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BOURBAKI
ÉLÉMENTS DE
MATHÉMATIQUE
N. BOURBAKI
ÉLÉMENTS DE
MATHÉMATIQUE
ALGÈBRE
Chapitre 9
123
Réimpression inchangée de l’édition originale de 1959
© Hermann, Paris, 1959
© N. Bourbaki, 1981
FORMES SESQUILINÉAIRES
E T FORMES Q U A D R A T I Q U E S
SJ 1. Formes sesquilinéaires
1. Applications bilinéaires.
Dans ce no l'on désigne par A et B deux anneaux, par E u n
A-module à gauche, par F u n B-module à droite, et par G u n
( A , B)-bimodule, c'est-à-dire u n groupe commutatif muni d'une
structure de A-module à gauche et d'une structure de B-module à
droite telles que l'on ait (ag)b = a(gb) quels que soient a = A,
~ E B~ , E G .
2 , Applications sesquilinéaires.
on a donc HO = HOo0.
PROPOSITION
1. - Soient E un A-module à gauche et F un B-
module à droite ; posons E' = A' 63, E et F' = F @, B'. Pour toute
application bilinéaire de E x F dans G, il existe une application
bilinéaire @' et une seule de E r x F' dans G' telle que l'on ait
(13) @'(a1€3 x, y €3 b') = a'. u(@(x,y)). b'
quels que soient a' E A', b' E B', x E E, y E F.
L'unicité de a' résulte du fait que les éléments a' 63x et y 63 b'
engendrent E r et F' respectivement. Pour en démontrer l'existence,
considérons l'application
m : (a', x, y, 6') -+ a'. u(<D(z,y)). b'
-
-+
(14) li
F'
da. 1x
Y,,(E1, G')
(où da et da* désignent les applications linéaires associées à droite
à @ et a') est commutatif. En effet, pour x E E, y E F et a' E A', on a
d@,(i(y))( a l @ x )= @'(a'@x, y @ 1)= a'. u(@(x,y)) = a'. u(d+(y)(x)),
c'est-à-dire d+/(i(y))(a' @ x) = k(d+(y))(a' @ x). On a une relation
de commutation analogue pour les applications linéaires sa et sa.
associées à gauche à @ et W.
Ce qui suit est valable aussi bien pour les applications bili-
néaires que pour les applications sesquilinéaires ; les liypotliéses et
notations sont celles de la prop. 1 (resp. prop. 2). É t a n t donné
un sous-module M de E ou F, on désignera par M' le sous-module
de E' ou F' engendré par l'image canonique de M.
<
où yi E F (1\< i s), et où les bi' sont des éléments de B' qui sont
linéairement indépendants sur B pour la structure de B-module à
gauche (resp. à droite) de Br. Soient x E M et x' = 1€3 x E M'. On a
O = @'(sr,y') = Z u(<D(x,yi))b: = p(ZcD(x, yi) €3 bi')
i i
Comme p est injective et que les b: (resp. les b:', compte tenu
de (15)) sont linéairement indépendants sur B pour la structure
de B-module à gauche de B', ceci entraîne a>ix, yi) = O pour
i = 1,. . .,S. Comme cette dernière relation est vraie pour tout
x E M, on a yi E MO pour i = 1,. . .,S, d'où y' E (Mo)'. CQFD.
5. Quelques identités.
Dans ce no, l'on désigne par A un anneau muni d'un anti-
automorphisme J , par E un A-module à gauche, par G un (A, A)-
bimodule, et par @ une application sesquilinéaire (à droite) pour
J de E x E dans G. On pose Q(x) = @(x,x) (x E E). On a évi-
demment
(17) Q(x+ Y) = Q(4+ @(x,Y) + @(Y,4 + Q(Y)
(18) Q(x Y)- Q(4- @(x,Y) - @(Y, 4 + Q(Y)
=
quels que soient x, y dans E. D'OU,par soustraction,
(19) a(@($,Y) + @(Y,4) = Q(x + Y) - Q(x - Y).
Soit a un élément de A ; en remplaçant y par ay dans (19))il vient
(31) ) @(v*(xl),Y)
@'W, 4 ~ ) = (x' E E;, Y E FI,
où E i désigne le sous-module de E r défini de façon analogue à Fi.
de ri Ed
i=l
dans (@ E ~ (xi
i=l
) E~E;) (cf. déf. 5, no 2) est évidemment
A-multilinéaire; elle définit donc (chap. I I I , 5 1, no 7 ) une appli-
cation A-linéaire f de BE:dans ( @ E ~ ;) ~cette application trans-
Z t
m
(xi,. . ., 2,) + Xl A . - A Xm
de (EJ)" dans (/\ E)J est évidemment A-multilinéaire et alternée.
m m
Elle définit donc une application A-linéaire f de A EJ dans ( A ElJ,
m
qui est évidemment un isomorphisme. Nous identifierons /\ EJ et
m
( A E)J au moyen de cet isomorphisme.
Soit x' un élément du dual E * de E. L'application x -t (x, x ' ) ~
(x E E ) est un élément dJde (EJ)*, et il est immédiat que xr -t xrJ
est une bijection g de E* sur (EJ)* vérifiant g(axr) = aJg(z') pour
tout a E A. Par suite l'application composée de g et de l'applica-
tion identique de (E*)J sur E* est un isomorphisme de (E*)J sur
(EJ)*. Nous identifierons ces modules au moyen de cet isomor-
phisme, et nous les noterons E.:
On a donc :
et jd, qui sont ici des isomorphismes. Les formes inverses citées
dans l'énoncé existent puisque les sai, les d,a,, sa et d+ sont bijec-
tives (no 7). Posons alors x' = xj 63 . . (2xk, y' = y: @ . . @ y;
(x; E ET, y; E FT, i = 1,.. ., m). Par définition des formes inverses,
et vu (36), on a
On a donc
m
où k, (resp. kd) désigne l'application canonique de F* dans
(AF)* (resp. de A E* dans (A E)*) (cf. chap. III, $8,no 2).
m m
(39) '('M) = M.
Ceci généralise la notion introduite au chap. I I , $ 6 , no 6.
Supposons que H soit un groupe commutatif (noté additive-
ment). L'ensemble des matrices sur H ayant 1 et K pour en-
sembles d'indices adnîet une structure de groupe commutatif,
puisque c'est l'ensemble des applications de 1 x K dans H. Ce
groupe est noté additivement.
Soient H', H" deux ensembles non vides, H un groupe com-
mutatif (noté additivement) et f : (h', h") -+ h'h" une applica-
tion de H' x H" dans H. Etant données deux matrices
d'où (46).
Rappelons que, dans le cas des modules à droite, on a
les produits étant calculés comme dans (47). En effet, quels que
soient x E E et y E F, on a par définition @(x,y) = Qr(u(x),v(y)),
d'où, d'après (47),
'M(x) .R . M(y) = 'M(u(x)) .R' . M(v(y))
~ 'M(u(x)) .R' . M ( v ( ~ ) );~ )
(resp. 'M(x) .R . M ( Y ) =
D+(yl,. . ., y,) = . ., x ~ ) .
det (ail).det (ai,)J.Da>(x17.
E n effet, comme @ est une forme sesquilinéaire, on a @(yi,yi) =
Ç, aQ@(xk,xm)a&. Donc, si l'on note A la matrice (a,), la matrice
k,
PROPOSITION
4. - On suppose A intègre. Soit S une base de E.
Une condition nécessaire et sufisante pour qu'une forme sesquili-
néaire 0 sur E soit non dégénérée est que l'on ait Dg(S) O. +
Soit en effet K le corps des fractions de A, et soit <Dr l'exten-
sion de <D a u K-espace vectoriel K 8, E ; identifions E à une partie
d e cet espace vectoriel. La relation D+(S) f O est alors équiva-
lente à Dar(S) # O (formule (6)), qui elle-même exprime que
sa, est bijective (prop. 3), c'est-à-dire que 0' est non dégénérée
( $ 1, no 6, prop. 6). Or, pour tout x E K 8, E, il existe a E A tel
que ax E E ; par suite, pour que @ soit dégénérée, il faut et il s u f i t
que @' le soit. Ceci démontre notre assertion.
4. Formes quadratiques.
DEFINITION 2. - On suppose l'anneau A commutatif. On dit
qu'une application Q de E dans A est une forme quadratique sur E s i
1 ) l'on a Q(ax) = a2Q(x) pour a E A et x E E ;
2) l'application @ : (x, y) -+ Q(x +
y) - Q(x) - Q(y) de E x E
dans A est une forme bilinéaire.
L a forme bilinéaire @ (qui est nécessairement symétrique)
s'appelle la forme bilinéaire associée à Q. S i @ est non dégénérée,
on dit que Q est non dégénérée.
on a alors ~ ( C a i x i =
) biiaiai. E n déduire une nouvelle démonstration
i ( <,,
%
. i,l
de la prop. 3 du no 4. (Remarquer que les xi = 1C3 xt forment un système
de générateurs de A' @, E, et que le A'-module A' @, E est isomorphe à
AIQ)/R', où A'(') est identifié à A' @, Ac1) e t R' est engendré par l'image
de R par l'application canonique de A@)dans Af(I)).
6) Soient A un anneau commutatif de caractéristique 2, E un A-mo-
dule libre, .l (resp. :E, 9) le A-module des formes bilinéaires alternées
(resp. bilinéaires symétriques, quadratiques) sur E. On a .Nt c 9 ; on défi-
nit en outre une application linéaire o de Y dans 9, et une application
linéaire 0 de !,dans .l, de la façon suivante : pour toute forme bilinéaire
0 E Cf, a ( @ ) est la forme quadratique x + @(x,x), et pour toute forme
quadratique Q E 2, 8(Q) est la forme bilinéaire associée à Q, qui est
-1 -1
alternée. Montrer que o(0) = A, O(9) = .Y) et 8(0) = ~ ( 5 ) .
