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Au sujet de la loi morale naturelle, le CEC montre que c’est cette loi qui fait participe
L’homme à la sagesse et à la bonté du Créateur qui lui confère la maîtrise de ses actes et la
capacité de se gouverner en vue de la vérité et du bien. Elle exprime le sens moral originel qui
permet à l’homme de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal, la vérité et le
5
262
6
Ibid. 1121
7
THOMAS ST II, I, 94, 3
8
CEC 1950-1952.
mensonge. Car, elle « est écrite et gravée dans l’âme de tous et de chacun des hommes parce
qu’elle est la raison humaine ordonnant de bien faire et interdisant de pécher ... ». Cette loi
montre à l’homme la voie à suivre pour pratiquer le bien et atteindre sa fin. Elle énonce les
préceptes premiers et essentiels qui régissent la vie morale et a pour pivot l’aspiration et la
soumission à Dieu, source et juge de tout bien, ainsi que le sens d’autrui comme égal à soi-
même. Elle est exposée en ses principaux préceptes dans le Décalogue. Cette loi est dite
naturelle non pas en référence à la nature des êtres irrationnels, mais parce que la raison qui
l’édicte appartient en propre à la nature humaine9.
Elle a deux principales propriétés : l’universalité et immuabilité et éternelle. Elle est
universelle parce qu’elle est Présente dans le cœur de chaque homme et qu’en ses préceptes et
son autorité s’étend à tous les hommes. Ainsi Elle exprime la dignité de la personne et
détermine la base de ses droits et de ses devoirs fondamentaux. Même si son application varie
et s’adapte à la multiplicité des conditions de vie, selon les lieux, les époques, et les
circonstances. Néanmoins, dans la diversité des cultures, elle demeure comme une règle
reliant entre eux les hommes et leur imposant, au-delà des différences inévitables, des
principes communs. La loi naturelle est immuable et permanente parce qu’à travers les
variations de l’histoire, elle subsiste sous le flux des idées et des mœurs et en soutient le
progrès. Les règles qui l’expriment demeurent substantiellement valables au point que, même
si on renie jusqu’à ses principes, on ne peut pas la détruire ni l’enlever du cœur de l’homme.
Toujours elle ressurgit dans la vie des individus et des sociétés. C’est dans ce sens que saint
Augustin disait : « Le vol est assurément puni par ta loi, Seigneur, et par la loi qui est écrite
dans le cœur de l’homme et que l’iniquité elle-même n’efface pas » (S. Augustin, conf. 2, 4,
9). Elle possède enfin une valeur objective car, elle est imprimée par Dieu dans les hommes et
elle ne dépend pas de nos propres idées ou des avis subjectifs10.
En lisant ce document, on comprend très bien que la Loi naturelle est une démarche et
humanisation de la personne. Car, en tant qu’Œuvre très bonne du Créateur, la loi naturelle
fournit les fondements solides sur lesquels l’homme peut construire l’édifice des règles
morales qui guideront ses choix. Elle pose aussi la base morale indispensable pour
l’édification de la communauté des hommes. Elle procure enfin la base nécessaire à la loi
civile qui se rattache à elle, soit par une réflexion qui tire les conclusions de ses principes, soit
par des additions de nature positive et juridique. Les préceptes de la loi naturelle ne sont pas
9
Cf. CEC 1954-1955
10
Ibid.1956-1958
perçus par tous d’une manière claire et immédiate. La loi naturelle procure à la Loi révélée et
à la grâce une assise préparée par Dieu et accordée à l’œuvre de l’Esprit11.
Dans ce même angle, la commission théologique internationale élabore ainsi la
doctrine de la loi naturelle. En fixant l’objectif de ce document, elle montre l’importance de la
loi naturelle qui affirme en substance que les personnes et les communautés humaines sont
capables, à la lumière de la raison, de discerner les orientations fondamentales d’un agir moral
conforme à la nature même du sujet humain et de les exprimer de façon normative sous forme
de préceptes ou commandements. Ces préceptes fondamentaux, objectifs et universels, ont
vocation à fonder et à inspirer l’ensemble des déterminations morales, juridiques et politiques
qui régissent la vie des hommes et des sociétés. Ils en constituent une instance critique
permanente et garantissent la dignité de la personne humaine face aux fluctuations des
idéologies. C’est pourquoi, parce que fondée sur la raison commune à tous les hommes, la loi
naturelle est ici considérée comme la base de la collaboration entre tous les hommes de bonne
volonté quelles que soient leurs convictions religieuses 12. On y insiste aussi davantage sur le
fait que l’expression des exigences de la loi naturelle est inséparable de l’effort de toute la
communauté humaine pour dépasser les tendances égoïstes et partisanes et développer une
approche globale de l’« écologie des valeurs », sans laquelle la vie humaine risque de perdre
son intégrité et son sens de responsabilité, pour le bien de tous13.
Les préceptes de la loi naturelle.
Pour bien démontrer que la loi naturelle est effectivement cette démarche vers
l’humanisation de la personne, ce document identifie chez la personne humaine quatre
préceptes de la loi naturelle qu’il appelle inclinations : la première inclination, qu’elle partage
avec tous les êtres : l’inclination à conserver et à développer son existence. le précepte de
protéger sa vie. Sous cet énoncé relatif à la conservation de la vie se profilent des inclinations
vers tout ce qui contribue, d’une manière propre à l’homme, au maintien et à la qualité de la
vie biologique ; La deuxième inclination, qui est commune à tous les vivants, concerne la
survie de l’espèce qui se réalise par la procréation. Le dynamisme vers la procréation est
intrinsèquement lié à l’inclination naturelle qui porte l’homme vers la femme et la femme vers
l’homme, donnée universelle reconnue dans toutes les sociétés. Il en est de même pour
l’inclination à prendre soin des enfants et à les éduquer. Ces inclinations impliquent que la
permanence du couple de l’homme et de la femme, voire même leur fidélité mutuelle, sont
11
IBID. 1959-1960
12
Cf. CTI, 9
13
IBID, 11
déjà des valeurs à poursuivre, même si elles ne pourront s’épanouir pleinement que dans
l’ordre spirituel de la communion interpersonnelle. Le troisième ensemble d’inclinations est
spécifique à l’être humain comme être spirituel, doté de raison, capable de connaître la vérité,
d’entrer en dialogue avec les autres et de nouer des relations d’amitié l’inclination à vivre en
société vient d’abord de ce que l’être humain a besoin des autres pour surmonter ses limites
individuelles intrinsèques et atteindre sa maturité dans différents domaines de son existence14.
18
18-21.
19
22-23
20
26-27
21
Cf. IBID., 33
Avant de finir, il est important de savoir comment le magistère de l’Eglise comprend
la loi naturelle, dans quelle circonstance la défend-t-il. Le document de la CTI 22 nous donne
un excellent résumé à ce sujet :
Avant le XIIIe siècle, la loi naturelle était généralement assimilée à la morale
chrétienne. le début du décret de Gratien, en fournit un exemple : « La loi naturelle est ce qui
est contenu dans la Loi et l’Évangile. » Mais, à partir du XIXe siècle avec la monté du
sécularisme, le magistère de l’Église fut amené explicitement à faire appel à la notion de loi
naturelle non seulement à résoudre des discussions morales particulières mais aussi à justifier
sa position. Ainsi, le pape Léon XIII l’encyclique Libertas praestantissimum (1888) fut le
premier dans ce sens. Il se réfère à la loi naturelle pour identifier la source de l’autorité civile
et en fixer les limites. Il rappelle avec force qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes
quand les autorités civiles commandent ou reconnaissent quelque chose qui est contraire à la
loi divine ou à la loi naturelle. Il y recourt encore pour protéger la propriété privée contre le
socialisme ou pour défendre le droit des travailleurs à se procurer par leur travail ce qui est
nécessaire à l’entretien de leur vie.
