Vous êtes sur la page 1sur 51

Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ‫العــلم ـي‬

‫الـبحـث ـ‬ ‫الي و ـ‬ ‫العـ ـ‬


‫الـتعــلـيم ـ‬
‫وزارة ـ‬
scientifique ‫العـربـيــة للـعـلـــــوم‬
‫الجـام ـعـة ـ‬‫ـ‬
Université Arabe des Sciences ‫دسيـن‬
‫اصة للـم ـه ــن ـ‬‫الخـ ـ‬‫درسة الـعــلـيـا ـ‬‫الم ـ ـ‬
‫ـ‬
Ecole Supérieure Privée d’Ingénieurs et des Etudes ‫تـونس‬
‫ب ـ‬ ‫الـتكــنولـوجــية ـ‬ ‫الدراسـات ـ‬ ‫و ـ‬
Technologiques de Tunis

Projet de Fin d’études

Présenté pour obtenir le

Diplôme National de Licence Appliquée


Spécialité : Electromécanique

Etude de l’opportunité de développer les réseaux


de chaleur et de froid en Tunisie en récupérant
la chaleur au niveau des centrales thermiques
de la STEG

Entreprise : Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz

Elaboré par : Khaled CHOKRI


Encadré par : M. Kais BOUBAKER
Mme. Mehrzia BARHOUMI

Année universitaire 2017-2018


34,Rue Cyrus le Grand 1002 Tunis ‫ تونس‬1002 ‫ نهج القرش االكبر‬18
Tél 71 336 023 / 71 335 073 71 336 023 / 71 335 073 ‫الـهاتف‬
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Sommaire
REMERCIEMENTS ....................................................................................................................... 4
NOMENCLATURE ........................................................................................................................ 5
Liste des figures et tableaux .................................................................................................. 6
INTRODUCTION GENERALE ........................................................................................................ 7
CHAPITRE 1: Présentation de la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz .......................... 8
1. Historique ........................................................................................................................ 8
2. Mission ............................................................................................................................ 8
3. Activités ........................................................................................................................... 9
4. Parc de production électrique de la STEG ....................................................................... 9
5. Aspect environnemental à la STEG ............................................................................... 10
6. Organigramme .............................................................................................................. 11
CHAPITRE 2: Etude bibliographique sur les réseaux de chaleur et de froid ............................ 12
1. Principe et fonctionnement d’un réseau de chaleur ................................................... 12
1.1. Constitution d’un réseau de chaleur ..................................................................... 12
1.2. L’unité de production de chaleur .......................................................................... 13
1.3. Le réseau de distribution primaire......................................................................... 15
1.4. Les sous-stations d’échange .................................................................................. 17
2. Réseau de froid.............................................................................................................. 20
3. Avantage de la centralisation de la production d’énergie ........................................... 21
3.1. Sécurité, encombrement et entretien ................................................................... 21
3.2. Impact environnemental ....................................................................................... 22
4. Situation actuelle des réseaux de chaleur et de froid dans le monde ......................... 23
4.1. Réseaux de chaleur ................................................................................................ 23
4.2. Réseaux de froid .................................................................................................... 27
5. Récupération de la chaleur au niveau des centrales thermiques ................................. 28
CHAPITRE 3: Etude de l’opportunité technico-économique de la récupération de chaleur au
niveau des centrales thermiques de la STEG ........................................................................... 31
1. Etude de cas .................................................................................................................. 31
2. Intérêt de l’idée ............................................................................................................. 33

Page 2
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

3. Bénéfices envisagées du développement des réseaux de chaleur et de froid ............. 35


3.1. Collectivité publique .............................................................................................. 35
3.2. La STEG ................................................................................................................... 36
3.3. Industriels avec excès de chaleur .......................................................................... 37
3.4. Clients consommateurs d’énergie thermique ....................................................... 37
4. Applications possibles de l’idée - exemples de projets pilotes ..................................... 38
CHAPITRE 4: Etude de l’alimentation du projet de la SPLT en chaleur et en froid via un réseau
de chaleur alimenté à partir de la turbine à combustion de la Goulette ................................ 39
1. Introduction................................................................................................................... 39
2. Besoins énergétique du Projet SPLT ............................................................................. 40
2.1. Données de base de l’étude .................................................................................. 40
2.2. Calcul des puissances des différents zones du projet ........................................... 40
2.3. Calcul de la consommation d’énergie des différents zones du projet .................. 41
2.4. Récupération de la chaleur au niveau de la turbine à combustion de la Goulette46
Conclusions de l’étude ............................................................................................................. 48
Conclusion générale ................................................................................................................. 49
Réferences ................................................................................................................................ 51

Page 3
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

REMERCIEMENTS

Avant de commencer mon rapport, Je remercie Mr Mohamed GHORBEL, le


responsable du Département Planification pour son estime et l’intérêt qu’il accorde
à mon stage.

Je remercie Mr Kais BOUBAKER et Mr Riadh BADRAOUI pour leurs conseils


précieux, leur soutien et leur aide tout au long du stage.

Je tiens également à remercier Mme Mehrzia BARHOUMI pour sa générosité


d’encadrement, l’aide et les conseils concernant ce rapport.

J’ai l’immense honneur d’exprimer mes vifs sentiments de gratitude et


remerciement aux membres de jury pour leur présence et d’avoir accepter de juger
cegtravail.

Page 4
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

NOMENCLATURE

kWe : kilowatt électrique

MW : mégawatt

MWe : mégawatt électrique

GWe : gigawatt électrique

MWth : mégawatt thermique

PJ : pétajoule

GWh : gigawatt

TWh : térawatt-heure

tep : tonne équivalent pétrole

ktep : kilotonne équivalent pétrole

mm : millimètre

m : mètre

km : kilomètre

m2 : mètre carré

ha : hectare

°C : degré celsius

DT : dinar tunisien

MDT : million de dinars tunisiens

Page 5
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Liste des figures et tableaux

Figure 1 : Puissance installée STEG en MW (2016).

Figure 2 : Production annuelle d’électricité de la STEG en GWh.

Figure 3 : Organigramme de la STEG.

Figure 4 : Schéma global d’un réseau de chaleur.

Figure 5 : Canalisations utilisées pour les réseaux de chaleur et de froid.

Figure 6 : Caniveau enterré avec ventilation.

Figure 7 : Tranchée.

Figure 8 : Sous-stations d’échange.

Figure 9 : Principe de fonctionnement d’une bouteille de mélange.

Figure 10 : Principe de fonctionnement d’un échangeur à plaques.

Figure 11 : Schéma général d’une sous-station avec échangeur à plaques et bouteille de mélange.

Figure 12 : Participation des centrales avec récupération de chaleur dans la production électrique.

Figure 13 : Réseau de chaleur de Prague.

Figure 14 : Variantes d’approvisionnement du réseau de chaleur de Parand.

Figure 15 : Principe de la récupération au niveau d’une turbine à combustion.

Figure 16 : Récupération au niveau du condenseur – Turbine à contre-pression.

Figure 17 : Récupération par soutirage de la vapeur d’un étage intermédiaire de la turbine.

Figure 18 : Exemple de diagramme Iron pour une turbine à vapeur.

Figure 19 : Réseau de chauffage et ECS dans une sous-station.

Figure 20 : La consommation de chauffage sans intermittence et avec intermittence.

Tableau 1. Exemples de réseaux de chaleurs alimentés à partir des CHPs.

Tableau 2. Description du réseau de chaleur de Prague.

Tableau 3. Caractéristiques du réseau de transport de chaleur de Parand.

Tableau 4. Hypothèses de calcul.

Tableau 5. Besoins en gaz naturel.

Tableau 6. Estimation de la consommation et du débit horaire

Tableau 7. Hypothèses de calcul

Page 6
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

INTRODUCTION GENERALE

Pour satisfaire ses besoins actuels en électricité, la Tunisie dispose d’un parc important de
production dont la majeure partie est assurée par des centrales thermiques (97 % de la
production de l’année 2017). Les besoins futurs en électricité seront de plus en plus importants à
cause de la croissance économique du pays et surtout de la réalisation des mégaprojets,
caractérisés par un besoin très important en énergie (électrique et thermique). Pour faire face à
cette demande et en tenant compte des centrales à déclasser, une puissance importante de
production d’électricité doit être installée.

La production de l’électricité dans ces centrales thermiques (turbines à combustion, turbines à


vapeur, cycles combinés) donne lieu à une grande dissipation de chaleur. L’apport en énergie
primaire des combustibles n’est en fait utilisé qu’à entre 30% à 55% environ, tandis que tout le
reste de cette énergie est rejeté dans l’environnement, soit par les cheminées, soit par les
dispositifs de condensation et de refroidissement de l’eau. La trigénération définie comme étant
la production simultanée de l’électricité, de la chaleur et du froid permet, si utilisée, au niveau de
ces centrales de minimiser cette perte en récupérant la chaleur rejetée avec un rendement
global pouvant atteindre 85%.