7 7) Soient A un anneau commutatif, E l F deux A-modules. On
dit qu'une application Q de E dans F est quadratique si elle satisfait aux
conditions suivantes : 10 Q(m) = a2Q(x) pour cr E A, x E E ; 20 l'appli-
+
cation (x, y) -+ Q(x y) - Q(x) - Q(y) de E x E dans F est bilinéaire. Si
f est une application linéaire d'un A-module El dans E, Q 0 f est une appli-
cation quadratique de El dans F.
a) Soient E un A-module, A(") le module des combinaisons linéaires
formelles des éléments de E à coefficients dans A (chap. II, § 1, no 8),
et pour tout x E E, soit EZ l'élément correspondant de la base canonique
de AcE). Soit r 2 ( E ) le quotient de A@)x ( E @, E) par le sous-module R
engendré par les éléments (E,,, - E, - E,, - x C3 y) et (E;~,- A2c,, O), pour
x E E, y E E, A E A. Pour tout x E E, on pose y(x) = <P(E,, O), en dési-
gnant par y l'application canonique de A(E)x (E C3 E ) sur r 2 ( E ); on dit
que y est l'application canonique de E dans r2(E). Montrer que y est une
application quadratique de E dans r 2 ( E ) et que, pour toute application
quadratique Q de E dans un A-module F, il existe une application linéaire
et une seule q de r Z ( E )dans F telle que Q = q O y (en d'autres termes,
( ï 2 ( E ) ,y) est solution d'un problème d'application universelle ; cf. Ens.,
chap. IV, § 3).
Pour tout couple de A-modules E, E' et toute application linéaire
f de E dans Er, montrer que, si y' désigne l'application canonique de E'
dans r2(E'), il existe une et une seule application linéaire 7 de r 2 ( E )dans
PTE') telle que y' f = f y.
0 0
symétrique.
b) Si M et N sont faiblement orthogonaux, Mo et No sont faiblement
orthogonaux.
c) Si M et N sont faiblement orthogonaux et si M n N = {O), M et N
sont orthogonaux.
2. L)écomposition de Witt.
Aux conventions déjà en vigueur depuis le début du présent
paragraphe, nous ajouterons la suivante :
Bourbaki XXIV. >
CONDITION(T). - Pour tout XE E , il existe a 4 A tel que
@(x, x) = a + &CC.
On dit que (1) est une forme neutre si elle est non dkgériérée et si
E est de dimension finie et est somrric directe de deux sous-espaces
totalement isotropes (resp. totalement singuliers). La somme
directe de deux formes neutres est une forme neutre.
no 2 SOUS-ESPACES ISOTROPES 67
PROPOSITION 2. - Soit @ une forme ehermitienne non dégé-
nérée vérifiant (T) (resp. la forme bilinéaire associée à une forme
quadratique non dégénérée Q), et soit F un sous-espace totalement
isotrope (resp. totalement singulier) de dimension finie r.
u) S i F' est un sous-espace totalement isotrope de dimension r
tel que F' n Fa = 101, alors F + F' est non isotrope et, pour toute
base (f7) de F , il existe une base (fi) de F' telle que @(f,, fj) = 6,
(indice de Kronecker) pour i, j = 1,. . . , r.
b) S i G est un sous-espace totalement isotrope (resp. totalement
singulier) de dimension \< r tel que G n Fa = 101, il existe un sous-
espace totalement isotrope (resp. totalement singulier) F' > G de
dimension r tel que F' n Fa = 10;.
Soit Y la restriction de @ a F x F' ; pour x' E F', la relation
« @ ( x , x l )= O pour tout z E F>>entraîne x = O puisque F' n FO = i01.
L'assertion a) résulte alors d u cor. de la prop. 6 d u $ 1, no 6, à
l'exception du fait que F + F' est non isotrope. Or le sous-espace
+
H = ( F F') n ( F + F')O est égal à (F + F r ) n Fa n F'O. Comme
F c Fa, on a ( F + +
F') n Fa = F (Frn Fa) = F, d'où H = F n FIo;
donc H = 1 0 j puisqu'on a v u que Y est non dégénérée. Ceci
prouve bien que F + F' est non isotrope.
Pour démontrer b), nous procéderons par récurrence descen-
dante sur s = dim G. Il nous s u f i t ainsi de prouver que, si s < r,
il existe un sous-espace totalement isotrope (resp. totalement sin-
gulier) G' contenant G, de dimension s + 1, et tel que Gr n Fa = 101.
Comme dim G < dim F , la restriction de <D à F x G est dégé-
nérée, et comme G n Fa est nul, F n Go est non nul. Si l'on avait
alors G + F o x Go, on en déduirait, en prenant les sous-espaces
orthogonaux et en remarquant que F = Foo et que G = G*
( $ 1, no 6, cor. 1 de la prop. 4), que Go n F c G, d'où
Montrer que si a), (resp. QI) est non dégénérée et si v, désigne son indice,
o n a IV,-v/ <1.
<
5) a ) Soient B un anneau, - + un antiaiitomorphisnie involutif
de B, E un élément di1 centre de B tel que EE = 1. Alontrer que si B est
+
un élément inversible de B tel que P €13 L O, il existe un élément inver-
+
sible p f 1 dans B, tel que p(P E P )= +
~ p EP. (Montrer qu'on peut
prendre p tel que ppp = p).
b) Soient A un corps, E un espace vectoriel sur A, @ une fornie ses-
quilinéaire E-hermitienne non dégénérée sur E, satisfaisant à (T). Mon-
trer que si @ n'est pas alternée, pour tout hyperplan non isotrope H de E,
il existe un automorphisme métrique de E, distinct de l'identité, lais-
sant invariant tout élément de H (utiliser a)).
6) Les hypothèses étant celles de l'exerc. 2, soit a un vecteur isotrope
1 0 dans E (resp. un vecteur isotrope non singulier (on notera que de
tels vecteurs n'existent que si A est de caractéristique 2)). Soit h E A tel
que h + ~h = O (resp. h = (Q(a))-1) ; montrer que la transvection
x -tx + @(x, a)Aa (chap. II, § 6, exerc. 7) est un automorphisme mé-
trique de E ; réciproque.
7) Les hypothèses étant celles de l'exerc. 2, soit G le groupe des
automorphismes métriques de E. Montrer que les seules bijections semi-
linéaires de E sur lui-même qui permutent avec tous les éléments de G
sont les homothéties de E , sauf dans les trois cas suivants : dim E = 2,
G est le groupe des automorphismes métriques correspondant à une
forme quadratique d'indice 1 sur E, et A est l'un des trois corps F,, F,
ou F,. (Utiliser les exerc. 5, 6 e t 3 ; examiner à part le cas d'une forme
quadratique sur un espace vectoriel de dimension 2).
*8) Soient A un corps, E un espace vectoriel de dimension finie >O
sur A, @ une forme sesquilinéaire E-hermitienne non dégénérée sur E,
satisfaisant à (T). Soit M(@) le groupe des multiplicateurs des simili-
tudes de E pour @ ( § 6, no 5).
a ) Soient VI, V, deux sous-espaces vectoriels de E, de même dimen-
sion, et soient <Dl,@, les restrictions de i9 à VI, V, respectivement. Pour
qu'il existe une similitude u telle que u(V,) = V,, il faut et il suflit qu'il
existe a E M(@) tel que @, soit équivalente à a@l(utiliser le th. de \I;itt).
b) Soit (F, F', G) une décomposition de Witt de E (no 2), et soit @,
la restriction de @ au sous-espace non isotrope G. Montrer que l'on a
M(i9) = M(@,) si G :# ;O!. (Utiliser le th. de Witt et la prop. 2 du no 2 ) .
c) Montrer que si l'indice v de @ est tel que dim E = 2v, M(@)
est le groupe des éléments c f O du centre de A tels que 4 = c. Si
dim E = 2v + 1, M(@) est le groupe des éléments de la forme @, où
p parcourt le groupe multiplicatif des éléments 7e O di1 centre de A (iiti-
liser lc t h . de Witt). (Cf. $ 10, exerc. 18).,
*9) Soient A un corps commutatif, E iin espace vectoriel sur A , Q
une forme quadratique non dégénérée sur E. On appelle sinlilitude pour
Q tout automorphisme u de E tel qu'il existe un élément a 7- O de A
pour lequel Q(u(x)) = aQ(x) quel que soit x E E ; r~ est alors aussi ilne
similitude pour la forme bilinéaire associée à (2. En siipposant la dinicn-
sion de E finie et )O, énoncer et démontrer pour les siniilitudcs rela-
tives à Q les analogues des résultats de l'exerc. S.,
*IO) Soient A un corps, Ii: un espace vectoriel sur A dc diniensi011 -, 2,
<I>, (resp. CD,) une forme sesquilinéaire non dégtJnérée E,-liermitienne (resp.
E,-hermitienne) sur E pour un antiaiitomorphisme involutif J, (resp. J2)
de A, vérifiant la condition (T), Montrer que si le groupe des autonior-
phismes métriques de E pour @, est un sous-groupe du groupe des siildi-
tudes pour a,, il existe a E A tel que @, = <I),a(utiliser les exerc. 5 O) e t 6).
SOUS-ESPACES ISOTROPES 77
Démontrer la propriété analogue lorsque A est supposé commuta-
tif, et que al et CJ, sont remplacées dans l'énoncé par deux formes qua-
dratiques non dégénérées QI, Q, sur E.,
11) Soient A un anneau, J un antiautomorphisme involutif de A,
E un A-module admettant une base finie (ei), <D une forme E-hermitienne
non dégénérée sur E, R la matrice de <D par rapport à (ei) ; le groupe des
automorphismes métriques de @ s'identifie au groupe G des matrices
inversibles U telles que 'U. R . UJ = R.
a) On suppose qu'il existe une matrice P telle que R = 'P +
&PJ.
Montrer que pour toute matrice S telle que 'S +&SJ= O, et que P S +
+
soit inversible, U = ('PJ - cJS)-l(P S) appartient à G, et EI U +
est inversible. Réciproque (montrer que pour toute matrice U E G telle
+
que EI U soit inversible, on a
Montrer que tous les vecteurs isotropes dans E sont contenus dans
l'hyperplan engendré par e2 et e, (cf. exerc. 4 a)). Donner un exemple de
plan non isotrope mais ne contenant qu'une seule droite isotrope (cf.
exerc. 2 a)). Montrer qu'il n'existe aucun automorphisme u E G(@) tel
que u(e,) = el + +
e,, bien que l'on ait @(el, el) = @(el e,, e, +
e,).
