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N.

BOURBAKI
ÉLÉMENTS DE
MATHÉMATIQUE
N. BOURBAKI

ÉLÉMENTS DE
MATHÉMATIQUE

ALGÈBRE

Chapitre 9

123
Réimpression inchangée de l’édition originale de 1959
© Hermann, Paris, 1959
© N. Bourbaki, 1981

© N. Bourbaki et Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2007

ISBN-10 3-540-35338-0 Springer Berlin Heidelberg New York


ISBN-13 978-3-540-35338-6 Springer Berlin Heidelberg New York

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CHAPITRE I X

FORMES SESQUILINÉAIRES

E T FORMES Q U A D R A T I Q U E S

Sauf mention expresse du contraire, tous les anneaux considé-


rés dans ce chapitre sont supposés admettre u n élément unité noté 1 ;
tous les modules sont supposés unitaires ;pour tout homomorphisme
f d'un anneau A dans un anneau B on suppose que f(1) = 1.

SJ 1. Formes sesquilinéaires

1. Applications bilinéaires.
Dans ce no l'on désigne par A et B deux anneaux, par E u n
A-module à gauche, par F u n B-module à droite, et par G u n
( A , B)-bimodule, c'est-à-dire u n groupe commutatif muni d'une
structure de A-module à gauche et d'une structure de B-module à
droite telles que l'on ait (ag)b = a(gb) quels que soient a = A,
~ E B~ , E G .

D É F I N I T I O1.N-On dit qu'une application @ du produit E x F


dans G est bilinéaire si elle satisfait aux conditions suivantes :
(1) @(x + x', Y ) = @ ( x ,Y ) + Y)@@',
quels que soient x E E , x' E E, y E F ;
(2) @ ( x ,Y + Y ' ) = @ ( x ,Y ) + @ ( x ,Y')
quels que soient x E E , y E F, y' E F ;
(3) @ (ax, y ) = a@(2,y ) quels que soient a E A, x E E , y E F ;
(4) @ ( x ,yb) = @ ( x ,y) b quels que soient x E E , y E F, b E B.
Le produit tensoriel E @, F est canoniquement muni d'une
structure de (A, B)-bimodule caractérisée par a(x 8 y)b = ax @ y b
(Chap. III, 2e éd., App. II, no 3), et la donnée d'une application
bilinéaire @ de E x F dans G équivaut à celle d'une application
Y de E @,F dans G qui soit un homomorphisme pour les struc-
tures de (A, B)-bimodules et qui vérifie Y(x@y) = @(x,y) quels
que soient z E E et y E F.

Les conditions imposées à @ par la définition 1 signifient que


les applications partielles &(y) : x -+@(x,y) et sa (x) : y + @(x,y)
sont respectivement une application A-linéaire de E dans G et une
application B-linéaire de F dans G. Munissons le groupe commutatif
içA(E,G) (resp. i$(F, G)) de la structure de B-module à droite (resp.
de A-module à gauche) définie par ub(x) = u(x) . b (u E !&(E, G),
X E E , ~ E B (resp.
) ao(y) = a.v(y) ( a = A , u ~ c $ ( F G
, ), ~ E F ) ) .
Alors les conditions (1)à (4) sont respectivement équivalentes a :

quels que soient x, x' dans E, y, y' dans F, a E A, b E B ; autrement


dit, l'application de F dans %*(E,G) est B-linéaire, et l'appli-
cation sa, de E dans Y,(F, G) est A-linéaire. On a, par définition
(5) @ (x, y) = d, (y)(x) = s,, (x)(y) quels que soient x E E, y E F.
DEFINITION 2. - Etant donnée une application bilinéaire @
de E x F dans G, l'application da de F dans gA(E,G) (resp.
l'application sa, de E dans YB(F,G)) caractérisée par ( 5 ) est appelée
l'application linéaire associée à droite (resp. à gauche) à @.

Inversement la donnée d'une application B-linéaire d de F


dans %,(E, G) (resp. d'une application A-linéaire s de E dans
if,(F, G)) détermine de façon unique, par la formule
@(x,y) = d(y)( 4 (resp. @(x,y) = s(x)(y))
une application bilinéaire @ de E x F dans G, dont d (resp. s)
est l'application linéaire associée à droite (resp. à gauche).
DÉFINITION 3. - Une application bilinéaire @ de E x F dans
G est dite dégénérée à droite (resp. à gauche) s'il existe un élément
non nul y, de F (resp. xo de E ) tel que @(x,yo) = O pour tout x E E
(resp. @(x,, y) = O pour tout y E F). On dit que <D est dégénérée s i
elle est dégénérée à droite ou si elle est dégénérée à gauche.

Pour que @ soit non dégénérée à droite (resp. à gauche) il


faut et il suffit que l'application linéaire associée à droite (resp.
à gauche) à @ soit injective ; dire que @ est non dégénérée signifie
donc que les applications linéaires associées da et s~ sont toutes
deux injectives.

Soient (ei)ieI et (fk)kEKdeux familles d'éléments de E et


F, et soient (a&* et (b,),,, deux familles d'éléments de A et
B nuls à l'exception d'un nombre fini d'entre eux. Il résulte des
égalités (1) à (4)' par récurrence sur le nombre des coefficients non
nuls, que l'on a

Si (ei) et (fk) sont des systèmes de générateurs des modules


E et F, <D est donc complètement déterminée par les éléments
gik = @(ei,fk). Si (ei) et (fk) sont des bases de E et F et que l'on se
donne des éléments gik de G ( i E 1, k E K), alors la formule

définit une application de E x F dans G, qui est bilinéaire et qui


vérifie @(ei,fr) = gik. Lorsque (ei) et (fk) sont des bases finies,
on dit que (@(et,fk))est la matrice de <D par rapport à ces bases.

Les applications bilinéaires de E x F dans G forment évi-


demment un sous-groupe du groupe additif des applications de
E x F dans G. D'autre part soit a (resp. b) un élément du centre
de A (resp. B) ; alors l'application a@b de E x F dans G définie
par (aab)(x, y) = a.<D(x,y). b est bilinéaire. L'ensemble des appli-
cations bilinéaires de E x F dans G est ainsi muni d'une struc-
ture de bimodule sur les centres de A et B.
Soient E' (resp. Fi) un A-module a gauche (resp. un B-module
à droite), u (resp. v) un homomorphisme de E dans E' (resp. de F
dans F') et 0' une application bilinéaire de E ' x Fr dans G. On
appelle image réciproque de O' (relativement a u e t v) l'applica-
tion bilinéaire <i de E x F dans G définie par

On vérifie aisément que l'on a

quels que soient x E E, y E F.

Soient O une application bilinéaire de E x F dans G, e t h


un homomorphisme (pour les structures de (A, B)-bimodules) de
G dans un autre (A, B)-bimodule Gr. Alors h o 0 est une applica-
tion bilinéaire de E x F dans Gr.

2 , Applications sesquilinéaires.

Dans ce no l'on désigne, sauf mention expresse du contraire,


par A et B deux anneaux, par E un A-module a gauche et par F
un B-module à gauche ; l'on désigne par b --t bJ (b E B) un antiauto-
morphisme de B, c'est-à-dire une bijection de B sur lui-même qui
+
vérifie (b c ) = +
~ bJ cJ et (bc)J = cJbJ quels que soient b, c dans
B ; on écrira J' au lieu de J-l. On désigne par G un (A, p)-
bimodule (no 1).

DÉFINITION 4. - On dit qu'une application @ de E x F dans


G est sesquilinéaire a droite pour J si elle satisfait aux conditions
( l ) , (2), (3) (déf. 1, no 1) ainsi qu'à
(7) @(x, by) = @(x,y). bJ quels que soient x E E, y E F et b E B.

Si J est l'identité (ce qui exige que B soit commutatif), on


retrouve la notion d'application bilinéaire.
Soient (ei)iEI et (f,),,, deux familles d'éléments de E et F,
et soient (ai)iEI et (bk)kEKdes éléments de A et B nuls à l'ex-
ception d'un nombre fini d'entre eux. On a alors
Comme dans le cas d'une application bilinéaire, les éléments
@(ei, fk) déterminent @ de façon unique lorsque (ei) e t (fk)sont des
systèmes de générateurs, e t peuvent être pris arbitrairement
lorsque (ei) et (fk) sont des bases de E e t F ; lorsque (ei) et (fk)
sont des bases finies, on dit que (@(ei,fE))est la matrice de @ par
rapport à ces bases.
Comme pour les applications bilinéaires, on définit sur l'en-
semble des applications sesquilinéaires à droite (pour J ) de E x F
dans G une structure de birnodule sur les centres de A e t B. On
définit la notion d'image réciproque d'une application sesquili-
néaire par la même formule que pour une application bilinéaire.
Nous allons d u reste voir que l'étude des applications sesquili-
néaires peut se ramener à celle des applications bilinéaires.

DÉFINITION 5. - Soient B un anneau, F un B-module à gauche


(resp. à droite) et J un antiautomorphisme de B. On désigne p a r FJ
le B-module a droite (resp. à gauche) ayant même groupe additif
sous-jacent que F et dans lequel la loi de composition externe est
(b, y) -t bJ'y (resp. (b, y) -+ ybJ') (b E B, y € F , J ' = J-l).

Avec les notations de la définition 5, une application linéaire


de FJ dans un B-module à droite (resp. à gauche) H s'identifie
donc à une application Z-linéaire u de F dans H vérifiant
u(by) = u(y)bJ (resp. u(yb) = bJu(y)) ( b E B, y E F).

L'application u de F dans H est une application semi-linéaire


de F dans H relative à J (chap. II, App. 1, no 1)' si l'on considére
3 comme un isomorphisme de l'anneau Bo opposé de B sur B, et
F comme un Bo-module à droite (resp. à gauche).

De même une application sesquilinéaire à droite @ (pour J )


d e E x F dans G , où F est un B-module à gauche, s'identifie à
une application bilinéaire de E x F3 dans G ; si cette dernière est
dégénérée à droite (resp. dégénérée à gauche, non dégénérée), on dit
que @ est dégénérée à droite (resp. dégénérée à gauche, non dégénérée).

Remarque. - Soient A et B deux anneaux, JI un antiauto-


morphisme de A, M un A-module à droite, N un B-module à droite
et G un (A, B)-bimodule. On dit qu'une application @ de M x N
dans G est sesquilinéaire à gauche pour J, si elle est Z-bilinéaire et
si elle vérifie
(9) @(xa,yb) = aJl@(x,y) b (x E M, y E N, a E A, b E B).
Une telle application s'identifie à une application bilinéaire
de MJ1 x N dans G. Nous laisserons souvent au lecteur le soin de
transposer aux applications sesquilinéaires à gauche les défini-
tions et propriétés données pour les applications sesquilinéaires à
droite ; lorsque nous parlerons d'application sesquilinéaire (sans
préciser), il s'agira d'une application sesquilinéaire à droite.

3. Orthogonalité. Sommes directes d'applications bili-


néaires cru sesquilinéaires.

Dans ce no , A et B désignent des anneaux, E un A-module à


gauche, F un B-module à droite (resp. à gauche), G un (A, B)-
bimodule, et @ une application bilinéaire (resp. sesquilinéaire
pour un antiautomorphisme donné J de B) de E x F dans G.

DÉFINITION 6. - Deux éléments z E E et y E F sont dits ortho-


gonaux par rapport à @ s i @(z,y) = O. Deux parties E r c E et F r c F
sont dites orthogonales si, quels que soient x E E' et y E F r , x et y sont
orthogonauz. L'ensemble des éléments de E (resp. F ) orthogonaux
à un sous-module donné N de F (resp. M de E ) est un sous-module
de E (resp. F), qu'on appelle le sous-module totalement orthogonal
(ou simplement orthogonal) à N (resp. M), et qu'on note No (resp. Mo).

Soient H et H' deux sous-modules de E ou de F. On a


H c (HO)O(que l'on note Hm) ; si H c H', on a HrO3 Ho. Il en résulte
que l'on a Ho3 (Hm)O et H o c (Ho)m; en posant

on a donc HO = HOo0.

Pour que l'application @ soit dégénérée (no 1, déf. 3) il faut et


il sufit que l'un au moins des deux sous-modules EO,Fo soit f {O].
Il est clair que @(z,y) ne change pas lorsqu'on ajoute à x (resp. y)
un élément de F0 (resp. EO), et @ définit donc par passage au
quotient une application bilinéaire (ou sesquilinéaire) sur
(E/FO) x (FIE0) ; celle-ci est visiblement non dégénérée ; on
l'appelle l'application bilinéaire (ou sesquilinéaire) non dégénérée
associée à @.

Soient (E&,, une famille de A-modules a gauche, (Fi)iEI


une famille de B-modules à droite (resp. a gauche), mi une appli-
cation bilinéaire (resp. sesquilinéaire à droite pour J) de Ei x Fi
dans G. Notons E (resp. F) le module somme directe des Ei (resp. Fi).
On voit aussitôt que l'application @ de E x F dans G définie par

(somme qui a un sens puisque ses termes sont nuls a l'exception


d'un nombre fini d'entre eux) est bilinéaire (resp. sesquiiinéaire
à droite pour J). On l'appelle la somme directe des applications mi.
II est clair que Ei est orthogonal à Fi par rapport à cf, pour i f j.
Réciproquement, soit Q1 une application bilinéaire ou sesquili-
néaire de E x F dans G, et supposons que E soit somme directe de
sous-modules (Ei)$,, et F somme directe de sous-modules
tels que Ei soit orthogonal à Fi pour i f j ; alors @ est la somme
directe de ses restrictions aux produits Ei x Fi (i E 1).
Pour que @ soit non dégénérée, il faut et il sufit que chacune
des Qi le soit ; dans ces conditions, le sous-module orthogonal a
Ei est C Fi.
i #i

4. Changement d'anneaux de base.


Dans ce no, l'on désigne par A, B, A', Br quatre anneaux,
par h et h' des homomorphismes de A dans A' et de B dans B'
respectivement, par G un (A, B)-bimodule, par G' un (A', Br)-
bimodule, et par u un homomorphisme du groupe abélien sous-
jacent à G dans le groupe abélien sous-jacent a Gr, vérifiant
(11) u(agb) = h(a)u(g)h'(b) (a E A, g E G, b E B).
Soit E (resp. F ) un A-module à gauche (resp. un B-module à
droite). Rappelons (Chap. I I I , 2 e éd., App. I I , no 10) que, si l'on
considère A' (resp. B') comme un A-module à droite (resp. B-
module A gauche), le produit tensoriel E' = A' €3, E (resp.
F' = F 8,Br) est muni d'une structure de A'-module à gauche
(resp. Br-module à droite) définie par
(12) a;(al 63 x) = (aia') 63 x (a', a; E A', x E E )
(resp. (y 63 b') b; = y 63 (b'b;) (b', b; E B', y E F)).

PROPOSITION
1. - Soient E un A-module à gauche et F un B-
module à droite ; posons E' = A' 63, E et F' = F @, B'. Pour toute
application bilinéaire de E x F dans G, il existe une application
bilinéaire @' et une seule de E r x F' dans G' telle que l'on ait
(13) @'(a1€3 x, y €3 b') = a'. u(@(x,y)). b'
quels que soient a' E A', b' E B', x E E, y E F.
L'unicité de a' résulte du fait que les éléments a' 63x et y 63 b'
engendrent E r et F' respectivement. Pour en démontrer l'existence,
considérons l'application
m : (a', x, y, 6') -+ a'. u(<D(z,y)). b'

de A' x E x F x B' dans G ; elle est évidemment Z-multilinéaire,


et elle vérifie
m(al, ax, y, b') = m(alh(a),x, y, b')
et m(ai, x, yb, b') = m(a', x, y, hl(b)b')
( ~ E Ab,e B , a 1 = A ' , ~ ' E B ' , x E E , ~ E F ) .
Il existe donc une application Z-bilinéaire 0' de E r x F' dans
Gr vérifiant (13) (Chap. III, 2e éd., App. I I , no 1, prop. 2). Cette
relation et la définition des structures de modules de E r et F' par
(12) montrent que a' est bilinéaire, ce qui termine la démonstra-
tion.

Les hypothèses et notations étant celles de la proposition 1,


étudions maintenant les applications linéaires associées à @ et à
a' (no 1, déf. 2). Pour cela nous allons d'abord définir un homo-
morphisme canonique de !fA(E,G) dans YA,(E1,Gr). Pour tout
v E YA(E,G) l'application (a', x) + a'. u(v(x)) de A' x E dans Gr
est Z-bilinéaire, et, vu (il),applique (alh(a),x) et (a', ax) (a E A)
sur le même élément de G' ; elle définit donc (chap. III, 2'3 éd.,
App. II, nos 1 et 10) une application k(v) de E' = A'@, E
dans G' telle que k(v)(al@ x ) = a'. u(v(x)), et qui, vu (12),
est A'-linéaire. En outre l'on déduit immédiatement de (12)
que l'application v -+ k(v) de !lA(E,G) dans %'(Et, G') vérifie
k(vb) = k(v)hl(b) pour tout b E B. Notons i l'application cano-
nique y -+ y @ 1 de F dans F'. Alors le diagramme
d+
F VA(E, G)

-
-+
(14) li
F'
da. 1x
Y,,(E1, G')
(où da et da* désignent les applications linéaires associées à droite
à @ et a') est commutatif. En effet, pour x E E, y E F et a' E A', on a
d@,(i(y))( a l @ x )= @'(a'@x, y @ 1)= a'. u(@(x,y)) = a'. u(d+(y)(x)),
c'est-à-dire d+/(i(y))(a' @ x) = k(d+(y))(a' @ x). On a une relation
de commutation analogue pour les applications linéaires sa et sa.
associées à gauche à @ et W.

PROPOSITION 2. - Supposons que B et B' soient munis d'anti-


automorphismes J et 1 tels que
(15) h'(bJ) = hl(b)' pour tout b E B.
Soient E un A-module à gauche et F un B-module à gauche ;
posons E' = A' 63, E et F' = B' @, F. Pour toute application ses-
quilinéaire (pour J ) à> de E x F dans G, il existe une application
sesquilinéaire (pour 1) <D' et une seule de E' x F' dans G' telle que
(16) @'(a1@ x, b' @ y) = a'. u(<D(x,y)). O"
quels que soient a' E A', b' E B', x E E, y E F.
L'unicité de @' résulte du fait que 'les produits tensoriels
a l @ x et b'@ y engendrent E' et F' respectivement. Pour en
établir l'existence, considérons l'application
m : (a, x, b', y) -+ a'. u(<D(x,y)). b"
de A' x E x B' x F dans G'. Elle est évidemment Z-multili-
néaire, et, compte tenu de (11) et (15), vérifie m(al, ax, b', y) =
m(alh(a), x, b', y) et m(a1, x, b', by) = a' . u(@(x,y)) . h'(bJ)D" =
m(al, x, b'hl(b), y) (a E A, b E B, a' E A', b' E B', z E E, y E F). Il
existe donc une application Z-bilinéaire @' de E' x F' dans G'
vérifiant (16) (chap. I I I , 2e éd., App. II, no 1, prop. 2). Cette rela-
tion, ainsi que la définition des structures de modules de E r et Fr
par (12), montrent, compte tenu de (15), que @' est sesquilinéaire
pour 1, ce qui achève la démonstration.

Les exemples les plus importants de (A', Br)-bimodules Gr,


munis d'applications Z-linéaires u de G dans Gr vérifiant ( i l ) ,
sont les suivants :
1) On prend pour G' le produit tensoriel A' @, G @, Br (chap.
I I I , 2e éd., App. II, no 9) et pour u l'application
g -t 1@g@i (g E G)
de G dans Gr. Le couple (Gr, u) ainsi défini est visiblement universel
dans le Sens suivant : pour tout (A', Br)-bimodule G; et toute appli-
cation Z-linéaire u, de G dans Gi vérifiant l'analogue de ( i l ) , il
existe une application Z-linéaire f e t une seule de Gr dans G; telle
que f(arg'b') = arf(g')b' (a' E A', g' E Gr, b' E Br ; autrement dit f
est un homomorphisme pour les structures de bimodules de Gr et
Gi) e t que u, = f u.
0

2) Lorsque A = B = G (la structure de (A, A)-bimodule de


A étant définie par les homothéties à gauche et à droite), A' = Br,
et h = h' on peut prendre pour Gr l'anneau A' et pour u l'homo-
morphisme h de A dans A'.
3) Supposons que l'on ait A =B, A' = Br, h = h', que les
anneaux A et A ' soient commutatifs, et que la structure de A-mo-
dule à gauche de G coincide avec sa structure de A-module à droite.
On peut alors prendre pour G' le produit tensoriel A'@, G (la
structure de Ar-module à droite de G' coïncidant avec sa struc-
ture de A'-module Agauche) et pour ul'application g --+ 1-8g (g E G)
de G dans Gr. Nous dirons alors que l'application bilinéaire (resp.
sesquilinéaire) @' définie par la prop. 1 (resp. prop. 2) est obtcnue
à partir de @ par extension de l'anneau de base, ou par extension des
scalaires.

Ce qui suit est valable aussi bien pour les applications bili-
néaires que pour les applications sesquilinéaires ; les liypotliéses et
notations sont celles de la prop. 1 (resp. prop. 2). É t a n t donné
un sous-module M de E ou F, on désignera par M' le sous-module
de E' ou F' engendré par l'image canonique de M.

PROPOSITION 3. - Les hypothèses et notations étant celles de la


prop. 1 (resp. prop. 2) supposons de plus que A, B, A', B' soient
des corps et que les applications a et p de A' €3, G et G @, Br dans G'
caractérisées par a(alC3 g) = alu(g) et p(g €3 b') = u(g)b' (a' E A',
b' E B', g E G) soient injectives. Soient M un sous-espace de E et
N un sous-espace de F. Alors le sous-espace (M1)Ode F' orthogonal à
M' par rapport à 0'est égal à (Mo)',et, de même, on a (N1)O= (No)'.
En effet les inclusions (Mo)'c (M1)O et (No)'c (N1)O sont évi-
dentes (et d'ailleurs vraies sans hypothèses sur A, B, A', Br, a ni P).
Nous allons démontrer l'inclusion (Mr)Oc (Mo)' ; nous laissons au
lecteur la vérification de l'inclusion (N')Oc (No)', qui est tout à
fait analogue. Soit y' un élément de (M')O. On peut écrire
8 s
y' = Z yt @ bi (resp. y' = X b: @ yi)
i-1 i=l

<
où yi E F (1\< i s), et où les bi' sont des éléments de B' qui sont
linéairement indépendants sur B pour la structure de B-module à
gauche (resp. à droite) de Br. Soient x E M et x' = 1€3 x E M'. On a
O = @'(sr,y') = Z u(<D(x,yi))b: = p(ZcD(x, yi) €3 bi')
i i

(resp. O = W(xl, y') = Z u(@(x,yi))bil = p(X<D(x,yi) @ btl).


i i

Comme p est injective et que les b: (resp. les b:', compte tenu
de (15)) sont linéairement indépendants sur B pour la structure
de B-module à gauche de B', ceci entraîne a>ix, yi) = O pour
i = 1,. . .,S. Comme cette dernière relation est vraie pour tout
x E M, on a yi E MO pour i = 1,. . .,S, d'où y' E (Mo)'. CQFD.

COROLLAIRE. - Les hypothèses et notations étant celles de la


prop. 3, pour que @' soit non dégénérée, il faut et il suffit que @ soit
non dégénérée.
En effet, d'après la prop. 3, on a (F')O = (FO)'et (E1)O= (EO)'.
D'autre part, pour que cD (resp. W)soit non dégénérée, il faut et il
,
suffit que l'on ait FO = E0 = f O \ (resp. (F1)O= (E1)O= { 0 1).
Bourbaki XXIV. 2
Remarque. - Supposons que A, B, A' et Br soient des corps.
Alors, pour les bimodules G' définis dans les trois exemples ci-
dessus, les applications a et P sont injectives, comme il résulte
aussitôt du chap. III, 2e éd., App. II, no 6.

5. Quelques identités.
Dans ce no, l'on désigne par A un anneau muni d'un anti-
automorphisme J , par E un A-module à gauche, par G un (A, A)-
bimodule, et par @ une application sesquilinéaire (à droite) pour
J de E x E dans G. On pose Q(x) = @(x,x) (x E E). On a évi-
demment
(17) Q(x+ Y) = Q(4+ @(x,Y) + @(Y,4 + Q(Y)
(18) Q(x Y)- Q(4- @(x,Y) - @(Y, 4 + Q(Y)
=
quels que soient x, y dans E. D'OU,par soustraction,
(19) a(@($,Y) + @(Y,4) = Q(x + Y) - Q(x - Y).
Soit a un élément de A ; en remplaçant y par ay dans (19))il vient

Supposons en particulier que A soit une extension quadra-


tique K(i) d'un anneau commutatif K, avec i2 = - 1 (chap. II,
$ 7, no 7)) que J soit le K-automorphisme' u + i v + u - iv
(u, v dans K) de A, et que les structures de A-module à gauche et
de A-module à droite de G coïncident. En faisant a = i dans (21),
on obtient
(22) 4@(x7Y) = Q(x + Y) - Q(x - y) + iQ(x + iy) - iQ(x - iy).
6. Formes bilinéaires et sesquilinéaires. Rang.
Dans ce no, l'on désigne par A un anneau (resp. un anneau
muni d'un antiautomorphisme J), par E un A-module à gauche,
et par F un A-module a droite (resp. à gauche). On munit A de la
structure de (A, A)-bimodule définie par les homothéties à gauche
et les homothéties à droite. Dans ce cas une application bilinéaire
(resp. sesquilinéaire à droite pour J) de E x F dans le bimodule A
s'appelle une forme b i h é a i r e (resp. sesquilinéaire à droite pour J )
sur E x F.
Lorsque E = F (ce qui implique qu'il s'agit d'une forme sesqui-
linéaire), on dit souvent qu'une forme sesquilinéaire sur E x F est
une forme sesquilinéaire sur E.

Étant donnés deux A-modules à gauche E et Er, et deux


formes et @' sesquilinéaires pour J sur E et E' respectivement,
on dit que @ et @' sont équivalentes s'il existe un isomorphisme u
du A-module E sur le A-module E' tel que al(u(x),u(y)) = @(z,y)
quels que soient z, y dans E ; alors @ est l'image réciproque de @'
relativement à u et u, et @' est l'image réciproque de relativement
à u-l et u-l (no 2).

Soit @ une forme bilinéaire sur E x F ( F désignant un A-


module à droite). Les applications linéaires s+ et d+ associées à @
(no 1, déf. 2) sont alors des applications de E dans le dual F* de
F, et de F dans le dual E* de E.
On a donc par définition

Nous allons maintenant définir les applications linéaires asso-


ciées à une forme sesquilinéaire. Soient J un antiautomorphisme
de A et @ une forme sesquilinéaire (à dro'ite) pour J sur E x F
( F désignant un A-module à gauche) ; posons J' = J-l. L'applica-
tion @' de F x E dans A définie par

est, comme on le voit facilement, une forme sesquilinéaire (à droite)


pour J' sur F x E. D'après le no 2 (déf. 5) les formes sesquili-
néaires @ et @' s'identifient respectivement à des formes bili-
néaires sur E x FJ et sur F x EJ'. Les applications d+ et d+,
associées à ces dernières sont appelées les applications associées à
droite et à gauche à la forme sesquilinéaire iD, et sont notées da
e t sa. On a donc, par définition :
(24) @(x,Y) = ( 4 d@(Y))= (Y, s * ( q (x E , Y FI-
Ainsi da (resp. S*) est une application linéaire de FJ dans E*
(resp. de EJ' dans F*), ou encore une application semi-linéaire
de F dans E* (resp. de E dans F*) relative à J (resp. J') si l'on
considère J (resp. J') comme un isomorphisme de l'anneau A0
(opposé de A) sur A, et F (resp. E) comme un Ao-module à droite.
La formule (24) et la déf. 6 du no 3 entraînent aussitôt que
pour tout sous-module N de F (re-sp. M de E), on a
-1 -1
(25) No = s4,(N1) (resp. Mo = d,p(Mf))
où N' (resp. M') est le sous-module du dual F* de F (resp. du dual
E* de E ) orthogonal à N (resp. M) (chap. II, § 4, no 2).

4. - Supposons que A soit un corps, et soit


PROPOSITION @
une forme bilinéaire (resp. sesquilinéaire pour J ) sur E x F ;
pour que E/FO soit de dimension finie, il faut et il sufit que F/EO
soit de dimension finie, et ces dimensions sont alors égales.
E n effet, soit @, la forme non dégénérée associée à @, sur
(E/FO)x (F/EO) (no 3). Supposons que E/FO soit de dimension
finie n ; comme l'application linéaire dal de F/EO (resp. (F/EO)J)
dans (E/FO)* est injective, FIE0 est de dimension finie n' \< n ;
en considérant sal, on voit de même que n \< n'.

COROLLAIRE 1. - On suppose que A est un corps et que iD


est non dégénérée. Pour qu'un sous-espace M de E soit de dimension
finie, il faut et il sufit que Mo soit de codimension finie dans F, et
on a alors codim Mo = dim M, et Mm = M.
Comme F0 = f O f , les deux premières assertions résultent de
la prop. 4 appliquée à la restriction de @ a M x F. E n outre, MO
est l'orthogonal de Mm, donc Mm est de dimension finie égale à
codim Mo = dim M ; mais comme Mm IIM, on a Mm = M.

COROLLAIRE 2. - Les hypoihèses étant celles du cor. 1, soient


M, N deux sous-espaces de E ; on a alors (M +N)O = Mo n No ; s i
+
de plus M et N sont de dimension finie, on a (M n NI0 = Mo No.
La première assertion est triviale. Supposons M et N de di-
+-
mension finie, et soit G = Mo NO ; on a Go = Mw n Nw = M n N
d'après le cor. 1 ; la prop. 4 appliquée à la restriction de <D à
M x G montre alors (puisque Mo c G et Goc M) que l'on a
dim M/(M n N) = dim G/MO= codim Mo - codim G, et comme
codim Mo = dim M, on en déduit dim (M n N) = codim G. Mais on
a aussi dim (M n N) = codim (M n N)O d'après le cor. 1, et comme
G c G w = (MnN)OonaG=(MnN)O.

La prop. 4 permet de poser la définition suivante :

DEFINITION 7. - Soient A u n corps (resp. u n corps m u n i


d ' u n antiautomorphisme J ) , E u n espace vectoriel à gauche sur A, F
u n espace vectoriel à droite (resp. à gauche) sur A, et <D une forme
bilinéaire (resp. sesquilinéaire pour J) sur E x F. Supposons
que E/FOet F/EOsoient de dimension finie sur A. O n appelle rang
de Q l a dimension (finie) commune des espaces vectoriels E/FO et
F/EO.

Lorsque E/FO et F/EOsont de dimension infinie, on dit que <D


est de rang infini.

PROPOSITION 5. - Les hypothèses et notations étant celles de la


déf. 7, les applications linéaires sq, et dq, associées à <D ont même rang,
et ce rang est égal a u rang de l a forme <D.
En effet le noyau de l'applicatiqn da de F dans E* est évi-
demment EO,donc son rang est égal à la dimension de F/EO. De
même le rang de sa est égal à la dimension de E/FO.

PROPOSITION 6. - Les hypothèses et notations étant celles de la


déf. 7, supposons de plus que E et F aient même dimeruion finie.
Alors les conditions suivantes sont équivalentes :
a) da est injective ;
b) dq, est surjective ;
c ) s+ est injective ;
d ) s* est surjective ;
e) <D est n o n dégénérée.
En effet, comme E, F, E* et F* ont même dimension finie,
a) et b) sont équivalentes, ainsi que c) et d) (chap. II, § 3, no 4).
Comme s+et d+ ont même rang (prop. 5), a) et c) sont équivalentes.
Comme e) équivaut à la relation Eo = F0 = 0 elle équivauti 1,
à la conjonction de a) et c), d'où l'équivalence des conditions
énoncées.

COROLLAIRE. - Les hypothèses et notations étant celles de la


déf. 7, on suppose de plus que E est de dimension finie et que @
est non dégénérée. Alors on a dim E = dim F et, pour toute base
(ei) (1\< i S dim E ) de E , il existe une base (fi) de F telle que
@(ei,fk) = Bik (i, k = 1,..., dim E).
En effet, comme <D est non dégénérée, on a Eo = F0 = iO 1'
d'où dim E = dim F (prop. 4). Il s'ensuit (prop. 6) que d+ est un
isomorphisme de F (resp. FJ) sur E* ; donc, si (e:) est la base
duale de (ei), les éléments f i = d$(e:) forment une base de F qui,
vu la formule (23) (resp. la formule (24)), vérifie @(et,fk) = Bik.

Il est immédiat que, dans ce corollaire, on peut échanger les


rôles de E et de F , en remplaçant d+ par sa dans la démonstra-
tion.

Remarque. - Soient A un anneau muni d'un antiautomor-


phisme J , M et N des A-modules à droite, et @ une forme sesqui-
linéaire à gauche pour J sur M x N (no 2, Remarque) ; elle vérifie
donc l'égalité
(D(xa, xa') = aJ<D(x,y)al (a, a' E A, x EM, y E N).
L'application <Dr de N x M dans A définie par @'(y, x) =
@(x,y)J' (où J' = J-l) est une forme sesquilinéaire à gauche pour
J', et @ et @' s'identifient à des formes bilinéaires sur MJ x N et
NJ' x M respectivement. Les applications sa et sa, associées à
ces formes bilinéaires sont appelées les applications associées à
gauche et à droite à la forme sesquilinéaire @, et sont notées sq=,
et d+. On a donc, par définition

et s a (resp. da) est une application linéaire de MJ dans N* (resp.


de NJ' dans M*). On énoncerait et démontrerait facilement les
analogues, pour le cas envisagé ici, de la déf. 7 et des prop. 4, 5, 6.

'7. Forme inverse d'une forme bilinéaire ou sesquili-


néaire.
Soient A un anneau, E un A-module à gauche, F un A-module
à droite et @ une forme bilinéaire sur E x F. On suppose ici que
les applications associées à a, qui seront notées s et d, sont bijec-
tives. Alors l'application produit (s,d) est une bijection de E x F
sur F* x E*, et définit, par transport de structure, une forme bi-
linéaire 6 sur F* x E*. Celle-ci vérifie donc
(27) $(yr, xr) = @(s-l(yr),d-l(xf))
= (s-l(yr), x r ) = (d-l(xr), y') (xrE E*, yr E F*).

DÉFINITION 8. - Soit une forme bilinéaire sur E x F dont


les applications associées s et d sont bijectives. La forme bilinéaire
6 sur F* x E* définie par (27) s'appelle la forme inverse de a.
Soient maintenant ;et d l e s applications linéaires de F* dans
E** et de E* dans F** associées à gauche et à droite à 6. Comme,
pour x' E E* et y' E F*, on a par définition
&yr, xr) = (yr, â(x1)) = ( X I , :(yr))
on voit, en comparant avec (27), que la forme linéaire d(xr)sur F*
est égale à celle définie par l'élément d-l(xf) de F. 11 en résulte que
l'application composée dod est l'application canonique de F dans
son bidual F**, et que celle-ci est bijective puisque d et dA (cette
dernière par transport de structure) sont bijectives ; donc, si l'on
h

identifie canoniquement F à F**, on a d = d-l. De même E s'iden-


tifie canoniquement à E**, l'application canonique de E dans E**
A A

est s os, et l'on a s = s-l. 11 résulte de ceci que la forme inverse de


6 est D.
Considérons maintenant un anneau A muni d'un antiauto-
morphisme J, deux A-modules à gauche E et F, et une forme
sesquilinéaire à droite 0 pour J sur E x F telle que les applica-
tions associées b @, qui seront notées s et d, soient bijectives. Défi-
nissons une application $ de F* x E* dans A par la première
équation (27). Cette application vérifie, d'après (24) (no 6), la
relation
(28) &(yr,x') = (s-l(yi), x') = (d-l(xl), y' jJ (2' E E*, y' E F*).
L'application $ est évidemment Z-bilinéaire ; en outre,
on a, pour a, b dans A, x' E E* et y' E F*, et en vertu des défini-
tions de s e t d,

donc 6 est une forme sesquilinéaire à gauche pour J (no 2) sur


F* x E*.

DÉFINITION 9. - Soit @ une forme sesquilinéaire à droite pour


J sur E x F, dont les applications associées s et d sont bijectives.
L a forme sesquilinéaire à gauche 6 pour J sur F * x E* s'appelle
la forme inverse de @.

Nous laissons au lecteur le soin de définir et d'étudier la forme


inverse d'une forme sesquilinéaire à gauche. Cette forme inverse
est une forme sesquilinéaire à droite.

Soient et Zles applications associées à $ ; d'après (26) (nO6)


on a
(29) 2') = (yr, d(x')'!J = (XI, ;(y')).
Du fait que s est bijective, et de l'égalité (s-l(yl), 2') =
(y', d(sl))l qui résulte de (28) et (29), on déduit que <î est bi-
jective ; donc d d est bijective. Or l'égalité ( d-l(~'), y ' ) =
0

(y', &sr)),qui résulte de (28) et (29)' montre que d o d est l'appli-


cation canonique de F dans son bidual F**. On voit de même
que est bijective et que SOSest l'application canonique de E
dans E**. Donc, si l'on identifie E** à E et F** à F au moyen
h h

de ces applications canoniques, on a s = s-l, d = d-l, et @ est la


forme inverse de 6.

Avec les mêmes notations et hypothèses soit a un élément


inversible du centre de A. Alors les applications associées à la
forme a@ sont, d'après (23) (resp. (24)) égales à a . d e t a .s (resp.
aJ'.s), donc sont bijectives. Il résulte ainsi de (27) que la forme
inverse de a@ est a-16 (resp. (as')-6).

8 . Adjoint d'un homomorphisme.

Dans ce no, l'on désigne par A un anneau (resp. un anneau


muni d'un antiautomorphisme J), par E e t E r deux A-modules
à gauche, par F e t F' deux A-modules à droite (resp. à gauche),
e t p a r O et @' deux formes bilinéaires (resp. sesquilinéaires pour J)
sur E x F e t E' x Fr respectivement. On suppose que @ est
non dégénérée, autrement dit (no 1 ) que les applications linéaires
da e t sa associées à @ sont injectives.
É t a n t donné un homomorphisme u de E dans E r , considérons
l'ensemble Fi des éléments y' de Fr tels qu'il existe y E F pour le-
quel on ait dsf(yt) u = d+(y), c'est-à-dire @'(u(x),y') = @(x, y)
0

pour tout x E E. Il est clair que Fi est un sous-module de F'. Comme


ds est injective, il existe, pour t o u t y' E Fi, un élément y de F
e t u n seul tel que @'(u(x),y') = @(x, y). L'application y' -+y de
F; dans F ainsi définie est A-linéaire ; en la notant u*, on a, pour
t o u t x Q E et t o u t y E Fi

DEFINITION10. - Les hypothèses et notations étant comme


précédemment, on dit que l'homomorphisme u* de F i dans F vérifiant
(30) est l'adjoint à gauche de u, et que Fi est le sous-module de définition
de u*.

On définit de même l'adjoint à droite d'un homomorphisme


v de F dans F' par la formule

(31) ) @(v*(xl),Y)
@'W, 4 ~ ) = (x' E E;, Y E FI,
où E i désigne le sous-module de E r défini de façon analogue à Fi.

Remarque. - Si l'adjoint à gauche u* de u : E -+ E' est partout


défini, et si sa, et d g , sont injectives, la formule (30) montre que u
est l'adioint 8 droite de u*.
On déduit de (30) que, si ul e t u, sont deux homomorphismes
de E dans E r admettant des adjoints partout définis, e t si c est
un élément du centre de A, on a

(32) 1 (ul+ u,)* = UT


(cul)* = c. u:
(cul)* = cJ'. u:
+ u;; l* = 1;
lorsque @ e t @' sont bilinéaires ;
lorsque @ et @' sont sesquilinéaires.
De plus, si E" est un troisième A-module à gauche, F" un
troisième A-module à droite (resp. à gauche), @" une forme bili-
néaire (resp. sesquilinéaire pour J) sur E" x F", e t si u' est un
homomorphisme d e Er dans E" admettant un adjoint (à gauche)
partout défini, on a

E n particulier, si u est un isomorphisme de E sur E', et si les


adjoints u* et (u-l)* sont partout définis, u* est un isomorphisme
de F' sur F, et l'on a (u*)-l= (u-')*. Propriétés analogues pour les
adjoints à droite.

PROPOSITION 7. - ~ ; e cles mêmes notations que précédem-


ment, on suppose que da est bijective. Alors tout homomorphisme u
de E dans E' admet un adjoint à gauche partout défini, et l'on a
U* = (dg)-' o o dg,.
E n effet, comme d+ est bijective, on a, avec les notations du
début d u no, Fi = F', et u* est donc partout défini. D'autre part
(30) équivaut à
( ~ ( x )d,I,,(y'))
, = (x, (d+ u*) (y'))
0 (XE E, y' E F') ;
or (da.(yl), u(x)) = (gu(dq,,(y')),x) ; on a donc 'u(d+.(yf))= d+(u*(yf))
pour t o u t y' E F', d'où tu da, = dg u*, et par conséquent l'ex-
pression annoncée de a*. CQFD.

Remarque. - Lorsque s,~,est bijective, tout homomorphisme


v de F dans F' admet un adjoint A droite partout dbfini, et on a

PROPOSITION 8. - Avec les mêmes notations que précédemment,


on suppose que s a et d+ sont bijectives. Soient u et v des isomorphismes
de E sur Er et de F sur F r respectivement. Alors, pour que @ soit
l'image réciproque de @' relativement à u et v (c'est-à-dire pour que
l'on ait @(x,y) = @'(u(x),v(y)) quels que soient x E E, y E F ) , il
faut et il sufit que l'on ait u-l = v* et v-1 = u*.
E n effet Br(u(x),v(y))= @(x,y) s'écrit aussi @ ( x , u*(v(y)))=
@(x,y). Si ceci a lieu quels que soient x E E et y E F , on a u* v = 10

puisque @ est non dégénérée. On a donc aussi v* ou = 1 d'après


(33). La réciproque est immédiate.

COROLLAIRE. - Soient A un anneau muni d'un antiautomor-


phisme J , E un A-module à gauche, @ une forme sesquilinéaire pour
J sur E x E dont les applications associées sont bijectives, et u un
automorphisme du A-module E. Pour que u laisse @ invariante
(c'est-à-dire pour que l'on ait @(u(x), u(y))= @(x,y) quels que
soient x, y dans E ) , il faut et il sufit que les deux adjoints de u soient
égaux et que l'on ait u* = u-l.
Ceci résulte aussitôt de la prop. 8.

Remarque. - Sous les hypothè,ses d u cor. de la prop. 8,


supposons de plus que A soit un corps et que E soit de dimension
finie sur A. Soient w un endomorphisme de E, w, et w, ses adjoints
à droite et à gauche. Chacune des conditions wwl = 1, ww, = 1,
w,w = 1, w,w = 1 entraîne que w est un automorphisme de E
laissant @ invariante, et que w1 = w,.

9. Produits tensoriels et puissances extérz'eures de formes


sesquilinéaires.
Dans ce no, on désigne par A un anneau commutatif. Une
forme bilinéaire sur un produit de deux A-modules est donc un
cas particulier de forme sesquilinéaire. On désignera par J un
automorphisme de A, et par J' son inverse.
Soient Ei ( i = 1,. . .,m) des A-modules. L'application
(x,, ..., xm)+ x ~ @ . . . @ x ~
m m

de ri Ed
i=l
dans (@ E ~ (xi
i=l
) E~E;) (cf. déf. 5, no 2) est évidemment
A-multilinéaire; elle définit donc (chap. I I I , 5 1, no 7 ) une appli-
cation A-linéaire f de BE:dans ( @ E ~ ;) ~cette application trans-
Z t

forme xl x,éO - . - @ xm (où les signes @ désignent les produits tensoriels


dans @E:) en xl @ - . @ x, (où les signes €3 désignent les produits
tensoriels dans BE^)^). Donc f est un isomorphisme de @EJ sur
( @ E ~ ) ~Nous
. identifierons ces deux modules au moyen de cet
isomorphisme.
De même soit E un A-module. L'application

m
(xi,. . ., 2,) + Xl A . - A Xm
de (EJ)" dans (/\ E)J est évidemment A-multilinéaire et alternée.
m m
Elle définit donc une application A-linéaire f de A EJ dans ( A ElJ,
m
qui est évidemment un isomorphisme. Nous identifierons /\ EJ et
m
( A E)J au moyen de cet isomorphisme.
Soit x' un élément du dual E * de E. L'application x -t (x, x ' ) ~
(x E E ) est un élément dJde (EJ)*, et il est immédiat que xr -t xrJ
est une bijection g de E* sur (EJ)* vérifiant g(axr) = aJg(z') pour
tout a E A. Par suite l'application composée de g et de l'applica-
tion identique de (E*)J sur E* est un isomorphisme de (E*)J sur
(EJ)*. Nous identifierons ces modules au moyen de cet isomor-
phisme, et nous les noterons E.:

Soient Ei, Fi ( i = 1,. . ., m) des A-modules, et mi (i = 1,.. ., m)


une forme sesquilinéaire pour J sur Ei x Fi. L'application

(xi E Ei7 yi E Fi, i = 1,. . ., m) est une application A-multilinéaire de


E, x - . - x Em x F: x - . - x FJ, dans A, et définit donc une
forme bilinéaire sur ((8~~) x (@Fi) (chap. III, $ 1, no 7). Puisque
le deuxième facteur a été identifié à ( @ F ~ ) ~on, a donc défini une
forme sesquilinéaire @ pour J sur ( @ E ~ )x (@F~)-Celle-ci est
caractérisée par
DÉFINITION 11. -EtantdonnésdesA-modulesEi, F i ( i = 1,..., m)
et, pour chaque i, une forme sesquilinéaire ai pour J sur Ei x Fi,
la forme sesquilinéaire @ pour J sur ( @ E ~ )x (@Fi) caractérisée
par (35) est appelée le produit tensoriel des formes sesquilinéaires Qi.