Dans cette même ligne, Jean XXIII s’y réfère pour fonder les droits et devoirs de
l’homme (encyclique Pacem in terris, 1963). Avec Pie XI (encyclique Casti Connubii, 1930)
et Paul VI (encyclique Humanae vitae, 1968), la loi naturelle se révèle un critère décisif dans
les questions relatives à la morale conjugale. Certes, la loi naturelle est de droit accessible à la
raison humaine commune aux croyants et aux incroyants et l’Église n’en a pas l’exclusivité,
mais, comme la Révélation assume les exigences de la loi naturelle, le magistère de l’Église
en est constitué le garant et l’interprète. Le Catéchisme de l’Église catholique (1992) et
l’encyclique Veritatis splendor (1993) accordent ainsi une place déterminante à la loi
naturelle dans l’exposé de la morale chrétienne
Aujourd’hui, l’Église catholique invoque la loi naturelle dans quatre contextes
principaux. En premier lieu, face à la montée d’une culture qui limite la rationalité aux
sciences dures et abandonne au relativisme la vie morale, elle insiste sur la capacité naturelle
qu’ont les hommes à saisir par leur raison « le message éthique contenu dans l’être» et à
connaître dans leurs grandes lignes les normes fondamentales d’un agir juste conforme à leur
nature et à leur dignité. En deuxième lieu, face à l’individualisme relativiste qui considère que
chaque individu est source de ses propres valeurs et que la société résulte d’un pur contrat
passé entre des individus qui choisissent d’en constituer par eux-mêmes toutes les normes,
22
Cf. IBID.34-36.
elle rappelle le caractère non conventionnel mais naturel et objectif des normes fondamentales
qui régissent la vie sociale et politique.
En troisième lieu, face à un laïcisme agressif qui veut exclure les croyants du débat
public, l’Église fait valoir que les interventions des chrétiens dans la vie publique, sur des
sujets qui touchent la loi naturelle (défense des droits des opprimés, justice dans les relations
internationales, défense de la vie et de la famille, liberté religieuse et liberté d’éducation…),
ne sont pas de soi de nature confessionnelle mais relèvent du souci que chaque citoyen doit
avoir pour le bien commun de la société. En quatrième lieu, face aux menaces d’abus de
pouvoir, voire de totalitarisme, que recèle le positivisme juridique et que véhiculent certaines
idéologies, l’Église rappelle que les lois civiles n’obligent pas en conscience lorsqu’elles sont
en contradiction avec la loi naturelle et elle prône la reconnaissance du droit à l’objection de
conscience ainsi que le devoir de désobéissance au nom de l’obéissance à une loi plus
haute[54]. La référence à la loi naturelle, loin d’engendrer le conformisme, garantit la liberté
personnelle et plaide en faveur des délaissés et de ceux qu’oppriment des structures sociales
oublieuses du bien commun
En somme, disons que la loi naturelle est considérée comme étant infuse dans le cœur
et la raison de la personne même. Elle a comme caractéristiques principales l’éternité,
immuabilité, universalité. Elle est le principe qui inspire et juge les autres lois. Elle est
considérée par l’Eglise comme une composante de la loi morale, la loi divine dans l’homme.
Elle a inspiré son enseignement morale depuis les pères et surtout depuis le XIXe siècle. Dans
cette perspective, le renouveau du catholicisme romain par Vatican II entraîne également une
révolution dans la compréhension de la loi naturelle par rapport à l’ancienne approche qui
mettait l’accent presque exclusivement sur la dimension métaphysique, c'est-à-dire sur la
raison (nature) humaine et la création comme sources de sagesse morale et de connaissance.
Sans abandonner cet accent traditionnel sur la raison et la création, le concile les
intègre dans une approche personnaliste plus large, qui reconnaît la présence du péché et
le rôle de la grâce. L’éthique théologique trouve donc son principe dans la foi ; et la loi
naturelle doit se comprendre à lumière de la foi, comme étant vraiment la norme de vie de
l’homme à qui le mystère du Christ et du salut a été révélé 23. Ici se pose alors la question de
savoir comment cet enseignement s’est développé dans l’enseignement de l’Église après le
concile.
23
Cf. É. GAZIAUX, Morale de la foi et morale autonome, p. 183.
THESE 29 (MORALE) : LES PROBLEMES MORAUX QUI CONCERNENT LE
DEBUT DE LA VIE. FECONDITE HUMAINE ET PROBLEME DE STERILITE.
PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTEE : TYPOLOGIE, DEFINITIONS,
CRITERE DE L’ARGUMENTATION ‘ARTIFICIELLE’ ET EVALUATION
MORALE DIFFERENCIEE AVEC REFERENCE AU MAGISTERE DE L’EGLISE.
24
Paul VI, Lettre encyclique Humanae Vitae (25 Juillet 1968), n° 14.
25
C.E.C 2319.
26
C.E.C 2322.
27
C.E.C 2323.
La stérilité est une incapacité de concevoir naturellement, de porter ou d'accoucher un
enfant. Une série de questions se posent à chacun de nous : d’où vient alors la
stérilité humaine ; quelles en sont les causes ? Comment y remédier ?
Causes directes de stérilité :
Chez la femme : Beaucoup de femmes souffrent de stérilité selon les statistiques faites par les
experts. Le premier problème étant lié à l'ovaire et à l'ovulation ; on observe aussi un mauvais
captage des ovules par les pavillons ovariens lors de l'ovulation, un arrêt des divisions de
l'embryon, l'incapacité de produire un ovule sain (pas d'ovulation) ; une mauvaise
conformation des trompes ; l'incapacité de mener à terme une grossesse due à des problèmes
hormonaux ou de conformation de l'utérus.
Chez l’homme : chez l’homme, il y a plusieurs causes dont la faible production de
spermatozoïdes, l’absence de spermatozoïdes, les spermatozoïdes morts. Soulignons que la
difficulté pour le spermatozoïde à se fixer ou à pénétrer dans l'ovule au moment de la
fécondation semble un phénomène de plus en plus fréquent. Chez d’autres, des
spermatozoïdes mal formés (sans tête, immobiles,). Nous ne pouvons pas oublier aussi
certaines anomalies testiculaires (les testicules ne produisent pas correctement les
spermatozoïdes, malformations testiculaires).
Stérilité dans le couple
Le corps médical considère généralement un couple comme stérile quand, après 2 ans
de rapports sexuels réguliers, ce couple n'a pas d’enfant. Le problème peut venir de
l’infertilité masculine seulement, ou de la femme seulement, ou des deux personnes. Certains
couples n’arrivent pas à la pénétration, pour des problèmes psychologiques : vaginisme chez
la femme, impossibilité psychologique chez l’homme. Dans plusieurs cas, les couples stériles
divorcent plus que les couples avec enfants.
Remède médical à la stérilité : recourir à la PMA qu’on va traiter dans le troisième point de
notre thèse.
3. PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTEE : TYPOLOGIE, DEFINITIONS,
CRITERE DE L’ARGUMENTATION ARTIFICIELLE ET EVALUATION MORALE
DIFFERENCIEE AVEC REFERENCE AU MAGISTERE DE L’EGLISE.
Par procréation médicalement assistée on entend les diverses procédures techniques
destinées à obtenir une conception humaine d’une manière autre que par l’union sexuelle de
l'homme et de la femme. Il s’agit de la fécondation d’un ovule en éprouvette (fécondation in
vitro=F.I.V) et de l’insémination artificielle moyennant transfert, dans les organes génitaux de
la femme, du sperme précédemment recueilli.
Typologie et définitions des pratiques de PMA
a) INSEMINATION ARTIFICIELLE HOMOLOGUE (I.A.C) Insémination Artificielle
avec sperme du Conjoint : c’est lorsqu’on fait recours au sperme du mari. Cette technique est
destinée à obtenir une conception humaine par le transfert dans les organes génitaux d'une
femme mariée du sperme de son mari précédemment recueilli. Elle se passe dans le couple.
Cette insémination a pour but de secourir le couple en cas de quasi stérilité masculine.
B) INSEMINATION ARTIFICIELLE HETEROLOGUE (I.A.D): technique destinée à
obtenir une conception humaine par le transfert dans les organes génitaux de la femme du
sperme précédemment recueilli sur un donneur autre que le mari.
Ceux qui soutiennent la pratique des inséminations artificielles visent à lutter contre la
stérilité masculine qui peut être absolue ou partielle. La stérilité absolue c’est quand l’homme
souffre de l’azoospermie (absence de spermes). La stérilité partielle c’est quand les spermes
manquent de puissance ou de force pour pénétrer et féconder l’ovule.
Face à ces deux stérilités concernant l’homme, la médecine recommande :
- L’IAC : quand la stérilité est partielle.
- L’IAD : quand la stérilité est absolue.
En tout cas, la cause qui exige cette intervention, le plus souvent, il s’agit des spermes
pauvres en spermatozoïdes, ou avec des spermatozoïdes peu mobiles.
LA POSITION DE L’EGLISE
FECONDATION ARTIFICIELLE HOMOLOGUE
Le mariage n'est pas institué en vue de la seule procréation. Mais c'est le caractère
même de l'alliance indissoluble qu'il établit entre les personnes, comme le bien des enfants,
qui requiert que l'amour mutuel des époux s'exprime lui aussi dans sa rectitude, progresse et
s'épanouisse. C'est pourquoi, même si, contrairement au vœu souvent très vif des époux, il n'y
a pas d'enfant, le mariage, comme communauté et communion de toute la vie, demeure, et il
garde sa valeur et son indissolubilité28. L’amour conjugal prime sur la fécondité.
