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Revue de littérature/réactions des acteurs sur le code pénal

Thèmes: Majorité sexuelle; orientation sexuelle, inceste, zoophilie, avortement; age relatif à la consommation des boissons alcoolisées ;
amnistie et réhabilitation ; déni de justice.
 Association Professionnelle des Magistrats 
L’Association professionnelle des magistrats conseille au gouvernement de modifier les dispositions, contenues dans le décret
de code pénal et prêtant à confusion, au sujet de l’âge de la majorité sexuelle, notamment les articles 277, 304, 384, et de fixer
la majorité sexuelle de la femme ainsi que celle de l’homme à 18 ans. « Le code pénal en vigueur n’a pas clairement réprimé la
relation sexuelle entre un majeur et une personne en-dessous de l’âge de dix-huit (18) ans », regrette-t-elle.
 Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH)
L’association plaide pour une reforme pénale en Haïti mais une réforme qui tient compte de la réalité culturelle, sociale et
économique du peuple haïtien. C’est déjà une bonne idée de penser à reformer le système pénal haïtien vieux de près de deux
siècles. Le travail réalisé par la commission de réforme est très appréciable tenant compte de certaines innovations.

Cependant beaucoup de choses sont à revoir par rapport à la réalité socio-culturelle du pays, comme la majorité sexuelle par
exemple, la question de l’avortement et de l’âge relatif à la consommation des boissons alcoolisées, soutient le juge Jean
Majorité sexuelle Wilner Morin.
 Pasteur Grégory Toussaint
Le Pasteur de l’une des plus importantes congrégations Haïtiennes dans en Haïti et dans la diaspora, Grégory Toussaint, exige
le report de l’entrée en vigueur de ce décret. Le pasteur Toussaint réclame également la révision de ce décret contraire aux
valeurs Judéo-chrétiens et à la culture haïtienne. Il fait référence notamment aux autorisations de la prostitution des jeunes à
partir de 15 ans et de l’homosexualité. S’exprimant lors d’un service religieux, Toussaint a menacé d’appeler à la désobéissance
civile, si le code pénal est entré en application sans être révisé.
 Action citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti
L’Action citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti recommande au gouvernement du 4 mars 2020 de modifier les articles 304,
305, 471 et 738 pour établir la majorité sexuelle à dix-huit (18) ans et élargir l’inceste aux cousines et cousins, entre autres.
 Conférence Episcopale d’Haïti
Pour la Conférence épiscopale en Haïti, dans les décrets portant sur le numéro d’identification national unique et le nouveau
Code pénal, des dispositions de certains articles touchent l’essence même de notre humanité, de notre culture, de notre foi et
de notre société. Les évêques croient que sur plusieurs points, ce projet de loi est une atteinte particulièrement grave à
l’essence même de notre humanité, et implique les difficiles et complexes questions de la vie humaine : de la majorité
sexuelle, de l’inceste, des orientations sexuelles, du changement de sexe, etc.
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« Et quand c’est l’essence et la vie même d’une nation qui sont atteintes par ces décrets dont des éléments nous sont
étrangers, nous sommes en droit de protester de toutes nos forces. Et de fait, nous protestons de toutes nos forces contre le
projet de loi portant sur le nouveau Code pénal, proposé par le Pouvoir exécutif sans consultation ni débats préalables, sans
implication des citoyens et des forces morales et spirituelles de la société haïtienne. Cela risque de saper les bases mêmes de
notre démocratie déjà chancelante », soussignent une dizaine de prêtres pour la CEH, dont le Cardinal Chibly Langlois.
 Me Patrick Laurent
Me Patrick Laurent préconise un débat en profondeur entre des spécialistes de divers domaines autour du projet de code
pénal controversé. Il juge indispensable que des sociologues, des psychologues et des médecins notamment interviennent sur
les mœurs sociales des Haïtiens en 2022. Le consultant juridique de radio Métropole croit que ce débat aidera les rédacteurs à
trouver la ligne conforme aux pratiques sociales.