Dans ce travail, on se propose de présenter l’opportunité de développer les réseaux de chaleur


et de froid en Tunisie en récupérant les rejets thermiques au niveau des centrales électriques de
la STEG.

Page 7
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

CHAPITRE 1: Présentation de la Société Tunisienne de l'Electricité et du


Gaz

1. Historique
A la veille de l'indépendance, l'activité électrique était gérée par sept sociétés concessionnaires
chargées de l'alimentation des principales régions du pays, avec une puissance totale installée de
prés de 100 MW et une production d'environ 240 GWh.

En 1962, dans le but d'harmoniser le secteur de l'énergie électrique et du gaz, l'Etat Tunisien, Par
la loi N°62-8 du 3 Avril 1962, a créé la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (STEG) et il lui
a confié la production, le transport et la distribution de l'électricité et du gaz.

Confrontée aux difficultés de faire face à une demande croissante et soutenue avec des
ressources énergétiques de surcroît, fort limitées, la STEG a été appelée à relever maints défis
afin de réussir son développement et atteindre son objectif principal : l'électrification du pays et
l'interconnexion du réseau.

La STEG, 55 ans après sa création, l'activité électricité a vu passer : [1]

 Le taux d'électrification global de 21% à 99,8% ;


 Le taux d'électrification rural de 6% à 99% ;
 La puissance installée de 100 MW à 5 310 MW ;
 La production nationale de 288 GWh à 19 095,5 GWh ;
 Le nombre de clients de 183 000 à 3 933 454 pour l'électricité.

2. Mission
La Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz (STEG) a pour missions essentielles :

 L'électrification du pays ;
 Le développement du réseau Gaz Naturel ;
 La réalisation d'une infrastructure électrique et gazière.

Page 8
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

La STEG est engagée dans une stratégie de performance. Elle vise à mettre à la disposition de ses
clients des services d'une qualité comparable à celle fournie par les meilleures entreprises
d'électricité et du gaz du bassin méditerranéen.

3. Activités
La STEG assure la production de l'énergie électrique et du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL), ainsi que
le transport et la distribution de l'électricité et du gaz naturel au niveau national.

Son objectif principal est de pourvoir le marché national en énergies électrique et gazière et de
répondre aux besoins de l'ensemble de ses clients (résidentiels, industriels, tertiaires…) :

 La production de l'électricité à partir de différentes sources (thermique, hydraulique,


éolienne,...) ;
 Le transport de l'électricité : la gestion et le développement des réseaux et des postes
Haute Tension ;
 La distribution de l'électricité : la gestion et le développement des réseaux et des postes
Moyenne Tension et Basse Tension ;
 Le développement et la distribution du gaz naturel : La gestion de l'infrastructure gazière ;
 La production du GPL (Gaz de pétrole Liquéfié).

4. Parc de production électrique de la STEG


 Turbines à combustion (TAC) : 2024 MW.

 Turbines thermiques à vapeur (TAV) : 1040 MW.

 Cycles combinés (CC) : 1639 MW.

 Hydraulique : 62 MW.

 Eolien : 240 MW.

Page 9
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

4.8%
1.2%

TACs
TAVs
40.5%
CCs
32.7% Hydraulique
Eolien

20.8%

Figure 1 : Puissance installée STEG en MW (2016).

18000

16000

14000

12000 Hydraulique
10000 Eolien
8000 TACs
6000 TAVs
4000 CCs
2000

0
2013 2014 2015 2016 2017

Figure 2 : Production annuelle d’électricité de la STEG en GWh.

En 2017 la production électrique a été assurée à hauteur de 97.0 % à partir des centrales
thermiques utilisant le gaz naturel à concurrence de 99.99 %.

5. Aspect environnemental à la STEG


Dans le but de préserver l'environnement en favorisant la production du kilowattheure vert, la
STEG a adopté le gaz naturel en tant qu'énergie primaire propre et a utilisé les équipements les

Page 10
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

plus appropriés tels que les cycles combinés qui occupent d'ailleurs une place prépondérante
dans la production de l'énergie électrique.

Pour les mêmes raisons, la STEG a intégré la technologie éolienne parmi ses choix de production.

6. Organigramme

Figure 3 : Organigramme de la STEG.

Page 11
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

CHAPITRE 2: Etude bibliographique sur les réseaux de chaleur et de


froid

1. Principe et fonctionnement d’un réseau de chaleur [2]


Un réseau de chaleur est une installation comprenant :

 Une chaufferie centralisée transformant une ou plusieurs énergies primaires en une


énergie calorifique ;
 Un réseau de distribution du fluide caloporteur (généralement de la vapeur d'eau ou de
l'eau chaude sous pression) ;
 Un ensemble de sous-stations d’échanges alimentant des usagers finaux, qui peuvent
être des industries, des bâtiments communaux, des hôpitaux, des bâtiments tertiaires et
des habitations dans un grand nombre de cas.

1.1. Constitution d’un réseau de chaleur [3]

Tout réseau de chaleur comporte les principaux éléments suivants :

 L’unité de production de chaleur qui peut être, par exemple, une usine
d’incinération des ordures ménagères (UIOM), une chaufferie alimentée par un
combustible (fioul, gaz, bois...), une centrale de géothermie profonde, etc. Généralement
un réseau de chaleur comporte une unité principale qui fonctionne en continu et une
unité d’appoint utilisée en renfort pendant les heures de pointe, ou en remplacement
lorsque cela est nécessaire.

 Le réseau de distribution primaire composé de canalisations dans lesquelles la


chaleur est transportée par un fluide caloporteur (vapeur ou eau chaude). Un circuit aller
(rouge) qui transporte le fluide chaud issu de l’unité de production. Un circuit retour
(bleu) qui ramène le fluide, qui a cédé ses calories au niveau des sous-stations d’échange
(Figure 4). Le fluide est alors à nouveau chauffé par la chaufferie centrale, puis renvoyé
dans le circuit. La conception du réseau vise à assurer une densité thermique (nombre de
bâtiments raccordés par kilomètre de conduite posée) aussi élevée que possible, afin de

Page 12
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

permettre la viabilité économique du réseau (coût d’investissement fortement lié au


linéaire de conduite ; recettes liées au nombre d’usagers).

 Les sous-stations d’échange, situées en pied de client (bâtiments, industriels,


tertiaire, etc.) permettent le transfert de chaleur par le biais d’un échangeur entre le
réseau de distribution primaire et le réseau de distribution secondaire qui alimente les
émetteurs ou utilisés au niveau des processus industriels. Le réseau secondaire ne fait pas
partie du réseau de chaleur au sens juridique, car il n’est pas géré par le responsable du
réseau de chaleur mais par le client.

Figure 4 : Schéma global d’un réseau de chaleur.

1.2. L’unité de production de chaleur [4]

Les réseaux de chaleur peuvent être alimentés à partir de diverses sources, dépendant du
contexte énergétique global et particulièrement des spécificités de la zone de
développement de ces réseaux comme la disponibilité locale d’un combustible tel que la
biomasse, l’opportunité d’exploiter de l’énergie géothermique, la proximité des centrales de
production électrique ou des industriels avec rejets de chaleur, etc. Pour les larges réseaux

Page 13
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

de chaleur, multiples sources sont indispensables afin d’assurer la continuité d’alimentation,


le secours et aussi la gestion du coût de la chaleur à tout moment et en tout point du réseau.

Les sources de chaleur généralement rencontrées dans les réseaux de chaleur modernes
sont :

 Les rejets de chaleur au niveau des moyens de production d’électricité, utilisés


souvent comme moyens de base de production de chaleur. On distingue suivant la
puissance électrique :
 Les moteurs thermiques de petites puissances allant de 1 kWe jusqu’à 5 MWe
et les turbines à gaz dont la puissance est comprise entre 100 kWe et 40 MWe ;
 Les centrales de production électrique de grandes puissances (à combustion
ou nucléaire) où la puissance varie dans une gamme plus large allant de 40
MWe jusqu’à 4 GWe.
 Les usines d’incinération des ordures ménagères, utilisées aussi comme moyen de
base de production de chaleur.

 Les chaudières utilisant des combustibles conventionnels (charbon, gaz naturel, etc.)
ou de la biomasse ; généralement utilisées pour la production de la chaleur pendant
les périodes de pointe avec des puissances allant jusqu’à 500 MWth.

 Les rejets de chaleur des industriels comme les cimenteries, les briqueteries, les
fonderies, les raffineries, etc., avec une puissance comprise entre 100 kWth et 500
MWth. Le suède est le leader mondial avec 10% de la chaleur alimentant ses réseaux
en provenance des rejets industriels.

