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W-10
DOCUMENT DE TRAVAIL
Sur le plan juridique, la "secte" n'existe pas. Lui sont appliquées les règles concernant les
asssociations, des règles qui garantissent la liberté de religion, la liberté de conscience, le
droit d'association... Ne nous en écartons pas! Ces règles constituent le fondement de
nos démocraties, consacré par toutes nos législations, toutes nos constitutions. Au terme
de "secte" je préfère, poursuit Mme COLOMBO SVEVO, celui de "nouveaux mouvements
religieux", le terme de "secte" comportant une connotation péjorative dans nombre de
nos pays. Enquêtons sur ce que nous pourrions appeler les "dérives sectaires" de ces
nouveaux mouvements religieux . Quelles sont les activités qui violent nos législations?
Les droits de l 'homme? Menacent l'équilibre et l'indépendance de nos citoyens?
Entraînent attentats et suicides collectifs? Il nous faut cerner les problèmes, analyser
quels sont les meilleurs moyens de lutter. Ces dernières années le nombre d'adhérents
des nouveaux mouvements religieux a augmenté . Pourquoi? Quelles sont les méthodes
utilisées? Examinons les aspects économiques et financiers, les ramifications qui plongent
jusque dans le monde du travail, de l'entreprise, du recrutement.
Nous attendons de votre participation à cette rencontre qu´un nouvel équilibre entre
libertés et respect des droits des citoyens soit défini en la matière.
Si toute société doit se protéger contre les activités illicites et criminelles, il n'en faut pas
moins préserver la liberté religieuse. Dans ce domaine, les mesures, quelles qu'elles
soient, doivent être prises avec prudence et circonspection, en tenant compte de la
spécificité du sentiment religieux. Il ne faudrait en aucun cas que la lutte contre les
déviations criminelles du phénomène religieux amène à remettre en question le droit à la
pratique religieuse et à la protection des religions établies.
Les déviations des nouveaux mouvements religieux qui présentent un caractère non pas
religieux, mais économico-financier, social ou autre sont réprimées par les autorités
compétentes, car elles enfreignent la législation existante. Cependant, le fait que ces
mouvements prétendent être de nature religieuse rend difficiles, voire impossibles,
l'exercice de poursuites et la répression des délits dans le cadre du respect de la liberté
religieuse. Quant au fait que la législation grecque apparaît lacunaire dans ce domaine, il
est dû à ce que la Grèce n'était jusqu'à présent pas confrontée aux phénomènes
próccupants liés à l'activité et au fonctionnement de ces mouvements. Le problème était
abordé du point de vue religieux et théologique, et non en termes juridiques. Cette
situation, à savoir l'absence de législation, mais aussi d'expérience en la matière,
empêche ou du moins entrave la collecte d'informations, d'autant plus que l'Etat grec est
fort sensible en matière de respect et de protection des droits de l'homme.
Coopération? Celle-ci pourrait se faire dans le cadre d'Europol en ce qui concerne les
activités criminelles, mais évitons la création de nouvelles "bureaucraties" europénnes,
suggère l'orateur.
Coopération: l'orateur est en faveur d´un relevé des liens existant à travers les différents
pays entre des sectes qui ne portent pas toujours le même nom, relevé qui pourrait se
concevoir dans le cadre des travaux d'Europol.
Il faut veiller à gérer ces conflits, en particulier pour les enfants et pour la réinsertion
professionnelle de ceux qui cherchent à sortir des mouvements sectaires. Nous avons
produit des brochures d'information et de mises en garde au niveau fédéral; nous devons
faire de même au niveau des Länder! Nous espérons que notre travail pourra contribuer
aux efforts communs, conclut l'oratrice.
Mme Else Marie MORTENSEN, membre de la commission juridique du Folketing
danois explique que la constitution danoise garantit les libertés de confession et de culte
(article 67 ) et contient un article sur les organisations religieuses déviantes (article 99
de la constitution, 1849) qui n'a jamais été utilisé. Onze communautés religieuses sont
reconnues au Danemark et comme telles peuvent par exemple célébrer des mariages,
tenir des registres municipaux. Trente-six communautés religieuses sont par ailleurs
autorisées à pratiquer des services religieux.
