La spécificité du droit commercial apparaît tant lors de la conclusion de l’acte que de son
exécution
Le principe en droit commercial est celui de la liberté de la preuve. Ce qui réduit les
exigences formalistes ad probationem sans empêcher la multiplication des exigences ad
validitatem.
Aux termes de l’article L 110-3 du code de commerce, à l’égard des commerçants, les actes
de commerce peuvent se prouver par tous moyens à moins qu’il n’en soit autrement disposé
par la loi.
Cette règle permet aux commerçants de s’abstraire des règles rigoureuses du droit civil qui
exige par exemple un écrit pour toute opération d’une valeur supérieure à 1500 euros (art
1341 C Civ).
La preuve par tous moyens étant admise, il n’est pas nécessaire de se préconstituer une preuve
par écrit ni d’établir autant d’originaux que de parties à l’acte, d’apposer une quelconque
mention manuscrite en cas d’engagement unilatéral etc.
Il en va de même des dispositions de l’article 1328 qui conditionnent l’existence d’une date
certaine pour les actes sous seing privé
La liberté de la preuve sera admise tant par la juridiction commerciale que par la juridiction
civile.
Bien plus les livres comptables pourront être utilisés, l’article 1330 du Code civil dispose en
effet que les livres des marchands font preuve contre eux ; mais celui qui en veut tirer
avantage, ne peut les diviser en ce qu'ils contiennent de contraire à sa prétention.
L’article 1329 dispose quant à lui que les registres des marchands ne font point, contre les
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personnes non marchandes, preuve des fournitures qui y sont portées, sauf ce qui sera dit à
l'égard du serment.
Bien que l'article L.110-3 du code de commerce énonce que la règle de la preuve écrite des
contrats n'est pas applicable, il est évident que la constitution de cette preuve est
recommandée et ce dans un but de sécurisation juridique.
Il ne faut en effet pas oublier que les factures et autres livres de comptes (dont l'établissement
est obligatoire) ne constituent en aucun cas une preuve écrite mais seulement des indices.
Les modes de preuve admis en matière commerciale sont très variés. On peut ainsi prouver
par témoins, présomption, aveu et serment. Toutefois, la force probante des éléments de
preuve – même libre – reste soumise à l’appréciation souveraine des juges du fond, ainsi qu’à
l’exigence de loyauté.
En matière commerciale, davantage peut-être que dans d’autres, les progrès accomplis dans le
domaine informatique et les moyens de communication sont pris en compte par la
jurisprudence. C’est notamment en cette matière qu’ont été admis comme mode de preuve les
microfilms auxquels la pratique bancaire avait fait appel pour régler ses problèmes
d’archivage des chèques, ce qui a conduit à la reconnaissance par le législateur de la copie
fidèle et durable (article 1348, alinéa 2, issu de la loi du 12 juillet 1980 précitée). La preuve
d’un acte de commerce peut être aussi rapportée par télécopie, dès lors qu’ont été vérifiées, ou
ne sont contestées, ni son intégrité ni l’imputabilité de son contenu à l’auteur désigné ou
photocopie, ce raisonnement étant transposable aux courriels ou messages écrits
téléphoniques dits « SMS ».
L’informatique offre en effet des garanties importantes de conservation des preuves. Depuis la
réforme du droit de la preuve initiée par la loi n° 2000-230 du 13 mars 2000 portant
adaptation du droit de la preuve aux technologies de l’information et relative à la signature
électronique, le juge du fond s’est vu toutefois reconnaître une grande liberté pour apprécier la
valeur probante des supports électroniques en toute matière (article 1316-2 du code civil).
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C Les atténuations au principe de la liberté de la preuve en matière commerciale
Est ainsi nul l’engagement de caution, pris par acte sous seing privé par une personne
physique envers un créancier professionnel, qui ne comporte pas la mention manuscrite
exigée par l’article L. 341-2 du code de la consommation (mention manuscrite précisant
l’étendue de l’engagement et ses modalités doit, à peine de nullité, figurer dans l’acte). De
même, les articles L. 330-3, R. 330-1 et R. 330-2 du code de commerce relatifs à
l’engagement d’exclusivité en matière commerciale imposent la remise au bénéficiaire de
l’exclusivité d’un document lui permettant de connaître l’état du réseau dans lequel il va
s’insérer et l’étendue de ses engagements.
Il existe désormais un grand nombre d’hypothèses dans lesquelles un écrit est exigé comme
condition d’existence de l’acte passé.