COROLLAIRE
2. - Soient A u n corps commutatif, E u n espace
2
vectoriel de dimension finie n sur A. Pour tout bivecteur Z'E A E,
- '. de E telle que
il existe une base (ei),<icn
,
(6) A u = m!P((ahk)).e.
tous les autres aii étant nuls (cf. th. 1). Alors le pfafien de
R = (crii) est P1p2. . .en.
PROPOSITION 1. - Soient R une matrice alternée d'ordre pair
2m sur un anneau commutatif A, et P une matrice carrée d'ordre
2m sur A. On a
(7) Pf('P. R . P ) = (det P)Pf(R).
E n effet, supposons d'abord que A soit un corps de caracté-
ristique O et posons R = (aii), P = (Ps). Associons à R le bivec-
teur
1
u=
i<i
x
cqiei,Ae - -
'
- 2 l<i,j<zrn
qiei A ei
2
de A A'", où (ei) désigne la base canonique de A2" ; considérons 'P
comme la matrice, par rapport à l a base(ei), d'un endomorphisme f de
2
A2". Alors le bivecteur (/\ f)(u) est associé à la matrice 'P. R . P
1
puisqu'il est égal à -
2i,j,s,t
xpi,aiiPj,e, Ae,. Comme l'extension /\ f de f
à l'algèbre extérieure /\Azm est un endomorphisme de cette
m 2 2m rn
algèbre (chap. III, 5 5, no 9), on a /\ ((A f)(u))= (/\f)(A u) ;
2m
comme A f est l'homothétie de rapport det f, il résulte donc de
(6) et de la déf. 1, que l'on a m! P f ( t P . R .P ) = m! (det P)Pf(R),
d'où (7) dans le cas envisagé. Le cas général s'en déduit en remar-
quant que les deux membres de (7) sont des polynômes à coefii-
cients entiers par rapport aux éléments des matrices R et P
(chap. IV, fj 2, no 5, Scholie).
PROPOSITION 2. - Pour toute matrice alternée R d'ordre pair
2m sur un anneau commutatif A, on a
(8) det R = (Pf(R))2.
En effet, comme les deux membres de (8)sont des polynômes
à coefficients entiers par rapport aux éléments de R, le principe de
prolongement des identités algébriques (chap. IV, § 2, no 5, Scholie)
montre qu'il suffit de faire la démonstration dans le cas où A
est un corps de caractéristique O et où det R # O. Si P est une
matrice carrée inversible d'ordre 2m sur A, on a det ('P. R . P) =
(det P)2(det R) et Pf('P.R.P) = (det P)Pf(R) (prop. l), de sorte
qu'il suffit de prouver (8) pour 'P.R. P au lieu de R. D'après le cor.
1 du th. 1, on peut, par un choix convenable de P, supposer que
la matrice 'P. R . P est de la forme (a,) où
3. Groupe symplectique.
Alors, pour tout n, (el,. . . , en) est une base orthogonale de E n et l'on a
(resp. det u = - a(u)P) sont dites directes (resp. inverses) ; les simi-
litudes directes forment un sous-groupe distingué d'indice 2 de I' ;
les homothéties de rapport # O sont des similitudes directes ;
il en est de même des transformations orthogonales de déterminant
1 (no 2) ; les transformations orthogonales de déterminant - 1
sont des similitudes inverses.
6. Géométrie hermitienne.
DÉFINITION 2. - Soient A un corps, L un espace afline sur A
et T l'espace des translations de L (chap. I I , 2e éd., App. II). Si T
est muni d'une forme hermitienne cD non dégénérée, on dit que L est
un espace hermitien s u r A, et que @ est la forme métrique de L.
(Si H est l'hyperplan engendré par el,. . ., e , ~ , qui est isotrope, remar-
quer que la droite orthogonale à H n'est pas dans le sous-espace engendré
par el,. . ., et utiliser la prop. 2 du $ 4, no 2).
3) Soient A un corps fini, E un espace vectoriel de dimension finie
sur A, @ une forme sesquilinéaire hermitienne non dégénérée sur E, rela-
tive à un automorphisme J f 1 de A. Montrer que E admet une base
orthonormale pour Q, (cf. chap. V, $ 1 1 , no 5, cor. du th. 3).
4) Soient A un corps fini de caractéristique f 2, E un espace vectoriel
de dimension finie n sur A.
a) Montrer que pour toute forme bilinéaire symétrique @ non dégé-
nérée sur E, il existe une base orthogonale (ei) de E telle que @(ei,ei) = 1
pour 1\< i \< n - 1, @(en,e,) = A (discriminant de Q, par rapport à (ei)).
+
(Remarquer que si a@# O, l'équation aE2 pq2 = y admet toujours des
solutions (E, q) dans A si y f O (chap. V, 5 11, exerc. 4)).
b) Pour que deux formes bilinéaires symétriques non dégénérées sur
E soient équivalentes, il faut et il sufit que le rapport de leurs discrimi-
nants (par rapport à une même base de E) soit un carré dans A. En dé-
duire que, si n est impair, pour toute forme bilinéaire symétrique @ non
dégénérée sur E, il existe une base orthogonale par rapport à laquelle la
matrice de @ est de la forme AI, (A E A) ; l'indice de @ est alors (n - 1)/2.
C) Si n = 2m est pair, montrer que l'indice d'une forme bilinéaire
symétrique non dégénérée @ sur E e s m si (- 1)"A est un carré dans A,
m - 1dans le cas contraire.
5) Soit A un corps commutatif de caractéristique f 2. Soit 1 un
polynôme à coefficients dans A, par rapport à n(n +1)/2 indéterminées
Xq (1 ,< i ,< j ,< n) ; pour toute matrice symétrique R = (q) sur un sur-
corps commutatif A' de A, on désigne par I(R) l'élément de Ar obtenu
en substituant à l'indéterminée X, (i \< j) dans 1.
On suppose que 1 est tel que, pour la matrice U = (uif)avec ilii = Xi,
pour i ,< j, uij = Xji pour i > j et la matrice carrée P = (Yi,) d'ordre
n (où les Yii sont n2 autres indéterminées), on ait
I('PUP) = (det P)"(U)
où h est un entier > O. Montrer que h est pair et que I(U) = -y(det U)k,
où h = 2k et y E A. (En utilisant le th. 1, montrer que pour toute matrice
symétrique R sur la clôture algébrique Cl de A, on a (I(R))2= A(det R)h,
où A E a,et utiliser le fait que le polynôme det U par rapport aux Xi,
n'est pas un carré, en considérant les termes de ce polynôme contenant
un Xii).
*6) Soient A un corps valué complet non discret, commutatif et de
caractéristique f 2 (Top. gén., chap. IX, § 3, no 2), <D une forme hermi-
tienne non dégénérée sur un espace vectoriel E de dimension finie n
sur A, R = (qi) la matrice de @ par rapport à une base (ei) de E. Montrer
qu'il existe E > O tel que, pour toute matrice hermitienne Rr = ( x i i ) véri-
fiant les conditions 1 aij - a, 1 ,< E pour tout couple (i, j), la forme Or
ayant R' comme matrice par rapport à la base ( e i ) soit équivalente à m.
(Se ramener au cas où R est diagonale ; utiliser l'exerc. 2 b) en s'appuyant
sur le lemme suivant : il existe un nombre a > O tel que pour 1 q 1 ,< a,
il existe dans A un élément < t e l que E2 = 1- q. Pour démontrer ce lemme,
on utilisera la série du binôme pour (1- x)lr2).,
(rr 7) Soient A un corps commutatif non ordonnable (chap. VI, $ 2,
exerc. 8) de caractéristique f 2, E un espace vectoriel de dimension
finie n > O sur A, Q une forme quadratique non dégénérée sur E, (et) une
n n
nômes non tous nuls, de degré < m - 1, est impossible ; observer pour
cela que h serait nécessairement de degré impair, et considérer un fac-
teur irréductible de h, de degré impair).
9) Soient A un corps, E u n espace vectoriel sur A admettant une
base dénombrable (en),-..,, @ une forme sesquilinéaire hermitienne non
dégénérée sur E, satisfaisant à la condition (T) ( $ 4, no 2).
a) Montrer que si les conditions (C) du th. 1 ne sont pas simultané-
ment vérifiées, il existe dans E une base orthogonale pour <D (raisonner
comme dans I'exerc. 4 du $ 5).
b) On suppose en outre A commutatif, et qu'il existe un entiers
tel que sur tout espace vectoriel de dimension finie et > s par rapport à
A, toute forme sesquilinéaire hermitienne non dégénérée soit d'indice
>O (cf. exerc. 7). Montrer qu'il existe alors dans E une base ortlionormale
pour @. (Raisonner comme dans a), en observant que -pour tout éléiiient
+
-
Dans le premier cas, le point a est bien déterminé et est le pôle par rap-
port à S de l'hyperplan à l'infini Ho (appelé centre de S). (Distinguer deux
cas suivant que II, est ou non tangent à S ; utiliser le th. 1 du § 6, no 1
et la prop. 2 du S 4, no 2.)
26) Soient A un corps commutatif algébriquement clos de carac-
téristique f 2, E un espace vectoriel de dimension finie sur A, Q une
forme quadratique non dégénérée sur E. Soit ic E O(Q); avec les nota-
tions de 17exerc. 12 du $ 4 , on a G(p, p) = j01 sauf pour p(X) = X - 1
et p(X) = X + 1. Soit A l un élément minimal de l'ensemble des sous-
espaces non isotropes contenus dans G(p, p) et stables pour u, et soit
ph le polynôme minimal de la restriction de u à hl. Montrer que si h
est impair, M est un sous-module indécomposable de Eu, et que si h
est pair, M est somme directe de deux sous-modules indécomposables
isomorphes de Eu. (Pour voir que si h = 2k est pair, M ne peut être
indécomposable, montrer que N = pk(u)(M)serait alors totalement iso-
trope ; si (e,)l-,,izk est une base de M telle que u(e,) = Ee, pour +
i \< 2k - 1, u(e2k) = Eezk (avec E = Az 1), montrer que ek ne peut être
orthogonal à ek+~,et en déduire que la relation Q(u(ek)) = Q(ek) con-
duit à une contradiction).