 L’énergie géothermique : L’alimentation des réseaux de chaleur avec de l’énergie


géothermique reste aussi une alternative qui peut être économique dans certains cas
de figure. La température de l’eau géothermale est le facteur primordial dans la
rentabilité d’une telle alimentation. La Nouvelle-Zélande avec ses champs

Page 14
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

géothermiques à température élevée propices à la production électrique aussi bien


qu’à l’alimentation des réseaux de chaleur est le leader en terme
d’approvisionnement de réseaux de chaleur à partir de cette énergie avec un
pourcentage dépassant 95%. La géothermie à faible enthalpie où la température de
l’eau descend jusqu’à 60 °C apparait ces dernières années comme une source fiable
d’alimentation des réseaux de chaleur. Plusieurs pays ont entamés l’alimentation de
leurs réseaux de chaleur en énergie géothermique à faible enthalpie tel que la Turquie
qui possède vingt réseaux de chaleur de puissance totale 395 MWth et dont la
température de l’eau d’alimentation est comprise entre 62 et 125 °C.

 Les grandes pompes à chaleur fonctionnant à l’électricité. Etant raccordées


directement sur le réseau haute tension, elles permettent d’éviter les pertes
rencontrées lors de l’alimentation des pompes à chaleur individuelles. Leur puissance
peut atteindre 180 MWth comme pour l’exemple de la pompe à chaleur alimentant le
réseau de chaleur de Värtan Ropsten partie du réseau de chaleur de Stockholm.

 Les pompes à chaleur entrainées par des moteurs à combustion interne fonctionnant
au gaz ou au diesel. Dans ce cas, une fraction additionnelle de la chaleur pourrait être
récupérée au niveau de l’échappement des moteurs.

 Le chauffage solaire à grande échelle. La plus grande installation solaire dans le


monde est celle de Marstal au Danemark avec 18 000 m2 de collecteurs solaires et qui
sera renforcée avec 15 000 m2 additionnels.

1.3. Le réseau de distribution primaire

Le réseau de distribution primaire constitue une boucle qui conduit le fluide caloporteur de
l’unité de production de chaleur jusqu’aux sous-stations d’échange. On emploie trois types
de fluides.

Page 15
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

1.3.1. Les types de fluide caloporteur

 Le réseau eau chaude a une température comprise entre 60° et 110°C. Il est
généralement prévu pour les groupes d’immeubles d’habitation ou de bureaux, ou
encore les hôpitaux et établissements industriels qui ne consomment pas de vapeur.

 Le réseau eau surchauffée a une température comprise entre 110°C et 180°C,


sous une pression supérieure à 4 bar. Il est principalement utilisé dans les réseaux de
grande envergure qui alimentent des bâtiments nécessitant des températures élevées
(laveries, abattoirs, industries textiles...).

 Le réseau vapeur a une température de 200°C à 300°C. Son utilisation est de plus
en plus limitée. Il est présent essentiellement pour la fourniture de chaleur
industrielle.

1.3.2. La tuyauterie et les différents types de pose

Les canalisations sont en général constituées d’un système double enveloppe : une gaine
extérieure en acier (jusqu’à 800 mm de diamètre) à l’intérieur de laquelle se trouve une autre
gaine en acier transportant le fluide caloporteur entourée d’une épaisseur d’isolant (laine de
roche, mousse de polyuréthane, etc.).

Figure 5 : Canalisations utilisées pour les réseaux de chaleur et de froid.

Page 16
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

La pose peut se faire en caniveau enterré, ce qui permet une protection mécanique et
minimise les effets dus à l’humidité par ventilation de ces caniveaux. Elle peut également se
faire en tranchée, solution moins coûteuse, mais nécessitant que les gaines soient entourées
d’un film protecteur contre l’humidité et qu’elles soient installées à une profondeur
suffisante afin d’absorber les efforts de la surface.

Figure 6 : Caniveau enterré avec ventilation. Figure 7 : Tranchée.

1.4. Les sous-stations d’échange

La chaleur est livrée aux clients en différents points de livraison (ou sous-stations) tout au
long du réseau.

Généralement située en pied de bâtiment, la sous-station a pour rôle :

 de transférer la chaleur du réseau primaire (réseau allant de la production de chaleur aux


sous-stations) au réseau secondaire (réseau interne de l’immeuble) ;
 d’adapter le débit et la température aux besoins des utilisateurs ;
 de compter la chaleur consommée.

Page 17
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

a) Sous-station d’échange de grande puissance. b) Sous-station d’échange de petite puissance.

Figure 8 : Sous-stations d’échange.

Le transfert de chaleur entre les réseaux primaire et secondaire s’effectue par le biais d’une
bouteille de mélange ou par échangeur.

Une bouteille de mélange permet un transfert de chaleur entre un fluide chaud et un fluide
froid en les mélangeant, contrairement à l'échangeur. Dans la bouteille de mélange (voir
schéma ci-dessous), une partie du retour du circuit à chauffer (secondaire, chez le client) est
mélangée au débit du circuit chaud (réseau de chaleur, primaire), puis renvoyée dans la
boucle du secondaire.

Figure 9 : Principe de fonctionnement d’une bouteille de mélange.

Page 18
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Pour une configuration avec échangeurs de chaleur, les réseaux primaire et secondaire sont deux
boucles différentes, sans mélange des deux fluides. L’échange de chaleur entre les deux boucles
se fait au niveau d’un échangeur primaire.

Figure 10 : Principe de fonctionnement d’un échangeur à plaques.

Les bouteilles de mélanges sont très présentes sur les anciennes installations, mais sont petit à
petit remplacées par des échangeurs de chaleur qui ont un gros avantage : les fluides des deux
circuits ne se mélangent pas. C’est indispensable lorsque les deux fluides sont différents ou que
leurs états sont différents (exemple : eau chaude et vapeur d’eau), ou bien lorsque la pression
des deux réseaux n’est pas la même. L’inconvénient d’un échangeur est qu’il génère beaucoup
plus de pertes de charges qu’une bouteille de mélange. Enfin, ces deux appareils permettent des
débits différents entre les deux réseaux.

Un échangeur secondaire entre le fluide secondaire et l’eau de ville permet de préparer l’Eau
Chaude Sanitaire (ECS). L’échange de chaleur est comptabilisé par un compteur de chaleur agréé
et contrôlé annuellement. Ce compteur est relevé mensuellement pour la facturation et la
consommation est analysée pour vérifier toute dérive.

Le schéma suivant présente une sous-station possédant les deux appareils de transfert de
chaleur, à savoir un échangeur primaire à plaques, pour l’échange entre le réseau primaire et
secondaire, et une bouteille de mélange pour la préparation ECS :

Page 19
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Figure 11 : Schéma général d’une sous-station avec échangeur à plaques et bouteille de mélange.

2. Réseau de froid
Un réseau de froid peut être vu comme un réseau de chaleur fonctionnant en sens inverse.
Le réseau de froid évacue la chaleur des milieux à refroidir et la transporte jusqu'à un point
de rejet dans l'air ou dans l'eau. On trouve donc dans un réseau de froid une ou plusieurs
unités de production de froid, un réseau de canalisations permettant le transport de chaleur
par un fluide caloporteur (en général de l'eau, ou de l’eau glacée dont la température se situe
souvent entre 1 et 12°C à l'aller, et entre 10 et 20°C au retour) et des sous-stations assurant
la collecte de la chaleur dans les locaux à climatiser ou à refroidir.

Un réseau de froid comprend :

 Un réseau de canalisations ;

 Des sous-stations d’échange ;

Page 20
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

 Une ou plusieurs unités de production de froid, on distingue :


 Les machines frigorifiques à compression de vapeur entrainées par des
moteurs électriques ou des moteurs à combustion interne fonctionnant au gaz
naturel ;
 Le refroidissement passif (Free cooling) exploitant l’eau froide des profonds
des mers, des lacs, des rivières ou des aquifères pour assurer les besoins en
froid ;
 Les machines frigorifique à absorption qui utilisent principalement l’énergie
thermique pour produire le froid.

3. Avantage de la centralisation de la production d’énergie [5]


Les réseaux de chaleur présentent plusieurs avantages par rapport à des solutions de
production de chaleur décentralisée, notamment en matière d'efficacité énergétique, de
maîtrise de l'énergie, et de diminution des émissions de gaz à effet de serre :

 maîtrise des coûts énergétiques ;


 simplicité d'utilisation ;
 développement multi-énergétique ;
 diminution des rejets atmosphériques ;
 préservation de l'environnement sur les plans esthétiques, visuels et sonores ;
 sécurité accrue par l'absence d'installation de combustion dans les immeubles desservis ;
 suppression des charges d'entretien ou de mise en conformité liées aux productions
localisées ;
 prise en compte préventive des risques sanitaires.

3.1. Sécurité, encombrement et entretien

Les bâtiments raccordés au réseau de chaleur bénéficient d'une sécurité absolue et d'une
garantie de livraison de chaleur parfaitement fiable. La chaleur est acheminée sous forme
d'eau chaude ou de vapeur d’eau jusqu'aux sous-stations. Ces dernières ne produisent ni

Page 21
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

fumées, ni poussières, ni odeurs et fonctionnent sans combustible, donc sans danger pour les
usagers et l'environnement.

