (Actes 4 : 36).
Quand nous sommes découragés en raison de cir-
constances difficiles, il est facile de regarder à soi ou à
ses sentiments ou de se concentrer sur les problèmes qui
nous affectent. Notre première réaction doit toutefois
consister à regarder au Seigneur par la foi et à prendre
conscience de tout ce que Dieu est pour nous. « Je lève
les yeux vers les monts : d’où le secours me viendra-t-
il ? Mon secours vient de l’Éternel qui a fait le ciel et la
terre » (Psaumes 121 : 1-2).

Rappelez-vous ce que Dieu fait


pour vous (1 : 4, 8-11)
Dieu permet l’épreuve
Pour commencer, Dieu permet à l’épreuve d’arriver.
Le grec compte dix termes de base pour décrire la souf-

13
Soyez encouragés

france et Paul en utilise cinq dans cette lettre. Le plus


récurrent est thlipsis qui signifie « étroit, confiné, sous
pression ». Dans 2 Corinthiens, il est traduit par « dé-
tresse » (1 : 4, 8 ; 2 : 4 ; 4 : 17). Paul se sentait pris dans un
carcan de difficultés et il ne pouvait plus porter les re-
gards que dans une seule direction : vers le ciel.
Aux versets 5 et 6 du chapitre 1, Paul utilise le mot
pathêma, également employé pour décrire les souf-
frances de notre Sauveur (1 Pierre 1 : 11 ; 5 : 1). Il existe
des souffrances que nous supportons simplement parce
que nous sommes humains et sensibles à la douleur, mais
d’autres s’abattent sur nous parce que nous sommes le
peuple de Dieu et que nous voulons le servir.
Nous ne devons jamais croire que les difficultés sont
dues au hasard. Pour le croyant, toute circonstance cor-
respond à un rendez-vous divin. S’agissant des épreuves
de la vie, l’individu ne peut adopter que trois perspec-
tives. Si nos épreuves sont le fruit du « destin » ou du
« hasard », nous n’avons pas d’autre choix que l’aban-
don car nul n’est en mesure de contrôler le destin ou
le hasard. D’un autre côté, si nous devons tout contrô-
ler nous-mêmes, la situation est tout aussi désespérée.
Par contre, si Dieu est aux commandes et si nous nous
confions à lui, nous pouvons surmonter les circons-
tances adverses avec son aide.
Dieu nous encourage à travers toutes nos difficultés
en nous enseignant dans sa Parole que c’est lui qui per-
met l’épreuve. Il nous encourage aussi en nous rappelant
qu’il maîtrise les épreuves (1 : 8). « Nous étions écrasés,
à bout de forces, au point même que nous désespérions
de conserver la vie ». Tel une bête de somme, Paul était
accablé par un fardeau trop lourd à porter. Dieu savait
cependant précisément ce qu’il pouvait endurer et il a
maintenu la situation sous contrôle.
Nous ignorons quel problème précis l’apôtre ren-
contrait, mais nous savons qu’il était assez pesant pour
l’amener à penser qu’il allait mourir. Nous ne savons
pas s’il s’agissait des menaces de ses nombreux enne-
mis (cf. 1 Corinthiens 15 : 30-32 ; Actes 19 : 29-30),

14
2 Corinthiens 1 : 1-11

d’une maladie grave ou d’une attaque spécifique de Sa-


tan, mais nous savons que Dieu gardait le contrôle des
circonstances et protégeait son serviteur. Lorsque Dieu
place ses enfants dans la fournaise, il garde une main
sur le thermostat et un œil sur le thermomètre (1 Corin-
thiens 10 : 13 ; 1 Pierre 1 : 6-7). Paul a peut-être désespé-
ré de la vie, mais Dieu n’a pas désespéré de Paul.

Dieu nous donne la force de supporter


nos épreuves (1 : 9)
Il doit d’abord commencer par nous montrer à quel
point nous sommes intrinsèquement faibles. Paul était
un serviteur de Dieu doué et expérimenté, qui avait tra-
versé des épreuves nombreuses et diverses (cf. 4 : 8-12 ;
11 : 23). Cette somme d’expériences pouvait lui per-
mettre d’affronter et de surmonter ces nouvelles diffi-
cultés.
Cependant, Dieu veut que nous nous appuyions sur
lui et non sur nos dons, nos aptitudes, notre expérience
ou nos « réserves spirituelles ». C’est au moment où
nous éprouvons de l’assurance et où nous nous sentons
capables d’affronter l’ennemi que nous échouons la-
mentablement. « Car c’est lorsque je suis faible que je
suis réellement fort » (12 : 10).
Lorsque nous mourons à nous-mêmes, la puissance
de résurrection de Dieu peut entrer en action. C’est alors
qu’Abraham et Sarah étaient quasiment morts physique-
ment que la puissance de résurrection de Dieu leur a per-
mis d’engendrer le fils de la promesse (Romains 4 : 16-
25). Toutefois, « mourir à soi-même » n’implique pas
d’entrer dans une contemplation oisive, en se contentant
d’attendre que Dieu se charge de tout. Soyons certains
que Paul priait, sondait les Écritures, consultait ses
compagnons et croyait que Dieu allait agir. Le Dieu qui
ressuscite les morts a le pouvoir d’affronter la moindre
difficulté de la vie ! Il en a le pouvoir, mais nous devons
être disponibles.
Paul n’a pas cherché à cacher son état d’esprit car
Dieu ne veut pas que nous niions nos émotions. « Nous

15
Soyez encouragés

avons connu toutes sortes de détresses : conflits au-de-


hors, craintes au-dedans » (2 Corinthiens 7 : 5). L’ex-
pression « condamnation à mort » (1 : 9) pourrait dési-
gner un verdict officiel, éventuellement l’ordre d’arrêter
et d’exécuter Paul. Souvenons-nous que les Juifs incré-
dules suivaient l’apôtre à la trace en cherchant à l’élimi-
ner (Actes 20 : 19). « En danger à cause des Juifs, mes
compatriotes » : ceci ne doit pas être négligé dans la liste
des périls encourus (2 Corinthiens 11 : 26).

Dieu nous délivre de nos épreuves (1 : 10)


Qu’il porte les regards en arrière, en avant ou autour
de lui, Paul voit la main libératrice de Dieu. Le terme
utilisé par l’apôtre signifie « arracher à la détresse, sau-
ver et protéger ». Dieu ne nous délivre pas toujours im-
médiatement, pas plus qu’il ne délivre tous ses enfants
de la même façon. Jacques a été décapité alors que
Pierre a été libéré de prison (Actes 12). Tous deux ont
été délivrés, mais pas de la même manière. Dieu nous
délivre parfois de nos épreuves et, à d’autres moments,
il nous délivre dans nos épreuves.
La délivrance de Dieu répond à la foi de Paul ain-
si qu’à la prière des fidèles de Corinthe (2 Corin-
thiens 1 : 11). « Un malheureux a appelé, et l’Éternel
a entendu, car il l’a délivré de toutes ses détresses »
(Psaumes 34 : 7).

Dieu est glorifié à travers nos épreuves (1 : 11)


Lorsque Paul décrit ce que Dieu a fait pour lui, un
grand élan de louange et de reconnaissance monte de
l’assemblée des saints vers le trône de Dieu. La plus
grande œuvre que vous et moi puissions accomplir sur
terre consiste à glorifier Dieu et cela implique parfois
des souffrances. « La grâce qu’il nous accorde » évoque
la délivrance de Paul des griffes de la mort. Un don mer-
veilleux s’il en est !
Paul n’a jamais eu honte de demander aux chré-
tiens de prier pour lui. Dans sept de ses lettres au
moins, il mentionne son profond besoin de soutien

16
2 Corinthiens 1 : 1-11

dans la prière (Romains 15 : 30-32 ; Éphésiens 6 : 18-


19 ; Philippiens 1 : 19 ; Colossiens 4 : 3 ; 1 Thessaloni-
ciens 5 : 25 ; 2 Thessaloniciens 3 : 1 ; Philémon 22). Paul
et les croyants de Corinthe se soutenaient mutuellement
(2 Corinthiens 1 : 11, 24).
Récemment, un ami missionnaire m’a appris la dé-
livrance miraculeuse de sa fille d’une maladie que les
médecins jugeaient incurable. Alors que l’enfant était
très malade, plusieurs amis intercédaient pour la famille
dans tout le pays et Dieu a répondu aux prières et guéri
la petite fille. Le plus grand soutien que nous pouvons
apporter aux serviteurs de Dieu consiste à prier pour
eux.
Le mot sunupourgeô, traduit par « contribuez », n’est
utilisé qu’une seule fois dans le Nouveau Testament en
grec et se compose de trois éléments : avec, sous et tra-
vail. Il évoque des ouvriers courbés sous le labeur, qui
travaillent ensemble pour accomplir leur tâche. Il est en-
courageant de savoir que le Saint-Esprit nous aide aussi
à exprimer nos prières et à porter notre fardeau (Ro-
mains 8 : 26).
Dieu accomplit ses desseins à travers les épreuves de
la vie, pour autant que nous nous abandonnions à lui,
que nous lui accordions notre confiance et que nous
obéissions à ce qu’il nous demande. Les difficultés peu-
vent augmenter notre foi et renforcer notre vie de prière.
Les épreuves peuvent nous rapprocher d’autres chré-
tiens qui partagent nos fardeaux. Les souffrances peu-
vent servir à glorifier Dieu. Dès lors, lorsque vous subis-
sez les épreuves de la vie, rappelez-vous ce que Dieu est
pour vous et ce qu’il fait pour vous.