Certes, la souffrance des époux qui ne peuvent avoir d’enfants est une souffrance que
tous doivent comprendre et apprécier comme il convient. De la part des époux, le désir d’un
enfant est naturel, il exprime la vocation à la paternité et à la maternité inscrite dans l’amour
conjugal. Ce désir peut être plus vif encore si le couple est frappé d’une stérilité qui semble
incurable. Cependant, le mariage ne confère pas aux époux un droit à avoir un enfant, mais
seulement le droit de poser les actes naturels ordonnés de soi à la procréation.
28
VATICAN II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes (7décembre
1965), 50 §3.
Toutefois la stérilité, quelles qu’en soient la cause et le pronostic, est certainement une
dure épreuve. La communauté des croyants est appelée à éclairer et à soutenir la souffrance de
ceux qui ne peuvent réaliser une légitime aspiration à la paternité et à la maternité. Les époux
qui se trouvent dans ces situations douloureuses sont appelés à y découvrir l’occasion d’une
participation particulière à la Croix du Seigneur, source de fécondité spirituelle. Les couples
stériles ne doivent pas oublier que même quand la procréation n’est pas possible, la vie
conjugale ne perd pas pour autant sa valeur. La stérilité physique peut être l’occasion pour les
époux de rendre d’autres services importants à la vie des personnes humaines, tels par
exemple que l’adoption, les formes diverses d’œuvres éducatives, l’aide à d’autres familles,
aux enfants pauvres ou handicapés.
AU SUJET DE L'INSEMINATION ARTIFICIELLE HOMOLOGUE
L’Eglise est contre toutes les formes d’insémination pour deux raisons :
a) Le moyen d’obtenir les spermatozoïdes par masturbation est un péché, dit Saint Augustin.
C’est une humiliation pour l’homme. La masturbation n’est pas pour le plaisir mais une
humiliation de l’homme dans le laboratoire.
b) Il y a rupture entre l’acte sexuel et l’acte procréateur. L’acte sexuel n’est pas mécanique
mais c’est la vie de chaque jour.
L'insémination artificielle homologue à l'intérieur du mariage ne peut être admise,
sauf dans le cas où le moyen technique ne se substitue pas à l'acte conjugal, mais apparaît
comme une facilité et une aide pour que celui-ci rejoigne sa fin naturelle. 29
L'enseignement du Magistère à ce sujet a déjà été explicité: il n’est pas seulement
expression de circonstances historiques particulières, mais se fonde sur la doctrine de l’Église
au sujet du lien entre union conjugale et procréation, et sur la considération de la nature
personnelle de l’acte conjugal et de la procréation humaine. L'acte conjugal dans sa structure
naturelle est une action personnelle, une coopération simultanée et immédiate des époux,
laquelle, du fait même de la nature des agents et du caractère de l'acte, est l'expression du don
réciproque qui, selon la parole de l'Écriture, réalise l'union en une seule chair. Pour autant, la
conscience morale ne proscrit pas nécessairement l'emploi de certains moyens artificiels
destinés uniquement soit à faciliter l'acte naturel, soit à faire atteindre sa fin à l'acte naturel
normalement accompli. Si le moyen technique facilite l'acte conjugal ou l'aide à atteindre ses
objectifs naturels, il peut être moralement admis. Quand, au contraire, l'intervention se
substitue à l'acte conjugal, elle est moralement illicite.
29
CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Donum Vitae, n° II, B, 6.
L'insémination artificielle substituant l'acte conjugal est proscrite en vertu de la
dissociation volontairement opérée entre les deux significations de l'acte conjugal. La
masturbation, par laquelle on se procure habituellement le sperme, est un autre signe de cette
dissociation: même quand il est posé en vue de la procréation, le geste demeure privé de sa
signification unitive. Il lui manque la relation sexuelle requise par l'ordre moral, celle qui
réalise, dans le contexte d'un amour vrai, le sens intégral de la donation mutuelle et de la
procréation humaine.30
AU SUJET DE L'INSEMINATION ARTIFICIELLE HETEROLOGUE
c) FIVETE homologue : technique destinée à obtenir une conception humaine par la
rencontre in vitro des gamètes des époux unis en mariage.
d) FIVETE hétérologue : technique destinée à obtenir une conception humaine par la
rencontre in vitro de gamètes prélevés sur au moins un donneur autre que les époux unis par le
mariage.
Critère de l’argumentation ‘artificielle’ et évaluation morale
Ceux qui soutiennent la pratique de la fécondation in vitro visent à lutter contre les
stérilités féminines. Pour les IAD, les spermatozoïdes viennent d’ailleurs et on les insémine
dans la femme. Pour les FIV/FIVETE, on prend les spermatozoïdes de l’homme et l’ovule de
la femme (dans le couple), on les travaille dans un appareil appelé ‘vitro’ (une sorte de bocal).
Qui est le vrai père de cet enfant ? N’est-ce pas qu’il en aura trois ? (biologique, affectif et
technique ?).
POSITION DE L’EGLISE
1. Au sujet de la FIVETE homologue
Avec la fécondation homologue « in vitro », on peut se demander si elle est
moralement licite ; et la réponse à cette question est strictement dépendante des principes qui
viennent d'être rappelés. Assurément, on ne peut pas ignorer les légitimes aspirations des
époux stériles; pour certains, le recours à la FIVETE homologue semble l'unique moyen
d'obtenir un enfant sincèrement désiré: on se demande si dans ces situations, la globalité de la
vie conjugale ne suffit pas à assurer la dignité qui convient à la procréation humaine. On
reconnaît que la FIVETE ne peut certainement pas suppléer à l'absence des rapports
conjugaux et ne peut pas être préférée, vu les risques qui peuvent se produire pour l'enfant et
les désagréments de la procédure, aux actes spécifiques de l'union conjugale. Mais on se
demande également si, dans l'impossibilité de remédier autrement à la stérilité, cause de
30
C. E. C 2373.
souffrance, la fécondation homologue in vitro ne peut pas constituer une aide, sinon même
une thérapie, dont la licéité morale pourrait être admise.
La conception in vitro est le résultat de l'action technique qui préside à la fécondation;
elle n'est ni effectivement obtenue, ni positivement voulue, comme l’expression et le fruit d'un
acte spécifique de l'union conjugale. Donc dans la FIVETE homologue, même considérée
dans le contexte de rapports conjugaux effectifs, la génération de la personne humaine est
objectivement privée de sa perfection propre: celle d'être le terme et le fruit d'un acte
conjugal, dans lequel les époux peuvent devenir coopérateurs de Dieu pour le don de la vie à
une autre nouvelle personne. (Cf. Notes du cours de Bioéthique).
Ces raisons permettent de comprendre pourquoi l'acte de l'amour conjugal est
considéré dans l'enseignement de l'Église comme l'unique lieu digne de la procréation
humaine. Pour les mêmes raisons, le « simple case », c'est-à-dire une procédure de FIVETE
homologue purifiée de toute compromission avec la pratique abortive de la destruction
d'embryons et avec la masturbation, demeure une technique moralement illicite, parce qu'elle
prive la procréation humaine de la dignité qui lui est propre et connaturelle.
Certes, la FIVETE homologue n'est pas affectée de toute la négativité éthique qui se
rencontre dans la procréation extraconjugale; la famille et le mariage continuent à constituer
le cadre de la naissance et de l'éducation des enfants. Cependant, en conformité avec la
doctrine traditionnelle sur les biens du mariage et la dignité de la personne, l'Église demeure
contraire, du point de vue moral, à la fécondation homologue in vitro; celle-ci est en elle-
même illicite et opposée à la dignité de la procréation et de l'union conjugale, même quand
tout est mis en œuvre pour éviter la mort de l'embryon humain.31
Au sujet de la FIVETE hétérologue
Ici il y a un sérieux problème. L’intervention d’une tierce personne dans le couple fait
toujours problème ; le secret qui entoure cela n’est pas toujours garanti puisque l’enfant
recherchera à la longue son vrai père biologique. De toutes les façons, qui est le vrai père de
cet enfant ? N’est-ce pas qu’il a maintenant 3 pères ? (père biologique, père affectif et père
technique ; le père technique c’est le médecin qui a fait la manœuvre).
La procréation humaine doit avoir lieu dans le mariage. Tout être humain doit être
accueilli comme un don et une bénédiction de Dieu. Cependant, du point de vue moral, une
procréation vraiment responsable à l’égard de l’enfant à naître doit être le fruit du mariage.