De plus, elles sont moins encombrantes que des chaufferies locales collectives puisqu’elles ne
nécessitent ni chaudière, ni cheminée, ni stockage de combustible.

L’ensemble des installations est conçu généralement pour une durée de vie de 20 à 30 ans
environ, sans baisse de rendement. L’exploitation de la chaufferie, du réseau et de la partie «
primaire » des sous-stations relève de la responsabilité du délégataire ou exploitant. Dans la
plupart des cas, ce dernier est disponible 24h/24 et 7j/7 en vertu du contrat d’abonnement.
L’abonné ne gère que le système de distribution interne du chauffage et de l’eau chaude
sanitaire, c'est-à-dire le réseau secondaire, celui qui se trouve après l’échangeur de la sous-
station.

3.2. Impact environnemental

La taille et la gestion industrielle des installations permettent


d’obtenir de meilleurs rendements de combustion et de plus
faibles rejets que la plupart des installations classiques de
chauffage. De plus, les réseaux de chauffage urbain sont des
installations soumises à des réglementations très strictes
impossibles à développer au niveau individuel et leurs rejets
(poussières, CO2, NOx, SOx, métaux lourds, ...) font l’objet de contrôles continus.

Techniquement, ils permettent d’utiliser des énergies renouvelables difficiles d’accès ou


d’exploitation, telles que la biomasse sous toutes ses formes, la géothermie profonde ou
encore la chaleur de récupération, par exemple issue des usines d’incinération des déchets.
Par ailleurs, en zone urbaine dense où l’habitat est essentiellement collectif, les
aménagements individuels tels que l’installation de chauffage au bois, la géothermie
superficielle ou encore la pose de panneaux solaires pour la production d’eau chaude sont
souvent difficiles, parfois même impossibles. Le réseau de chaleur parait être alors une
bonne solution pour la substitution d’énergie fossile par des énergies dites renouvelables.

Page 22
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

4. Situation actuelle des réseaux de chaleur et de froid dans le monde


[6]

4.1. Réseaux de chaleur

Les réseau de chaleur et de froid sont développés dans le monde et ont même atteint un
stade de maturité dans plusieurs pays. La récupération au niveau des centrales de production
électrique reste la source principale d’approvisionnement de ces réseaux.

En Europe, la participation des centrales avec récupération de chaleur dans la production


électrique est variable et atteint un maximum de 55% au Danemark (Figure 11).

Figure 12 : Participation des centrales avec récupération de chaleur dans la production électrique.

Pour un nouveau centre de production, on peut opter pour des centrales fonctionnant en
mode cogénération CHP (Combined Heat and Power) avec l’option de les faire fonctionner en
mode production électrique seulement sans perte de rendement.

L’option CHP coûte entre 5 et 20% de plus dépendant du type de la centrale de production,
de sa taille et de son emplacement. La conversion d’une centrale de production électrique en
CHP pour alimenter un réseau de chaleur reste aussi une alternative attirante. Le coût d’une
telle conversion est de l’ordre de 10 à 25% du coût initial de la centrale.

Page 23
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Le tableau suivant présente des exemples de réseaux de chaleur alimentés à partir de


centrales avec récupération comme sources de chaleur de base.

Tableau 1. Exemples de réseaux de chaleurs alimentés à partir des CHPs


Longueur des lignes de Puissance
Diamètre
Réseau /Pays transmission thermique
(mm)
(km) (MWth)
Linkoping- Mjolby/Suède 28 25 -
Melnike –
Prague/République 65 200 -
Tchèque
Severo -Mutnovskoe
80 70 -
Elizovo/Russie
Triangle Area /Danemark 80 300 -
Aarhus /Danemark 130 900 200 – 1000
Copenhagen/Danemark 160 110
Helsinki/Finlande 20 300 – 380 1000
Turku/ Finlande 25 300 – 380 800
Geertruidenberg -
25 170 500
Breda -Tilburg/ Pays-Bas
Diemen- Almere/Pays-Bas 10 170 500

Dans ce qui suit des exemples de réalisations de réseaux de chaleur alimentés à partir de la
récupération au niveau des centrales électriques converties pour fonctionner en mode
cogénération.

 Réseau de Prague en République Tchèque:

Le réseau de chaleur de Prague est considéré comme étant le plus grand réseau
interconnecté de l’Europe avec une longueur totale de 1 365 km. Il dessert plus de 200 000
ménages et plus de 1 000 autres clients des secteurs public et privé.

Le réseau de Prague est alimenté à partir de plusieurs centrales CHP dont principalement
celle de Melnik. Le tableau ci-dessous donne une brève description de ce réseau.

Page 24
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Tableau 2. Description du réseau de chaleur de Prague


Eau sous pression (plus que 140°C
Fluide caloporteur
en quelques points du système)
Capacité des chaudières 1 963 MW
Puissance électrique installée (Melnik &
480 MW
Malesice)
Puissance électrique disponible (Melnik &
350 MW
Malesice)
Longueur du système (de CHP de Melnik
63.6 km
jusqu’à Modrany)
Longueur toale des canalisations 1 365.5 km
Chaleur vendue en 2008 10 PJ (2.8 TWh)
Contributions des CHPs dans
l’approvisionnement du réseau de chaleur 83%
de Prague
Contribution des incinérateurs
municipaux dans l’approvisionnement du 11%
réseau de chaleur du Prague
Production électrique des CHPs en 2008 966 GWh
Ménages desservis Plus de 200 000

La centrale de Melnik a été initialement conçue en 1960 pour la production électrique seule.
Le projet de l’alimentation du réseau de chaleur de Parague (Figure 10), fonctionnant depuis
les années 60, à partir de la centrale de Melnik a été lancé en 1987. Les travaux de
conversion de la centrale en CHP et de sa connexion au réseau de Prague avec deux
canalisations de longueur 34 km et de diamètre 1.2 m ont alors été lancés et en 1995, les
premiers gigajoules de chaleur provenant de Melnik arrivent à Prague.

Figure 13 : Réseau de chaleur de Prague.

Page 25
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

 Réseau de Geertruidenberg aux Pays-Bas:


Le réseau de Geertruidenberg est alimenté à partir du centre de production électrique
Amercentrale opérationnel depuis 1980. Les unités 8 et 9 de ce centre de production ont
été converties en CHP avec des puissances électriques respectivement de 645 MW e et
600 MWe et thermique respectivement de 250 MWth et 350 MWth. L’unité 9 est la plus
grande centrale, avec récupération, fonctionnant au charbon aux Pays-Bas.
Le réseau de chaleur de Geertruidenberg alimente des ménages, des institutions du
secteur tertiaire et des serres agricoles.

 Réseau de Parand à Téhéran en Iran :


Le choix de cet exemple a été fait à cause de la similitude entre les conditions climatiques
de l’Iran et de la Tunisie. Les besoins en chauffage et en froid des secteurs résidentiel et
tertiaire sont bien alternés durant l’année ce qui engendre, en utilisant les machines à
absorption pour produire le froid nécessaire, un besoin annuel de chaleur quasi constant.
Notons qu’en Iran, les machines à absorption sont prépondérantes sur le marché de la
climatisation par contre en Tunisie, ce sont les machines à compression de vapeur qui
sont les plus répandues.

Figure 14 : Variantes d’approvisionnement du réseau de chaleur de Parand.

Page 26
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Un réseau de chaleur est en cours de construction dans la nouvelle ville de Parand (située à
35 km de Téhéran). Une étude a été faite pour choisir le centre de production électrique à
partir duquel ce réseau sera alimenté. Les deux sites candidats sont Parand et Rudeshur qui
ont été construits en 2007 et 2010 à respectivement 5.5 et 8.5 km de Parand. Le site retenu
était celui de Parand constitué de six turbines à combustion de puissance 159 MWe chacune
dont une seule sera convertie en CHP.

Les caractéristiques du réseau de transport de chaleur sont présentées dans le tableau


suivant.

Tableau 3. Caractéristiques du réseau de transport de chaleur de Parand.


Fluide caloporteur - Débit Eau sous pression - 974 kg/s
Longueur du système (du site de
production « Parand » jusqu’à la ville de 8.5 km
Parand)
Nombre de canalisations 2
Diamètre des canalisations 762 mm
Pression de départ 25 bar
Chute de pression 3.9 bar
Température de départ 185 °C
Perte de température 1.3 °C

4.2. Réseaux de froid

 Les réseaux de froid restent assez peu répandus en comparaison avec les réseaux de
chaleur.
 En Europe, ils ne représentent qu’entre 1 à 2% du marché du froid, avec la France comme
le premier pays en puissance installée (669 MW en 2013).
 Ailleurs dans le monde, ils se développent surtout dans les zones très urbaines, marquées
par un climat chaud et humide et avec un niveau de vie élevé. La capacité totale du
réseau de froid installée dans le Golfe dépasse les 8 800 MW, ce qui fait d’elle la plus
grande capacité installée dans le monde.