Rappelez-vous ce que Dieu fait


à travers vous (1 : 4b-7)
Dans la souffrance, la plupart d’entre nous se mon-
trent plutôt enclins à ne penser qu’à eux et à oublier les
autres. Nous devenons des citernes au lieu de devenir
des canaux. L’épreuve a pourtant comme objectif de
nous apprendre notamment à devenir des canaux de bé-
17
Soyez encouragés

nédiction pour consoler et encourager les autres. Ayant


été encouragés par Dieu, nous pourrons à notre tour en-
courager autrui.
L’un de mes prédicateurs préférés est George W.
Truett qui fut pasteur d’une église baptiste à Dallas, au
Texas, pendant près de 50 ans. Dans l’un de ses ser-
mons, il décrit un couple de non-chrétiens dont le bébé
est décédé subitement. Le pasteur Truett a dirigé les fu-
nérailles et, plus tard, il a eu la joie de voir les deux pa-
rents se donner à Jésus-Christ.
Plusieurs mois plus tard, une autre jeune maman a
perdu à son tour son bébé et, une fois encore, le pasteur
Truett s’est rendu à ses côtés pour la réconforter. Or, au-
cune de ses paroles ne semblait pouvoir l’aider. Lors des
funérailles, la maman récemment convertie s’est appro-
chée de la jeune femme et lui a dit : « Je suis passée par
là et je sais ce que vous traversez. Dieu m’a appelée et,
dans mes ténèbres, je suis venue vers lui. Il m’a conso-
lée et il vous consolera aussi ! »
Le pasteur conclut : « La première maman a accompli
pour la seconde plus que je n’aurais pu le faire en plu-
sieurs jours ou plusieurs mois, car elle se trouvait déjà
personnellement sur cette voie de la souffrance ».
Paul précise toutefois que nous n’avons pas à
connaître les mêmes épreuves pour pouvoir partager
le réconfort de Dieu. Si nous avons reçu son réconfort,
alors nous pouvons « réconforter ceux qui passent par
toutes sortes de détresses » (2 Corinthiens 1 : 4b). Il va
de soi que si nous avons connu des souffrances simi-
laires, nous pouvons mieux nous identifier à d’autres et
comprendre ce qu’ils éprouvent, mais nos expériences
ne modifient en rien la consolation de Dieu. Elle reste
suffisante et efficace, peu importe la nature de nos
propres expériences.
Plus tard, dans 2 Corinthiens 12, Paul illustre ce prin-
cipe. Il était accablé par la présence d’une « écharde »
dans sa chair (une souffrance physique qui le harcelait
constamment). Nous ignorons quelle était cette écharde
et nous n’avons pas à en connaître la nature exacte. Nous

18
2 Corinthiens 1 : 1-11

savons par contre que Paul a connu la grâce de Dieu,


avant de partager cet encouragement avec nous. Quelle
que soit l’épreuve par laquelle vous passez, la promesse
« Ma grâce te suffit » (12 : 9) vous est aussi destinée. Or,
nous ne l’aurions pas reçue si Paul n’avait pas lui-même
souffert.
La question de la souffrance humaine n’est pas fa-
cile à comprendre car l’œuvre opérée par Dieu com-
porte de nombreux mystères que nous ne saisirons pas
avant d’être au ciel. Il arrive que nous souffrions à cause
de notre propre péché ou rébellion, à l’instar de Jonas.
Nous souffrons parfois pour ne pas pécher, comme ce
fut le cas de Paul (2 Corinthiens 12 : 7). La souffrance
peut perfectionner notre caractère (Romains 5 : 1-5) et
nous aider à nous rapprocher du caractère de Dieu (Hé-
breux 12 : 1-11).
Elle peut aussi nous aider à prendre soin des autres.
Chaque église compte en son sein des croyants mûrs
qui ont expérimenté la grâce de Dieu dans leurs souf-
frances et qui sont, dès lors, de grandes sources d’en-
couragement pour la communauté. Paul rencontrait des
difficultés, non pas en punition de ses actes, mais pour
le préparer à une œuvre qu’il avait encore à accomplir :
venir en aide aux personnes dans le besoin. Songez aux
épreuves que le roi David a dû subir pour nous trans-
mettre le grand encouragement que nous trouvons dans
les Psaumes.
Le verset 1 : 7 établit clairement qu’un renverse-
ment de situation est toujours possible : les Corinthiens
auraient pu subir des épreuves et recevoir la grâce de
Dieu afin d’encourager d’autres croyants. Dieu appelle
parfois une famille de l’église à traverser des épreuves
particulières pour pouvoir déverser sur elle une grâce
surabondante.
L’encouragement de la grâce divine nous aide si
nous apprenons la patience. Le fait d’endurer l’épreuve
est un signe de foi. Si nous devenons amers ou si nous
critiquons Dieu, si nous nous rebellons au lieu de nous
soumettre, notre épreuve agit alors contre nous et non

19
Soyez encouragés

pour nous. La capacité de supporter les difficultés avec


patience, sans renoncer, est un signe de maturité spiri-
tuelle (Hébreux 12 : 1-7).
Dieu doit travailler en nous avant de pouvoir tra-
vailler à travers nous. Il est beaucoup plus facile pour
nous de grandir en connaissance que de grandir en grâce
(2 Pierre 3 : 18). Apprendre la vérité de Dieu et l’inscrire
dans notre esprit est une chose, mais vivre en vertu de la
vérité divine et l’inscrire dans notre tempérament en est
une autre. Dieu a plongé le jeune Joseph dans la tribula-
tion pendant treize ans avant d’en faire le numéro deux
de l’Égypte. Et quel grand homme il s’est révélé être à ce
poste ! Lorsque nous souffrons dans la volonté de Dieu,
nous partageons les souffrances du Sauveur. Il n’est pas
question ici des souffrances subies par Jésus à notre
place sur la croix, car lui seul pouvait mourir comme
un agneau sans tache pour nous racheter (1 Pierre 2 : 21-
25). Paul évoque le fait d’avoir « part à ses souffrances »
(Philippiens 3 : 10), c’est-à-dire les épreuves que nous
supportons parce que, comme Jésus, nous accomplis-
sons fidèlement la volonté du Père. Dans ce cas, il s’agit
d’oppression « pour la justice » (Matthieu 5 : 10-12).
Et lorsque les souffrances augmentent, la grâce de
Dieu augmente aussi. Le mot « surabonde » évoque une
rivière qui déborde. « Mais bien plus grande est la grâce
qu’il nous accorde » (Jacques 4 : 6). C’est là un principe
essentiel à comprendre : Dieu possède une grâce ample-
ment suffisante pour répondre à chacun de nos besoins,
mais il ne la déverse pas par anticipation. Nous venons
par la foi au pied du trône de la grâce et « Là, Dieu nous
accordera sa bonté et nous donnera sa grâce pour que
nous soyons secourus au bon moment » (Hébreux 4 : 16).
Le terme grec signifie « recevoir de l’aide quand on en a
besoin, une aide opportune ».
J’ai lu le récit de l’arrestation d’un chrétien fidèle,
condamné au bûcher pour sa foi. La veille de son exé-
cution, il se demandait s’il aurait la force de devenir une
torche humaine. Alors il éprouva son courage en plaçant
son doigt dans la flamme de la chandelle. Bien entendu,

20
2 Corinthiens 1 : 1-11

il fut brûlé et retira sa main douloureuse. Il était certain


que jamais il ne pourrait affronter le martyre sans faillir.
Pourtant, le lendemain, Dieu lui donna la grâce dont il
avait besoin et il rendit un témoignage joyeux et triom-
phant devant ses ennemis.
À présent, nous comprenons mieux 2 Corin-
thiens 1 : 9 car, si nous pouvions stocker la grâce divine
pour les cas d’urgence, nous serions enclins à compter
sur nos propres forces et non sur « Dieu, l’auteur de
toute grâce » (1 Pierre 5 : 10). Toutes les ressources que
Dieu nous donne peuvent être réservées à un usage ul-
térieur (argent, nourriture, connaissances, etc.), mais la
grâce de Dieu ne peut être entreposée.
Au contraire, alors que nous expérimentons sa grâce
au quotidien, nous l’investissons dans notre vie pour
forger notre caractère de chrétien (cf. Romains 5 : 1-5).
Cet investissement produit des dividendes lorsque de
nouvelles difficultés se dressent devant nous car notre
tempérament chrétien nous permet de supporter notre
tribulation à la gloire de Dieu.
Il existe un principe inhérent à la souffrance : elle
peut nous rapprocher de Jésus et de nos frères, mais si
nous versons dans l’apitoiement, elle crée l’isolement au
lieu de la consécration. L’apitoiement érige des murs et
non des ponts.
L’important est de concentrer notre attention sur
Dieu et non sur nous.
Souvenons-nous de ce que Dieu est pour nous : « le
Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père qui est plein
de bonté, le Dieu qui réconforte dans toutes les situa-
tions » (2 Corinthiens 1 : 3).
Souvenons-nous de ce que Dieu fait pour nous : il est
capable de gérer nos épreuves et de les amener à œuvrer
pour notre bien et pour sa gloire.
Enfin, souvenons-nous de ce que Dieu fait à travers
nous et laissons-le nous utiliser pour encourager les
autres.