Il admet que le code pénal implicitement fixe la majorité sexuelle à 16 ans puisqu’il ne punit pas des rapports sexuels à partir
de cet âge. Cependant l’homme de loi note beaucoup de points positifs. Il cite entre autre le harcèlement sexuel qui est pour la
première fois incriminé.
 Association Professionnelle des Magistrats
L’Association Professionnelle des Magistrats note que l’expression « orientation sexuelle » est évoquée dans pas moins de sept
articles du nouveau code pénal. Il s'agit des articles  265, 275, 277, 289, 970, 971 et 980, selon un décompte de l’APM. « S’il
faut reconnaitre le droit d’un groupe de personnes à la protection, l’Etat doit aussi balancer, en cas de conflit, entre la
protection d’un droit et la préservation des valeurs morales et culturelles partagées par la population dans son ensemble pour
éviter le trouble à la paix publique et le renversement de l’ordre social », jugent les membres de l’APM, qui notent le lien établi
par plus d’un entre « l’utilisation outrancière » de cette expression et la « reconnaissance de l’homosexualité par l’Etat ».  
Orientation sexuelle
 Parti Politique Réveil d’Haïti (Pasteur Maurice Lapierre)
Le leader protestant, Pasteur Maurice Lapierre, interpelle les autres hommes d’Église sur l’article 208 du Code Pénal faisant
l’obligation aux Juges et aux Pasteurs de se mettre à la disposition des homosexuels. « Au cas où, un Pasteur ou un Juge refuse
de se mettre au service d’un homosexuel, il sera accusé de discrimination et sera puni d’un an ou de trois ans
d’emprisonnement », a dénoncé le Pasteur Maurice Lapierre.
 Fédération Protestante d’Haïti
La Fédération Protestante d’Haïti  a indiqué plusieurs motifs pour justifier sa position contre l’entrée en vigueur du Code pénal.
À cause de l’absence d’une constitution ou l’état de vide constitutionnel que le pays confronte, le dysfonctionnement du
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Parlement, le vide du fauteuil présidentiel, le manque de consultation nationale autour du document et la contestation dont
fait l’objet le Code pénal en raison de son inadéquation avec les valeurs morales et les spécificités historiques et culturelles du
peuple haïtien, ledit Code pénal ne peut être appliqué.

Elle pointe du doigt les articles 209, 248, 264, 278, 277, 278, 298, 305, 362, 383, 384 qui contiendraient des autorisations
légales sur l’homosexualité, le mariage entre des personnes de même sexe, la zoophilie, l’inceste, l’amnistie.
 Conférence Episcopale d’Haïti
(voir notes Conférence Episcopale d’Haïti dans la rubrique : majorité sexuelle)
 Pasteur Grégory Toussaint
Le Pasteur du ministère Shekinah/Tabernacle de Gloire exprime son inquiétude par rapport à l’un des articles qui dispose que
des pasteurs ou ministres religieux seront emprisonnés et paieront de lourdes amendes s’ils refusent leurs services à des gens
sur la base de leur orientation sexuelle. Il argue que ce code accorde des privilèges à une minorité qui veut imposer sa loi sur la
majorité. 
 Me Jean Renel Sénatus
Selon l’homme de loi, la grande nouveauté du code pénal est le renforcement de l’homosexualité. Il est traité dans les articles
248-264- 275-278-298-209, a-t-il énuméré. L’article 363 du décret paru dans le journal Le Moniteur #10  précise que « la
discrimination définie dans l’article 362, commise à l’égard d’une personne physique ou morale, est passible d’un
emprisonnement de un (1) à trois (3) ans de prison et d’une amende de 50 000 à 75 000 gourdes lorsque cela consiste à
refuser la fourniture d’un bien ou d’un service, à entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque ».
 Sénateur Joseph Lambert
Le Sénateur de la République élu du Sud-Est Joseph Lambert dit ne pas être fier de ce code pénal. Le parlementaire rappelle
que des sénateurs ont beaucoup travaillé pour offrir un code pénal au pays. Certains d’entre eux comme le Sénateur Sénatus
Jean-Renel ont même été en Afrique pour voir la possibilité de proposer quelque chose sur la zombification. L’équipe qui
travaillait sur ce dossier a consulté plusieurs secteurs pour offrir un code pénal adapté à la réalité actuelle de notre société.