Page 27
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

5. Récupération de la chaleur au niveau des centrales thermiques


Dans cette section, on s’intéressera à la récupération de la chaleur au niveau des centrales
thermiques, en l’occurrence les turbines à combustion et les turbines à vapeur (pour les
cycles combinés, c’est aussi la partie vapeur qui nous intéresse de point de vue cogénération)
qui constituent la majeure partie du parc de production de la STEG.

La température des gaz d’échappement d’une turbine à combustion peut atteindre 540°C.
Cette température dépend de l’excès d’air pouvant atteindre 400% et qui sert à la dilution
des gaz chauds afin de ramener la température du mélange gaz brûlé-air de dilution sortant
de la chambre de combustion à un niveau technologiquement acceptable à l’entrée de la
turbine.

Figure 15 : Principe de la récupération au niveau d’une turbine à combustion.

On dispose, ainsi, à l’échappement d’une turbine à combustion de la matière chaude de


laquelle on peut extraire de la chaleur utilisable par le biais d’une chaudière de récupération.

Un problème qui ne se présente pas dans le cas d’un projet de cogénération avec turbine à
combustion mais dans celui d’une cogénération avec turbine à vapeur est le compromis à
trouver entre la production électrique et la production de la chaleur. En effet, la production
de la chaleur utilisable, pour l’alimentation d’un réseau de chaleur, nécessite soit une
température (donc une pression) plus élevée au niveau des condenseurs (Figure 15), soit un

Page 28
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

soutirage intermédiaire de la vapeur de l’un des étages de la turbine (Figure 16) ce qui
entraine une diminution du débit de vapeur détendue dans les étages suivants de la turbine et
par conséquent une diminution de la puissance électrique produite.

Figure 16 : Récupération au niveau du condenseur – Turbine à contre-pression.

Figure 17 : Récupération par soutirage de la vapeur d’un étage intermédiaire de la turbine.

Le diagramme suivant présente un exemple de variation de la puissance électrique en


fonction de la puissance thermique pour une turbine à vapeur avec soutirage et pour
différents régimes de fonctionnement. Ce diagramme montre le domaine dans lequel la
turbine à vapeur avec extraction de chaleur peut être opérée.

Page 29
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Figure 18 : Exemple de diagramme Iron pour une turbine à vapeur.

A puissance maximale, cette turbine peut produire 400 MWe sans récupération de chaleur
ou un maximum de 480 MWth avec seulement 350 MWe. On définit ainsi le facteur Z comme
étant la puissance thermique gagnée par unité de puissance électrique sacrifiée. Dans cet
exemple, Z = 9.6 MWth/MWe correspondant à la pente des lignes de charge. Ceci se traduit
par : pour chaque MWe électrique sacrifié, on produit 9,6 MWth thermique.

Pour cet exemple, le facteur Z reste inchangé pour tous les régimes de fonctionnement,
chose qui n’est pas toujours vraie.

Page 30
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

CHAPITRE 3: Etude de l’opportunité technico-économique de la


récupération de chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

1. Etude de cas
Dans ce qui suit deux études simplifiées, l’une concernant un projet de récupération de
chaleur au niveau d’une turbine à vapeur et l’autre au niveau d’une turbine à combustion.
L’objet de ces études est de donner une idée sur la quantité de gaz naturel à économiser et
par conséquent sur les économies à réaliser.

Projet 1 : Turbine à vapeur avec récupération de la chaleur.

Le tableau suivant résume les hypothèses de calcul utilisées dans l’étude de ce premier
exemple :

Tableau 4. Hypothèses de calcul


Consommation horaire de la centrale (C ) : 70 000 Nm3/h
Nombre d’heures de fonctionnement (N ) : 6 000 h

Rendement global : ( ) : 85 %
g
Rendement électrique ( ) : 45 %
éle
Rendement thermique ( ) : 40 %
th
Pouvoir calorifique inférieur moyen du gaz naturel ( PCI ) : 10 000 kcal/Nm3
Rendement des chaudières des clients* ( ) : 90 %
th, cl
Rendement global du parc d’échange des clients ( ) : 60 %
éch
*
chaudières utilisées par les clients dans la ligne de base.

La quantité d’énergie calorifique à récupérer lors du fonctionnement de la turbine est :


Q    C  PCI  N
th th

Soit : Q  168 000 tep


th

Page 31
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

La quantité d’énergie réellement récupérée par les clients dépend essentiellement de la


qualité de l’échange thermique au niveau des sous stations d’échange mais aussi des
pertes thermiques à travers les conduites calorifugées.
Si on fixe le rendement global d’échange à 60%, cette quantité de chaleur récupérée sera
égale à :
Q   Qth
réc éch

Soit : Q  100 800 tep


réc

Et pour tenir compte de la capacité des clients à utiliser l’énergie thermique disponible, on
considère un facteur d’utilisation f de 50%, la quantité d’énergie utilisée sera donc :
ut

Q  f  Qréc
ut ut

Soit : Q  50 400 tep


ut

Si la production de cette quantité de chaleur se fait par les chaudières des clients
fonctionnant au gaz naturel, la quantité de gaz nécessaire sera :
Q
Q ut
  PCI
th , cl

Soit : Q  56 millions de Nm3 qui correspond à 58 800 tep.

Avec un prix moyen du gaz naturel de 500 DT/tep, une économie de l’ordre de 29.4 MDT
par an sera réalisée sur la facture énergétique nationale.

Projet 2 : Turbine à combustion avec récupération de la chaleur.

Pour ce deuxième exemple, on a pris le cas de la turbine à combustion TG3 de


Bouchemma, de puissance 120 MWe qui a consommé 72 ktep de gaz naturel en 2013.

Le rendement électrique de cette turbine était de 28.6%. Avec récupération de chaleur, on


pourrait atteindre facilement un rendement global de 70%.

Page 32
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Avec les mêmes hypothèses concernant les équipements clients et le facteur d’utilisation
de la chaleur, la quantité de gaz naturel à économiser serait de 9.46 millions de Nm3 (9 900
tep) et les dépenses à éviter seront de l’ordre de 4.9 MDT par an.

Normalement, le gisement de récupération de chaleur au niveau d’une turbine à


combustion est plus important que celui au niveau d’une turbine à vapeur mais ceci n’est
pas traduit dans les études précédentes. Ceci est dû primo à la différence de puissance (se
traduisant par une différence du débit de gaz naturel consommé) et secundo au nombre
d’heures de fonctionnement.

Les TACs et vu leur mauvaise consommation spécifiques ne sont utilisées par la STEG que
ponctuellement. Ce régime de fonctionnement devrait changer en cas de récupération,
non seulement pour pouvoir récupérer plus de chaleur mais surtout pour assurer aux
clients des réseaux de chaleur de la continuité de service. Notons qu’on pourrait satisfaire
la continuité de service en gardant le même régime de fonctionnement moyennant la mise
en place d’un système de stockage de chaleur.

Certes, une étude d’optimisation technico-économique doit être effectuée pour identifier
le moyen de production le plus adapté à chaque projet et qui offre la meilleure rentabilité.

2. Intérêt de l’idée
Les résultats des études précédentes montrent que le gain en terme d’énergie primaire est
considérable ce qui se traduit par une réduction importante des dépenses. Ceci nous inspire
que la rentabilité de ce type de projet est certaine.

Le secteur industriel constitue, certes, la cible principale des projets de développement des
réseaux de chaleur en raison, d’une part de l’importance du potentiel de consommation
d’énergie thermique qu’il présente et d’autre part de la concentration, souvent, dans des
zones industrielles aménagées à des distances des ouvrages de récupération pouvant être
économiques (de quelques dizaines de km à plus que 100 km suivant la puissance
thermique). On cite en particulier l’industrie agro-alimentaire et l’industrie chimique dont le
besoin thermique est généralement situé dans une gamme de température optimale pour

Page 33
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

une récupération à partir des systèmes avec turbines à vapeurs. Pour les systèmes avec
turbines à combustion, une augmentation de la température d’utilisation de la chaleur est
tolérée et par conséquent d’autres activités industrielles peuvent être ciblées.

Néanmoins, d’autres secteurs, tel que le secteur tertiaire (hôtels, centres de thalasso,
hôpitaux, etc.), représentent également une cible importante de ce type de projet surtout
lorsqu’il s’agit de clients organisés dans un espace géographiquement limité telle que les
zones touristiques et les mégaprojets. Vu les conditions climatiques en Tunisie, les besoins en
chauffage et en froid des tertiaires sont bien alternés durant l’année ce qui engendre,
lorsqu’on utilise les machines à absorption pour produire le froid nécessaire, un besoin
annuel de chaleur quasi constant.