21
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17
L’échec n’est pas
une fatalité !
Dans son livre intitulé « Le courage dans la poli-
tique », John F. Kennedy a écrit : « Les grandes crises
produisent de grands hommes et de grands actes de cou-
rage ».
S’il est vrai qu’une crise contribue à faire un homme,
il est également vrai qu’une crise contribue à révéler
de quoi est fait un individu. Pilate a été confronté à une
grande crise, mais la manière dont il l’a gérée ne lui a
conféré ni courage ni grandeur. La façon dont nous gé-
rons les difficultés de la vie dépend largement de notre
tempérament car ce que la vie nous inflige dépend de ce
que la vie trouve en nous.
Dans cette épître très personnelle, Paul ouvre son
cœur aux Corinthiens (et à nous) et révèle les épreuves
qu’il a dû affronter. Pour commencer, il a fait l’objet
de critiques sévères de la part de certains membres de
l’église parce qu’il avait modifié ses projets, manquant
apparemment à sa promesse. Les malentendus entre
chrétiens peuvent engendrer des blessures très pro-
fondes. En outre, certains s’opposaient à son autorité
apostolique. L’un des membres de l’église (probable-
ment un leader) avait dû être repris, ce qui avait pro-
curé une grande peine à Paul. Enfin, il a dû subir des
circonstances difficiles en Asie (2 Corinthiens 1 : 8-11),
une épreuve si pénible qu’il avait même désespéré de
conserver la vie.
Comment expliquer sa résistance ? Confrontés aux
mêmes crises, d’autres que lui se seraient effondrés !
23
Soyez encouragés

Or, Paul a non seulement triomphé de ces circonstances,


mais il s’en est servi pour produire un texte d’une grande
valeur, qui aide aujourd’hui encore les enfants de Dieu à
connaître la victoire. Quelles étaient les ressources spiri-
tuelles qui le maintenaient debout ?

Une conscience pure (1 : 12-24)


Le mot « conscience » est constitué de deux termes
latins : com qui signifie « avec » et scire qui veut dire
« connaître ». La conscience est la faculté intérieure qui
« connaît avec » notre esprit. Elle nous approuve lorsque
nous pratiquons le bien et nous accuse lorsque nous
agissons mal. La conscience n’est pas la loi de Dieu,
mais elle lui rend témoignage. Elle est la fenêtre qui
laisse entrer la lumière. Si la fenêtre se couvre de saleté
parce que nous désobéissons, la lumière faiblit de plus
en plus (cf. Matthieu 6 : 22-23 ; Romains 2 : 14-16).
Paul utilise le mot « conscience » à vingt-trois re-
prises dans ses lettres et son ministère oral tel qu’il nous
est rapporté dans les Actes. « C’est pourquoi je m’ap-
plique sans cesse, moi aussi, à garder une conscience
irréprochable, tant devant Dieu que devant les hommes »
(Actes 24 : 16). Si un individu possède une bonne
conscience, il est intègre, honnête et digne de confiance.
Pourquoi les Corinthiens accusaient-ils Paul de trom-
perie et de négligence ? Parce qu’il avait été contraint de
modifier ses plans. Il avait initialement promis de passer
l’hiver à Corinthe, en précisant néanmoins : « Si le Sei-
gneur le permet » (1 Corinthiens 16 : 2-8). Paul voulait
rassembler l’offrande collectée par les Corinthiens pour
les croyants démunis et laisser le privilège à l’église de
l’envoyer vers Jérusalem avec ses compagnons.
Dépité et très embarrassé, l’apôtre a dû modifier ces
projets. Je compatis, car dans le cadre de mon humble
ministère, j’ai parfois été contraint de changer mon pro-
gramme et même d’annuler des rencontres et ce, sans
bénéficier de l’autorité apostolique ! Suite à ces mo-
difications, Paul avait prévu d’effectuer deux visites à
Corinthe, la première en se rendant en Macédoine et la
24
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

seconde sur le chemin du retour. Il aurait alors ajouté


l’offrande corinthienne à celle des églises macédo-
niennes et serait rentré à Jérusalem.
Malheureusement, le plan B a aussi dû être annulé.
Pourquoi ? Parce que, dans son amour pour cette assem-
blée, il ne pouvait pas supporter la perspective d’une
autre visite pénible (1 : 23 ; 2 : 1-3). Paul avait informé
l’église de ses nouveaux plans, mais cela n’avait pas
suffi à faire taire ses adversaires. Ceux-ci l’accusaient
de suivre une « sagesse purement humaine » (1 : 12), de
faire preuve de légèreté envers la volonté de Dieu (1 : 17)
et de nourrir des projets uniquement pour son propre
plaisir. Ils affirmaient : « Si Paul dit ou écrit quelque
chose, il pense le contraire ! Son oui signifie non et son
non veut dire oui ».
Les malentendus au sein du peuple de Dieu sont sou-
vent difficiles à démêler parce qu’une méprise en en-
traîne une autre. Lorsque nous commençons à remettre
en question l’intégrité des autres ou à douter de leur pa-
role, nous ouvrons la porte à toutes sortes de problèmes.
Toutefois, malgré les propos de ses accusateurs, Paul
a tenu bon parce qu’il possédait une conscience pure.
Ses écrits, ses paroles et son vécu étaient en harmonie.
Après tout, en annonçant sa première intention, il avait
pris soin d’ajouter : « Si le Seigneur le permet » (1 Co-
rinthiens 16 : 7, voir aussi Jacques 4 : 13-17).
Si vous possédez une conscience pure, vous vivez à la
lumière du retour de Jésus-Christ (2 Corinthiens 1 : 14).
« Au jour de notre Seigneur Jésus » évoque le moment
où Jésus reviendra et emmènera son Église au ciel. Paul
était certain qu’au jour du jugement du Christ, il se ré-
jouirait au sujet des croyants de Corinthe et qu’eux se
réjouiraient de lui. Peu importent les malentendus pré-
sents, lorsque nous nous tiendrons devant Jésus-Christ,
tout sera pardonné, oublié et transformé en gloire pour
la louange de notre Seigneur.
Si vous possédez une conscience pure, vous ne
prenez pas la volonté de Dieu à la légère (v. 15-18).
Paul ne dressait pas ses plans avec insouciance ou au

25
Soyez encouragés

hasard. Il recherchait la direction de Dieu. Il arrivait


qu’il ne fût pas certain de ce que Dieu attendait de lui
(Actes 16 : 6-10), mais il savait comment s’attendre au
Seigneur. Sa motivation était sincère. Il voulait plaire
à Dieu et non aux hommes. Si nous prenons un instant
pour considérer la difficulté des déplacements et des
communications à l’époque, nous nous émerveillons
que Paul n’ait pas rencontré davantage de problèmes
liés à son agenda surchargé.
Jésus nous a demandé de penser ce que nous disons.
« Dites simplement “oui” si c’est oui, “non” si c’est non.
Tous les serments qu’on y ajoute viennent du diable »
(Matthieu 5 : 37). Seule une personne au tempérament
faible ou perfide ajoute de longs discours pour appuyer
son « oui » ou son « non ». Les Corinthiens savaient que
Paul était un homme fiable parce qu’il possédait une
conscience pure. Pendant les dix-huit mois de son mi-
nistère parmi eux, il s’était montré fidèle et il n’avait pas
changé.
Si vous possédez une conscience pure, vous glorifiez
Jésus-Christ (2 Corinthiens 1 : 19-20). Vous ne pouvez
pas à la fois glorifier Jésus et tromper autrui. Si vous le
faites, vous violez votre conscience, vous pervertissez
votre caractère et, finalement, vous éloignez la vérité de
votre vie. Les Corinthiens étaient sauvés parce que Paul
et ses amis leur avaient prêché Jésus-Christ. Comment
Dieu aurait-il pu révéler la vérité par le biais de faux ins-
truments ? Le témoignage et la marche de l’homme de
Dieu doivent aller de pair, car l’œuvre que nous accom-
plissons découle de la vie que nous menons.
Il n’est pas question de « oui » ou de « non » au su-
jet de Jésus-Christ. Il est le « oui » éternel adressé par
Dieu à ceux qui se confient en lui. « Car c’est en lui que
Dieu a dit « oui » à tout ce qu’il avait promis. Aussi est-
ce par lui que nous disons « oui », « amen », pour que la
gloire revienne à Dieu » (v. 20). Jésus-Christ révèle et
accomplit les promesses et il nous permet de les pro-
clamer ! L’une des bénédictions inhérentes à une bonne
conscience est de ne pas craindre d’affronter Dieu ou