27) Soient A un corps commutatif de caractéristique 2, E un espace
vectoriel sur A, de dimension finie n, Q une forme quadratique sur E l
cD la forme bilinéaire associée, qui est alternée, donc de rang pair 2m
( 5 5, no 1, cor. 1du th. 1).
a) Montrer que si E0 est le sous-espace de E (de dimension n - 2772)
+
orthogonal à E pour 0, on a Q(Ax py) = h2Q(x) p2Q(y) quels que +
soient x, y dans E0 ; autrement dit, la restriction Qo de Q à E0 est une
application semi-linéaire de E0 (considéré comme espace vectoriel sur A)
dans A (considéré comme espace vectoriel sur le sous-corps A2), relatif à
l'isomorphisme 5 -t E2 de A sur A2. Soit q la dimension (sur A) du noyau
-1
E0 n &O) de Q, et soit El un supplémentaire de E0 n Q(0) par rapport à
E0;onan-2m-q<[A:A2].
b) Déduire de a ) qu'il existe une base (eJlCid, de E, dont les 2m
premiers vecteurs forment une base d'un supplémktaire E, de E0 dans
n
E , les n - 2m - q suivants une base de E,, telle que l'on ait, pour x = 2 tiei
1=1
1?~ n-q
Q(x) = C (aiEs
z=1
+ EiErn+i + PiE?n+i) + I:
i=2m+l
yiF3
+
les yi (2m 1 \< i \< n - q) étant des éléments de A linéairement indé-
pendants par rapport à A2.
c) On appclle indice de Q la dimension maxima des sous-espaces
totalement singuliers V de E tels que V n E0 = 10;. Montrer que si v est
l'indice de Q, on peut prendre la base (ei) de E ayant les propriétés énon-
-<
cées dans b) de sorte que ai = Pi = O pour 1 i \< v et que la restric-
tion de Q au sous-espace de E, engendré par eV+,,. . ., e,, e,,,,,, . . .,e,,
soit une forme quadratique (non dégénérée) d'indice 0.
d) On suppose q = O ; soit O(Q) le groupe des automorphismes de E
laissant invariante Q. Si u E O(Q), montrer que u(x) = z pour tout x E EO.
Pour tout x E E,, soit u(x) = u,(x) +
u,(x), où uo(x)E E0 et u,(x) E E2 ;
montrer que u, appartient au groupe symplectique Sp(cD,) (où est la
+
restriction de cD à E,) et que l'on a Q(u,(x)) Q(x) E Q(EO).Réciproque-
ment, pour tout automorphisme u, € s ~ ( @ ,tel
) que Q(u,(x)) Q(x) E Q(E0) +
pour tout z E E,, montrer qu'il existe une application linéaire uo de E,
dans EO et une seule telle que l'application linéaire égale à u, +
u2 dans
E,, à l'identité dans EO,appartienne à O(Q).
e) On suppose que A soit u n corps parfait (A2 = A) et que q = 0.
Déduire de b) que tout sous-espace vectoriel de E, de dimension >/ 3,
contient au moins un vecteur x tel que Q(x) = O. Si n est impair, on a
nécessairement m = v et n = 2m +1, de sorte qu'il existe une base
(ei) de E par rapport à laquelle on a
et (avec les notations de d)) O(Q) est isomorphe à Sp(<D,) ; toutes les
formes quadratiques telles que q = O sont alors équivalentes. Si n est
pair, on a nécessairement n = 2m, v = m ou v = m - 1, et il existe
une base (ei) de E par rapport à laquelle on a
2. La loi d'inertie.
(*) Si E est un espace vectoriel & gauche sur un corps non commutatif A,
e t u un endomorphisme de E, on dit encore qu'un vecteur x = O de E est un
vecteur propre pour u s'il existe a E A tel que u(x)= ax ; le scalaire a est alors
appelé valeur propre de u. On notera que, pour tout 6 10 dans A, le vecteiir b x
est un vecteur propre pour u,e t que la valeur propre correspondante est bab-l.
scalaires de V. Il ne reste donc plus qu'à montrer que le vecteur
propre x de u est aussi un vecteur propre de u*. Posons u(x) =
ax (a E A) ; on a alors @(u(x),x) = a@(x,x) = @(x,x)a = @(x,Üx)
puisque @(x,x) appartient au centre de A, et d'autre part
@(u(x),x) = @(x, u*(x)) ;il en résulte que l'on a @(x,u*(x) - Üx) = 0,
et on peut donc écrire u*(x) = üx + z, où z est un vecteur ortho-
gonal à x. On a donc
@(u*(x), u*(x)) = Za@(x,x) + @(z,z) = @(u(x), u(x)) + @(z,z).
Or, comme u est normal, on a
s- t
sur K ;
-
(2,y) + Tr,,,(xy) sur L, montrer que l'on a :
rn si L est isomorphe à une algèbre de matrices d'ordre t n
la matrice de u par rapport à (ej), écrite sous forme d'un tableau carré
de matrices correspondant à la partition de (1, n) en (1, s) et (s +
1, n).
a) Démontrer les relations
-
formes quadratiques sur A, non dégénérées et de dimensions
finies, les relations Q Q' et 0(Q) = O(Qt)sont équivalentes.
$ 9. Algèbres de Clifford
p,, f. Si f est l'identité, C(f) est l'identité ; si Q" est une forme qua-
0
donc I(Q) est stable par il, et la dernière assertion s'ensuit. CQFD.
d'où
A,($ @ x @ u - Qr(x)u)= (ez + F(x, x) - Qr(x))0 AF(u)
= ( x @x - Q(x))@ hF(u)E I(Q).
5. Groupe de Clifford.
On suppose, dans ce no, que A est un corps, que E est de di-
mension finie m, et que Q est non dégénérée. On identifie E avec
son image canonique dans C(Q).
On a en effet Q(sxs-l) -
ristique f 2)) on a v(G) = rp(G+) = SO(Q).
) ~sx2s-l = Q(x) pour s E G
( S X S - ~=
et x E E, ce qui montre que cp(s) E O(Q). Pour que ~ ( s = ) 1, il faut
et il sufit que s commute avec les éléments de E, c'est-à-dire appar-
tienne au centre Z de C(Q). Ceci démontre a).
Pour qu'un élément x de E appartienne à G, il faut qu'il soit
inversible, c'est-à-dire que ce soit un vecteur non singulier (puisque
x2 = Q(x)). S'il en est ainsi, on a x-l= Q(x)-lx, d'où, pour tout y E E,
xyx-' = Q(x)-lxyx = Q(x)-lx(cD(x,y) - xy) = - (y - @(x,y)Q(x)-lx) ;
ceci démontre b) ( $ 6, no 4).
-
sous-modules indécomposables dont G(g7p) est somiiie directe. Reniar-
quer d'autre part que G(p, p) = 101 sauf pour p X - 1. Prouver enfin
qu'on peut se borner au cas oii Eu est égal à G ( p , y) (avec p - X - 1)
et est indécomposable. Il y a alors une base symplectiqiie (e,) de E
~ ( l <1:\<
telle que el, e,. . ., ezk-1 forment une base de ( p ( ~ ) ) ~ ~ -pour ) k \< r ;
montrer que el, e,, . . ., eZr-3 sont des vecteurs singuliers, et conclure que
D(u) = 1.)
7 10) On suppose que A est un corps, E un espace vectoriel de dimen-
sion finie, Q une forme quadratique dégénérée sur E ; soient XI un sous-
espace supplbmentaire de E0 dans E, B l'algèbre de Clifford (seini-simple)
de la restriction de <) à M.
a) On suppose d'abord A de caractéristique 72. Soient 1, l'algbbre
de Clifford de la restriction de Q à E0 (isomorplie à /1 lY), 31" son radical
(idéal engendré dans 1, par EO, e t de codimension 1 dans 1 , ) ; montrer
que le radical 93 de C(Q) s'obtient ( A une isorriorphie p r k ) en définissant
la structure d'algèbre sur I3@,%, comme dans le cor. 4 du th. 1, que
C(Q)/% est isomorphe à I3 e t C(Q) est somme directe de B e t de 93.
b ) On suppose A de caractéristique 2. Soit F le sous-espace de E0
formé des vecteurs singuliers z E EO, et soit N un supplémentaire de F
par rapport à EO.Si (a,)lGiG, est une base de N, et Q(a,) = ai, les élé-
ments a:l2, dans une clôture algébrique de A, sont linéairement indépen-
dants sur A. Soit ( ~ t ' ~ ) , . , ~une
~ , 2-base du corps A, = A(N:/~,. . . , ail2)sur
A (chap. V, $ 8, exerc. l),et soit h = dim F. Si B, est l'algèbre centrale
simple B@,A,, montrer que C(Q) est isomorphe à l'algèbre B,@,lL,,
où L, est l'algèbre extérieure d'un espace vectoriel de dimension h + d-e
sur A,. Si 3,est le radical de L, (de codimension 1 (sur A,) dans L,),
le radical 3 de C(Q) est isomorphe à l'algèbre B, %,, C(Q)/% est iso-
morphe à B,, et C(Q) est somme directe de B, et de %.
c) Les hypothèses étant celles de b), on suppose en outre que h = 0,
d = 1, e = O (ce qui implique que dim M est pair). Si Q, est la restriction
de Q à M, montrer que C+(Q)est isomorphe à C(Q,).
7 11)a ) Avec les hypothèses e t notations du no 5, montrer que N(G+)
est le sous-groupe de A* engendré par les produits Q(x)Q(y),ou x et y
parcourent l'ensemble des vecteurs non isotropes de E. (Se ramener au
cas A # F2 ; utiliser la prop. 5 et l'exerc. 28 c) du $ 6, ainsi que l'exerc. 9 d)
du 5 9.) Cas où Q est d'indice >/ 1.
b) On suppose en outre que A f F,, que E est de dimension n >/ 2
et que Q est d'indice > O. Montrer que Oi(Q) est le groupe des commuta-
teurs du groupe O(Q). (Se ramener au cas n = 2, en utilisant les exerc.
17 c) e t 28 e) du $ 6.)
c) On conserve les hypothèses de bj, et on suppose en outre que A
est de caractéristique f 2 et que E est de dimension paire. Pour que
i'automorphisme x + - x de E appartienne à Oo+(Q)il faut et il suffit que le
discriminant de Q (par rapport à une base quelconque de E) soit un carré.