« Nous avons été très surpris de constater des articles traitant de l’homosexualité dans ce décret. La société haïtienne n’est
pas encore prête pour ça, et je crois que le président n’a qu’une seule décision à prendre, celle de faire retrait de ce code pénal
et de laisser la société en débattre. Le président n’a pas intérêt à faire preuve d’autoritarisme. Toute la société est révoltée
contre ce décret-loi. Il doit laisser à la prochaine assemblée législative la liberté de se prononcer sur ce décret-loi à la lumière
de tous les débats qui se font actuellement là- dessus dans la société », commente le sénateur.
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 Me Bernard H. Gousse
Le juriste Bernard Gousse rappelle que les conditions pour le mariage ne se traitent pas dans un code pénal. « Le code pénal ne
peut traiter des conditions de mariage », soutient-il. C’est le code civil qui traite de ces questions, ce code reconnait seulement
l’union de l’homme et de la femme.

Par ailleurs, le juriste tient à préciser que, depuis l’existence de l’État haïtien, les législateurs ne se sont pas montrés intéressés
aux pratiques homosexuelles. « Il n’existe aucun texte légal  traitant de condamnation pour pratiques homosexuelles »,
souligne-t-il. 

Toutefois, Bernard Gousse revient sur la Convention interaméricaine des droits de l’homme, « le Parc de San Jose », notifiant le
respect des droits de toutes les familles, tout en bannissant la discrimination.  En date du 4 novembre 2017, il rappelle que la
Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu un avis unanime où elle reconnait comme une violation si un État se
situant dans le continent américain ne reconnaît pas le droit de mariage à des personnes de même sexe. Ce que ne permettent
pas les lois haïtiennes.  Par conséquent, maitre Gousse dit qu’il existe une possibilité à un couple homosexuel d’assigner Haïti
devant cette Cour qui devra prendre une décision.
 Action citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti
En ce qui a trait à l’inceste, l’Action citoyenne pour l’égalité sociale en Haïti propose d’ajouter cousins et cousines.
 Conférence Episcopale d’Haïti
voir notes Conférence Episcopale d’Haïti dans la rubrique : « majorité sexuelle »
 Pasteur Grégory Toussaint
Suivant Pasteur Grégory Toussaint, les lois d’une nation sont supposées refléter l’éthique de celle-ci. Elles ne doivent en aucun
Inceste
cas lui être imposées par un autre pays qui lui apporte ses vices et ses mauvaises pratiques…» D’après lui,   ce sont des
« pratiques immorales comme l’inceste, la zoophilie, la prostitution des mineurs, l’interruption illégale de grossesse et bien
d’autres » qui posent le plus de problèmes dans ce nouveau Code pénal.
 Parti Politique Réveil d’Haïti (Pasteur Maurice Lapierre)
Le leader protestant du Parti Politique Réveil d’Haïti, Pasteur Maurice Lapierre souligne que les articles 301 et 305 autorisent
les rapports incestueux et la Zoophilie ; des pratiques qui vont à contrecourant de notre foi en Jésus et de notre culture »
 Me Patrick Laurent
En ce qui a trait à l’inceste, Me Patrick Laurent souligne que les rédacteurs excluent les relations impliquant cousins, neveux,
nièces, tantes, oncles, beaux-pères et belles mères comme étant incestueux.
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 Me Jean Renel Sénatus