La fécondation artificielle hétérologue lèse les droits de l’enfant, le prive de la relation filiale
31
Humanae Vitae n°16.
à ses origines parentales, et peut faire obstacle à la maturation de son identité personnelle. 32
L’enfant a droit à une conception dans et par le mariage. La procréation humaine possède en
effet des caractéristiques spécifiques en vertu de la dignité personnelle des parents et des
enfants: la procréation d'une personne nouvelle, par laquelle l'homme et la femme collaborent
avec la puissance du Créateur, devra être le fruit et le signe de la donation mutuelle et
personnelle des époux, de leur amour et de leur fidélité. La fidélité des époux, dans l'unité du
mariage, comporte le respect réciproque de leur droit à devenir père et mère seulement l'un
par l'autre33.
L'enfant a droit d'être conçu, porté, mis au monde et éduqué dans le mariage: c'est par
la référence assurée et reconnue à ses parents qu'il peut découvrir son identité et mûrir sa
propre formation humaine. Les parents trouvent dans l'enfant une confirmation et un
accomplissement de leur donation réciproque: il est l'image vivante de leur amour, le signe
permanent de leur union conjugale, la synthèse vivante et indissoluble de leur dimension
paternelle et maternelle.
En vertu de la vocation et des responsabilités sociales de la personne, le bien des
enfants et des parents contribue au bien de la société civile; la vitalité et l'équilibre de la
société demandent que les enfants viennent au monde au sein d'une famille, et que celle-ci soit
fondée sur le mariage d'une manière stable. La tradition de l'Église et la réflexion
anthropologique reconnaissent dans le mariage et dans son unité indissoluble le seul lieu
digne d'une procréation vraiment responsable.
Dans la FIVETE et l’I. A. D (l'insémination artificielle avec donneur), la conception
humaine est obtenue par la rencontre des gamètes d'au moins un donneur autre que les époux
unis dans le mariage. La fécondation artificielle hétérologue est contraire à l'unité du
mariage, à la dignité des époux, à la vocation propre des parents et au droit de l'enfant à être
conçu et mis au monde dans le mariage et par le mariage 34. Ce même document ajoute que
l’insémination hétérologue opère et manifeste une rupture entre la parenté génétique, la
parenté gestationnelle et responsabilité éducative.
Le respect de l'unité du mariage et de la fidélité conjugale exige que l'enfant soit conçu
dans le mariage; le lien entre les conjoints attribue aux époux, de manière objective et
inaliénable, le droit exclusif à ne devenir père et mère que l'un par l'autre. Le recours aux
gamètes d'une tierce personne, pour disposer du sperme ou de l'ovule, constitue une violation
32
Donum Vitae, II, 2.
33
Donum Vitae, II, 4.
34
Donum Vitae, II, 2.
de l'engagement réciproque des époux et un manquement grave à l'unité, propriété essentielle
du mariage.
La fécondation artificielle hétérologue lèse les droits de l'enfant, le prive de la relation
filiale à ses origines parentales, et peut faire obstacle à la maturation de son identité
personnelle. Elle constitue en outre une offense à la vocation commune des époux appelés à la
paternité et à la maternité; elle prive objectivement la fécondité conjugale de son unité et de
son intégrité; elle opère et manifeste une rupture entre parenté génétique, parenté «
gestationnelle » et responsabilité éducative. Cette altération des relations personnelles à
l'intérieur de la famille se répercute dans la société civile: ce qui menace l'unité et la stabilité
de la famille est source de dissensions, de désordre et d'injustices dans toute la vie sociale.
Le Pape Pie XII, condamne l’insémination artificielle hétérologue comme celle qui
intervient en dehors du mariage. Selon lui, l’immoralité de ces pratiques dérive du fait qu’une
procréation d’une nouvelle vie possède son lieu naturel uniquement dans le mariage. Sont
donc moralement illicites la fécondation d'une femme mariée par le sperme d'un donneur
autre que son mari, et la fécondation par le sperme du mari d'un ovule qui ne provient pas de
son épouse. En outre, la fécondation artificielle d'une femme non mariée, célibataire ou
veuve, quel que soit le donneur, ne peut être moralement justifiée.35
Le désir d'avoir un enfant, l'amour entre les époux qui souhaitent remédier à une
stérilité autrement insurmontable, constituent des motivations compréhensibles; mais les
intentions subjectivement bonnes ne rendent la fécondation artificielle hétérologue ni
conforme aux propriétés objectives et inaliénables du mariage, ni respectueuse des droits de
l'enfant et des époux.
Quant à la maternité de substitution (mère porteuse), elle est aussi contraire à l'unité
du mariage et à la dignité de la procréation de la personne humaine. La maternité de
substitution représente un manquement objectif aux obligations de l'amour maternel, de la
fidélité conjugale et de la maternité responsable; elle offense la dignité de l'enfant et son droit
à être conçu, porté, mis au monde et éduqué par ses propres parents; elle instaure, au
détriment des familles, une division entre les éléments physiques, psychiques et moraux qui
les constituent.
35
Pie XII, Allocution du IVe Congrès Internationale des Médecins Catholiques, 29 Septembre 1949, in DC 1054,
1949, Coll. 1349.
THESE 33 : SEXUALITE HUMAINE ET LE CHOIX DE VIE: VIE CONSACREE,
VIE MATRIMONIALE, VIE CELIBATAIRE NON CONSACREE. INTEGRATION
AUTHENTIQUE DE LA SEXUALITE: APPROCHE DIFFERENCIEE : MARIAGE
COMME CHOIX DE LA VIE IRREVOCABLE. AMOUR CONJUGAL ET
PROCREATION HUMAINE: ANTHROPOLOGIE ET EXIGENCES ETHIQUES DU
RAPPORT HETEROSEXUEL AUTHENTIQUE. PATERNITE RESPONSABLE ET
METHODE DE CONTROLE DES NAISSANCES : CLASSIFICATION,
PROBLEMES MORAUX, SOLUTIONS POSSIBLES.
Pour l'Église catholique, la sexualité et le plaisir sexuel sont des aspects de l'amour
conjugal, un moyen de parfaire l'union corporelle et spirituelle entre homme et femme. Pour
respecter le plan divin et la dignité humaine, la sexualité doit être un don total dans le cadre
indissoluble du sacrement du mariage, et doit notamment rester ouverte à la procréation36.
L'Église catholique rejette donc en particulier la sexualité hors mariage (CEC, n.
2353), la contraception par des méthodes artificielles (CEC, n.2370) et les rapports
homosexuels (CEC, n.2357).
1.2. La vie consacrée
La chasteté est souvent confondue avec l'abstinence de relation sexuelle. En réalité,
dans l'approche catholique, la chasteté consiste à vivre sa sexualité d'une manière conforme à
son état de vie : les relations sexuelles dans un couple sont « chastes » quand elles traduisent
une relation authentique de ce couple.
« La chasteté signifie l'intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là, l'unité
intérieure de l'homme, dans son être corporel et spirituel » (CEC, n. 2337) « La vertu de la
chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, qui vise à
imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine » (CEC, n.2341).
Jean-Paul II écrivait ainsi : « Si la chasteté conjugale (et la chasteté en général) se
manifeste d'abord comme capacité de résister à la convoitise de la chair, par la suite elle se
révèle graduellement comme capacité particulière de percevoir, d'aimer et de réaliser les
significations du langage du corps qui demeurent absolument inconnues à la concupiscence
elle-même et qui enrichissent progressivement le dialogue des époux en le purifiant et en le
simplifiant en même temps ». Il nous montre également que la chasteté est condition d'un
amour vrai. Elle s'oppose à l'utilisation de l'autre comme moyen, prônée par l'utilitarisme :
« Seuls l’homme et la femme chastes sont capables d’aimer vraiment. La chasteté libère leur
relation, y compris leur relation sexuelle, de la tendance à utiliser l’autre qui est objectivement
incompatible avec la "bienveillance aimante", et ce faisant introduit dans leur relation cette
"bienveillance aimante" ». La chasteté, dans l'enseignement moral chrétien, est une vertu,
c'est-à-dire une disposition de la volonté qui lui permet d'agir facilement et avec qualité.
36
CEC, 2366.
Comme toute vertu, elle s'acquiert en se pratiquant. Le Pape précise ainsi : « La chasteté est
une vertu difficile et dont l'acquisition demande du temps ; il faut attendre ses fruits et la joie
d'aimer qu'elle doit apporter.
37
Cf. CIC-83, Can. 1134.
38
CIC-83, can. 1055, ş1.
relation personnelle ou toute affection humaine qui pourrait s’exprimer génitalement. Il s’agit
d’une obligation pour tout célibataire consacré et pour toute personne qui se trouve dans
l’impossibilité de contracter un mariage valide.