26
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

les hommes, ni d’annoncer les promesses exprimées par


Dieu dans sa Parole. Paul n’était pas coupable de « falsi-
fier » la Parole de Dieu pour soutenir des pratiques per-
sonnelles répréhensibles (cf. 4 : 2).
Enfin, si vous possédez une conscience pure, vous
êtes en bons termes avec l’Esprit de Dieu (1 : 21-24). Le
verbe « uni » est un terme commercial qui décrit la ga-
rantie d’honorer un contrat. Il s’agissait de l’assurance
fournie par le vendeur à l’acheteur que le produit serait
conforme à l’annonce ou que le service serait rendu
comme convenu.
Le Saint-Esprit est la garantie de la bonne foi de
Dieu, qui accomplira tout ce qu’il a promis. Paul veillait
à ne pas attrister le Saint-Esprit et, puisque ce dernier ne
le condamnait pas, il savait que ses motivations étaient
pures et sa conscience également.
Tous les chrétiens ont reçu le Saint-Esprit (v. 21).
Dans l’Ancien Testament, seuls les prophètes, les prêtres
et les rois étaient oints par Dieu. L’onction les équipait
pour le service. En nous abandonnant à l’Esprit, il nous
rend capables de servir Dieu et de mener une vie qui
l’honore. Il nous donne le discernement spirituel parti-
culier dont nous avons besoin pour servir Dieu de façon
honorable (1 Jean 2 : 20, 27).
L’Esprit nous a aussi scellés (2 Corinthiens 1 : 22 ;
Éphésiens 1 : 13) de sorte que nous appartenons au
Christ et qu’il peut revendiquer la souveraineté sur notre
vie. Le témoignage rendu en nous par l’Esprit garantit
que nous sommes des enfants de Dieu authentiques et
non des contrefaçons (Romains 5 : 5 ; 8 : 9). L’Esprit
nous donne aussi l’assurance qu’il nous protégera parce
que nous lui appartenons.
Enfin, le Saint-Esprit nous permet de servir les autres
(2 Corinthiens 1 : 23-24), non pas comme des « dicta-
teurs spirituels » qui imposent leurs règles, mais comme
des serviteurs qui cherchent à aider les autres à grandir.
Les faux enseignants qui avaient envahi l’église de Co-
rinthe s’étaient comportés comme des dictateurs (cf.
2 Corinthiens 11) et avaient détourné le cœur des fidèles

27
Soyez encouragés

de Paul, qui avait pourtant consenti à de nombreux sa-


crifices en leur faveur.
L’Esprit est aussi l’« acompte » (gage, garantie, cau-
tion) de Dieu qu’un jour, nous serons avec lui au ciel
où nous posséderons des corps glorifiés (voir Éphé-
siens 1 : 14). Il nous permet de jouir des bénédictions cé-
lestes dans notre cœur dès aujourd’hui ! Grâce à la pré-
sence du Saint-Esprit, Paul pouvait avoir une conscience
pure et affronter les malentendus avec amour et patience.
Si vous vivez pour satisfaire les gens, les méprises sape-
ront votre moral, mais si vous vivez pour satisfaire Dieu,
vous pourrez affronter les différends avec foi et courage.

Un cœur compatissant (2 : 1-11)


J’ai souvent cité ces quelques vers anonymes qui
décrivent parfaitement l’un des problèmes les plus fré-
quents que rencontrent les enfants de Dieu.
Vivre là-haut avec des frères que nous aimons,
Ah vraiment, quelle gloire !
Vivre ici-bas avec des frères que nous connaissons,
Ça, c’est une autre histoire !
L’un des membres de l’église de Corinthe avait causé
beaucoup de peine à Paul. Nous ignorons s’il s’agis-
sait du même homme que celui évoqué dans 1 Corin-
thiens 5 et qui vivait ouvertement dans l’immoralité,
ou s’il s’agissait d’un autre fidèle qui aurait publique-
ment contesté l’autorité apostolique de Paul. Ce dernier
avait brièvement rendu visite à l’église de Corinthe pour
aborder le problème (2 Corinthiens 12 : 14 ; 13 : 1) et il
avait aussi traité de la question dans une lettre doulou-
reuse adressée à la communauté. À travers toutes ces
démarches, Paul n’a jamais manqué de manifester de la
compassion. Voyez les signes qui attestent son amour.

Il accordait la première place aux autres (2 : 1-4)


Il ne songeait pas à ses propres sentiments, mais avant
tout à ceux d’autrui. Dans le ministère chrétien, ce sont
ceux qui nous procurent les plus grandes joies qui peu-
vent aussi provoquer nos plus grands chagrins et c’est
28
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

précisément ce que Paul expérimentait. Il écrivit alors une


lettre sévère, dictée par l’angoisse de son propre cœur, et
enveloppée d’amour fraternel. Son profond désir était
que l’église obéisse à la Parole, reprenne l’homme en tort
et restaure la pureté et la paix au sein de l’assemblée.
« Un ami qui vous blesse vous prouve par là sa fi-
délité, mais un ennemi multiplie les embrassades »
(Proverbes 27 : 6). Paul savait que ses paroles blesse-
raient ses bien-aimés et son cœur en était attristé, mais
il connaissait la grande différence entre blesser une per-
sonne et lui nuire. Il arrive que ceux qui nous aiment
doivent nous blesser pour nous empêcher de nuire.
Paul aurait pu exercer son autorité apostolique et
commander à l’assemblée de le respecter et de lui obéir,
mais il préférait exercer son ministère avec patience et
amour. Dieu savait que Paul avait modifié ses plans pour
épargner à l’église des blessures supplémentaires (2 Co-
rinthiens 1 : 23-24). L’amour considère toujours les sen-
timents des autres et cherche à placer leur intérêt avant
tout le reste.

L’amour cherche aussi à aider


les autres à grandir (2 : 5-6)
Il est utile de souligner que Paul n’a pas mentionné
le nom de celui qui s’était opposé à lui et divisait l’as-
semblée. Il demande toutefois à l’église de reprendre cet
homme pour son propre bien. Si la personne en question
est celle mentionnée dans 1 Corinthiens 5, ces versets
montrent que l’église avait organisé une réunion et dis-
cipliné cet homme, puis qu’il s’était repenti avant d’être
rétabli au sein de l’assemblée.
La véritable discipline est une preuve d’amour (voir
Hébreux 12). Certains parents nourrissent des points de
vue « modernes » sur l’éducation des enfants et refusent
de punir leur désobéissance en prétendant trop les aimer.
Cependant, s’ils aimaient réellement leurs enfants, ils
les corrigeraient.
La discipline d’église n’est pas un sujet populaire ni
une pratique répandue. Trop d’assemblées balaient le

29
Soyez encouragés

problème « sous le tapis » au lieu d’obéir aux Écritures


et d’aborder la situation en toute franchise en vivant se-
lon la vérité dans l’amour (cf. Éphésiens 4 : 15). « La
paix à tout prix » n’est pas un principe biblique car il ne
peut exister de véritable paix spirituelle en l’absence de
pureté (Jacques 3 : 13-18). Les problèmes ignorés n’ont
pas leur pareil pour proliférer et engendrer des difficul-
tés pires encore.
L’homme dénoncé par Paul et repris par l’église a été
soutenu par cette attention inhérente à l’amour. Lorsque
j’étais enfant, je n’appréciais pas toujours la discipline
exercée par mes parents, mais je dois avouer que je mé-
ritais des punitions bien plus sévères que celles que je
recevais. Aujourd’hui, lorsque je regarde en arrière, je
remercie Dieu que mes parents m’aient suffisamment
aimé pour me blesser et m’empêcher de me faire du
tort. Je comprends désormais ce qu’ils voulaient dire
lorsqu’ils affirmaient : « Cette punition me blesse plus
que toi ».