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par le président du Tribunal de grande instance s’il en fait la démarche postérieurement à son
émancipation.
Néanmoins, il convient de rappeler que la qualité de commerçant n’est pas toujours requise :
pour le propriétaire d’un fonds de commerce donné en location-gérance, ou encore les
associés d’une société commerciale.
Comme en droit civil, le consentement ne doit pas être vicié ; le dol, la violence et l’erreur
rendent nul l’acte de commerce.
Le consentement, en droit commercial, ne résulte pas de l’acceptation d’une offre ferme et
précise, comme en droit civil. Le silence peut valoir acceptation lorsque les contractants en
ont pris l’habitude, ou lorsqu’il résulte des usages de certaines professions.
Le mot "réfaction" vient du mot "refaire". Diminuer le prix d'un objet ou d'un service, revient
à modifier le contrat c'est dans le sens de réduction de prix que l'on emploi le mot "réfaction".
Le vendeur peut être amené à consentir "une réfaction", soit qu'il ait tardé à livrer, soit que la
marchandise n'ait pas présenté toutes les qualités prévues au contrat.
En application de l'article 1184 du Code civil le juge saisi d'une action résolutoire pour défaut
de qualités promises peut, s'il estime qu'il n'y a pas lieu à résolution, maintenir le contrat et si
le demandeur a demandé la condamnation du vendeur à des dommages-intérêts, prononcer
contre le vendeur une réparation en argent ce qui équivaudra à diminuer le prix de la chose
vendue.
Cette réfaction est possible dans les contrats commerciaux mais pas en matière civile
b) La faculté de remplacement
La faculté de remplacement est un usage commercial inspiré de l'art. 1657 du code civil.
L'avantage de cette technique est de ne pas devoir saisir le tribunal, mais elle comporte une
importante obligation d'information, et le juge pourrait dire par la suite que le remplacement
n'a pas été correctement effectué.
De manière plus générale, le remplacement pourrait être expressément stipulé dans tout
contrat, quel qu'il soit, la convention faisant la loi des parties.
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C) La prescription des obligations commerciales
Les délais de prescription varient selon la nature des créances : leurs différentes classification
et modalités constituent des informations à ne pas oublier.
La loi du 17 juin 2008, portant réforme de la prescription en matière civile, et qui est en
vigueur depuis le 19 juin 2008 a modifié ces délais.
Depuis cette date, la prescription de droit commun est de 5 ans (auparavant elle était de 30
ans en matière contractuelle et de 10 ans en matière de responsabilité extra contractuelle), et
la prescription en matière commerciale est de 5 ans au lieu de 10 ans. Néanmoins, certaines
créances (professionnelles, commerciales, pénales, ...) sont réglées par des prescriptions plus
courtes.
CREANCES PROFESSIONNELLES
Créances entre commerçants pour les besoins du commerce..... 5 ans au lieu de 10 ans
Créances des commerçants pour vente de marchandise à des particuliers et d’une
manière générale l’action des professionnels contre les consommateurs..2 ans
Créances des hôteliers, traiteurs, et restaurateurs à l'égard de leurs clients... 5 ans au
lieu de 6 mois
Responsabilité des entrepreneurs et architectes pour vices de construction : gros
travaux..10 ans
Responsabilité des entrepreneurs et architectes pour vices de construction : menus
travaux...2 ans
Créances nées des contrats de transport....1 an
Actions pour avaries et pertes partielle contre un transporteur (le destinataire doit avoir
confirmé ses réserves par lettre recommandée dans les 3 jours de la réception pour ne
pas être forclos)...1 an
D la solidarité
En droit civil, la solidarité ne se présume pas, elle doit être expressément stipulée pour jouer.
Le droit commercial a pris le contre pied de la règle civiliste. En effet, un usage ancien et
constat veut que la solidarité se présume en droit commercial.
Elle jouera donc à défaut d’avoir été expressément écartée. Cet usage s’applique largement. Il
dépasse le champ purement contractuel pour s’étendre aux obligations quasi-contractuelles et
légales. La jurisprudence applique la présomption de solidarité avec beaucoup de rigueur,
indépendamment de la qualité des parties.
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Ce principe est même consacré par la loi et la distinction entre le droit civil et le droit
commercial ressort nettement d’un certain nombre de textes tel par exemple l’article 1843 du
Code civil aux termes duquel les personnes qui ont agi au nom d'une société en formation
avant l'immatriculation sont tenues des obligations nées des actes ainsi accomplis, avec
solidarité si la société est commerciale, sans solidarité dans les autres cas.