Le chrétien qui décide de rester célibataire a, en fait, opté pour le même choix de
chasteté que le célibataire consacré. La chasteté pour l’ensemble des chrétiens signifie le refus
d’une satisfaction sexuelle par auto-érotisme ou par un comportement dévié. Elle ne signifie
pas isolement, rejet des amours ou des amitiés humaines, ni refoulement de certaines
attitudes non-génitales, liées à l’expression de sa sexualité. La chasteté demande parfois des
efforts héroïques pour affronter les aspects sombres et égocentriques de l’être intérieur.
2. L’intégration authentique de la sexualité: approche différenciée. Mariage comme
choix de la vie irrévocable.
Dans la doctrine de l'Église catholique, le mariage chrétien est un sacrement par lequel
la sexualité est intégrée dans un chemin de sainteté, où la finalité visée ne saurait être le
plaisir sexuel mais le « don sincère de soi ».
Pour l'Église catholique, la sexualité et le plaisir sexuel ne sont moralement
désordonnés que si le plaisir est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et
d'union39.
La sexualité n'est cependant positive que si elle est accomplie d'une manière qui ne
met pas d'obstacle artificiel à la reproduction, afin de demeurer un don total de chacun. Dans
la mesure où elle peut aussi conduire l'homme à s'asservir lui-même quand il la recherche
pour des fins égoïstes, la relation sexuelle doit être vécue comme un don total de soi-même :
pour atteindre la vérité de cette relation, l'être humain ne doit pas se prêter à un échange
sexuel, mais se donner entièrement dans un tel échange. De ce fait, elle considère que la
communion de deux corps ne faisant plus qu’un.
3. Amour conjugal et procréation humaine: anthropologie du rapport hétérosexuel
authentique. Paternité responsable et méthode de contrôle des naissances, problèmes
moraux, solutions possibles.
3.1. L'amour conjugal
L'amour conjugal révèle sa vraie nature et sa vraie noblesse quand on le considère
dans sa source suprême, Dieu qui est amour, " le Père de qui toute paternité tire son nom, au
ciel et sur la terre. Le mariage n'est donc pas l'effet du hasard ou un produit de l'évolution de
forces naturelles inconscientes: c'est une sage institution du Créateur pour réaliser dans
l'humanité son dessein d'amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque, qui leur
39
CEC, n. 2351.
est propre et exclusive, les époux tendent à la communion de leur être en vue d'un mutuel
perfectionnement personnel pour collaborer avec Dieu à la génération et à l'éducation de
nouvelles vies. De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de
la grâce, en tant qu'il représente l'union du Christ et de l'Eglise40.
Dans cette lumière apparaissent clairement les notes et les exigences caractéristiques
de l'amour conjugal, dont il est souverainement important d'avoir une idée exacte.
C'est avant tout un amour pleinement humain, c'est-à-dire à la fois sensible et spirituel.
Ce n'est donc pas un simple transport d'instinct et de sentiment, mais aussi et surtout un acte
de la volonté libre, destiné à se maintenir et à grandir à travers les joies et les douleurs de la
vie quotidienne, de sorte que les époux deviennent un seul cœur et une seule âme et atteignent
ensemble leur perfection humaine.
C'est ensuite un amour total, c'est-à-dire une forme toute spéciale d'amitié personnelle,
par laquelle les époux partagent généreusement toutes choses, sans réserves indues ni calculs
égoïstes. Qui aime vraiment son conjoint ne l'aime pas seulement pour ce qu'il reçoit de lui,
mais pour lui-même, heureux de pouvoir l'enrichir du don de soi.
C'est encore un amour fidèle et exclusif jusqu'à la mort. C'est bien ainsi, en effet, que le
conçoivent l'époux et l'épouse le jour où ils assument librement et en pleine conscience
l'engagement du lien matrimonial. Fidélité qui peut parfois être difficile, mais qui est toujours
possible et toujours noble et méritoire, nul ne peut le nier. L'exemple de tant d'époux à travers
les siècles prouve non seulement qu'elle est conforme à la nature du mariage, mais encore
qu'elle est source de bonheur profond et durable.
C'est enfin un amour fécond, qui ne s'épuise pas dans la communion entre époux, mais
qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies. " Le mariage et l'amour conjugal
sont ordonnés par leur nature à la procréation et à l'éducation des enfants. De fait, les enfants
sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des parents eux-
mêmes41.
3.2. La procréation humaine
La signification de la procréation est à la fois unitive, c'est-à-dire que l'acte sexuel
renforce l'unité des conjoints et leur communion, notamment par le plaisir partagé ; et elle est
une signification procréative, c'est-à-dire que l'acte sexuel est susceptible de donner naissance
à un enfan42.
40
Cf. Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°8.
41
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°9.
42
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°12.
L'encyclique Humanæ Vitæ pose comme principe moral que ces deux significations ne
doivent pas être volontairement séparées, ce qui exclut de fait deux attitudes opposées :
le refus de la signification procréative (le « sexe sans enfant »)
Il s'agit des actes posés avant, pendant ou après l'acte sexuel dans le but de le rendre
volontairement infécond. Tel est le cas de la contraception en général (pilule, préservatif,
stérilité volontaire, etc.), dans la mesure où le couple recherche le plaisir sans assumer la
possibilité de donner la vie. En revanche, l'Église considère que les couples peuvent
légitimement avoir une relation sexuelle inféconde, par exemple dans une période non fertile
du cycle menstruel, ou en cas de ménopause, ou à la suite d'un traitement médical, du moment
que le caractère infécond n'est pas recherché en tant que tel.
le refus de la signification unitive (« l'enfant sans le sexe »).
Il s'agit des cas où l'enfant est recherché pour lui-même, tandis que l'union sexuelle des
conjoints est refusée ou négligée. Un autre exemple est la fécondation in vitro, dans laquelle
l'enfant est conçu en-dehors de l'union physique des époux. C'est pour ce motif, entre autres,
que l'Église considère que la fécondation in vitro n'est pas moralement acceptable (la
fécondation in vitro pose aussi un autre problème moral au sujet de la destruction des
embryons surnuméraires). Ici, nous devons rappeler que l’union et procréation humaine.
Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble,
que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux
significations de l'acte conjugal: union et procréation. En effet, par sa structure intime, l'acte
conjugal, en même temps qu'il unit profondément les époux, les rend aptes à la génération de
nouvelles vies, selon des lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme. C'est en
sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation que l'acte conjugal conserve
intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation
de l'homme à la paternité. Nous pensons que les hommes de notre temps sont particulièrement
en mesure de comprendre le caractère profondément raisonnable et humain de ce principe
fondamental43.
Cependant, qui réfléchit bien devra reconnaître aussi qu'un acte d'amour mutuel qui
porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte
selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec
la volonté de l'auteur de la vie. User de ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa
signification et sa finalité, c'est contredire à la nature de l'homme comme à celle de la femme
43
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°12.
et de leur rapport le plus intime, c'est donc contredire aussi le plan de Dieu et sa volonté. Au
contraire, user du don de l'amour conjugal en respectant les lois du processus de la génération,
c'est reconnaître que nous ne sommes pas les maîtres des sources de la vie humaine, mais
plutôt les ministres du dessein établi par le Créateur44.
Enfin, le CEC précise que la fécondité est un don, une fin du mariage, car l’amour
conjugal tend naturellement à être fécond. L’enfant ne vient pas de l’extérieur s’ajouter à
l’amour mutuel des époux ; il surgit au cœur même de ce don mutuel, dont il est un fruit et un
accomplissement45.
3.3. Anthropologie du rapport hétérosexuel authentique.
La différence homme et femme est évidemment une donnée factuelle (attestée), celle
de l'existence des mâles et des femelles. Mais, dès que l'on s'éloigne de l'évidence anatomique
pour explorer les sentiments, les comportements, les représentations de l'un ou l'autre sexe, on
s'engage sur un chemin miné. Les différences que l'on s'efforce alors de décrypter sont-elles
encore de l'ordre de la nature? Autrement dit, sont-elles fonction du conditionnement
biologique? La tendance actuelle va dans le sens d'un "constructivisme", où les thèmes liés à
la sexuation sont considérés comme des représentations culturelles. La tendance actuelle va
plutôt, au contraire, dans le sens d’un « constructivisme », où les thèmes liés à la sexuation
sont considérés comme des représentations culturelles qui n’ont rien à voir avec une
quelconque donnée naturelle.