Enfin, l’amour pardonne et encourage (2 : 7-11)


Paul pressait l’assemblée de pardonner à cet homme
et il fournit des raisons solides pour justifier son exhor-
tation. Pour commencer, ils devaient pardonner dans
son propre intérêt « afin qu’il ne soit pas accablé par une
tristesse excessive » (v. 7). Le pardon est le remède qui
contribue à guérir les cœurs brisés. Il était important que
l’église assure ce membre repenti de son amour.
Dans mon propre ministère pastoral, j’ai participé
à des réunions au cours desquelles des membres repris
étaient pardonnés et restaurés au sein de l’assemblée et
ce furent là des heures excessivement bénies dans ma
vie. Lorsqu’une assemblée assure à un frère ou une sœur
que son péché est pardonné et que la communion est
restaurée, la présence de Dieu devient si palpable que
l’expérience est merveilleuse. Tout parent qui punit son
enfant doit se conformer à sa décision en veillant à ex-
primer son amour et son pardon, sinon la punition fera
plus de tort que de bien.

30
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

Les chrétiens doivent assurer le frère pardonné de


leur amour « devant le Christ » (v. 9-10). Après tout, la
punition s’impose autant par obéissance à Dieu que par
obligation envers un frère. Le problème ne concernait
pas seulement un croyant tombé dans le péché et un
apôtre attristé, mais aussi un croyant tombé dans le pé-
ché et un Sauveur attristé. L’homme avait péché contre
Paul et l’église, mais il avait surtout péché contre le Sei-
gneur. Lorsque des responsables d’églises trop timorés
tentent « d’étouffer » une situation au lieu de l’affronter
honnêtement, ils attristent le Seigneur.
Paul fournit une troisième raison : ils doivent pardon-
ner le fautif dans l’intérêt de l’église (v. 11). Lorsqu’un
manque de pardon subsiste dans une assemblée parce
que le péché n’a pas été traité de façon biblique, Satan
y trouve une tête de pont depuis laquelle il peut agir au
sein de l’assemblée. Nous attristons le Saint-Esprit et
nous donnons « une prise au diable » lorsque nous per-
sistons à refuser notre pardon (Éphésiens 4 : 27-32).
L’une des « techniques » du diable consiste à accu-
ser les croyants qui ont péché pour les convaincre que
leur cas est désespéré. Des gens m’ont écrit ou appelé à
l’aide parce qu’ils se sentaient oppressés et accusés par
le diable. Le Saint-Esprit nous convainc de péché pour
nous obliger à le confesser et à nous tourner vers Jésus
pour être purifiés, mais Satan nous accuse de péché pour
nous pousser à désespérer et à renoncer.
Lorsqu’un frère ou une sœur en tort est repris selon
la Bible et se repent, l’église doit lui accorder le pardon
et la restauration, et la faute doit être oubliée sans plus
jamais être évoquée. Si la communauté (ou l’un de ses
membres) refuse obstinément de pardonner, le diable se
sert de cette attitude comme porte d’accès pour lancer de
nouveaux assauts contre l’église.
Paul a pu surmonter les problèmes qu’il affrontait
parce qu’il possédait une conscience pure et un cœur
compatissant. Une troisième ressource spirituelle lui a
cependant aussi assuré la victoire.

31
Soyez encouragés

Une foi conquérante (2 : 12-17)


En Asie, il s’avéra que les projets de Paul étaient
complètement tombés à l’eau. Où se trouvait Tite ?
Que se passait-il à Corinthe ? Paul se trouvait face à des
portes ouvertes pour exercer son ministère à Troas, mais
il n’éprouvait pas une paix suffisante dans son cœur
pour les franchir. Humainement, la bataille semblait
proche de son terme et Satan sur le point de remporter
la victoire.
À un détail près : Paul possédait une foi conquérante.
Il a pu exprimer sa louange et écrire : « Je ne puis que re-
mercier Dieu » (v. 14). Ce chant de reconnaissance était
alimenté par l’assurance qu’il possédait parce qu’il s’ap-
puyait sur Jésus-Christ.

Paul était certain que Dieu le dirigeait (2 : 14)


Les circonstances n’étaient pas agréables et Paul ne
pouvait pas expliquer les détours et les revers, mais il
était certain que Dieu restait aux commandes. Le croyant
peut toujours être sûr que Dieu fait tout concourir pour
son bien, tant qu’il l’aime et qu’il s’efforce d’obéir à sa
volonté (Romains 8 : 28). Cette promesse n’est pas un
prétexte pour tomber dans l’indifférence, mais bien un
encouragement pour rester confiant.
L’un de mes amis devait rencontrer un responsable
chrétien derrière le rideau de fer pour y organiser la pu-
blication d’un livre, mais les dispositions prises sont
tombées à l’eau. Mon ami s’est retrouvé seul dans un
lieu dangereux, ignorant comment réagir, lorsqu’il est
tombé « par hasard » sur un étranger… qui l’a amené
tout droit chez la personne qu’il cherchait à contacter !
C’est la providence de Dieu à l’œuvre, l’accomplisse-
ment de Romains 8 : 28.

Paul était certain que Dieu le dirigeait


triomphalement (2 : 14b)
L’image évoquée est celle d’un « triomphe romain » :
le tribut spécial accordé par Rome à ses généraux vic-

32
2 Corinthiens 1 : 12 à 2 : 17

torieux ; l’équivalent des parades américaines sous une


pluie de serpentins.
Si un commandant en chef remportait une vic-
toire totale sur l’ennemi en terre étrangère et s’il tuait
au moins cinq mille soldats ennemis et conquérait un
nouveau territoire pour l’empereur, il avait droit à un
triomphe romain. Le cortège prévoyait l’entrée du gé-
néral sur un char en or, entouré de ses officiers. La pa-
rade permettait aussi d’exposer le butin de guerre et les
prisonniers ennemis. Les prêtres romains participaient à
l’entrée triomphale, en portant de l’encens pour rendre
hommage à l’armée victorieuse.
La procession empruntait un itinéraire particulier
dans la ville et s’achevait au Cirque Maxime où les
pauvres prisonniers étaient livrés aux bêtes sauvages
pour divertir la population. La population romaine vi-
vait un jour très particulier lorsqu’elle se voyait offrir un
triomphe au grand complet.
Comment cet aspect de l’histoire s’applique-t-il au
chrétien qui ploie aujourd’hui sous son fardeau ? Jé-
sus-Christ, notre commandant en chef s’est rendu en
terre étrangère (la terre) où il a complètement vaincu
l’ennemi (Satan). Au lieu de tuer cinq mille soldats, il
a donné la vie à plus de cinq mille personnes (plus de
trois mille à la Pentecôte et plus de deux mille peu après
– Actes 2 : 41 ; 4 : 4). Jésus-Christ a aussi revendiqué son
butin de guerre : les âmes perdues autrefois esclaves du
péché et du diable (Luc 11 : 14-22 ; Colossiens 2 : 15 ;
Éphésiens 4 : 8). Quelle victoire éclatante !
Les fils du général victorieux marchaient derrière
le char de leur père et partageaient son triomphe. C’est
exactement la position occupée par les croyants au-
jourd’hui : ils prennent part au triomphe du Christ. Nous
ne nous battons pas pour la victoire, mais dans la vic-
toire. La situation de Paul n’avait pas du tout l’apparence
de la victoire, ni en Asie ni à Corinthe, mais il croyait en
Dieu et Dieu a transformé la défaite en triomphe.

33
Soyez encouragés

Paul était certain que Dieu l’utilisait tout en


le dirigeant (2 : 14c-17)
Le parfum de l’encens brûlé par les prêtres romains
pendant la procession provoquait des réactions diffé-
rentes. Pour les soldats triomphants, il était synonyme
de vie et de victoire, mais pour l’ennemi vaincu, il signi-
fiait la défaite et la mort. Ils étaient en chemin vers leur
supplice.
À travers cette image de l’encens, Paul décrit le mi-
nistère des chrétiens. Il compare les croyants à l’encens
parce qu’ils répandent le parfum de Jésus-Christ dans
leur vie et leur travail. Aux yeux de Dieu, les chrétiens
diffusent le parfum même de Jésus-Christ. Pour nos
frères dans la foi, nous sommes un parfum de vie, mais
pour les incroyants, nous sommes un parfum de mort.
En d’autres termes, la vie et le ministère chrétiens sont
des questions de vie et de mort. Notre façon de vivre
et de travailler peut signifier la vie ou la mort pour le
monde perdu qui nous entoure.
Il n’est pas surprenant que Paul se soit écrié : « Et
qui donc est à la hauteur d’une telle tâche ? » (v. 16). Il
répond au chapitre suivant : « Notre capacité vient de
Dieu » (3 : 5). Il rappelle aux Corinthiens que son cœur
est pur et sa motivation sincère. Après tout, il était su-
perflu de discourir et de « colporter » la Parole de Dieu
en suivant le cortège triomphal du Sauveur victorieux !
Ils interprétaient peut-être mal ses intentions, mais Dieu,
lui, connaissait son cœur.
L’échec n’est pas une fatalité ! Les circonstances
peuvent nous décourager et certains peuvent s’opposer
à nous et mal nous comprendre, mais nous possédons en
Christ les ressources spirituelles pour remporter la ba-
taille : une conscience pure, un cœur compatissant et une
foi conquérante.
Si Dieu est pour nous, qui se lèvera contre nous ? […]
Mais dans tout cela nous sommes bien plus que vain-
queurs par celui qui nous a aimés. (Romains 8 : 31, 37).