Dans le cas où les Ei et les Fi sont égaux à un même module


E, et où les Bi sont égales à une même forme Y, on dit que @ est
m
l'extension de Y à @E.

Les notations étant celles de la déf. 11, étudions les applica-


tions associées à 0.On tire de la formule (24) (no 6) et de (35) la
relation
rn m

@(q @ . . - @ xm,yl @ . - . @ ym)= rl=ll (xi, ds(yi)) = rl[ ( yi, s + ~ ( x ~ ) ) ~ .


i- 1

On a donc :

où j, (resp. jd) désigne l'application canonique de @FT dans


(@Fi)* (resp. de @ET dans ( @ ~ i ) * (chap.
) III, $ 1, nos 4 et 7).

PROPOSITION 9. - Soient A un corps commutatif muni d'un


automorphisme J, Et, Fi des espaces vectoriels de dimension finie
sur A, et @i une forme sesquilinéaire pour J sur Ei x Fi (1 \< i \< m).
S i les formes (Di sont non dégénérées, il en est de même de leur produit
tensoriel @. Dans ce cas la forme inverse de @ est le produit tensoriel
CI

des formes inverses Qi.


En effet, comme A est un corps, il résulte des prop. 6 et 7 du
chap. III, $ 1, no3 qu'un produit tensoriel d'applications linéaires
injectives (resp. surjectives) de A-modules est une application
linéaire injective (resp. surjective). Comme les s + sont~ bijectives
par hypothèse (prop. 6, no 6), il en est donc de même de leur pro-
duit tensoriel. D'autre part l'application canonique j, de @F,?
dans (@F,)* est bijective (chap. III, $1,no 5, prop. 11).Donc, en
vertu de (36), s+ est bijective, et ceci établit notre première asser-
tion (prop. 6, no 6). De même da est bijective.
Dans la seconde assertion nous avons implicitement identifié
@FT à ( @ F ~ ) *et @ET à ( @ E ~ ) *au moyen des applications j,
Z Z

et jd, qui sont ici des isomorphismes. Les formes inverses citées
dans l'énoncé existent puisque les sai, les d,a,, sa et d+ sont bijec-
tives (no 7). Posons alors x' = xj 63 . . (2xk, y' = y: @ . . @ y;
(x; E ET, y; E FT, i = 1,.. ., m). Par définition des formes inverses,
et vu (36), on a

d'où notre seconde assertion.


C. Q . F. D .

Soient E et F deux modules sur l'anneau commutatif A, et


@ une forme sesquilinéaire pour J sur E x F. L'application

(xl,. . ., xm,YI,. . ., ym) + det(@(xi,y,)) (xi E E , yi E F, i = 1,. . ., m)

de Em x (FJ)" dans A est A-multilinéaire. Elle définit donc


m m
une forme bilinéaire 0' sur ( B E ) x (@FJ) caractérisée par

Comme le premier membre est nul lorsque xi = xk ou que yi = y,


( i f k), @' définit, par passage aux quotients, une forme bili-
m m n
néaire sur ( A E ) x (AFJ), ou encore, puisque A F J s'identifie à
m m m
( A F)J, une forme sesquilinéaire pour J sur ( A E ) x ( A F).
Celle-ci est caractérisée par

DÉFINITION12. - Etant donnés deux A-modules E, F et une


forme @ sesquilinéaire pour J sur E x F, la forme a(,,) sesqui-
rn m
linéaire pour J sur ( A E) x ( A F ) caractérisée par (37) s'appelle
l'extension de cD aux m-ièmes puissances extérieures.
Les notations étant celles de la déf. 12, étudions les applica-
tions associées a @
.,,( On tire de la formule (24) (no 6) et de (37)
les relations

On a donc

m
où k, (resp. kd) désigne l'application canonique de F* dans
(AF)* (resp. de A E* dans (A E)*) (cf. chap. III, $8,no 2).
m m

PROPOSITION 10. - Soient A un corps commutatif muni d'un


automorphisme J, E et F deux espaces vectoriels de dimension finie
sur A, et @ une forme sesquilinéaire pour J sur E x F. Si @ est non
dégénérée, alors son extension @(m) aux m-ièmes puissances exté-
rieures est non dégénérée, et la forme inverse de @(,) est l'extension
aux m-ièmes puissances extérieures de la forme inverse 5 de @.
En effet, comme s a et da sont bijectives par hypothèse
(prop. 6, no 6), il en est de même de leurs puissances extérieures
(chap. I I I , 5 5, no 7). D'autre part les applications canoniques
k, et kd sont bijectives (chap. III, $ 8, no 2, th. 1). Donc, en vertu
de (38), sa(,, et de(,) sont bijectives, ce qui démontre que CD(,,
est non dégénérée (prop. 6, no 6). Dans la seconde assertion nous
m m m m
avons implicitement identifié A F * a (/\F)* et A E * à ( A E ) *
au moyen des applications k, et kd, qui sont ici des isomorphismes
(loc. cit.). Les formes inverses considérées dans l'énoncé existent
puisque ss, da, sa(,, et da(,, sont bijectives (no 7). Posons alors
x' = xi A ... A xm et y' = y; A ... A yh (xi E E*, y: E F*, i = 1,..., m).
Par définifion des formes inverses (no 7) et vu (38), on a

d'ail notre seconde assertion.


Remarque. - Soient E un A-module libre, et 0 17isomorphisme
rn
canonique de A E sur le sous-module des tenseurs antisymétri-
sés d'ordre m (chap. III, § 5, no 6, prop. 6). Soient @ une forme
m
sesquilinéaire sur E, @<,) l'extension de @ à /\ E, et O la forme
rn
sesquilinéaire sur /\ E qui est l'image réciproque par 0 de l7exten-
m
sion de @ à BE.D'après la définition de 0 et de l'antisymétrisé
d'un tenseur, et d'après (35),on a

où o et T parcourent le groupe symétrique (5., D'après la formule


de calcul des déterminants et la formule (37), cette expression
peut s'écrire

autrement dit, on a O =m!

10. Calculs matriciels.


Nous nous proposons, dans le présent no, d'assouplir le calcul
matriciel introduit au chap. I I , $ 6, et de l'appliquer à traduire
certains résultats démontrés dans ce paragraphe.

1. - Soient 1 et K deux ensembles finis d'indices, H un en-


semble non vide, et M = ( I ~ z ~ ~ une ) ( ~matrice
, ~ ) ~sur
~ ~H ~
(chap. II, $ 6 , no 1, déf. 1).
On appelle transposée de M, et on note tM, la matrice
(m&)(k,oE,,, vérifiant mki = mik ((i, k) E 1 x K). On a évidemment

(39) '('M) = M.
Ceci généralise la notion introduite au chap. I I , $ 6 , no 6.
Supposons que H soit un groupe commutatif (noté additive-
ment). L'ensemble des matrices sur H ayant 1 et K pour en-
sembles d'indices adnîet une structure de groupe commutatif,
puisque c'est l'ensemble des applications de 1 x K dans H. Ce
groupe est noté additivement.
Soient H', H" deux ensembles non vides, H un groupe com-
mutatif (noté additivement) et f : (h', h") -+ h'h" une applica-
tion de H' x H" dans H. Etant données deux matrices

sur H' et H" respectivement, telles que l'ensemble K des indices


des colonnes de M' soit égal à l'ensemble des indices de lignes de
M", on appelle produit de M' et M" (suivant f ) et on note M'M"
la matrice

sur H. Ceci généralise la notion introduite au chap. II, § 6, no 4.


Si H' = H" = H et si H est un anneau, le produit M'Mu sera,
sauf mention expresse du contraire, calculé a dans H »,c'est-à-dire
suivant l'application (x, y) +xy. Lorsque H' et H" sont des
groupes commutatifs (notés additivement) et que f est bilinéaire,
on a
(M' + M;)M" = M'Mu + MiM",
(41) M'(Mu + Mi') = M'M" + M'Mi',
où M', Mi sont des matrices sur H', M", Mi' des matrices sur Hu,
et où les sommes et produits écrits sont supposés définis. Soient
Mt, M" des matrices sur les ensembles H', H", et fO l'application
de H" x H' dans H définie par (h", h') -+ h' h" ; alors on a

où le produit dans le premier (resp. second) membre est calculé


suivant f (resp. fO).

Dans le cas ou H' = H" = H est un anneau, on retrouve la


formule (12) du chap. II, $6, no 6.

Soient A un anneau, J un antiautomorphisme de A. Pour


toute matrice M = (m*) sur A, nous noterons MJ la matrice
(m;,). Soient Ml, M, deux matrices sur A telle que MIM, soit
défini. Comme J est un isomorphisme de A sur l'anneau opposé
AO,on a (MIM,)J = Mi. MJ où le premier (resp. second) membre
est calculé dans A (resp. AO).Vu (42) et (39)'ceci donne
(43) (Ml M# = '(tMJ1.'Mi)
où les deux membres sont calculés dans A.
Bourbaki XXIV.
Soient Hl, H,, H,, Hl,, H, et H des groupes commutatifs
(notés additivement), f12 : Hl x H, + Hl,, f,, : H, x H, -+ H,,
f, : Hl, x H, + H, fl : Hl x H,, + H des applications, et soient
Ml, M,, M , des matrices sur Hl, H,, H, respectivement. Si
) fi(%, f23(~27
f3(f12(~1,x2), ~ 3 = ~ 3 ) )quels que soient les Xi e Hi
(i = 1, 2, 3), alors les produits ( M1M2)M, et Ml( M,MJ (calculés
suivant f,,, f,, f2, et f,), s'ils sont définis, sont égaux ; on les
notera MlM,M3. Lorsque Hl = H, = H, = Hl, = H, = H,
que H est un anneau, et que f12,f,, f,, fl sont égales à l'application
(x, y) + xy, la condition précédente exprime l'associativité de
cette dernière, et est donc vérifiée. On fera des conventions ana-
logues pour les produits de plus de trois facteurs.
Soient A, B deux anneaux, M = (mik)(i,k)eIxKet M r =
( ~ & ) ( i ,deux ~ ~ ~ sur un (A, B)-bimodule G (no 1).
~ ) ~matrices
Si, pour toute matrice à une ligne L = (a&,, à éléments dans
A et toute matrice à une colonne C = (bk)kEKà éléments dans
B, on a L. M . C = L. Mr .C (les produits étant calculés suivant
les applications qui définissent la structure de (A, B)-bimodule
de G), alors les matrices M et Mr sont égales. En effet, si l'on
prend ai = 1, a, = O pour s # i, bk = 1, b, = O pour t # k, les
matrices L . M . C et L. M' .C, qui sont des matrices scalaires,
sont respectivement égales à mi, et mb.

II. - On considère u n anneau A et un A-module (à droite


ou à gauche) E, admettant une base finie (eJiE,. Pour tout élé-
ment x de E , on appelle matrice de x par rapport à la base (ei), et
on note M ( z ) ou x, la matrice à une colonne formée des compo-
santes xi ( i E 1) de x par rapport à (es) (cf. chap. II, $ 6 , no 4 ) ;
dans les calculs il sera commode, afin de rappeler que l'indice i
est un indice de ligne, de lui adjoindre un indice de colonne sus-
ceptible d'une seule valeur, et d'écrire (xiO)la matrice M ( x ) .
Considérons maintenant deux A-modules (à gauche ou à
droite) E et F, ayant des bases finies et (f,),,, respective-
m e n t ; soit ( f k ) la base de F* duale de (/,). Nous allons définir la
matrice, par rapport à ces bases, d'une application u de E dans
F dans les quatre cas suivants :
(D) E et F sont des modules à droite, u est A-linéaire ;
(G) E et F sont des modules à gauche, u est A-linéaire ;
(GD) E est un module à gauche, F un module à droite, A
est muni d'un antiautomorphisme J , u est Z-linéaire et vérifie
u(ax) = u(x)aJ ( a E A, x E E ) (autrement dit u est une application
A-linéaire de EJ dans F (no 2, déf. 5)).
(DG) E est un A-module à droite, F un A-module à gauche,
A est muni d'un autiautomorphisme J , u est Z-linéaire et vérifie
u(xa) = aJu(x) (x E E, a E A) (autrement dit u est une application
A-linéaire de EJ dans F).
Dans chacun de ces quatre cas, la matrice de l'application u
est, par définition, la matrice ( u ~ ~ ) telle
( ~ que
, ~ ) ~ ~ ~ ~

Cette définition coïncide, dans le cas (D), avec celle donnée


au chap. II, $ 6, no 3. Dans ces conditions la matrice M(u(x)) de
l'image d'un élément x de E est donnée par les formules suivantes :
(45 D) M(u(x)) = M(u) . M(x)
(45 G) 'M(u(x)) = 'M(x) .'M(u)
(45 GD) M(u(x)) = M(u) . M ( x ) ~
(45 DG) 'M(u(x)) = 'M(X)~.‘M(U).
Vérifions, par exemple (45 DG), les autres vérifications étant
analogues et un peu plus faciles. Posons x = Çeixio,u(z) = Cykofk;
z k

afin de mettre les deux indices i à côté l'un de l'autre, considérons


les matrices transposées tM(x) = (xLi) O U xLi = rio, et "(u) = (u&)
où ulr = ut. ; on a alors y, = ÇX;:U;~; comme le second membre
Z

est l'élément d'indice k de la matrice à une ligne 'M(X)~.'M(U),


la formule (45 DG) est vérifiée.

Remarques. - 1) Lorsque A est commutatif, ((15G ) se ranihe à


(45 D), et (45 DG) à (45 GD), au moyen de la formiileL(M'Af")=
'M" .'Ml (cf. (42)),ou les deux membres sont ici calculés dans A.
2) Soient E, F, G trois modules à gauche ayant des bases finies,
et u : E -+ F, v : F -+ G des applications A-linéaires. Il résulte de
(45 G) que l'on a
(46) lM(v u)
0 = ( u ) .'hl ( v ) .
En effet, on a, quel que soit x E E,

d'où (46).
Rappelons que, dans le cas des modules à droite, on a

III. - On désigne désormais par A un anneau, par B un


anneau (resp. un anneau muni d'un antiautomorphisme J , pour
lequel on pose J r = J-l), par E un A-module à gauche ayant une
base finie (e&,,, et par F un B-module a droite (resp. à gauche)
ayant une base finie (f,),,,. On note (ef) et (fk) les bases duales
de E* et F*. Sauf mention expresse du contraire les matrices consi-
dérées sont prises par rapport à ces bases.
Soient G un (A, B)-bimodule (no l), @ une application bili-
néaire (resp. sesquilinéaire à droite pour J ) de E x F dans G, et
R = (@(ei,fk))la matrice de @. Alors, pour x E E et y E F, la for-
mule (6) du no 1 (resp. (8) du no 2), s'écrit, moyennant les conven-
tions ci-dessus,

(47) @(x,y) = 'M(x). R . M(y) (resp. @(x,y) = 'M(x). R . M(Y)~),

où les produits sont calculés suivant les applications qui défi-


nissent la structure de (A, B)-bimodule de G ; en particulier, si
A = B = G (auquel cas @ est une forme), les produits sont cal-
culés dans A.
Soient E' un A-module a gauche ayant une base finie (e;),,,, Fr
un A-module à droite (resp. à gauche) ayant une base finie
u : E + E r et v : F -t F r des applications A-linéaires, et @'
une application bilinéaire (resp. sesquilinéaire à droite pour J ) de
E r x F r dans G. Notons @ l'image réciproque de @' (relativement
à u et v), U , V, R, R r les matrices de u, v , @, @' par rapport aux
bases considérées. On a alors

les produits étant calculés comme dans (47). En effet, quels que
soient x E E et y E F, on a par définition @(x,y) = Qr(u(x),v(y)),
d'où, d'après (47),
'M(x) .R . M(y) = 'M(u(x)) .R' . M(v(y))
~ 'M(u(x)) .R' . M ( v ( ~ ) );~ )
(resp. 'M(x) .R . M ( Y ) =

d'après (45 G) et (45 D) (resp. (45 G ) )et (43) on en déduit

'M(x).R. M(y) = 'M(x).W.R1. V . M(y)


~ 'M(x) .'U .R1.'(lM(y) .tV)J
(resp. 'M(x). R . M ( Y ) =
= 'M(x) .'U. R' . VJ. M ( Y ) ~;)

ceci démontre notre assertion.

IV. - On suppose ici que les anneaux A et B sont égaux, et on


désigne par @ une forme bilinéaire (resp. sesquilinéaire à droite
pour J ) sur E x F, et par R sa matrice. Calculons les matrices des
applications s a et da associées à @, que nous noterons s et d pour
alléger. Comme on a @(x,y) = (y, s(x)) = (x, d(y)) d'après (23),
no 6 (resp. @(x,y) = (x, d(y)) = (y, s ( x ) ) ~d'après (24), no 6),
on a Wei, fk) = ( f k , 4 4 ) = (ei, d(fk)) (resp. @(ei,fk) = (ei, d(fk)) =
(fk, s(ei)Y), d'où, d'après (44) et puisque (ei) est la base duale de
(ef) et (f,) la base duale de (fk) :

(49) M(d) = R, M(s) = 'R (resp. M(d) = R, M(s) = 'RJ').

Remarques. - 1) Lorsque A est un corps, les applications li-


néaires s et d ont même rang. Nous voyons ici que leurs matrices
M(s) et M(d) ont même rang; en effet, une matrice sur A et sa
transposée ont même rang (chap. II, $ 6, no 7, prop. 3) et,
lorsque est sesquilinéaire, l'égalité des rangs de R sur A et de
tR sur A0 (ibid.) et le fait que J' est un isomorphisme de A0 sur A,
entraînent l'égalité des rangs de R et de sur A.
2) Si M et N sont des A-modules à droite ayant des bases finies
(mi) et (nl;), @ une forme sesquilinéaire à gauche pour J sur
M x N (no 6, Remarque), s et d ses applications associées, et
R = (@(mi,nk)) sa matrice, les formules (26) du no 6 montrent
que l'on a
M(d) = RJ', M(s) = 'R.

Supposons maintenant que les applications s et d associées à cD


sont bijectives et calculons la matrice l? de la forme inverse de @
(no 7). Lorsque @ est bilinéaire, Q, est l'image réciproque de 5
relativement aux applications linéaires s : E + F* et d : F + E* ;
on a donc, en vertu de (48) et (49), R -= R . R . R , d'où, puisque R
est inversible (d étant bijective), R = R-l. Cette formule s'étend
au cas ou @ est sesquilinéaire, car, si l'on considère Q, comme une
forme bilinéaire sur E x FJ, et si l'on identifie (FJ)* a (F*)J
(cf. no 9), la forme inverse de cette forme bilinéaire coïncide avec
6 considérée comme forme bilinéaire sur (F*)J x E*. Dans les
deux cas la matrice de la forme inverse de @ est 17inversede la matrice
de Q,.
Soient enfin E r un A-module a gauche, F r un A-module a
droite (resp. a gauche), admettant tous deux des bases finies
(e;) et (fi) ; soit @' une forme bilinéaire (resp. sesquilinéaire pour
J ) sur E' x F', et soit R' sa matrice. Supposons sa et da bijectives.
Soient u : E + E' et v : F + F' des applications linéaires,
u* : F' + F et v* : E' + E leurs adjointes (no 8, prop. 7) ; no-
tons T l , V, U*, V* les matrices de u, o, u*, v* par rapport aux
bases données. On a alors
(50) U* = R-l.tU.R', 'V* = R r . V . R - l
(resp. U*" R-l.IU. R', 'V* = R'. VJ.R-l).
En effet, quels que soient x E E et y E F r , on a Q,'(u(x),y) =
@(x, u*(y)) (no 8, déf. 10). D'où, lorsque @ est bilinéaire, en vertu
de (47), 'M(u(x)).R' . M(y) = ' M ( x ).R . M(u*(y)); ceci donne, en
vertu de (45 G) et (45 D), 'M(x). t U. R' . M(y) = "(x) .R. U* . M(y),
d'où 'U. R' = R . U* et la première formule annoncée puisque, d
étant bijective, R est inversible. Lorsque @ est sesquilinéaire (47)
et (45 G) donnent IM(x) .'U. R' . M ( Y )= ~ 'M(x) .R . 6('M(y)
or, d'après (43), on a (tM(y).fU*)J = '(UU*J.UM(y)J),d'où
'('M(y) = U*J. M ( Y );~il vient donc "(x) .'U. R' . M ( Y )= ~
'M(x). R . U*J. M ( Y ) ~d'où
, IU. R' = R . U*J, et U*J = R-l.tU. R'.
La vérification des formules pour V* est analogue.
Exercices. - 1) Soient A un corps commutatif, E un espace vecto-
riel sur A admettant une base infinie dénombrable (en),>,,. On définit
une forme bilinéaire @ sur E en posant @ ( ~ +ei) i , = 1 pour i > 1,
i.
@(ek,ei) = O pour k # j + 1 et j >, 1. Montrer que l'application lineaire
da associée à droite à @ est injective, mais que l'application linéaire sa
associée à gauche à @ n'est pas injective.
2) Soit E le Z-module somme directe de Z et de Z/(2), et soit E*
son dual (isomorphe à Z). Montrer que la forme bilinéaire (x, x') -+(x, x')
sur E x E* est telle que l'application linéaire associée à droite est injec-
tive, mais non l'application linéaire associée à gauche.
3) Donner un exemple de forme bilinéaire @ définie sur un produit
E x F de deux espaces vectoriels, telle que da soit bijective, sa injec-
tive mais non bijective (prendre E de dimension infinie et F égal au dual
E* de E ; cf. chap. II, 5 5, exerc. 3).
4) Soient A un anneau muni d'un antiautomorphisme J , E un
A-module à gauche, G un (A, A)-bimodule et @ une application de
E x E dans G, sesquilinéaire à droite pour J. Démontrer l'identité
(où Q(x) = @(x,x)) :

5) Soient K un corps commutatif de caractéristique 2, A une exten-


sion quadratique séparable de K ; on a A = K(O), où O est racine d'un
polynôme irréductible X2 X + + P de K[X] et le K-automorphisme J de
A, distinct de l'identité, est tel que OJ = 8+ 1 (chap. V, § 11, exerc. 8).
Montrer que si E et G sont des espaces vectoriels sur A, @ une application
sesquilinéaire (pour J ) de E x E dans G, on a, en posant Q(x) = @(x,x),

6) Soient A un corps, E un espace vectoriel sur A, @ une forme sesqui-


linéaire sur E, u un endomorphisme de E.
a) Pour qu'il existe un endomorphisme u* et un seul de E tel que
@(u(x),y) = @(x, u*(y)) pour x, y dans E, il faut et il sufit que da soit
injective et que h(dg(E))c d+(E).
b) Donner un exemple où E est de dimension infinie et da injective,
mais où k(d+(E))n'est pas contenu dans dg(E).
7) Soient E, El deux A-modules, @ (resp. @,) une forme sesquili-
néaire sur E (resp. El). On suppose que @, est non dégénérée et qu'il
existe un élément U E A et une bijection u de E sur El telle que
m1(u(x), ~ ( y )=) @(x,y)u quels que soient x, y dans E. Montrer que :
10 @ est non dégénérée ; 20 u est linéaire ; 30 si El est un A-module
fidèle, il en est de même de E, et u n'est pas diviseur de O à droite dans
A ; 40 si @, prend des valeurs dans A qui ne sont pas diviseurs à gauche
de O, il en est de même de @.
1T 8) Soient A un corps, El, E, deux espaces vectoriels non réduits à
O sur A, @, (resp. @), une forme sesquilinéaire non dégénérée sur E,
(resp. E,) pour un antiautomorphisme Jl (resp. J,) de A. Soit u une appli-
cation linéaire de El sur E, telle que la relation @,(x, y) = O entraîne
@Z(U(X), 4 ~ )=)o. -1
a) Montrer que u est une bijection de El sur E,. (Si u(0) n'était pas
réduit à O, montrer qu'il existerait dans El deux vecteurs a, b tels que
u(a) f O, u(b) = O et @,(a, b) f O ; si H est l'hyperplan des x E El tels
que @,(a, x) = O, remarquer que l'on aurait u(H) = E,).
b) Montrer que si dirn El >/ 2, il existe a e A tel que l'on ait
@&u(x),u(y)) = cDl(x, y)aquels quesoientx, y dans El. (Pourtout y e El,mon-
trer qu'il existe un élément m(y) E A tel que @,(u(x), u(y)) = @,(z, y)m(y)
pour tout x E El, et que si y et y' sont linéairement indépendants dans El,
+
on a m(y y') = m(y) = 4 ~ ' ) ) .
9) Soient A un corps, E, F deux espaces vectoriels a gauche sur A,
@ une forme sesquilinéaire non dégénérée sur E x F pour un antiauto-
morphisme J de A.
a) Soient M un sous-espace de E, N un sous-espace de F tels que
N >Mo et M 1 No. Montrer que si l'un des espaces N/MO,M/NOest de
dimension finie, il en est de même de l'autre, et les dimensions de ces
deux espaces sont égales.
b) Soient M, M' deux sous-espaces de E tels que Mm = M et que
+
M' soit de dimension finie ; montrer que l'on a (M n M')O = Mo Ml0 e t
(M + =M + M'. (En appliquant a) aux sous-espaces M' e t
+ +
Mo M'O, montrer que dirn (M n M') = codim (Mo Ml0) ; en appli-
+
quant a) aux sous-espaces M M' e t Mo, montrer que
dirn ((M + Mr)O"/M)= dirn ((M + Mr)/M)).
c) Si E = F et si M est un sous-espace de E tel que E = Mo Mm,+
montrer que E est somme directe de Mo et Mm.
d) Soit E un espace vectoriel sur un corps commutatif A admettant
une base infinie dénombrable (en),>,, e t soit @ la forme bilinéaire sy-
métrique sur E telle que @(eV,, en) = 1 pour tout n, O(&, e,) = O pour
i >/ 1, j >/ 1 et i f j, et @(eo,en) = 1 pour tout n >/ 1. Montrer que @
est non dégénérée. Soit M (resp. N) le sous-espace de E engendré par les
e,, (resp. e,k-l) pour k >/ 1, et soit H = M + N, qui est un hyperplan
dans E. Montrer que l'on a Mo = N, No = M, Hm = E # H, (M n N)O #
MO+ NOet(M+N)OOf M + N , b i e n q u e M m = M , N m = N ; si L est le
sous-espace de dimension 2 engendré par eo et el, on a (L n H)O f
LO + HO.
7 10) Soient E, E r deux espaces vectoriels à gauche sur des corps
A, A' respectivement, de dimension >/ 3 ; soit S ( E ) (resp. %(Er))l'en-
semble réticulé (pour la relation d'inclusion) formé des sous-espaces de
dimension finie de E (resp. El).
a) Soit p une application de z ( E ) dans %(Et) telle que pour tout
M E g(E),dirn p(M) = dirn M, et que pour tout couple (M, N) d'éléments
de %(E), p(M + +
N) = p(M) p(N). Montrer que p est injective ; si p est
bijective, il existe une application semi-linéaire bijective u de E dans E'
telle que l'on ait u(M) = p(M) pour tout M E %(E) (utiliser l'exerc. 10 du
chap. II, 2e éd., App. III).
b) Donner un exemple où A' = A est commutatif, E' = E est de
dimension finie, et où il existe une application p de S(E)dans lui-même,
telle que dirn p(M) = dirn M, p(M + +
N) = p(M) p(N), p(M n N) =
p(M) n p(N), mais il n'existe aucune application semi-linéaire injective u
de E dans lui-même telle que u(M) = p(M) pour M e %(E). (Considérer
le cas où il existe un surcorps A" de A de degré fini et isomorphe à A,
par exemple A = Fp(X), où p est premier; E" = A" 63, E est alors un
espace vectoriel de même dimension sur A" que E sur A ; considérer
l'application M + A" @, M).
c) On suppose A' = A. Soit o une application bijective de g ( E ) sur
l'ensemble S ' ( E r ) des sous-espaces de codimension finie de E r , telle que
codim w(M) = dim M, et w(M + N) = o(M) n w (N). Montrer qu'il
existe une forme sesquilinéaire @ sur E x E r , non dégénérée à droite, et
telle que w(M) = M O pour tout M E g ( E ) . (Utiliser le th. 1 du chap. II,
$ 4, n06).
T[ 11)a ) Soit A un anneau artinien à gauche et à droite (chap. VIII,
§ 2, no 3). Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes :
10 l'annulateur à droite (resp. à gauche) de tout idéal à gauche (resp. à
droite) f . A n'est pas réduit à 0 ; 20 le dual de tout A-module à gauche
(resp. à droite) simple n'est pas réduit à 0 ; 30 le dual de tout A-module
à gauche (resp. à droite) de type fini n'est pas réduit à O. On dit qu'un
anneau A satisfait à la condition (N,) (resp. (Nd)) s'il vérifie ces condi-
tions pour les A-modules à gauche (resp. à droite).
b) Soient A un anneau artinien à gauche et à droite satisfaisant à la
condition (Nd), E (resp. F) un A-module libre à gauche (resp. à droite),
ayant une base dénombrable sur A, @ une forme bilinéaire sur E x F
telle que sa soit injective. Soit M un sous-module libre de E ;montrer qu'il
existe un sous-module libre N de F et une base (e,) (resp. (1,)) de M
(resp. N) telles que @(ei, fi) = Sii ; on peut en outre prendre pour e, un
Blément libre quelconque de M. (Remarquer que si x est un élément libre
de M, l'image de F par l'application y -t @(x, y) est l'anneau A tout
entier ; procéder ensuite par récurrence pour construire les bases (en) et
(f,)). En déduire que si la base (en)de M est finie, E est somme directe de
M,et de No, et que l'on a MOo = M.
c) On garde les hypothèses de b), et on suppose en outre que A satis-
fait à la condition (N,) et que da est injective. Montrer alors qu'il existe
une base (en) dans E et une base (f,) dans F telles que @(et,fi) = Sii.
(Utiliser b) en déterminant par récurrence alternativement enet f,).
*12) Soient E un espace hilbertien réel de type dénombrable, @(x,y)
le produit scalaire dans E. Montrer qu'il n'existe pas de système de deux
bases algébriques (eh),( f J de l'espace vectoriel E sur R telles que l'on ait
Q>(e;,,f,) = Shi* pour tout couple d'indices. (Remarquer d'abord que
l'ensemble d'indices de ces bases aurait la puissance du continu (Esp.
vect. top., chap. II, $3,exerc. 15) ; considérer ensuite une base orthonor-
male (dénombrable) (a,) de E et remarquer que le sous-espace engendré
par les a, est contenu dans le sous-espace engendré par une sous-famille
dénombrable de (e,)).,

fj 2. Discriminant d'une forme sesquilinéaire

Dans tout ce paragraphe, A désigne un anneau commutatif, J


un automorphisme de A et E u n A-module libre de dimension finie n.
DEFINITION1. - Etant donnée une forme sesquilinéaire
pour J s u r E et un système S = (x,,. . . , x,) de n éléments de E, on
appelle discriminant de @ par rapport à ce système, et on note
D+(x,,. . . , x,) ou Da@), l'élément det(@(xi,xi)) de A.

Si (el,. . ., en) est une base de E l le discriminant de @ par rap-


port à cette base n'est autre que le déterminant de la matrice de
0 par rapport à cette base. n
II résulte de la définition de l'extension de @ à r\ E ( $ 1, no 9)
que l'on a
(1) D+(xl,. . ., 2,) = @(,)(xiA . - . A Zn, x1 A . . A xn)l
n
où QCn,désigne l'extension de @ a A E. Pour toute permutation
o E Gn, on a donc
D+(xa(,),. - .1 xm(n)) = Ddx,, $21. . ., xn).
Exemple. - Soit B une algèbre sur l'anneau A, telle que B
soit un A-module libre de dimension finie n. Alors l'application
(x, y) + Tr,,,(xy) (chap. VIII, 5 12, no 2) est une forme bilinéaire
sur B. E t a n t donné un système (x,, . . ., xn) de n éléments de B ,
le discriminant de cette forme par rapport à ce système s'appelle
le discriminant du système (x,, . . .,x,) s u r A, et se note D,,,(x,, . . .,xn).
On a ainsi
(2) DBIA(x1,. . ., xn) = det (TrB,A(xix,))-
Remarque. - Soient (el,. . ., en) une base de B sur A, et
n
eiej = k z l c i j k e k (cijkE A) la table de multiplication de cette base
(chap. II, § 7, no 2). Comme la matrice de l'endomorphisme
A-linéaire -x -+ ekx de B par rapport à (eV)est (a,), on a Tr,,,(ek) =
n

PROPOSITION 1. - Soient @ une forme sesquilinéaire pour J


sur E, (x,,. . . , xn) un système de n éléments de E, et (aii)(i,i= 1 , . . .,n)
n
une famille de n2 éléme'nts de A ; posons y, = C aiixi. On a alors
i=l

D+(yl,. . ., y,) = . ., x ~ ) .
det (ail).det (ai,)J.Da>(x17.
E n effet, comme @ est une forme sesquilinéaire, on a @(yi,yi) =
Ç, aQ@(xk,xm)a&. Donc, si l'on note A la matrice (a,), la matrice
k,

(@(Y<,y i ) ) est égale à A . (@(xi,xi)). 'AJ. Comme det(lA) = det(A),


et que det(AJ) = det(A)J, notre assertion est démontrée.

E n particulier, si (ei) e t (el) sont deux bases de E , D et D' les


discriminants de @ par rapport a ces bases, e t a le déterminant de
l a matrice de passage de la base (ei) à la base (el), on a

I l résulte de la prop. 1 que, si (ei) est une base de E e t (xi)


un système quelconque de n éléments de E , D*(e,, . . ., en) divise
D+(x,, . . ., x,). E n particulier les discriminants de @ par rapport
à deux bases qüelconques d e E engendrent le même idéal princi-
pal de A.

Soient (EJi,, une famille finie de A-modules libres de dimen-


sions finies, Di une forme sesquilinéaire pour J sur Ei, et Bi une
base de Ei. Si cD désigne la somme directe des Bi ( $ 1, no 3) e t B la
base de n E i obtenue par réunion des Bi, on a évidemment
(€1

Soient @ une forme sesquilinéaire pour J sur E , h un homomor-


phisme de A dans un anneau commutatif A', 0'la forme sesqui-
linéaire sur A1C3,E obtenue par extension de @ ( $ 1, no 4) e t
(x,, . . ., x,) un système quelconque d'éléments de E . Comme
A' 8, E est un A'-module libre, D+,(l @xl,. . . , 1C3 x,) est défini,
et on a évidemment

Exemple. - Soient B une algèbre sur A qui soit un A-module


libre de dimension finie n, (x,, . . . , x,) une base de B sur A, et m un
idéal de A. Si l'on note h l'homomorphisme canonique de B sur
B/mB, XI),. . . , h(xn)) est une base de B/mB sur A/m (chap. 1,
§ 6, no 5, prop. 5), et B/mB est isomorphe à (A/m)@,B. On a donc
PROPOSITION 2. - On suppose que A est intègre. Soient <D
une forme sesquilinéaire pour J sur E et (el,. . ., en) une base de E ,
telles que D+(e,, e,, . . ., en) # O.
a ) Pour qu'un système (x,,. . ., xn) de n éléments de E soit libre,
il faut et il sufit que D+(x,,. . ., x,) soit # O.
b) Pour qu'un système (x,,. . ., x,) de n éléments de E soit une
base de E , il faut et il sufit que D+(xl,. . ., x,) et D+(e,,. . ., en)
soient des éléments associés dans A (cf. chap. VI, $ 1, no 5).
n
Posons xi = C. ajiei (aii e A). Démontrons d'abord a). Si
i=l

D+(xl,. . . , x,) = O, on a det(aii).d e t ( ~ =~ O~ (prop.


)~ 1) puisque
D+(e,,. . ., en) # O e t que A est intègre ; on a donc det(aii) = 0,
e t les vecteurs xi sont linéairement dépendants (chap. I I I , $ 7,
no 1, th. 1, appliqué a l'espace vectoriel K@,E, où K désigne
le corps des fractions de A). Réciproquement, si ces vecteurs
sont linéairement dépendants on a det(aii) = O (ibid.), d'ou
D+(xl,. . ., xn) = O (prop. 1).
Démontrons maintenant b). Si D+(x,,. . .,xn) et D+(e,,. . .,en)
sont associés dans A, la prop. 1 montre que det(aij).det(aiJJ
est inversible dans A. Ainsi det(aii) est lui aussi inversible dans A ;
donc la matrice (aii) sur A est inversible (chap. I I I , 5 6, no 5, th. 2),
et l'endomorphisme g de E défini par g(ei) = xi ( i = 1 , . . ., n)
est un automorphisme ; par conséquent (x,, . . ., x,) est une base
de E. L a réciproque résulte aussitôt de la prop. 1.

PROPOSITION 3. - Soient <D une forme sesquilinéaire pour J


sur E , et S une base de E. Les conditions suivantes sont équivalentes :
a ) L'application s+ de E dans E * associée à @ est bijective.
b) L'application da de E dans E* associée à <D est bijective.
c) L'élément D+(S) est inversible dans A.
E n effet la condition c) exprime que la matrice de 0 par
rapport à S est inversible (chap. I I I , 5 6, no 5, th. 2). Donc c) est
équivalente à a ) (5 1, no 10) ; de même c) est équivalente à 0).

PROPOSITION
4. - On suppose A intègre. Soit S une base de E.
Une condition nécessaire et sufisante pour qu'une forme sesquili-
néaire 0 sur E soit non dégénérée est que l'on ait Dg(S) O. +
Soit en effet K le corps des fractions de A, et soit <Dr l'exten-
sion de <D a u K-espace vectoriel K 8, E ; identifions E à une partie
d e cet espace vectoriel. La relation D+(S) f O est alors équiva-
lente à Dar(S) # O (formule (6)), qui elle-même exprime que
sa, est bijective (prop. 3), c'est-à-dire que 0' est non dégénérée
( $ 1, no 6, prop. 6). Or, pour tout x E K 8, E, il existe a E A tel
que ax E E ; par suite, pour que @ soit dégénérée, il faut et il s u f i t
que @' le soit. Ceci démontre notre assertion.

PROPOSITION 5. - Soient A un corps, B une algèbre commuta-


tive de dimension finie n s u r A, et S une base de B. Pour que B soit
séparable (chap. VIII, $ 7, no 5, déf. 1) il faut et il su@ que l'on ait
DB,A(S) f O.

Soient en effet A' la clôture algébrique de A, et B' l'algèbre


A' B A B sur A'. Si B est séparable, Br est semi-simple (chap. VIII,
$ 7, no 5, cor. de la prop. 7) et est donc composée directe de n
corps isomorphes à A' (chap. VIII, § 6, no 4, cor. de la prop. 9).
Si S' désigne la base canonique d e B' (identifiée a A'"), on a
D,,IA,(S') = 1, d'où D,,,,,(S) # O (prop. 1) et DBIA(S) # O (for-
mule (6)).
Réciproquement supposons que l'on ait D,,,(S) f O. Pour
montrer que B est séparable, il suffit de montrer que Br est semi-
simple, c'est-à-dire qu'elle n'admet pas d'élément nilpotent # O.
Or, si x' était un élément nilpotent non nul de Br, on pourrait le
prendre comme premier élément d'une base S' de B', et on aurait
alors Tr,,,,,(x'y1) = O pour tout y' E S' puisqu'un endomorphisme
nilpotent a ses valeurs propres nulles (chap. VII, $ 5, no 3,
cor. 3 de la prop. 8), donc une trace nulle. Il en résulterait que
D,,,,,(Sf) = 0, d'où DB,,,,(S) = O (prop. 1) et DBI,(S) = O (for-
mule (6)), contrairement a l'hypothèse.

Remarque. - Supposons que B soit un surcorps de A. Soient


S = ( x ~. ,. .,xn) une base de B, et (si,. . ., s,) les A-isomorphismes
de B dans la clôture algébrique A' de A (chaque si étant répété
[B : Ali fois). Rappelons que, pour tout z E B, on a Tr,,,(z) =
n

si(z) (chap. VIII, § 12, no 2, prop. 4).


j=l
Il résulte alors de la formule de multiplication des détermi-
nants que l'on a

Cette formule montre que la proposition 5 généralise la condition


de séparabilité donnée au chap. V, $ 7 , no 2, Remarque.

PROPOSITION 6. - Soient @ une forme A-bilinéaire sur E, et


K un sous-anneau de A tel que A soit un K-module libre de dimension
finie q. Si (ei)i,i ,.... ,est une base de E s u r A et ,
i ,..., une

base de A sur K, alors (aiei) est une base de E sur K. L'application


@' de E x E dans K définie par W(x, y) = Tr,,,(@(x, y)) est une
forme K- bilinéaire s u r E, et on a

Les deux premières assertions étant évidentes, il s u f i t de


démontrer (7). P a r définition le premier membre est le détermi-
n a n t de l'endomorphisme K-linéaire u de E défini par

Considérons l'endomorphisme A-linéaire v de E défini par


v(ei) = Z@(ei,e,)es, et l'endomorphisme K-linéaire w de E défini
S

par w(aiei) = (CTrA,,(aja,)a,)ei. On a

puisque w(aes) = ZTrA,,(aa,)a,e, pour tout a E A ; ainsi u est l'ap-


r
plication composée w v. Donc, en notant v, l'application u con-
0

sidérée comme application K-linéaire, on a det(u) = det(v,)det(w).


Or on a det(vK)= N,,,(det(v)) (chap. VIII, § 12, no 2, prop. 7),
et il est clair que det(v) = Ds(e,,. . ., en). D'autre part, coirinic
chacun des A-modules Aei ( i = 1,. . . , n) est stable pour w,
e t que le déterminant de la restriction de w à Re, est
det(TrAIK(ajar))= D,,,(a,, . . ., a,), on a det(w) = (D,,,(al,. . . , a,))".
La formule (8) se réduit donc a det(u) = det(v,)det(tv), formule
démontrée ci-dessus.
DISCRIMINANT D'UNE FORME S E S Q U I L I N E . ~ I R E 47
COROLLAIRE (<<Formule d e transitivité des discriminants))). -
Soient K un anneau commutatif, A une algèbre commutative admet-
tant une base finie (ai)i= ,,. ..,, s u r K, et E une algèbre s u r A admet-
tant une base finie (e&, i , . . . , , . Alors (aiei) est une base de E s u r
K, et on a

E n effet, si l'on pose @(x,y) = Tr,,,(xy), la forme K-bili-


néaire cD' d e la prop. 6 est W(x, y) = TrE,,(xy) d'après la formule
de transitivité des traces (Chap. V I I I , § 12, no 2, cor. d e la prop. 7).