Nous n'avons pas constaté d'augmentation significative du nombre de sectes ces derniers
temps et les problèmes qui peuvent se poser sont plutôt ponctuels, estime l'oratrice.
Mme MORTENSEN donne ainsi l'exemple d'une jeune femme morte en couches pour avoir
refusé une transfusion sanguine. La justice danoise a, dans ce cas la possibilité de retirer
l'enfant à ses parents pour effectuer la transfusion contre la volonté parentale. Cette
possibilité n'existe cependant qu'au regard des mineurs. Au Danemark, un autre
phénomène existe : celui des rockers. Il existe des bandes de rockers qui se livrent à
des combats acharnés ce qui a suscité l'adoption d'une loi d'exception non pas pour
limiter la liberté de ces clans de rockers mais pour protéger les citoyens face à la
violence. Enfin, un autre cas a amené les autorités du pays a adopter des mesures
d'exception. Il s'agissait d'un détournement de fonds opéré par une institution scolaire.
Coopération: Europol pourrait effectivement se limiter à agir sur le plan criminel mais il
nous faut préserver absolument les libertés fondamentales!
J'ai éprouvé une certaine peine à convaincre mes collègues et je m'en réjouis, parce que
cela démontre que nous sommes très attentifs au respect des libertés constitutionnelles,
des cultes, et de leur exercice, d'association, de pensées, de réunion. Mais, après une
discussion très utile, nous avons convaincu que la liberté ce n'était pas la liberté de faire
n'importe quoi, et certainement pas de se couvrir du paravent de la liberté et de
l'idéalisme pour réduire un certain nombre de nos concitoyens en une véritable situation
d'esclavage ou d'exploitation.
Nous sommes en train de travailler, je ne vais donc pas préjuger des conclusions de la
commission, mais je puis déjà vous donner un certain nombre d'indications.
Première indication: nous avons renoncé à définir une secte ou ce qu'est une secte. Ce
qui nous préoccupe ce sont les modes de recrutement, les comportements qui mettent
en danger les personnes, la sécurité publique ou qui peuvent avoir des conséquences sur
le plan politique, notamment au plan d'une éventuelle subversion. Nous préférons
déterminer un certain nombre de critères de dangerosité, dangerosité aussi bien pour les
personnes que pour la société.
Deuxième élément: comme nous n'avons pas une évaluation du phénomène sectaire
en Belgique, nous ne pouvons pas dire de manière précise si ce phénomène augmente.
Nous en avons le sentiment. Il se trouveraient en Belgique plus ou moins 150 sectes
méritant en tout cas notre attention, sinon notre vigilance. Pour vous donner un
exemple, l'une d'entre elles nous a indiqué qu'elle avait plus de 10.000 adeptes. Il est
clair que dans les travaux auxquels nous nous livrons nous allons essayer d'aller plus
avant dans l'analyse. Au terme de cette commission d'enquête, il faudra probablement
poursuivre ce travail en instaurant un observatoire comme l'ont proposé nos collègues
français.
Troisième élément: les dérives les plus dangereuses atteignent principalement les
individus dans leur personnalité. Ce que nous constatons ce sont souvent des
manipulations qui conduisent à la destructuration de la personnalité, la coupure avec le
milieu familial, social, professionnel sans compter un grand nombre de manipulations
financières, parce qu'aussi bien il apparaît que le principal objet, l'objet réel de certaines
de ces sectes est l'intérêt financier. Pour l'instant les informations dont nous disposons
proviennent des services de police, de la gendarmerie, de la sûreté de l'Etat et du
renseignement militaire. Il faut bien reconnaître que jusqu'à présent ils ne se sont guère
préoccupés du phénomène et se donnent facilement bonne conscience en disant, nous
vivons dans un pays de liberté, il serait très dangereux d'ouvrir l'oeil et le bon. Nous
constatons que depuis que la commission d'enquête est installée les choses ont changé
et qu'en effet, d'ouvrir l'oeil et le bon, a permis de révéler d'ores et déjà des
comportements à tout le moins inquiétants.