7 12) a ) Soit a un élément inversible de A ; montrer qu'il existe un iso-
morphisme e t un seul 0, de C+(Q) sur C+(aQ)tel que
O . Angles
pour que u soit une similitude directe, il faut et il sufit donc que
l'on ait
(det u)B(u-lwu(x), y) = (det u)@(x,y) = (det u)B(w(x), y)
quels que soient x, y dans E ; comme det u # O et que B est non
dégénérée, ceci équivaut à u-,wu = w, ou encore à uw = wu. Prenons
pour B la forme bilinéaire alternée dont la matrice S par rapport
donc aux relations ba, = - CU,, aa2 = da,, aa, = da,, c'est-à-dire
a a = d et c = S b ; ceci démontre que les matrices des similitudes
directes sont les matrices inversibles de la forme (i y) (a, 6 dans A).
2. Trigonométrie plane.
Nous ferons choix, dans ce no. d'un générateur w de l'algèbre
A(@) tel que w2 E A. Un tel générateur est déterminé à une homo-
thétie près (no 1, Remarque 2), donc l'élément w2 de A, que nous
noterons 8, est déterminé modulo le sous-groupe multiplicatif
(A*)2des carrés d'éléments non nuls de A.
+
lorsque t(y) et t(<p')sont finis et que 1 t(rp)t(yl)est # O.
E n effet, comme S+/H est un ensemble de droitcs (privées
de O) de A(@)considéré comme plan vectoriel sur A, t est injective.
D'autre part, pour qu'un élément a + Dw ( a E A, b E A) de A(@)
soit une similitude directe, il faut et il s u f i t qu'il soit inrersible,
c'est-à-dire que l'on ait N(a + bw) = a2 - 80" ;fO, ou encore
(b/a)2f 118 ; ceci démontre les assertions d e siirjectivité dans a )
+
et 6). Enfin le produit des similitudes 1 t(y)cv ct 1 f t(rgl)rv
est la similitude 1 + + +
St(rp)t(rpr) (t(y) t(yl))w, cc qui di'-
montre c).
3. Angles.
Nous supposerons, dans ce no et le suivant, que A est un corps
ordonné, donc de caractéristique nulle. Rappelons (Rectifications
a u chap. VI) que, si F est un espace vectoriel sur A, la relation il
((
(9)
A
(D, D") =
A
(D, Dr) + (D', D")
A
(relation de Chasles) ;
on en déduit
A A /.
(D, Dr) = - (Dr, D).
(10) (D, D) = O,
gramme D, et les formules (9) e t (10) des cas particuliers des for-
mules (2) (ibid.).
2) Dans la définition d u groupe des angles de droites, on peut,
au lieu du groupe S+/H, utiliser le groupe O+/\- 1, II qui lui est
canoniquement isomorphe (prop. 7). L'homomorphisme Cano-
nique de O+ sur 01 !
' 1 - 1, 1 correspond ainsi à un homomorphisme
de % sur %,,, à savoir celui qui, a l'angle des deux demi-droites
A, Ar, fait correspondre l'angle des droites D, D' contenant res-
pectivement A, A'. *Dans le cas où le corps A est le corps des
nombres réels, le groupe % est ainsi un revêtement d'ordre 2 du
groupe go.,
-
D'après la prop. 8, tous les angles de droites (resp. demi-
droites) de la forme (D', D") où Dr e t D" sont orthogonales (resp.
0
de la forme ( D l - D)) sont égaux : ceci résulte en effet de la Re-
marque 2 du no 1 (resp. est évident). Cet angle de droites (resp.
de demi-droites) s'appelle l'angle droit (resp. l'angle plat) ; c'est
un élément d'ordre 2 de SI, (resp. de %).
-
droites) D, D' d'un plan afine L attaché à E , on appelle angle de
D et D r , et on note (D, Dr),l'angle que font leurs directions dans E
(resp. les demi-droites d'origine O de E correspondant a D et Dr)
(chap. I I , 2e éd., App. I I , no 1 et no 3).
4) Soient F un espace vectoriel de dimension quelconque sur
le corps ordonné maximal A, et Y une forme bilinéaire symétrique
positive non dégénérée sur F . É t a n t donnés deux vecteurs x, y
linéairement indépendants de F , soit F' le plan vectoriel qu'ils
engendrent ; on appelle angle de x et y l'angle de x e t y consi-
dérés comme éléments d u plan Fr ; on le note (x, y). Le cosinus
de cet angle est, en vertu de (19), donné par
A
4. Secteurs angulaires.
Ceci étant, si a,, <O, on a a,, > O et a,, > O (puisque la première
suite est directe), puis > O et a,, > O (puisque a,, < O et que la
seconde suite est directe), d'où al,> O (en vertu de (22)); donc la
suite (Do, Dl, D,) est directe dans ce cas. Supposons désormais
hl > O. Si a,, <O, on a a,, > O et a,,> O (puisque la seconde suite
est directe), puis al, > O (puisque ho<O et que la première suite est
directe), d'où a,,>O (d'après (22)), et la suite (Do, Dl, D,) est
directe. Enfin il en est évidemment de même si a,, > O et a,, > O.
CQFD.
-
l a forme positive @ s u r E telle q u e (x, y) soit u n e base orthonor-
male p o u r @. P o u r t o u t e demi-droite D E G, il existe u n angle rp
A
e t un seul t e l q u e 2 9 = (- Do, D) (no 1, prop. 3) ; c o m m e (- Do, D)
n'est p a s l'angle plat, rp n'est p a s l'angle droit, e t t g cp e s t donc
fini. Alors, e n v e r t u d e s formules (16) (no 3), o n a D = f ( t g cp).
Ceci termine l a démonstration.
/- --.
de droites pointées est appelée l'angle de ce couple et notée (A,, A,) ; la
A y
-
relation (A,, A,) = (Ai, A;) est équivalente à (A,, A;) = (A,, A;) et la ro-
tation qui transforme A, en A, est dite rotal~ond'ungle O = (A,, A,) et
notée hl@) ; hl est une bijection de 3,sur O+ e t on transporte à 2, au
moyen de hi1 la structure de groupe commutatif de O+, en notant addi-
tivement le groupe <II, ainsi défini ; on appelle encore angle plat dans 91,
l'angle du couple formé d'une droite pointée (D, :) et de la droitc pointée
« opposée » (D, - z ) , qui correspond à la rotation x -+- x.
b) Dans l'ensemble B o > 9des droites non isotropes, on définit conime
au no 3 la notion d'angle de droites, le groupe 2, (en utilisant le cor. 3 de
la prop. 1 du no l),l'angle droit dans 96, e t la bijection canonique h de
qosur S+/H.Avec les notations du cor. de la prop. 3, on pose d = hi1 0 d 0 h
e t i = h-l 0 i 0 hl, de sorte que i est un homomorphisme de 2, dans 'U, et d
un homomorphisme de %, dans %, ; d est bijectif, et le noyau de est
formé de'O e t de l'angle plat ; en outre on a d(i(8)) = 28 pour 0 E '11, et
qd((p))= 29 pour (p E go.Pour que soit surjectif (autrement dit, pour
que 9 soit l'ensemble de toutes les droites non isotropes), il faut e t il sufit
que le corps -4 soit pythagoricien (chap. VI, § 2, exerc. 8 d)) et qu'il existe
une base orthonormale pour @ ; il revient au même de dire que @(x,x)
est un carré pour tout x E E.
3) Les hypoth6ses et notations sont celles de l'exerc. 2 .
a ) Soit s une symétrie par rapport a une droite non isotrope D
( $ 6 , no 4). Pour toute droite pointée Al = (Dl, z,), soit
- A
e t soit (p = (Dl, D) ; montrer que l'on a (A,, A,) = d((p).
b) Montrer que toute transformation orthogonale de déterminant - 1
est une symétrie s par rapport à une droite non isotrope (cf. § 6, exerc. 15
e)) ;pour toute rotation u, on a sus-, = u-l.
c ) Si x, y sont deux points quelconques de E tels que @(x, x) =
@(y, y) f O, il existe une symétrie et une seule par rapport a une droite
non isotrope, qui transforme x en y.
d) Soient s, s' les symétries par rapport à deux droites non isotropes
A
D, D', e t soit 9 = (D, D') ; pour que s's soit une rotation d'angle 0, il faut
e t il sufit que l((p) = 8.
e) Montrer que le groupe des commutateurs du groupe orthogonal
O(Q) est l'image de 3, par l'homomorphisme 8 + h1(28) ( § 6, exerc. 17 a)) ;
pour que cette image soit égale a O+, il faut et il sufit que l'homomor-
phisme t soit surjectif (exerc. 2 b)).
4) Les hypothèses e t notations sont celles de l'exerc. 2. Soient a, b
deux points du cercle C, A,, Ab les droites pointées passant par a et b
,
y.
- -
appelé l'ensemble des angles de demi-droites (non isotropes) et la classe
d'équivalence d'un couple (D,, D,) de telles demi-droites est appelée
l'angle de ce couple e t notée (D,, D,); si 0 = (Dl, D,), on dit que 0 est
l'angle de toute similitude directe transformant Dl en D,; soit h,(0) la
classe mod. H+ de ces similitudes, de sorte que h, est une bijection de
l'ensemble 'U sur le groupe S+/H+;on transporte à 'U a u moyen de hi1 la
structure de groupe commutatif deS+/H+,en notant additivement le groupe
7
3 ainsi défini. Définir une injection canonique du groupe a,, des - angles
de droites pointées (exerc. 2) dans le groupe SI, telle que h, 0 j o hi1 soit
7
l'injection canonique j de O+ dans SC/H+. Pour que soit surjective, il
faut e t il suffit que l'homomorphisme 7 de 3, dans SI, (exerc. 2 0)) soit
surjectif.
c) Montrer que dans 'U l'équation 28 = O a 2 solutions si 8 < O e t
4 solutions si S )O. Dans le premier cas, la solution .r f O de cette équa-
tion est encore appelée l'angle plat.