Exercices. - 1)Soit A une algèbre de rang fini sur un corps commu-


tatif K, ayant un élément unité.
a) Montrer que si le radical de A n'est pas nul, la forme bilinéaire
(x, y) -+ Tr,,,(xy) sur A est dégénérée.
b) On suppose que K est de caractéristique 0. Montrer que si A est
une algèbre de matrices M,(K), S la base canonique de A sur K, on a
DA,K(S) # 0.
c) Déduire de a) et b) que, pour qu'une algèbre A de rang fini sur un
corps K de caractéristique O soit absolument semi-simple, il faut et il
suflit que la forme bilinéaire (x, y) -+TrAIK(xy) soit non dégénérée (ou,
ce qui revient au même, que D,,,(S) f O pour toute base S de A sur K).
T[ 2) Soient B un anneau, A un sous-anneau de B contenant l'élément
unité de B ; B est donc un (A, A)-bimodule ; on désigne par 3 (resp. dB)
l'ensemble B considéré comme A-module à gauche (resp. à droite), par
Ti* (resp. %*) le A-module à droite (resp. à gauche) dual de % (resp. dB).
Pour tout x' E et tout b E B, x -t (xb, x') est une forme A-linéaire
sur Ti,donc un élément de LB* qu'on désigne par bx' ; l'application
(b, x') -+bx' définit sur "B* une structure de B-module à gauche (cf.
chap. III, 2e éd., App. II, no 7).
a) Soit cp un homomorphisme du (A, A)-bimodule B dans le (A, A)-
bimodule A ; pour que l'application A-bilinéaire @ : (x, y) -+ cp(xy) de
SB x dB dans A soit non dégénérée, il faut et il suflit que ;(O) ne contienne
aucun idéal (à gauche ou à droite) de' B distinct de 101. On dit alors que
cp est un homomorphisme frobeniusien de B dans A.
b) Soit cp un homomorphisme frobeniusien de B dans A ; montrer
que l'application dqr,associée à droite à @ est un isomorphisme du B-
module à gauche B, sur un sous-module du B-module à gauche "B*.
Montrer que ds est bijectif dans chacun des deux cas suivants : l0 A
est un anneau artinien à gauche et à droite satisfaisant aux conditions
(Na) et (Nd) ( $ 1 , exerc. i l ) , et et dB sont des A-modules libres de lon-
gueurs finies (utiliser l'exerc. 11 b) du $ 1); 20 A est un anneau artinien
commutatif et involutif (chap. VIII, § 3, exerc. i l ) , contenu dans le
centre de B, et "B est un A-module de longueur finie (utiliser l'exerc. 11
du chap. VIII, Q 3).
c) Réciproquement, montrer que si B, et $B* sont isomorphes, il
existe un homomorphisme frobeniusien de B dans A lorsqu'on est dans
l'un des deux cas considérés dans b) et que "B et dB ont même longueur
(utiliser l'exerc. 11 b) du Q 1).
d) Avec les hypothèses et notations de a), montrer que l'annulateur
à droite (resp. à gauche) d'un idéal a gauche 1 (resp. d'un idéal a droite r)
de B, est l'orthogonal Io(resp. rO)pour la forme @ du sous-module 1(resp. r)
de % (resp. 'B).
e) Soit (9 un homomorphisme frobeniusien de B dans A. Montrer que
si A est un anneau artinien involutif (chap. VIII, $ 3, exerc. 11) il en
est de même de B, lorsqu'on suppose en outre que l'une ou l'autre des
conditions de b) est vérifiée (utiliser b) et d)).
7 3) Soient A un corps commutatif, B une algèbre de rang fini sur A,
ayant un élément unité.
a) Pour que B soit une algèbre frobeniusienne, il faut et il suffit qu'il
existe un homomorphisme frobeniusien de B dans A (exerc. 2). (Utiliser
l'exerc. 2 c) et e) ci-dessus, et l'exerc. 6 b) du chap. VIII, Q 13).
b) Soit cp un homomorphisme frobeniusien de B dans A ; toute forme
A-linéaire sur B peut alors s'écrire d'une seule manière x + cp(brx)
(resp. x + cp(xbU))ou b' et b" appartiennent a B ; pour que cette forme
soit un homomorphisme frobeniusien, il faut et il sufit que b' (resp. 6")
soit inversible dans B.
c) Pour tout x E B, soit xol'unique élément (cf. b))tel que c p ( q ) = cp(yxU)
pour tout y E B. Montrer que x + x" est un A-automorphisme de B. On
dit que l'algèbre frobeniusienne B est symétrique si a est un automorphisme
intérieur de B ; il y a alors un homomorphisme frobeniusien de B dans
A pour lequel o est l'identité (cf. b)). Il revient au même de dire que
les (B, B)-bimodules B et 'B* = dB* (qu'on écrit B*) sont isomorphes
(exerc. 2 c)).
d) Soient E un B-module à gauche de longueur finie, E' son dual, Er*le
dual de E' considéré comme espace vectoriel sur A ; E'* est muni d'une
structure de B-module à gauche en posant, pour x' E E', x" E Er*, b E B,
(x', bx") = (x'b, x") (chap. III, 2e éd., App. II, no 7 ) . Pour tout x E E,
soit f,(x) (ou simplement f(x))17élémentdeE1*telque (x', f(x)) = c p ( <x')) ~,
pour tout x' E E r ;montrer que f est une bijection semi-linéaire pour l'auto-
morphisme o, du B-module à gauche E sur le B-module a gauche Er*
(utiliser l'exerc. 10 du chap. VIII, Q 4). Pour E = B,, on a (avec les
notations de l'exerc. 2 b)) da(xu) = fB1(x) pour tout x E B.
4) a) Soit G un groupe fini. Montrer que l'algèbre B du groupe G
sur un corps commutatif quelconque A est une algèbre frobeniusienne
symétrique (exerc. 3). (Considérer l'application cp de B dans A qui, a tout
élément x = C & .s, associe p(x) = L,e désignant l'élément neutre de G).
SEC
b) Soient E un espace vectoriel de dimension finie n sur un corps
commutatif A, et B l'algèbre extérieure /\ E. Montrer que B est une
algèbre frobeniusienne. (Si (e,),sfG, est une base de E, considérer l'appli-
cation qui à tout élément x de B associe le coefficient de e, A e, A . . . A en
dans l'expression de a a l'aide de la base de B correspondant à (ei)). Pour
que l'algèbre frobeniusienne B soit symétrique, il faut et il sufit que n
soit pair ou A de caractéristique 2.
7 5) a) Montrer que le produit tensoriel de deux algèbres frobeniu-
siennes (resp. frobeniusiennes et symétriques) de rang fini sur un corps
commutatif K est une algèbre frobeniusienne (resp. frobeniusienne et
symétrique) (cf. $ 1, no 9, prop. 9).
O) Soient B une algèbre de rang fini sur K, L une extension de K
de degré fini sur K. Montrer que si l'algèbre B(,> = B 63, L sur L est
frobeniusienne (resp. frobeniusienne et symétrique), il en est de même de
B. (Utiliser les exerc. 2 c) et 3 c ) ci-dessus et l'exerc. 2 du chap. VIII, $ 2 ) .
6 ) Montrer que toute algèbre absolument semi-simple B de rang fini
sur un corps commutatif A est une algèbre frobeniusienne symétrique.
(Se ramener au cas où B est simple ; utiliser l'exerc. 5 b) ci-dessus, ainsi
que la prop. 9 du chap. VIII, $ 12, nO3).

tj 3. Formes hermitiennes et formes quadratiques

D a n s toute la suite de ce Chapitre, on désigne, sauf mention


expresse d u contraire, p a r A un anneau et p a r E un A-module à
gauche. On suppose A muni d'un antiautomorphisme involutif J ,
- - - - -- -
noté cc + a ; on a donc (cc + +
p) = a p, (ap) = P. a et ü = a
quels que soient a, p dans A. Sauf mention expresse d u contraire,
les formes sesquilinéaires considérées sont sesquilinéaires à droite
( § 1, no 2, déf. 4) pour cet antiautomorphisme.

1 . Formes hepmitiennes et E-hermitiennes.


DEFINITION 1. - Soit E un élément d u centre de A. Une forme
sesquilinéaire @ s u r E telle que 'ton ait @(x, y) = &@(y,x) quel
que soient x et y dans E s'appelle une forme E-hermitienne. Une
forme 1-hermitienne (resp. (- 1)-hermitienne) est dite hermitienne
(resp. antihermitienne).

Lorsque J est l'identité (ce qui implique que A est commu-


tatif) une forme hermitienne (resp. antihermitienne) (pour J )
n'est autre qu'une forme bilinéaire symétrique (resp. antisymé-
trique) (chap. I I I , $ 5, no 1, déf. 2). Rappelons qu'une forme bili-
Bourbaki XXIV. 4
néaire alternée (chap. III, 5 5, no 2, déf. 4) est antisymétrique ;
la réciproque est vraie si, dans A, la relation 2a = O entraîne
a = 0.
La relation d'orthogonalité ( § 1, no 3) par rapport à une forme
ehermitienne est évidemment symétrique (cf. exerc. 1).
Si u est un élément inversible de A, l'application T : A -t cc-lhcr
est un antiautomorphisme de A, et l'on vérifie aisément que la
forme @a est sesquilinéaire par rapport à T. Si, de plus, on a
u = Ü, alors T est involutif, et, si @ est ehermitienne, @u l'est
aussi ; en effet on a
= u-l(u-lhu)u = u - l ~ ) , ~ - l=
u
@(y,X)U= E@(x,Y)U= E(@(x, y ) ~ ) ~ .
E n particulier, lorsque A est un corps, les éléments cr du
centre de A tels que 2 = cr forment un sous-corps K de A, et les
formes ehermitiennes sur E (pour J ) forment un espace vectoriel
sur K.
Remarques. - 1) Si @ est une forme E-hermitiennesur E, on a
@(x,y) = E@(x,y)E quels que soient x, y dans E. Donc, si @ prend
des valeurs inversibles, on a EE = 1.
- 2) S'il existe un élément inversible i du centre de A tel que
i = k , alors, pour que @ soit ehermitienne, il faut et il sufit
que i@ soit hermitienne.

L'application (y, x) -+ @(x, y) étant sesquilinéaire pour J,


pour que @ soit E-hermitienne, il faut et il sufit que l'on ait
@(y,x) = E@(x,y) lorsque x et y parcourent un système de généra-
teurs de E. En particulier, si E admet une base finie (eJIGiG,,
pour qu'une forme sesquilinéaire @ sur E soit E-hermitienne,il faut
et il suffit que sa matrice R = (pij) = (@(ei,ei)) vérifie les rela-
tions p, = ~ P i jquels que soient i, j, c'est-à-dire tR = ER; une
matrice R possédant cette propriété est dite E-hermitienne. Lorsque
e = 1(resp. - 1) on dit que R est hermitienne (resp. antihermitienne)
relativement à l'antiautomorphisme J. Lorsque J est l'identité
(donc A commutatif), une matrice hermitienne (resp. antihermi-
tienne) R est telle que 'R = R (resp. 'R = - R) ; on dit alors que
R est une matrice symétrique (resp. antisymétrique). Pour que cD
soit une forme alternée, il f a u t et il suffit que sa matrice soit
antisymétrique et, en outre, que les termes diagonaux de R
soient tous nuls ; une matrice possédant ces propriétés est dite
alternée.

Soit @ une forme sesquilinéaire sur E l et soient sa et da les


applications de E dans E* associées à @ à gauche et à droite
( 5 1, no 6). Poar que @ soit ehermitienne, il faut et il sufit que
(x, = É (2,d+(y)) quels que soient les éléments x, y de E,
donc que s , = ~ Ed*, OU encore que (x, da(y)) = E ( X , s+(y)), donc
que ds = ES*.
Soit ci une forme E-hermitienne telle que l'application dg de
E dans E* associée à droite à @ soit bijective. Pour tout endomor-
phisme u de E on a alors
(1) u** = €EU.
En effet, quels que soient les éléments x et y de E, on a
@(x,u**(y)) = @(u*(4,y) = EWY,~ " ( 4 = 4
) E@(U(Y),
= E@(x,u(y))E = @(x,EEu(~))
donc u**(x) = EEU(X) puisque @ est non dégénérée.
Si @ est une forme E-hermitienne telle que les applications s+
e t da soient bijectives, alors la forme inverse 6 de @ ( $ 1, no 7)
est une forme Ë-hermitienne. En effet, en posant s = s+, d = ds
pour abréger, on déduit de d = ES que s-l = Ëd-l, s étant semi-
linéaire. Par suite, quels que soient u, v dans E , on a
%(u, V)= @(s-l(u),d-l(v)) = E@(d-l(u),d-'(v)),
A -
d'où @(O,U) = EE@(~-'(u),
d-10) =E ~ ( uv ), ,
puisque, E est dans le centre de A.
Enfin, lorsque l'anneau A est commutatif, les prolongements
canoniques d'une forme E-hermitienne @ aux puissances tensorielle
P P
et extérieure @E et /I\E de E sont des formes EP-hermitiennes,
comme il résulte aussitôt des formules (35) et (37) du $1,no 9.

2. Modules sur une extension quadratique.


Soit K un anneau commutatif. On prend pour A l'extension
quadratique A = K(i) avec i2 = - 1, et pour J l'automorphisme
A +ip + h - ip (h E K, p~ K) (chap. II, $ 7, no 7). Si E est un A-
module, nous noterons E, le K-module déduit de E par restriction
de l'anneau des scalaires, et par j l'automorphisme x -+ ix de E, ;
on a évidemment j2 = - 1, OU 1 est l'application identique de E,.
Inversement soit E, un K-module et soit j un automorphisme de
E, tel que j2 = - 1 ; l'application h + ip -t h1 +
p j est évidem-
ment un homomorphisme de A dans l'anneau 3(Eo)des endomor-
phismes de E, ; on a donc défini sur E, une structure de A-module,
pour laquelle on a
(2) (A + ip)x = ?a+ +j(x) (x E EU,A E K, p E K).
Si E' est un autre A-module, Eh le K-module sous-jacent à El,
j' l'automorphisme x' + ix' de Eh, alors les applications A-linéaires
f de E dans E' ne sont autres que les applications K-linéaires
d e E, dans Eh telles que f j = j' of. En particulier, si l'on note E*
0

e t (E,)* les duals respectifs de E et E,, et si f, et f 2 sont deux


applications de E dans K, pour que l'application x + f,(x) +
if2(x)
de E dans A soit A-linéaire, il faut et il sufit que f, et f, soient
dans (E,)* et que l'on ait fl j 0 +i(fz0 j) = if, - f,, c'est-à-dire
fi = fzo j et fi j = - fi. Comme j est un automorphisme de E, et
0

que j2 = - 1, ces deux conditions sont équivalentes. En éliminant


fl ou f,, on voit que les formules
(3) f ( 4 = fi@) - if1(i(xN
(4) +
f(x) = f2(i(x)) ifz($)
(x E E , f E E*, fi E (Eo)*, f2E (EO)*) établissent deux correspon-
dances biunivoques entre E* et (E,)*.

3. Pormes bilinéaires associées à une forme hermitienne.


Nous supposons encore ici que l'anneau A est l'extension
quadratique A = K(i) (où i2 = - 1) d'un anneau commutatif K,
e t que J est l'automorphisme A + ip + h - ip de A (h E K, p E K).
Soient E et E' deux A-modules, Eo et Eh les K-modules sous-
jacents à E et E', j et j' les automorphismes x + ix et x' + ix'
de E et E' (cf. no 2). Une forme K-bilinéaire f sur E, x Eo
sera dite invariante par j et j' si l'on a
(5) f(i(4, i'(x')) = f(x, x')
pour X E Eo et x' E Eh. Remplaçant x par j(x), on voit que cette
condition équivaut à
(6) f(x, j ' W ) = - f(i(x), x')
quels que soient x E Eo et x' E Eh.

PROPOSITION 1. - Soit a, (resp. a,) une forme K-bilinéaire


sur Eo x Eh, invariante par j et j'. L'application qui à al (resp. ci,)
fait correspondre l'application ci de E x E' dans A définie par
(7) @(x,x') = cil(x, x') +
icil(x, jr(x'))
(8) +
(resp. @(x,x') = - @,(x, jf(x')) i@,(x, x'))
(x E E, x' E E ) , est un isomorphisme du K-espace vectoriel des formes
K-bilinéaires sur Eo x Eh invariantes par j et j' sur le K-espace
vectoriel des formes sesquilinéaires sur E x Er. Supposons de plus
E = E' ; pour que ci soit hermitienne, il faut et il sufit que ci,
soit symétrique (resp. que @, soit antisymétrique) (cf. exerc. 4).
En effet toute application ci de E x E t dans A s'écrit, d'une
manière et d'une seule, sous la forme ci = 0, +
ici,, où <Dl et <D,
sont des applications de E x E t dans K. Pour que l'application
partielle x -+ ci(x, x') soit A-linéaire, il faut et il suffit, d'après la
formule (3) (resp. (4)) du no 2, que ci, (resp. a,) soit K-linéaire en
x et que l'on ait
(9) @(x,x') = @,(x, x') - i@,(j(x),x')
(10) (resp. @(x,x') = @,(j(x),x') + i@,(x, 2')).

De même, pour que ci(x, x') soit A-linéaire en x', il faut et il


suffit que @, (resp. @), soit K-linéaire en x' et que l'on ait
(11) @(x,x') = Q1(x, x') +i@,(x, j'(xt))
(12) (resp. ci(x, x') = - <D,(x, j'(xr)) + ici,(x, 2')).
Il en résulte immédiatement que, pour que @ soit sesqui-
linéaire, il faut et il sufit qu'elle s'écrive sous l'une ou l'autre
formes (9) et (11) (resp. (10) et (IL)) avec ci, (resp. ci,) K-bili-
néaire invariante par j et j'.
Il résulte de ceci que, pour qu'une forme sesquilinéaire
ci = ci, -+ i@, soit nulle, il faut et il suffit que 0, (resp. Q2) soit
nulle. Or, si E = E t , on a @(y,x) = @,(y, x) + i@,(y, x) et
@(x, y) = @,(x, y) - i@,(x, y) ; pour que ces deux expressions
soient égales, autrement dit pour que @ soit hermitienne, il faut
e t il s u f i t donc que 0,soit symétrique (resp. que 0, soit antisy-
métrique).

Remarques. - 1) Les formules (7) et (8)montrent que, si x E E,


pour que l'on ait @(x,x') = O pour tout x' E E', il faut et il sufit
que @,(x, s r ) = O (regp. @,(x, x') = O) pour tout x' E El.
2) L'adjoint d'un endomorphisme u Oe E par rapport à @
( 5 1, no 8) est le même que l'adjoint de u (considéré comme endo-
morphisme de E,) par rapport à 0,(resp. a,).

4. Formes quadratiques.
DEFINITION 2. - On suppose l'anneau A commutatif. On dit
qu'une application Q de E dans A est une forme quadratique sur E s i
1 ) l'on a Q(ax) = a2Q(x) pour a E A et x E E ;
2) l'application @ : (x, y) -+ Q(x +
y) - Q(x) - Q(y) de E x E
dans A est une forme bilinéaire.
L a forme bilinéaire @ (qui est nécessairement symétrique)
s'appelle la forme bilinéaire associée à Q. S i @ est non dégénérée,
on dit que Q est non dégénérée.

Comme Q(2x) = 4Q(x), il résulte aussitôt de 2) que l'on a

En particulier, si A est un anneau de caractéristique 2, la


forme 0 est alternée.

On dira que deux éléments (resp. deux sous-ensembles) de


E sont orthogonaux relativement a Q s'ils sont orthogonaux rela-
tivement à la forme bilinéaire associée @.
Soient (xi);,, une famille d'éléments de E e t (ai)iEI une
famille d'éléments de A nuls sauf un nombre fini d'entre eux. P a r
récurrence sur le nombre des indices i pour lesquels a, f O, on
montre aisément que l'on a
la dernière sommation étant étendue aux sous-ensembles à deux
éléments de 1.
Pour toute forme bilinéaire f sur E x E, on définit une forme
quadratique Q en posant Q(x) = f(x, x) ; la forme bilinéaire @
associée à Q est alors définie par @(x,y) = f(x, y) +f(y, x) pour
x, y dans E. De plus, si l'on suppose que le scalaire 2 a un inverse
1
- dans A, il existe une forme bilinéaire symétrique f et une seule
2
1
telle que Q(x) = f(x, x), à savoir f = -4; le discriminant de f par
2
rapport a un système S = (xl,. . .,x,J s'appelle aussi le discri-
minant de Q par rapport a S. Il y a donc dans ce cas correspon-
dance biunivoque entre les formes quadratiques et les formes
bilinéaires symétriques sur E (cf. exerc. 6).
Dans le cas d'un module libre, on a de plus le résultat suivant :

PROPOSITION 2. - Supposons que A soit commutatif et que E


admette une base Alors, pour toute forme quadratique Q
sur E, il existe une forme bilinéaire f sur E x E telle que Q(x) = f(x,x)
pour tout x e E. Pour toute famille (bii)(i,i),I,I de scalaires tels
que b, = bit pour (i, j) E 1 x 1, il existe une forme quadratique Q
et une seule telle que l'on ait
(15) Q(ei) = b,-,, @(ei,ei) = bq pour i # j,
où @ désigne la forme bilinéaire associée à Q ; alors Q est donnée par
la formule

la dernière sommation étant étendue aux sous-ensembles Ii, jj de 1


ayant un ou deux éléments.
En effet, comme la formule (16) n'est qu'une transcription
de la formule (14), l'unicité d'une forme quadratique Q vérifiant
(15) est dkmontrée. Pour démontrer son existence, remarquons
d'abord qu'il existe une famille (bij) d'éléments de A telle que
+
b:i = bii et que b& b;i = bit pour i # j ; on obtient par exemple
une telle famille en munissant 1 d'une structure d'ensemble totale-
ment ordonné (Ens., chap. III, § 2, no 3, th. 1) et en posant b& = bi,
pour i < j et b:j = O pour i > j. Comme les ei forment une base de
E , il existe une forme bilinéaire f sur E x E telle que f(ei,ei) = bEi;
en posant Q1(x)= f(x, x) et en désignant par W la forme bilinéaire
associée à la forme quadratique Q', on obtient Q1(ei)= bii et
+
@'(ei, ei) = f(ei, ei) f(ei, ei) = bq. Ceci démontre notre seconde
assertion. Quant à la première, elle en résulte aussitôt car, en vertu
de l'unicité, si une forme quadratique Q vérifie (15), on a Q(x) =
Q1<x>= f(x7 4-
Le module E muni de la structure définie par une forme qua-
dratique Q prend le nom de module quadratique. Un homomor-
phisme du module quadratique (E, Q) dans un module quadratique
(El, Q') est une application linéaire u de E dans E' telle que
Q = Q' u ; si @ et @' sont les formes bilinéaires associées a Q et
0

Q', on a alors @(x,y) = D1(u(x),u(y)) pour x E E, y E E ; autre-


ment dit @' est l'image réciproque de @ par u ( § 1, no 1). On dit
que deux formes quadratiques Q et Q' sur deux A-modules E et
E r sont équivalentes si les modules quadratiques correspondants
sont isomorphes.
Soit (Ei, Qi)(,, une famille de modules quadratiques, et soit
E la somme directe des modules EL. On appelle somme directe
externe des modules quadratiques (E,, Q,) le module quadratique
obtenu en munissant E de la forme quadratique Q définie par
Q(XX,) = XQ,(x,) pour xi E E,. On dit aussi que la forme quadra-
2 Z

tique Q est la somme directe externe des formes quadratiques Qi.


Si les formes Qi sont non dégénérées, il en est de même de Q.

Soit Q une forme quadratique sur le A-module E ; si F est


un sous-module de E et si Q est constante sur chaque classe mo-
du10 F, l'application Q de E / F dans A déduite de Q par passage au
quotient est évidemment une forme quadratique, et l'application
canonique de E sur E / F est un homomorphisme pour les structures
de modules quadratiques. Pour que Q soit constante sur chaque
+
classe modulo F , il faut et il sufit que l'on ait Q(x y) = Q(x)
pour x E E et y E F, c'est-à-dire, en notant @ la forme bilinéaire
+
associée à Q, que l'on ait Q(y) @(x,y) = O pour y E F et x E E.
Faisant x = O, on voit que l'on a Q(y) = O pour y E F, et donc
@(x,y) = O pour x é E et y e F. Autrement dit, si l'on appelle
noyau du module quadratique (E, Q) l'ensemble N des éléments
x de E tels que Q(x) = O et @(x,z) = O pour tout z E E , pour que
Q soit constante sur chaque classe modulo F, il faut et il suffit
que F soit contenu dans le noyau N de (E, Q). On vérifie sans
peine que N est un sous-module de E. Pour que Q soit constante
sur chaque classe modulo F,il faut et il sufit donc q u e F soit engendré
par des éléments de N.

On voit aussitôt que le noyau du module quadratique [E/N


est { O ! .

PROPOSITION 3. - Soit h un homomorphisme de A dans un


anneau commutatif Ar. Pour toute forme quadratique Q sur le A-
module E, il existe une forme quadratique Q' et une seule sur le Ar-
module A' @, E (chap. I I I , 2e éd., App. II, no 10) telle que l'on ait

pour tout x E E. E n outre la forme bilinéaire @' associée à Q' s'obtient


par extension de l'anneau des scalaires à partir de la forme bilinéaire
@ associée à Q.
Montrons d'abord que, s'il existe une forme quadratique Q'
vérifiant (17), elle est unique et la forme bilinéaire @' associée à
Qr s'obtient par extension de l'anneau des scalaires à partir de la
forme 0 associée à Q. En effet cette dernière assertion résulte de
ce que l'on a

pour x E E, y E E. La formule (14) montre alors que l'on a

pour al E A' et xi E E , ce qui démontre l'unicité de Q'.


Pour montrer l'existence de Q', nous supposerons d'abord que
le module E admet une base (ei)iEI. Il existe alors des éléments
bii de A tels que bii = bit et que Q(Çaiei) = Ç bqaiai pour
i (C il
ai E A (prop. 2). Comme les éléments 18, ei forment une base du
A'-module At@,E, on définit une forme quadratique Q' sur ce
dernier module en posant

pour ai E A' ; d'où, pour x = x;r,ei E E


i

ce qui démontre l'existence de Q' dans ce cas.


Passons maintenant au cas général. Soient (xi)i,, un système
de générateurs de E , A@)le module des combinaisons linéaires
formelles d'éléments de 1 (chap. II, $ 1, no 8), et (ei)iEI la base
canonique de A@. L'application linéaire u de Am dans E définie
par u(ei) = xi est surjective puisque les éléments xi engendrent
E. Il en résulte (chap. I I I , 2e éd., App. II, no 5, prop. 4) que
l'application 1@ u de A' @ Am dans A' @ E est surjective, et que
son noyau P' est engendré par les éléments de la forme 1@ p
avec u(p) = O. Soit alors Q; l'extension à A' @,A(') de la forme
quadratique Q, = Q o u sur A('). Si p est un élément de Am tel
que ~ ( p =) O, on a Q:(l @ p ) = h(Q,(p)) = O et (en notant QI la
forme bilinéaire associée à Q;) @;(l @ p , 1@x)= h(Q(u(p), u(x))) = O
pour tout x E A@). Donc, si u(p) = O (p E A(')), alors 1 @ p appar-
tient au noyau du module quadratique A'@, Am, et il existe
par suite, comme on l'a vu plus haut, une forme quadratique Q' sur
A' 8, E telle que QI = Q' (1@ u). Comme u est surjective, on
0

voit que Q' vérifie la condition (17). CQFD.

La forme quadratique Q', dont l'existence et l'unicité sont


assurées par la prop. 3, est appelée l'extension de Q à A' 8, E (par
rapport à h). On dit aussi que Q' s'obtient à partir de Q par exten-
sion de l'anneau des scalaires.

Exercices. - 1) Soient A un corps, E un espace vectoriel à gauche


sur A, Q, une forme sesquilinéaire sur E (pour un antiautomorphisme
J de A). On suppose que le rang (fini ou infini) de Q est >/ 2, et que les
relations Q,(x,y) = O et @(y, x) = O sont équivalentes.
a) Montrer qu'il existe h f O dans A tel que I'onaita>(y,x)=h(a>(x,y))J.
(Utiliser I'exerc. 8 du § 1).
b ) Montrer qu'il existe u E A tel que la forme sesquilinéaire @a
(pour I'antiautomorphisme t + a-ltJu) soit hermitienne ou alternée.
FORMES H E R M I T I E N N E S E T FORMES Q U A D R A T I Q U E S 59
(Remarquer d'abord que l'on a 5 ~ = ' A-'tAeJ et MJ= AJA = 1. Distin-
guer ensuite deux cas suivant que <+
tJA-l = O pour tout 6 E A ou non ;
dans le second cas, montrer que tout élément # O de la forme a = t tJA-' +
répond à la question).
2) Soit cD une forme sesquilinéaire E-hermitienne sur un espace vec-
toriel E de dimension finie sur un corps A.
a) Montrer que pour tout sous-espace vectoriel M de E, on a
+ +
(MO)O= M E0et dirn MO dirn M = dirn E +
dirn (M n EO).
b) Si Ml, M, sont deux sous-espaces vectoriels de E, montrer que
l'on a dirn (Ml n Mg) + dirn (M, +
My) = dirn E +
dirn (Ml n EO) (con-
sidérer l'application canonique de E sur E/EO).
3) Soient K un anneau commutatif, f un polynôme unitaire de K[X],
de degré n >/ 1 ; soit A l'algèbre quotient K[X]/(f) admettant pour
base sur K les éléments 1, 5, E2,. . ., En-l (chap. IV, $ 1, no 5, prop. 4).
Montrer que la donnée d'un A-module E équivaut à la donnée d'un K-
module Eo et d'un K-endomorphisme j de Eotel que f(j) = O. Pour tout
n- 1

u E E*, on pose u(x) = 2 uk(x)E,k ; montrer que si a0 = f(0) est inversible


k=O
dans K, l'application u + u, est un K-isomorphisme de E* sur (Eo)*,
dont on explicitera l'isomorphisme réciproque.
7 4) a) Soient A un anneau (commutatif ou non), o un automor-
phisme de A tel qu'il existe un élément inversible y E A vérifiant yu = y,
et tel que l'on ait ya= yE,y-' pour tout E A. Soit B un A-module à
gauche ayant une base de deux éléments (%, e,) ; montrer qu'on définit
sur B une structure d'anneau en prenant comme multiplication dans B
la loi de composition

Pour cette structure d'anneau, el est élément unité (qu'on identifie


avec l'élément unité 1 de A) ; si on pose e, = p, on a = y et p t = $p
pour tout 4 E A ; en outre, B est un A-module à droite, dont 1et p forment
une base. Si A est un corps, une condition nécessaire et suffisante pour
que B soit un corps est que y ne soit pas de la forme AaA (où A E A). (Cf.
chap. VIII, $ 12, exerc. 8).
b) Soit J un antiautomorphisme involutif de A. On suppose qu'il
existe un élément inversible 6 E A satisfaisant aux conditions suivantes :
(1) SJ = 6, S"8 = yyJ, (EJ)' = 6(?3JS-1 pour tout E E A.
Montrer qu'on peut alors prolonger J en un antiautomorphisme
involutif de B (noté encore J ) en posant

Si en outre A et B sont des corps et si o n'est pas un automorphisme


intérieur, montrer que les conditions (1)sont nécessaires pour l'existence
d'un prolongement de J en un antiautomorphisme involutif de B (en posant
+
pJ = a pp, avec a, (3 dans A, montrer qu'on a nécessairement a = 0,
en écrivant la condition (pQJ = cJpJ pour tout 5 E A).
c ) On suppose les conditions (1) vérifiées et 17antiautomorphisme
involutif J prolongé à B par (2). Soient F un B-module unitaire, E le
A-module unitaire déduit de F par restriction à A de l'anneau des sca-
laires ;l'application j : x -+ px est alors une application semi-linéaire bijec-
tive de E sur lui-même, relative à l'automorphisme o de A et telle que
j ' x ) = yx. Soit @ une forme hermitienne sur 17 (pour J ) ; pour x E E,
y E, posons '($7 y) = y) f Y)P, Y) Y) A.
Montrer que @, est une forme hermitienne sur E (pour J), telle que

on a @,(x7 y) = @,(x, j(y))8-l, @, est une forme sesquilinéaire sur E pour


17antiautomorphisme(en général non involutif) 5 -t (y)",telle que

Réciproques. Pour que @ soit non dégénérée, il faut et il suffit que @,


ou @, soit non dégénérée. Cas particulier où B est une algèbre de quater-
nions sur un anneau commutatif K, correspondant à une couple (a,P)
d'éléments de K, P étant inversible, A la sous-algèbre K +
K u de B, et
J et o l'application 5 + (chap. II, 5 7, no 8).
d) Soit u un automorphisme du A-module E. Pour que u soit un
automorphisme du B-module F, laissant invariante la forme @, il faut
e t il suffit que u satisfasse à deux quelconques des trois conditions sui-
vantes :
10 u laisse invariante @, ;
20 u laisse invariante @, ;
30 u permute avec j.
5) SoientA un anneau commutatif, E un A-module, (xi)iE, un système
de générateurs de E ; soit R le sous-module du module A(" formé des
éléments (yJiEI tels que xy,xi = O, et soit un système de géné-
rateurs de R (avec a,$ = (axi)iEI).Soit (b,J une famille d'éléments de A
( i E 1, j E 1). Pour qu'il existe une forme quadratique Q telle que Q ( a ) = bii
et @(xi,xj)= b, pour i ++ j (@ désignant la forme bilinéaire associée à Q),
il faut et il suffit que bii = bii.quels que soient i, j dans 1, et que, quels
que soient h E L et i E 1, on ait

on a alors ~ ( C a i x i =
) biiaiai. E n déduire une nouvelle démonstration
i ( <,,
%
. i,l
de la prop. 3 du no 4. (Remarquer que les xi = 1C3 xt forment un système
de générateurs de A' @, E, et que le A'-module A' @, E est isomorphe à
AIQ)/R', où A'(') est identifié à A' @, Ac1) e t R' est engendré par l'image
de R par l'application canonique de A@)dans Af(I)).
6) Soient A un anneau commutatif de caractéristique 2, E un A-mo-
dule libre, .l (resp. :E, 9) le A-module des formes bilinéaires alternées
(resp. bilinéaires symétriques, quadratiques) sur E. On a .Nt c 9 ; on défi-
nit en outre une application linéaire o de Y dans 9, et une application
linéaire 0 de !,dans .l, de la façon suivante : pour toute forme bilinéaire
0 E Cf, a ( @ ) est la forme quadratique x + @(x,x), et pour toute forme
quadratique Q E 2, 8(Q) est la forme bilinéaire associée à Q, qui est
-1 -1
alternée. Montrer que o(0) = A, O(9) = .Y) et 8(0) = ~ ( 5 ) .
7 7) Soient A un anneau commutatif, E l F deux A-modules. On
dit qu'une application Q de E dans F est quadratique si elle satisfait aux
conditions suivantes : 10 Q(m) = a2Q(x) pour cr E A, x E E ; 20 l'appli-
+
cation (x, y) -+ Q(x y) - Q(x) - Q(y) de E x E dans F est bilinéaire. Si
f est une application linéaire d'un A-module El dans E, Q 0 f est une appli-
cation quadratique de El dans F.
a) Soient E un A-module, A(") le module des combinaisons linéaires
formelles des éléments de E à coefficients dans A (chap. II, § 1, no 8),
et pour tout x E E, soit EZ l'élément correspondant de la base canonique
de AcE). Soit r 2 ( E ) le quotient de A@)x ( E @, E) par le sous-module R
engendré par les éléments (E,,, - E, - E,, - x C3 y) et (E;~,- A2c,, O), pour
x E E, y E E, A E A. Pour tout x E E, on pose y(x) = <P(E,, O), en dési-
gnant par y l'application canonique de A(E)x (E C3 E ) sur r 2 ( E ); on dit
que y est l'application canonique de E dans r2(E). Montrer que y est une
application quadratique de E dans r 2 ( E ) et que, pour toute application
quadratique Q de E dans un A-module F, il existe une application linéaire
et une seule q de r Z ( E )dans F telle que Q = q O y (en d'autres termes,
( ï 2 ( E ) ,y) est solution d'un problème d'application universelle ; cf. Ens.,
chap. IV, § 3).
Pour tout couple de A-modules E, E' et toute application linéaire
f de E dans Er, montrer que, si y' désigne l'application canonique de E'
dans r2(E'), il existe une et une seule application linéaire 7 de r 2 ( E )dans
PTE') telle que y' f = f y.
0 0

b) On suppose que E est somme directe de deux sous-modules M, N.


Définir un isomorphisme canonique de r 2 ( E ) sur la somme directe des
modules ïL(M), r 2 ( N ) et M C3 N (montrer que cette somme directe est
solution du même problème d'application universelle que r2(E)).
c) Soient F un sous-module de E, j l'injection canonique de F dans
E. Définir un isomorphisme canonique de rL(E/F)sur

OU +(x, y) = ~ ( 0x, C3 j(y)) pour x E E, y E F. (Même méthode).


d) Soient A' un anneau commutatif, h un homomorphisme de A dans
A'. Définir un isomorphisme canonique de r2(A' C3, E ) sur A' C3, r 2 ( E )
(même méthode).
e) Il existe une application linéaire et une seules de r 2 ( E )dans E @ E
telle que s(y(x)) = x C3 x pour tout x E E ;montrer que si E est un module
libre, s est un isomorphisme sur le sous-module des tenseurs symétriques
d'ordre 2 sur E.
f ) On suppose que A = Z e t que E est un groupe cyclique fini d'ordre
n. Montrer que r 2 ( E ) est un groupe cyclique d'ordre n si n est impair,
d'ordre 2n si n est pair. (Remarquer d'abord que si a est un générateur
de E, y(a) est un générateur de P ( E ) , et que y(- ha) = $ha) pour tout
entier h ; déduire de là que si n est impair, ny(a) = O en prenant
h = (n - 1)/2 ; montrer de même que 2ny(a) = O si n est pair. Prouver
enfin que si n est impair (resp. pair), il existe une application quadratique
Q de E dans un groupe cyclique d'ordre n (resp. Ln) appliquant a sur un
générateur de ce groupe).
8) Soient A un corps commutatif, E l F deux espaces vectoriels sur
A. Soit g une application de E dans F, telle qu'il existe trois applications
a, b, c de E x E dans F, satisfaisant a l'identité

quels que soient x, y dans E, h, p dans A.


a) Montrer que l'on a a(x, y) = g(x), c(x, y) = g(y), b(y, x) =b(x, y)
et b(Ax, y) = hb(x, y) ; en outre, si on pose

montrer que l'on a d(x, y, z) = d(y, z , x) = d(z, x, y) e t en conclure que


d ( b , PY,VZ)= W J ~ ( XY,, 2).
6) Déduire de a) que si A f F,, on a nécessairement d(x, y, z) = O
et par suite que g est une application quadratique (exerc. 7). Au con-
traire, si A = F, et si dim E >/ 3, montrer qu'il existe des applications g
de E dans A, satisfaisant à (4) et pour lesquelles d(x, y, z) ne soit pas
identiquement nul.
9) Soient A un anneau commutatif, E un A-module ayant une
base de n éléments, 0 une forme bilinéaire symétrique sur E. Soient e
n
un élément de AE formant une base de ce module, A le discriminant
P n-P
de <D par rapport à e, cpp l'isomorphisme canonique de E sur A E* relatif
P -1
e (chap. 111, 5 8, n05). Pour z E A E , soit dipi(x)= cpn-p(dab)(x));montrer
P n-P
que l'application d ~ , de
) AE dans E possède les propriétés suivantes :
D
a) Pour tout x E /\ E, d(n-p)(d(p)(x))= (- l)p(n-p)Ax.
P
b) Pour tout couple d'éléments x, y de /1 E, on a

c) On suppose en outre pue A soit un corps et que @ soit non dégé-


nérée. Alors, si x est un p-vecteur décomposable # O correspondant à
un sous-espace F de E (chap. III, $ 7 , no 3), dcp)(x)est un ( I L - p)-vecteur
décomposable f O correspondant au sous-espace F0 orthogonal à F.
8 4,no 1 SOUS-ESPACES ISOTROPES 63
ci) Éitendre les resultats prbcédents au cas où (A étant un anneau
commutatif), @ est une forme sesquilinbaire E-hermitiennepour un auto-
morphisme involutif J # 1 de A.
10) a) Soient A un anneau commutatif, E un A-module ayant une
base de 3 éléments, @ une forme bilinéaire symétrique sur E. Avec les
notations de l'exerc. 9, pour deux éléments quelconques x, y de E, on
pose x A y = d(d(x A y), et on dit que cet élément est le produit vectoriel
'i

de x et de y (relativement à @ et à la base e de A E). Montrer que


(2, y) -+x A y est une application bilinéaire alternée de E x E dans E,
et que x A y est orthogonal à x et à y.
b) Soient a, p deux éléments inversibles de A, B l'algèbre de quater-
nions sur A correspondant au couple (a,P) (chap. II, $ 7, no 8), 1, 'u, v, w
la base canonique de B sur A ; soit E le sous-module de B ayant pour
base u, u, W . Montrer que si x, y sont deux quaternions appartenant à E,
on a
$y = @(x, y) + ZAY
oû @ est une forme bilinéaire symétrique sur E, telle que les applications
linéaires associées à 0 soient bijectives, et x A y est le produit vectoriel
3
de z et de y relatif à la forme <D et à la base a-lp-lu A v A w de /\ E.
11) Soit @ une forme sesquilinéaire E-hermitienne non dégénérée
sur un espace vectoriel E de dimension finie. On dit qu'un sous-espace
vectoriel M de E est faiblement orthogonal à un sous-espace vectoriel
N (relativement à @) si l'un des deux sous-espaces M, No contient
l'autre.
a) Montrer que la relation M est faiblement orthogonal à N N est
((

symétrique.
b) Si M et N sont faiblement orthogonaux, Mo et No sont faiblement
orthogonaux.
c) Si M et N sont faiblement orthogonaux et si M n N = {O), M et N
sont orthogonaux.

3 4. Sous-espaces totalement isotropes. Théorème de Witt

Dans ce paragraphe o n suppose, sauf mention expresse d u


contraire, que A est u n corps. O n désigne par @, soit une forme E-her-
mitienne sur E (par rapport a l'antiautomorphisme involutif A -+ h
de A), soit l a forme bilinéaire symétrique associée a une forme qua-
dratique Q sur E ( A étant supposé commutatif dans ce dernier
cas).
1. Sous-espaces isotropes.
DEFINITION1. - Etant donné u n module E sur l'anneau A,
u n élément x de E est dit isotrope s i @ ( x ,x) = O. U n sous-module F
de E est dit
1 ) isotrope s'il existe u n élément x f O de F orthogonal a F ;
2) totalement isotrope s i la restriction de @ à F est nulle.

Lorsque le module E est muni d'une forme quadratique Q,


on dira qu'un élément de E est isotrope (resp. qu'un sous-module
de E est isotrope, ou totalement isotrope) si cet élément est iso-
trope (resp. si ce sous-module est isotrope, ou totalement isotrope)
relativement à la forme bilinéaire associée à Q.
Un vecteur isotrope n'est autre qu'un vecteur orthogonal
à lui-même. Dire qu'un sous-module F est isotrope signifie que
FnF O f {O{, ou encore que la restriction de @ a F est dégénérée ;
un sous-module n o n isotrope G de E est donc un sous-module tel
que la restriction de @ à G est non dégénérée. Pour qu'un sous-
module F d e E soit totalement isotrope, il faut et il suffit que l'on
ait F c FO. Si F est un sous-module totalement isotrope de E, il
en est d e même de tout sous-module F' contenu dans F. L a somme
d'une famille de sous-modules totalement isotropes et orthogonaux
deux à deux est u n sous-module totalement isotrope. L'ensemble
des sous-modules totalement isotropes de E , ordonné par inclu-
sion, est évidemment inductif ; il en résulte que tout sous-module
totalement isotrope est contenu dans un sous-module totalement
isotrope maximal.

PROPOSITION 1. - O n suppose que A est u n corps. Soit F u n


sous-espace non isotrope de dimension finie de E ; alors E est somme
directe de F et de FO.
E n effet, comme la restriction @' de 0 a F est non dégénérée
par hypothèse, l'application d+l de F dans son dual F* associée
à droite à @' est injective, donc bijective puisque F et F* sont
deux espaces de même dimension finie. Par suite, pour tout y E E ,
il existe un élément y. e t un seul de F tel que l'on ait @ ( x ,y) =
@ ( x ,y,) pour tout x E F, c'est-à-dire y - y. E F0; ceci prouve que E
est somme directe de F e t FO.
no 2 SOUS-ESPACES ISOTROPES 65
COROLLAIRE. - S i F est un sous-espace de dimension finie de
E l et s i @ est non dégénérée, les conditions slvivantes sont équiva-
lentes :
a ) F est non isotrope.
b) F0 est non isotrope.
c) E est somme directe de F et FO.
L a prop. 1 montre en effet que a ) implique c), et c) im-
plique a) et b). Enfin, si F0 est non isotrope, on a F n F0c F0 n Foo=
10; ; donc F est non isotrope, ce qui montre que b) implique a).

DEFINITION 2. - Soit Q une forme quadratique sur E. Un


élément x de E est dit singulier (relativement à Q) s i Q(x) = O.
Un sous-module F de E est dit :
1) singulier s'il existe un élement x # O de F qui est singulier et
orthogonal à F ;
2) totalement singulier s i la restriction de Q à F est nulle.

Le noyau d u module quadratique ( E l Q) ( $ 3 ,no 4) est consti-


t u é par les éléments singuliers de E0 ; pour qu'un sous-module F
101.
soit singulier, il faut e t il s u f i t que son noyau soit # Comme
@(x,y) = Q(x + y) - Q(x) - Q(y), tout sous-module totalement
singulier # 10; est singulier. Comme @(x,z) = 2Q(x), tout vec-
teur singulier est isotrope et tout sous-module singulier (resp.
totalement singulier) est isotrope (resp. totalement isotrope) ; la
réciproque est vraie si A est un corps de caractéristique f 2.
Tout sous-module contenu dans un sous-module totalement singu-
lier est lui-même totalement singulier. La somme d'une famille
de sous-modules totalement singuliers e t orthogonaiix deux à
deux est un sous-module totalement singulier. L'ensemble des
sous-modules totalement singuliers de E, ordonné par inclusion,
est inductif ; donc tout sous-module totalerrient singulier de E
est contenu dans un sous-module totalernent singulier maximal.

2. L)écomposition de Witt.
Aux conventions déjà en vigueur depuis le début du présent
paragraphe, nous ajouterons la suivante :
Bourbaki XXIV. >
CONDITION(T). - Pour tout XE E , il existe a 4 A tel que
@(x, x) = a + &CC.