En développant les projets de récupération d’énergie, l’agriculture peut, aussi, être promue,
notamment l’horticulture et les cultures maraîchères utilisant la chaleur récupérée pour
chauffer les serres. On cite spécifiquement la culture des tomates sous serre qui a une grande
valeur ajoutée et un grand potentiel d’exportation, notamment vers les marchés européens.
Plusieurs projets réussis de production de tomates sous serres sont implantés dans la région
d’El Hammah à Gabés. Ces projets utilisent l’énergie géothermique comme énergie de base
et le gaz naturel comme énergie d’appoint. Les demandes de raccordement au réseau gaz
naturel par ces firmes agricoles sont de plus en plus importantes ces dernières années.

Les projets de récupération des rejets thermiques au niveau des centrales thermique de la
STEG constituent en outre l’un des moyens de réduction des émissions du dioxyde de
carbone, responsables en grande partie de l’effet de serre. Ce qui permet d’inscrire de tels
projets dans le mécanisme pour le développement propre (MDP), l’un des mécanismes
flexibles définis par le Protocole de Kyoto ou dans d’autres mécanismes censés le remplacer
(un effondrement total du marché de carbone est prévu). Les revenus supplémentaires
permettent une amélioration des rendements économiques de ces projets de récupération.

Un autre bénéfice environnemental serait le traitement des ordures ménagères par


incinération dans des usines à implanter dans le périmètre du réseau de chaleur. Bien
entendu, de la chaleur sera récupérée de ces usines pour l’alimentation du réseau de chaleur.

Page 34
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

3. Bénéfices envisagées du développement des réseaux de chaleur


et de froid
Les bénéfices du développement des réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en valorisant
les rejets des centrales thermiques de la STEG peuvent être observés de quatre points de
vue, à savoir :

3.1. Collectivité publique

 Un potentiel important d’économie d’énergie peut être envisagé, avec la possibilité


d’intégrer d’autres sources de chaleur dont la valorisation est autrement difficile
comme la géothermie, le solaire à grande échelle, la récupération au niveau des
usines d’incinération des ordures ménagères, etc.
 Dynamiser le secteur économique par la création de nouvelles activités (usines,
firmes agricoles, etc.) attirées par un coût intéressant de l’énergie (utilisation
directe de la chaleur et substitution de l’électricité nécessaire pour la production du
froid en utilisant les machines frigorifiques à absorption). D’une façon générale, les
intervenants qui seront attirés par les réseaux de chaleur sont de trois types : 1)
clients consommateurs d’énergie thermique, 2) producteurs d’énergie thermique et
qui veulent vendre leurs excès d’énergie via les réseaux de chaleur, 3) grands
consommateurs d’énergie électrique mais sans besoin en énergie thermique ; ces
derniers peuvent installer des systèmes de cogénération pour assurer leurs besoins
en électricité et vendre l’énergie thermique résultante via les réseaux de chaleur.
 Promouvoir le développement régional par l’éventualité de créer un tissu industriel
aux alentours des ouvrages de récupération de la chaleur.
 Dynamiser le secteur industriel par la création de nouveaux métiers en relation
(l’installation, l’exploitation et la maintenance des réseaux de chaleur et
éventuellement la production nationale des éléments constituant ces réseaux).
 Création d’emplois directs et indirects.

Page 35
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

3.2. La STEG

 Diminution de la consommation de gaz naturel des clients potentiels des réseaux de


chaleur.
 Diminution de la consommation de gaz naturel, au niveau des centrales de la STEG,
correspondante à la diminution de la consommation de l’énergie électrique dans le
cas de l’adoption des machines frigorifiques à absorption, utilisant essentiellement
l’énergie thermique, pour satisfaire les besoins de climatisation et de froid des
clients potentiels.
 Réduction de la puissance électrique maximale appelée et par conséquent la
puissance électrique à installer.
 Réduction de la charge dans les réseaux électrique et gaz naturel.
 Opportunité pour la STEG d’utiliser la chaleur de récupération des grands industriels
ou des usines d’incinération des ordures à installer à proximités des centrales
thermiques de la STEG. Ces dernières seront, donc, alimentées directement en
vapeur surchauffée produite aux niveaux des industriels et des usines d’incinération
et par conséquent substituer une fraction du gaz naturel consommée dans le cas de
base.
 Diminuer les pertes en puissance des turbines à combustion en été en utilisant des
machines frigorifiques à absorption alimentées par une fraction de la chaleur
récupérée pour refroidir l’air d’admission.
 Développer une nouvelle activité rentable au sein de la STEG à savoir la production
et la vente de l’énergie thermique récupérée au niveau de ses centrales. Cette
activité pourra améliorer le bilan financier de la STEG.
 Les projets de récupération au niveau des centrales thermiques peuvent nous
donner une autre vision du développement du parc de production d’électricité de la
STEG avec :
o Les possibilités offertes d’installer des turbines à combustion avec
récupération au lieu des cycles combinés qui sont sans doute, plus couteux,
plus difficiles à installer et à exploiter et présentant des contraintes pour le
choix de leurs sites.

Page 36
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

o Les possibilités de rénover des centrales pour allonger leurs durées de vie
avec de meilleurs rendements globaux (électrique et thermique).

3.3. Industriels avec excès de chaleur

 Pour les industriels avec excès de chaleur, ces réseaux présentent une solution pour
se débarrasser de cet excès d’énergie sans investissement supplémentaire (tour de
refroidissement ou centrale de production électrique, etc.) et à la limite, réduire la
consommation d’eau de refroidissement.
 Valoriser économiquement ces rejets thermiques en les cédants, via les réseaux de
chaleur, à d’autres clients ; les revenus étant plus intéressants que ceux
correspondant à vendre l’excès de l’électricité produite à la STEG (cas d’un auto-
producteur d’électricité). Ceci est pour deux raisons : 1) l’industriel est obligé
d’adopter le tarif auto-producteur, dans lequel le prix de vente du kWh à la STEG
est marginalisé 2) la quantité d’énergie thermique totale produite est plus
importante. L’industriel produisant de la chaleur a donc intérêt à limiter sa
production électrique à ses besoins en faveur de maximiser sa production
thermique.

3.4. Clients consommateurs d’énergie thermique

 Ces clients seront desservis en énergie thermique prête à être utilisée sous forme
de vapeur surchauffée ou eau chaude sous pression (la température peut atteindre
180 °C) à un coût très compétitif comparant au cas de base, dans lequel les clients
consomment du gaz naturel pour produire la même quantité de chaleur (le gaz
naturel est le combustible le moins cher du marché).
 Les consommateurs d’énergie thermique, en se raccordant au réseau de chaleur,
évitent un investissement initial important relatif à l’acquisition et à l’installation
des systèmes de production de chaleur (chaudières, pompes à chaleur, etc.) et à
l’approvisionnement en gaz naturel (postes de détente, canalisations externes et
internes, etc.) ainsi qu’à l’aménagement des espaces nécessaires à les abriter. En
plus, les coûts d’exploitation et de maintenance se trouvent aussi allégés.
Page 37
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Etant donné que durant la durée de vie d’un projet industriel, le coût de l’énergie compte
d’une manière significative (pouvant atteindre 80% pour les industriels grands
consommateurs d’énergie), il est évident qu’une diminution du coût de l’énergie
conjuguée avec une réduction de l’investissement initial et l’allégement des coûts de
maintenance et d’exploitation ne peut qu’améliorer la rentabilité économiques des
projets industriels et par conséquent renforcer la position des porteurs des projets vis-à-
vis leurs concurrents.

4. Applications possibles de l’idée - exemples de projets pilotes


Quelques projets, qu’on cite à titre d’exemple, peuvent être lancés dans ce cadre, à savoir :

 L’alimentation du projet de la Société de Promotion du Lac de Tunis (SPLT) en chaleur et


en froid à partir de la turbine à combustion de la Goulette.
 L’alimentation des zones touristiques et industrielles de Monastir et de Sousse en chaleur
et en froid à partir d’un projet de trigénération à installer dans la plateforme de Sousse
avec la possibilité de rénover la TAV qui serait déclassée en 2016.
 Orienter le choix du site du futur cycle combiné, prévu en 2019, vers Enfidha afin
d’alimenter en chaleur la zone industrielle d’Enfidha et les zones touristiques de
Hammamet.
 L’alimentation du "Port Financier" et de "Tunis International Knowledge City", qui seront
implantés au nord de la Sebkha de l’Ariana et à proximité de la zone de Raoued, par la
chaleur provenant de la récupération à partir des TACs qui seront installées à Mornaguia.
 Conversion de la TAC de Robana à Djerba pour fonctionner en gaz naturel et installation
d’un ouvrage de trigénération pour alimenter l’île et en particulier les zones touristiques
en chaleur et en froid.

D’autres projets peuvent être identifiés suivant le programme d’installation des équipements
de production d’électricité et le programme de développement du gaz naturel.