E La mise en demeure
La mise en demeure peut résulter de tout acte par lequel le créancier manifeste sans
équivoque sa volonté d’obtenir l’exécution de l’obligation dans un délai raisonnable. La mise
en demeure peut résulter d’une lettre missive dès lors qu’il en ressort une interpellation
suffisante. Cette règle qui est celle du droit commercial a cependant été étendue au droit civil
en 1991. Elle est reprise par les articles 1139 et 1146 du Code civil.
L’intervention d’un huissier n’est donc plus systématiquement nécessaire en matière civile
comme en matière commerciale.
Il s’agit d’un acte passé par un commerçant et un non commerçant acte qualifié d’acte mixte.
La particularité de ce type d’acte est de faire naître des obligations de nature commerciale à
l’égard du commerçant et de nature civile à l’égard de la partie non commerçante. Ce qui
rejaillit immanquablement sur le régime juridique des dits actes. Un régime le plus souvent
dualiste mais qui parfois peut être uniforme.
Face à un acte mixte, il faut se demander quelles sont les règles applicables. Sont-ce celles du
droit civil, celles du droit commercial ? Ou doit-on appliquer distributivement les unes et les
autres ? C’est cette dernière solution qui prévaut le plus souvent. Ainsi en est-il, par exemple,
en matière de preuve ou de juridiction compétente.
A) En matière de preuve
S’agissant de la preuve, le créancier non commerçant peut se prévaloir du principe de
liberté de la preuve à l’encontre du commerçant. Il s’agit de prouver contre le
commerçant, les règles du droit commercial sont applicables la preuve se fait pas tous
moyens.
Mais l’inverse n’est pas vrai le commerçant qui entend prouver contre le non
commerçant doit utiliser les règles de droit civil.
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B) La juridiction compétente
Le commerçant doit assigner son cocontractant non commerçant devant les juridictions
civiles, le non commerçant dispose d’une option. Il peut en effet décider de s’adresser soit aux
juridictions civiles soit aux juridictions commerciales.
Cette dualité n’est pas toujours satisfaisante ni surtout envisageable, c’est pourquoi des règles
uniformes sont mises en place.
La règle peut être celle du droit civil ou celle du droit commercial. Ainsi pour protéger le non
commerçant, les clauses attributives de compétence territoriale sont nulles dans les actes
mixtes (art 48 CPC).
Dans le même esprit, les clauses compromissoires seront écartées à moins que le non
commerçant soit un professionnel (art 2061 du C Civ).
Il a également fallu trouver une règle uniforme en matière de prescription. Depuis la loi du
17 juin 2008, aux termes de l’article 110-4, I du code de commerce, les obligations nées à
l’occasion de leur commerce entre commerçants ou entre commerçants et non commerçants
se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions spéciales plus
courtes.
Les clauses des contrats proposés par les professionnels aux consommateurs ou aux non-
professionnels s'interprètent, en cas de doute, dans le sens le plus favorable au consommateur
ou au non-professionnel.
La Loi n°2010-737 du 1er juillet 2010 a modifié le Code de la Consommation, le Code civil,
et le Code monétaire et financier en y apportant un certain nombre de nouveautés. Certaines
de ces dispositions s'appliquent depuis septembre 2010, d'autres depuis mai 2011. Elles
intéressent, les opérations de crédit immobilier, en particulier elles permettent à l'emprunteur
de souscrire l'assurance de son choix, renforcent les obligations et la responsabilité des
prêteurs dans l'évaluation de la solvabilité des emprunteurs.
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En matière d'emprunts elles appliquent aux partenaires d'un pacte civil de solidarité (PACS)
des mesures de protection identiques à celles dont sont déjà bénéficiaires les époux.
Le Code de la consommation prévoit un droit de rétractation dans toute vente d'un bien ou
toute fourniture d'une prestation de service conclue, sans la présence physique simultanée des
parties, entre un consommateur et un professionnel qui, pour la conclusion de ce contrat,
utilisent exclusivement une ou plusieurs techniques de communication à distance.
En cas de remboursement par anticipation d'un prêt entrant dans le cadre du droit de la
consommation, le prêteur n'est en droit d'exiger une indemnité au titre des intérêts non encore
échus que si le contrat de prêt comportait une clause prévoyant expressément qu'une telle
indemnité serait due dans ce cas.