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CM Expérience scolaire des élèves 2 (F.

Burban)

Socialisation et expérience scolaire

Introduction

Question du rapport entre expérience individuelle et cadre institutionnel, d’où l’importance du


groupe et des différents niveaux de relations sociales (entre les pairs, dans la relation pédagogique
qui transite par la gestion du groupe classe). Transposition de l’expérience des relations sociales qui
ont été développées dans le cadre familial.

Dans le champ de la sociologie, et dans les approches psychosociales, ces idées se rapportent à la
notion de socialisation : «  Il y a une forme spéciale de la psychologie qui a pour le pédagogue une
importance toute particulière  : c’est la psychologie collective. Une classe, en effet, est une petite
société, et il ne faut pas la conduire comme si elle n’était qu’une simple agglomération de sujets
indépendants les uns des autres  » (E.Durkheim). Introduction de la question des relations sociales,
des relations groupales, de la place du collectif (définition de la classe comme une micro société).

I. La socialisation scolaire

Notion ambiguë puisqu’il y a une ambiguïté de la socialisation de l’enfant : adaptation aux normes
ou processus d’individualisation ? Est-ce que l’élève est passif ou actif ? Est-ce qu’on socialise
l’enfant ou est-ce que c’est lui-même qui se socialise ?

La socialisation peut être vue comme une transmission (de normes, de valeurs ou de rôles) où
l’enfant se construit une identité propre qui comporte une part de conformisme mais également la
possibilité au sein des relations sociales d’exercer ses choix ou de prendre (ou non) des initiatives.

Parallèle avec les apprentissages scolaires : est-ce qu’on est dans un modèle transmissif ou
constructiviste ? Travaux en pédagogie ont montré que l’élève est acteur de ses apprentissages. Par
analogie, on peut dire la même chose de la socialisation donc l’enfant est acteur de sa socialisation.

Construction d’une personnalité sociale. Importance de la transition entre 7 et 12 ans. On a un


passage d’un système relationnel principalement duel (principe du tir exclu, si un 3ème enfant se
rapproche de deux autres joueurs, il y a exclusion d’un des trois enfants) à un système relationnel
plus complexe (arrivée d’un tiers amène un réaménagement des jeux). Apparition et développement
des jeux spontanés à règles dans les cours de récréation à l’école primaire.

Julie Delalande avec Culture enfantine et règles de vie  : jeux et enjeux dans la cour de récréation.
Instauration de la socialisation à travers la mise en œuvre de règles sociales dans le groupe enfantin,
qui passent d’abord par des règles concrètes (règles du jeu).

Apprentissage de l’existence des règles internes au groupe qui peuvent se construire en opposition
aux règles de l’adulte. Apprentissage de la sociabilité dans le groupe enfantin, mais aussi des
relations de pouvoir et de domination dans le cadre de groupes hiérarchisés. Surtout chez les plus
jeunes, puisqu’après les relations vont se fonder sur la coopération. Hiérarchies vont se fonder sur la
reconnaissance de compétences (sens de l’organisation).

Système de double socialisation, avec l’existence d’un double système normatif : avec d’une part les
règles de l’institution (imposées par le monde adulte) mais d’autre part les règles du groupe qui
jouent un rôle très important dans la construction de la personnalité.
 Système normatif vertical = relation maître-élève : dans le sens de l’exercice de l’autorité et
du respect de celle-ci. Il peut être négocié, les adultes peuvent accepter des relations plus ou
moins souples et donc laisser plus ou moins de marge de liberté dans le mesure où ils sont
testés par les élèves.

 Système normatif horizontal = entre les élèves.

Position de compromis relève d’une habilité sociale ou intelligence sociale : passer d’un ordre
normatif à un autre ordre normatif (trouver des compromis). Mais parfois positions affirmées du
groupe par rapport au cadre scolaire (équité entre l’enseignant et l’élève).

Traditionnellement, la prise en compte du monde enfantin a été très longtemps absente des


enseignants, elle a été considérée comme un ensemble informel qui additionnait des individualités.
Évolution qui tend à favoriser les coopérations ou les entraides entre les élèves. Déséquilibre entre
enseignants et élèves.

II. Le modèle de l’expérience scolaire

1. La notion d’expérience

Notion d’expérience scolaire (vue dans le monde éducatif). Ce qui caractérise son travail c’est de
considérer qu’il y a une pluralité de logiques d’action juxtaposées chez l’individu. C’est donc le
fondement même de l’expérience selon lui. Idée renvoie à la subjectivité de l’acteur, sa place en
tant que sujet, sa capacité à faire des choix. Entraîne une relative indétermination des conduites.
Cela ne signifie pas qu’il y a une indépendance du social. L’expérience est socialement construite
dans le sens de la signification qui est donnée aux autres et par les autres. Selon les analyses de
Dubet, l’expérience combine plusieurs logiques d’action :

 La logique d’intégration = construction de l’identité en référence à une appartenance au


groupe. Importance de l’héritage. Une définition qui fonde une séparation avec l’autre.
Importance des valeurs qui fondent le sentiment d’appartenance.

 La logique stratégique ou logique de l’action instrumentale = identités sociales sont


utilisées comme des ressources afin d’obtenir un résultat. Dans cette logique, on a
l’apprentissage du jeu entre différents mondes sociaux et la mise soit en compétition soit en
alliance afin de s’assurer du pouvoir.

 La logique de subjectivation = construction du sujet en tant qu’il s’engage


personnellement. L’apprentissage est l’exercice de la liberté qui est fondé sur une éthique
personnelle, et qui tend à mettre à distance les deux autres logiques qui sont alors conçues
comme des entraves ou des obstacles.

2. Les logiques d’action à l’école

3 logiques d’action vont se retrouver dans le monde scolaire : dans l’intégration dans le groupe
enfantin ou à l’ordre scolaire, dans la stratégie scolaire (faire les bons choix, ajuster son travail aux
résultats attendus), dans l’apprentissage du métier d’élève (savoir préserver sa face). Processus de
subjectivation se construit précisément à travers l’expérience scolaire. On a un caractère dynamique
et temporel. Ces trois logiques vont se retrouver aux trois niveaux du système scolaire.
Primaire = logique d’intégration qui s’analyse au travers d’un fort conformisme des élèves. Forte
ségrégation dans l’univers des jeux et par une très forte intégration du jugement scolaire.

Collège = ouverture de la socialisation du jeune donc multiplication des références avec des tensions
importantes et des épreuves d’où des conflits ou des situations de souffrance. Logique d’intégration
se déporte sur le groupe des pairs plus que par rapport au monde scolaire. On assiste là au
développement de stratégies, notamment pour préserver la face. Importance du principe de
réciprocité dans le sentiment de justice (respect mutuel ou injustice).

Lycée = processus de subjectivation avec une mise à distance du monde scolaire et également des
règles sociales où l’individu fait l’exercice des choix et où il développe un sentiment que ses choix
sont plus ou moins contraints (processus d’autonomisation et d’indépendance des individus). Il
précède le passage au statut d’adulte.

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