34
3

2 Corinthiens 3
De gloire en gloire
L’authenticité s’assortit toujours d’une contrefaçon.
Même des critiques d’art ont été trompés par de faux
« chefs-d’œuvre » et des éditeurs de bonne foi ont acheté
des manuscrits prétendument précieux avant de décou-
vrir la supercherie. L’auteur américain Henry Ward Bee-
cher avait raison d’affirmer : « Un mensonge s’appuie
toujours en partie sur une vérité ».
Dès que l’Évangile de la grâce divine a commencé à
se répandre parmi les païens, un évangile « contrefait »,
mélange de légalisme et de grâce, a fait son apparition.
Il était défendu par un groupe d’individus zélés, venus
de Judée. C’est pour réfuter leurs doctrines que Paul a
écrit aux Galates et il y fait également référence à plu-
sieurs reprises dans sa seconde épître aux Corinthiens.
Avant tout, ces Judéens affirmaient que le salut
s’obtenait par la foi en Christ et par le respect de la loi
(voir Actes 15 : 1s). Ils enseignaient aussi que le croyant
perfectionne sa foi en obéissant à la loi de Moïse. Leur
« évangile légaliste » était très populaire car la nature hu-
maine préfère poursuivre des objectifs religieux plutôt
que simplement s’abandonner à Jésus-Christ et laisser le
Saint-Esprit agir. Il est beaucoup plus facile de mesurer
la « religiosité » d’un individu que ses vertus véritables.
Paul considérait ces faux enseignants comme des
« falsificateurs » de la Parole de Dieu (voir 2 Corin-
thiens 2 : 17), des racketteurs religieux qui exploitaient
l’ignorance des fidèles. Il dénonçait leurs moyens dé-
tournés d’enseigner la Bible (4 : 2) et méprisait leur
propension à se vanter du nombre de leurs convertis
(10 : 12-18). L’une des raisons pour lesquelles les Co-
35
Soyez encouragés

rinthiens accusaient du retard dans leur contribution à


l’offrande spéciale était que les Judéens avaient « volé »
l’église (11 : 7-12, 20 ; 12 : 14).
Comment Paul a-t-il réfuté les doctrines et les pra-
tiques de ces faux enseignants légalistes ? En montrant
la gloire supérieure du ministère de l’Évangile de la
grâce divine. Dans 2 Corinthiens 3, Paul compare le mi-
nistère de l’ancienne alliance (la loi) à celui de la nou-
velle alliance (la grâce) et il démontre la supériorité de
ce dernier. Relevons ensemble les contrastes mis en évi-
dence par l’apôtre.

Table de pierre et cœur humain


(3 : 1-3)
Les enseignants venus de Judée se vantaient de
posséder des « lettres de recommandation » (v. 1) de
membres importants de l’église de Jérusalem et ils pré-
cisaient que Paul ne possédait pas de telles références.
Il est bien triste pour un individu de mesurer sa valeur
à l’aune de ce que les gens disent de lui et non en vertu
de ce que Dieu sait de lui. Paul n’avait besoin d’aucune
recommandation des responsables de l’église : sa vie et
son ministère étaient des références suffisantes.
Lorsque Dieu a transmis sa loi, il l’a gravée sur des
tables de pierre qui furent ensuite placées dans l’arche
de l’alliance. Même si les Israélites pouvaient lire les
deux tables, cette expérience n’avait pas le pouvoir de
changer leur vie. La loi est un élément externe. Or, les
individus ont besoin d’une puissance intérieure pour
voir leur vie transformée. Le légaliste peut nous exhor-
ter à coups de « Faites ceci ! » et « Faites cela ! », mais
il ne peut pas nous donner le pouvoir d’obéir. Si nous
obéissons, notre attitude ne vient généralement pas du
cœur et nous finissons dans un état pire qu’auparavant !
Le ministère de la grâce transforme le cœur. L’Es-
prit utilise la Parole de Dieu et la grave sur notre cœur.
Les Corinthiens étaient des pécheurs corrompus lorsque
Paul se présenta à eux, mais l’Évangile de la grâce di-
vine a complètement changé leur vie (voir 1 Corin-
36
2 Corinthiens 3

thiens 6 : 9-11). Leur expérience de la grâce de Dieu si-


gnifiait assurément davantage pour eux que les lettres
de recommandation présentées par les faux enseignants.
Les croyants corinthiens étaient tendrement gravés dans
le cœur de Paul et l’Esprit de Dieu avait gravé la vé-
rité sur leur cœur, faisant d’eux des « épîtres vivantes du
Christ ».
L’authenticité du ministère est démontrée par des
vies transformées, et non par des coupures de presse
ou des statistiques. Il est beaucoup plus facile pour le
légaliste de se vanter parce qu’il peut « mesurer » son
ministère en vertu de normes extérieures. Le croyant
qui exerce patiemment son ministère sous la direction
de l’Esprit de Dieu doit en laisser les fruits au Seigneur.
Comme il est tragique que les Corinthiens aient écouté
ces Judéens hâbleurs et qu’ils aient ainsi brisé le cœur
de l’homme qui avait su les détourner de la voie du ju-
gement.

Mort et vie (3 : 4-6)


Paul se montrait prompt à glorifier Dieu plutôt que
lui-même. Sa confiance reposait dans le Seigneur et
son assurance lui venait de Dieu. Paul était un homme
brillant et instruit. Il ne dépendait pourtant pas de ses
propres compétences, mais du Seigneur.
Les légalistes affirmaient évidemment que tout
homme pouvait se conformer à la loi et devenir spiri-
tuel. Un ministère légaliste a tendance à stimuler l’ego
des individus. Si vous insistez sur la grâce de Dieu, vous
devez dire aux gens qu’ils sont des pécheurs perdus,
incapables de se sauver eux-mêmes. Le témoignage de
Paul était : « Ce que je suis à présent, c’est à la grâce de
Dieu que je le dois » (1 Corinthiens 15 : 10). Personne ne
peut s’appuyer sur ses propres forces pour soigner l’âme
des hommes. Dieu seul peut donner une force suffisante
pour réussir.
Voyez les noms différents utilisés par Paul dans
ce chapitre pour désigner l’ancienne et la nouvelle al-
liances et pour les comparer. Au verset 6, « la Loi » fait
37
Soyez encouragés

référence à l’ancienne alliance, tandis que « l’Esprit »


se réfère au message de grâce de la nouvelle alliance.
Paul ne contrastait pas deux approches de la Bible, à
savoir une « interprétation littérale » et une « interpré-
tation spirituelle ». Il rappelait à ses lecteurs que la loi
de l’ancienne alliance n’avait pas le pouvoir de donner
la vie et que son ministère était celui de la mort (voir
Galates 3 : 21-22). Par contre, l’Évangile donne la vie à
ceux qui croient grâce à l’œuvre de Jésus sur la croix.
Paul ne sous-entendait pas que la loi était erronée ou
que son ministère était sans importance. Loin de là ! Il
savait que le pécheur perdu doit être condamné à mort
par la loi et constater son impuissance avant de pouvoir
être sauvé par la grâce de Dieu. Jean-Baptiste s’est pré-
senté avec un message de jugement, pour préparer la
voie à Jésus et à son message du salut par la grâce.
Un ministère légaliste engendre la mort. Les pré-
dicateurs spécialisés dans les règles et les jugements
maintiennent leur communauté sous un sombre nuage
de culpabilité, lui ôtant toute joie, toute puissance et
tout témoignage efficace pour le Christ. Les chrétiens
qui se mesurent constamment aux autres, en comparant
leurs « résultats » et en se concurrençant, ne tardent pas
à découvrir qu’ils s’appuient sur la chair et non sur la
puissance de l’Esprit. Aucune règle n’a jamais pu trans-
former la vie d’un individu, pas même les dix comman-
dements. Seule la grâce de Dieu, dirigée par son Esprit,
peut transformer des pécheurs perdus en lettres vivantes
qui glorifient Jésus-Christ.
La doctrine de Paul sur la nouvelle alliance n’a pas
été inventée pour l’occasion. Lorsqu’il étudiait les Écri-
tures avec application, Paul n’avait pas manqué de lire
Jérémie 31 : 27-34 et Ézéchiel 11 : 14-21. Le passage clé
du Nouveau Testament est Hébreux 8 à 10. La loi de
l’ancienne alliance, avec l’importance qu’elle accorde
à l’obéissance extérieure, était une préparation au mes-
sage de grâce de la nouvelle alliance et à la transforma-
tion intérieure du cœur.