Quatrième reflexion: il est clair que la législation belge actuelle offre pas mal de
possibilités de réprimer les infractions qui se commettent dans l'ordre pénal, fiscal ou
social, je pense aux actes de violence, aux abus sexuels, à l'exercice illégal de la
médecine, aux fraudes fiscales et sociales, etc. Ce qui est plus préoccupant, c'est que si
ces dispositions existent elles sont rarement mises en oeuvre. Il y a une très grande
différence selon les services judiciaires, mais ce n'est jamais une priorité ! De surcroît,
dans un certain nombre de dossiers, il y a des problèmes de preuves dès lors qu'il s'agit
d'adultes libres et consentants. Il est très difficile d'apporter une preuve, étant bien
entendu que ceux qui ont été des victimes d'une manipulation considèrent que ceux qui
veulent leur venir en aide sont les véritables agresseurs et pas ceux qui les exploitent.
C'est la raison pour laquelle nous nous posons la question de savoir si on ne devrait
pas compléter notre arsenal juridique par une redéfinition de la criminalité
organisée, la possibilité de constitution de partie civile par des associations de
défense des victimes, une éventuelle incrimination pénale de la manipulation,
ou en tout cas, comme en France, de l'abus de la situation de faiblesse d'une
personne, le renversement de la charge de la preuve pour certaines infractions,
l'adaptation de la législation sur la protection de la vie privée, la
réglementation de la scolarisation à domicile, la répression de l'incitation au
suicide, une plus grande exigence de transparence des associations et un
meilleur contrôle de leurs membres et des flux de financement, une
amélioration du système de répression du blanchiment d'argent et peut-être
prévoir que lorsque certaines infractions sont commises dans le cadre de
mouvements sectaires, l'appartenance au mouvement sectaire pourrait
constituer une circonstance aggravante, une meilleure protection du contact
avec les familles, le milieu social et professionnel. Enfin, il est clair que ces
associations sont des associations extrêmement mobiles, que les flux financiers sont très
importants, que les choses sont d'autant plus aisées en Europe qu'il n'existe plus de
frontières, que ces associations sont multiformes.
Deuxième réflexion: jusqu'à présent, on n'a pas pu déterminer ce qui est à l'origine de ce
phénomène. Est-ce une crise religieuse, le rôle des églises traditionnelles étant devenu
plus fragile? Est-ce une conséquence de la fragilité de nos systèmes de protection
sociale? Est-ce lié au développement de l'intégration européenne? Les sectes constituent-
elles une protection que l'on ne trouve pas ailleurs? Les sectes sont-elles parfois utilisées
de façon thérapeutique face à un monde qui devient de plus en plus technique? Sommes-
nous confrontés à une crise de la raison scientifique? Est-ce notre modèle européen
positiviste qui est mis en question?
Deuxième observation: nous sommes tous d'accord pour dire qu'il est très difficile de
tracer la limite entre la liberté de conscience d'une part et le caractère pénalement
répréhensible de certaines actions. En Grèce, la constitution prévoit la liberté de culte; la
religion majoritaire est celle de l'église orthodoxe. L'église orthodoxe n'a jamais été une
église fanatique. Nous n'avons jamais connu fanatisme ou persécution religieuse,
contrairement à d'autres pays, à cause de l'église catholique par exemple.
D'un autre côté, et je suis bien placée en tant que Française pour le savoir, toutes les
sectes mettent en avant cette face honorable de la liberté de conscience et de la liberté
d'expression.
Or certaines d'entre elles ont une face cachée beaucoup moins reluisante, attentatoire à
la liberté individuelle, voire à la démocratie! l'Etat se doit de jouer son rôle protecteur et
répressif s'il y a lieu. C'est donc un triple rôle: celui d'information et de prévention, celui,
qui est très peu mis en place, de prise en charge et d'écoute. On a parlé d'indifférence
(Belgique). Effectivement, ceux qui sont victimes des activités illégales des sectes ne
savent pas où s'adresser, comment faire aboutir leur demande de prise en charge. C'est
vraiment quelque chose à mettre en place d'une manière beaucoup plus institutionnelle.
Troisième rôle: le rôle répressif par rapport aux activités illégales. Il y a aussi un rôle
d'échange d'informations qui a beaucoup été évoqué, et c'est là que l'Union européenne
a son rôle à jouer.
Un représentant de la scientologie note tout ce que dit tout un chacun ici, dans cette
salle, et un jour nous renverra ça à la figure: vous avez dit ceci et cela sur tel et tel
point. Et si vous invoquez votre droit de critiquer la scientologie parce que c'est une
organisation dont l'objectif est de faire des profits, qui utilise comme moyens, la privation
de liberté, vous allez être menacés.