Néanmoins, une étude plus approfondie demeure nécessaire pour statuer sur la faisabilité
technico-économique de ce type de projet dans le contexte énergétique national et pour les

Page 38
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

différents intervenants (collectivité publique, STEG et clients potentiels). Les grands axes de
cette étude seront :

 Identification et/ou contribution à la création des marchés potentiels ;


 Etude des différentes possibilités d’alimentation de ces marchés en énergie
thermique et éventuellement en froid ;
 Etude tarifaire ;
 Etude des aspects normatifs ;
 Etude des aspects juridiques.

La réalisation des projets pilotes de récupération des rejets thermiques au niveau des
centrales thermique de la STEG présente une importance particulière non seulement à
l’échelle nationale mais aussi à l’échelle régionale. En effet, elle constitue une très bonne
démonstration de la faisabilité de ce genre de projets en Tunisie, pour bénéficier par la suite
d’un grand potentiel de récupération étendu sur tout le territoire (centrales thermiques de la
STEG, usines du Groupe Chimique Tunisien, cimenteries, briqueteries, etc.).

CHAPITRE 4: Etude de l’alimentation du projet de la SPLT en chaleur et


en froid via un réseau de chaleur alimenté à partir de la turbine à
combustion de la Goulette

1. Introduction
Cette étude consiste à l’alimentation du projet de la SPLT en chaleur et en froid via un réseau
de chaleur à partir de la turbine à combustion de la Goulette. Cette étude concerne les
secteurs A, B, C et D de ce projet, faisant partie du périmètre d’aménagement de la zone
Nord Ouest et Sud Ouest des berges du Lac de Tunis (288 ha).

Page 39
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

2. Besoins énergétique du Projet SPLT [7]

2.1. Données de base de l’étude

Les données de base pour cette étude de dimensionnement d’un réseau de chaleur est le
tableau ci-dessous récapitulant les besoins en gaz naturel des différents secteurs de ce projet
en termes de débit horaire (Nm3/h). Ce tableau fait partie du Rapport d’Avant Projet Détaillé
(APD) élaboré par le bureau d’études SCET Tunisie pour le compte de la SPLT.

Tableau 5. Besoins en gaz naturel.

2.2. Calcul des puissances des différents zones du projet

Le tableau ci-dessus donne les besoins en gaz naturel pour les trois postes de son utilisation,
à savoir : la cuisson, le chauffage et l’eau chaude sanitaire (ECS). Statistiquement, la
répartition des parts entre ces trois utilisations est la suivante :

- Chauffage : 75% ;
- ECS : 12,5% ;
- Cuisson : 12,5%.

Les besoins pour la cuisson ne pouvant pas être assuré par les réseaux de chaleur, seuls
87,5% des débits présentés dans le tableau 5 seront utilisés pour le dimensionnement.

Page 40
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

La configuration des réseaux de chauffage et ECS dans une sous-station est définie selon le
schéma de principe suivant (avec une température de sortie ECS de 60°c) :

Figure 19 : Réseau de chauffage et ECS dans une sous-station.

2.3. Calcul de la consommation d’énergie des différents zones du projet

La méthode pour calculer la consommation d’énergie à partir de la puissance n’est pas la


même pour le chauffage, la production d’ECS et la climatisation.

La relation pour calculer la consommation énergétique à partir de la puissance nécessaire


afin de chauffer un bâtiment fait intervenir plusieurs paramètres qui sont la rigueur
climatique, l’intermittence et les températures intérieures et extérieures.

Pour calculer la consommation énergétique afin de chauffer l’ECS, la méthode est moins
compliquée car la production d’ECS est constante au cours de l’année et ne dépend pas ou
dépend très peu de la rigueur climatique.

Pour la climatisation, une méthode rapide de calcul consiste à utiliser un ratio de 100 W/m²
pour une hauteur de 2,50 m.

Page 41
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

2.3.1. Chauffage

2.3.1.1. Rigueur climatique : le Degré Jour Unifié (DJU) [8] & [9]

Les degrés jours unifiés ou DJU permettent de réaliser des estimations de consommations
d'énergie thermique en fonction de la rigueur climatique. Ils se divisent donc en degré-jour de
chauffe (DJC) et degré-jour de froid (DJF).

Il existe deux méthodes de calcul des DJU donnant des résultats différents : une méthode dite
« Météo » et une méthode dite « Professionnels de l'énergie » : la méthode COSTIC (conforme
à la méthode COSTIC réglementaire pour les marchés d'exploitation chauffage à utiliser pour
le suivi).

Par définition, le nombre de DJC est déterminé en faisant la différence entre la température
de référence (18 °C) et la moyenne entre la température minimale et la température
maximale du jour. C'est donc une estimation de la différence entre la température intérieure
de référence (hors apports naturels et domestiques) et la température extérieure moyenne
de la journée. Cette donnée est utile pour l'estimation des consommations d'énergies de
chauffage d'un bâtiment.

(𝑻𝒎𝒂𝒙 + 𝑻𝒎𝒊𝒏 )
𝑫𝑱𝑪 = 𝑻𝒓é𝒇é𝒓𝒆𝒏𝒄𝒆 –
𝟐

2.3.1.2. Intermittence [10]

L’intermittence est définie comme étant le rapport du temps d’utilisation des équipements de
chauffage par le temps d’activité d’un établissement.

Une grande partie des réductions de consommation peut être obtenue par ralenti ou arrêt
programmé. C’est le cas, en particulier en tertiaire, où les profils de température de nuit, ou
de fin de semaine ont souvent l’allure suivante :

Page 42
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Figure 20 : La consommation de chauffage sans intermittence et avec intermittence.

On peut montrer que, si l’intermittence est périodique (ce qui est le cas en général),
l’économie apportée en chauffage continu est indiquée par l’écart moyen de température
(Ti – Te) pendant le cycle.

Des ratios ont été établis par statistiques pour différents types de bâtiments. Voici quelques
exemples :

Logements Bureaux Scolaire Hôpital


Intermittence 90% 50% 59% 91%

L’intermittence moyenne totale de l’ensemble des bâtiments alimentés par le réseau de


chaleur pour ce projet est estimée à 85%.

2.3.1.3. Relation entre Consommation et Puissance pour le chauffage

Ci-dessous la relation entre la consommation annuelle d’un bâtiment (en tep) et la puissance
nécessaire pour son chauffage (en tep/h) :

Page 43
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

𝟑𝟔𝟓
𝑷𝒖𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆 × 𝑫𝑱𝑪𝒋 × 𝑰𝒏𝒕𝒆𝒓𝒎𝒊𝒕𝒕𝒆𝒏𝒄𝒆 × 𝟐𝟒
𝑪𝒐𝒏𝒔𝒐𝒎𝒎𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 = 𝜶𝒋 ×
𝑻𝒊𝒏𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓𝒆 − 𝑻𝒆𝒙𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 𝒎𝒊𝒏𝒊𝒎𝒂𝒍𝒆 𝒋
𝒋=𝟏

Avec : 𝛼𝑗 = 1 𝑠𝑖 ∶ 𝑇𝑖𝑛𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟𝑒 − 𝑇𝑒𝑥𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑗 >0

𝛼𝑗 = 0 𝑠𝑖 ∶ 𝑇𝑖𝑛𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟𝑒 − 𝑇𝑒𝑥𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 𝑚𝑖𝑛𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑗 ≤0

- Consommation en tep/an - Intermittence en %

- Puissance en tep/h - Températures en °C

2.3.2. Production d’eau chaude sanitaire


La relation entre la consommation d’énergie en tep/an et la puissance qu’il faut fournir est
plus simple pour le cas de la production d’ECS : il suffit juste de multiplier la puissance par le
nombre d’heures de production d’ECS par année.

Une étude réalisée à la STEG a montré que le nombre d’heures de production d’ECS par an est
en moyenne de 1750 par ménage.

La consommation est donc donnée par la formule suivante :

𝐶𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 = 𝑃𝑢𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 × 1750

2.3.3. Froid [11] & [12]

2.3.3.1. Rigueur climatique : le Degré Jour Unifié (DJU)

Par définition, le nombre de degrés jours froid (DJF) est déterminé en faisant la différence
entre la moyenne entre la température minimale et la température maximale du jour et la
température de référence (18 °C).

(𝑻𝒎𝒂𝒙 + 𝑻𝒎𝒊𝒏 )
𝑫𝑱𝑭 = − 𝑻𝒓é𝒇é𝒓𝒆𝒏𝒄𝒆
𝟐

Page 44
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

2.3.3.2. Intermittence

L’intermittence est définie comme étant le rapport du temps d’utilisation des équipements de
rafraichissement par le temps d’activité d’un établissement.

L’intermittence moyenne totale est estimée à 85%.