38
2 Corinthiens 3

Gloire déclinante et gloire croissante


(3 : 7-11)
Ce paragraphe constitue le cœur du chapitre et il
convient de l’étudier en relation avec Exode 34 : 29-35.
Paul ne renie pas l’ancienne alliance parce que la trans-
mission de la loi, l’entretien du tabernacle et les services
assurés dans le temple étaient porteurs de gloire. Il af-
firme toutefois que la gloire de la nouvelle alliance de la
grâce est de loin supérieure et il avance plusieurs raisons
pour soutenir son affirmation.

La gloire de la nouvelle alliance est synonyme


de vie et non de mort spirituelle (3 : 7-8)
Lorsque Moïse redescendit de la montagne après sa
rencontre avec Dieu, son visage rayonnait de la gloire de
l’Éternel. Ce n’était qu’une partie de la gloire associée
à la transmission de la loi et elle n’a pas manqué d’im-
pressionner le peuple. Paul avance l’argument exponen-
tiel : si la transmission d’une loi qui engendrait la mort
était glorieuse, à combien plus forte raison un ministère
qui apporte la vie est glorieux !
Les légalistes comme ces Judéens aiment magni-
fier la loi et minimiser ses faiblesses. Dans sa lettre
aux églises de Galatie, Paul a souligné les déficiences
de la loi : elle ne peut ni justifier le pécheur perdu (Ga-
lates 2 : 16) ni déclarer le pécheur juste (2 : 21) ni donner
le Saint-Esprit (3 : 2) ni transmettre un héritage (3 : 18)
ni donner la vie (3 : 21) ou la liberté (4 : 8-10). La gloire
de la loi est véritablement celle d’un ministère de mort.

La gloire de la nouvelle alliance est synonyme


de justification et non de condamnation
(3 : 9-10)
La loi n’a pas été transmise dans le but de sauver, car
sa stricte observance n’apporte pas le salut. La loi pro-
duit la condamnation. Elle est le miroir qui révèle à quel
point nos visages sont réellement souillés. Il nous est
toutefois impossible de laver notre visage dans le miroir.

39
Soyez encouragés

Le ministère de la nouvelle alliance produit la justifi-


cation et change la vie à la gloire de Dieu. Le plus grand
besoin de l’homme est celui d’être justifié et le plus
grand don de Dieu est celui de la justification par la foi
en Jésus-Christ. « En effet, si c’est l’obéissance à la Loi
qui permet d’être déclaré juste, alors le Christ est mort
pour rien ! » (Galates 2 : 21) L’individu qui s’efforce de
vivre sous la loi se sent de plus en plus coupable et peut
même finir en proie au désespoir et au rejet. Par contre,
si nous accordons notre confiance à Jésus et si nous vi-
vons par la foi en la grâce divine, nous connaissons l’ac-
ceptation et la joie.
2 Corinthiens 3 : 10 affirme que la loi « perd tout
son éclat » devant la gloire supérieure du ministère de
la grâce divine. Il n’y a tout simplement pas de com-
paraison. Il est regrettable que certains éprouvent le be-
soin de porter le poids de la culpabilité pour « se sentir
spirituels ». La loi produit la culpabilité et la condamna-
tion, car elle est semblable à « l’acte qui établissait nos
manquements » (Colossiens 2 : 14), à un tuteur chargé de
nous éduquer (Galates 4 : 1-5) ou à un joug trop lourd à
supporter (Galates 5 : 1 ; Actes 15 : 10).

La gloire de la nouvelle alliance est permanente


et non temporaire (3 : 11)
La conjugaison du verbe est très importante dans
ce passage : « Si ce qui passe […] » (Colombe). À cette
période de l’histoire, les époques se chevauchaient. La
grâce de la nouvelle alliance avait été introduite, mais
les rites du Temple continuaient à être assurés et la na-
tion d’Israël vivait encore sous la loi. En 70 après J.-C.,
la ville de Jérusalem et le Temple seraient détruits par
les Romains, ce qui marquerait la fin du système reli-
gieux juif.
Les hommes venus de Judée voulaient ramener les
croyants corinthiens sous la loi et « mêler » les deux
alliances. « Pourquoi retourner à ce qui est passager et
qui s’éteint ? demande Paul. Vivons dans la gloire de la
nouvelle alliance dont l’éclat ne cesse de grandir ». La

40
2 Corinthiens 3

gloire de la loi est déjà révolue alors que celle de la nou-


velle alliance correspond à l’expérience présente. Les
croyants peuvent être « transformés […] dans une gloire
dont l’éclat ne cesse de grandir » (3 : 18), chose que la loi
ne pourra jamais accomplir.
La gloire de la loi s’atténuait à l’époque de Paul et,
de nos jours, elle ne subsiste plus que dans le texte bi-
blique. La nation d’Israël ne possède plus ni temple ni
clergé. Si les Juifs bâtissaient un temple, le Saint des
saints n’accueillerait plus la gloire de la Shekinah. La loi
de Moïse est une religion au passé glorieux, mais dont
l’éclat a désormais complètement disparu. La lumière
s’est éteinte, il ne reste plus que des ombres (Colos-
siens 2 : 16-17).
Paul a déjà précisé que le ministère de la grâce est in-
térieur (2 Corinthiens 3 : 1-3), qu’il donne la vie (v. 4-6)
et qu’il implique une gloire grandissante (v. 7-11). Il
présente une dernière comparaison pour démontrer la
supériorité du ministère de la nouvelle alliance.

Dissimulation et ouverture (3 : 12-18)


La Bible est fondamentalement un « livre d’images »
car elle utilise des symboles, des comparaisons, des
métaphores et d’autres techniques littéraires pour faire
passer son message. Dans ce paragraphe, Paul utilise
l’expérience de Moïse et de son voile pour illustrer la
liberté et l’ouverture glorieuses de la vie chrétienne sous
la grâce. Paul discernait dans l’expérience de Moïse une
signification spirituelle plus profonde que ce qu’il appa-
raît à première vue dans Exode 34 : 29-35.

L’événement historique (3 : 12-13)


Si vous avez part à un ministère d’une gloire crois-
sante, vous pouvez manifester de l’aplomb dans vos
propos et Paul ne cachait pas son assurance. Contraire-
ment à Moïse, il n’avait rien à cacher.
Lorsque Moïse revint de sa rencontre avec Dieu, son
visage rayonnait sous le reflet de la gloire de l’Éternel.
Quand il s’adressa aux Israélites, ceux-ci purent voir

41
Soyez encouragés

l’éclat de son visage et ils en furent impressionnés. Or,


Moïse savait que la gloire disparaîtrait progressivement.
Dès lors, après avoir enseigné le peuple, il posa un voile
sur son visage. Ainsi, les Israélites ne purent pas voir le
rayonnement s’atténuer car qui aurait voulu suivre un
leader privé de gloire ?
Le mot traduit par « fin » au verset 13 (Colombe) a
deux significations : « but » et « fin ». Le voile empêchait
le peuple de voir la « fin » de la gloire, mais il l’empê-
chait aussi de comprendre le « but » intrinsèque de ce
rayonnement décroissant. La loi venait d’être instituée
et les Israélites n’étaient pas prêts à s’entendre dire que
ce système privilégié n’était que temporaire. L’alliance
de la loi ouvrait la voie à un avenir plus glorieux, mais
cette vérité ne pouvait pas encore être révélée au peuple.

L’application nationale (3 : 14-17)


Paul éprouvait un amour particulier pour Israël et il
désirait ardemment que son peuple accède au salut (Ro-
mains 9 : 1-3). Pourquoi les Juifs rejetaient-ils leur Mes-
sie ? Missionnaire parmi les païens, Paul voyait de nom-
breux non-Juifs s’abandonner au Seigneur tandis que
son propre peuple rejetait la vérité et persécutait l’apôtre
et l’Église.
Pour quelle raison ? Un « voile spirituel » recouvrait
leur esprit et leur cœur. Leurs « yeux spirituels » étaient
aveuglés de sorte qu’en lisant les textes de l’Ancien Tes-
tament, ils ne discernaient pas la vérité sur leur propre
Messie. Même si les Écritures étaient systématiquement
lues dans les synagogues, les Juifs ne saisissaient pas le
message spirituel transmis par Dieu. Ils étaient égarés
par leur propre religion.
Existe-t-il le moindre espoir pour les enfants perdus
d’Israël ? Oui, bien sûr ! « Mais lorsqu’on se tourne vers
le Seigneur [par la foi en Jésus], le voile est enlevé »
(2 Corinthiens 3 : 16 – Colombe).
Dans chacune des trois églises dont j’ai été le pasteur,
j’ai eu la grande joie de baptiser des Juifs qui s’étaient
abandonnés à Jésus-Christ. Il est frappant de voir com-