3.4. La paternité responsable46
L'Église appelle les couples à exercer « une paternité et une maternité responsables »,
c'est-à-dire à accueillir les enfants de manière à la fois « généreuse » et « raisonnable ». Cette
responsabilité s'exerce dans chaque acte sexuel. En effet, l'Église considère que l'acte sexuel
comporte deux significations qu'il convient de ne pas séparer.
L'amour conjugal exige donc des époux une conscience de leur mission de paternité
responsable, sur laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd'hui, et qui doit, elle aussi, être
exactement comprise. Elle est à considérer sous divers aspects légitimes et liés entre eux47. Par
rapport aux tendances de l'instinct et des passions, la paternité responsable signifie la
nécessaire maîtrise que la raison et la volonté doivent exercer sur elles. L'amour conjugal
exige donc des époux une conscience de leur mission de " paternité responsable ", sur
44
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°13.
45
Cf. CEC, n°2366
46
Cf. Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°10.
47
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae 12.
laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd'hui, et qui doit, elle aussi, être exactement
comprise. Elle est à considérer sous divers aspects légitimes et liés entre eux.
Par rapport aux conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, la
paternité responsable s'exerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire grandir
une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves motifs et dans le respect de
la loi morale, d'éviter temporairement ou même pour un temps indéterminé une nouvelle
naissance.
La paternité responsable comporte encore et surtout un plus profond rapport avec
l'ordre moral objectif, établi par Dieu, et dont la conscience droite est la fidèle interprète. Un
exercice responsable de la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement
leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une
juste hiérarchie des valeurs. Dans la tâche de transmettre la vie, ils ne sont par conséquent pas
libres de procéder à leur guise, comme s'ils pouvaient déterminer de façon entièrement
autonome les voies honnêtes à suivre, mais ils doivent conformer leur conduite à l'intention
créatrice de Dieu, exprimée dans la nature même du mariage et de ses actes, et manifestée par
l'enseignement constant de l'Eglise48.
3.5. Méthode de contrôle des naissances
a. Méthodes exclusivement contraceptives
Les méthodes contraceptives visent à empêcher qu'un rapport sexuel entraîne une
grossesse. De nombreuses méthodes de contraception sont utilisées, aux caractéristiques
variables:
les méthodes « barrières », avec le préservatif masculin, le préservatif féminin, le
spermicide, le diaphragme et la cape cervicale ;
le dispositif intra-utérin (ou DIU ou stérilet) avec le DIU au cuivre et le DIU
hormonal ;
la contraception hormonale féminine avec la pilule ou par implant contraceptif, par
progestatif injectable et par 'anneau vaginal ;
les méthodes de stérilisation avec la ligature des trompes;
certaines méthodes naturelles sont exclusivement contraceptives avec :
o le coït interrompu (ou « retrait ») ;
o l'allaitement à la demande ;
o la douche vaginale considérée inefficace.
48
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°10.
Il existe de plus des moyens de contraception dits « d'urgence », à savoir la pilule du
lendemain, la pilule du surlendemain et le dispositif intra-utérin.
b. Méthodes se rapprochant de la contraception
L'abstinence sexuelle ou des pratiques sexuelles excluant le coït vaginal telles que la
sodomie ou la masturbation ne conduisent bien évidemment pas à une fécondation
c. Méthodes pouvant favoriser ou non la survenue d'une grossesse
Certaines méthodes naturelles peuvent être utilisées dans un objectif d'empêcher la survenue
d'une grossesse, ou au contraire de la favoriser. Ce sont celles basées sur les observations du
cycle menstruel féminin, avec la méthode des températures.
d. Méthodes favorisant exclusivement la grossesse
Plusieurs méthodes permettent de favoriser la grossesse. Ce sont :
49
Cf. Pie XI, encycl. Casti Connubii, A.A.S. 22 (1930), 562-564.
50
Cf. Pie XI, Encycl. Casti Connubii, A.A.S. 22 (1930), 565.
51
Paul VI, Encyclique, Hamanae vitae, n°14.
intime. Elle ne se réalise que de façon véritablement humaine que si elle est partie intégrante
de l’amour dans lequel l’homme et la femme s’engagent entièrement l’un vis-à-vis de l’autre
jusqu’à la mort52. La donation physique totale serait un mensonge si elle n’était pas le signe et
le fruit d’une donation personnelle totale, dans laquelle toute personne, jusqu’en sa dimension
temporelle, est présente. En bref, la sexualité est montrée comme l’expression d’un don total
et donc définitif d’une personne humaine à l’autre. La vie sexuelle aujourd’hui comporte de
nombreux problèmes moraux.
L’intégration des pulsions partielles sous le primat de la zone génitale, c’est-à-dire que
l’exercice de la sexualité implique la mise en action des organes génitaux.
Qu’il accède à une relation avec une personne extérieure à lui. Il faut donc qu’il soit
capable d’intégrer sa vie sexuée dans la société, mais qu’il reconnaisse également le
partenaire dans sa faillibilité individuelle.
L’union globale des courants de tendresse et de sensualité, autrement dit le sujet doit
éviter de dissocier, dans la vie sexuelle, amour ou affection et plaisir.
Le sexuel étant donné sa nature a pour mission de tendre à instituer une unité
permanente et irrévocable, unité sanctionnée par le créateur et à laquelle aspire l’amour
conjugal.
La régulation des naissances
Il y a péché à restreindre artificiellement les naissances, parce que c’est s’arroger le droit de
dissocier la réalisation de l’union dans le mariage de ceux qui s’aiment d’une présence d’un
péché fondamental, l’irrespect envers Dieu
L’usage des préservatifs
Le but est de fournir certaines précautions qui doivent être prises pour diminuer les risques de
transmettre ou d’acquérir une maladie sexuellement transmissible dont le VIH/Sida. Cet usage
a libéralisé la sexualité et fragilisé la morale sexuelle. Mais la seule stratégie réellement
efficace face au VIH et autres maladies vénériennes et l’abstinence ou les relations sexuelles
dans le mariage monogame et la fidélité, selon la formule centers for Disease control
d’Atlanta (USA). Telle est la position du Magistère de l’Eglise.
L’utilisation des contraceptifs dans le mariage
L’Eglise continue obstinément à enseignement de l’illicéité morale de la
contraception. Cette dernière conduit à l’avortement or l’Eglise considère que toute
collaboration qui puisse promouvoir un tel crime est illicite (cf. GS 51). « La contraception
52
Jean Paul II, exhortation apostolique, Familiaris consortio, n.11.
prive continuellement l’acte conjugal de son ouverture à la procréation et opère par là une
dissociation volontaire de finalité du mariage » Les techniques modernes de fécondation
artificielle constituent un grave problème dans la morale sexuelle et conjugale car elle
contourne la voie naturelle de l’acte conjugale. L’Eglise condamne toutes les techniques qui
se passent de l’acte conjugal. En fait, par sa structure intime, « l’acte conjugal unissant les
époux par un lien très profond, le rend aptes à la génération de nouvelle vie, selon les lois
inscrites dans l’être même de l’homme et de la femme
Et le CIC 83 affirme que, « le mariage est une communauté permanente entre l’homme
et la femme, ordonnée à la procréation des enfants par quelque coopération sexuelle »53
(c.1096, 1). Le canon insiste aussi sur l’union hétérosexuelle et condamne par-là
l’homosexualité.
Autres solutions de l’Eglise par rapport aux problèmes moraux
L'Église catholique veut donc refuser l'instrumentalisation de la sexualité, tant en vue
du plaisir seul qu'en vue de la procréation seule. Elle reconnaît aux couples la responsabilité
de décider si (et quand) ils veulent des enfants. Pour les périodes où ils ne souhaitent pas
concevoir d'enfant, les seules méthodes de régulation des naissances acceptées sont les
méthodes naturelles qui s'appuient la continence périodique. Dans ce cas, les couples n'ont de
relations sexuelles que pendant les périodes infertiles du cycle menstruel. Ainsi, l'Église ne
légitime pas ces méthodes naturelles en raison de leur caractère écologique (bien que ces
méthodes soient effectivement écologiques), en opposition à des méthodes qui seraient dites
« artificielles ». Elle les recommande parce qu'elles s'appuient sur la continence périodique
qui permet aux couples de rester ouvert à la procréation.
En guise de conclusion, il sied de signaler que la sexualité
53
CIC-83, Can.1096,§1.
THESE 35 : LES DROITS HUMAINS ; LE SENS DU CONCEPT ET SON HISTOIRE.