Le nouveau code pénal légalise totalement l’avortement qui était partiellement réprimé, fixe la majorité sexuelle à 15 ans,
réduit l’inceste aux actes sexuels pratiqués entre le père et leurs enfants, entre frères et sœurs, a expliqué Me Jean Renel
Sénatus. Le Code pénal doit être corrigé, modifié, nous n’avons pas à copier un code qui n’a rien à voir avec la nation
haïtienne. Haïti ne fait pas partie des pays occidentaux.
 Me Patrick Laurent
Me Patrick Laurent insiste sur la nécessité pour que ce débat soit dépolitisé et centré sur les divers aspects juridiques.
Abordant les articles controversés Me Laurent a fait le point sur certains manquements. Il confirme que le texte ne pénalise
pas les relations sexuelles entre une personne et un animal. Ce cas est puni uniquement si la personne à été forcée. La société
dans son ensemble souhaite que l’acte sexuel entre un homme et un animal soit pénalisé, admet le juriste.
Zoophilie
 Fédération Protestante d’Haïti
Voir notes Fédération Protestante d’Haïti dans la rubrique « orientation sexuelle ».
 Pasteur Grégory Toussaint
Voir notes Pasteur Grégory Toussaint dans la rubrique « inceste ».
 Parti Politique Réveil d’Haïti (Pasteur Maurice Lapierre)
Voir notes Parti Politique Réveil d’Haïti dans la rubrique « inceste ».
 Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH)
Voir notes Association Nationale des Magistrats Haïtiens dans la rubrique « majorité sexuelle »
 Me Jean Renel Sénatus
Avortement Voir notes Me Jean Renel Sénatus dans la rubrique « inceste ».
 Pasteur Grégory Toussaint
Voir notes Pasteur Grégory Toussaint dans la rubrique « inceste ».
 Parti Politique Réveil d’Haïti (Pasteur Maurice Lapierre)
Age relatif à la Selon Pasteur Maurice Lapierre, Responsable du Parti Politique Réveil d’Haïti, la situation actuelle est critique, l’application du
consommation des nouveau code pénal tel qu’il est sera un affront à la moralité. « Les articles 304, 471, et 384, autorisent la consommation de
boissons alcoolisées l’alcool, la prostitution à partir de 15 ans. »
 Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH)
Voir notes Association Nationale des Magistrats Haïtiens dans la rubrique « majorité sexuelle »
 Association Professionnelle des Magistrats
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L’Association Professionnelle des Magistrats attire l’attention sur les dispositions des articles 221 et 226 portant
respectivement sur l’amnistie et la réhabilitation constituent deux autres points faibles du code pénal. « Selon les dispositions
de l’article 147 de la loi mère, le chef de l’Etat ne peut accorder l'amnistie qu’en matière politique et selon les prescriptions de
la loi », indiquent les magistrats après avoir signalé que si le nouveau code pénal est appliqué tel quel, le Chef de l'Etat pourra
exercer le droit d’amnistie dans les cas d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, de l’Etat et de la paix publique, en
toute matière, sauf dans les cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.
 M. Youry Latortue
Amnistie et réhabilitation Les dispositions de l’article 221 du nouveau Code pénal qui permettent au chef de l'État d’exercer le droit d’amnistie dans les
cas d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, de l’État et de la paix publique, en toute matière, sauf dans les cas de
génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre sous-entendent que le président de la République n’est pas
interdit d’amnistier les crimes financiers qui a trouvé écho chez l’ancien sénateur Youri Latortue il y a quelques jours. Par ce
nouveau Code pénal, M. Latortue craint que le pouvoir n’amnistie pas les dilapidateurs des fonds Petrocaribe, DERMALOG,
SOFIDAI… Pour celui qui devient un opposant farouche de l’actuel pouvoir, ce nouveau pénal est un code « qui efface les
péchés ».
 Me Darbenzky M. Gilbert : Directeur Exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH
Les articles  « 265, 275, 277, 289, 970, 971, 221 et 226 portant respectivement sur l’amnistie et la réhabilitation constituent
deux autres points faibles du Code pénal », d’après Me Gilbert.
Association Professionnelle des Magistrats
La première faiblesse qui a soulevé la curiosité des magistrats concerne les dispositions de l’article 745. « Le déni de justice ne
saurait être sanctionné par l’emprisonnement », dénoncent les magistrats tout en soulignant que la justice est un service
public. « Ne pas rendre justice, sans motif valable, est une faute disciplinaire, non une faute pénale. La sanction appropriée ne
saurait être une peine, mais plutôt une sanction disciplinaire contre le magistrat fautif », poursuivent-ils.
 Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH)
Déni de justice
L’article 745 du nouveau code pénal haïtien, qui prévoit une peine de prison pour un juge reconnu coupable de déni de justice,
n’est pas bien vu aux yeux du président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH), Me Jean Wilner Morin. Il
affirme que la quasi-totalité des magistrats de la république avaient attiré l’attention des commissaires sur l’article 745 et sur
plusieurs autres qui, selon eux, sont en désaccord avec la réalité sociale et culturelle du peuple haïtien.
 Me Darbenzky M. Gilbert : Directeur Exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH
Le défenseur des Droits Humains plaide pour un autre Code pénal. Le déni de justice prévu à l’article 745 du code pénal ne
saurait être sanctionné par l’emprisonnement ; la justice est un service public, dit-il. « Ne pas rendre justice, sans motif valable,
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est une faute disciplinaire, non une faute pénale. La sanction appropriée ne saurait être une peine, mais plutôt une sanction
disciplinaire contre le magistrat fautif », a-t-il fait remarquer.

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