Cette condition est toujours satisfaite lorsque @ est alternée,


ou lorsque E = 1 et que A est un corps de caractéristique f 2, en
1
prenant alors a = -@(x, x) (ci. exerc. 1 et 14).
2

Lemme 1. - Soit @ une forme E-hermitienne vérifiant (T) (resp.


la forme bilinéaire associée à une forme quadratique Q) sur E , et
soit F u n sous-espace totalement isotrope (resp. totalement singulier)
de E , n o n réduit à O. Pour tout x E E n o n orthogonal à F et tout a E A,
il existe y E F tel que

@(x + y, x + y) = a + CC( (resp. Q(z + y) = a).

Posons en effet @(x,x) = p + CF (resp. Q(x) = p). Pour


y E F on a alors W x + +
y, x: y) = (13 @(x, y)) + + +
4 P @(x,y))
puisque @(y,y) = O (resp. Q(x y) = P+ +
@(x,y) puisque
Q(y) = O). Comme x n'est pas orthogonal à F , la fonction linéaire
a f i n e y -t @(x,y)+p sur F n'est pas constante ; elle prend donc
la valeur a pour un certain élément y de F, qui r é p o ~ dainsi à la
question.

On appelle décomposition de W i t t dc E toute décomposition


de E en somme directe de trois sous-espaces F , F r , G tels que F e t
F r soient totalement isotropes (resp. totalement singuliers) et que
G soit non isotrope et soit orthogonal à F + F' ; si E est de'
dimension finie, la matrice de 0 par rapport à une base de E
adaptée à une décomposition de Witt de E se niet sous la forme

On dit que (1) est une forme neutre si elle est non dkgériérée et si
E est de dimension finie et est somrric directe de deux sous-espaces
totalement isotropes (resp. totalement singuliers). La somme
directe de deux formes neutres est une forme neutre.
no 2 SOUS-ESPACES ISOTROPES 67
PROPOSITION 2. - Soit @ une forme ehermitienne non dégé-
nérée vérifiant (T) (resp. la forme bilinéaire associée à une forme
quadratique non dégénérée Q), et soit F un sous-espace totalement
isotrope (resp. totalement singulier) de dimension finie r.
u) S i F' est un sous-espace totalement isotrope de dimension r
tel que F' n Fa = 101, alors F + F' est non isotrope et, pour toute
base (f7) de F , il existe une base (fi) de F' telle que @(f,, fj) = 6,
(indice de Kronecker) pour i, j = 1,. . . , r.
b) S i G est un sous-espace totalement isotrope (resp. totalement
singulier) de dimension \< r tel que G n Fa = 101, il existe un sous-
espace totalement isotrope (resp. totalement singulier) F' > G de
dimension r tel que F' n Fa = 10;.
Soit Y la restriction de @ a F x F' ; pour x' E F', la relation
« @ ( x , x l )= O pour tout z E F>>entraîne x = O puisque F' n FO = i01.
L'assertion a) résulte alors d u cor. de la prop. 6 d u $ 1, no 6, à
l'exception du fait que F + F' est non isotrope. Or le sous-espace
+
H = ( F F') n ( F + F')O est égal à (F + F r ) n Fa n F'O. Comme
F c Fa, on a ( F + +
F') n Fa = F (Frn Fa) = F, d'où H = F n FIo;
donc H = 1 0 j puisqu'on a v u que Y est non dégénérée. Ceci
prouve bien que F + F' est non isotrope.
Pour démontrer b), nous procéderons par récurrence descen-
dante sur s = dim G. Il nous s u f i t ainsi de prouver que, si s < r,
il existe un sous-espace totalement isotrope (resp. totalement sin-
gulier) G' contenant G, de dimension s + 1, et tel que Gr n Fa = 101.
Comme dim G < dim F , la restriction de <D à F x G est dégé-
nérée, et comme G n Fa est nul, F n Go est non nul. Si l'on avait
alors G + F o x Go, on en déduirait, en prenant les sous-espaces
orthogonaux et en remarquant que F = Foo et que G = G*
( $ 1, no 6, cor. 1 de la prop. 4), que Go n F c G, d'où

ce qui est impossible. I l existe alors u n élément x de Go tel


que x e G +
Fa ; comme F c Fa, on peut ajouter à x un vec-
teur de Go n F sans modifier ces propriétés ; comme Go n F est.
totalement isotrope (resp. totalement singulier) e t # { O 1, l e
lemme 1 montre qu'on peut choisir x isotrope (resp. singulier).
+
Alors le sous espace G' = G Ax est de dimension s +
1 , et est
totalement isotrope (resp. totalement singulier) ; de plus on a
G' n F0 = { o f car, si y = z +
a x ( Z E G , a = A ) est dans FO,on a
a = O, car sinon x E F O +
G contrairement a u choix de x , d'où
1.
y = z E G n FO = 10 et y = O. P a r conséquent le sous-espace Gr
répond à la question.

COROLLAIRE 1. - S i F est u n sous-espace totalement isotrope


(resp. totalement singulier) de dimension r , il existe u n sous-espace
totalement isotrope (resp. totalement singulier) F' de dimension r
01
tel que F n F' = 1 et que F + F' soit n o n isotrope.
Il suffit de faire G = 10; dans la prop. 2, b).

COROLLAIRE 2. - Deux formes E-hermitiennes neutres sur des


espaces de même dimension sur A sont équivalentes.

Remarque. - Dans les conditions d u corollaire 1 , E est somme


directe de F + F' et de l'orthogonal de F +
F'. On a donc une
décomposition de W i t t de E. D'après la prop. 2, a ) , il existe des
bases de F et F' telles que, dans la matrice (1) de 0,le bloc U soit
l a matrice unité 1,.

PROPOSITION 3. - Soit (D une forme E-hermitienne n o n dégénérée


vérifiant ( T ) (resp. la forme bilinéaire associée a une forme quadra-
tique n o n dégénérée Q ) . Soient F, et F, deux sous-espaces totalement
isotropes (resp. totalement singuliers) m a x i m a u x de E, l'un des
deux étant de d i p e n s i o n finie. Posons F = F, n F,. Soit S, ( i = 1, 2)
u n supplémentaire de F dans Fi ; posons S = S, + S,. I l existe
alors deux sous-espaces G et H de E tels que
a ) Les sous-espaces G + F, S et H sont n o n isotropes et deux
a deux orthogonaux ;
b ) E est somme directe de F, S, G et H ;
c ) I l n'y a aucun vecteur isotrope (resp. singulier) n o n nul
dans H ;
d ) G est totalement isotrope (resp. totalement singulier).
De plus F, et F, sont tous deux de dimensions finies et o n a
no 2 SOUS-ESPACES ISOTROPES 69
dirn F, = dirn F,, dim G = dirn F, dirn S, = dim S,, codim H =
2 dirn FI.
Remarquons d'abord que, si N est un sous-espace totalement
isotrope (resp. totalement singulier) maximal, alors tout vecteur
isotrope (resp. singulier) x orthogonal à N est un élément de N,
car sinon N + Ax contredirait le caractère maximal de N. Donc
si, pour i = 1, 2, xi est un vecteur isotrope (resp. singulier) de
F(, on a xi E Fi. D'autre part, si y est un élément de S, orthogonal
à S,, il est orthogonal à FI puisque FI est totalement isotrope,
donc à F , e t par suite a F, = S, + F. Comme y est isotrope (resp.
singulier) et qu'il est orthogonal a F,, on a

On a donc S,nS; = 101, et de même S,nS! = f o l . Comme l'un


des deux sous-espaces F,, F,, par exemple F,, est de dimension
finie, S, est de dimension finie, donc S: est de codimension finie
( $ 1, no 6, cor. 1 de la prop. 4), et par conséquent S, est de dimen-
1
sion finie puisque S, n S: = O j ; de plus ceci montre que l'on a
dirn S, \< codim S: = dim S, ; de même dirn S, \< dim S,, d'oii
dini S, = dirn S,. La prop. 2 a ) montre alors que S = S, + S, est
non isotrope.
Ceci étant, l'orthogonal N de S est non isotrope (no 1, cor.
de la prop. 1) et contient F ; le cor. 1 de la prop. 2 montre donc
qu'il existe un sous-espace G totalement isotrope (resp. totale-
ment singulier) de N tel que dirn G = dirn F, que G n F = { O 1
et que G f F soit non isotrope. Ainsi d) est vérifiée par G. On
satisfera alors à a ) et b) en prenant pour H l'orthogonal de G + F
dans N. Quant à c), l'on remarque que, comme H est orthogonal
à F, = S, + F , il n'y a aucun vecteur isotrope (resp. singulier)
non nul dans H en vertu de ce qui a été remarqué a u début de la
démonstration et du fait que H n F, = 101. Enfin certaines des
assertions relatives aux dimensions ont été démontrées en cours
de route ; les autres s'en déduisent trivialement.

COROLLAIRE 1. - Les hypothèses étant celles de la prop. 3,


deux sous-espaces totalement isotropes (resp. totalement singuliers)
maximaux de dimensions finies ont même dimension. Pour tout
sous-espace totalement isotrope (resp. totalement singulier) maximal
F de dimension finie, il e n existe u n au.tre F' tel que F n Fr = 10 1,
et dans ces conditions F + F' est n o n isotrope.
1
Si F n F' = 10 1, on aura G = 0 avec les notations de la
+
prop. 3, e t F F' sera non isotrope. Les autres assertions résultent
trivialement de la prop. 3 et d u cor. 1 de la prop. 2.

COROLLAIRE 2. - Soit Q une forme quadratique n o n dégénérée


sur u n espace vectoriel E de dimension finie n sur u n corps algébri-
quement clos A ; il existe alors une base (ei),GiG, de E telle que

Soient en effet FI e t F, deux sous-espaces totalement singu-


liers maximaux tels que F, n F, = f O (cor. 1 ) e t soit q leur dimen-
sion. On a alors G = 10 1 avec les notations de la prop. 3. Prenant
une base ( e J I G i G q de F, e t une base (ei),+lGiG2, de F, telles
que @(ei,ef+q)= Bii pour i, j = 1,. . ., q (prop. 2 a ) ) , on voit
qu'il s u f i t de montrer que dim H \< 1. Or, si x E H , y E H et si
x f 0, l'équation Q(y - a x ) = Q(y) - a@(x, y) +
a2Q(x) = O a
a u moins une solution a. puisque Q ( x ) #O, et l'on a y = aox
puisque t o u t vecteur singulier de H est nul.

DEFINITION 3. - O n suppose que E est de dimension finie et


que @ est une forme E-hermitienne n o n dégénérée vérifiant (T) (resp.
la forme bilinéaire associée à une forme quadratique n o n dégénérée Q).
O n appelle indice de 0 (resp. Q) la dimension commune des sous-
espaces totalement isotropes (resp. totalement singuliers) m a x i m a u x
de E .

Si n est la dimension de E et v l'indice de @ (resp. Q), la


prop. 3 montre que l'on a
(4) n >/ 2v.
De plus, comme t o u t sous-espace totalement isotrope (resp.
totalement singulier) est contenu dans un sous-espace totale-
no 3 S O U S - E S P A C E S ISOTROPES 71
ment isotrope (resp. totalement singulier) maximal, les sous-
espaces totalement isotropes (resp. totalement singuliers) qui
sont maximaux sont ceux qui sont de dimension v. L'assertion
que @ (resp. Q) est d'indice O signifie que tout vecteur isotrope
(resp. singulier) de E est nul. Dans un espace de dimension paire
1
n, les formes neutres sont celles d'indice -n ; il n'y a pas de forme
2
neutre dans un espace de dimension impaire. La prop. 3 montre
que toute forme est somme directe d'une forme neutre et d'une
fornie d'indice 0.

PROPOSITION 4. - Soit Q une forme quadratique non dégénérée


s u r E telle qu'il existe un vecteur x # O de E tel que Q(x) = 0.
Pour tout élément a de A, il existe alors y E E tel que Q(y) = a.
E n effet, d'après le cor. 1 de la prop. 2, il existe un sous-espace
G=F + F' (F, F r : sous-espaces totalement singuliers de dimen-
sion 1) de E , de dimension 2, tel que la restriction de Q A G soit
1
neutre. Si 1 e, e' (e E F, e' E F r ) est une base de G, on a
Q(xe + x'e') = bxxf (x E A, x' E A, b E A, b f O).
Il sufit ainsi de prendre pour y le vecteur ae + b-le'.
3. Théorème de U7itt.
É t a n t donnés deux espaces vectoriels E l E ' sur A munis res-
pectivement de deux formes sesquilinéaires @, @' (resp. de deux
formes quadratiques Q, Q'), on appelle homomorphisme métrique
de E dans E t toute application linéaire u de E dans E r telle que
@'(u(x),u(y)) = @(x,y) (resp. Qr(u(x))= Q(x)) pour x E E , y E E.
Si E et E r ont même dimension finie et si @ (resp. Q) est non dégé-
nérée, t o u t homomorphisme métrique u de E dans E ' est un iso-
morphisme, car u(x) = O implique @(x,y) = O pour tout y E E ,
donc x = O ; ainsi u est injectif, donc bijectif puisque E et E r ont
même dimension finie.

THEOREME 1 (Witt). - Soient E et E' deux espaces vectoriels


de dimensions finies, munis respectivement de deux formes c-hermi-
tiennes non dégénérées @ et @' vérifiant la condition (T) du no 2
(resp. de deux formes quadratiques non dégénérées Q et Qr), et iso-
morphes pour ces structures. Etant donné un sous-espace quelconque
F de E , tout homomorphisme métrique injectif de F dans E r se pro-
longe en un isomorphisme métrique de E sur Er.
E n utilisant l'isomorphisme donné de E sur E r , on voit qu'il
s u f i t de montrer que tout homomorphisme métrique injectif u de
F dans E se prolonge en u n automorphisme métrique de E. Re-
marquons que si, pour i = 1, 2, Fi est un sous-espace de E et ui
un homomorphisme métrique de Fi dans E, tels que F, n F, = 101
e t que @(ul(xl),u,(x,)) = @(x,, x,) pour xt E FE( i = 1, 2), alors
l'homomorphisme v : x, + x, + u,(x,)+ u,(x,) de F, + F, dans
E qui prolonge u, et u, est métrique : en effet, quels que soient
xi, y( dans Fi ( i = 1, 2), le développement de chacune des expres-
+
sions @(XI s,, y1 + y,) e t Nul(x1) + +
u,(x,), udy1) u,(y,))
+
(resp. Q(xl x,) et Q(ul(xl) + u,(x,))) contient quatre (resp.
trois) termes égaux chacun à chacun d'après les hypothèses faites.
De plus, si u, et u, sont injectifs et si ul(Fl) n u,(F,) = \O!, alors
v est injectif.
1) Démontrons d'abord le théorème de W i t t dans le cas où
l'ensemble des points invariants de u est un hyperplan U de F. L'en-
semble des vecteurs de la forme u(x) - x avec x E F est alors une
droite D. Si F r est un sous-espace orthogonal à D tel que F' n F =
Fr n u(F) = O j, on aura @(u(x),y) = @(x,y) pour x E F et y E F r ;
notre remarque initiale s'applique donc à u et à l'application
identique de F' dans E , montrant que u se prolonge a F + F' en
laissant fixes les points de F' ; l'ensemble des vecteurs de la forme
+
u(x) - z (x E F F r ) est encore la droite D. Or on a, pour x E F , y E F

ce qui, lorsque X E U (c'est-à-dire lorsque u(x) = x), montre que


x E Do ; autrement dit on a U c Do. Nous distinguerons deux cas :
a ) F u Do. L a formule (5) montre que u(F) n'est pas contenu
dans Do, donc F n Do = u(F) n Do = U. L'on peut alors prendre
pour F' un supplémentaire de U dans Do ; comme F + F r con-
tient l'hyperplan Do et en est distinct, on a F +
F' = E , et on a
trouvé dans ce cas le prolongement cherché de u à E.
b) F c Do. La formule (5) montre que u(F) c Do, et donc que
no 3 SOUS-ESPACES ISOTROPES 73
D c Do ; la droite D est donc isotrope (resp. singulière, car on a
+
Q(u(x) - x) = Q(u(x))- @(x,~ ( x ) ) Q(x) = 2Q(x) - @(x,x) = O pour
X E F). Nous allons montrer que, dans ces conditions, il existe
un sous-espace F' de Do qui est supplémentaire de F et de u(F)
dans Do. C'est immédiat si F = u(F). Sinon, soient x et y des vec-
teurs tels que x E F , x e U, y E u(F), y e U ; on a alors F = U + Ax,
u(F) = U + Ay, e t F ne contient pas x +y sinon y = (x + y) - x
appartiendrait a F n u(F) = U ; on voit de même que x + y
n'appartient pas à u(F) ; ainsi la droite A(x +y) est supplémen-
taire de F et de u(F) dans le sous-espace F + u(F) ; il s u f i t alors
de poser F ' = A(x + +y) G où G est un supplémentaire de
F + u(F) dans Do. Ceci étant, on a F +F' = u(F) + F r = Do,
et, dans ce cas, ce qui a été dit a u début de 1) montre qu'il existe
un prolongement de u à l'hyperplan Do de E, et que Do est stable
pour ce prolongement.
On est donc ramené au cas où F est l'hyperplan Do et où u
est un automorphisme de F. Démontrons que, pour tout z~ E ,
il existe z' E E tel que

pour tout x E F ; en effet la forme linéaire x -t @(u-l(x),z) sur F


est restriction d'une forme linéaire sur E, forme qui est d u type
x + @(x, z') puisque @ est non dégénérée ; donc (6) est valable. De
plus, si z e F, il existe un vecteur z' E E vérifiant (6) et tel que
@(zl,z') = @(z,z) (resp. Q(zl) = Q(z)): en effet la formule (6) reste
valable si l'on ajoute à z' un élément a(y) - y (y E F ) de D puisque
F = Do, et le lemme 1 du no 2 permet de conclure puisque z n'est
pas orthogonal à D. Notre remarque initiale montre alors qu'il
existe un homomorphisnie métrique v de F +
Az = E dans E qui
prolonge u et qui transforme z en z'. Puisque @ est non dégénérée,
v est l'automorphisme métrique de E cherché.
2) Dans le cas général, nous raisonnerons par récurrence
sur r = dim F. Le cas r = O est trivial. Soit alors r > O, c'est-à-
1,
dire F ;t { O et soit U un hyperplan de F. La restriction uo de
u à U se prolonge, d'après l'hypothèse de récurrence, en un
automorphisme métrique vo de E. Si vo prolonge u, le théorème est
démontré. Sinon U est l'ensemble des éléments invariants, par
volu, e t il existe , d'après l ) , u n automorphisme métrique v, d e E
prolongeant volu. L'automorphisme vov1 est alors le prolongement
cherché d e u . C Q F D .

E - Soient, pour i = 1 , 2 , Ei u n espace vectoriel


C O R O L L A I R1.
de dimension finie, @i une forme E-hermitienne n o n dégénérée sur Ei
vérifiant ( T ) (resp. Qi une forme quadratique non dégénérée sur Ei),
EI et Ey deux sous-espaces orthogonauz de Ei dont Ei soit somme
directe. S i les formes @, et @, (resp. Q , et Q,) sont équivalentes, et s i
leurs restrictions à E; et Eh sont équivalentes, il e n est de même de
leurs restrictions à Ei' et ES'.
En effet, soit u un isomorphisme métrique d e Ei sur E;.
D'après le th. 1, u se prolonge en un isomorphisme métrique v
d e El sur E,. Comme <Di est non dégénérée, Ei' est l'orthogonal
de Ei dans Ei, donc v applique Ei' sur Eh'. CQFD.

E - Les hypoth6ses étant celles d u th. 1, le groupe


C O R O L L A I R2.
des automorphismes métriques de E permute transitivement les
sous-espaces totalement isotropes (resp. totalement singuliers) de
dimension donnée de E. De plus, s i F est u n sous-espace totalement
isotrope (resp. totalement singulier) de E, toute application linéaire
bijective de F sur F est induite par u n automorphisme métrique
de E .

E - Soit Q une forme quadratique n o n dégénérée


C O R O L L A I R3.
sur u n espace vectoriel E de dimension finie sur u n corps algébrique-
ment clos A. L e groupe des automorphismes métriques de E permute
transitivement les sous-espaces non isotropes de dimension donnée
de E.
Ceci résulte immédiatement d u t h . 1 e t d u cor. 2 de la prop. 3.

Exercices. - 1 ) a ) Soient K un corps de caractéristique 2, J : 5 -t 4 un


antiautomorphisme involutif de K, Z le centre de K. Montrer que si la
restriction de J à Z n'est pas l'identité, tout élément p de K tel que = p
est de la forme A + A (remarquer qu'il y a un élément p # 0 dans Z qui
s'écrit sous la forme + avec ): E Z) ; toute forme hermitienne sur un
t,
espace vectoriel sur K satisfait alors à la condition (T).
b ) Donner des exemples de corps de caractéristique 2, admettant un
antiautomorphisme involutif E + distinct de l'application identique,
S O U S - E S P A C E S ISOTROPES 75
e t pour lequel il y ait des éléments p = qui ne sont pas de la forme
A + A (cf. chap. V I I I , § 11, exerc. 4).
2) Soient A un corps, E un espace vectoriel sur A, @ (resp. Q) une
forme E-hermitienne non dégénérée sur E , vérifiant la condition (T)
(resp. une forme quadratique non dégénérée sur E , @ désignant alors la
forme bilinéaire symétrique associée à Q).
a ) Montrer que pour qu'un plan P c E soit isotrope (resp. sin@ilier)
e t non totalement isotrope (resp. non totalement singulier), il faut et il
suffit qu'il ne contienne qu'une seule droite isotrope (resp. singulière)
(cf. exerc. 14 e)).
b) On suppose que dim E >/ 3, et qu'il existe dans E des vecteurs
isotropes 1 0 . Montrer que si P est un plan non totalement isotrope dans
E , il existe un sous-espace vectoriel non isotrope V c E, de dimension 3,
contenant des vecteurs isotropes f O, et tel que P c V.
3) Les hypothèses étant les mêmes que dans l'exerc. 2, montrer
que si dim E >/ 3, toute droite isotrope dans E est intersection de d e u s
plans non isotropes.
4) Les liypothéses sont celles de l'exerc. 2, e t on suppose en outre
que E est de dimension finie.
a ) Si l'indice v de @ (resp. Q) est >/ 1, montrer que pour tout vecteur
isotrope (resp. singulier) a ;r O dans E, il existe une base (e,) de E for-
mée de vecteurs isotropes (resp. singuliers), telle que e, = a (cf. exerc. 14 e)).
b) Soient V, W deux sous-espaces totalement isotropes (resp. totale-
ment singuliers) de même dimension r < v ; montrer qu'il existe deux sous-
espaces totalement isotropes (resp. totalement singuliers) maximaux
V,, 4, tels qiie V c VI, W c W,, et V, n \1.; = V n W. (Si U = \.' n \\ ,
raisonner dans IiO/U).
c) Soient V, W, V,, IVl quatre sous-espaces totalement isotropes
(resp. totalement singuliers) de même dimension, tels qiie V + \V et
+
VI
-
\VI soient non isotropes. Montrer qu'il existe un aiitoiiiorpliisnie
métrique 7c de E tel que u ( V ) = \il et n(LV) \Y,.
d) Soient f une forme linéaire sur E, cc uri dénient de A de la fornic
h + EX (resp. un élément de A). On considère la forme sesquilinéaire
sur E

(resp. la forme quadratique

Montrer que si a), (resp. QI) est non dégénérée et si v, désigne son indice,
o n a IV,-v/ <1.
<
5) a ) Soient B un anneau, - + un antiaiitomorphisnie involutif
de B, E un élément di1 centre de B tel que EE = 1. Alontrer que si B est
+
un élément inversible de B tel que P €13 L O, il existe un élément inver-
+
sible p f 1 dans B, tel que p(P E P )= +
~ p EP. (Montrer qu'on peut
prendre p tel que ppp = p).
b) Soient A un corps, E un espace vectoriel sur A, @ une fornie ses-
quilinéaire E-hermitienne non dégénérée sur E, satisfaisant à (T). Mon-
trer que si @ n'est pas alternée, pour tout hyperplan non isotrope H de E,
il existe un automorphisme métrique de E, distinct de l'identité, lais-
sant invariant tout élément de H (utiliser a)).
6) Les hypothèses étant celles de l'exerc. 2, soit a un vecteur isotrope
1 0 dans E (resp. un vecteur isotrope non singulier (on notera que de
tels vecteurs n'existent que si A est de caractéristique 2)). Soit h E A tel
que h + ~h = O (resp. h = (Q(a))-1) ; montrer que la transvection
x -tx + @(x, a)Aa (chap. II, § 6, exerc. 7) est un automorphisme mé-
trique de E ; réciproque.
7) Les hypothèses étant celles de l'exerc. 2, soit G le groupe des
automorphismes métriques de E. Montrer que les seules bijections semi-
linéaires de E sur lui-même qui permutent avec tous les éléments de G
sont les homothéties de E , sauf dans les trois cas suivants : dim E = 2,
G est le groupe des automorphismes métriques correspondant à une
forme quadratique d'indice 1 sur E, et A est l'un des trois corps F,, F,
ou F,. (Utiliser les exerc. 5, 6 e t 3 ; examiner à part le cas d'une forme
quadratique sur un espace vectoriel de dimension 2).
*8) Soient A un corps, E un espace vectoriel de dimension finie >O
sur A, @ une forme sesquilinéaire E-hermitienne non dégénérée sur E,
satisfaisant à (T). Soit M(@) le groupe des multiplicateurs des simili-
tudes de E pour @ ( § 6, no 5).
a ) Soient VI, V, deux sous-espaces vectoriels de E, de même dimen-
sion, et soient <Dl,@, les restrictions de i9 à VI, V, respectivement. Pour
qu'il existe une similitude u telle que u(V,) = V,, il faut et il suflit qu'il
existe a E M(@) tel que @, soit équivalente à a@l(utiliser le th. de \I;itt).
b) Soit (F, F', G) une décomposition de Witt de E (no 2), et soit @,
la restriction de @ au sous-espace non isotrope G. Montrer que l'on a
M(i9) = M(@,) si G :# ;O!. (Utiliser le th. de Witt et la prop. 2 du no 2 ) .
c) Montrer que si l'indice v de @ est tel que dim E = 2v, M(@)
est le groupe des éléments c f O du centre de A tels que 4 = c. Si
dim E = 2v + 1, M(@) est le groupe des éléments de la forme @, où
p parcourt le groupe multiplicatif des éléments 7e O di1 centre de A (iiti-
liser lc t h . de Witt). (Cf. $ 10, exerc. 18).,
*9) Soient A un corps commutatif, E iin espace vectoriel sur A , Q
une forme quadratique non dégénérée sur E. On appelle sinlilitude pour
Q tout automorphisme u de E tel qu'il existe un élément a 7- O de A
pour lequel Q(u(x)) = aQ(x) quel que soit x E E ; r~ est alors aussi ilne
similitude pour la forme bilinéaire associée à (2. En siipposant la dinicn-
sion de E finie et )O, énoncer et démontrer pour les siniilitudcs rela-
tives à Q les analogues des résultats de l'exerc. S.,
*IO) Soient A un corps, Ii: un espace vectoriel sur A dc diniensi011 -, 2,
<I>, (resp. CD,) une forme sesquilinéaire non dégtJnérée E,-liermitienne (resp.
E,-hermitienne) sur E pour un antiaiitomorphisme involutif J, (resp. J2)
de A, vérifiant la condition (T), Montrer que si le groupe des autonior-
phismes métriques de E pour @, est un sous-groupe du groupe des siildi-
tudes pour a,, il existe a E A tel que @, = <I),a(utiliser les exerc. 5 O) e t 6).
SOUS-ESPACES ISOTROPES 77
Démontrer la propriété analogue lorsque A est supposé commuta-
tif, et que al et CJ, sont remplacées dans l'énoncé par deux formes qua-
dratiques non dégénérées QI, Q, sur E.,
11) Soient A un anneau, J un antiautomorphisme involutif de A,
E un A-module admettant une base finie (ei), <D une forme E-hermitienne
non dégénérée sur E, R la matrice de <D par rapport à (ei) ; le groupe des
automorphismes métriques de @ s'identifie au groupe G des matrices
inversibles U telles que 'U. R . UJ = R.
a) On suppose qu'il existe une matrice P telle que R = 'P +
&PJ.
Montrer que pour toute matrice S telle que 'S +&SJ= O, et que P S +
+
soit inversible, U = ('PJ - cJS)-l(P S) appartient à G, et EI U +
est inversible. Réciproque (montrer que pour toute matrice U E G telle
+
que EI U soit inversible, on a

b) Montrer que la condition de a ) est vérifiée lorsque @ satisfait à la


condition (T). Cas où dans A l'équation 2E = cc admet une solution et
une seule pour tout cc E A.
7 12) Soient A un corps commutatif, E un espace vectoriel de di-
mension finie n sur A, @ une forme sesquilinéaire E-hermitienne non
dégénérée sur E.
a) Soit u un endomorphisme de E ; montrer que si les ri (1 \< i ,< m)
sont les invariants de similitude de u (chap. VII, § 5, no 1, déf. l ) , les
invariants de similitude de l'adjoint u* de u par rapport à @ sont les
polynômes Fi (1 ,< i \< m), où Ti se déduit de ri en appliquant à chaque
coefficient l'automorphisme J (cf. chap. VII, fj 5, exerc. 2). Pour tout
polynôme unitaire irréductible p E A[X] divisant le polynôme minimal de
u, soit Fk(u, p) le noyau de (p(u))kdans E, et soit F(14 p) la réunion des
Fk(u, p) pour tous les entiers k > O. Montrer que si p et q sont deux poly-
nômes unitaires irréductibles distincts divisant le polynôme minimal
de u, les sous-espaces F(u, p) et F(u*, q) sont orthogonaux (utiliser l'iden-
tité de Bezout). Enfin, si G est un sous-espace vectoriel de E tel que
u(G) c G, on a u*(GO)c Go.
6) On suppose que uu* = u*u (cas où on dit que u est un endo-
s
morphisme normal pour <D ; cf. 7, no 3) ; montrer que 1,011 a alors
u*(Fk(u, p)) c FI(u, p) pour tout k, et par suite u*(F(u, p)) c F(u, p). Si
on pose G(p, q) = F(u, p) n F(u*, q), montrer que E est somme directe
des sous-espaces G(p, ïj), et que G(p, 3 ) e t G(pl, ij,) sont orthogonaux si
p # ql OU si pl # q ; en particulier G(p, q) est totalement isotrope si
p # q. Montrer que G(p, p) est réduit à O ou non isotrope, et que si p # q,
aucun vecteur non nul de G(p, q) n'est orthogonal à G(q, P) (utiliser le
fait que @ est non dégénérée) ; en déduire que si p # q, G(p, q) et G(q, P)
sont des sous-espaces totalement isotropes de même dimension, et que
G(p, q) + G(q, p ) est non isotrope.
c) On suppose que J n'est pas l'identité ou que A n'est pas de carac-
téristique 2, et que u* = u. Soit l'ensemble des sous-espaces non
isotropes M c G(p, p), stables pour u (donc sous-modules du Aix]-
module E u (chap. VII, $ 5, no 1)). Montrer que si M est un élément
minimal de m, M est un sous-module indécomposable de Eu (chap. VII,
4, no 7). (Supposer que M soit somme directe d'un sous-module indé-
composable Ml e t d'un sous-module M, f IO:, les polynômes minimaux
ph e t pk des restrictions de u à Ml e t M, respectivement étant tels que
h >/ k. Remarquer alors que Ml est nécessairement isotrope e t que tout
z f O dans M, tel que p(u) . z = O est orthogonal à M, (utiliser le fait que
tout sous-module de Ml est monogène) ; écrire que z = (p(u))h-l.x et que
z n'est pas orthogonal à M,, e t en déduire qu'on a nécessairement k = h.
Montrer ensuite qu'il existe un sous-module indécomposable N, de M, tel
que ph soit le polynôme minimal de la restriction de u à N,, et que Ml + N,
soit non isotrope ; en conclure que M, = N,. Enfin, si y E M, n'est pas
orthogonal à z , considérer le sous-module P de M engendré par w = x Ay,+
où h E A, et montrer qu'on peut prendre h tel que P soit non isotrope, en
prouvant qu'on a @((p(u))h-1.w , w ) f O; ce qui aboutit à une contradiction).
d) Déduire de c) que G(p, p ) est somme directe de sous-modules indé-
composables Hi, deux à deux orthogonaux. Si ph est le polynôme mini-
mal de la restriction de u à Hi, et si d est le degré de p, montrer qu'il
existe dans Hi un sous-espace totalement isotrope de dimension d . [h/2].
Cas où E ne contient aucun vecteur isotrope f O (cf. $ 7 , no 3).
e) Enoncer e t démontrer les propriétés analogues à celles de c) et d)
lorsqu'on a u* = - u ou u*u = 1.
f ) Donner un exemple où n = 4, @ est symétrique e t d'indice 2,
p = p = X - 1, u est normal, E = G(p, p), mais E n'est pas somme di-
recte de sous-modules minimaux de % etI l,il existe un vecteur propre de

u qui n'est pas vecteur propre de u* (cf. $ 7 , no 3).
13) Les hypothèses sont celles de l'exérc. 2, e t on suppose en outre
que E admette une base dénombrable (e,). Soit F un sous-espace totale-
ment isotrope (resp. totalement singulier) de E tel que Fm = F ; montrer
qu'il existe un sous-espace totalement isotrope (resp. totalement singu-
lier) F' tel que : 10 F n F' = 101 ; 20 il existe une base (a,),,, de F e t
une base (a~),,, de F' (1intervalle deN d'origine 0) telles que @(a,,a;) = S,
+
pour t o u t couple d'indices ; 30 (F Fr)OO = F + F r e t E est somme
directe de F + +
F' e t de C; = ( F Fr)O. (Former par récurrence une suite
croissante (Ln) de sous-espaces non isotropes, de réunion E , tels que
dim Lu+,- dim Ln = 2, e t appliquer la prop. 2 du no 2 à chacun des Ln ;
pour former cette suite, on considérera, pour tout n, le plus petit entier k
tel que ek $ Lu, et on utilisera l'exerc. 9 b) du $ 1).
14) Soient A un corps de caractéristique 2, E un espace vectoriel de
dimension finie n sur A, une forme hermitienne non dégénérée sur E,
ne satisfaisant pas nécessairement à la condition (T).
a) Montrer que l'ensemble V des x E E tels que @(x, x) soit de la
forme cc + ii est un sous-espace vectoriel de E.
b) Soient Vl = V n VO, q = dim VI, V, un supplémentaire de VI
par rapport à V, V3 un supplémentaire de Vl par rapport à VO.Montrer
qu'il existe une base (e,)aG,G,, de (V, + V3)0 = Van V3 telle que les
vecteurs el,. . ., e, forment une base de VI et qiie l'on ait @(ei, eq+i)= aii
pourl<i<q,l<j<q.
c ) Soit G(@)le groupe des automorphismes métriques de E (pour a).
Montrer que pour tout u E G(@),on a u(x) = x pour tout x E Va.
d) Pour tout u E G(@),on a u(V) = V ; soit u, la restriction de u à
V, et soit C, le groupe formé par les u,. Montrer que : 10 le noyau de
l'homomorphisme u + u, de G(@)sur Gv est commutatif ; 20 si @,est la
restriction de @ à V, et G(@,) le groupe des automorphismes métriques de
V2 pour @, il existe un homomorphisme de G , sur G(@,) dont le noyau
est commutatif (utiliser b) et c)).
e) On suppose que A est commutatif et J est l'identité ; soient E un
espace vectoriel de dimension 3 sur A, (eJlGiG, une base de E, @ la forme
symétrique non dégénérée sur E dont la matrice par rapport à (ei) est

Montrer que tous les vecteurs isotropes dans E sont contenus dans
l'hyperplan engendré par e2 et e, (cf. exerc. 4 a)). Donner un exemple de
plan non isotrope mais ne contenant qu'une seule droite isotrope (cf.
exerc. 2 a)). Montrer qu'il n'existe aucun automorphisme u E G(@) tel
que u(e,) = el + +
e,, bien que l'on ait @(el, el) = @(el e,, e, +
e,).

fj 5. Propriétés spéciales aux formes bilinéaires alternées


1 . Réduction des formes bilinéaires alternées.
THÉORÈME 1. - Soient A un anneau (commutatif) principal,
E u n A-module libre de dimension finie n et @ une forme bilinéaire
alternée s u r E . Alors il existe une base (ei),Gi<, de E et u n entier
p a i r 2r \< n , tels que
Io @(el, e2) = al, @(e3,e4) = a2,. . ., @(e2r-1,e2J = a,

où les ai sont des éléments # O de A, et où ai divise ai+, pour


i = 1 , . . ., r - 1.
20 Tous les azitres éléments @(ei, ei) où i <
j sont nuls.
Les idéaux Aai ( i = 1,. . .,r ) sont uniquement déterminés p a r les
conditions précédentes. L e sous-module E o de E orthogonal à E est
engendré p a r e,,,,, . . . , en.
Nous procéderons p a r récurrence s u r l a dimension n d e E .
L e théorème est évident pour n = O. Si @ = O, le théorème est
évident aussi ; on p e u t donc supposer @ # O. Notons f l'applica-
tion linéaire da de E dans E * associée à droite à @ ( 5 1, no 1) ;
alors f(E) est un sous-module non réduit à O d u module E*, qui
est un module libre de dimension n. Soit Aa, le plus grand facteur
invariant de f ( E ) par rapport à E * (chap. V I I , § 4, no 2, th. 1) ;
on sait (loc. cit.) qu'il existe une base (e;, a;, . . . , al) d e E * et un
élément f(e,) E f ( E ) tels que f(e,) = ale;. Soit (el, a,, . . . , a,) la
base de E (identifié a u bidual E**) duale de (ei, a;, . . . , an) ; on a

(1) @(el, e2) =- We,, el) = (el, f(e2)) = ai.


Soit P le sous-module Ae, +Ae, de E. Nous allons voir que E est
somme directe de Ae,, Ae, e t d u sous-module Po orthogonal de P.
Il s u f i t pour cela de prouver que, pour tout X E E , il existe des
éléments El, E, de A, déterminés de façon unique et tels que
x - Elel - E2e2E Po, c'est-à-dire tels que

D'après (1) ces conditions s'écrivent

Mais on sait (loc. cit.) que l'image de f ( E ) par toute forme


linéaire sur E * est contenue dans l'idéal Au,, autrement dit toutes
les valeurs @(x,y) = (x, f ( y ) ) appartiennent à Aa, ; d'où l'exis-
tence et l'unicité de 5, et E,. Ainsi Po est un module libre de rang
n - 2 ; il existe donc, dans Po, d'après l'hypothèse de récurrence,
une base (e,, e,, . . ., en) satisfaisant aux conditions de l'énoncé. Pour
montrer que la base (el,. . . , e,) de E ainsi obtenue satisfait aussi
à ces conditions, il s u R t d e prouver que a, divise a, ; or cela ré-
sulte de ce que toutes les valeurs @(x,y) sont des multiples de a,.
Il est alors clair que e,,,,, . . . , en engendrent EO. Enfin, si (e:) est
la base duale de (ei), on a f(ezj-l) = - ale& et f(eZi)= aiehi pour ,
j = 1,.. ., r et f(ek) = O pour k = 2r +
1,. . ., n ; les idéaux
Aa,, Aa,, Aa,, Aa,, . . . , A-, Acr, sont donc les facteurs invariants
d e f(E) par rapport à E*, ce qui démontre leur unicité (chap. VII,
§ 4, no 2, th. 1).

COROLLAIRE 1. - Soient A un corps commutatif, E un espace


vectoriel de dimension finie n s u r A, et @ une forme bilinéaire alter-
née sur E. i l existe alors une base (ei)lsiG, de E et u n entier pair
2r \< n tels que
n n T

E n particulier@ est de rang pair 2r.


Une base vérifiant (2) est dite base symplectique pour @.

Remarque. - On notera que ce corollaire est aussi une consé-


quence immédiate de la prop. 3 du § 4, no 2 et de son cor. 1, car
avec les notations de cette proposition, on a nécessairement
01
H = f puisque @ est alternée.

COROLLAIRE
2. - Soient A u n corps commutatif, E u n espace
2
vectoriel de dimension finie n sur A. Pour tout bivecteur Z'E A E,
- '. de E telle que
il existe une base (ei),<icn
,

Il suffit en effet de remarquer que z s'identifie canoniquement


à une forme bilinéairk alternée sur E* (chap. I I I , $ 8, no 2),
e t d'appliquer le cor. 1 à cette forme.

E n traduisant le cor. 1 en langage matriciel, on obtient :

COROLLAIRE 3. - Soient A u n corps commutatif, R une matrice


carrée alternée sur A. Le rang de R est u n nombre pair 2r, et il
existe une matrice inversible P sur A telle que

Remarque. - Si A est un anneau commutatif quelconque et R


une matrice carrée alternée d'ordre impair n sur A, on a det R = 0.
Ceci résulte d u cor. 3 lorsque A est un corps. Une démonstration
directe dans le cas où A est un corps de caractéristique # 2 est la
suivante : comme Q R - R, on a det R = det 'R = (- 1)"det R,
d'où 2 det% = O. Ceci étant, puisque le déterminant d'une mat,rice
alternée (aij) est un polynôme à coefficients entiers par rapport
a u x aij tels que i < j, le principe de prolongement des identités
Bourbaki XXIV. 6
algébriques (chap. IV, $ 2, no 5, Scholie) montre alors que notre
assertion est vraie pour un anneau commutatif arbitraire A.

2. Pfaffien d'une matrice alternée.

Soient A un corps commutatif de caractéristique 0, et


R = (aii) une matrice alternée d'ordre pair 2m sur A. Désignons
par E l'espace vectoriel A2", par (ei) (i = 1,. . ., 2m) sa base Cano-
2rn
nique, et par e l'élément el A e2A . . . A e2, de A E. La puissance
2

extérieure m-ième d u bivecteur u = X a,e.i A ei E A E est de la


ici
forme a.e, où a est un élément de A que nous allons calculer.
rn
L'élément A u est une somme de termes de la forme
(3) . .%,,,krnehl
ahiklahska. A etl r\ eh, A ek, A . . . A eh, i\ ekrn
avec hi < kj pour j = 1,. . ., m. Un tel terme est nul s'il y figure
deux ei égaux, c'est-à-dire si l'ensemble { hl, k,, . . . , L , & f n'est
1.
pas exactement { 1, 2,. . . , 2m En outre, si, dans (3), on échange
simultanément eh, et eh, d'une part, ek,et q,,d'autre part, le produit
ne change pas ; il ne change donc pas par toute permutation effec-
tuée sur les couples (hl, k,), . . ., ( L , &). Considérons alors les
ensembles (et non les suites) S = {(hl, k,), . . ., (h, 1
k) de couples
<
(hi, k,) tels que 1 hi < kj \< 2m pour j = 1, 2,. . . , m ; soit
l'ensemble de ces couples. Pour S E g,posons

20) dans le cas contraire, E(S)= 1 OU E(S)= - 1 suivant que


la permutation qui applique hi sur 2 j - 1 et ki sur 2 j ( j= 1 , . . ., m)
est paire ou impaire.
rn
Les remarques précédentes prouvent alors que A u est égal à

Introduisons alors m(2m - 1) indéterminées Xhkindexées au


moyen des couples (hl k) tels que 1 \< h <: k \< 2m, et appelons P
le polynôme sur Z Far rapport aux Xhk, défini par
On a donc
m

(6) A u = m!P((ahk)).e.

DEFINITION 1. - Etant donnée une matrice alternée R = (aii)


(i, j = 1,. . ., 2m) d'ordre pair 2m sur un anneau commutatif quel-
conque A, on appelle pfafien de R, et on note Pf(R), l'élément
P((ahk))de A, où 1 \< h < k 2m. <
Exemple. -Supposons :

tous les autres aii étant nuls (cf. th. 1). Alors le pfafien de
R = (crii) est P1p2. . .en.
PROPOSITION 1. - Soient R une matrice alternée d'ordre pair
2m sur un anneau commutatif A, et P une matrice carrée d'ordre
2m sur A. On a
(7) Pf('P. R . P ) = (det P)Pf(R).
E n effet, supposons d'abord que A soit un corps de caracté-
ristique O et posons R = (aii), P = (Ps). Associons à R le bivec-
teur
1
u=
i<i
x
cqiei,Ae - -
'
- 2 l<i,j<zrn
qiei A ei
2
de A A'", où (ei) désigne la base canonique de A2" ; considérons 'P
comme la matrice, par rapport à l a base(ei), d'un endomorphisme f de
2
A2". Alors le bivecteur (/\ f)(u) est associé à la matrice 'P. R . P
1
puisqu'il est égal à -
2i,j,s,t
xpi,aiiPj,e, Ae,. Comme l'extension /\ f de f
à l'algèbre extérieure /\Azm est un endomorphisme de cette
m 2 2m rn
algèbre (chap. III, 5 5, no 9), on a /\ ((A f)(u))= (/\f)(A u) ;
2m
comme A f est l'homothétie de rapport det f, il résulte donc de
(6) et de la déf. 1, que l'on a m! P f ( t P . R .P ) = m! (det P)Pf(R),
d'où (7) dans le cas envisagé. Le cas général s'en déduit en remar-
quant que les deux membres de (7) sont des polynômes à coefii-
cients entiers par rapport aux éléments des matrices R et P
(chap. IV, fj 2, no 5, Scholie).
PROPOSITION 2. - Pour toute matrice alternée R d'ordre pair
2m sur un anneau commutatif A, on a
(8) det R = (Pf(R))2.
En effet, comme les deux membres de (8)sont des polynômes
à coefficients entiers par rapport aux éléments de R, le principe de
prolongement des identités algébriques (chap. IV, § 2, no 5, Scholie)
montre qu'il suffit de faire la démonstration dans le cas où A
est un corps de caractéristique O et où det R # O. Si P est une
matrice carrée inversible d'ordre 2m sur A, on a det ('P. R . P) =
(det P)2(det R) et Pf('P.R.P) = (det P)Pf(R) (prop. l), de sorte
qu'il suffit de prouver (8) pour 'P.R. P au lieu de R. D'après le cor.
1 du th. 1, on peut, par un choix convenable de P, supposer que
la matrice 'P. R . P est de la forme (a,) où

tous les autres a,étant nuls (cf. Exemple). Or le déterminant de


cette matrice est égal à 1, et son pfafiien également ; ceci achève
la démonstration.