ASPECT PROBLEMETIQUE DE LA DUDH 1948. LA RECEPTION DU CONCEPT
DANS LE MAGISTERE SOCIAL DE L’EGLISE
0. INTRODUCTION
Dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique sont nombreux des numéros qui parlent des
droits humains en deux aspect : « ‘‘aspects ou droits civils et aspects ou droits religieux. Il
s’agit à titre illustratif des numéros dont pour les droits civils nous avons’’ : les ‘‘ n° 360,
1738, 1741, 1782, 1907, 1935, 1944-1945, 2211, 2221, 2229-30, 2237, 2238, 2240, 2241,
2264, 2270, 2273, 2278, 2216, 2322, 2378, 2401, 2403, 2429, 2452, 2479, 2488-89, 2494,
2508, 2512, 1909, 2265, 2308, 2310, 2321 ; et pour les droits religieux nous avons en
quelques sorte des numéros comme le n°848, 900, 1269, 2104-09, 2037 et 2122. Seul l’Eglise
essaye de défendre normalement et naturellement ses droits humains selon l’entendement des
n°2420, 2458 des droits religieux.
En effet, les droits fondamentaux tels que nous en parle le Catéchisme de l’Eglise
Catholique au n°2294 et 2375 nous montrent que la personne ou tout homme donc, a des
droits inaliénables qui sont conforme au projet et à la volonté de Dieu’’ »54. Alors l’homme
une fois ses droits sont malaisés, il a les pleins droits d’intervenir et de déclarer ses droits
d’une façon universelle. Ses droits naturels sont en effet irréprochables et réductionnels.
Cependant la question se pose : qu’est-ce que la déclaration universelle des droits de l’homme
(DUDH) ?
A travers la question posée ci-haut, l’on est ainsi invité à comprendre ce que sont les
droits humains. Connaitre ensuite la naissance du concept et son histoire. Nous chercherons
donc, à trouver les aspects problématiques de la « Déclaration universelle des droits de
l’homme de 1948 » ; ainsi comprendre comment a été la réception du concept droit humain
dans le Magistère social de l’Eglise. Toute suite, comprenons d’abord la définition, la
naissance et l’histoire du concept ‘‘ droit humain’’.
Adoptée à Paris (au Palais de Chaillot) par l’organisation des Nations unies le 10
décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) est définie dans
54
CATÉCHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE, Fille de Saint-Paul, Cote d’Ivoire 2011, 802-803.
son préambule comme « un idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations
». La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) est un texte fondateur et
essentiel pour le combat en faveur des droits humains.
Adopté en 1948 par la toute jeune organisation des Nations unies, le texte représente une
avancée majeure dans l’histoire de l’humanité. Ce texte représente en effet un consensus
inédit pour définir, caractériser et encadrer les droits inhérents à toute personne humaine.
Pour une organisation mobilisée dans la défense des droits humains comme Amnesty
International, ce texte est fondateur et essentiel. La Déclaration universelle des droits de
l’homme est au cœur de notre mandat et de nos missions.
La DUDH expose l’ensemble des droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels
inhérents à toute personne humaine. Les droits civils et politiques permettent à chacune et
chacun de se défendre contre les abus des États. On y retrouve la liberté d’opinion,
d’expression, de se réunir et de manifester, de pensée, de religion, le droit des minorités,
l’interdiction des discriminations, de la torture, de l’esclavage, et le droit à la vie. La DUDH
proclame des droits économiques, sociaux et culturels qui ont pour but d’assurer à chacune et
chacun la satisfaction de ses besoins de base et des conditions favorables à son
épanouissement personnel. Ce sont les droits à l’éducation, au travail, à la sécurité sociale, à
la santé et à la formation mais aussi à la protection de la famille et des enfants. Ces droits
impliquent une intervention de l’État.
Inaliénables : personne ne peut être privé de ces droits, qui sont innés.
La notion de droits de l’homme est ancienne et apparaît dans l’histoire sous des noms
divers mais sur les mêmes principes et ce dès l’Antiquité. Le Cylindre de Cyrus, proclamé par
le roi de Perse Cyrus II, après sa conquête de Babylone en 539 avant J.-C. énonce les mesures
qu’il préconise en direction des Babyloniens
Sur le continent africain au XIIe siècle, la Charte du Manden, qui se transmet par voie
orale, contient des principes d’égalité et de respect d'autrui. Elle affirme le droit à réparation
du préjudice subi et prône l’abolition de l’esclavage. La Magna Carta de 1215 pose les
fondements démocratiques de l’Angleterre et de l’Europe suivie de la Bill of Rights de 1689
qui met la loi au-dessus du roi.
− Charles Habib Malik (Liban) : nommé rapporteur de la Commission des droits de l’homme
de l’ONU en 1946, il est souvent désigné comme la « force motrice », aux côtés d’Eleanor
Roosevelt, dans les débats et la rédaction de la DUDH.
Le texte pose un cadre, un « idéal à atteindre » pour reprendre les termes du Préambule
de la Déclaration. Pour concrétiser cet idéal, un ensemble de textes de droit international ont
été successivement adoptés pour donner une force normative aux principes du texte. La
DUDH a ainsi servi de modèle à de nombreux textes et mécanismes de protection des droits
humains venant renforcer la protection des êtres humains et des populations vulnérables. Des
textes qui ont été signés ou ratifiés par la majorité des États membres de l’ONU, et qui
permettent de revendiquer ces droits et de poursuivre ceux qui ne les respectent pas. Dès
1966, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté deux textes qui reprennent le contenu
de la DUDH : le Pacte des droits civils et politiques et le Pacte des droits économiques,
sociaux et culturels. Entrés en vigueur en 1976, ces deux pactes et leurs protocoles facultatifs
constituent avec la DUDH « la Charte internationale des droits de l’homme ».
− Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
(1979) ;
55
Les droits de l’homme en Europe. Allocution aux membres de la commission et de la Cour européennes ce 12
décembre 1983. C’est en fait, le 04 novembre 1950 que la Convention européenne des Droits de l’homme a été
signée à Rome.
− Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
(1984) ;
− Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille (1990) ;
− Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions
forcées (2006).
Et au niveau régional :
Mais de tout cela, la question se pose : Dès 1948 à aujourd’hui, quelles avancées de ces droits
de l’homme?
Pour autant, les violations des droits humains sont multiples et de très nombreuses
personnes ne jouissent toujours pas des droits et libertés inscrits dans la DUDH. Ces graves
manquements sont imputables aux États et aux décideurs qui ne respectent pas les
engagements pris en 1948 et inscrits dans la DUDH.
L’avenir des droits humains n’est plus seulement dans les mains des dirigeants du
monde mais dépend aussi d’acteurs non étatiques et en premier lieu les entreprises. Il n’est
plus acceptable que les entreprises continuent à être complices de crimes en toute impunité.
Les atteintes aux biens communs, à l’environnement et aux droits humains doivent être
dénoncées, et les victimes doivent avoir accès à une justice indépendante et impartiale sans
risquer des représailles. La responsabilité des entreprises sera donc l’un des enjeux majeurs
dans les années à venir.
La protection des défenseures et défenseurs des droits humains, des lanceurs d’alerte et
de tous ceux qui luttent pour le respect des droits humains seront au cœur des préoccupations,
tant la pression est forte aujourd’hui de museler leur parole. La question de la surveillance de
masse, des atteintes aux institutions démocratiques et à la vie privée continuera à être une
problématique majeure, tout comme l’impact des lois sécuritaires prises au nom de la lutte
contre le terrorisme qui continuera à exacerber les divisions et à créer des discriminations au
sein de communautés déjà vulnérables ou affaiblies.
En la fin d’année 2018, on célèbre les 70 ans de la Déclaration universelle des Droits
de l’Homme. Même si ce texte capital semble aujourd’hui faire écho au message de l’Église,
cela n’a pas toujours été aussi simple. Il a fallu de longues années d’enseignement social de
l’Église catholique et les apports du concile Vatican II pour y arriver. « déjà l’Eglise reconnait
dans la Convention actuelle des éléments fondamentaux de la dignité humaine à sauvegarder ;
c’est d’abord le droit à la vie, exprimé à l’article 2, qui est inhérent à toute personne humaine,
56
Le Pape Jean-Paul II avait tenu une allocution aux membres de la commission et de la Cour européennes sur
les droits de l’homme en Europe. Ici il a parlé des Droits de l’homme en Europe; cfr. www.vivre-ensemble.be
inaliénable, et qui demande donc à être protégé par la loi, depuis le commencement de la vie
humaine, dès la conception, jusqu’à la fin57.
Aussi, Guy Aurenche considère la Déclaration comme une révolution, ainsi que les
pactes et conventions qui l’ont prolongée. En tant qu’avocat et chrétien, il a aussi noté que ce
document majeur pour l’Humanité affirme que « les peuples du monde entier ont proclamé
leur foi en la valeur et la dignité de la personne humaine », tout en ajoutant que « peu de
textes juridiques parlent de foi » et que « cela témoigne d’un texte porté par un souffle. »
Chose que l’Église catholique a mis bien du temps à reconnaître !