7 7) Les llypothèses et notations étant celles de l'exerc. 6, on suppose
7
l'homomorphisme bijectif ; on définit alors cos O et sin O pour t o u t
0 E 'U comme au no 3. Soit T l'ensemble des O E A tels que sin 0 O.
a ) Montrer que pour tout O E T, il existe un angle O' E T e t un seul
tel que 28' = O ; on pose O' = 012.
b) Soit L le Z-module des conibinaisons linéaires formelles des élé-
ments de '1' à coefficients dans Z (chap. I I , 3 1, no 8) ; on désigne par
$ .q et la somme e t l'opposé dans L. Soit N le sous-module de 1,
+
engendré par les éléments de 1, de la forme t; $ -q (5 q) pour tous les
couples ( i ,q ) d'éléments de 1' tels que + q E 1' (sommc prise dans le
groupe 'U). Soient f l'hornornorphisnie de L, dans 'U qui prolonge l'injec-
tion canonique de T dans 'U, et 2 l'endomorphisme de L qui prolonge
l'application O + Oj2 de T dans lui-meme. On a j ( ~ = 1
) O 1 et g ( N ) c N ;
par passage aux quotients, on déduit de j un homomorphisme f de M I,/N
dans 3,e t de un cndornorphisrne g de M ; on pose g(p) = p/2 et si gm
-
Lhurhaki X X I V . 12
est le m-ème itéré de g, gm(p)= 2-mp ; on a 2m(2-mp)= p pour tout
~ E M .
c ) Montrer que la restriction à T de l'application canonique de 1, +
sur M = L/N est injective, ce qui permet d'identifier T à une partie de
M au moyen de +. Montrer que, si A,,. . ., sont des éléments 7O de
T, la somme A, + + A, +
. . - Am ne peut être O dans M (considérer
l'élément 2-"(A, + + . . . Am) e t raisonner par récurrence sur m, en re-
marquant que ces éléments appartiennent à T).
d) Soit M+l'ensemble des sommes finies (dans M) d'éléments de T ;
1
montrer que M+ n (- M,) = 1 O et M = M+u (- M,), e t par suite que
M+ est l'ensemble des éléments >/ O pour une structure de groupe totale-
ment ordonné sur M (on notera que pour tout p E M+, il existe un entier
m tel que 2-"p E T ) ; on dit que ce groupe totalement ordonné est le
groupe des mesures des angles de demi-droites. Montrer que l'homomor-
phisme f de M dans SZ est surjectif, et que son noyau est l'ensen~bledes
multiples entiers de 2m, où n est l'angle plat (exerc. 6 c)). Prouver que T
s'identifie à l'intervalle (0, m) dans M (établir par récurrence sur rn que
si p, Al,. . . , A, appartiennent à T e t si on a A l + ..-+ Am ,( i l , alors
+
Ai + . . . Am E T). Montrer que dans T (ainsi identifié à un intervalle
de M), la fonction 8 -t cos 8 est strictement décroissante.
e) Pour que le groupe totalement ordonné M soit archimédien (chap.
VI, § 1, exerc. 31), il faut et il suffit que le groupe additif du corps A soit
archimédien. (Pour voir que la condition est nécessaire, remarquer que
si sin 8 est infiniment petit par rapport au sous-corps Q de A (chap. VI,
§ 2, exerc. l ) , il en est de même de sin n8 pour tout entier n. Pour voir
que la condition est sufisante, remarquer que si 0 ,< O ,< m / 4 , on a
sin 28 >/ d2 sin 8).
8) Soit E un plan orienté sur un corps ordonné A. Soient D', D" deux
demi-droites distinctes ; soit x' (resp. x") un vecteur f O dans D' (resp.
D") ; on dit que le secteur angulaire (ouvert ou fermé) d'origine D' e t
d'extrémité D" est saillant (resp. rentrant, plat) si x' A x" > O (resp.
x' 112'' (O, 2' /\' 2'' = O).
a ) Pour qu'il existe un automorpliisme de l'espace vectoriel E
transformant un secteur angulaire ouvert (resp. fernié) Cl en un secteur
angulaire ouvert (resp. fermé) C,, il faut e t il suffit que Cl et C, soient
tous deux saillants, ou tous deux rentrants, ou tous deux plats.
6) Montrer que l'ensemble ordonné (D', D") est isomorphe a I'in-
tervalle (O, 1) de A (considérer d'abord le cas d'un secteur saillant et re-
marquer que, dans A, deux intervalles fermés bornés quelconques sont
des ensembles ordonnés isomorphes).
c ) Avec les notations e t hypothèses de I'exerc. 7, définir une applica-
tion bijective canonique de l'ensemble T sur un secteur angulaire plat,
e t montrer que cette application est un isomorphisme pour les struc-
tures d'ordre.
9) Soient A un corps ordonné pythagoricien, E un espace vectoriel
sur A de dimension finie, Q une forme quadratique positive non dégéné-
ANGLES 181
d) Soient S,, S, deux sphères orthogonales (exerc. 12 d)), Si, S%
leurs images par une inversion de pôle c. Si c n'appartient pas à S, ni à S,,
montrer que Si et Si sont des sphères orthogonales. Si c E S, et c $ S,,
Si est un hyperplan contenant le centre de S;. Si c E S, n S,, Si et SL sont
des hyperplans perpendiculaires ( § 6, exerc. 22). Réciproques.
e) Soient u une inversion de pôle c et de puissance a = pz > O et C
la sphère de centre c et de rayon p. Six,, x, sont deux points distincts situés
sur une droite passant par c, et distincts de c, les propriétés suivantes sont
équivalentes : a ) x, et x, sont transformés l'un de l'autre par u ; fi)z, et x,
sont conjugués par rapport à C ( § 6, exerc. 25); y) toute sphère conte-
nant z, et x, est orthogonale à C. On dit encore que u est l'inversion de
sphère C.
7 14) Les hypothèses et notations étant les mêmes que dans l'exerc.
12, on prend une origine O dans L. Soit El l'espace vectoriel somme directe
de L et d'un espace Af, de dimension 1; on désigne par Q, la forme qua-
dratique sur El telle que pour x E L et q E A, on ait
(*) Voir (II), ainsi que E. Kotter, Die Entwickelung der syntheiischen
Geometrie, Leipzig (Teubner), 1901 (= Jahresber. der Deulschen Math. Verein.,
t. V , l t e sHeft), et 1'Enzyklopadieder Math. W i s s . , l r e é d . , t. III.
Si l'on m e t à p a r t l a décoilverte, p a r les Babyloniens, d e la formiile
d e résolution d e l'éqiiation d u second degré ((1), p. 183-159), c'est donc
sous leur déguisement qéométrique qu'il f a u t noter la naissance des prin-
cipaux concepts d e l a théorie des formes quadratiqiies. Celles-ci se pré-
sentent d'abord comme carrés d e distances (dans le plan ou l'espac(3 à
trois dimensions) e t l a notion d' ii orthogonalitb » corrcspondantc s'in-
t r o d u i t a u moyen d e l'angle droit, d é f i n i - p r Euclide comme moitié d e
l'angle p l a t (Eliments, J i v r e 1, M f . 10) ; les notions d e distance e t d'angle
droit é t a n t reliées p a r le th6orèrne de Pythagore, clé d e v o ù t c d e l'édilic-e
euclidien (*). I,'idéc d'angle parait s'htrc introduite t r & t ô t dans la niatlié-
m a t i q u e grecque (qui l'a sans d o u t e r e j u e dcs Babyloniens, rornpiis à
l'mage des angles p a r leur longiie expérience astronornicpt). O n sait qu'à
l'époque classique, seuls les angles infbrieurs à 2 tlroit,s sont définis (la
« définition II d'Euclide est d'ailleurs aussi vague e t iniitilisahle que rolle
qu'il donne p o u r l a droite o u le plan) ; l a notion d'orientation n'est pas
dégagée, bien qu'fCnclide utilise (sans axiome ni &finition) le fait qu'iine
droite p a r t a g e le plan en deux régions, qu'il distingne soignenserrierit
lorsque cela e s t nécessaire (**). A ce stade, l'idée d u groupe des rotations
planes n e se fait donc jour q u e d'une nianière t r è s imparfaite, p a r l'addi-
t i o n (introdiiite, elle aussi, sans explication p a r Euclide) des angles non
orientés d e demi-droites, q u i est seulement définie, e n principe, lorsque
l a s o m m e est a u plus égale à deux droits (***). Q u a n t à la trigonométrie,
du a raisonnement n concernant la ,I mesure » des angles, qui est sans doute une
interpolation (cf. Vote Iiist. du Livre I I I , chap. v r ~ r ) ;) daris ces deux passages,
Euclide parait donc ètre entraîné par l'intuition au-delà de cc qii'autorisent ses
propres dCfiriitions. Scs successeurs sont encore bien moins scrupuleux, et
F'roclus, par exemple ive sibcle ap. J - C . ) n'hésite pas à énoncer le II théorème r
général donnant la somme des angles d'un polygone convexe ( ( I I I bis), t. 1,
p. 322).
(*) On ne peut gubre citer cornine exemples d'une telle notion que les
« projections » des cartographes et des dessinateurs; la projection stéréogra-
pliique ( 5 10, exerc. 1 4 ) castconnue d e I'tolCmke (et au xvie siècle on sait qu'elle
conserve les angles), et la projection centrale joue un d e de premier plan dans
I'muvre de Ilesargues ( V I ) ; mais il s'agit l i de correspondance entre I'espacc
tout entier (ou une surface) et un plan. lJne des propriétés de l'inversion, qiie
nous exprinions aujourd'hui en disant que le transformé d'un cerc,le est un
cercle ou une droite (cf. 10, exerc. 131, est connne en substance de Viéte, et
utilisée par lui dans des prohléines de construction de cerclcs ; rnais ni lui, ni
Fermat qui ktend srJs constructions aux sphères, n'ont l'idée d'introduire l'iri-
version commc une transformation du plan ou de l'espace.
e t avant le xvue siècle, on ne trouve pas trace non plus de la notion de
composition des mouvements, ni à plus forte raison de composition des
déplacements. Cela ne veut pas dire, bien entendu, que les Grecs n'aient
pas été particulièrement sensibles aux « régularités » et « symétries » des
figures, que nous rattachons maintenant à la notion de groupe des dépla-
cements ; leur théorie des polygones réguliers et plus encore celle des
polyèdres réguliers - un des chapitres les plus remarquablesde toute leur
mathématique - est là pour prouver le contraire (*).