3. Groupe symplectique.

Supposons l'anneau A commutatif. Si @ est une forme bili-


néaire alternée sur E, les automorphismes du module E laissant @
invariante s'appellent les automorphismes symplectiques (ou trans-
formations symplectiques) relatifs à @, et ils forment un groupe que
l'on appelle le groupe symplectique associé a @ ; on le note quelque-
fois s ~ ( @ ) .
Considérons en particulier, sur le module E = A2", la forme
bilinéaire alternée Qo dont la matrice par rapport a la base Cano-
nique (e,) de E est

Les automorphismes symplectiques et le groupe symplec-


tique relatifs à @, s'appellent simplement automorphismes sym-
plectiques et groupe symplectique à 2m variables (sur A) ; ce
groupe se note Sp(2m, A) ou Sp,(A). Toute matrice A d'un auto-
morphisme symplectique p a r rapport à l a base canonique (e)i
s'appelle une matrice symplectique. Une telle matrice est inversible,
et, d'après la formule (48) d u 5 1, no 10, satisfait à l a relation
'A.R,.A = R,.

Réciproquement si une matrice carrée A d'ordre 2m sur A


satisfait à (9), elle est symplectique : il s u f i t en effet de prouver
qu'elle est inversible ; or (9) entraîne Pf(R,) = Pf('A. Rm.A) =
( d e t A)Pf(R,) d'après l a prop. 1 d u no 2, donc det A = 1. Nous
avons en même temps prouvé l a proposition suivante :
PROPOSITION 3. - Le déterminant d'une matrice symplectique
est égal a 1.

Si A est u n corps commutatif e t @ une forme bilinéaire alter-


née non dégénérée sur u n espace vectoriel E de dimension paire
2m sur A, le groupe symplectique associé à @ est isomorphe à
Sp(2m, A), d'après le cor. 1 d u th. 1.

Ezercices. - 7 1) Soient A un anneau commutatif principal, E


un A-module libre de dimension finie n, @ une forme bilinéaire alternée
sur E ; les idéaux Acri (1,< i \< r) définis dans le th. 1 du no 1 sont appelés
les facteurs invariants de @.
a) Soit F un sous-module de E, et soit @, la restriction de @ à F x F.
<
Montrer que si Apt (1\< i s) sont les facteurs invariants de @, (où pi
<
divise Pi+l),on a s r et pi est multiple de ai pour 1\< i \< S. (Se ramener
au cas où r = s = 4 2 , et utiliser les exerc. 9 b) et 9 c) du chap. VII, § 4).
b) Soient El un second A-module libre de dimension finie, <I>, une
forme bilinéaire alternée sur El, Ay,, . . . ,Ay, ses facteurs invariants (yi divi-
sant yi+l). Pour que @lsoit l'image réciproque de @ par une application
<
linéaire de El dans E, il faut et il sufiit que s r et que yi soit multiple
<. <
de ai pour 1 i S. (Utiliser a) et la prop. 4 du chap. VII, 5 4, no 5).
c) Soient F, G deux sous-modules de E, tels que F0 (resp. Go) soit
supplémentaire de F (resp. G) dans E. Si les restrictions de @ à F et G
sont équivalentes, montrer qu'il en est de même des restrictions de @
à F0 et à Go, et qu'il existe un automorphisme de E laissant @ invariante
et transformant F en G.
d ) Donner un exemple de deux sous-modules F, G de E, de dimension
2, tels que F et G admettent des supplémentaires dans E et que les res-
trictions @, et @, soient équivalentes, mais qu'il n'existe aucun automor-
phisme de E laissant @ invariante et transformant F en G (prendre n = 4).
2) Soit Q> une forme bilinéaire alternée sur un espace vectoriel E de
dimension finie. Montrer que pour tout sous-espace vectoriel M de El la
différence dim M - dim ( M n MO) est paire. (Considérer d'abord le cas ou
<D est non dégénérée).
7 3) Soit E un espace vectoriel de dimension paire n = 2m sur un
corps commutatif A ;soient <D e t Y deux formes bilinéaires alternées sur E ;
on suppose Y non dégénérée. Soient u et v les applications linéaires de E
dans E* associées à droite à @ et Y respectivement ; v est un isomor-
phisme de E sur E* ; on pose w = v - l o u, de sorte que w est un endomor-
phisme de E.
a ) On pose Mo = E, et par récurrence Mk+l = ~ ( M Lpour ) k > O.
Montrer que si Mi est le sous-espace orthogonal à ML pour @, MF+I est
le sous-espace orthogonal à ML pour Y.
b) Soit nola dimension de Mo ;on pose m, = O, et pour k >/ 1, on désigne
par mhla dimension de Mk n MO. Montrer que pour k >/ 1la dimension de M k
estn-no-(ml +. .+ . mk-1)etcelledeMLestnof ( m i + . . mk). .+
c) Montrer que, pour tout k >/ O, la dimension de Mk n Mi est
+ + + +
mk mk+i . . . mzk, et celle de Mi n Mk+lest mk+l mp+2 . . . m2~+1+ +
(appliquer l'exerc. 2 6 ) du $ 3 pour calculer les dimensions de Mn n M~L-n
et de Mi n par récurrence sur h).
d) Déduire de c) que les nombres mk sont pairs (utiliser l'exerc. 2).
e) Conclure de d) que le nombre des diviseurs élémentaires de l'endo-
morphisme w , correspondant à la racine caractéristique A = O, et ayant
un degré donné, est pair (cf. chap. VII, 3 5, exerc. 20).
4) Soient E un espace vectoriel sur un corps commutatif A, admettant
une base dénombrable (en),>,, @ une forme alternée non dégénérée sur E.
Montrer qu'il existe dans E une base (a,) telle que @(azn-1,az,) = 1 pour
tout n >/ 1, et @(ai,ai) = O pour tout autre couple d'indices tels que
i <j (raisonner comme dans l'exerc. 13 du $ 4 ) .
5) Pour toute matrice alternée X = (xii) d'ordre pair n = 2m sur
un anneau commutatif, et pour tout indice i, montrer que l'on a
n
Pf(X) = (- l)"+j-lPf(Xii)~;j,où Xe est la matrice d'ordre n. - 2 obtenue
j=l
en supprimant dans X les lignes et les colonnes d'indices i et j.
6) Soit M une matrice carrée d'ordre m sur un anneau commutatif.
Montrer que si on pose

on a Pf(R) = det M (le démontrer d'abord lorsque M est inversible, en


utilisant la formule (7)).
7) Soient A un corps commutatif, %(A) l'ensemble des matrices
alternées d'ordre 2m sur A ; soit 1 une application de %(A) dans A
telle que pour toute matrice R E %(A) et toute matrice P d'ordre 2m sur
A, on ait I('PRP) = (det P)hI(R), où h est un entier rationnel. Montrer
que I(R) = c(PfR)h, où C E A (utiliser la formule (7) et le th. 1du no 1).
8) Soient P, Q deux matrices cardes alternées d'ordre pair 2m
sur un anneau commutatif A. Soit cp(X) = P f ( P - XQ) ; montrer que, si Q
est inversible, on a rp(Q-lP) = O. (Considérer d'abord le cas où A est un
corps ; déduire alors de l'exerc. 3 que le polynôme minimal de la matrice
Q-IP divise rp(X), en passant à une extension algébriquement close de A,
et. en remarquant que rp2 est le polynôme caractéristique de Q-lP à un
iacteur scalaire près).
7 9) Soient E un espace vectoriel de dimension n sur un corps com-
mutatif A, @ une forme bilinéaire alternée sur E , Y une forme sesqui-
linéaire hermitienne (pour un automorphisme involutif de A) sur E,
P et Q les matrices respectives de @ et Y par rapport à une même base
de E.
a ) On suppose Y non dégénérée. Montrer que le nombre des divi-
seurs élémentaires de Q-1P correspondant à la racine caractéristique O
et ayant un même degré pair, est un nombre pair (méthode de l'exerc. 3).
b) On suppose que @ soit non dégénérée (ce qui implique que n est
pair). Montrer que le nombre des diviseurs élémentaires de P-'Q corres-
pondant à la racine caractéristique 0, et ayant un même degré impair,
est un nombre pair (même méthode).
10) Soit wzm(Fq)l'ordre du groupe symplectique Sp(2m,F,) sur le corps
fini F,. Montrer que si hzm est le nombre des couples de vecteurs (x, y)
de F" tels que @,(x,y) = 1(notations du no 3 ) ,on a wzm(F,) = hzmwnm-z(Fg)
;
en déduire

11) Soit A un corps commutatif. Montrer que toute transformation


u appartenant au groupe symplectique Sp(2m, A) est un produit de
transvections appartenant à ce groupe (dites transvections symplectiques ;
cf. 9 4, exerc. 6). (Raisonner par récurrence sur m, en montrant que si
x, y sont deux vecteurs non orthogonaux de E = AZm,il existe un pro-
duit v de transvections symplectiques tel que vu laisse invariants x et y).
E n déduire une nouvelle démonstration de la prop. 3 du no 3.
*12) Soient A un corps commutatif, E un espace vectoriel de dimen-
sion paire n = 2m sur A, @ une forme bilinéaire alternée non dégénérée
sur E. Montrer que, pour toute similitude u pour la forme @ ( $ 6 , no 5),
de multiplicateur a,on a det u = a* (utiliser la formule (7)).*
7 13) On suppose que A est un corps commutatif de caractéristique 0,
E un espace vectoriel de dimension 2m sur A, @ une forme bilinéaire
alternée non dégénérée sur E. On identifie la forme inverse 6 de @ à un
2
bivecteur r E A E, de sorte que pour toute base symplectique (ei)icis2m
de E (pour a), indexée de sorte que @(ei, ej) = @(em+i,em+,) = 0,
@(ei, &+j) = sii (1< i \< m, 1 ,< j -<m), on ait

On dit qu'un p-vecteur décomposable et non nul z E E est iso-


trope (resp. totalement isotrope) pour @, si le sous-espace vectoriel V,
correspondant à z (chap. III, 5 7, no 3) est isotrope (resp. totalement iso-
trope).
a) Si z est un p-vecteur décomposable f O, 2r la dimension d'un
supplémentaire de V, n V,O par rapport à V,, montrer que m - p r +
est le plus grand des entiers h tels que l'on ait z A Fh # O, en désignant
par Fh la puissance h-ème de F dans l'algèbre extérieure A E (utiliser la
prop. 2 du $ 4 , no 2).
2

b) Montrer que tout bivecteur x E A E peut s'écrire sous la forme


+
Al? xl, où h est un scalaire et xl une combinaison linéaire de bivec-
teurs décomposables totalement isotropes. (Se ramener au cas où x est
décomposable, e t remarquer que si (ei) est une base symplectique,
+
(el ez) A (%+i - &+e) est totalement isotrope).
v
c) Si p ,< m, montrer que tout p-vecteur z E E peut s'écrire
+
z = x A F zl, où x est un ( p - 2)-vecteur et z, une combinaison linéaire
de p-vecteurs décomposables totalement isotropes. (Se ramener au cas où
z est décomposable, et raisonner par récurrence sur p. Se ramener ainsi au
cas où, (ei)étant une base symplectique, on a z = el A ez A . . . A ep-1 A em+,-1,
+
e t considérer les bivecteurs (ep-1 epi) A (e,+,-1 - em+p+i) pour
O<i,<m-p).
m+p
+
d) Pour 1 \< p \< m, montrer que tout (m p)-vecteur z E A E
peut s'écrire z = y A FP, où y est un (m - p)-vecteur. (Se ramener au cas
où z est décomposable ; si 2r est la dimension d'un supplémentaire de
Vt n V! par rapport à Vz, distinguer deux cas, suivant que r = p ou
r > p ; dans le second cas, raisonner par récurrence sur r, de la même ma-
"-P
nière que dans c)). E n déduire que l'application y -+ y A r p de A E dans
m+p
E est bijective (remarquer que les deux espaces ont même dimension).
Si y est un (m - p)-vecteur décomposable, montrer que z = y A r p est
décomposable et que V, = VY.
P
e) Déduire de d) que, pour p \< m, le sous-espace A E est somme
directe de la composante homogène de degré p de l'idéal bilatère c en-
gendré par l? dans A E, et du sous-espace Rp des p-vecteurs zl tels que
P
z 1 A rrn-p+l = O (pour z E /\ E, appliquer d) au (2m - p +
2)-vecteur
z A Fm-pfl). E n utilisant c), prouver que Rp est engendré par les p-vec-
teurs décomposables totalement isotropes, et en utilisant d), montrer
p-2 P
que l'application x + x A J? de A E dans E est injective, et que R, est
de dimension ('r) (3).
-
f ) Montrer que si p ,< m, une condition nécessaire et suffisante pour
qu'un p-vecteur z soit de la forme x A r est que, pour tout rn-vecteur
décomposable totalement isotrope u, on ait z A u = O. (Montrer que, si
cette condition est satisfaite, et si z E HP, on a z A y = O pour tout
(2m - p)-vecteur y ; mettre pour cela y sous la forme x A ïm-5 où x est un
p-vecteur, puis appliquer c) à x, et remarquer que, si x, est un p-vecteur
décomposable totalement isotrope, xl A Fm-P est un (2m - p)-vecteur
décomposable qui peut s'écrire u, A v, où u, est un m-vecteur décompo-
sable totalement isotrope).
Soit a 17annulateurde l'idéal c dans A E ; a est somme directe des
sous-espaces R,, Rm-, A r,. . . , Ri A rm-l et K r m . Montrer que l'annu-
lateur de a dans /1E est égal à c (cf. 5 2, exerc. 4 6)).
g) Pour tout automorphisme symplectique u de E (pour O), soit ü
l'extension canonique de u en un automorphisme de l'algèbre A E (chap.
III, $ 5 , no 9). Montrer que les seuls éléments de /1E invariants par tous
les automorphismes ü sont les combinaisons linéaires de 1, F, r2,. . ., Fm
à coefficients dans K. (Si (ei) est une base symplectique, écrire qu'un
élément de A E est invariant par les transvections symplectiques
(exerc. 11) correspondant aux hyperplans orthogonaux aux ei ; puis
considérer les transformations symplectiques uij définies par uii(ei) = ej,
uij(ej) = ei, u~(e,+~)= em+j,~ij(em+~) = u,(ek) = ek pour tout autre
indice k).
14) Soient A un corps commutatif de caractéristique 2, E l'espace
vectoriel A2m ; on identifie le groupe symplectique Sp(2m7A) au groupe
des matrices symplectiques U , satisfaisant donc à la relation R . U = R,
où R = (Im
0 lm
O ) . o n pose D = (Io O) ; montrer que tonte matrice
symplectique U telle que I -+ U soit inversible peut s'écrire d'une seule
manière sous la forrne (9 +
+ S)-l(D S ) , où S est une matrice symétrique
telle que B + S soit inversible, et réciproquement (cf. $ 4 , exerc. 11).
15) Soient A un corps commutatif, E un espace vectoriel de dimen-
sion 2m sur A, O une forrne bilinéaire alternée non dégénérée sur E.
a ) Étendre aux endomorphismes u de E tels que u*u = uu*
(u* étant l'adjoint de u pour O) les résultats du $ 4, exerc. 12 a )
et 6).
6) On suppose que u* = u. Avec les notations de I'exerc. 12 du 5 4,
montrer que si M est un élément minimal de l'ensemble 5)3i des sous-
espaces non isotropes contenus dans G(p, p) et stables pour u , ou bien
hl est un sous-module indécomposable de Eu, ou bien il est somme di-
recte de deux tels sous-modules isomorphes (raisonner comme dans
I'exerc. 12 c ) du $4). Montrer par des exemples (avec p ( X ) = X - 1) que
les deux cas peuvent se présenter.
c) On suppose u* = - u, A n'étant pas de caractéristique 2. Avec les
mêmes notations, soit ph le polynôme minimal de la restriction de u
à M, et soit d le degré de p. Montrer que si d(h - 1) est impair, M est un
sous-module indécomposable de Eu ; si au contraire d(h - 1) est pair,
M est, soit indécomposable, soit somme directe de deux sous-modules
indécomposables isomorphes.
d) On suppose que u*u = 1 (autrement dit que u E &(O)). Avec
les notations de c), si p ( X ) ne divise par Xd(h--l)- 1, OU si p(X) = X - 1 et
(- l)h + - 1, M est un sous-module indécomposable de Eu ; sinon, M est,
soit indécomposable, soit somme directe de deux sous-modules indécom-
posables isomorphes.
5 6. Propriétés spéciales aux formes hermitiennes
1 . Bases orthogonales.
DÉFINITION 1. - Soit O une forme hermitienne sur E . U n e
base (ei) de E est dite orthogonale pour @ si deux éléments quelconques
de cette base sont orthogonaux pour O.
S i de plus @(ei,ei) = 1 pour tout i, la base (ei) est dite orthonor-
male.

Soit ( e t ) une base orthogonale ; si on pose O(ei, ei) = ai, on a

Lemme 1. - O n suppose que A est u n corps et @ une forme her-


mitienne # O sur E. S i tous les vecteurs de E sont isotropes, A est
u n corps commutatif de caractéristique 2, l'antiautomorphisme J
est l'identité et @ est alternée.
+
E n effet, si l'on développe O ( x y, x + y ) = O , il vient, en
tenant compte des hypothèses O ( x , x ) = @ ( y ,y ) = O , la relation
O ( x ,y ) = - O ( x ,y ) quels que soient x , y dans E . Comme @ est
# O , il existe x , y dans E tels que @(x, y ) = 1. Écrivant que
@ ( l x ,y ) = - @(Az,y ) , il vient A = - A pour tout A E A. E n prenant
d'abord A = 1 , on voit que A est de caractéristique 2 ; la relation
-
A = - A montre alors que J est l'identité, donc A est commutatif
e t O est alternée.

T H É O R È M E 1. - Supposons que A soit u n corps et E u n espace


vectoriel de dimension finie n sur A. Alors, pour toute forme hermi-
tienne O sur E , E admet une base orthogonale, sauf s i les conditions
suivantes sont simultanément réalisées :
(C) A est commutatif de caractéristique 2 , l'antiautomorphisme J
est l'identité, @ est alternée et n o n nulle.
Raisonnons par récurrence sur n, le résultat étant évident
pour n = O. On peut supposer CJ-f O. Si (C) n'est pas vérifiée, le
lemme 1 montre qu'il existe un élément x E E tel que @ ( x ,x ) f O.
Soit H le sous-espace de E orthogonal à x ; il est de dimension
>/ n - 1, et, comme x e H, H est exactement de dimension n - 1. Si
la restriction Y de @ à H ne vérifie pas (C), il existe, d'après
l'hypothèse de récurrence, une base (e,, . . . , en) de H qui est ortho-
gonale pour Y ; en posant el = x, on obtient une base orthogo-
nale (e,,e,, . . . , en) de E. Il reste a examiner le cas où A est un corps
commutatif de caractéristique 2, où J est l'identité, et où Y est
alternée et f O. Il existe alors y, z dans H tels que Y(y, z) f O ;
posons es = x + y ; pour que x + hz ( A E A) soit orthogonal a el, il
+ + +
faut et il s u f i t que l'on ait O = @(x y, x Az) = @(x, x) l'l'(y, z),
condition qui détermine A de façon unique; le scalaire A étant ainsi
choisi, on a @(x + +
Az, x hz) = @(x,x) # O, donc la restriction
Y' de @ a u sous-espace H' de E orthogonal de el n'est pas alternée;
on peut par suite appliquer l'hypothèse de récurrence à H', ce qui
démontre le théorème.

Lorsque ( C ) est vérifiée, il n'existe évidemment pas de basc


orthogonale pour @.

COROLLAIRE 1. - Les notations étcnt celles du th. 1, on suppose


de plus que (C) n'est pas vérifiée, que @ est non dégénérée et que,
pour tout x E E, il existe p E A tel que @(x,x) = Alors E admet
une base orthonormale pour @.
Soit en effet (ei) ( i = 1,. . ., n) une base orthogonale de E.
Posons @(et,ei) = ai. On a ai # 0 pour i = 1,. . ., n puisque @
est non dégénérée.-
Il existe, par hypothèse, des éléments pi de A
tels que ai = PiBi pour i = 1-, . . . , n ; on a Pi f O. E n posant
fi = PiSei, on a @(fi,fi) = fi?lccJ3i1 = 1 pour tout i, et @(fi,fi) = O

pour i f j. Donc (fi) est une base orthonormale.

Remarque. - L a dernière hypothèse d u corollaire est vérifiée


lorsque J est l'identité, et que tout élément de A est le carré d'un
élément de A (par exemple lorsque A est algébriquement clos).

COROLLAIRE 2. - Soient A un corps et R une matrice hermi-


tienne d'ordre n et de rang r s u r A. Alors, sauf s i la condition sui-
vante est vérifiée :
(C') A est commutatif de caractéristique 2, J est l'identité, R est
alternée et non nulle,
il existe une matrice inversible P d'ordre n sur A telle que
o...o...oi
a,.. . o . . . o
. .. . .. ...... .
'P.R.P= O o...&...o
O O...O...O
............ .
O o...o...o

P R O P O S I T I O1.N - O n suppose que A est u n corps commutatif.


Soient @ une forme hermitienne sur E , et ( x n ) ( n = 1 , 2 , . . .) une suite
(finie o u infinie) de vecteurs linéairement indépendants de E telle
que, pour tout n, le sous-espace E n = A x , + +
. . . Axn soit n o n
isotrope. Soit D, ( j \< n) le cofacteur de @(xi,x,,) dans la matrice
(@(xs,xL))($,t= 1,. ..,,,). O n a alors D,, .f O pour tout n. Posons

Alors, pour tout n, (el,. . . , en) est une base orthogonale de E n et l'on a

E n e f f e t , c o m m e l a restriction d e @ à En_, est n o n dégénérée,


o n a D,, # 0 ( § 2 , prop. 3) ; notons q u e l'on a Dl, = 1 puisque le
déterminant de la matrice v i d e est égal à 1. Les formules ( 2 ) i m -
pliquent d'abord q u e l'on a en = xn ( m o d . En_,) pour t o u t n, donc
q u e les en sont linéairement indépendants, e t q u e (e,, . . . , en) est
u n e base d e En. Pour t o u t j < n , o n a

(chap. I I I , § 6, no 1 , formule ( 1 2 ) ) ; donc en est orthogonal à En_,,


e t e n particulier à ej pour j < n. D'autre part o n a

(chap. I I I , $ 6 , ri0 1 , foriniile (10)).Ceci démontre nos assertions.


Avec les notations de la prop. 1, on dit que la suite (en) est
obtenue à partir de la suite ( x n ) par le procédé d'orthogonalisation
de Gram-Schmidt.

PROPOSITION 2. - Soient @ une forme hermitienne sur E , et


1,. . ., n) une base orthogonale (resp. orthonormale) de E
(6) ( i =
P
pour 8. Alors, pour tout p >/ O, la base de B Eformée des ei, 8 . . . @ eip
P
et la base (e,) de /"\ E ( o ù H parcourt l'ensemble des parties à p élé-
ments de ( 1 , n ) ; cf. chap. I I I , $ 5 , no 6 ) sont orthogonales (resp.
P P
orthonormales) pour les extensions de @ à BE et /\ E respecti-
vement ( $ 1 , no 9 ) . Si, de plus, les applications associées à @ sont
bijectives, la base (e;) de E* duale de (ei) est orthogonale (resp.
orthonormale) pour l a forme inverse 6 de 8 ( $ 1, no 7 ) .
P P
Les assertions relatives à BE e t /\ E résultent aussitôt des
formules ( 3 5 ) et ( 3 7 ) d u $ 1 , no 9. Celle relative à la forme inverse
résulte de ce que la matrice de 6 par rapport à (ei) est l'inverse de
l a matrice de @ par rapport à (ei) ( $ 1, no 10).

2. Groupe unitaire et groupe orthogonal.


Soit (i. une forme hermitienne sur E ;'les automorphismes du
A-module E qui laissent @ invariante s'appellent automorphismes
unitaires (ou transformations unitaires) relatifs à O,e t leur groupe
s'appelle le groupe unitaire associéà 8 ;on le note U(@).É t a n t donnée
une forme quadratique Q # O sur E , les automorphismes d u A-
module E qui laissent Q invariante s'appellent automorphismes
orthogonaux (ou transformations orthogonales) relatifs à Q ; leur
groupe s'appelle le groupe orthogonal associé à Q ; on le note O(Q).

Toute transformation orthogonale pour une forme quadratique


Q est unitaire pour la forme bilinéaire associée à Q. La réciproque
est vraie lorsque le scalaire 2 n'est pas égal à O ou diviseur de zéro
dans A ( $ 3, no 4, (13)),par exemple si A est un corps de carac-
téristique f 2.

Considérons, en particulier, sur le module E = An, la forme


hermitienne 8, dont la matrice par rapport à la base canonique
(ei) de E est la matrice unité In.Les automorphismes unitaires
associés à at, s'appellent tout simplement automorphismes (ou
transformations) unitaires à n variables; leur groupe est appelé
groupe unitaire à n variables et se note parfois U(n, A) ou Un(A).
La matrice U d'un automorphisme unitaire par rapport a (ei)
s'appelle une matrice unitaire. Une telle matrice est inversible,
et satisfait, d'après la formule (48) d u $ 1, no 10, a la relation

réciproquement, si A est un anneau commutatif ou est un corps,


une matrice U qui satisfait à (4) est inversible, et est alors uni-
taire.
Lorsque J est l'identité et que 2 n'est pas égal à O ni diviseur de
O dans A, on emploie les termes de groupe orthogonal à n variables,
d'automorphisme orthogonal (ou transformation orthogonale) à n
variables et de matrice orthogonale au lieu des termes précédents,
et on écrit O(n, A) (resp. O,(A)) au lieu de U(n, A) (resp. U,(A)).
La relation (4) s'écrit alors

et, comme A est commutatif, elle est une condition nécessaire et


suffisantepour que U soit une matrice orthogonale.

PROPOSITION 3. - Supposons que A soit un corps commutatif


et que E soit de dimension finie > O. Soit at une forme hermitienne
non dégénérée sur E . L'application u + det u est un homomorphisme
du groupe unitaire U(0) associé à at sur le sous-groupe multiplicatif
H de A formé des éléments p tels que p i = 1 (sous-groupe réduit à
1 1
1, - 1 lorsque J est l'identité).
Soient en effet u un élément de U(at), U sa matrice par rapport
a une base de E , e t R la matrice de @ par rapport à cette base. La
(s
relation R = ' U . R . Ü 1, no 10, formule (48)) montre que l'on a
(det U) ( d e t a ) = 1puisque R est inversible ; d'où (det u) (det u) = 1.
L'homomorphisme u -+ det u applique U(@)sur H. En effet, lorsque
A est de caractéristique 2 e t J l'identité, H est réduit à l'élément 1.
Sinon il existe une base orthogonale (ei) ( i = 1 , . . . , n) de E (th. 1) ;
pour tout p E A tel que = 1, soit u l'automorphisme de E défini
par u(e,) = pe, et u(ei) = ei pour i = 2,. . . , n ; alors u est unitaire
et det u = p, d'où la proposition.
Dans les conditions de la prop. 3, le noyau de l'homomor-
phisme u -t det u est un sous-groupe distingué de U(@), qu'on
appelle le groupe spécial unitaire associé à @ ; on le note parfois
SU(@).
Lorsque J est l'identité et que A n'est pas de caractéristique 2,
ce groupe est encore appelé le groupe spécial orthogonal associé à
@ (ou à la forme quadratique Q(x) = @(x, x)) et se note parfois
WQ).
Si E = An et si @ est la forme dont la matrice par rapport à
la base canonique de E est la matrice unité, on emploie les nota-
tions SU(n, A) ou SUn(A)et SO(n, A) ou SO,(A).

3. Projecteurs orthogonaux et involutions.


Dans t o u t ce no, on suppose que le scalaire 2 est inversible
dans A (par exemple que A est un corps de caractéristique f 2),
e t que @ est une forme hermitienne non dégénérée sur E. On note
1
- l'inverse de 2.
2
Lemme 2. - Pour qu'un endomorphisme u de E soit tel que
1
u2 =1, il faut et il sufit que -(1 - u) soit un projecteur dans E ;
2
1 1
alors u est la diflérence des deux projecteurs - (1 + u) et - (1 - u).
2 2
E n eflet, dans l'anneau!i(E), la relation (i(1
- U))2 =i ( 1 - U)
équivaut à u2 = 1. Le reste est trivial.

Un endomorphisme u de E tel que u2 = l.(qui est alors néces-


sairement un automorphisme de E égal à son inverse) est appelé
1
une involution. Posons v = -(1 - u), U-
2
- -1
v(E), U' = v(0)
1
(= w(E) en posant w = -(1
2
+
u)) ; on sait que E est sontme
directe de U+ et de U- (chap. VIII, 5 1, no l ) , et on a u(n.) = .r
dans U+, u(x) = - x dans U-. Lorsque A est un corps et E de
dimension finie, il en résulte, puisque A est de caractéristique
=#2, que les seuls vecteurs propres -t O de u sont les éléments
f O dans U+ ou dans U- ; ils correspondent respectivement aux
valeurs propres + 1 et - 1.
PROPOSITION
4. - Soit u E GL(E) une involution. Les pro-
priétés suivantes sont équivalentes :
a) u appartient a u groupe unitaire associé a @ ;
b) les sous-modules U+ = -(1
1
2
+ 1
u) (E) et U- = -(1 - u) (E)
2
sont orthogonaux (et par suite non isotropes).
E n outre, s i A est un corps et E de dimension finie, les propriétés
a ) et b) sont équivalentes a :
C) U = u*.
E n effet, pourx E U+ et y E U-, larelation@(u(x),u(y))= @ ( x ,y)
donne 2@(x, y) = O, donc a) entraîne b). Réciproquement on a
évidemment @(u(x),u(y)) = @(x,y) lorsque x e t y sont tous deux
dans U+ ou tous deux dans U-, et, vu b), cette relation est encore
vraie lorsque l'un d'eux est dans U+ et l'autre dans U- ; comme E
est somme directe de U+ e t U-, on voit que b) entraîne a). Enfin,
lorsque E est u n espace vectoriel de dimension finie, l'adjoint n*
est défini puisque @ est non dégénérée ; la relation a ) équivaut à
uu* = 1 ( $ 1, no 8, cor. de la prop. 8 ) ; comme u2 = 1 par hypo-
thèse, a ) e t c) sont équivalentes.

COROLLAIRE 1. - On suppose que A est un corps et quc E c ~ t


1
de dimension finie. L'application u -t i(l + 7c)(E) est une Dijec-
2
tion de l'ensemble des involutions u appartenant a u groupe unitaire
associé à @ sur l'ensemble des sous-espaces non isotropes de E ; le
sous-espace U+ correspondant à u est l'ensemble des ~ l é r n e n tde
~ E
invariants par u.
D'après la prop. 4, il suflit de montrer que tout sous-espace
non isotrope M de E est l'ensemble des vecteurs invariants par une
involution U E U(O), et que celle-ci est unique. Or E est soliiinr
directe de M et de Mo (fj4, no 1, cor. dc la prop. 1 ) , et on a néces-
sairement u(x) = z pour x E M et u(x) = - .G polir .C E Mo CI^ vertu
de la prop. 4 ; ces relations déterriiiiicrit u de façon iiiiiquc, ct
l'endomorphisme n ainsi déterminé r6pond évideinineiit à la
question (prop. 4).
On dit que l'involution u ainsi déterminée est la symétrie par
rapport a u sous-espace non. isotrope M .

COROLLAIRE 2. - O n suppose que A est u n corps et que E est


de dimension finie. Pour qu'un projecteur v dans E soit tel que v ( E )
-1
et v ( 0 ) soient orthogonaux (et par suite n o n isotropes), il faut et
il suffit que v = v*.
Il s u f i t d'appliquer la prop. 4 a l'involution u = 1 - 20.

Un projecteur satisfaisant a la condition du corollaire 2 est


appelé un projecteur orthogonal pour @.

4 . Symétries dans le groupe orthogonal.


Sauf mention expresse d u contraire, on suppose, dans ce no,
que A est un corps commutatif de caractéristique f 2 , et que @ est
la forme hilinéaire symétrique associée a une forme quadratique Q
n o n dégénérée sur E . Rappelons que l'on a @(x, x ) = 2 Q ( x ) pour
X E E ( 3 3 , 1104).
Soient H u n hyperplan non isotrope dans E, et u la symétrie
par rapport à H (no 3). Soit a f O un vecteur orthogonal a H ; on
a par hypothèse u ( a ) = - a. Tout vecteur x e E s'écrit d'une
manière e t d'une seule sous la forme x = ha +
y avec A E A et
y E H ; comme a et y sont orthogonaux, on a @(x, a ) = h@(a,a ) ,
d'où, puisque a est non isotrope ( § 4, no 1 , cor. de la prop. l ) ,
A = @(.r,a ) @ ( a ,a)-l. Ceci étant, on a
~ ( x=
) hu(a) + u(y) = - Au f y = x - 2ha,
d'où
(6) u ( x ) = x - 2@(x,a)@(a,a)-'.a = x - @ ( x ,a)Q(a)-l.a.

On notera que le dernier membre de (6) garde un sens lorsque


A est un corps de caractéristique 2, et a un vecteur non singu-
lier de E ; on vérifie aussitôt que l'on a encore alors Q ( u ( x ) )=
Q(x) pour tout x E E, autrement dit u E O(Q). On dit encore
que l'involution u ainsi définie est la symétrie par rapport à
l'hyperplan orthogonal a a (cf. exerc. 28).

PROPOSITIOS 5. - O n suppose l'espace vectoriel E de dimension


finie n. L e groupe orthogonal O ( Q ) associé à Q est alors engendré
par les symétries par rapport a u x hyperplans n o n isotropes de E.
Bourbaki XXIV. 7
La proposition étant évidente pour n = O, nous raisonnerons
par récurrence sur n. Soit u une transformation orthogonale de E , et
soit x un vecteur non isotrope de E (lemme 1);distinguons trois cas :
a) Supposons d'abord que u(x) = x. Alors l'hyperplan H
orthogonal a x est non isotrope, et on a u(H) = H. La restriction
u' de u à H appartient donc au groupe orthogonal O(Q1) associé
à la restriction Q' de Q à H. L'hypothèse de récurrence entraîne,
puisque Q' est non dégénérée, que l'on a u' = vi . . . VA, où vi est
une symétrie par rapport à un hyperplan Li de H. L'endomor-
phisme vi de E qui prolonge v; et est tel que vi(x) = x est alors la
symétrie par rapport à l'hyperplan Ax +
Li de E. On a évidem-
ment u = vlvz . . . vm.
b) Supposons en second lieu que u(x) = - x. Si l'on note s la
symétrie par rapport à l'hyperplan H orthogonal à x, et si l'on pose
v = su, on a v(x) = x, et on est ramené au cas a).
c) Passons enfin au cas général, et posons y = u(x), de sorte
que Q(y) = Q(x). Dans ces conditions, les vecteurs x - y et x +y
ne peuvent être tous deux isotropes, car, des relations Q(x - y) = O
et Q(x + y) = O, on tirerait, en ajoutant membre à membre,
+
2(Q(x) Q(y)) = O ( 5 3, no 4, déf. 2), d'où 4Q(x) = O contraire-
ment à l'hypothèse. Supposons, par exemple, que a = x - y ne
soit pas isotrope ; on a alors
@(y,a) = Q(Y + a) - Q(y) - Q(a) = Q(x) - Q(y) - Q(a) = - Q(4;
par suite, si l'on note s la symétrie par rapport à l'hyperplan ortho-
gonal à a, la formule (6) prouve que s(y) = y +a = x ; en po-
sant v = su, on a v(x) = x, et on est ramené au cas a). Si a = x - y
est isotrope et b = x + y non isotrope, on voit de m&mequ'on est
ramené au cas b).

5 . Groupe des similitudes.


Soit CD une forme hermitienne sur E. Un automorphisme u
du A-module E s'appelle une similitude (relativement à @) s'il
existe un élément inversible a de A tel que l'on ait
(7) @(u(x),'(Y)) = y)
quels que soient x, y dans E. Les similitudes fornent un groupe r.
Lorsque @ prend des valeurs qui sont des éléments réguliers
de A (par exemple lorsque A est un corps et que cD f O), l'élément
a de A vérifiant (7) est déterminé de façon unique par u ; on
l'appelle le multiplicateur de l a similitude u. Changeant x en ?,x
dans (7), on voit alors que a appartient a u centre de A ; échangeant
x et y dans (7), on voit en outre que i = a. Si, pour U E I', on
note a(u) le multiplicateur de u, l'application u -+ a(u) est un
homomorphisine de I' dans le groupe multiplicatif des éléments
inversibles du centre de A. Le noyau de cet homomorphisme est
le groupe unitaire associé à @, qui est donc un sous-groupe distin-
gué de P. Soient fi un élément inversible du centre de A, u l'homo-
thétie de rapport P, et w un automorphisme unitaire de E ; alors
uw = wu est une similitude de E , et son multiplicateur est ~/3.
Réciproquement, soit u une similitude dont le multiplicateur est
de la forme pp( p désignant un élément inversible d u centre de A) ;
alors UV-l est un automorphisme unitaire w , donc u est de la
forme uw.
Supposons maintenant que A soit un corps, E un espace
vectoriel de dimension finie , et que @ soit non dégénérée. Pour
toute similitude u de multiplicateur a on a

donc u*u est l'homothétie de rapport a. Si A est commutatif, e t


si n désigne la dimension de E, on déduit de là et de la formule (50)
d u S 1, no 10 que l'on a
(8) (det u) (det u) = an.

Distinguons alors deux cas :


10) L'entier n est impair, soit n = 2q f 1. Alors, en posant
p = a-q(det u), on a a = (det u) (det u)a-Q = @.Donc u est le pro-
duit de l'homothétie de rapport p et d'un automorphisme uni-
taire.
20) L'entier n est pair, soit n = 29. Alors, en posant
p = O ( d e t u), on a pP = 1. E n particulier, lorsque J est l'identité,
on a (det u ) = ~ a ( ~ ) ;~les
q similitudes u telles que det u = a(u)q

(resp. det u = - a(u)P) sont dites directes (resp. inverses) ; les simi-
litudes directes forment un sous-groupe distingué d'indice 2 de I' ;
les homothéties de rapport # O sont des similitudes directes ;
il en est de même des transformations orthogonales de déterminant
1 (no 2) ; les transformations orthogonales de déterminant - 1
sont des similitudes inverses.

Les définitions et résultats précédents sont encore valables


pour les formes E-hermitiennes ( $ 3, no 1), et en particulier pour
les formes alternées.
Soient A un corps commutatif et Q une forme quadratique # O
sur E. On appelle similitude (relativement à Q) tout automor-
phisme u de E tel qu'il existe un élément non nul a de A (appelé
multiplicateur de u) pour lequel Q(u(z))= aQ(z) quel que soit
z E E. Il est clair que u est alors une similitude de multiplicateur a
relativement à la forme bilinéaire associée à Q ; la réciproque est
vraie lorsque la caractéristique de A est f 2.

6. Géométrie hermitienne.
DÉFINITION 2. - Soient A un corps, L un espace afline sur A
et T l'espace des translations de L (chap. I I , 2e éd., App. II). Si T
est muni d'une forme hermitienne cD non dégénérée, on dit que L est
un espace hermitien s u r A, et que @ est la forme métrique de L.

Si J est l'identité (ce qui implique que A est commutatif),


on dit plutôt que L est un espace euclidien.
Si a et b sont deux points de L, posons e(a, b) = @(b- a, b - a).
Soit c u n troisième point de L. Pour que b - a et c - a soient ortho-
gonaux, il faut, d'après la formule (17) du 5 1, no 5, que l'on
ait e(D, c ) = e(a, b)+ e(a, c), et cette condition est suffisante
lorsque J = 1 et que A n'est pas de caractéristique 2 (« théo-
rème d e Pythagore »).
Deux variétés linéaires de L sont dites orthogonales si leurs
directions (chap. I I , 2e éd., App. I I , no 3) sont orthogonales. Une
variété linéaire de L est dite isotrope (resp. totalement isotrope)
si sa direction est isotrope (resp. totalement isotrope). Un vecteur
de T est dit orthogonal à une variété linéaire de L s'il est orthogo-
nal à la direction de cette variété.
Soient V une variété linéaire en L, et x un point de L. L'en-
semble des points y de L tels que y - x soit orthogonal à V est une
variété linéaire W passant par x ; on dit que W est la variété
totalement orthogonale (ou, plus simplement, orthogonale) à V
passant par x. Si L est de dimension finie, la dimension de W est
égale à la codimension de V. En outre, si V est non isotrope, les
directions'de V et de W sont supplémentaires ( § 4, no 1, cor. de la
prop. 1) ; alors W rencontre V en un seul point x, ; en prenant une
origine dans V, on voit aussitôt que, pour V fixé, l'application
x -t xl est une application linéaire affine idempotente ; on l'appelle
la projection orthogonale de L sur V ; l'application linéaire qui lui
est associée (chap. II, 2e éd., App. II, no 4) est le projecteur ortho-
gonal de T sur la direction de V (no 3).

DÉFINITION 3. - Soient L un espace hermitien sur un corps A,


T l'espace des translations de L. On appelle déplacement (resp.
similitude) de L toute bijection afine u de L sur L telle que l'applica-
tion linéaire v associée a u dans T (chap. II, 2e éd., App. II, 1104)
soit unitaire (resp. soit une similitude).

Le groupe des translations est un sous-groupe distingué du


groupe affine ; c'est donc un sous-groupe distingué d u groupe
des similitudes et du groupe des déplacements. Pour tout a E L,
soit Ga le groupe des similitudes (resp. déplacements) laissant a
fixe ; si on identifie L a T en prenant a pour origine, Ga est le
groupe des similitudes (resp. le groupe unitaire) de T. Toute simi-
litude (resp. déplacement) u se met, d'une façon et d'une seule,
sous la forme u = u,t, où u, E Ga et t, E T, et aussi sous la forme
u = t,n, où u , Ga ~ et t , T~ ; on a d'ailleurs u, = u, et t, = u,t,u;'
(chap. I I , 2e éd., App. I I , no 4).
Soient u une similitude dans L, v la similitude associée dans
T. Le multiplicateur de v s'appelle aussi le multiplicateur de u
(no 5). Si l'on note a(u) ce multiplicateur, l'application u -t u(u)
est un homomorphisme du groupe des similitudes de L dans le
groupe multiplicatif des éléments inversibles du centre de A ;
son noyau est le groupe des déplacements, qui est donc un sous-
groupe distingué du groupe des similitudes. Lorsque A est com-
mutatif et L de dimension finie, il y a, entre le déterminant det u
(égal par définition à det v) et a(u), les mêmes relations qu'au
no 5. Les déplacements u tels que det u = 1 forment un sous-
groupe distingué d u groupe des déplacements ; ce sous-groupe est
d'indice 2 si A est un corps commutatif de caractéristique f 2
e t J l'identité.

PROPOSITION 6. - Soit L un espace hermitien de dimension


finie s u r A, dont la forme métrique soit d'indice 0. Toute similitude
u de L, de multiplicateur p # 1, admet alors un point fixe et un seul.
E n effet, soit a un point de L. Il existe une similitude v de L
laissant a fixe et une translation t de L telles que u = tu. Dire que
b est un point fixe de u revient à dire que v(b) - b = t. Pour inon-
trer que cette équation admet une solution b et une seule, identi-
fions L à son espace des translations T en prenant a pour origine.
I l s u f i t alors de prouver que l'endomorphisme v - 1 de T est inver-
sible, autrement dit que la relation v(x) - x = O (x E T) entraîne
x = O. Or, si v(x) - x = O, on a @(x,x) = @(v(x),v(x)) = p@(x,x),
donc @(x, x) = O puisque p f 1 ; ceci entraîne x = O puisque @
est d'indice 0. CQFD.