Il ne faut pas nous orienter vers les aspects religieux. Lorsqu'une organisation pour
quelle que raison que ce soit, de façon délibérée, essaie de développer son patrimoine
financier par des moyens illégaux, n'y a-t-il pas nécessité d'organiser une surveillance au
plan européen et éventuellement une répression? Il faut situer notre débat, non pas au
plan religieux, mais au plan pénal, parce que les organisations en question appartiennent
à la famille des organisations criminelles.
1. dans la plupart des Etats membres le problème des sectes est réglé,
semblerait-il au niveau national. Toutes sortes de catégories de législations
existent et dans beaucoup de cas c'est la constitution même qui apporte la
réponse;
2. on ne voit pas d'augmentation inquiétante du nombre de sectes ou de
mouvements religieux. Quant à ce dernier point, je me permets cependant
d'exprimer certains doutes, souvent on ne fait attention à ce genre de
mouvements que lorsqu'il y a des raisons d'être inquiets ou qu'il y a des
délits. Face à des mouvements religieux, ou autres, qui ne bougent pas, il
n'y a pas tellement de raisons de s'inquiéter ou de surveiller. Je pense,
quant à moi qu'il y a effectivement une augmentation des sectes. Comme
l'a dit notre Président tout à l'heure, de tels mouvements existent pour
deux raisons: soit parce qu'on espère avoir une vie meilleure dans le cadre
de cette association, soit parce que la vie qu'on a actuellement est
insatisfaisante parce que les conditions matérielles se détériorent;
3. s'il est vrai que les choses sont "acceptables" et qu'au niveau national la
situation est sous contrôle. Ce genre de réunion est-elle superflue? Je suis
d'avis que c'est bien de nous réunir, d'entendre quelle est la situation.
N'oublions pas que les enfants sont souvent utilisés, abusés dans les
sectes. Le droit des parent est parfois limité dans certaines sectes. Nous
devrions aussi réfléchir aux droits des enfants, de ne pas participer à ce
genre de sectes;
4. dans les nouvelles démocraties en Europe centrale et orientale, on
s'occupe beaucoup des sectes et des mouvements religieux. En tant que
présidente de la délégation Roumanie on s'est adressé à moi pour que
j'aide des témoins de Jéhovah qui étaient interdits lors d'une grande
réunion internationale en Roumanie. Je n'ai pas pu faire grand chose, mais
cette attitude de pays qui sont candidats à l'Union européenne me pose un
problème.
M. DUQUESNE, (Chambre des Représentants, Belgique): J'ai entendu les réflexions d'un
certain nombre de nos collègues sur l'inquiétude qui était la leur quant à ce qui ce passait
en Belgique dans le domaine sectaire. Je voudrais les rassurer, il n'y a pas d'inquiétudes
particulières à avoir en Belgique, mais avant de porter un jugement euphorique, et en
suivant en cela les résolutions du PE, nous voulons voir clair dans l'importance du
phénomène et des dangers qu'il représente. Dans une Europe sans frontières on aurait
peine à croire qu'un pays comme le mien, serait un petit sanctuaire où se
concentreraient tous les risques du phénomène sectaire alors que le reste de l'Europe
pourrait y échapper. Ce serait un extraordinaire échec de l'Europe sans frontières et ça
m'étonnerait très fort quand on voit combien, dans les dérives du phénomène sectaire,
l'aspect financier est important, la mobilité des capitaux, et cela dans tous les pays
d'Europe. Enquêter, voir clair, me paraît opportun avant de porter un jugement. Car il y a
un risque qui est celui de l'euphorie de la liberté. C'est bien entendu notre idéal à chacun,
mais la liberté n'est pas sans risques et le Belge réaliste pense qu'il ne suffit pas de se
qualifier d'église pour être à l'abri de tout risque de déviance. De la même manière que
ce n'est pas parce que l'on se qualifie d'église qu'on est porteur de tous les pêchés et de
toutes les menaces. Ce que nous essayons de faire c'est d'aller plus avant dans l'examen
du phénomène. Faire des analyses qui sont purement cosmiques, c'est intéressant. Cela
explique un contexte, combien et pourquoi nos populations peuvent être exposées aux
entreprises d'un certain nombre de brigands, qui peuvent d'ailleurs se retrouver dans le
milieu politique. Il y a des courants politiques qui peuvent essayer de profiter de
l'inquiétude qui existe. Comme il existe des mouvements organisés, pas seulement des
églises, qui peuvent en profiter. Nous avons certes besoin d'un supplément d'âme.