Enfin. la dernière des contributions essentielles de la mathématiaue
grecque, dans le domaine qui nous concerne, est la théorie des coniques
(en ce qui concerne les quadriques, les Grecs ne connaissent que certaines
quadriques de révolution, et n'en poussent pas très loin l'étude, la sphère
exceptée). Il est intéressant de noter ici que, bien que les Grecs n'aient
jamais eu l'idée du principe fondamental de la géométrie analytique
(essentiellement faute d'une algèbre maniable), ils utilisaient couramment,
pour l'étude de « figures » particulières, les r ordonnées » par rapport Ci
deux (ou même plus de deux) axes dans le plan (en rapport étroit avec
la figure, ce qui est un des points fondamentaux OU leur méthode diffère
de celle de Fermat et Descartes, dont les axes sont fixés indépendamment
de la figure considérée). E n particulier, les premiers exemples de coniques
(autres-que le cercle) qui s'introduisent à propos du problème de la dipli-
cation du cube, sont les courbes données par les équations y2 = ax,
y = bx2, xy = c (Ménechme, élève d'Eudoxe, milieu du lve siècle) (**) ;
et c'est l'équation des coniques (d'ordinaire par rapport à deux axes
obliques formés d'un diamètre et de la tangente en un de ses points de
rencontre avec la courbe) qui est le plus souvent utilisée dans l'étude des
problèmes relatifs à ces courbes (alors que les propriétés « focales » ne
jouent qu'un rôle très effacé, contrairement à ce que pourraient faire
croire des traditions scolaires ne remontant au'au xlxe siècle). De cette
vaste théorie, il nous faut surtout retenir ici la notion de diamètres con-
jugués (déjà connue d'Archimède), et la propriété qui sert à présent de
définition à la polaire d'un point, donnée par Apollonius (IV) lorsque le
point est extérieur à la conique (la polaire étant donc pour lui la droite
joignant les points de contact des tangentes issues de ce point) ; de notre
point de vue, ce sont deux exemples d' « orthogonalité » par rapport à
une forme quadratique distincte de la forme métrique, mais bien entendu
le lien entre ces notions et la notion classique de perpendiculaires ne pou-
vait absolument pas être conçu à cette époque.
Il n'y a guère d'autre progrès à signaler avant Descartes et Fermat ;
mais dès les débuts de la géométrie analytique, la théorie algébrique des
(*) Voir là-dessus A. Speiser, Theorie der Gruppen von endlicher Ordnung,
Base1 (Birkhauser),40 &dit.,1956, où ontrouvera aussi d'intéressantes remarques
sur les rapports entre la théorie des groupes de déplacements et les divers types
d'ornements imaginés par les civilisations de l'antiquité et du moyen âge.
(**) Il semble que l'idée de considérer ces courbes comme sections planes
de cônes a base circulaire (due aussi à Ménechme) soit postérieure à leur défini-
tion au moyen des équations précédentes (cf. (IV), p. xvrr-xxx).
NOTE HISTORIQUE 189
formes quadratiques commence à se dégager de sa gangue géométrique :
Fermat sait qu'une équation d u second degré dans le plan représente
une conique ((VI1 a), p. 100-102) e t ébauche des idées analogues sur les
quadriques (VI1 6). Avec le développement de la géométrie analytique
à 2 et 3 dimensions a u cours du x v m e siècle apparaissent (surtout à pro-
pos des coniques et des quadriques) deux des problèmes centraux de la
ttikorie : la réduction d'une forme quadratique à une somme de carrés et
la recherche de ses « axes » par rapport à la forme métrique. Pour les
coniques, ces deux problèmes sont trop élémentaires pour susciter
d'importants progrès algébriques ; pour u n nombre quelconque de va-
riables, le premier est résolu par Lagrange en 1759, à propos des maxima
de fonctions de plusieurs variables ( I X a ) . Mais ce problème est presque
aussitôt éclipsé par celui de la recherche des axes, avant même que l'on
n'eut formulé l'invariance du rang (*) ; quant à la loi d'inertie, elle n'est
découverte qu'autour de 1850 par Jacobi ( X I X b), qui la démontre par le
méme raisonnement qu'à présent, e t Sylvester ( X X ) qui se borne à l'énon-
cer comme quasi-évidente (**).
Le problème de la réduction d'une quadrique à ses axes présente
déjà des difficultés algébriques sensiblement plus grandes que le pro-
blème analogue pour les coniques ; et Euler, qui est le premier à l'aborder,
n'est pas en é t a t de prouver la réalité des valeurs propres, qu'il admet
après une ébauche de justification sans valciir probante ((VIII u), p. 379-
392) (***). Si ce point est correctement établi vers 1800, il faut attendre
Cauchy pour démontrer le théorème correspondant pour les formes à
un nombre n quelconque de variables ( X I V h). C'est aussi Cauchy qui,
vers la même époque, démontre que l'équation caractéristique donnant
les valeurs propres est invariante par tout changeincnt d'axes rectangu-
laires ( ( X I V a ) , p. 252) (****) ; niais pour n = 2 ou n = 3, cette inva-
(*) Traitant d'un problbme indépendant, par sa nature, du choix des ases
de coordonnées, Lagrange ne pouvait nianquer d'observer que son procédk
présentait beaucoup d'arbitraire, mais il nianque encore des notions per-
mettant de préciser cettc idée : « A u rrste », dit-il, (1 pour ne pas se méprendre
dans ces rc,cherches, il faut remarquer que les transformées [en somme de carrés]
pourraier~tbien venir dij1c;rentes de celles que nous avons données ; nzais, en eza-
minant la chose de plus p r k , on troucwa infaillibleruent que, quelles qu'elles soient,
elles pourro~lt toujours se réduire Ù celles-ci, ou a u moins y être comprises [ ? ] )I
((IX a i , P 8).
(**) Gauss était parvcnu de son côté ce résultat, el le dcmontrait dans
ses cours sur la méthode des moindres carrés, au témoignage de Riemann, qui
suivit ces cours en 1846-47 (B. ltieniann, Gesamnzelte IYerke, Nochtrage, Leipzig
(l'eubner), 1902, p. 59).
(***) II est plus heureux dans la déterrniriation des axes principaux d'iner-
tie d'un solide : ayant ramené le problème à une iiquation du troisième degré,
il observe qu'une telle équation a au moins une racine récllc, donc qu'il y a au
moins un axe d'inertie ; prenant cet axe comme axe de coordonnées, il est
ensuite ramené an problèinc plan, de solution facile ((VIII O ) , p. 200-202).
(****) Il faut noter que, jusque vers 1930, on n'entend jamais par « forme
quadratique I), qu'un polynôme homogène du second degré par rapport aux
coordonnées prises relativement a un système d'axes donne. Il semble que ce soit
seulement la théorie de l'espacc de Hilbert qui ail conduit i une conccption (lin-
trinsèque » des formes quadratiques, merri(: dans les espaces dc dimension finie.
riance était intuitivement cc évidente )) en raison de l'interprétation géo-
métrique des valeurs propres au moyen des axes de la conique ou de la
quadrique correspondante. D'ailleurs, au cours des recherches à ce sujet,
les fonctions symétriques élémentaires des valeurs propres s'étaient
aussi présentées de façon naturelle (avec diverses interprétations géomé-
triques, en relation notamment avec les théorèmes d'Apollonius sur les
diamètres conjugués), e t en particulier le discriminant, qui (connu
de longue date pour n = 2 en liaison avec la théorie de l'équation du se-
cond degré) apparait pour la première fois pour n = 3 chez Euler ((VIII a)
p. 382) ; ce dernier le rencontre à propos de la classification des qua-
driques (en exprimant la condition pour qu'une quadrique n'ait psi de
point à l'infini) et n'en mentionne pas l'invariance vis-à-vis des cliange-
ments d'axes rectangulaires. Mais un peu plus tard, avec les débuts de la
théorie arithmétique des formes quadratiques à coeficients entiers, La-
grange note (pour n = 2) un cas particulier d'invariance du discriminant
par changement de variables linéaire mais non orthogonal ( ( I X b), p. 699),
e t Gauss établit, pour n = 3, la (( covariance )) du discriminant pour toute
transformation linéaire ( ( X I a), p. 301-302) (*). Une fois démontrée, par
Cauchy et Binet, la formule générale de multiplication des déterminants,
l'extension de la formule de Gauss à un nombre quelconque de variables
était immédiate ; c'est elle qui, vers 1845, va donner la première impul-
sion à la théorie générale des invariants.
Aux deux notions qui, chez les Grecs, tenaient lieu de la théorie des
déplacements - celle de mouvement et celle de (c symétrie )) d'une figure
-- vient s'en ajouter une troisième aux x v ~ r ee t x v m e siècles avec le
problème du changement d'axes rectangulaires, qui est substantiellement
équivalent à cette théorie. Euler consacre plusieurs travaux à cette ques-
tion, s'attachant surtout à obtenir des représentations paramétriques ma-
niables pour les formules du changement d'axes. On sait quel usage la
Mécanique devait faire des trois angles qu'il introduit à cet effet pour
n = 3 ((VIII a ) , p. 371-378). Mais il ne se borne pas là, envisage en 1770
le problème général des transformations orthogonales pour n quelconque,
remarque qu'on parvient ici au but en introduisant n(n - 1)/2 angles
comme paramètres, et enfin, pour n = 3 e t n = 4, donne pour les rota-
tions des représentations rat~onnelles(en fonction, respectivement, de
4 paramètres homogènes et de 8 paramètres homogènes liés par une rela-
tion), qui ne sont autres que celles obtenues plus tard au moyen de la
théorie des quaternions (cf. $ 9, exerc. 15 e t ICi), e t dont il n'indique pas
l'origine (VIII c ) (**).
(*) C'est aussi à propos de ces recherches que Gauss définit l'inverse d'une
forme quadratique ((XI a ) , p. 3 0 1 ) et obtient la condition de positivité d'une
telle forme ( 3 7 , no 1 , prop. 3) faisant intervenir une suite de mineurs principaux
du discriminant (ibid., p. 3 0 5 - 3 0 7 ) .