Supposons que A soit un corps de caractéristique f 2. Tout


déplacement u de L tel que u2 = 1 admet a u moins un point
1
fixe, par exemple le milieu -(x
2
+
u(x)) de deux points homologues;
en prenant ce point pour origine, on voit que l'automorphisme
unitaire de T associé à u est une symétrie (no 3). Soit V une variété
linéaire non isotrope dans L ; on dit qu'un déplacement u est 18
symétrie p a r rapport à V si, en prenant une origine dans V, u est
identifié à la symétrie par rapport à V de T. Il revient a u même de
dire que u(x) s'obtient de la façon suivante : en notant xl la pro-
jection orthogonale de x sur V, on a u ( ~-) x = 2(x, - x).
Exercices. - 1) On suppose que A est un corps commutatif. Étant
donnée une matrice hermitienne R d'ordre n sur A, on appelle mineurs
principaux d'ordre r de R les mineurs obtenus en supprimant dans R
n - r lignes et les n - r colonnes de mêmes indices.
a) Si un mineur principal d'ordre r de H n'est pas nul, mais si tous
les mineurs principaux d'ordres r + +
1 et r 2 qui contiennent ce mineur
d'ordre r sont nuls, montrer que R est de rang r (cf. chap. III, $ 7 , exerc. 1
et $ 8, exerc. 11 et chap. IV, $ 2, exerc. 10). En déduire que, pour que R
soit de rang r, il faut et il suffit qu'il existe un mineur principal d'ordre r
qui soit + O, et que tous les mineurs principaux d'ordres r + 1 et r+ 2
soient nuls.
b) Déduire de a) que si R est de rang r, il existe une permutation
o E (3%
telle que, si on effectue sur les lignes et les colonnes de R la même
permutation o, et si on désigne par S la matrice obtenue, par As le mi-
neur principal d'ordre k de S obtenu en supprimant dans S les lignes et
les colonnes d'indice > k, on ait les deux propriétés suivantes : 10 A, f O ;
20 il n'existe pas d'indice k < r tel que Ak = Ak+l= O.
2) On suppose que A est un corps commutatif, et que E est de dimen-
sion finie n. Soient @ une forme sesquilinéaire hermitienne sur E, véri-
fiant la condition (T) du $ 4, no 2, R = (G,) la matrice de Q, par rapport
à une base (e,) de E.
a ) Si @ est de rang r, et si le mineur principal (exerc. 1) obtenu en
supprimant dans R les lignes et les colonnes d'indices > r n'est pas nul,
montrer qu'il existe une nouvelle base (fi) de E telle que ei = f, pour
1,< i ,(r et que la matrice de Q par rapport à (f,) s'obtienne en rempla-
çant par O dans R tous les a,j tels que i > r ou j > r (considérer le
sous-espace E0 orthogonal à E).
b) Déduire de a) que si @ est de rang n, et si le cofacteur An-i de
a,,, dans le déterminant A = det R n'est pas nul, il existe une nouvelle
base ( j , ) de E telle que f, = ei pour 1 \< i -< n - 1, et que l'on ait

(considérer la forme hermitienne dont la matrice par rapport à (ei)


A
s'obtient en remplaçant a,, par a,, -- dans R).
An-,
c) On suppose que @ est de rang n, que A,-1 = O, mais que le mineur
principal A,-2 de R obtenu en supprimant les lignes et les colonnes d'in-
dices n - 1 et n dans R n'est pas nul. Montrer qu'il existe une nouvelle
base (fi) de E telle que fi = ei pour 1 \< i ,< n - 2, et que l'on ait

(Si H est l'hyperplan engendré par el,. . ., e , ~ , qui est isotrope, remar-
quer que la droite orthogonale à H n'est pas dans le sous-espace engendré
par el,. . ., et utiliser la prop. 2 du $ 4, no 2).
3) Soient A un corps fini, E un espace vectoriel de dimension finie
sur A, @ une forme sesquilinéaire hermitienne non dégénérée sur E, rela-
tive à un automorphisme J f 1 de A. Montrer que E admet une base
orthonormale pour Q, (cf. chap. V, $ 1 1 , no 5, cor. du th. 3).
4) Soient A un corps fini de caractéristique f 2, E un espace vectoriel
de dimension finie n sur A.
a) Montrer que pour toute forme bilinéaire symétrique @ non dégé-
nérée sur E, il existe une base orthogonale (ei) de E telle que @(ei,ei) = 1
pour 1\< i \< n - 1, @(en,e,) = A (discriminant de Q, par rapport à (ei)).
+
(Remarquer que si a@# O, l'équation aE2 pq2 = y admet toujours des
solutions (E, q) dans A si y f O (chap. V, 5 11, exerc. 4)).
b) Pour que deux formes bilinéaires symétriques non dégénérées sur
E soient équivalentes, il faut et il sufit que le rapport de leurs discrimi-
nants (par rapport à une même base de E) soit un carré dans A. En dé-
duire que, si n est impair, pour toute forme bilinéaire symétrique @ non
dégénérée sur E, il existe une base orthogonale par rapport à laquelle la
matrice de @ est de la forme AI, (A E A) ; l'indice de @ est alors (n - 1)/2.
C) Si n = 2m est pair, montrer que l'indice d'une forme bilinéaire
symétrique non dégénérée @ sur E e s m si (- 1)"A est un carré dans A,
m - 1dans le cas contraire.
5) Soit A un corps commutatif de caractéristique f 2. Soit 1 un
polynôme à coefficients dans A, par rapport à n(n +1)/2 indéterminées
Xq (1 ,< i ,< j ,< n) ; pour toute matrice symétrique R = (q) sur un sur-
corps commutatif A' de A, on désigne par I(R) l'élément de Ar obtenu
en substituant à l'indéterminée X, (i \< j) dans 1.
On suppose que 1 est tel que, pour la matrice U = (uif)avec ilii = Xi,
pour i ,< j, uij = Xji pour i > j et la matrice carrée P = (Yi,) d'ordre
n (où les Yii sont n2 autres indéterminées), on ait
I('PUP) = (det P)"(U)
où h est un entier > O. Montrer que h est pair et que I(U) = -y(det U)k,
où h = 2k et y E A. (En utilisant le th. 1, montrer que pour toute matrice
symétrique R sur la clôture algébrique Cl de A, on a (I(R))2= A(det R)h,
où A E a,et utiliser le fait que le polynôme det U par rapport aux Xi,
n'est pas un carré, en considérant les termes de ce polynôme contenant
un Xii).
*6) Soient A un corps valué complet non discret, commutatif et de
caractéristique f 2 (Top. gén., chap. IX, § 3, no 2), <D une forme hermi-
tienne non dégénérée sur un espace vectoriel E de dimension finie n
sur A, R = (qi) la matrice de @ par rapport à une base (ei) de E. Montrer
qu'il existe E > O tel que, pour toute matrice hermitienne Rr = ( x i i ) véri-
fiant les conditions 1 aij - a, 1 ,< E pour tout couple (i, j), la forme Or
ayant R' comme matrice par rapport à la base ( e i ) soit équivalente à m.
(Se ramener au cas où R est diagonale ; utiliser l'exerc. 2 b) en s'appuyant
sur le lemme suivant : il existe un nombre a > O tel que pour 1 q 1 ,< a,
il existe dans A un élément < t e l que E2 = 1- q. Pour démontrer ce lemme,
on utilisera la série du binôme pour (1- x)lr2).,
(rr 7) Soient A un corps commutatif non ordonnable (chap. VI, $ 2,
exerc. 8) de caractéristique f 2, E un espace vectoriel de dimension
finie n > O sur A, Q une forme quadratique non dégénérée sur E, (et) une
n n

base orthogonale pour Q, de sorte que Q ( 2&ei) = 2 a&&Pour 1\< r ,< n,


i=1 i=l
T

on pose QT(<,,. . .,ET)= ,Z a&:, et on désigne par M, l'ensemble des valeurs


t=l
de Q, lorsque les ti (1\< i ,< r) parcourent A.
a) Montrer que si, pour u n indice r, on a MT= M,+1, il en résulte
que M, = A (remarquer que tout élément de A est somme de carrés
(chap. VI, $ 2 , exerc. 7)).
b) On suppose que le sous-groupe S du groupe multiplicatif A*,
formé des carrés d'éléments de A. est d'indice fini s dans A*. Déduire de
a) que si n > s, toute forme quadratique non dégénérée sur E est d'indice
> O (remarquer que tout ensemble M, est réunion de O et de classes mod.
S). *Application au cas où A est un corps p-adique Q, (Top. gén., chap.
III, $ 5 , exerc. 35).,
8) Soient A un corps commutatif de caractéristique f 2, E un espace
vectoriel de dimension finie n sur A, Q une forme quadratique non dégé-
nérée d'indice O sur E. Soient A' une extension algébrique de A, de degré
fini et impair, E' l'espace vectoriel sur A' obtenu par extension à A' du
corps des scalaires de E. Montrer que l'extension Q' de Q E' ( $ 3, no 4,
prop. 3) est encore d'indice 0. (Se ramener au cas ou A' = 4[X]/(i),
f étant un polynôme irréductible de degré impair m sur A. Soient (ei) une
base orthogonale de E pour Q, et pi = Q(ei) ; montrer que, dans A[X],
une relation de la forme çpi(gi(~))2 = f(X)h(X),où les gi sont des poly-

nômes non tous nuls, de degré < m - 1, est impossible ; observer pour
cela que h serait nécessairement de degré impair, et considérer un fac-
teur irréductible de h, de degré impair).
9) Soient A un corps, E u n espace vectoriel sur A admettant une
base dénombrable (en),-..,, @ une forme sesquilinéaire hermitienne non
dégénérée sur E, satisfaisant à la condition (T) ( $ 4, no 2).
a) Montrer que si les conditions (C) du th. 1 ne sont pas simultané-
ment vérifiées, il existe dans E une base orthogonale pour <D (raisonner
comme dans I'exerc. 4 du $ 5).
b) On suppose en outre A commutatif, et qu'il existe un entiers
tel que sur tout espace vectoriel de dimension finie et > s par rapport à
A, toute forme sesquilinéaire hermitienne non dégénérée soit d'indice
>O (cf. exerc. 7). Montrer qu'il existe alors dans E une base ortlionormale
pour @. (Raisonner comme dans a), en observant que -pour tout éléiiient
+
-

de A de la forme cr = h h, et toute forme hermitienne non dbgénérée 'i'


sur un espace F de dimension finie >s, il existe z E 12 tel que Y'(:, ); = a
(cf. $ 4, no 2, prop. 4).)
7 I O ) a) Soit A un anneau principal dans lequel il n'y a qu'un seul
idéal maximal An, tel que 2 ne soit pas divisible par n (chap. VII, $ 1,
exerc. 4). Soit E un module libre sur A, de dimension n. Montrer que tolite
forme bilinéaire symétrique <D sur E admet une base orthogonale. (Soit r
le plus grand exposant tel que nT divise tous les bléments a(.(y) .,; nion-
trer qu'il existe a E E tel que @(a, a ) = cmr, où cr est inversihle dans A ;
en déduire que E est somme directe de F = Aa et di1 sous-module F0
orthogonal
a à F.)
b) Donner un exemple (pour n = 2) où @ est non dégCnérée et où
il existe un sous-module F non isotrope de E, de rang 1, admettant
un supplémentaire dans E mais tel que F0 ne soit pas suppléiiientaire
de F.
c) Soient (ei) une base orthogonale pour @, et ai = @(ei,ei). Montrer
que les idéaux AG sont, à l'ordre près, indépendants de la base orthogonale
oonsidérée (cf. $5,th. 1).
On dit aue ces idéaux sont les facteurs invariants de la forme @.
Donner un exemple de deux formes ayant mêmes facteurs invariants et
non équivalentes (prendre deux formes dont le quotient des discrimi-
nants n'est pas un carré).
d) Soient F un sous-module de E , @, la restriction de à F x F, Aai
(1\( i \< r) les facteurs invariants non nuls de CJ,rangés de sorte que ai
divise ai+i, APi (1 < i \< s) les facteurs invariants non nuls de a, rangés
<
de sorte que pi divise &+i.Montrer que l'on a s r e t que pi est multiple
de ai pour 1 \< i \< s (même méthode que dans l'exerc. 1 a ) du 3 5).
e) On suppose @ non dégénérée ; soient F , G deux sous-modules non
isotropes de E tels que FO(resp. Go) soit supplémentaire de F (resp. G).
On suppose que les restrictions de @ à F e t à G soient équivalentes ;
montrer qu'il existe alors un automorphisme u de E , laissant invariante @,
e t tel que u(F) = G. ( E n utilisant a), se ramener au cas où F = Aa, G = Ab,
@(a,a ) = @(b,b). Soit (ci) une base de Go, e t soient b', c,! (1 \< j < n - 1)
les composantes de b e t ci respectivement dans F0; montrer qu'il existe
<
des scalaires pi (1 j (,. n - 1)tels que les éléments di = cl + pib' satis-
fassent aux relations @(di,dk) = @(ci, ck) pour tout couple d'indices ; on
remarquera pour cela que pour tout A E A, l'un des éléments 1 t A est
inversible dans A.)
11) Soit A un anneau principal de caractéristique 0, dans lequel il
n'y a qu'un seul idéal principal x , tel que 2 soit divisible par TC. Si (el, e,)
est la base canonique de E = A" @ la forme bilinéaire symétrique sur E
+
définie par (D(tlel <,e2,qle, + q2e2)= tlqz+ t 2 ~montrer
li qu'il n'existe
pas de base orthogonale de E pour @.
12) Soient A lc corps fini F?, J l'aiitomorphisme involutif 5 -+cl de
A, dont F, est le corps des invariants. Si E est un espace vectoriel de
dimension n sur A, @ une forme sesquilinéaire hermitienne (pour J )
non dégénérée sur E , montrer que l'ordre du groiipe unitaire U(@) est
égal à
(qn - (- l)n)qn-l(qy- (- l)?1-1)qn-2. +
. .(q2 - l)q(q 1)
(niéthode analogue à celle de l'exerc. 10 du 3 5, en utilisant l'exerc. 3).
13) Soient A le corps fini F, (q non multiple de 2), E un espace vecto-
riel de dimension n sur A, Q une forme quadratique non dégénérée sur E.
Montrer que :
a) Si n est impair, l'ordre du groupe S O ( Q ) est

O) Si n = 2m est pair, l'ordre du groupe S O ( Q ) est égal à

où E = 1 si (- 1)~nAest un carré dans A, E = - 1 dans le cas contraire,


A désignant le discriminant de Q par rapport à une hase quelconque
de E. (Méthode analogue à celle de l'exerc. 12, en utilisant l'cxerc. 3
du § 6 e t l'exerc. 5 du chap. V, $11.)
14) On suppose que A est un corps commutatif, E un espace vecto-
rie1 de dimension finie n >/ 2 sur A, @uneforme sesquilinéaire hermitienne
non dégénérée ,sur E, satisfaisant à la condition (T) ( $ 4 , no 2). Montrer
que les seuls endomorphismes w de E permutant avec tous les automor-
phismes u appartenant au groupe spécial unitaire SU(@)sont les homo-
théties, sauf lorsque l'on a simultanément n = 2, J = 1, A étant de
caractéristique f 2. (Si n >/ 3, écrire que w permute avec les involutions
u E SU(@),et utiliser l'exerc. 3 du § 4 ; si n = 2 et J # 1, écrire que w per-
A O
mute avec les éléments de SU(@)dont la matrice est de la forme
,- -.
1 - ,,
)
par rapport à une base orthogonale de E.)
7 15) Soient A un corps commutatif de caractéristique f 2, E un
espace vectoriel de dimension n >/ 1 sur A, Q une forme quadratique non
dégénérée sur E. Pour tout automorphisme uS='O(Q), soit w = zc - 1, et
soient r le rang de w, et W = $(O).
a ) Montrer que w(E) est le sous-espace W0 orthogonal à W.
b) Montrer que si n = 2, r = 2, u est produit de deux symétries par
rapport a des droites de E. (Etablir que si w(x) est isotrope pour tout
vecteur non isotrope x E E l w(x) est isotrope pour tout x E E ; on consi-
dérera séparément le cas où A a a u moins 5 éléments et le cas A = F,.)
c) On suppose n et r quelconques. Montrer que si w(E) n'est pas
totalement isotrope, u est produit de r symétries par rapport à des hyper-
plans de E, et ne peut Etre produit d'un nombre moindre de symétries.
(Se ramener au cas où W est totalement isotrope, et procéder par récur-
rence sur n e t r. Si W f fol, montrer qu'il existe un vecteur a E WO
tel que w(a) ne soit pas isotrope, en raisonnant par l'absurde et utilisant
le fait qu'un plan dont toutes les droites sauf une au plus sont isotropes
est nécessairement totalement isotrope ; prendre alors la symétrie s par
rapport à l'hyperplan orthogonal à w(a), et considérer l'automorphisme
su. Si W = 10 1, prendre a E E tel que w(a) ne soit pas isotrope, et, avec la
même signification pour s, considérer encore l'automorphisme su, et
utiliser b).)
d) On suppose que w(E) soit totalement isotrope. Si s est une symé-
trie par rapport à un hyperplan non isotrope H l montrer que le sous-
espace des vecteurs invariants par su est EI n W, donc est de dimension
n - r - 1, et en déduire que su ne peut être produit de moins de r + 1
symétries par rapport à des hyperplans. Déduire alors de c) que u est pro-
duit de r + 2 symétries par rapport à des hyperplans, mais ne peut être
produit d'un nombre moindre de symétries.
e ) Déduire de c) et d) que tout automorphisme orthogonal est pro-
duit de n symétries au plus par rapport à des hyperplans.
f ) Montrer que si n est impair (resp. pair), pour tout automorphisme
u E O(Q) de déterminant 1 (resp. - l ) , il existe un vecteur x # O inva-
riant par u (utiliser e ) ) .
16) Les hypothèses étant les mêmes que dans l'exerc. 15, montrer
que, si n >/ 3, le groupe SO(Q) est engendré par les symétries par rapport
aux sous-espaces non isotropes de E de dimension n - 2 (raisonner comme
dans la prop. 5 du no 4).
7 17) Les hypothèses sont les mêmes que dans l'exerc. 15.
a) Montrer que, pour na 2, le groupe des commutateurs Q(Q)
du groupe orthogonal O(Q) est engendré par les éléments ( ~ t )où ~ ,s et t
parcourent l'ensemble des symétries par rapport à des hyperplans (utili-
ser la prop. 5 du no 4, et remarquer que pour tout groupe r, le sous-
groupe engendré par les carrés des éléments de l? contient le groupe des
commutateurs de r).
b) Montrer que si n >, 3, le groupe des commutateurs de SO(Q) est
engendré par les carrés des éléments de SO(Q) (utiliser l'exerc. 16) ; en
déduire que ce groupe est identique à Q(Q), et que le groupe quo-
tient SO(Q)/Q(Q) est un groupe commutatif dont tous les éléments sont
d'ordre 2.
c) On dit qu'un plan P c E est hyperbolique s'il est non isotrope et s'il
contient des droites isotropes (nécessairement au nombre de 2). On dit
qu'un automorphisme u E O(Q) est hyperbolique s'il existe un plan hyper-
bolique P tel que u(x) = x pour tout x E Po ; on dit alors que u est une
transformation hyperbolique associée à P. Montrer que si Q est d'indice
>/ 1, tout u E O(Q) est produit de transformations hyperboliques (utiliser
la prop. 5 du no 4 et l'exerc. 4 a ) du § 4). E n déduire que si P est un plan
hyperbolique, tout a E O(Q) peut s'écrire u = tu, où t est une transforma-
tion hyperbolique associée à P et v E Q(Q).
7 18) Soient A un corps commutatif, E un espace vectoriel de di-
mension n sur A, @ une forme sesquilinéaire hermitienne non dégénérée
sur E, satisfaisant à la condition (T) ( 3 4, no 2). Soient V un sous-espace
vectoriel de E, H, la sous-groupe du groupe unitaire U(@) formé des
automorphismes unitaires u tels que u(V) = V.
a ) Montrer que, lorsque V n'est pas un sous-espace totalement iso-
trope de dimension n/2, l'image de H, par l'application u -t det u est le
sous-groupe de A* formé des p E A tels que pp = 1.
b) Si n est pair et si V est un sous-espace totalement isotrope de
dimension 4 2 , montrer que l'image de H, par l'application u -t det u
est le sous-groupe de A* formé des éléments de la forme A/h (utiliser la
prop. 2 du $ 4 , no 2).
c ) Soient V, W deux sous-espaces vectoriels de E tels que les restric-
tions de à V et W soient équivalentes. Montrer qu'il existe u E SU(@)
tel que u(V) = W dans les cas suivants :
10 J est distinct de l'identité (utiliser le th. 3 du chap. V, § 11, no 5).
20 J = 1, A est de caractéristique f 2, V et W ne sont pas des sous-
espaces totalement isotropes de dimension 4 2 .
d) On suppose que J = 1, que A est de caractéristique f 2, que
n = 2m est pair, et que @ est une forme bilinéaire symétrique non dégé-
nérée d'indice m. Soient V, W deux sous-espaces totalement isotropes de
dimension m dans E ; montrer que si dim (V n W) = q, pour tout auto-
morphisme orthogonal u tel que u(V) = W, on a det u = (- 1)"-'
(utiliser b) et la prop. 2 du 3 4, no 2). En déduire que l'ensemble des sous-
espaces totalement isotropes de dimension m est réunion de deux classes
d'intransitivité N,, N, pour le groupe SU(@); si V et W sont dans la même
classe (resp. dans des classes différentes), la dimension de V n W a même
parité que m (resp. n'a pas même parité que m). Pour qu'une simili-
tude u (pour @) soit directe, il faut et il sufit que u(N,) = N, (utiliser
l'exerc. 4 c ) du S 4.
19) Soient A un corps, E un espace vectoriel de dimension finie
et > O sur A, <D une forme sesquilinéaire E-hermitienne sur E, non
dégénérée et non alternée. Soit u un automorphisme de E tel que
l'on ait
@(u(x),~ ( 4 =) aQ,(x, 4
pour tout x E E, avec cc E A. Montrer que u est une similitude de multi-
plicateur cc sauf lorsque les conditions suivantes sont simultanément
vérifiées : A est commutatif et de caractéristique 2, J est l'identité
(utiliser l'exerc. 8 du $ 1).
20) Soient A un corps, L un espace hermitien de dimension finie
sur A ; on suppose que la forme métrique Q, de L satisfasse à la condition
(T) (S 4, no 2). Montrer que si l'indice de @ est > O, il peut y avoir
des similitudes de L, de multiplicateur f 1, et qui n'admettent aucun
point fixe (utiliser le raisonnement de la prop. 6 du no 6, et la prop. 2
du § 4, no 2).
21) Soient A un corps commutatif de caractéristique f 2, L un
espace euclidien de dimension finie sur A, @ la forme métrique de L.
a ) Montrer que toute bijection u de L sur lui-même, telle que

quels que soient x, y dans L, est un déplacement (utiliser l'exerc. 7


du § 1).
6) Montrer que le groupe des déplacements est engendré par les symé-
tries par rapport aux hyperplans non isotropes de l'espace affine L (en
utilisant la prop. 5 du no 4, se ramener à prouver que toute translation
non isotrope est produit de deux telles symétries).
22) Dans un espace hermitien L, on dit que deux variétés linéaires
sont perpendiculaires si leurs directions sont des sous-espaces faiblement
orthogonaux ( § 3, exerc. 11). On suppose L de dimension finie ; soient
V,, V, deux variétés linéaires, W,, W, leurs directions respectives. On
+
suppose que p = dim (W, W,) < n ; montrer que si W, + W, n'est pas
isotrope, il existe au moins une variété linéaire U de dimension n - p,
perpendiculaire à V, et à V,, et rencontrant chacune des variétés VI, V,
en un seul point ; en outre, si q = dim (W, n W,), la réunion de toutes les
variétés linéaires U ayant les propriétés précédentes est une variété
linéaire de dimension n - p + q.
23) Soient A un corps commutatif de caractéristique + 2, E un
espace vectoriel de dimension finie n + 1/> 2 sur A, Q une forme qua-
dratique sur E, Q, la forme bilinéaire symétrique associée à Q. L'ensemble
C des x E E tels que Q(x) = O est appelé le cône isotrope de sommet O et
-
d'équation Q(x) = O. S'il n'est pas réduit à O, l'image S de C 101 dans
l'espace projectif P(E), par l'application canonique rr de E - 101 sur P(E)
(chap. I I , 2e éd., App. III), est appelée quadrique projective (resp. conique
projective si n = 2) d'équation homogène Q(x)= O. On dit que S est dégé-
nérée si Q est dégénérée. On dit que deux variétés linéaires projectives
V,, V, de P(E) sont conjuguées par rapport à S si ;(VI) et G(v,) sont
orthogonaux (pour a). La polaire V0 d'une variété linéaire projective
V c P(E) par rapport à S est la variété telle que ~ ( v ü
o {)O / soit le
sous-espace totalement orthogonal (pour @) à 2 ( V ) u (01 ; si V est un
hyperplan et si S est non dégénérée, V0 est réduite à un point, appelé
pôle de V. Une variété linéaire projective V est dite tangente à S si
<(v) u f O / est un sous-espace isotrope (pour a).
On suppose dans ce qui suit que S est non vide et non dégénérée.
a) Montrer que l'intersection de S et d'une variété linéaire projective
V est vide ou est une quadrique dans V ; pour que cette quadrique soit
dégénérée, il faut et il suffit que V soit tangente à S.
b) Montrer quc l'hyperplan tangent à S en un point z E S est la réu-
nion des droites passant par z et tangentes à S.
c ) On supposez e S. Pour toute droite D passant par z et rencontrant
S en deux points a, b (distincts ou non), soit z' le conjugué harrnonique de
z par rapport à a et b, c'est-à-dire lc point de D tel que [:/ :1 =- 1
(chap. II, 2 e éd., App. III, exerc. 4) ; montrer que z' appartient à l'hyper-
plan polaire de z par rapport à S, et qu'il existe n de ces points formant
une famille projectivement libre dans P(E) et appartenant à S (cf. § 4,
exerc. 4 a)).
d) On suppose que n = 3 et que @ est d'indice maximum v = 2.
L'ensemble des droites contenues dans S est alors réunion de deux en-
sembles N,, N, tels que toute droite de N, rencontre toute droite de N,,
mais que deux droites distinctes de N, (resp. N,) ne se rencontrent pas
(exerc. 18d)). Soient D, Dr deux droites distinctes appartenant à N, ;
pour tout z E D il existe une droite A E N, et une seule passant par z ; si
u(z) est le point où A rencontre D', montrer que u est une application
linéaire projective de D sur U t .
e) Supposant toujours n = 3, soient D, Dr, D" trois droites de
P(E) dont deux quelconques ne se rencontrent pas. Montrer que la
réunion des droites rencontrant D, D' et D" est une quadrique non
dégénérée.
24) Les hypothèses et notations sont celles de l'exerc. 23, la qua-
drique S étant supposée non vide et non dégénérée.
a) Montrer que le sous-groupe l? di1 groupe projectif PGL(E) formé
des bijections linéaires projectives transformant S en elle-même, est
l'image canonique du groupe des similitudes relativement à Q. (Utiliser
l'exerc. 23 c ) ci-dessus, l'exerc. 2 a ) du § 4 et l'exerc. 8 du $ 1.)
6) Soit a un point de P(E) n'appartenant pas à S, et soit (Dl la restric-
tion de @ à l'hyperplan orthogonal à X(a) dans E. Montrer que le sous-
PROPRIÉTÉS DES FORMES HERMITIENNES 11 1
groupe de l? laissant a invariant est isomorphe au quotient du groupe
orthogonal U(@,) par son centre.
c) Soient b un point de S, F l'hyperplan (isotrope) orthogonal à
-1
x ( b ) dans E, M un supplémentaire (non isotrope) de <(b) par rapport à F,
et 0,la restriction de @ à M. Montrer que le sous-groupe de r laissant b
invariant est isomorphe au groupe des similitudes d'un espace euclidien
L de dimension n - 1, ayant comme forme métrique la forme inverse
( § 1, no 7) de @., (Remarquer que si une similitude pour @ transforme la
droite <(b) en elle-même, elle transforme F en lui-même, et est entière-
ment déterminée par sa restriction à F).
25) Soient A- un corps commutatif de caractéristique f 2, L un
espace airine de dimension finie n >/ 2 sur A. On identifie L au complé-
mentaire d'un liyperplan projectif Ho (« hyperplan à l'infini ») d'un espace
projectif P ( E ) de dimension n (chap. I I , 2P éd., App. III, no 4). On dit
qu'un ensemble non vide S C L est une quadrique afine (resp. conique
affine si n = 2) si S est l'intersection de L e t d'une quadrique (resp. conique)
projective dans P(E) (exerc. 23).
a ) Montrer que s'il existe une quadrique projective non dégénérée
S c P ( E ) telle que S = L n S, cette quadrique est la seule ayant ces
propriétés, sauf lorsque n = 2, A = F, et que S est réduit à 2 éléments
(remarquer qu'en dehors de ce cas exceptionnel, pour tout point z E Ho
n'appartenant pas à S, il existe une droite passant par ie t rencontrant
S en deux points distincts). On dit alors que S est une quadrique affine
non dégénérée. On dit que deux variétés linéaires affines VI, V, contenues
dans L sont conjuguées par rapport à S si les variétés linéaires projectives
VI, V Ztelles que Vi = L n Vi (i = 1, 2) sont conjuguées par rapport à S ;
on définit de même la polaire (lorsqu'elle n'est pas contenue dans II,)
où le pôle d'une variété linéaire a f h e par rapport à S, et les variétés
linéaires airines tangentes à S.
b) On supposeque S est non dégénérée ; montrer qu'on peut prendre
une origine a dans L telle qu'en identifiant L de cette façon à un espace
n
vectoriel, il y ait une base (ei) de L telle que S soit l'ensemble des z = C t,ei
i= 1
satisfaisant à une équation de l'une des deux formes

Dans le premier cas, le point a est bien déterminé et est le pôle par rap-
port à S de l'hyperplan à l'infini Ho (appelé centre de S). (Distinguer deux
cas suivant que II, est ou non tangent à S ; utiliser le th. 1 du § 6, no 1
et la prop. 2 du S 4, no 2.)
26) Soient A un corps commutatif algébriquement clos de carac-
téristique f 2, E un espace vectoriel de dimension finie sur A, Q une
forme quadratique non dégénérée sur E. Soit ic E O(Q); avec les nota-
tions de 17exerc. 12 du $ 4 , on a G(p, p) = j01 sauf pour p(X) = X - 1
et p(X) = X + 1. Soit A l un élément minimal de l'ensemble des sous-
espaces non isotropes contenus dans G(p, p) et stables pour u, et soit
ph le polynôme minimal de la restriction de u à hl. Montrer que si h
est impair, M est un sous-module indécomposable de Eu, et que si h
est pair, M est somme directe de deux sous-modules indécomposables
isomorphes de Eu. (Pour voir que si h = 2k est pair, M ne peut être
indécomposable, montrer que N = pk(u)(M)serait alors totalement iso-
trope ; si (e,)l-,,izk est une base de M telle que u(e,) = Ee, pour +
i \< 2k - 1, u(e2k) = Eezk (avec E = Az 1), montrer que ek ne peut être
orthogonal à ek+~,et en déduire que la relation Q(u(ek)) = Q(ek) con-
duit à une contradiction).
27) Soient A un corps commutatif de caractéristique 2, E un espace
vectoriel sur A, de dimension finie n, Q une forme quadratique sur E l
cD la forme bilinéaire associée, qui est alternée, donc de rang pair 2m
( 5 5, no 1, cor. 1du th. 1).
a) Montrer que si E0 est le sous-espace de E (de dimension n - 2772)
+
orthogonal à E pour 0, on a Q(Ax py) = h2Q(x) p2Q(y) quels que +
soient x, y dans E0 ; autrement dit, la restriction Qo de Q à E0 est une
application semi-linéaire de E0 (considéré comme espace vectoriel sur A)
dans A (considéré comme espace vectoriel sur le sous-corps A2), relatif à
l'isomorphisme 5 -t E2 de A sur A2. Soit q la dimension (sur A) du noyau
-1
E0 n &O) de Q, et soit El un supplémentaire de E0 n Q(0) par rapport à
E0;onan-2m-q<[A:A2].
b) Déduire de a ) qu'il existe une base (eJlCid, de E, dont les 2m
premiers vecteurs forment une base d'un supplémktaire E, de E0 dans
n
E , les n - 2m - q suivants une base de E,, telle que l'on ait, pour x = 2 tiei
1=1
1?~ n-q
Q(x) = C (aiEs
z=1
+ EiErn+i + PiE?n+i) + I:
i=2m+l
yiF3

+
les yi (2m 1 \< i \< n - q) étant des éléments de A linéairement indé-
pendants par rapport à A2.
c) On appclle indice de Q la dimension maxima des sous-espaces
totalement singuliers V de E tels que V n E0 = 10;. Montrer que si v est
l'indice de Q, on peut prendre la base (ei) de E ayant les propriétés énon-
-<
cées dans b) de sorte que ai = Pi = O pour 1 i \< v et que la restric-
tion de Q au sous-espace de E, engendré par eV+,,. . ., e,, e,,,,,, . . .,e,,
soit une forme quadratique (non dégénérée) d'indice 0.
d) On suppose q = O ; soit O(Q) le groupe des automorphismes de E
laissant invariante Q. Si u E O(Q), montrer que u(x) = z pour tout x E EO.
Pour tout x E E,, soit u(x) = u,(x) +
u,(x), où uo(x)E E0 et u,(x) E E2 ;
montrer que u, appartient au groupe symplectique Sp(cD,) (où est la
+
restriction de cD à E,) et que l'on a Q(u,(x)) Q(x) E Q(EO).Réciproque-
ment, pour tout automorphisme u, € s ~ ( @ ,tel
) que Q(u,(x)) Q(x) E Q(E0) +
pour tout z E E,, montrer qu'il existe une application linéaire uo de E,
dans EO et une seule telle que l'application linéaire égale à u, +
u2 dans
E,, à l'identité dans EO,appartienne à O(Q).
e) On suppose que A soit u n corps parfait (A2 = A) et que q = 0.
Déduire de b) que tout sous-espace vectoriel de E, de dimension >/ 3,
contient au moins un vecteur x tel que Q(x) = O. Si n est impair, on a
nécessairement m = v et n = 2m +1, de sorte qu'il existe une base
(ei) de E par rapport à laquelle on a

et (avec les notations de d)) O(Q) est isomorphe à Sp(<D,) ; toutes les
formes quadratiques telles que q = O sont alors équivalentes. Si n est
pair, on a nécessairement n = 2m, v = m ou v = m - 1, et il existe
une base (ei) de E par rapport à laquelle on a

où A z A . Soit Al le corps obtenu en adjoignant à A les racines du poly-


nôme LX2 X + + A ; montrer que ce corps est indépendant de la base
(e,) par rapport à laquelle Q peut s'écrire sous la forme ( l ) , et que pour
que deux formes quadratiques (telles que q = O) soient équivalentes,
il faut et il suffit que les extensions quadratiques de A qui leur corres-
pondent de cette façon soient identiques (utiliser le th. de Witt). Cas où A
est un corps fini de caractéristique 2.
7 28) Soient A un corps commutatif de caractéristique 2, distinct de
F,, E un espace vectoriel de dimension n = 2m sur A, Q une forme qua-
dratique non dégénérée sur E.
a ) Montrer que le groupe orthogonal O(Q) est engendré par les symé-
tries (qui ne sont autres ici que les transvections appartenant a O(Q)
(fj4, exerc. 6 ) ) (raisonner comme dans l'exerc. 11 du 3 5). En déduire que
le groupe des commutateurs de O(Q) est engendré par les carrés des 616-
ments de O(Q) (cf. exerc. 17).
b ) On suppose que Q soit d'indice niaxirriurn ; soient V, IV deux
sous-espaces totalement singuliers de E ( § 4, no 1) de dimension m. Soit
u une symétrie x + x + <D(z
-
u)
-?-a
Wu)
( § 4, exerc. 6) ; soit k la dimension de
V n W. Montrer que la dimension de V n u(W) est k + 1 si u est orthogo-
nal à V n W, lc - 1 dans le cas contraire (dans le premier cas remarquer
que u = z + y, ou x E V, y E TV, et montrer que a ( y ) = z; dans le second,
remarquer que u ne peut laisser invariant aucun vecteur singulier non
orthogonal à a).
c) On suppose de nouveau que l'indice de Q soit quelconque. hlon-
trer que le sous-groupe SO(Q) de O(Q), formé des automorphismes de E
qui sont produits d'un nombre puir de symétries, est un sous-groupe dis-
tingué d'indice 2 de O(Q). (Montrer que le produit d'un nombre impair de
symétries ne peut être l'identité, en considérant l'extension de Q à l'es-
Bourbaki XXIV. 8
Pace vectoriel E' obtenu par extension du corps des scalaires de E à sa
clôture algébrique ; utiliser alors b).) (Cf. $9, exerc. 9.)
d) Si VI, V, sont deux sous-espaces totalement singuliers de E, de
même dimension < m, montrer qu'il existe un automorphisme u E SO(Q)
tel que u(V,) = V,. Au contraire, si Vl et V, sont deux sous-espaces totale-
ment singuliers de dimension m, pour qu'il existe un automorphisme
u E SO(Q)tel que u(Vl) = V2, il faut et il sufit que la dimension de Vl n V2
ait même parité que m (raisonner comme dans l'exerc. 18, en utilisant b)).
e) On dit qu'un plan P c E est hyperbolique s'il est non isotrope et
contient des droites singulières (nécessairement au nombre de 2). On dit
qu'une transformation u E O(Q) est hyperbolique s'il existe un plan hyper-
bolique P tel que u(x) = x pour tout x E Po ; on dit alors que u est une
transformation hyperbolique associée à P. Montrer que si Q est d'indice
> O, tout u E O(Q) est produit de transformations hyperboliques (uti-
liser a)). En déduire que si P est un plan hyperbolique, toute transforma-
tion u E O(Q) peut s'écrire u = SV,où s est une transformation hyper-
bolique associée à P et v appartient au groupe des commutateurs de O(Q).
29) Les hypothèses étant celles de l'exerc. 28, on suppose de plus
que Q est d'indice maximum rn ; soit (ei) une base symplectique de E
Cpour-la forme alternée @ associée à Q) formée de vecteurs singuliers
( § 4, no 2, prop. 2), de sorte que la matrice de @ par rapport à cette base
soit la matrice notée H dans l'exerc. 14 du § 5. Avec les notations de ce
dernier exercice, montrer que, pour qu'une matrice symplectique
+ +
('D S)-l(D S) soit la matrice d'un automorphisme u E O(Q), il faut
et il sufit que S soit alternée (écrire que tout vecteur ~ ( e iest
) singulier, en
+
remarquant que l'on a (tD S) .~ ( e i= +
) (D S) .ei).

§ 7. Formes hermitiennes et corps ordonnés


Dans t o u t ce paragraphe on désigne par K un corps ordonné
maximal (donc commutatif e t de caractéristique nulle ; cf. chap.
VI, $ 2 ) , e t on suppose que l'on est dans l'un des trois cas suivants :
10) A = K, J est l'identité ;
20) A est le corps K(i), obtenu par adjonction a K d'une racine
carrée i d e - 1, et, pour t o u t h E A, h est le conjugué de h (chap. I I ,
7, no 7).
30) A est le corps des quaternions sur K correspondant a u
couple (- 1, - 1) (ou, comme nous dirons pour abréger, le corps des
quaternions sur K), et, pour t o u t ~ E A h, est le conjugué de A
(cf. chap. I I , $ 7, no 8 e t chap. V I I I , $ 11, no 2).
Si @ est une forme hermitienne sur E, on a donc, dans tous les
cas, @(x, x) E K pour t o u t x E E, puisque @(z,x) = @(x, x).
1. Formes hermitiennes positives.
DÉFINITION 1. - Une forme hermitienne @ s u r E est dite posi-
tive (resp. négative) s i @(x,x)> / O (resp. O(x,x) O) pour tout<
X E E.

Lorsque A = K, on dit encore que la forme quadratique


1
Q(x) = @ ( x , x) à laquelle est associée @ est positive (resp. néga-
2
tive).

Supposons E de dimension finie sur A, et soit (el) ( i = 1,. . . , n )


une base orthogonale de E ( $ 6, no 1, th. 1). Pour qu'une forme
hermitienne @ sur E soit positive, il faut e t il suflit que @(el,e,) >/ O
pour i = 1,. . ., n. Soit 0 une forme hermitienne positive non
de'générée sur E ; puisque t o u t élément positif de K est un carré,
donc de la fornie p i (p E A), il existe dans E des bases orthonorrnales
pour ( $ 6 , no 1, cor. 1 d u th. 1).

PROPOSITION 1. - Supposons E de dimension finie, et A = 1i


ou A = K(i). S i CI> est une forme hermitier~nepositive non dégénérée
P >

s u r E , alors les extensions de @ à (81 et1 E (p > O), ainsi que la


forme inverse de @, sont des formes herniitienries positives non dkgé-
nérées.
Ceci résulte aussitôt de l'existence (l'une base orthonorruale
de E, e t de la prop. 2, S 6, no 1.

La prop. 1 reste vraie si on y remplace partout (( positive non


dégénérée par positive n.
)) ((

PROPOSITION 2. - Soit @ une forme herrnitienne positive s u r


E . Pour r , y dans E , on a
(1) @(x, Y P b , Y) \< @(x, 4 @ ( y , Y).
L'inégalité est en effet iiiiinédiatc lorsque les vecteurs x e t I/
sont proportionnels. Supposons donc x e t y linéairement iiitlL1)CIL-
dants. Soient A' le sous-corps (conirnutatif) Ii(@(x, y)) d c A, F le
plan vectoriel sur A' engendré par .z e t y, e t @, la restriction de @
à F ; celle-ci prend ses valeurs dans A'. D'aprcs la prop. 1, le dis-
criminant de ùi, par rapport a la base (x, y) est >/ O. Or ce discri-
minant cst ùi(x, x)@(y, y) - @(x, y)ùi(x, y). CQFD.

COROLLAIRE. - L'ensemble des vecteurs isotropes de E est le


sous-espace E0 ortlzogonal de E pour ùi. Pour que ùi soit non dégénirée,
il faut et il suflit que l'on ait @(x,x) > O pour tout x ;t O.

PROPOSITION 3. - Supposons E de dimension finie et A


commutatif (A = K ou A = K(i)). Soient @ une forme herrnit~enne
s u r E , X s a matrice par rapport ù une base (x,) ( j = 1,. . . , n) de E ;
pour toute partie H de (1, n), notons XE,, le mineur de X obtenu
en supprimant les lignes et les colonnes d'indices j e H (cliap. I I I ,
§ 6, no 3 ) .
a ) S i ùi est positive non dégénérée, on a X,,, >O pour toute partie
H de (1, n).
6) Réciproquement, si, cn posant H, = (1, j), ou a XE,,H1> O
pour j = 1 , . . . , n, ùi est poszlLve non déginérée.
Supposons d'abord <D positive non dégénérée. Les élémc~its
(x?) ( j E H ) formerit une base d'un sous-espace F de E , e t le riunetir
X,,, est le discriminant de la restriction (D, de <1> à F par rapport
à cette base ; or, comrne @,(x, x) > O pour t o u t x L:;t O dans F, CD,
est positive non dégénkrée (cor. de la prop. 2) ; on a donc X,,,, O
(prop. 1). Pour démontrer b ) , remarquons que, a r e c Ics notatioris
d e la prop. 1, ji 6, no 1, lc riiineiir X,,,,, est égal à D,+I,,,, ; il
existe donc (prop. 1 , $ (i,ri0 1) une base ortliogviialc (c,)
( j = 1 , . . ., n) de E tcllr que @ ( c l , c,) > O pour j = 1 , . . . , 12 ;
p a r conséquent (D est positive iioii dt;génki.ee.

Remarque. - Il résulte de l'esistciice dc biiscs ortlionoriiialcs


q u e deux forrncs hrrniitic~riiiespositives iiori di.géiici.iw sur dciis
cspaces vcctoric~lsde iri61ile diniension finie soiit bqur valcritrs ( $ 1,
no 6 ) . Soient alors 1, un espace lier~luti~lnde di~iieiisioiifinie sur
A, dont la fornie métrique est positive non dégPiierk, c t V, V,
(11

deux variétés linéaires de /n8mc dimension dans L ( $ Ci, no t i ) ;


coninie les restrictions de la forme métrique ails directions Tl et
T, d e V, e t V, d'une part, a u x sous-csyaces ortliogoiiaus T: et '1.2
d'autre part, son1 équivalentes, il existc un aiitoiiiorl)liisiiie uni-
taire u d e l'espace T des translations d e L tel que u(T,) = T, e t
u(T,O)= T,O ; il existe donc u n déplacement v de L tel que v ( V l ) = V,.
Soient ( a , b), (a', b') d e u x couples d e points d e L ; pour qu'il existe
u n déplacement v d e L tel que v(a) = a' e t v(b) = b', il f a u t e t il
suffit donc (avec la notation d u 5 6 , no 6 ) que l'on ait e(a, b) =
e(a1,b r ); l'élément \le(a, b) d e A (chap. V I , 5 2, no 4 ) est appelé la
distance d e a e t b dans l'espace hermitien L.