Permettrez-vous à un parlementaire national de dire qu'ici au PE il y a un sérieux effort à
faire en la matière même si nous sommes convaincus de l'importance des courbes de
croissance et des pourcentages, même quand il s'agit de 3 % (critères UEM). Insuffler un
peu de confiance, un peu d'optimisme et aller à la rencontre de ce besoin de fraternité et
d'humanité qui se développe en Europe n'est pas inutile. Mais ce n'est pas ça qui est en
cause. Quand on analyse cette situation on comprend qu'en effet un certain nombre de
personnes, peut-être parfois mais pas toujours, plus fragiles, qui ont besoin d'idéaux, de
valeurs, de repères, de plus de fraternité, soient des victimes toutes désignées pour un
certain nombre de mouvements qui ayant bien compris cela veulent en faire une
véritable entreprise de brigandage. Au parlement belge, si au départ nous manifestions
aussi un certain scepticisme quant à l'utilité de ce type de recherche, nous avons d'ores
et déjà découvert tout un monde qui nous inquiète énormément. Non seulement au
niveau de la délinquance ordinaire pour laquelle nous sommes en principe armés, mais
sans que le pouvoir ne réagisse! Il y a une extraordinaire indifférence des services
judiciaires notamment. Nous sommes en train de découvrir aussi, des nouvelles
délinquances qui ne sont pas couvertes. Les jeunes spécialement et les mineurs en
particulier sont véritablement des victimes, en tout cas chez nous. Nous ne sommes pas
suffisamment armés pour les mettre à l'abri d'un certain nombre de risques. Il y a bien
sûr l'aspect pénal et répressif mais il y a aussi, et ça nous paraît essentiel, un rôle
d'information et d'éducation qui doit être joué. Nous avons voulu que notre commission
soit publique, pour deux raisons: tout d'abord pour bien démontrer qu'il n'y a pas de
chasse aux sorcières. Nous recevons les témoignages des victimes, mais nous recevons
également les témoignages de représentants d'un certain nombre de ces églises, de ces
nouveaux mouvements, qui ne sont pas seulement religieux d'ailleurs. Et c'est à la suite
d'un débat contradictoire, que nous conclurons cette enquête qui aura été publique et au
cours de laquelle chacun aura pu constater combien notre représentation nationale est
attentive au respect des libertés. Au-delà de cela il y a aussi un rôle d'information avec la
participation des médias. Il est essentiel que les médias rapportent combien derrière un
certain nombre de discours qui peuvent être généreux, se dissimulent de terribles
risques. La liberté, c'est le plus beau des idéaux que l'on puisse avoir, mais la liberté est
exigeante, elle impose une grande vigilance, beaucoup d'information, beaucoup d'efforts,
d'esprit critique. Au-delà de cet aspect éducatif il y a tout l'aspect de l'accueil pour ceux
qui difficilement essaient de se sortir de ce type de situation. Il ne faudrait pas qu'au
nom de la liberté on les abandonne au bord du chemin, il faut les aider à retrouver leur
vérité, parce que si leur personnalité a été totalement destructurée c'est parfois les
condamner au désespoir.
Deuxième remarque: l'augmentation du nombre des sectes dépend-elle d'une crise des
valeurs? S'agit-il d'une fragilité des églises traditionnelles? Toutes ces questions sont
légitimes mais dans ce domaine, ni le Parlement européen ni les parlement nationaux ne
peuvent intervenir.
Mme COLOMBO SVEVO, (PPE, Italie), présente ses premières conclusions. En tant que
commission, nous avons besoin d'un peu de recul, mais par ailleurs, nous voyons mieux
quelles sont les limites du contexte dans lequel nous pouvons oeuvrer. Nous partons tous
d'une même vision, celle du respect des libertés fondamentales.
Le phénomène des sectes n'est pas suffisamment connu. Or, comme disait le collègue
belge, certains phénomènes n'apparaissent comme explosifs que lorsqu'on creuse au-
delà des apparences.