42
2 Corinthiens 3

bien leur esprit s’ouvre aux Écritures après leur nouvelle


naissance. L’un d’entre eux m’a confié : « C’est comme
si des écailles étaient tombées de mes yeux. Et je me
demande pourquoi tout le monde ne voit pas ce que je
vois ! » L’Esprit de Dieu avait déchiré le voile et lui avait
donné une vision spirituelle.
Toutefois, aucun pécheur (juif ou païen) ne peut se
tourner vers Jésus-Christ sans le ministère du Saint-Es-
prit de Dieu. « Le Seigneur dont parle le texte ; c’est l’Es-
prit » (v. 17). Ce verset affirme sans équivoque la divi-
nité du Saint-Esprit : il est Dieu. Les Judéens qui avaient
envahi l’église de Corinthe cherchaient à changer les in-
dividus au moyen de la loi, alors que seul le Saint-Esprit
de Dieu peut opérer une transformation spirituelle. La
Loi ne peut produire que l’esclavage, mais l’Esprit nous
permet d’entrer dans une vie de liberté. « En effet, vous
n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves
et vous ramène à la crainte : non, vous avez reçu l’Esprit
qui fait de vous des fils adoptifs de Dieu. Car c’est par
cet Esprit que nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ! »
(Romains 8 : 15).
Aujourd’hui, la nation d’Israël souffre de cécité spi-
rituelle, ce qui n’empêche pas le salut individuel des
Juifs. L’Église doit retrouver son fardeau perdu pour Is-
raël. Nous leur sommes redevables parce que toutes les
bénédictions spirituelles dont nous jouissons nous ont
été transmises à travers eux. « Le salut vient du peuple
juif » (Jean 4 : 22). La seule façon de rembourser notre
« dette » est de partager l’Évangile avec eux et de prier
pour leur salut (Romains 10 : 1).

L’application personnelle (3 : 18)


« Et nous tous qui, le visage découvert, contemplons,
comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés en son image dans une gloire dont
l’éclat ne cesse de grandir. C’est là l’œuvre du Seigneur,
c’est-à-dire de l’Esprit ». Ce verset marque l’apogée du
chapitre. Il présente une vérité si enthousiasmante que je
m’étonne du nombre de croyants qui l’ont manqué ou…

43
Soyez encouragés

ignoré. Vous et moi pouvons partager le reflet de Jésus-


Christ et aller « de gloire en gloire » (Colombe) à travers
le ministère du Saint-Esprit de Dieu !
Sous l’ancienne alliance, seul Moïse gravissait la
montagne pour rencontrer Dieu mais, sous la nouvelle
alliance, tous les croyants ont le privilège de communier
avec lui. À travers Jésus-Christ, nous pouvons entrer
dans le Saint des saints (Hébreux 10 : 19-20), sans pour
autant devoir escalader une montagne !
Le « miroir » symbolise la Parole de Dieu
(Jacques 1 : 22-25). Cette dernière nous montre le Fils de
Dieu à l’image duquel l’Esprit nous transforme. Il est
toutefois important de ne rien lui cacher. Nous devons
nous montrer ouverts et honnêtes avec Dieu et ne pas
porter de voile.
Le mot traduit par « transformés » est le même que
celui traduit par « transfiguré » dans le passage sur
la transfiguration de Jésus (Matthieu 17, Marc 9). Il
évoque un changement extérieur provenant de l’inté-
rieur. Le mot « métamorphose » est la translittération
de ce terme grec. La métamorphose désigne le proces-
sus subi par un insecte depuis la larve et la chrysalide
jusqu’à l’âge adulte. Le changement vient de l’intérieur.
Moïse reflétait la gloire de Dieu, mais vous et moi
pouvons irradier de la gloire de Dieu. Lorsque nous mé-
ditons la Parole et que nous y discernons le Fils de Dieu,
l’Esprit nous transforme ! Nous devenons davantage
semblables au Seigneur Jésus alors que nous croissons
« de gloire en gloire ». Ce développement merveilleux
ne peut s’accomplir si nous conservons la loi. La gloire
de la loi s’est progressivement éteinte, mais celle de la
grâce divine continue à prendre de l’ampleur dans notre
vie.
Souvenons-nous que Paul comparait non seulement
l’ancienne alliance et la nouvelle, mais aussi le minis-
tère de l’ancienne alliance et celui de la grâce. Le but du
premier est le respect d’une norme extérieure, mais cette
obéissance ne peut pas changer le caractère humain. Le
but du ministère de la nouvelle alliance est la ressem-

44
2 Corinthiens 3

blance à Jésus-Christ. La loi peut nous amener à Christ


(Galates 3 : 24), mais seule la grâce peut nous rendre
semblables à lui. Les prédicateurs et les enseignants
légalistes peuvent convaincre les fidèles de se confor-
mer à certaines normes, mais ils ne pourront jamais les
transformer pour les amener à la ressemblance du Fils
de Dieu.
L’ancienne alliance utilise la loi, tandis que la nou-
velle alliance utilise l’Esprit de Dieu qui se sert à son
tour de la Parole 1. Puisque le Saint-Esprit est l’auteur
de la Parole, il est en mesure de nous l’enseigner. Plus
encore, parce qu’il vit en nous, il peut nous donner la ca-
pacité d’obéir à la Parole en agissant à l’intérieur même
de notre être. Il ne s’agit plus d’une obéissance légaliste,
alimentée par la peur, mais d’une obéissance filiale, ali-
mentée par l’amour.
Enfin, l’issue du ministère de l’ancienne alliance est
l’esclavage, tandis que le fruit de la nouvelle alliance
est la liberté dans l’Esprit. Le légalisme maintient l’in-
dividu dans l’immaturité. Les personnes immatures ont
besoin de vivre en vertu de règles et de règlements (voir
Galates 4 : 1-7). Dieu veut que ses enfants obéissent, non
pas à cause d’un code de conduite externe (la loi), mais à
cause de leur caractère. Les chrétiens ne vivent pas sous
la loi, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils la vio-
lent ! L’Esprit a gravé la Parole de Dieu sur notre cœur
et nous obéissons à notre Père grâce à la nouvelle vie
intérieure qu’il nous a donnée.
L’attrait du légalisme subsiste parmi nous. Les faux
enseignants s’en prennent continuellement aux chré-
tiens et aux membres d’église confirmés, comme les
Judéens à l’époque de Paul. Nous devons apprendre à
les reconnaître et à rejeter leurs enseignements. Cepen-
dant, il existe aussi des églises qui prêchent l’Évangile
avec des tendances légalistes et qui maintiennent leurs

1 Par « loi », nous n’entendons pas l’Ancien Testament, mais plutôt l’en-
semble des lois transmises par Moïse. Le Saint-Esprit peut assurément se
servir à la fois de l’Ancien et du Nouveau Testament pour nous révéler
Jésus-Christ.
45
Soyez encouragés

fidèles dans un état d’immaturité, de culpabilité et de


crainte. Elles consacrent beaucoup de temps à se soucier
des apparences, en négligeant de cultiver leur vie inté-
rieure. Elles exaltent les règles et dénoncent le péché,
mais elles oublient de glorifier le Seigneur Jésus-Christ.
Il est triste de constater que certaines communautés du
Nouveau Testament exercent un ministère de l’Ancien
Testament.
Paul vient d’expliquer deux aspects de son propre
ministère : il est triomphant (chapitres 1 et 2) et glorieux
(chapitre 3). Les deux vont de pair : « Ainsi, puisque tel
est le ministère que Dieu nous a confié dans sa bonté,
nous ne perdons pas courage » (4 : 1).
Si votre ministère implique la gloire de Dieu, il vous
est impossible de renoncer !

46
a
COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE
TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU.
À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
12 Warren W. Wiersbe
2 Corinthiens • Soyez encouragés

2 Corinthiens • Soyez encouragés


« Traqués et opprimés de tous côtés et cependant jamais subjugués par
la peur ; fréquemment désemparés, jamais découragés ; souvent nous
sommes perplexes et ne savons plus quel chemin prendre, mais nous
n’abandonnons pas. Nous connaissons l’angoisse et le dénuement, mais
non le désespoir » (2 Corinthiens 4 : 8 – Parole vivante).
Comment espérer dans un monde désespérant ? Comment faire preuve
de courage sous un déluge d’épreuves ?
Paul répond par un curieux principe : les porteurs de fardeaux sont les

encouragés
mieux placés pour être bénis. Pas étonnant que l’un des mots-clés de
cette lettre soit « réconfort » ou « encouragement ».
« Quand nous sommes découragés en raison de circonstances difficiles,
il est facile de regarder à soi et à ses sentiments, ou de se concentrer sur
les problèmes qui nous affectent. Notre première réaction doit toutefois
consister à regarder au Seigneur par la foi et à prendre conscience de
tout ce que Dieu est pour nous » (W. Wiersbe).
Le message reste pertinent : Dieu veut vous encourager afin que vous
puissiez transformer vos épreuves en triomphes et vos souffrances en
sacrifices pour sa gloire. Découvrez-le dans cette lettre !

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale.


Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau

biblique
Testament de la collection « Soyez ».
W. Wiersbe
biblique

commentaire
commentaire

2 Corinthiens
12,00 € Texte de Parole vivante inclus
9 782910 246099
ISBN 978-2-910246-09-9

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