2. La loi d'inertie.

T H É O R È M E1 (« loi d'inertie D). - Supposons que A satisfasse


a u x hypothèses d u début de ce paragraphe, et que E soit de dimen-
sion finie n. Soit @ une forme hermitienne sur E . Alors :
a ) I l existe une décomposition de E en somme directe d u sous-
espace E0 orthogonal à E , et de deux sous-espaces E+ et E - tels que
la restriction de @ à E+ (resp. E-) soit positive (resp. négative) et
n o n dégénérée.
b) I l existe une base orthogonale (ei)lGi+ de E telle que

c) Les dimensions s de E+ et t de E- sont les mêmes pour toutes


les décompositions en somme directe satisfaisant aux conditions
énoncées dans a ) ; l'entier s (resp. t ) est le m a x i m u m des dimensions
des sous-espaces F de E tels que la restriction de @ à F soit positive
(resp. négative) et non dégénérée.
d ) Le rang de @ est s + t.
e) S i cD est non dégénérée, son indice est égal à i n f ( s , t ) ( § 4 ,
no 2, d é f . 2).
Soit, e n e f f e t , ( x i ) ( i = 1,. . ., n) u n e base orthogonale d e
E ( § 6 , no 1 , th. 1 ) ; rappelons q u e I'on a @ ( x ,x ) E K pour t o u t
z E E . O n peut supposer que I'on a @(xi,xi) >O pour i = 1,. . ., S ,
@(xi,xi) < O pour i = s + +
1,. . ., s t e t @(xi,xi) = O pour
+ +
i = s t 1 , . . ., n. Ceci démontre a ) , car o n prend pour E+
(resp. E-) le sous-espace engendré par x,, . . . , x, (resp. par
xs+l,. . . , xs+1), e t E0 est alors engendré par xs+t+i,. . . . , Zn. O n e n
déduit b) e n remarquant que @(xi,xi) est de la forme pP (resp.
- )p; (p E A*) pour i = 1,. . ., s (resp. i = s + +
1,. . ., s t).
Pour démontrer c), considérons un sous-espace P de E tel que la
restriction de O à P soit positive et non dégénérée; on a alors
+ 1,
P n (E- Eo) = { 0 e t la somme P + +E- E0 est donc directe ;
on en conclut que dim P \< dim E + = s, e t ceci démontre c).
L'assertion d) résulte aussitôt de a).
Supposons enfin que O soit non dégénérée, posons q =
inf (s, t), e t montrons que q est l'indice de O. Avec les notations d e
+
b ) , les vecteurs ei e.t+i (resp. ei - es+<)( i = 1,.. ., q) engendrent
u n sous-espace totalement isotrope F (resp. F'). Comme K est de
caractéristique 0, F + F' est engendré par el,. . ., e,, e,+i,. . ., es+,
e t est donc non isotrope. L a restriction de @ a u sous-espace
+
H = (F F1)Oest alors positive (ou négative) et non dégénérée,
e t H n e contient donc aucun vecteur isotrope #O. Comme Fa
contient F e t H, et que dim(F + H ) = codim F' = codim F,
on a F0 = F + H. Ainsi un vecteur isotrope z orthogonal à F est
nécessairement dans F , car, dans la somme directe F + H , la
composante d e z dans H est isotrope. Par conséquent F est un sous-
espace totalement isotrope maximal, e t ceci démontre e).

DÉFINITION 2. - Avec les notations du th. 1, le couple (s, t)


s'appelle la signature de O.

3. Réduction d'une forme par rapport à une forme hermi-


tienne positive.
Dans ce no nous supposerons que E est de dimension finie
n sur A, et nous noterons O une forme hermitienne positive non
dégénérée sur E.
Commc les applications linéaires de E dans E * associées à O
sont bijectives, quels que soient les éléments x, y, z de E avec y f O,
il existe un élément t de E e t un seul tel que O(x, z ) = @ ( t , y). E n
particulier, s i A = K ou A = K(i) et si u est une application
semi-linéaire pour J de E dans lui-même (chap. I I , App. 1,
no 1), il existe, pour t o u t x E E , un élément u*(x) et un seul tel que
pour t o u t y E E, O(x, ~ ( y ) =) O(U*(X),y). On voit aussitôt que u*
est une application semi-linéaire pour J de E dans lui-même ; on
l'appelle l'adjoint de u.
Remarques. - 1) Lorsque J est l'identité, on retrouve la notion
d'adjoint d'un homomorphisme définie au 5 1,no 8.
2) Supposons toujours A = K ou A = K(i). Soit EJ le A-
module à droite défini au $ 1, no 2, déf. 5. La forme Q, est une
forme bilinéaire sur E x EJ, <DJ est une forme bilinbaire sur
EJ x E, et u est une application A-linéaire de E dans EJ. L'adjoint
de cet homomorphisme, au sens du § 1, no 8, est une application
A-linéaire de E dans EJ ; on voit aussitôt que celle-ci coïncide avec
l'application u* ci-dessus définie.

On dit qu'un endomorphisme u d e E est normal (pour a)


si l'on a uu* = u*u.

Exemples d'endomorphismes normaux :


1) les automorphismes unitaires pour Q, ( $ 6, no 2), qui sont
caractérisés par l a relation u" = u* ( $ 1, no 8, cor. de la prop. 8) ;
2) les endomorphismes u tels que u* = u ; ceux-ci sont appelés
endomorphismes hermitiens.

Pour t o u t endomorphisme hermitien u de E, posons @,(x, y) =


Q,(u(x), Y) ; on a

ce qui montre que @, est une forme hermitienne sur E. Réciproque-


ment soit Y une forme hermitienne sur E ; comme l'application
sa de E dans E * associée à a> est bijective, il existe, pour tout x E E ,
un élément u(x) d e E e t un seul tel que Y(x, y) = Q,(u(x),y) ; on
vérifie aisément que u est un endomorphisme hermitien de E.
Ainsi u -t Q, est une bijection, dite canonique, de l'ensemble des
endomorphismes hermitiens de E sur l'ensemble des formes her-
mitiennes sur E.
Supposons que A = K ou A = K(i) ; étant donnée une
forme bilinéaire Y sur E , il existe, pour t o u t X E E , u n élément
u(x) de E et un seul tel que Y(x, y) = @(u(x),y) ; on voit aussitôt
que u est une application semi-linéaire (pour J ) de E dans lui-même.
Comme <i(u(x),y) = @(y,u(x)) = Q,(u*(y),x), on voit que, pour
que Y soit symétrique (resp. alternée), il faut e t il s u f i t que l'on
ait u* = u (resp. u* = - 4-
THÉORÈME 2. - Soit S un ensemble d'endomorphismes de E
(resp. d'applications semi-linéaires de E dans E lorsque A = K
ou A = K(i)) stable pour l'application u -+ u*. Alors, s i V est un
sous-espace de E stable pour S, son orthogonal V0 est stable pour S.
D'autre part E est somme directe de sous-espaces stables pour S, mi-
1
nimaux dans l'ensemble des sous-espaces f { O et stables pour S,
et deux à deux orthogonaux.
Soit en effet V un sous-espace de E stable pour S ; quels que
soient x E VO, y E V e t u E S, on a u*(y) E V, d'où @(y,~ ( x ) =)
@(u*(y),x)= O (resp. @(y, u(x)) = @(u*(y),x) = O), et par con-
séquent u(x) E V0 ; ainsi V0 est stable pour S, ce qui démontre notre
première assertion. Pour la seconde nous procéderons par récur-
rence sur la dimension n de E , le cas n = O é t a n t trivial. Pour
1
n f O il existe un sous-espace V f O de E stable pour S e t
minimal, par exemple u n sous-espace stable f {O1 de dimension
minimale. Il s u f i t alors d'appliquer à V0 l'hypothèse de récur-
rence, puisque l'adjoint de la restriction de u à V0 (par rapport à
la restriction de @) est identique à la restriction à V0 de l'adjoint
de u.

COROLLAIRE 1. - On suppose que A = K ou que A = K(i).


Soit B une sous-algèbre de yA(E), stable pour l'application u + u*.
Alors E est un B-module semi-simple, et est somme directe de sous-
modules simples deux à deux orthogonaux. L'algèbre B est semi-
simple.
E n effet, comme t o u t sous-B-module V de E admet un supplé-
mentaire, par exemple VO, le B-module V est semi-simple (chap.
VIII, 5 3, no 3, prop. 7). Comme t o u t sous-B-module # f O et 1
minimal de E est simple, E est somme directe de sous-modules
simples deux à deux orthogonaux. Enfin B est une algèbre semi-
simple, puisqu'elle admet un module semi-simple e t fidèle E dont
le contremodule est de type fini (chap. V I I I , § 5, no 1, prop. 3).

COROLLAIRE 2. - Les hypothèses et notations étant celles du


cor. 1, on suppose de plus que l'algèbre B est commutative. Alors tous
ses éléments sont des endomorphismes (normaux) semi-simples de E.
Lorsque A = K (resp. A = K(i)), E est somme directe de sous-B-
modules simples deux à deux orthogonaux, qui sont des espaces
vectoriels de dimension 1 o u 2 (resp. 1 ) sur A.
La première assertion résulte du chap. VIII, § 9, no 1 , prop. 2,
puisque B est semi-simple. D'autre part t o u t B-module simple est
isomorphe à un B-module de la forme B/m, où m est un idéal maxi-
mal de B, donc à un corps commutatif L de degré fini sur A ;
lorsque A = K (resp. A = K ( i ) ) , le corps L est nécessairement
isomorphe à K ou K ( i ) (resp. K ( i ) ) , puisque K ( i ) est algébrique-
ment clos (chap. V I , $ 2 , no 6 , th. 3 ) .

PROPOSITION 4. - Soit u u n endomorphisme normal de E.


Lorsque A est égal à K ( i ) o u a u corps des quaternions sur K , il
existe une base orthonormale (pour O) de E formée de vecteurs
propres de u. Lorsque A = K , u est serni-simple et E est somme
directe de sous-espaces stables pour u , deux à deux orthogonaux, et de
dimension 1 ou 2.
Examinons d'abord le cas où A est commutatif (A = K ou
A = K ( i ) ) .Alors la sous-algèbre B = A [ u , u*] de 'f,(E) est commu-
tative puisque u est normal ; elle est stable par l'application
v -t v* en vertu des formules ( 3 2 ) et ( 3 3 ) d u § 1, no 8. L'assertion
relative a u cas A = K résulte alors aussitôt du cor. 2 d u t h . 2.
Lorsque A = K ( i ) , ce corollaire montre aussi que E est somme
directe de sous-espaces vectoriels Azi ( i = 1,. . ., n ) de dimension 1,
deux à deux orthogonaux et stables pour u ; si l'on pose ei =
(@(xi,X , ) ) - ~ ' ~ X ~(ei)
, est la base orthonormale cherchée.
Lorsque A est le corps des quaternions sur K , il nous suffira
de même de démontrer, en vcrtu du th. 2 , quc t o u t élément mini-
1 1
mal de l'ensemlsle des sous-espaces f O de E stables par u et u*
est de dimension 1. Or un tel sous-espace V contient nécessaire-
ment un vecteur propre x f O de u (*), comme on le voit en remar-
quant que le corps de quaternions A contient K ( i ) comme sous-
corps algébriquement clos, et en restreignant à K ( i ) le corps des

(*) Si E est un espace vectoriel & gauche sur un corps non commutatif A,
e t u un endomorphisme de E, on dit encore qu'un vecteur x = O de E est un
vecteur propre pour u s'il existe a E A tel que u(x)= ax ; le scalaire a est alors
appelé valeur propre de u. On notera que, pour tout 6 10 dans A, le vecteiir b x
est un vecteur propre pour u,e t que la valeur propre correspondante est bab-l.
scalaires de V. Il ne reste donc plus qu'à montrer que le vecteur
propre x de u est aussi un vecteur propre de u*. Posons u(x) =
ax (a E A) ; on a alors @(u(x),x) = a@(x,x) = @(x,x)a = @(x,Üx)
puisque @(x,x) appartient au centre de A, et d'autre part
@(u(x),x) = @(x, u*(x)) ;il en résulte que l'on a @(x,u*(x) - Üx) = 0,
et on peut donc écrire u*(x) = üx + z, où z est un vecteur ortho-
gonal à x. On a donc
@(u*(x), u*(x)) = Za@(x,x) + @(z,z) = @(u(x), u(x)) + @(z,z).
Or, comme u est normal, on a

Par conséquent on a @(z, z) = O, ce qui, par hypothèse, entrafne


z = O et u*(x) = Üx.CQFD.
Remarque. - Il résulte du th. 2 que les sous-espaces propres
relatifs à deux valeurs propres distinctes de u sont orthogonaux.

PROPOSITION 5. - Soit u un endomorphisme hermitien de E.


Les valeurs propres de u appartiennent à K, et il existe une base
orthonormale de E formée de vecteurs propres de u.
Lorsque A est égal à K(i) ou au corps des quaternions sur K,
il suffit, en vertu de la prop. 4, de démontrer la première asser-
tion ; or, si x est un vecteur propre # O de u et a la valeur propre
correspondante, on a, en vertu de l'hypothèse u = u*,

comme @(x,x) est un élément non nul du centre de A, il en rbsulte


que a = 6, donc a E K. Par conséquent une matrice hermitienne a
toutes ses valeurs propres dans K. Supposons maintenant que A
soit égal à K. La matrice M de u par rapport à une base orthonor-
male de E est alors symétrique ; c'est donc une matrice hermitienne
si on la considère comme une matrice sur K(i). La première partie
de la démonstration montre alors que cette matrice a toutes
1,
ses valeurs propres dans K, et admet donc, si E # 10 des vec-
teurs propres ;.L O dans E. Il en résulte que tout sous-espace stable
pour u et minimal est nécessairement de dimefision 1, et la conclu-
sion s'ensuit aussitôt, comme dans la prop. 4.
PROPOSITION 6. - a) Soit Y une forme hermitienne (resp.
bilinéaire symétrique s i A = K ou A = K(i)) sur E. I l existe une
base de E qui est orthonormale pour @ et orthogonale pour Y.
b) Supposons A = K ou A = K(i), et soit Y une forme bili-
néaire alternée sur E. I l existe une base de E qui est orthonormale
pour @ et par rapport a laquelle la matrice de Y est de la forme

où les ai sont >/ O dans K.


Lorsque Y est hermitienne, notre assertion résulte aussitôt
de la prop. 5 et de la correspondance canonique entre formes her-
mitiennes sur E et endomorphismes hermitiens pour cD. Dans les
deux autres cas, soit u l'application semi-linéaire de E dans lui-
même définie au début de ce no par la formule Y(x, y) = @(u(x),y).
Alors u2 est une application A-linéaire ; lorsque Y est symétrique
(resp. alternée), on a u = u* (resp. u = - u*), donc u2 est hermi-
tien ; d'où aussi

ceci montre que la forme hermitienne (x, y) + @(u2(x),y) est posi-


tive (resp. négative). Appliquons alors le th. 2, et soit V un élé-
ment minimal de la famille des sous-espaces f f O de E stables
pour u et pour u*. Comme u2 est un endomorphisme hermitien, V
contient un vecteur propre x # O de u2 ; posons u2(x) = ax, où
a E K (prop. 5).
Lorsque Y est symétrique, l'inégalité @(u2(x),x) >/ O montre
+
que l'on a a >/ O. Posons y = a1I2x U(X); on a ~ ( y = )
+
alt2u(x) ax = a1I2y, et Ay est stable pour u et u* = u. Si y = 0,
Ax est stable pour u et u* ; en tous cas, V est un sous-espace
de dimension 1, et notre conclusion résulte aussitôt du th. 2.
Lorsque Y est alternée, on a a <
O ; posons
Y = (- a)"" + u(x), Z = (- a)lI2x- u(x).
Si y = z = O, on a a = O e t u(x) = O, donc Ax est stable
pour u e t u*, V est d e dimension 1, e t l a matrice d e la restriction
de Y à V est nulle puisque Y est alternée. Sinon, y e t z sont tous
deux # O, ils engendrent V, e t comme ils sont orthogonaux, V est
d e dimension 2 e t la matrice dc la restriction de Y à V est de la
forme (- Ob Ob).Enfin, en vertu d e l a formule T ( r l y')
, = Q(u(zr),y'),

on a Y(xf, y') = O lorsque x' e t y' appartiennent à deux sous-


espaces stables par u e t orthogonaux pour @. Ceci démontre
l'existence d'une base orthonormale de E (pour <D) par rapport à
laquelle l a matrice de Y a l a forme indiquée. CQFD.

Exercices. - 1)On suppose vérifiées les hypothèses du début du $ 7 ;


soit @ une forme hermitienne positive sur E.
a) Pour que l'on ait @(x,z)@(y, y) = @(x,y)@(x,y), il faut et il
sufit que x et y soient linéairement dépendants ou que le plan engendré
par x et y soit isotrope.
b) On suppose que, pour tout x E El Q(x, x) soit un carré dans K.
Montrer que pour deux vecteurs quelconques x, y de E, on a

\/w+ YI x + Y) \< \/@(x, 4 + \/@(Y,Y) -


-
Si @ est non dégénérée, les deux membres de cette inégalité ne
+
peuvent être égaux que si cc~: @y= O, où a et p sont deux éléments de
K, non tous deux nuls et tels que ctp \< O.
2) On suppose A = K ou A = K(i). Soit X une matrice carrée her-
mitienne d'ordre n sur A, telle que pour toute partie non vide H de
(1, n), on ait XH,=>/ O (notations de la prop. 3 du no 1).
a) Soit h un élément > O de K ; montrer que la matrice X 11 est+
positive non dégénérée (utiliser la prop. 3 du no 1, en raisonnant par
récurrence sur n).
b) En déduire que la matrice hermitienne X est positive.
3) On suppose que A = K ou A = K ( L )et que E est de dimension
finie. Soient @, @, deux formes hermitiennes positives sur E, et soient
V = (CG,), W = (Pt,) les matrices de ces formes par rapport à une même
base (e,) de E. Montrer que la forme hermitienne @ dont la matrice
(ya) par rapport à (e,) est telle que y,, = ct&, pour tout couple d'in-
dices, est positive ; en outre, si @, et @, sont non dégénérées, il en est de
même de @. (Dans le calcul de @(x,x), exprimer les a,, à l'aide des valeurs
@l(c,,c,) pour une base orthogonale (c,) de E relative à 01.)
4) On suppose que A = K ou A = K(i). Soit R une matrice hermi-
tienne d'ordre n sur A ; on dit que R a pour signature (s, t) si la forme her-
mitienne sur An ayant R pour matrice par rapport à la base canonique,
a pour signature (s, t). On désigne par Al, le mineur principal de R obtenu
en supprimant dans R les lignes et les colonnes d'indice > k ; on suppose
que Asctf O e t que, pour aucun indice k s< +t. Ak et ne soient
simultanément nuls (cf. 5 6, exerc. 1 b)). Montrer que si Al; = O pour un
k <s +
t, e t Al;+l ont des signes opposés (méthode de l'exerc. 1 a )
du 6) et que le nombre s - t est égal à
sgn A, + sgn (A,A,) + - . . + sgn (As+,-~As+t)
(utiliser l'exerc. 2 du § 6).
5) On suppose que A = K ou A = Ii(i) ; soient H, S deux niatrices
hermitiennes sur A, de signaturcs (s, t ) et (sr.t ' ) respectivement (exerc. 4) ;
montrer que la matrice R @ S est iinc matrice liermitienne de signature
+
(SS' ttf, st' + s't).
6) Soient K un corps ordonné maximal, 1, un(>algèbre simple de rang
fini sur K. Si (s, t) est la signature de la forme bilinéaire syrriétrique

s- t
sur K ;
-
(2,y) + Tr,,,(xy) sur L, montrer que l'on a :
rn si L est isomorphe à une algèbre de matrices d'ordre t n

s - t = O si J, est isomorphe à une algèbre de matrices sur le corps


K(i) ;
s - t = - 2m si L est isomorphe à une algbbrc de niatrices d'ordre m
sur le corps des quaternions sur K.
7) On suppose que A satisfait aux conditions du début du 5 7 el que
E est de dimension finie n. Soit (1) une foririe liermitienne positive non
dégénérée sur E.
a) Montrer que toute similitude pour s'Cuit d'une seule iiianiCre
cornmc produil d'unc honiothCtie de rapport 2. O dans K, e t d'une trans-
formation unitaire.
0) Pour toute base (a,),,-i,:,, de E, montrer qu'il existe une hasc
orthonormale et une seule (e,),.,i.,l,, de E satisf;risaril aux co~~ditions
suivantes : 10 pour tout m tel que 1 4Tm \( 7 1 , le sous-espace cngeridrB
par al,. . . , tr,, est idenLique au sous-espace engendré par el,. . . , c,,, ; 20 on a
@(ni,e,) > O dans K, pour tout indice i (cf. $ Ci, no 1, prop. 1).
c) Dédiiirc de O) que pour toute matriae carrSc inrersible JI d'ordre
n sur A, il existe lin couple dc matrices ( I d , 14 d'ordre TL e t un scul, tel
que U soit une matrice unitaire, que L = (hi,) n'ait qiic des zéTOS au-
dessous de sa diagonale e t des ternies diagonaux Aii appartCrianl ü 1\ et
)O, et enfin que M = LU.
7 8 ) On suppose A = K ; soit L un espace hermiticn de diiiiension
finie sur 11,dont la foririe niétrique est positive non dégc;riCri.e. Soicnt
M, N deus parties de L, n une bijection de M sur N telle qric l'on ait
e(u(u), u(b)) = e(a, h ) quels que soient les points a , b de RI. Xlontrer qu'il
existe un deplacement dont la restriction a M soit égale à ii (raisonner par
récurrence sur la dimension de la variété linéaire af'fine engendrée par M,
comme dans le procédé d'orthogonalisation de Gram-Schmidt). La pro-
position s'étend-elle au cas OU A est égal à K(i) ou au corps des qua-
ternions sur K ?
9) On suppose remplies les conditions du no 3, et en outre que A est
le corps des quaternions sur K. Soit u un endomorphisme normal de E.
<
Montrer que E est somme directe de sous-espaces Fk (1 k \< r), deux à
deux orthogonaux, tels que dans chacun des Fk il existe une base ortho-
<
normale (eik) (1 ,< i n,) et que l'on ait ~(eik)= Ake,t pour 1 ,< i ,< np,
deux Al, d'indices distincts n'étant pas transformés l'un de l'autre par un
automorphisme intérieur de A. En outre, si (FL) est une seconde décom-
position de E ayant les mêmes propriétés, avec un système (AL) de valeurs
propres, on a Fk = F, (à une permutation près des indices) et AL = a,A,ail ;
l'ensemble des vecteurs propres de u pour la valeur propre A, est le sous-
espace sur le commutant A, de dans A, engendré par les eit (1,< i ,< nt).
10) On suppose remplies les conditions du no 3, et en outre que A
est égal à K(i) ou au corps des quaternions sur K. Soit u un endomor-
phisme normal de E.
a ) Montrer que pour qu'un sous-espace vectoriel F de E soit tel
que u(F) c F, il faut et il suffit que F soit engendré par des vecteurs
propres de u ; on a alors u(FO)c F0 et u*(F) c F.
- -

b) Pour que u soit unitaire (resp. pour que u* = u, u* = - u), il


faut
- et -il sufit que pour toute valeur propre A de u, on ait = 1 (resp.
h = h, A = -A).
c ) On dit qu'un endomorphisme hermitien u de E est positif (resp.
positif et non dégénéré) si la forme hermitienne (x, y) -+ @(u(z),y) qk
lui correspond canoniquement est positive (resp. positive et non dégé-
nérée) ; il faut et il sufit pour cela que toutes les valeurs propres de u
soient >/ O (resp. > 0).
r pour tout entier m >O, il existe un endomorphisme
d ) ~ o n t r e que
normal v de E tel que P = u. Si u est hermitien positif, il existe un seul
endomorphisme hermitien positif v tel que vm = u, et il existe un poly-
nôme f E K[X] tel que v = f(u) ; ce dernier résultat est aussi valable
lorsque A = K.
11) On suppose remplies les conditions du no 3, et en outre que
A = K. Soit u un endomorphisme normal de E.
a) Soit V un élément minimal de l'ensemble des sous-espaces de E
non réduits à O, stables pour u et u* ; montrer que si V est de dimension 2,
la restriction de u à V est une similitude directe de multiplicateur > 0.
u
b ) Montrer que tout sous-espace de E stable pour est aussi stable
pour u*. (Soit E, l'espace vectoriel obtenu à partir de E par extension
à K(i) du corps des scalaires ; @ est la restriction à E d'une forme hermi-
tienne positive non dégénérée sur E, et u la restriction à E d'un endomor-
phisme normal u, de E, (pour cette forme) ; en outre E est l'ensemble des
x E Eo invariants par une bijection semi-linéaire involutive j de E,, et
on a u d = ju,. Appliquer alors l'exerc. 10 a).)
12) On suppose remplies les conditions du no 3, et en outre que A
est Bgal à K(i) ou au corps des quaternions sur K. Montrer que pour tout
endomorphisme u de E, il existe une base orthonormale de E par rapport
A laquelle la matrice de u n'ait que des zéros au-dessous de la diagonale.
(Procéder par récurrence sur la dimension de El en considérant un vec-
teur propre de u.)
13) Soient A un corps vérifiant les conditions du début du § 7, E, F
deux espaces vectoriels de dimension finie sur A, @ (resp. Y) une forme
hermitienne positive non dégénérée sur E (resp. F). Montrer que, pour
toute application linéaire u de E dans F, l'adjoint u* de u (pour @ et
Y ; cf. § Il no 8) est tel que u*u et uu* soient des endomorphismes hermi-
tiens positifs (exerc. 10 c)) de E et F respectivement.
14) On suppose remplies les conditions du no 3. Soient u un endo-
morphisme de E, hl, h2 les deux endomorphismes hermitiens positifs
de E, tels que l'on ait hi = U*U,hi = UU*(exerc. 13 et 10 d)).
a) ~ o n t r e rqu'il existe un endomorphisme unitaire v tel que
u = oh, = h,v et en particulier que hl et h, sont semblables (remarquer
-1 -1 -1
que u(0) = hl(0) et que si V est le sous-espace orthogonal a u(O), on a
@(u(x),~ ( x )=) @(hl(x),hl(x)) pour tout z E V). Pour que v soit déter-
miné de façon unique, il faut et il sufit que u soit bijective. Pour qu'on
puisse prendre v permutable avec hl, il faut et il suflit que u soit normal.
b) Déduire de a) que toute matrice carrée M d'ordre n sur A peut
s'écrire UDV, où U et V sont des matrices unitaires et D une matrice
diagonale dont les éléments sont >/ O, et ont pour carrés les valeurs
propres de MM*.
15) On suppose remplies les conditions du no 3. Montrer que toute
matrice hermitienne positive H sur A peut s'écrire sous la forme LL*,
où L = (A,) n'a que des zéros au-dessous de sa diagonale et des termes
diagonaux appartenant à K et >/ O ;en outre L est déterminée de manière
unique par ces conditions lorsque H est inversible (cf. exerc. 10 d) et 7 c)).
- -

g 16) On suppose remplies les conditions du no 3 et en outre que


A = K(i). Soit u un endomorphisme de E.
a) L'ensemble des valeurs propres de u est contenu dans l'ensemble
U des valeurs de @(z,u(x)) lorsque x parcourt l'ensemble des éléments de
E tels que @(x, x) = 1.
b) On dit qu'une partie C de A = K(i) est convexe si, pour tout couple
+
d'éléments (6, q) E C2 et tout T E K tel que O \< T \< 1on a T< (1- ~ ) qE C.
Montrer que l'ensemble U est convexe. (Se ramener au cas où n = 2 ;
en écrivant u sous la forme v + iw, où v et w sont hermitiens, et en rem-
plaçant au besoin u par Au, où A E A et AX = 1, montrer que tout revient
à prouver la propriété suivante. Soient f(tl, $) = t1L+ t&, g(tl,ES2)
at,, + + +
X2F2( a E K, b E KI, h(t1, Ez) = 4 S l Ptlt2 PtA yE2t2 +
(O: = K, y E K, p E A) ; soient hl, 71,) E A2, (Cl, CA E A2 tels que f(ql, 71,) =
fK1, C2) = 1, g(r)1,1 2 ) = g(C1712) = 1' h(r1, 1 2 ) > 0' h(C1, k) <0 ; il existe
alors (O,, 8,) E A2 tel que f(O1, 8,) = 1, g(O1, O,) = 1 et h(O,, O,) = O. On
commencera par remarquer - que -pour tout couple (El, F,,), il existe p E A
+
tel que p; = 1 et ppElF2 fpt2El = O, ce qui permettra de se ramener
au cas où p = O ; utiliser la prop. 5 du chap. VI, $ 2, no 5.)
c ) Montrer que si u est normal, U est le plus petit ensemble convexe
contenant toutes les valeurs propres de u. Donner un exemple où u
n'est pas normal mais où U possède encore la propriété précédente.
(Prendre pour valeurs propres de u les éléments *
leurs propres simples, et O comme valeur propre double.)
1 rt i comme va-

7 17) On suppose remplies les conditions du no 3 ; pour tout 5 E A,


on désigne par 15 1 l'élément p >/ O de K tel que pz = 5: (valeur absolue
de t).Pour toute matrice carrée M = (aii) sur A, on pose f(M) = max 1 aii 1,
a
g ( M ) = max 1 aij 1, et on désigne par y(M) la plus grande valeur absolue
i. i
des valeur; propres de M (on montrera que cette définition a un sens
lorsque A est le corps des quaternions sur K).
a) Soient A, B, D trois matrices carrées d'ordre n sur A. Montrer
que si D est diagonale, on a

(utiliser l'inégalité (1)du no 1).E n déduire que

(appliquer la prop. 5 à la matrice hermitienne BB*). En déduire que, pour


m matrices carrées arbitraires Ai (1 \( i \< m) sur A, on a

(Pour (3), raisonner par récurrence à partir de (2). Pour ( 4 ) ) utiliser


l'exerc. 12 ; déduire enfin (5) de (3).)
Montrer que l'inégalité (3) ne subsiste plus nécessairement lorsque
l'on y remplace A I A , par AmA&(observer que l'on peut avoir f ( A * A ) f
<
f(AA*)),OU lorsqu'on remplace <p(AiAi*)par f(AiA?) pour 2 \< i m - 1
(prendre tous les Ai égaux à la matrice carrée dont tous les éléments
sont 1).
b) Soit u un endomorphisme normal de E ; si h est valeur propre
de u (élément de K(i) lorsque A = K), M est une valeur propre de u*u.
Pour toute matrice normale M (matrice d'un endomorphisme normal de
E par rapport à une base orthonormale), on a donc rg2(M) = y(MM*).
E n déduire que l'on a aussi g(M) \< <p(M), et plus généralement, si
Mi,. . ., M m sont normales,

(utiliser (4) et (5)).


c ) Montrer que si H est une matrice hermitienne positive sur A, on a
f(H) = g(H) \< cp(H) (utiliser (3) et b), en écrivant H = AA*).
7 18) On suppose remplies les conditions du no 3.
a) Pour tout endomorphisme u de E, soit (ei) une base orthonormale
de E formée de vecteurs propres de u*u, et soit pi la valeur propre de u*u
n
correspondant au vecteur et ; on pose s(u) = ( (racine carrée de
i=l
Tr(u*u) lorsque A est commutatif) ; on a s(u*) = s(u). Si u, v sont deux
endomorphismes de E, U, V leurs matrices par rapport à une même base
orthonormale de E, montrer que pour la matrice UV* +
VU*, à élé-
+
ments dans K, on a (Tr(UV* VU*))2\< 4s(u)s(v) (remarquer que
+ +
(u* ho*) (u ho) est hermitien positif pour tout h E K) ; en déduire
+ +
que s(u v) \< s(u) s(v). Si en outre A est commutatif, on a

(écrire u comme un produit en utilisant 17exerc.14 b)).


6) On suppose en outre A commutatif (donc égal à K ou K(i)).
Si Hl, H, sont deux matrices carrées hermitiennes positives, montrer
que 1,011 a Tr(HIHz) O (se ramener au cas où H , est une matrice dia-
gonale). En déduire que l'on a (notations de l'exerc. 17)

Conclure de ces inégalités que pour deux endomorphismes quelconques


<
u, v de E, on a alors s(uv) s(u)s(v).
n
c) Supposant toujours A commutatif, soit IT (x - hi) la décomposition
i=l
en facteurs linéaires du polynôme caractéristique d'un endomorphisme
n
quelconque u de E ; montrer que l'on a ç 1 hi l2 \< ( ~ ( u )et) ~que, pour
i.= l-
que les deux membres de cette inégalité soient égaux, il faut et il suffit
que u soit normal (utiliser l'exerc. 12).
19) On suppose remplies les conditions du no 3. Soit M une ma-
trice carrée d'ordre n sur A ; montrer que pour toute sous-matrice
carrée N de M (obtenue en supprimant dans M un certain nombre
de lignes et les colonnes de mêmes indices que ces lignes), on a (notations
de l'exerc. 17) y2(N)\< y(MM*) (appliquer convenablement la formule (4)
de l'exerc. 17). Si en particulier M est une matrice normale, y(N) \< y(M)
(cf. exerc. 17 b)).
20) On suppose remplies les conditions du no 3 et en outre que A
est égal à K ou à K(i). Appliquer les résultats des exerc. 17 à 19 à
l'extension de @ aux p-èmes puissances extérieures ( § 1, no 9) et aux
puissances extérieures p-èmes des endomorphismes ou matrices consi-
n n

dérés. En particulier, montrer que, si n (X - k ) et i=l


i=l
n (X - p;) sont les
décompositions en facteurs linéaires des polynômes caractéristiques d'un
Bourbaki XXIV. 9
endomorphisme u de E et de l'endomorphisme u*u, et si on suppose
-
1 Ai 1 >/ 1 Ai+i 1 e t pi >/ pi+i >/ O pour 1,< i \< n 1, on a

pour 1\< h 4 n - 1 et 1 A h . . .A, 1 = pipz. . p,. .


21) On suppose remplies les conditions du no 3. Soit u un endo-
n
morphisme hermitien de E et soit (X - Ai) la décomposition en fac-
i=l
teurs linéaires de son polynôme caractéristique ; on suppose Ai>/ k+i
pour 1,< i ,< n - 1.
a ) Montrer que la plus grande (resp. la plus petite) des valeurs
propres hi dans K est égale à la plus grande (resp. la plus petite) des va-
leurs de @(u(x),x) lorsque x parcourt l'ensemble des x € E tels que
@(x, x) = 1. (Raisonner directement, ou appliquer 17exerc. 16 c) en se
ramenant au cas où A = K(i) ( § 3, exerc. 4).)
b) Soit Y, la restriction à un sous-espace vectoriel V de E de la forme
hermitienne Y associée à u, e t soit u, l'endomorphisme hermitien de V
associé à Y". Montrer que Ab est la plus petite des plus grandes valeurs
propres des u,, lorsque V parcourt l'ensemble des sous-espaces vecto-
riels de E, de dimension n - k + 1 (utiliser la prop. 5).
22) On suppose, remplies les conditions du no 3, et en outre que A
est égal à K(i) ou au corps des quaternions sur K. Soient u, v deux endo-
morphismes normaux de E ; soit (Ei)lGiGl. (resp. la décompo-
sition de E en somme directe de sous-espaces deux à deux orthogonaux,
tels que dans Ei (resp. Fi) il y ait une base orthonormale formée de vecteurs
propres de u (resp. v) pour une même valeur propre Ai (resp. pi), et que
Ah e t Ai (resp. pi et p k ) ne soient pas transformés l'un de l'autre par un
automorphisme intérieur de A si h # i (resp. j + k) (cf. prop. 4 et exerc.
9). Pour qu'un endomorphisme w de E soit tel que uw = wo, il faut et il
suffit que pour tout j (14 j -< s), w(Fi) soit contenu dans un des Ei e t
que l'image par w de tout vecteur propre de v relatif à la valeur propre
pi soit un vecteur propre de u relatif à la valeur propre pi (ce qui implique
en particulier que pi et Ai sont transformés l'un de l'autre par un automor-
phisme intérieur de A). Endéduireque s'il en est ainsi,on a alors u*w = wo*.
T[ 23) On suppose remplies les conditions du no 3. Soient u et v deux
endomorphismes de E.
a ) On suppose u et U V normaux. Pour que vu soit normal, il faut et
il suffit que o et u*u soient permutables. (Pour voir que la condition est
nécessaire, utiliser la relation u(vu) = (uv)u et l'exerc. 22 ; pour voir
qu'elle est suffisante, utiliser les exerc. 14 a ) et 10 d).)
b) On suppose u, v et UV normaux ; soit P la plus grande valeur propre
de uu*, et soit F le sous-espace de E formé des vecteurs propres de uu*
relatifs à la valeur propre P. Montrer que v(F) c F. (Remarquer que pour
tout endomorphisme normal u et tout x E E, on a
Se ramener au cas où A est égal à K(i) ou au corps des quaternions sur
K ; F admet alors une base formée de vecteurs propres pour u (et u*) ;
remarquer que pour un tel vecteur z, on a @(u*uv(z),v(z)) = p@(v(z),v(z)).)
E n déduire que ou est normal (raisonner par récurrence sur le nombre
des valeurs propres distinctes de u*u). Si h (resp. h') est l'endomorphisme
hermitien positif tel que h2 = uu* (resp. hl2 = vv*) et si on pose u = hu,,
v = h'v,, où u, et o, sont unitaires, h permutable à u, et h' à v, (exerc.
14 a)), montrer que les couples (h, h'), (h, v,) et (h', u,) sont permutables ;
réciproque. E n déduire que umvn, vnum,UV*et v*u sont alors normaux
(m et n entiers > O arbitraires).
7 24) On suppose remplies les conditions du no 3. Soit l? un groupe
d'automorphismes de E tel que tout u E l? soit normal. Montrer qu'il
existe une décomposition de E en somme directe de sous-espaces Ek
<
(1 k \< r) deux à deux orthogonaux, tels que la restriction à Ek de
tout u E ï soit de la forme hkvk, où hk est un élément >O de K et où vk est
un endomorphisme unitaire de Ek (décomposer chaque u E ï sous la forme
hv, où v est unitaire, h hermitien positif et h2 = uu* (exerc. 14 a)) ; utili-
ser 17exerc.23 b) et appliquer le cor. 2 du th. 2 à l'algèbre engendrée par
les endomorphismes hermitiens h correspondant aux u E ï).E n déduire
que si ï est fini, les éléments u E l? sont unitaires.
25) On suppose que A = K (corps ordonné maximal). Soit L un espace
euclidien de dimension n sur A, dont la forme métrique est positive
non dégénérée.
Soit S une quadrique affine non dégénérée dans L ( § 6, exerc. 25).
Si S admet un centre a et si on prend a pour origine dans IL,montrer qu'il
existe une base orthonormale ( e i ) pour L telle que, par rapport à cette
base, S ait pour équation AIE,: + +
. . . A& = 1. E n outre, si deux
bases orthonormales ont cette propriété, les éléments h i e K qui leur
correspondent sont les mêmes à l'ordre près.
Si S n'admet pas de centre, montrer qu'il existe un point b de S
et (b étant pris pour origine) une base orthonormale pour L telle que, par
rapport à cette base, S ait pour équation AIES + + +
. . . h,,+,<~-, E,, = 0.
(Si S est la quadrique projective telle que S = L n S,c le pôle (à l'infini)
par rapport à de l'hyperplan à l'infini II,, déterminer b par la condition
que la droite passant par b et c soit perpendiculaire à l'hyperplan tan-
gent à S au point b).
7 26) a ) Soient K un corps commutatif, S une partie de K telle que
K soit un corps S-ordonnable maximal (chap. VI, § 2, exerc. 8). Soient
f un polynôme de K[X], L son corps des racines. Montrer que si, pour
toute structure d'ordre (total) sur K compatible avec sa structure d'an-
neau, L admet une structure d'extension ordonnée de K, on a nécessaire-
ment L = K. (Raisonner par l'absurde : en procédant comme dans
l'exerc. 8 e) du chap. VI, $ 2 , se ramener au cas où on aurait [L : KI = 2.
Conclure en remarquant que si b E K n'est pas un carré, il existe une
structure d'ordre total sur K, compatible avec sa structure d'anneau,
et pour laquelle b < O (cf. chap. VI, § 2, no 3, lemme du th. 1)).
6 ) Etendre les résultats du no 3 (la prop. 6 exceptée) au cas où K est
un corps S-ordonnable maximal (*). (Commencer par démontrer l'ana-
logue de la prop. 5, en utilisant a). Etablir ensuite l'analogue du cor. 2
du th. 2 pour le cas où l'algèbre commutative B est formée d'endomor-
phismes hermitiens, en utilisant la prop. 10 du chap. VIII, § 9, no 4.
Passer au cas d'un endomorphisme normal u pour A = K(i) en reniar-
quant qu'on peut alors écrire n = v + iw, où v et w sont hermitiens et
permutables. Enfin, si A est le corps des quaternions sur K, E, l'espace E
considéré comme espace vectoriel de dimension 2n sur K(i), et si on pose
+
@(x, y) = <Dl(%,y) @,(x, y)j, où @, et @, prennent leurs valeurs dans
K(i), remarquer que si u est normal pour @, il est aussi normal pour @,.)
7 27) Soient K un corps ordonné maximal, E un espace vectoriel
de dimension n sur K, @ une forme bilinéaire symétrique non dégénérée
sur E, de signature (s, t) distincte de (n, O) et de (O, n). Soit (ei) une base
orthogonale pour @, telle que @(ei,ei) = 1 pour 1 \( i \( s, @(ei,ei) = - 1
+ <
pour s 1 i \< n. Pour toute transformation orthogonale u E U(@),
soit
M N

la matrice de u par rapport à (ej), écrite sous forme d'un tableau carré
de matrices correspondant à la partition de (1, n) en (1, s) et (s +
1, n).
a) Démontrer les relations

b) Soit R une matrice sur K à t lignes et s colonnes, telle que I , - 'R .R


soit la matrice d'une forme hermitienne (sur KS)positive et non dégéné-
+
rée. Montrer que det ( M ANR) ne change pas de signe pour - 1 \< A \< 1
+
dans K (montrer, en utilisant a), que t(M ANR)(M ANR) est la +
matrice d'une forme symétrique positive non dégénérée).
c) On pose o(u) = o(U) = sgn(det M) ; montrer que, pour deux
éléments quelconques u, o du groupe orthogonal U(@), on a o(uv) =
o(u)o(v) (utiliser a) et b ) ) . En déduire que le groupe des commutateurs du
groupe spécial orthogonal SU(@) est distinct de SU(@)(cf. § 10, eserc. 9).

fj 8. Types de formes quadratiques


Dans ce paragraphe on suppose que A est un corps commutatif.

1. Types de formes quadratiques.


É t a n t donnée une forme quadratique Q ( S 3, no 4) sur un
espace vectoriel E sur A, nous dirons que E est l'espace de défini-
(*) Ces résultats (inédits) nous ont été communiqués par 1. Kaplansky.
no 1 TYPES D E FORMES QUADRATIQUES 133
tion de Q et que dim(E) est la dimension de Q. Étant données deux
formes quadratiques Q, Q' sur des espaces vectoriels E, Er sur A,
nous noterons Q T Q' leur somme directe ( § 3, no 4). Rappelons
que la somme directe de deux formes neutres est neutre ( §4, nO2).
Introduisons la relation suivante :
<< Q et Q' sont des formes quadratiques non dégénérées de
dimensions finies sur A, et il existe des formes quadratiques
neutres, N, N' telles que Q T N soit équivalente à Q'T Nt ».
Cette relation, que nous noterons Q QI, est manifestement
réflexive et symétrique. Elle est également transitive : en effet,
si Q, Q', Q" sont des formes quadratiques telles que Q Q' et
Q' Q", il existe des formes quadratiques neutres M, M', N, N'
telles que Q T M soit équivalente à Q' T M' et Q' T N à Q" T N' ;
alors Q T (M T N) est équivalente à (Q T M) T N, donc à (Q' T MI) T N,
et aussi à (QI T N) T MI, donc encore à (QI' T NI) T M' et à
Q" T (N' T M') ; comme M T N et N' T M' sont neutres, on a bien
Q Q". La relation Q N Q' est donc une relation d'équivalence entre
Q et Q'. Il est clair que, si Q et Q' sont deux formes quadratiques
non dégénérées de dimensions finies et équivalentes, on a Q Q'.
Pour toute forme quadratique Q sur A, non dégénérée et de
-
dimension finie, nous poserons

et nous dirons que 0(Q) est le type de Q. Si Q et Q' sont deux

-
formes quadratiques sur A, non dégénérées et de dimensions
finies, les relations Q Q' et 0(Q) = O(Qt)sont équivalentes.