(**) Euler ne donne d'ailleurs pas la formule de composition des rotations
exprimée à l'aide de ces pararnétres ; pour n == 3, on ne la trouve pas avant une
note de Gauss (non publiée de son vivant (XI b ) ) et un travail d'Olinde Ro-
drigue~de 1840, qui retrouve la représentation paramétrique d'Euler, à peu
près tombée dans l'oubli à cette époque.
NOTE HISTORIQUE 191
D'autre part, Euler indique aussi comment traduire analytique-
ment la recherche des « symétries )) des figures planes, e t c'est à ce pro-
pos qu'il est amené à démontrer, en substance, qu'un déplacement plan
est une rotation, ou une translation, ou une translation suivie d'une
symétrie ( ( V I I I a), p. 197-199). L'essor de la Mécanique a cette époque
mène d'ailleurs à l'étude générale des déplacements ; mais tout d'abord
il n'est question que des déplacements « infiniment petits » tangents aux
mouvements continus : ce sont apparemment les seuls qui interviennent
dans les recherches de Torricelli. Roberval e t Descartes sur la c o m ~ o s i -
tion des mouvements e t le centre instantané de rotation pour les mouve-
ments plans (cf. Note hist. du Livre IV, chap. 1-11-111). Ce dernier est
défini de façon générale par Joliann Bernoulli ; d'Alembert en 1749,
Euler l'année suivante, étendent cette notion en démontrant l'existence
d'un axe instantané de rotation pour les mouvements laissant un point
fixe. Le théorème analogue pour les déplacements finis n'est énoncé qu'en
1775 par Euler (VIII d), dans un mémoire où il découvre en même temps
que le déterminant d'une rotation est égal à 1 ; l'année suivante, il dé-
montre l'existence d'un point fixe pour les similitudes planes (VIII e).
Mais il faudra attendre les travaux de Chasles, à partir de 1830 (XV a),
pour avoir enfin une théorie cohérente des déplacements finis et infini-
ment petits.
***
Nous arrivons ainsi à ce qu'on peut appeler l'àge d'or de la géomé-
trie, qui s'inst're grosso modo entre les dates de publication de la Géomé-
trze descrzpt~vede Monge (1795) ( X ) e t du « programme d'Erlangen » de
F. Klein (1872) ( X X V b). Les progrès essentiels que nous devons à ce
brusque renouveau de la géométrie sont les suivants :
A) L a notion d'élément à l'infini (point, droite ou plan), introduite
p a r Desargues au x . 1 1 1siRcle
~ (VI), mais qui ne se manifeste guère a u
x v m e siècle que comme abus de langage, est réhabilitée et systématique-
ment utilisée par Poncelet ( X I I ) qui fait ainsi de l'espace projectif le
cadre général de tous les phénomènes géométriques.
B) E n même temps, avec Monge, et surtout Poncelet, s'effectue le
passage à la géométrie projective complexe. L a notion de point imagi-
naire, sporadiqiieinent iitilisre ail cours du XI me siècle, est ici exploitée
(concurreniineiit avec celle de poiiit à l'infini) pour donner des énoncés
independants des « cas de figure » de la géoniétrie affine réelle. Si tout
d'abord les justifications apportées à l'appiii de ces innovations restent
fort embarrassées (siirtout de la part des tenants de l'école de géométrie
« syntliétique », oii l'emploi des coordonnées en arrive à Ctre regardé
comme une soiiilliire), on ne salirait manquer de recoriiiaitre là, sous le
nom de « principe des relations contingentes » chez hlonge, ou de « principe
de continuité » cticz Poncelet, le premier germe de l'idée de spécialisa-
((
(*) Ces principes » se justifient bien entendu (coninic l'avait déjà reinarqué
((
(*) Par exemple, les premiers membres des équations dcs trois Iiauteurs
d'un triangle sont des covariants des trois sommets du trianglc pour lc groupe
des similitudes, et le théoreme afirmant que ces trois hnutcurs ont un point
commun équivaut à dire que les trois covariants en question sont linkairement
dépendants.
(**) Nous n'avons pas ici à faire l'histoire de ces deux disciplines ni à exami-
ner en détail l'influence du « progrcmme d'Erlangen » sur leur dkveloppement
quement e t perd tout son éclat. Déjà la généralisation des méthodes fon-
dées sur l'usage des transformations avait rendu quelque peu mécanique
la formation de nouveaux théorèmes : « Auiourd'hui ». dit Chasles e n
1837 dans son Aperçu historique, « chacun peut se présenter, prendre une
vérité quelconque connue, et la soumettre aux divers principes généraux de
transformation ;il en retirera d'autres vérités, diflérentes ou plus générales ;
et celles-ci seront susceptibles de pareilles opérations ;de sorte qu'on pourra
multiplier, presque à l'infini, le nombre des vérités nouvelles déduites de la
première ... Peut donc qui voudra, dans l'état actuel de la science, généraliser
et créer en Géométrie ; le génie n'est plus indispensable pour ajouter une
pierre à l'édifice )) ((XV 6 ) , p. 268-269). Mais la situation devient bien
Plus nette avec les progrès de la théorie des invariants, qui parvient
enfin (tout a u moins pour les groupes « classiques 1)) à formuler des mé-
thodes générales permettant en principe d'écrire tous les covariants algé-
briques e t toutes leurs « syzygies » de façon purement automatique ; vic-
toire qui, d u même coup, marque la mort, comme champ de recherches,
d e la théorie classique des invariants elle-même, et de la géométrie K élé-
mentaire »,qui en est devenue pratiquement un simple dictionnaire.
Sans doute, rien ne permet de prévoir a priori, parmi l'infinité de « théo-
rèmes » que l'on peut ainsi dérouler à volonté, quels seront ceux dont
l'énoncé, dans un langage géométrique approprié, aura une simplicité et
une élégance comparables aux résultats classiques et il reste là un domaine
restreint où continuent à s'exercer avec bonheur de nombreus aniateurs
(géométrie du triangle, du tétraèdre, des courbes e t surfaces algébriques
de bas degré, etc.). Mais pour le mathématicien professionnel, la mine
est tarie, puisqu'il n'y a plus là de problèmes de structure, susceptibles
de retentir sur d'autres parties des mathématiques; et ce chapitre de la
théorie des groupes et des invariants peut être considéré comme clos
jusqu'à nouvel ordre. (*)
(*) Pour plus de détails sur ces questions, voir J. Dieudonné, La géométrie
des groupes classiques (Erg. der Math., Neue Folge, Heft 5, Berlin-Gottingen-
Heidelberg (Springer), 1955).
NOTE HISTORIQUE 199
conserver telle quelle la terminologie qui, dans le cas des espaces A 2 et
3 dimensions, provenait de la géométrie classique, et de l'étendre au cas
n-dimensionnel et même aux espaces de dimension infinie. Dépassée en
tant que science autonome et vivante, la géométrie classique s'est ainsi
transfigurée en un langage universel de la mathématique contemporaine,
d'une souplesse et d'une commodité incomparables.
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I N D E X D E S NOTATIONS
CHAPITRE 1 X . - F o r ~ t ~ esesquilinéaires
s et formes qundraiiques . . . . . . . . 3
§ 1. Formes sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1 . Applications bilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 . Applications sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3 . Orthogonalité . Sommes directes d'applications bilinéaires ou
sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4 . Changement d'anneaux de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1::
5. Quelques identités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6. Formes bilinéaires et sesquilinéaires . Rang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
7 . Forme inverse d'une forme bilinéaire ou sesquilinbaire . . . . . . . . . 23
8. Adjoint d'un homomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
9. Produits tensoriels et puissances extérieures de formes sesqui-
linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
10. Calculs matriciels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
5 2 . Discriminant d'une forme sesquilinéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3 3 . Formes hermitiennes et formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i!)
1. Formes hermitiennes et ~.herinitiennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2 . Modules sur une exlension quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ): 1
3 . Formes bilinéaires associ6es à une forme Iierrnitieniie . . . . . . . . . . ).. 2
4 . Formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5;
3 4 . Sous-espaces totalement isotropes. T1iC.orèine de \Vitt . . . . . . . . . . . . ti.!
1 . Sous-espaces isotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (i1
2 . Décomposition de \Vit1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . titi
3 . Théorénie de Witt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3 5. Propriétés spéciales aux fornies bilinéaires alternées . . . . . . . . . . . . . . 79
1. Réduction des formes bilinéaires alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ;9
2 . Pfaffien d'une matrice alternée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . $4
-
3 . Groupe symplectique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . X't
3 6 . Propriétés spéciales aux formes Iierniitiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . !)O
1. Bases orthogonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . !)O
2 . Groupe unitaire et groupe orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Yb.!
3 . Projecteurs orthogonaux e t involutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '35
4 . Symétries dans le groupe orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5. Groupe des similitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
6 . Gbométrie hcrmitienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
$ 7 . Formes herinitieniies et corps ordonnCs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ili
1 . Formes herniitieiines positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 .l
2 . La loi d'inerlie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3 . Itkiuction
.. d'une foriiic l);lr ral)lwrl .. ii iiiie I'oriiic Iicriiiilic~iiiic~
positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3 8. Types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
1 . Types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
2 . Groupe des types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
3 . Anneau des types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
$ 9. AlgBbresdeClifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
.
1 Définition e t propriété universelle de l'algèbre de Clifford . . . . . . 139
2 . Quelques opérations dans l'algèbre tensorielle . . . . . . . . . . . . . . . . 141
3 . Base de l'algèbre de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4 . Structure de l'algèbre de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5. Groupe de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
10 . Angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
1 . Similitudes directes dans un plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
2 . Trigonométrie plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
3 . Angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4 . Secteurs angulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Notehistorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Indexdes notations .............................................. 202
Index terminologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Définitions du chapitre I X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dèplian t
soient A un anneau, 6 -+ 6 un antiautomorphisme involutif de A, e s t - à -
dire une- -bijection
-- de A sur lui-même telle que (6 q) = 6 ++ 6,
kg) = -ri.%,5 = 5 quels que soient 5,q dans A. Une forme sesquilinéaire
sur un A-module à gauche E est une application de E x E dans A
telle que