2.3.3.3. Relation entre Consommation et Puissance pour le froid

Ci-dessous la relation entre la consommation annuelle d’un bâtiment (en tep) et la puissance
nécessaire pour sa climatisation (en tep/h) :

𝟑𝟔𝟓
𝑷𝒖𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆 × 𝑫𝑱𝑭𝒋 × 𝑰𝒏𝒕𝒆𝒓𝒎𝒊𝒕𝒕𝒆𝒏𝒄𝒆 × 𝟐𝟒
𝑪𝒐𝒏𝒔𝒐𝒎𝒎𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 = 𝜶𝒋 ×
𝑻 𝒆𝒙𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 𝒎𝒂𝒙𝒊𝒎𝒂𝒍𝒆𝒋 − 𝑻𝒊𝒏𝒕é𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓
𝒋=𝟏

Avec : 𝛼𝑗 = 1 𝑠𝑖 ∶ 𝑇𝑒𝑥𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟𝑒 𝑚𝑎𝑥𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑗 − 𝑇𝑖𝑛𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 > 0

𝛼𝑗 = 0 𝑠𝑖 ∶ 𝑇𝑒𝑥𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟𝑒 𝑚𝑎𝑥𝑖𝑚𝑎𝑙𝑒 𝑗 − 𝑇𝑖𝑛𝑡 é𝑟𝑖𝑒𝑢𝑟 ≤ 0

- Consommation en tep/an - Intermittence en %

- Puissance en tep/h - Températures en °C

2.3.4. Résultats
Le tableau 6 regroupe les consommations annuelles calculées à l’aide des relations ci-dessus
pour ce projet (puissance et consommation pour le chauffage, la production d’ECS et le besoin en
froid).

Page 45
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Tableau 6. Estimation de la puissance et de la consommation

Estimation pour Estimation pour Estimation pour


TOTAL
le chauffage l'ECS le froid

Le débit horaire
17,82 2,97 23,85 44,64
(tep/h)
Consommation annuelle
26 939 5 203 49 554 81 97
(tep)

2.4. Récupération de la chaleur au niveau de la turbine à combustion de la


Goulette

Dans ce qui suit une étude simplifiée concernant un projet de récupération de chaleur au
niveau de la turbine à combustion de la Goulette, de puissance 120 MW e qui a consommé 79
ktep de gaz naturel en 2017 pour un fonctionnement pendant 100 jours.

Le rendement électrique de cette turbine était de 30%. Avec récupération de chaleur, on


pourrait atteindre facilement un rendement global de 70%.

Le tableau suivant résume les hypothèses de calcul utilisées dans cette étude :

Tableau 7. Hypothèses de calcul


Consommation horaire de la centrale (C ) : 79 ktep

Rendement global : ( ) : 70 %
g
Rendement électrique ( ) : 30 %
éle
Rendement thermique ( ) : 40 %
th
Rendement des chaudières des clients* ( ) : 90 %
th, cl
Rendement global du parc d’échange des clients ( ) : 60 %
éch
*
chaudières utilisées par les clients dans la ligne de base.

La quantité d’énergie calorifique à récupérer lors du fonctionnement de la turbine est :


Q  C
th th

Soit : Q  31 600 tep


th

Page 46
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

La quantité d’énergie réellement récupérée par les clients dépend essentiellement de la


qualité de l’échange thermique au niveau des sous stations d’échange mais aussi des
pertes thermiques à travers les conduites calorifugées.
Si on fixe le rendement global d’échange à 60%, cette quantité de chaleur récupérée sera
égale à :

Q   Qth
réc éch
Soit : Q  18 960 tep
réc

Si la production de cette quantité de chaleur se fait par les chaudières des clients
fonctionnant au gaz naturel, la quantité de gaz nécessaire sera :
Q
réc
Q

th , cl

Soit : Q  21 066 tep.

Avec un prix moyen du gaz naturel de 500 DT/tep, une économie de l’ordre de 10.5 MDT
par an sera réalisée sur la facture énergétique nationale.

Page 47
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Conclusions de l’étude

 La quantité de chaleur récupérée au niveau de la centrale de la Goulette couvre 23%


des besoins du client SPLT.

 Cette quantité de chaleur récupérée pourrait passer de 18 960 tep à 56 880 tep en
faisant fonctionner la centrale de la Goulette pendant 300 jours par an au lieu de
seulement 100 jours par an. Il est à noter qu’actuellement la centrale de la Goulette
ne fait pas partie des moyens de production de base à cause de son mauvais
rendement électrique (30%), mais en cas de son utilisation avec récupération de
chaleur (rendement global de 70%), elle pourrait être utilisée comme moyen de
production de base.

 Avec un nombre de jours de fonctionnement de 300 jours par an, on pourra satisfaire
les besoins de la SPLT à hauteur de 69%.

 Une étude de la récupération de la chaleur au niveau des turbines à vapeur de Radès


pourrait combler le reste du besoin de la SPLT.

Page 48
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Conclusion générale

Le développement des réseaux de chaleur et de froid en Tunisie peut contribuer à une


utilisation plus efficace de nos ressources énergétiques. La STEG, disposant d’un grand
parc de production électrique, peut devenir un acteur principal pour la promotion de ce
développement par la récupération de l’énergie au niveau de ses centrales,
développement qui permettra une amélioration du bilan énergétique national. Ainsi la
STEG consolidera sa position en tant qu’acteur de développement et d’innovation en
Tunisie et surtout bénéficiera des avantages qui en découlent dont principalement la
diminution de la pointe électrique et par conséquent de la puissance à installer et la
réduction des quantités du gaz naturel et de l’énergie électrique consommées.

L’importance du développement des réseaux de chaleur et de froid peut être ressentie à


différentes échelles ; celle de la collectivité publique, de la STEG et des clients potentiels
qui vont être desservis, par le biais d’un réseau de chaleur, en énergie thermique prête à
être utilisée (eau sous pression ou vapeur d’eau surchauffée) à un coût très compétitif en
comparaison avec le cas de base (production décentralisée moyennant des chaudières
fonctionnant au gaz naturel).

En outre, l’adoption des machines frigorifiques à absorption, utilisant essentiellement


l’énergie thermique, pour satisfaire les besoins de climatisation et de froid des clients
potentiels (équipements clients ou centralisés via un réseau de froid) peut augmenter
davantage la capacité de consommation de l’énergie thermique disponible. Par ailleurs,
elle permet de diminuer considérablement l’énergie électrique consommée puisque le
froid et la climatisation représentent les secteurs les plus énergivores.

Dans la conjoncture économique actuelle et avec une situation énergétique déficitaire


appelée à s’aggraver dans le proche avenir, engendrant ainsi une lourde pression sur le
budget de l’Etat, ce type de projets apparait comme une solution attrayante pour
contribuer à une utilisation plus efficace et rationnelle de nos ressources énergétiques.

Page 49
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Plusieurs éléments de réussite de ce type de projets sont donc réunis; le plus important
étant la convergence des intérêts économiques des différents intervenants.

En outre, la réussite des projets qui seraient lancés par la STEG pourrait inciter d’autres
opérateurs (industriels avec excès de chaleur, tel que les usines du Groupe Chimique
Tunisien, industriels grands consommateurs d’énergie électrique et sans besoin en
énergie thermique, etc.) à soutenir ce développement et donnera la possibilité d’intégrer
d’autres sources de chaleur dont la valorisation est autrement difficile comme la
géothermie, le solaire à grande échelle et les rejets des usines d’incinération des ordures
ménagères.

Le développement des réseaux de chaleur en Tunisie permet de dynamiser le secteur


économique en incitant le développement régional par l’éventualité de créer un tissu
industriel aux alentours des ouvrages de récupération et par la création de nouvelles
activités. Les entreprises tirant profit d’un coût intéressant de l’énergie, seront plus
compétitives et auront une meilleure capacité à créer des emplois.

Page 50
Etude de l’opportunité de développer les réseaux de chaleur et de froid en Tunisie en
récupérant la chaleur au niveau des centrales thermiques de la STEG

Réferences
[1] Rapport Annuel de la STEG (2016)

[2] https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/reseaux-chaleur

[3] Henri PREVOT - Les réseaux de chaleur - CONSEIL GENERAL DES MINES - Mars 2006

[4] https://www.euroheat.org/publications/reports-and-studies/background-report-eu-27-
district-heating-cooling/

[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_chaleur

[6] http://www.iea.org/statistics/

[7] Etude de faisabilité et de dimensionnement d’un réseau de chaleur avec chaufferie biomasse
- ville du Nord Pas de Calais - groupe IDEX – 2011-2012

[8] https://www.abcclim.net/degres-jour-dju.html

[9]https://www.accuweather.com/fr/tn/tunis/321398/month/321398?monyr=2/01/2017

[10] https://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=10984#

[11] http://www.cybat-plombierparis.com/nos-metiers/entreprise-climatisation-a-paris-val-de-
marne/calcul-dune-climatisation-puissance-gains-tarifs/

[12] SYNTHESE DES SIX ENQUETES QUINQUENNALES AUPRÈS DES CLIENTS RÉSIDENTIELS DE LA
STEG 1984-2009

Page 51

Vous aimerez peut-être aussi