Nous pensons qu'il faut mettre sur pied une collaboration au niveau européen. Dans la
partie finale du rapport de l'Assemblée nationale française, la commission d'enquête
déplore justement que rien ne soit fait au sein de l'Union européenne. La commission
indique également les voies que l'on peut explorer: une coopération inter-
gouvernementale qui devrait porter surtout sur un échange d'informations et la création
d'une banque de données.
1. Nous disons tous qu'il n'est pas nécessaire d'établir une définition juridique
des sectes ou une législation ad hoc, car nous avons suffisamment
d'instruments légaux.
M. Luis MARINHO, Président, ajoute qu'avant d'être des législateurs, avant d'être des
politiques, des responsables, nous sommes avant tout des formateurs de l'opinion dans
ces domaines qui touchent au quotidien de la société, trafic de drogues, blanchiment de
l'argent sale, sectes. Il s'agit de problèmes communs, quelles que soient les nuances
d'interprétation. Ce sont les problèmes de tous les Européens. Nous sommes certes des
législateurs, mais nous n'avons pas beaucoup de pouvoirs au Parlement européen. Vous
en avez davantage au niveau national!
Il faut pouvoir comparer les systèes juridiques. Certains soulignent tel élément, d'autres
tel autre. Le problème est plus aigü ici que là , mais de toute façon il s'agit toujours de se
pencher sur le quotidien politique de la société et d'informer. Ensuite il faudra
réglementer, si les problèmes sont communs. Il faut une coordination entre nous. C'est
ce que nous avons commencé à faire. Nous avons essayé de trouver des solutions aux
problèmes communs.
Notes
(1) Un compte rendu du rapport sur les sectes de la commission d'enquête de
l'Assemblée nationale française figure en annexe II.
(3) Corriere Juridico, 1995 p. 707. Cas d'une demande de divorce sur base de fait que le
conjoint a adhéré aux témoins de Jéhovah.
(4) L'article 2.2. de la Convention Europol stipule que "en vue de réaliser
progressivement les objectifs visés au paragraphe 1, Europol a, dans un premier temps,
pour tâche, la prévention et la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, de matières
nucléaires et radioactives, les filières d'immigration clandestine, la traite des êtres
humains et le trafic de véhicules volés." Par "traite des êtres humains" la convention
entend le fait de soumettre une personne au pouvoir réel et illégal d'autres personnes en
usant de violences ou de menaces ou en abusant d'un rapport d'autorité ou de
manoeuvres en vue notamment de se livrer à l'exploitation de la prostitution d'autrui, à
des formes d'exploitation et de violences sexuelles à l'égard des mineurs ou au
commerce lié à l'abandon d'enfant.
(5) Liste d'autres formes graves de criminalité internationale dont pourrait traiter Europol
en complément de celles prévues d'ores et déjà à l'article 2 paragraphe 2 et dans le
respect des objectifs d'Europol tels qu'énoncés à l'article 2 paragraphe 1. Atteinte à la
vie, à l'intégrité physique et à la liberté: - homicide volontaire, coups et blessures graves,
- trafic illicite d'organes et de tissus humains, - enlèvement, séquestration et prise
d'otage, - racisme et xénophobie. Atteinte au patrimoine, aux biens publics et fraude: -
vols organisés, - trafic illicite de biens culturels y compris antiquités et oeuvres d'art, -
escroqueries et fraudes, - racket et extorsion de fonds, - contrefaçon et piratage de
produits, - falsification de documents administratifs et trafic de faux, - faux monnayage,
falsification de moyens de paiement, - criminalité informatique, - corruption. Commerce
illégal et atteinte à l'environnement: - trafic illicite d'armes, de munitions et d'explosifs, -
trafic illicite d'espèces animales menacées, - trafic illicite d'espèces et d'essences
végétales menacées, - criminalité au détriment de l'environnement, - trafic illicite de
substances hormonales et autres facteurs de croissance. (Voire suite page 15...) Suite
footnote 5: En outre, conformément à l'article 2 paragraphe 2, le fait de charger Europol
de s'occuper de l'une des formes de criminalité énumérées ci-dessus implique qu'il soit
également compétent pour traiter du blanchiment d'argent qui s'y rapporte ainsi que des
infractions qui leur sont connexes.