57
Jean-Paul II, « Les Droits de l’homme en Europe. Allocution aux membres de la Cour européennes », in DC 5
février 1984, n° 1867, 147.
58
GUY AURENCHE, Le souffle d’une vie, Paris, Albin Michel, 2011, 54.
comme la Déclaration d’indépendance américaine de 1776 et la Déclaration des Droits de
l’Homme et du citoyen de la Révolution française de 1789.
Il faudra toutefois attendre Jean XXIII pour que l’Église catholique voie dans les droits
humains une « acquisition capitale de l’humanité moderne »iii 59
via l’encyclique Pacem in
Terris (1963) et le concile Vatican II (1965). Dans Pacem in Terris, Jean XXIII affirme : « Le
fondement de toute société bien ordonnée et féconde, c’est le principe que tout être humain
est une personne, c’est-à-dire une nature douée d'intelligence et de volonté libre. Par là même,
il est sujet de droits et de devoirs, découlant les uns et les autres, ensemble et immédiatement,
de sa nature : aussi sont-ils universels, inviolables, inaliénables 60.» Il y a donc là la
reconnaissance du caractère universel de ces droits et devoirs.
Jean XXIII consacre également un chapitre de cette encyclique aux droits : droit à
l'existence et à un revenu décent, droits relatifs aux valeurs morales et culturelles, droit
d'honorer Dieu selon la juste exigence de la conscience, droit à la liberté dans le choix d'un
état de vie, droit relatif au monde économique, droit de réunion et d’association, droit
d'émigration et d’immigration, ainsi que droit d’ordre civique. Et Jean XXIII souhaitera que
l’ONU soit actrice dans le développement d’une gouvernance mondiale.
60
Pacem in Terris, lettre encyclique de Jean XXIII, Rome, 1963, chapitre I,9 : http://w2.vatican.va/content/john-
xxiii/fr/encyclicals/documents/hf_jxxiii_enc_11041963_pacem.html
61
http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/encyclicals/documents/hf_pvi_
enc_26031967_populorum.html
tous les Hommes. De plus, Paul VI institue les commissions Justice et Paix. Depuis lors, des
encycliques et bien d’autres contributions ont enrichi l’enseignement social de l’Église
catholique. On citera, par exemple, les 2contributions des conférences générales du Conseil
des conférences épiscopales d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM). Dès 1968, celle
tenue à Medellin en présence de Paul VI envisage la présence de l’Église catholique dans la
transformation du sous-continent à la lumière des travaux de Vatican II et en étant sur la
même longueur d’onde que les théologiens et les évêques prônant la théologie de la
libération62
Conclusion
62
MAURICE CHEZA, LUIS MARTINEZ SAAVEDRA, PIERRE SAUVAGE (dir.), Dictionnaire historique de
la théologie de la libération, Namur, Éditions jésuites, 2017.
63
Oeconomicae et pecuniariae quaestiones - Considérations pour un discernement-éthique sur certains
aspects du système économique et financier actuel, Rome, 17 mai 2018:
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/
rc_con_cfaith_doc_20180106_oeconomicae-et-pecuniariae_fr.html
À côté des travaux théologiques, pas mal de mouvements et communautés chrétiens ou
groupes d’Église se sont efforcés de s’approprier et d’analyser, de manière plus ou moins
critique, l’enseignement social de l’Église. Ainsi, en juin 2018, à Lisbonne, le Forum
européen des laïcs xi a traité de la question des droits humains. Erik Borgman, dominicain laïc
hollandais, de l’Université de Tilburg, a présenté le fondement théologique de la DUDH en
signalant notamment que l'absence de référence à Dieu dans son article 1er avait été décidée
afin de permettre aux non-religieux et aux athées de pouvoir signer cette Déclaration. Citant
Saint Thomas d’Aquin, il a parlé du cadeau de l’unité divine reçue à travers la multiplicité et
la diversité présentes dans le monde. Et il a montré que l’Église construit le Royaume de Dieu
quand elle promeut activement les libertés humaines. Et que le pape François n’est pas en
reste quand il affirme : « Dieu vit parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité,
le désir du bien, de vérité, de justice.64»
Cette démarche a débuté durant les années 60 avec le lancement des Carêmes de
Partage avec les populations du Tiers-Monde, à commencer par celles d’Afrique centrale en
raison de leurs liens historiques avec la Belgique. En 1963, c’est la création de l’ONG
Entraide et Fraternité - Broederlijk Delen, laquelle restera nationale jusqu’à la fin des années
70. Avec les autres organisations catholiques de coopération au développement d'Europe et
d’Amérique du Nord, elle deviendra membre de la CIDSE (Coopération internationale pour le
64
Exhortation apostolique la joie de l’Evangile- Evangelii Nutiandi (74-72, 73, 74, 91, 92, 199, 228 et 239).
développement et la solidarité), sise à Bruxelles et dont la création aura été encouragée par le
cardinal Suenens, archevêque de Malines-Bruxelles et un des modérateurs de Vatican II.
Toutefois, les débuts de Vivre Ensemble ne furent pas des plus aisés : le défi le plus
difficile à relever consista à rendre son action permanente, c'est-à-dire bien au-delà d'une
collecte dans les églises au cours de l’Avent, à soutenir des initiatives qui ne soient pas
nécessairement toutes d'Église et à développer des interpellations vis-à-vis des pouvoirs
publics et des citoyens, chrétiens ou non.
Or, c’est aussi en 1971 que s'est tenu à Rome un Synode sur la Justice dans le monde.
On lui doit la déclaration suivante : « L’action pour la justice et la participation à la
transformation du monde nous apparaissent comme une dimension constitutive de la
proclamation de l’Évangile qui est la mission de l’Église pour la rédemption de l'humanité et
sa libération de toute situation oppressive. »
Cette position a, depuis, régulièrement été rappelée par Vivre Ensemble et entraide et
Fraternité. On ne peut donc que se réjouir de la voir figurer en conclusion de la déclaration
Populorum Communio - la communion des peuples xv que les évêques de Belgique ont
publiée en mars 2017 pour marquer le 50e anniversaire de l’encyclique Populorum
Progressio. La Conférence épiscopale fait là référence à l’encyclique du pape François « sur
la sauvegarde de la maison commune », Laudato Si’. Il s’agit là d’une synthèse qui en rejoint
certes bien d'autres, mais qui émane de la grande personnalité morale qu’est ce pape, jésuite
de formation philosophique, théologique et scientifique. Mais il est frappant de voir que cette
encyclique contient pas mal d’apports de Conférences épiscopales de pays du Sud, dont celles
d’Amérique latine mais aussi d’Afrique du Sud et des Philippines.
Dans ce contexte, Vivre Ensemble a, d’année en année, mis l'accent sur la défense et la
promotion en Belgique des droits fondamentaux des habitants les plus pauvres. Ainsi, Vivre
Ensemble a contribué à « Objectif 82 » pour obtenir le droit de vote aux élections
communales pour les étrangers et a soutenu les droits des personnes ayant un handicap. Vivre
Ensemble a aussi régulièrement prôné le droit au logement. Ainsi, en 1994, 177 000 clés
furent-elles déversées devant le cabinet du ministre du Logement, Melchior Wathel et senior
(PSC).
Tandis que c’est une Commission Quart-Monde d'un ancien conseil pastoral de Namur
qui a été, avec la participation de Vivre Ensemble, à l'origine du concept des agences
immobilières sociales il y a vingt ans. Et, en ce septantième anniversaire de la DUDH, Vivre
Ensemble a une nouvelle fois choisi de mettre l'accent sur l'importance des droits humains.
Avec la collaboration des acteurs de terrain que cette association soutient et aussi de Guy
Aurenche, auteur du nouveau livre « Droits humains : n'oublions pas notre idéal commun !
»…
Quant à Entraide et Fraternité, relevons brièvement ici que, dans le cadre de l'approche
partagée avec Vivre Ensemble, cette ONG n’a cessé de mettre l'accent sur le fait que ce sont
les hommes et les femmes qui sont les premiers acteurs de leur propre développement dans les
pays du Sud. Et cela, tant dans le cadre des Carêmes de Partage qu'au-delà, comme elle le fera
encore plus spécialement au sujet des Philippines en 2019 et de Haïti en 2020. Plus que
jamais, la défense des droits humains fondamentaux peut se lire au travers de l’élaboration et
de la mise en pratique de l’enseignement social de l’Église, dans le respect tout à la fois de la
dignité humaine, de notre Terre et de la Bonne nouvelle de l’Évangile.