PROPOSITION 1. - Soient Q et Q' deux formes quadratiques sur


A, n o n dégénérées et de dimensions finies. Pour que Q et Q' soient
équivalentes, il faut et il s u f i t qu'elles aient même dimension et même
type.
La condition est évidemment nécessaire. Supposons-la satis-
faite. Il existe alors des formes neutres N, N' telles que Q T N
et Q' T N' soient équivalentes. Comme ces deux formes ont même
dimension, il en est de même de N et N', qui sont par suite équi-
valentes ( $ 4, no 2, cor. 2 de la prop. 2). Donc Q et Q' sont équiva-
lentes en vertu du th. de Witt ( $ 4, no 3, cor. 1 du th. 1).
PROPOSITION 2. - L a relation « il existe une forme quadratique
Q sur A, n o n dégénérée et de dimension finie, telle que X = O(Q) v
est collectivisante e n X (Ens., chap. I I , $ 1, no 4).
Soient en effet V un espace vectoriel de dimension infinie sur
A, 6 l'ensemble des formes quadratique non dégénérées définies
sur les sous-espaces de dimensions finies de V, et !El l'ensemble
des O(Q) pour Q E G. Il est clair que toute forme quadratique Q'
non dégénérée et de dimension finie sur A est équivalente a a u
moins un élément de 6 ; d'où O(Qr)E !El, ce qui démontre notre
assertion.

2. Groupe des types de formes quadratiques.

Nous allons munir l'ensemble !El des types de formes quadra-


tiques non dégénérées de dimensions finies sur A d'une structure
de groupe commutatif. Nous définirons une addition dans 2B par
la formule
(2) T + T' = 0(T T Tt) (T, T' dans SB),
Cette addition est commutative puisque T' T T est équivalente à
T T Tt. Elle est associative car, si T, Tt et T" sont des éléments de
!El, on a
(T + Tt) + Tt' h' +
(T Tt) T Tt' (T T Tt) T TIt
h' T T (Tt T T") T T (Tt + Tt') T
h' + (Tt + Tt'),
d'ou (T + +
Tt) T" = T + +
(Tt T") puisque deux éléments
de '213 qui ont le même type sont égaux. De plus l'addition que
l'on vient de définir possède un élément neutre : il est clair en effet
que toutes les formes neutres ont le même type T,, a savoir celui
de la forme nulle de dimension nulle ; on voit aussitôt que T, est
l'élément neutre cherché. Enfin l'existence, pour tout T E 2B,
d'un élément opposé a T résulte aussitôt de la proposition suivante :

PROPOSITION 3. - Soit Q une forme quadratique non dégénérée


et de dimension finie sur u n espace vectoriel V sur A. Notons - Q
la forme quadratique sur V définie par (- Q)(x) = - Q(x) (x E V).
Alors la forme Q T (- Q) est neutre.
E n effet la restriction de Q T (- Q) à la diagonale D de V x V
no 2 TYPES D E F O R M E S Q U A D R A T I Q U E S 135
1
e s t nulle. L'indice d e c e t t e forme est donc >/ - d i m ( V x V) ( 5 4,
2
1
n o 2, déf. 2), e t p a r conséquent est égal à - d i m ( V x V) (ibid.,
2
formule (4)). Il en résulte q u e Q T (- Q) est n e u t r e (ibid.).

Ceci p e r m e t d e poser la définition suivante :

DEFINITION 1. - L'ensemble des types de formes quadratiques


non dégénérées et de dimensions finies s u r A, m u n i de l'addition
définie p a r (2), s'appelle le groupe des types de formes quadratiques,
ou groupe de Witt, de A.

Remarques. - 1)Toute forme quadratique Q non dégénérée et


de dimension finie dont le type est nul (c'est-à-dire telle que
0(Q) = T, avec les notations ci-dessus) est une forme neutre. Il existe
en effet des formes neutres N, N' telles que Q T N soit équivalente
à N'. Ceci montre que Q est de dimension paire, donc qu'il existe
une forme neutre N, de même dimension que Q. Comme Q et N,
ont même type, il résulte de la prop. 1 qu'elles sont équivalentes,
donc que Q est neutre.
2) Pour toute forme quadratique Q de dimension finie sur A,
notons S(Q) la classe modulo 2 de la dimension de Q. On a

Comme toute forme neutre N est de dimension paire, on a S(N) = 0 ;


la relation Q Q' entraîne donc S(Q) = S(Q1).Ainsi la restriction
de 6 au groupe \TU des types de formes quadratiques sur A est un
homomorphisme de 'Bdans le groupe Z/(2). Cet homomorphisme est
surjectif lorsque A est de caractéristique # 2, mais ne l'est pas
si A est de caractéristique 2 car une forme quadratique de dimen-
sion impaire est alors dégénérée puisque sa forme bilinéaire asso-
ciée est alternée (cf. $ 5).
3) Soit a un élément f O de A. Si N est une forme neutre, il en
est de même de aN. Il en résulte que la relation Q Q' entraîne
aQ .v aQ'. Pour tout élément T du groupe '1U, nous poserons

Nous obtenons ainsi une loi de composition externe entre le


groupe A* des éléments non nuls de A et le groupe 2J3. Les for-
mules suivantes résultent immédiatement de la définition :
(4) a.(T+T')=a.T+a.Tt, ab.T=a.(6.T)
(a, 6 dans A*, T, T' dans m).
Par contre, si a, b et a + b sont dans A*, on n'a pas en général
(a+b).T=a.T+b.T (T~2l.3).

PROPOSITION 4. - Soit Q une forme quadratique n o n dégénérée


sur u n espace vectoriel E de dimension finie sur A. Supposons A de
caractéristique # 2, et soit (x,, . . . , xn) une base orthogonale de V .
Notons Tl le type de la forme quadratique Ql définie sur l'espace vec-
n
toriel A et telle que Ql(l) = 1. Le type de Q est alors 2 Q(xi).Tl.
i=l
E n effet la forme Q est équivalente à

COROLLAIRE. - Les hypothèses et notations étant celles de la


prop. 3, les éléments a . T l ( a E A*) forment u n ensemble de généra-
teurs d u groupe des types de formes quadratiques sur A.

Chercher la structure du groupe des types de formes qua-


dratiques sur A revient donc a chercher les relations Z-linéaires
qui existent entre les éléments de la forme a . Tl. Si b E A*, la
forme Ql définie dans la prop. 4 est manifestement équivalente à
b2Ql ; on a donc a . Tl = ab2.Tl, ce qui montre que a . T, ne dépend
que de la classe de a modulo le sous-groupe (A*)2 des carrés d'élé-
ments de A*. Par ailleurs il résulte de la prop. 3 que l'on a
(- a ) .T, = - a . Tl. Cependant il existe en général d'autres rela-
tions Z-linéaires entre les a.T, que celles qui se déduisent des
relations que nous venons d'indiquer.

PROPOSITION 5. - O n suppose que A est u n corps ordonné


maximal. Soient Q une forme quadratique non dégénérée de dimension
finie sur A, et ( s , t ) sa signature ( 5 7 , no 2, déf. 2). Alors le type de
Q est ( s - t ) .Tl, et le groupe '2B des types de formes quadratiques sur
A est u n groupe monogène infini engendré par Tl.
E n effet, comme A*/(A*)2est d'ordre 2 et que (- 1 ) .T, = - Tl,
'2B est engendré par Tl e t est par suite monogène. Pour tout n > 0 ,
n.Tl est le type des formes quadratiques non dégénérées posi-
tives de dimension n ; comme ces formes ne sont pas neutres, on a
n.T, # O, ce qui montre que 2l.3 est infini. Enfin une forme de
no 3 TYPES D E FORMES QUADRATIQUES 137
signature (s, t) est isomorphe, avec les notations de la prop. 4, à la
somme directe de s formes Ql e t de t formes - Ql ( $ 7 , no 2, th. 1);
il en résulte que son type est (s - t) .Tl.

3. Anneau des types de formes quadratiques.

Nous supposerons, dans ce no, que A est un corps de caracté-


ristique f 2.

É t a n t données deux formes quadratiques Q, Q' sur des espaces


vectoriels V, V' sur A, nous appellerons produit tensoriel de Q e t
Q', et nous noterons Q 63 Q' la forme quadratique sur V €3 V' dont
la forme bilinéaire associée est le produit tensoriel ( § 1, no 9,
déf. 11)des formes bilinéaires associées à Q e t Q'. On voit aisément
que Q €3 Q' vérifie la relation

(5) (Q €3 Q') (x @ z') = Q(x)Q'(xr) (x E V, x' E VI).

Si Q et Q' sont non dégénérées et de dimensions finies, il en est d e


même de Q €3 Q' ( § 1, no 9, prop. 9).
Soient Q,Qf, Q" des formes quadratiques sur les espaces vec-
toriels V, V', Vu. En faisant usage de l'isomorphisme canonique
de V €3 V' sur V' @ V (resp. de (V @ V') @ Vu sur V @ (V' @ Vu), de
(V x V') @ V" sur (V @ V") x (V' 69 Vu)), on voit aussitôt que
Q €3 Q' est équivalente à Q' @ Q (resp. (Q @ Q') €3 Q" à Q @ (Q' @ Qu),
(Q T Q') €3 Q" à (Q @ Q") T (Q' @ Q")).
Soient Q et Q' deux formes quadratiques non dégénérées de
dimensions finies. Si Q est neutre, il en est de même de Q @ Q'.
Soient en effet V, V' les espaces de définition de Q, QI, 2n e t nt
leurs dimensions, e t W un sous-espace totalement singulier de
dimension n de V ( § 4, no 2) ; alors, W 69 V' est un sous-espace tota-
lement singulier, et sa dimension est la moitié de celle de V €3 V' ;
on en déduit, comme dans la prop. 3, que Q @ Q' est neutre. De
même Q @ Q' est neutre toutes les fois que Q' est neutre.
On déduit de là que, si Q, Q', QI, Q; sont des formes quadra-
tiques non dégénérées et de dimensions finies sur A, et si l'on
suppose que l'on a 8(Ql) = 8(Q) e t 8(Q;) = 8(Qr), alors on a
8(Q1€3 Q;) = 8(Q @ Q'). Il s u f i t en effet de vérifier ceci dans le cas
où QI = Q T N et QI = Q' T Nt, N et Nr étant des formes neutres ;
dans ce cas QI 8 Q: est équivalente a

et la seconde parenthèse désigne une forme neutre ; ceci démontre


notre assertion.

Soit maintenant 2l3 le groupe des types de formes quadra-


tiques sur A. Définissons, sur l'ensemble 2l3, une seconde loi de
composition, notée multiplicativement, par la formule
(6) TT' = B(T @ T t ) (T, T' dans 2B).
Il résulte aussitôt de ce que nous venons de voir que cette
loi de composition est commutative, associative et distributive
par rapport a l'addition. Elle admet un élément unité, à savoir le
type Tl de la forme quadratique Ql définie sur l'espace vectoriel
A et telle que Ql(l) = 1 : on a en effet, d'après (5), QI@Q = Q
pour toute forme quadratique Q. Le groupe additif 2l3, muni de la
multiplication que nous venons de définir, est donc un anneau
commutatif à élément unité ; on l'appelle anneau des types de
formes quadratiques de A (ou anneau de Witt de A, lorsqu'aucune
confusion n'est à craindre).

Remarques. - 1) Il est clair que, si a est un élément de A*,


on a
(7) a . (TTr) = ( a . T)Tt = T(a. T r )
quels que soient les éléments T, T r de !B.On remarquera d'ailleurs
que l'on a a . T = T,T, en notant Ta le type de la forme quadra-
tique aQl sur A.
2) Puisque A est de caractéristique f - 2, tout élément T de 2B
n
se met sous la forme C ai. Tl où ai E A* (no 2, prop. 4). On a
i= 1
n P

(8) ( C ai. Tl) ( '


:bi. Tl) = C aibi. Tl (ai, bi dans A*).
i=l j= i t. i

3) Supposons que A soit un corps ordonné maximal. Alors


l'anneau 2B est isomorphe à Z (prop. 5), l'entier correspondant au
type d'une forme de signature (s, t) étant s - t (ibid.). Comme le
produit tensoriel de deux formes Q, Q' de signatures (s, t), (sr, t')
est une forme de dimension (s + t) (s' +
t'), il en résulte, au
moyen d'un calcul élémentaire, que la signature de Q 63 Q' est
+
(SS' tt', st' + ts').

$ 9. Algèbres de Clifford

Dans ce paragraphe, nous supposerons l'anneau A commutatif.


Nous désignerons par Q une forme quadratique sur le A-module E,
et par la forme bilinéaire associée ( § 3, no 4).

1 . Définition et propriété universelle de l'algèbre de


Cliff ord.

DÉFINITION 1. - On appelle algèbre de Clifjord de Q et on note


C(Q) l'algèbre quotient de l'algèbre tensorielle T(E) du module E
par l'idéal bilatère (noté I(Q)) engendré par les éléments de la forme
x @ x - Q(x).I ( x E E ) .

Nous noterons p, (ou simplement p quand aucune confusion


n'est à craindre) l'application de E dans C(Q) composée de l'appli-
cation canonique de E dans T ( E ) et de l'application canonique a
de T ( E ) sur C(Q) ; l'application p, est dite canonique. Remarquons
que C(Q) est engendrée par p,(E), et que, pour x: E E , on a
(1) p(xI2 = Q(4.l;
d'où, en remplaçant x par x + y (x, y dans E )
(2) -t P(Y)P(X)= w
P(X)P(Y) - 7 Y) .l

Exemple. - Si E admet une base composée d'un seul élément


e, T(E) est isomorphe à l'algèbre de polynômes A[X], et C(Q) est
une extension quadratique de A, ayant pour base (1, u), où u est
l'élément u = p(e) et vérifie u2 = Q(e).
h
Notons Th la puissance tensorielle h-ème BE dans T ( E ) , et
soit T+ (resp. T-) la somme des Th pour h pair (resp. impair).
Comme T(E) est somme directe de T+et T- et que I(Q) est engendré
par des éléments de T', I(Q) est somme directe de T + n I(Q) et
T - n I(Q), et C(Q) est somme directe des deux sous-modules
C+(Q) = o(T+)et C-(Q) = o(T-) (que l'on note aussi C' et C-). Les
éléments de C+seront dits pairs (resp. impairs). On a les relations
(3) C+C+c C+, C+C-c C-, C-C+ c C-, C-C- c C+.
En particulier C+ est une sous-algèbre de C(Q).

PROPOSITION 1. - Soit f une application linéaire de E dans une


algèbre D s u r A telle que f ( ~=) Q(x)
~ . l pour tout x E E. I l existe
un homomorphisme f et un seul de C(Q) dans D tel que f = fop,.
L'unicité de ?résulte de ce que C(Q) est engendrée par pQ(E).
Soit h l'unique homomorphisme de T ( E ) dans D qui prolonge f
(h est défini pas h(xl @ . . . €3 xn) = f(x,) . . . f(xn)). On a
h(x @ x - Q(x) . l ) = (f(xI2- Q(x)) -1 = 0,
et par suite h s'annule sur I(Q) et définit par passage au quo-
tient l'homomorphisme f cherché.

La prop. 1 exprime que C(Q) est solution d'un problème


d'application universelle (Ens., chap. IV, § 3, no 1).
Prenons en particulier pour D l'algèbre opposée de C(Q)
et pour f l'application p ; la prop. 1 entraîne qu'il existe un anti-
automorphisme P et un seul de C(Q) dont la restriction à p(E) soit
l'identité ; on l'appelle l'antiautomorphisme principal de C(Q).
Il est clair que P2 = 1.

D'autre part soient Q' une forme quadratique sur un A-module


E r et f une application linéaire de E dans E ' telle que Q' of = Q.
On a pQr(f(x))2 = Q1(f(x)). 1 = Q(x). 1, et par suite il existe un
homomorphisme C(f) et un seul de C(Q) dans C(Q1)tel que C(f) p, = 0

p,, f. Si f est l'identité, C(f) est l'identité ; si Q" est une forme qua-
0

dratique sur un A-module E" et g une application linéaire de E '


dans E" telle que Q" g = Q', on a C(g f ) = C(g) C(f). Lorsque
0 0 0

E r est un sous-module de E et f l'injection canonique de E ' dans


E (de sorte que Q' est la restriction de Q à E r ) , on dit que C(f) est
l'homomorphisme canonique de C(Q1)dans C(Q).
Prenons en particulier Q' = Q et pour f l'application x + - x ;
on voit qu'il existe un automorphisme a et un seul de C(Q) tei que
a 0 p = - p ; on l'appelle l'automorphisme principal de C(Q). Il est
clair que a2 = 1, et que la restriction de cc à C+ (resp. C-) est l'iden-
tité (resp. l'application u -+ - u).

PROPOSITION 2. - Soient A' un anneau commutatif, cp un


homomorphisme de A dans A', Q' la forme quadratique sur
E' = A' 8, E déduite de Q par extension des scalaires ( $ 3, no 4,
prop. 3). i l existe un isomorphisme j et un seul de l'algèbre A' C3, C(Q)
sur C(Q1)tel que j (1 C3 pQ(x))= pQr(l@ x) pour tout x E E.
Il sufit de démontrer que l'algèbre Cr = Arm@ C(Q) et l'appli-
cation 1C3pQ de E r dans C' forment une solution du même pro-
blème d'application universelle que C(Qr) et p,,. Or, soient D'
une algèbre sur A' et f' une application A'-linéaire de E' dans Dr
telle que f ' ( ~ ' = ) ~Q'(xr).1 pour tout x' E E'. L'application
g : x + f' (1@ x) de E dans D' (considéré comme A-module grâce
à l'homomorphisme 9) est A-linéaire et on a g(x)== Q' (1 C3 x) .1 =
Q(x). 1 pour tout x E E. Il existe donc un A-homomorphisme 2
e t un seul de C(Q) dans Dr tel que &,(x)) = f'(lC3 x). Par suite il
existe un Ar-homomorphisme f' et un seul de C' dans D' tel que
f'(l@ pQ(x))= f f ( l@ x) pour tout x E E ; par linéarité il en résulte
que f'((1C3 pQ)(xl))= fr(x') pour tout x' E E'. CQFD.

2. Quelques opérations dans l'algèbre tensorielle.

Dans ce no nous désignerons par ex ( X E E ) l'application li-


néaire u -t s @ u de l'algèbre tensorielle T ( E ) dans elle-même.

Lemme 1. - Soit f un élément du dual E* de E. I l existe une


application linéaire il et une seule de T(E) dans elle-même telle que
(4) i,(l) = O
(5) if0e, + exoif = f(x).I pour tout x E E
(où 1 désigne l'application identique). L'application f -t i, de E* dans
'I'(T(E))est linéaire. On a if(Tn)c Tn-l, (if)2= O, et if i, f i, 0 if = O
0

pour f , g dans E*. L'application if est nulle sur la sous-algèbre de


T ( E ) engendrée par le noyau de f. L'idéal I(Q) est stable par if ;
par passage au quotient if définit donc une application linéaire
(notée encore if) de C(Q) dans elle-même.
En effet la formule (5) s'écrit

Comme (4) détermine complètement if sur TO,et que (6) déter-


mine if sur Tn si on connaît ses valeurs sur Tn-l, l'unicité de if
est démontrée. D'autre part, pour X E E et u e Tn-', le second
membre de (6) est bilinéaire sur E x Tn-l ; ceci démontre l'existence
de if par récurrence sur n (chap. III, § 1, no 2) et prouve aussi,
par récurrence sur n, que if(Tn)c Tn-l. Si f = ag + bh (a, b dans
A, g, h dans E*) il est clair que ai, +
bih vérifie (4) et (5),donc
est égal à if. On a

et, comme (if)2(1)= 0, on en déduit par récurrence sur n que


(i,)2 est nul sur Tn. En remplaçant f par f +
g, la relation (if)2= O
donne if i,
0 + i, 0 if = O. Un raisonnement par récurrence ana-
logue aux précédents montre que i, est nulle sur la sous-algèbre
engendrée par le noyau de f . Enfin (6) entraîne que l'ensemble des
Bléments u de I(Q) tels que if(u)E I(Q) est un idéal à gauche de
T(E) ; de plus, si u = (x C 3 x - Q(x).1)€% v (x e E, v E T(E)),on a

donc I(Q) est stable par il, et la dernière assertion s'ensuit. CQFD.

Soit F une forme bilinéaire sur E ; dans le reste de ce para-


graphe nous désignerons par i: ( r= E ) l'application if correspon-
dant a la forme linéaire f : y -t F(x, y) sur E.

Lemme 2. - I l existe une application linéaire A, et une seule de


T ( E ) dans elle-même telle que
(7) A,(1) = 1
(8) A, O = (ex + i:) 0 A, (x E E).
Quel quesoit f E E*, on a

En effet la formule (8) équivaut à

Comme (7) détermine entièrement A, sur TO, et que (10) déter-


mine A, sur T si on connaît ses valeurs sur F-', l'unicité de A, est
démontrée. D'autre part, pour x E E et u E Tn-l, le second membre
de (10) est bilinéaire sur E x Tn-' ; ceci démontre l'existence de
A, par récurrence sur n. Il reste à démontrer (9), ce que nous ferons
par récurrence ; les deux membres de (9) sont nuls sur T0 ; suppo-
n-1
sons (9) vraie sur C Th; on a alors, pour x E E et u E Tn-l :
h=O

d'où notre dernière assertion.

L e m m e 3. - Soient F et G deux formes bilinéaires sur E. O n a


A, o h = A,,. Pour toute forme bilinéaire F sur E , A, est une bijec-
tion de T(E) sur elle-même.
En effet, A, 0 & possède les propriétés caractéristiques (7) et (8)
de A,, : on a (A,0 &) (1) = 1, et

D'autre part, si F = O, on a il = O pour tout x E E , et par suite


A, = 1, ce qui entraîne que, pour toute F, on a A, A-, = A-, 0 A, = 1.
0

3. Base de l'algèbre de Clifford.

PROPOSITION 3. - Soient Q et Q' deux formes quadratiques et F


une forme bilinéaire sur E telles que Q'(x) = Q(x) +
F(x, x ) pour
tout x E E. L'application A, applique l'idéal I(Q1) sur l'idéal I(Q),
et définit un isomorphisme (noté A,) du A-module C(Qr) sur le A-
module C(Q).
Comme A, est une bijection dont A-, est la bijection réciproque
(lemme 3), il sufit de démontrer l'inclusion AF(I(Qr))c I(Q). Comme
I(Q) est un idéal à gauche stable par i2 (lemme 1)' (8) montre que
l'ensemble des u E T(E) tels que %(u) E I(Q) est un idéal à gauche.
Il sufit donc de démontrer que, quels que soient u a T ( E ) et
x E E, on a ~ , ( x @ x @
u - Qf(x)u)E I(Q). Or, d'après (8) et le lemme
1, on a
A, 0 e$ = (e, + +
i:)2 hF = (e$ F(x, x)) A,,
0 0

d'où
A,($ @ x @ u - Qr(x)u)= (ez + F(x, x) - Qr(x))0 AF(u)
= ( x @x - Q(x))@ hF(u)E I(Q).

Lemme 4. - S i la forme quadratique Q est nulle, C(Q) n'est


autre que l'algèbre extérieure de E.
En effet l'algèbre extérieure de E n'est autre que le quotient
de T(E) par l'idéal bilatère J engendré par les éléments de la forme
a @ v @ a (a E E, v E T(E)) (chap. III: $ 5, no 5 et no 9). Il est clair
que I(Q) c J. Il suffit donc de monixer que a @ v @ a E I(Q). C'est
évident si v E TO. Supposons cetLe assertion démontrée pour
n-1

vE Z Th, et soient x E E et u E T+l ; on a


h=O

et les quatre termes du second membre appartiennent à I(Q).

Supposons en particulier que le module E admette une base


(xi)iEL7et ordonnons totalement l'ensemble d'indices L. On sait
(chap. I I I , $ 5,1106) que l'algèbre extérieure de E admet comme base
la famille formée des éléments x,, où H parcourt l'ensemble des
parties finies de L et où xn est l'élément XI&,A . . . A mq, (hl>.. . , hp)
désignant la suite strictement croissante des éléments de H.
D'autre part, considérons la forme bilinéaire F définie par
F(xi, xi) = -@(xi,xi) si i > j, F(xi,xi) = O si i < j et F(xi, x,) = - Q(xi).
+
Il est clair que Q(x) F(x, x) = O ; avec les notations de la prop. 3,
il résulte de cette proposition et d u lemme 4 que h, est un isomor-
phisme de /\ E sur C(Q), qui est donc un A-module.libre. Démon-
trons, par récurrence sur le nombre d'éléments de H, que l'on a

(où (hl, . . . , h,) est la suite strictement croissante des éléments de


H). C'est évident si H a O ou 1 élément. Supposons (11) vérifiée
pour les parties ayant au plus q - 1 éléments. Considérons une
partie H à q éléments, notons j son plus petit élément, et écri-
vons H = j 1 u K, où K est une partie à q - 1 éléments. On a,
d'après (8) et l'hypothèse de récurrence

en posant, pour toute partie finie J de L, z; = p(x,,) . . . p(xl,), où


(j,, . . ., j,) est la suite croissante des éléments de J. Or, pour
i E K, x, appartient au noyau de la forme linéaire y -t F(x,, y),
donc ii,(xh) = O (lemme 1).Ceci démontre le résultat cherché.
Nous avons donc démontré le théorème suivant :

THÉORÈME 1.-Supposons que le A-module E admette une base


(xi)iEL,l'ensemble d'indices L étant muni d'une structure d'ordre total.
Pour toute partie finie H de L, posons XH = p(x,,,)p(x,,,) . . . p(xh,),
où (hl,. . ., h,) est la suite strictement croissante des éléments de
H. Alors les kléments z, forment une base du A-rnodule C(Q).

COROLLAIRE 1. - S i E est un module libre de di~nensionn,


C(Q) est un module libre de dimension 2"' ; de plus, s i n > O, C+et C-
sont des modules libres de dimension 2"-l.
Ceci résulte aussitôt des propriétés des coeff~cientsbin6-
miaux.

COROLLAIRE 2. - S i E est un module libre, l'application cano-


nique p de E dans C(Q) et l'application a -+ a . 1 de A dans C(Q)
sont injectives.

COROLLAIRE 3. - Supposons que E soit sornme directe de deux


sous-modules libres El et E,. Soient Qi la restriction de Q à Ei et pi
l'application canonique de C(Qi) dans C(Q) ( i = 1, 2). Alors l7appli-
Bourbaki XXIV. 10
cation linéaire p de C(Q,) 63 C(Q,) dans C ( Q ) déduite de l'applica-
tion bilinéaire ( a , b ) -+ pl(a)p,(b) de C(Q,) x C(Q,) dans C ( Q )est une
bijection.
Il s u f i t e n e f f e t d e considérer la base d e E obtenue e n prenant
l a réunion d'une base d e El e t d'une base d e E,.

COROLLAIRE4. - Les hypothèses et notations étant celles d u


cor. 3, supposons de plus que El et E , soient orthogonaux, et trans-
portons à C(Q,) @C(Q,), a u moyen de la bijection p, la structure
d'algèbre de C ( Q ) . S i et bi sont des éléments pairs o u impairs de
C(Qi) ( i = 1 , 2 ) , o n a ( a , 63 a,) ( b , 63 b,) = c(albl) @ (a,b,), avec
E = 1 sauf si a, et bl sont impairs, auquel cas E = - 1.

Il suffit e n e f f e t de démontrer que p,(a,)pl(bl) = cp,(b,)p,(a,),


e t o n peut, pour cela, supposer q u e p,(a,) (resp. pl(bl)) est u n pro-
d u i t x l . . . X I , (resp. y,. . .yk) d'éléments de pQ(Ez) (resp. p,(El)).
C o m m e E , e t E , sont orthogonaux, o n a

Les conclusions des cor. 3 et 4 restent vraies si on omet l'hypo-


thèse que El et E, sont des modules libres (cf. exerc. 1).

4. Structure de l'algèbre de CZifford.


Dans ce no, nous supposerons q u e A est u n corps, q u e E est
un espace vectoriel d e dimension finie m sur A, e t q u e la fornie
quadratique Q est n o n dégénérée ( c e qui, d'après le t h . 1 d u $ 5 ,
no 1 , exige q u e m soit pair si A est d e caractéristique 2 ) . Puisque
E est libre, l'application canonique p est injective (110 3, cor. 2 d u
th. 1 ) . Nous identifierons désormais E e t son image dans C(Q).

T H É O R È M E 2. - Supposons que la dimension de E soi1 u n


nombre pair m = 2r et que Q soit neutre ( $ 4, n o 2). Alors l'algèbre
C ( Q ) est séparable (chap. V I I I , § 7 , no 5 , d é f . 1 ) ct est isomorphe à
l'algèbre des endomorphismes d ' u n espace vectoriel de dimension 2'
sur A. De plus s i m > O, C+(Q)est séparable et est conrposée directe
de deux idéaux isomorphes à l'algèbre des endonrorphismes d ' u n
espace vectoriel de dimension 2'-' sur A.
En effet, comme Q est neutre, on peut décomposer E en
somme directe de deux sous-espaces N et P totalement singuliers
de dimensions r ( § 4, no 2, cor. 1 de la prop. 2). La restriction de
Q a N étant nulle, la sous-algèbre S de C(Q) engendrée par N s'iden-
tifie à l'algkbre extérieure de N (no 3, lemme 4). Pour n E N, nous
noterons ei l'application t -+ nt de S dans elle-même.
Soit (n,,. . ., G) une base de N ; nous noterons (p,,. . ., p,)
la base de P telle que @(ni,pi) = Sii ( 5 4, no 2, prop. 2). Pour
p E P, nous noterons p' la forme linéaire n + @(n,p ) sur N, et
i, l'endomorphisme de S déduit par passage au quotient de l'endo-
morphisme i,, de T(N) associé à p' comme il a été dit au lemme 1
du no 2. On a, d'après (5),
(12) e: O ip + ip O eR = @(n,p) (n E N, p E P).
Posons, pour x = n + p E E (avec n E N et p E P), s(x) = e7, + i,.
Il est clair que s est une application linéaire de E dans Sf(S).Comme
on a
+
s ( x ) ~= ( 4 i,)2 = Q(n) +
@(n,p ) = Q(x)
en vertu de (12) et d u lemme 1 (no 2)) s se prolonge en un homo-
morphisme (que nous noterons encore s) de C(Q) dans %(S)(no 1,
prop. 1). Nous allons montrer que cet homomorphisme est surjec-
tif, ce qui, puisque C(Q) et %(S) sont toutes deux de dimension S2',
entraînera que s est un isomorphisme et démontrera notre pre-
mière assertion.
Notons en effet 1 l'intervalle (1, r). Pour toute partie H de 1,
-
nous poserons H' = 1 H et nous désignerons par n, (resp. p,) le
produit des ni (resp. pi) pour i E H, rangés dans l'ordre croissant des
indices. Rappelons que les n, forment une base de S (no 3, th. 1).
Posons enfin, pour deux parties quelconques H, K de 1, XH,, =
n,p,&,. Nous allons montrer que les éléments s(x,,,) de s(C(Q))
engendrent 3(S). Or, si je H, on a s(pi)(nH)= iPi(n,) = O d'après
le lemme 1, puisque les ni pour i E H appartiennent au noyau de la
forme linéaire n + @(n,pi) sur N ; d'autre part on a

(d'après (12)). Comme s est un homomorphisme, on en déduit, pour


deux parties quelconques H, K de 1, que s(p,)(n,) = O si K c H,
e t que s(pK)(n,) = t- n,-, si K c H. Comme, pour M c 1 et L c 1,
on a par définition s(&)(n,) = %n,, et que h n L est nul si
M n L f 0 et est égal à =k n X u Ldans le cas contraire, on conclut
d e ce qui précède que, pour des parties quelconques H, K, L de 1,
~ ) = s(nIi)s(p,)s(n,,)(n,) est nul si K # L et est égal à f n,
s ( x ~ ,(nL)
si K = L. Ceci montre que les s(xH,,) engendrent %(S)et termine la
démonstration de la première assertion.
Pour démontrer la seconde assertion, posons S+ = S nC+
e t S- = S n C- ; il est clair que S+ (resp. S-) est le sous-espace de S
engendré par les n, tels que H ait un nombre pair (resp. impair)
d'éléments, que S est somme directe de S+ et S-, et que s(C+) laisse
S+et S- stables. Par suite s applique C+ dans une sous-algèbre de
9(S), isomorphe au produit Y(S+) x 2(S-) ; la restriction de s à
C+ est un isomorphisme de C+ sur cette sous-algèbre, puisque s est
injective et que C+ et 'f(S+) x %(S-) sont toutes deux de dimen-
sion 2%-' (no 2, cor. 1 du th. 1).CQFD.

COROLLAIRE. - S i m est pair, mais Q d'indice quelconque,


l'algèbre C(Q) est une algèbre centrale simple de dimension 2". De
plus, si m > O, la sous-algèbre C+(Q) est séparable, et son centre Z
est de dimension 2 sur A. Lorsque Z est un corps, Z est une extension
quadratique séparable de A et C+(Q)est simple ; sinon, Z est composé
direct de deux corps isomorphes à A, et Cf(Q) est alors composée
directe de deux sous-algèbres simples de dimensions 2"2.
E n effet, soient A' la clôture algébrique de A, et Q' la forme
quadratique sur E r = A' €3, E déduite de Q par extension des sca-
laires. On a vu que C(Qr) est isomorphe à A' €4, C(Q) (prop. 2), et
il est clair que C+(Qr)est isomorphe à A' €3, C+(Q). Comme Qr est
neutre ( § 4, no 2, cor. 2 de la prop. 3), le corollaire est une consé-
quence immédiate d u th. 2 et des théorèmes de permanence du
chap. VIII, § 7.

Remarques. - 1) Comme l'algèbre C(Q) est simple, elle n'a


qu'une seule classe de représentations irréductibles ; on les appelle
les représentations spinorielles ; quand on fixe son attention sur
une de ces représentations, soit T, les éléments de l'espace où
s'effectue T répondent a u nom de spineurs. Si Q est neutre, la
restriction de z à C+(Q) est, comme celle de s, somme de deux
représentations absolument irréductibles inéquivalentes; les élé-
ments des sous-espaces où s'effectuent ces deux représentations
sont appelés semi-spineurs. Dans le cas général, si C+(Q) n'est pas
simple, la restriction de z a C+(Q)doit, puisqu'elle est fidèle, con-
tenir des sous-représentations appartenant a chacune des deux
classes de représentations irréductibles de C+(Q), donc est somme
de deux représentations absolument irréductibles inéquivalentes,
puisqu'il en est ainsi après extension des scalaires à la clôture algé-
brique A' de A. Par contre, si C+(Q) est simple, elle n'a qu'une
seule classe de représentations irréductibles, et la restriction de
T a C+(Q) est donc irréductible, puisqu'elle se décompose par ex-
tension des scalaires a A' en deux représentations non équivalentes.
2) Supposons A de caractéristique f 2, et soit (xl,. . ., xm)
(m = 2r) une base orthogonale de E. Posons
z = arx1. . .xm
E C(Q) ;
+
comme xixj xjxe = O pour i f j, on a zxi = - xjz, ce qui entraîne
que z appartient au centre Z de C+(Q) sans appartenir à A. On a
z2 = 2"(- l ) r Q ( ~ l ). ..Q(xm)= (- 1)'D
en désignant par D le discriminant de @ par rapport à la base (xi)
(cf. exerc. 9).

T H É O R È M E 3. - Supposons que la dimension de E soit un


nombre impair m = 2r f 1 (donc que A soit de caractéristique f r 2).
a) L'algèbre C+(Q) est centrale simple. Si Q est d'indice maxi-
mum r, C+(Q) est isomorphe à l'algèbre des endomorphismes d'un
espace vectoriel de dimension 2' sur A.
b) L'algèbre C(Q) est séparable. Son centre Z est de dimension 2,
et C(Q) est isomorphe a Z @, C+(Q), donc est simple ou composée
directe de deux sous-algèbres simples.
Soient en effet x, un vecteur non isotrope de E, et F l'orthogo-
nal de x, ; notons Q, la forme quadratique y -t - Q(xo)Q(y)sur F ;il
est clair que QI est non dégénérée. Comme xoy = - yxo (pour
y E F), on a ( ~ , y = ) ~- Q(xo)Q(y)= Qi(y), et par suite l'applica-
tion y -t xoy de F dans C+(Q)se prolonge en un homomorphisme h
de C(Q,) dans C+(Q)(no 1, prop. 1).Or C(Q1) est simple (th. 2) et a
même dimension 2% que C+(Q); ceci entraîne, puisque h(1) = 1,
que h est un isomorphisme. De plus, si Q est d'indice r, on peut
choisir xo de telle sorte que Q, soit aussi d'indice r ( § 4, no 2,
prop. 3), ce qui démontre a).
Soit maintenant (xl,. . ., xp) une base orthogonale de F ;
posons z = x ~ , .. .x2,. On vérifie immédiatement que z commute
avec xj pour j = 0,. . ., 2r, donc appartient au centre de C(Q).
Soit Z le sous-espace de C(Q) engendré par 1 et z ; c'est une sous-
algèbre du centre de C(Q) et une extension quadratique de A, car
z est impair et z2 est égal a u scalaire (- l)'Q(xo). . .Q(xz~).
Considé-
rons l'homomorphisme O de Z@, C+(Q) dans C(Q) défini par
O(u@v) = UV. Comme z E C- et est inversible, l'application u -t zu
est un isomorphisme du module C+ sur C-, ce qui entraîne que
O(Z@C+) contient C+ et C-, donc coïncide avec C(Q). Comme
Z@C+et C(Q) ont même dimension 2%l, O est un isomorphisme ;
ceci démontre b), compte tenu des résultats du chap. VIII,
§ 7-

Remarque. - Le discriminant D de @ par rapport à la base


(xj)+o, ...,zr) est égal à 22"1Q(x,). . .Q(xzr). Par suite Z est engendré
par 1 et par l'élément impair z' = 2% tel que zt2= (- 1)'2D.
L'algèbre C(Q) est donc simple si et seulement si 2(- 1)'D n'est pas
un carré dans A.

5. Groupe de Clifford.
On suppose, dans ce no, que A est un corps, que E est de di-
mension finie m, et que Q est non dégénérée. On identifie E avec
son image canonique dans C(Q).

DÉFINITION2. - On appelle groupe de Cliflord de Q (resp.


groupe de Cli8ord spécial de Q), le groupe multiplicatif des éléments
inversibles s de C(Q) (resp. C+(Q))tels que SES-l = E.

Dans ce no nous noterons G e t G+ le groupe de Clifford et le


groupe de Clifford spécial de Q. Il est clair que l'on a
G+ = G n C+(Q).
T H É O R È M E 4. - Posons, pour s E G et x E E, cp(s) .x = sxs-l.
a) L'application cp est un homomorphisme de G dans le groupe
orthogonal O(Q) de Q et son noyau est l'ensemble des éléments inver-
sibles du centre Z de C(Q).
b) L'ensemble E n G est l'ensemble des vecteurs non singuliers
de E ; pour x E E n G, - cp(x) est la symétrie par rapport à l'hyperplan
orthogonal à x.
c) S i dim(E) est paire, on a cp(G) = O(Q), rp(G+) est d'indice
1
2 dans O(Q) s i E f . Of, et est égal à SO(Q) s i A est de caractéris-
tique f 2.
d) S i dim(E) est impaire (ce qui entraîne que A est de caracté-

On a en effet Q(sxs-l) -
ristique f 2)) on a v(G) = rp(G+) = SO(Q).
) ~sx2s-l = Q(x) pour s E G
( S X S - ~=
et x E E, ce qui montre que cp(s) E O(Q). Pour que ~ ( s = ) 1, il faut
et il sufit que s commute avec les éléments de E, c'est-à-dire appar-
tienne au centre Z de C(Q). Ceci démontre a).
Pour qu'un élément x de E appartienne à G, il faut qu'il soit
inversible, c'est-à-dire que ce soit un vecteur non singulier (puisque
x2 = Q(x)). S'il en est ainsi, on a x-l= Q(x)-lx, d'où, pour tout y E E,
xyx-' = Q(x)-lxyx = Q(x)-lx(cD(x,y) - xy) = - (y - @(x,y)Q(x)-lx) ;
ceci démontre b) ( $ 6, no 4).

Lemme 5. - Tout élément s de G est de la forme zsr, où z est


un élément inversible de Z et s r appartient à G n C+(Q)ou à G n C-(Q) ;
le sous-groupe G+ est d'indice 2 dans G lorsque E f { O [ .
La seconde assertion résulte évidemment de la première,
puisque les vecteurs non singuliers appartiennent à G n C-(Q).
Supposons d'abord dim ( E ) paire, et soit s = t' +t", avec tr E Cf(Q)
et trrE C-(Q) ; on a par définition sx = (cp(s).x)s pour tout x E E ;
comme trx et (cp(s).x)tr (resp. t"x et (cp(s).x)trr)sont des éléments
impairs (resp. pairs), on a trx = (cp(s).x)tr, d'où s-'trx = xs-'tr pour
tout x E E. On en conclut que s-9' E Z et comme dim ( E ) est paire,
Z = A (no 4, cor. d u th. 2)' donc t' = as, où a E A. Si a f O, on a donc
s = a-ltr et t' E G n C+(Q); si a = O, s = trrE G n C-(Q) et le lemme est
démontré dans ce cas. Si dim ( E ) est impaire, A est de caracté-
ristique f 2, donc pour tout s E G, cp(s) est un produit de symétries
par rapport à des vecteurs non singuliers q ( i = 1,2,. . .,h) ($6,no 4,
prop. 5) ; si on pose s' = xlx,. . .xh, on a rp(s)= <p(sr),donc s = zsr,
où Z E Z, et sr appartient à C+(Q) ou à C-(Q) suivant que h est
pair ou impair.

Supposons dim(E) paire. Comme tout élément u de O(Q) se


prolonge d'une manière et d'une seule en un automorphisme
-
u de C(Q) (prop. 1), et comme C(Q) est centrale simple (th. 2)' ü
est un automorphisme intérieur (chap. VIII, 5 10, no 1, th. 1).
Il existe donc un éléments de G tel que rp(s) = u. D'autre part le
centre de C(Q) est contenu dans C+, ce qui entraîne que cp(G)/y(G+)
est isomorphe à G/G+, donc que rp(G+) est d'indice 2 dans rp(G) =
1.
O(Q) si E f { O Ceci démontre les deux premières assertions de c).
Supposons enfin que Asoit de caractéristique# 2. Alors tout élé-
ment u de O(Q) est un produit de symétries par rapport à des hyper-
plans orthogonaux à des vecteurs non singuliers xi (i = 1,.. . ,h) (5 6,
1104, prop. 5) ; on a par suite u = (- l)"(xl. . .XI,) et det (u) = (- l)h.
Pour que u appartienne à SO(Q), il faut et il sufit que h soit pair, ce
qui montre que y(G+)3 SO(Q). Comme SO(Q) est d'indice 2 dans O(Q)
1,
lorsque E f j O on a rp(G+)= SO(Q) si E est de dimension paire, ce
qui termine la démonstration de c). Par contre, si la dimension de E
est impaire, rp(G) ne contient pas la transformation orthogonale
x -+ - s ; en effet celle-ci se prolonge en l'automorphisme principal a
de C(Q) (no 1),et cc n'est pas un automorphisme intérieur puisque le
centre Z de C(Q) contient un élément non nul de C-(Q) (th. 3). On
a donc rp(G) f O(Q), et, comme y(G) 3 rp(G+)3 SO(Q) et que SO(Q)
est d'indice 2 dans O(Q), on a y(G) = cp(G+)= SO(Q). Ceci dé-
montre d). CQFD.

Le sous-groupe rp(G+)de O(Q), qui est d'indice 2 si E f 0 1,


s'appelle le groupe des rotations de E, et ses éléments prennent le
nom de rotations ; on le note O+(Q). Remarquons que, si A n'est
pas de caractéristique 2, on a O+(Q)= SO(Q) (cf. exerc. 9).

PROPOSITION 4. - Soit p l>antiauto~norphismeprincipal de


C(Q) (no 1). Pour tout s E G+, P(s)s est un scalaire. L'application
N : s -+ p(s)s est un homomorphisme de G+ dans le groupe multipli-
catif A* des éléments non nuls de A.
E n effet, pour s E G+, on a S E P = E, d'où p(s)-lEp(s) = E t ce
qui montre que p(s) E G+. Comme sx = ( ( ~ ( s X)S ) . pour t o u t
x E E , on a xp(s) = p(sx) = p(s) (cp(s).x), et par suite p(s)sx =
p(s)(rp(s).x)s = xp(s)s, ce qui entraine que p(s)s appartient a u
centre de C(Q). Comme, de plus, p(s)s appartient à Cf(Q), p(s)sest
un scalaire (th. 2 et 3). Enfin on a p(st)st = P(t)P(s)st = P(s)sp(t)t,
c'est-à-dire N(st) = N(s)N(t) pour s, t dans G'. CQFD.

Le scalaire N(s) = p(s)s (s E G+) s'appelle la norme spinorielle


de S. On désigne par G; et on appelle groupe de Cliflord réduit
le noyau de l'homomorphisme N. L'image cp(Gi) est notée 0i(Q)
e t s'appelle le groupe orthogonal réduit de Q. Comme le noyau de
la restriction de cp à G+ est l'ensemble des éléments pairs et inver-
sibles d u centre de C(Q) (th. 4) et s'identifie donc à A* (th. 2 et 3 ) ,
rp(G+)/Oi(Q)est isomorphe à G+/A*Gi, donc aussi à N(G+)/N(A*),
e t en particulier commutatif. Il est clair que N(A*) est le sous-
groupe (A*)2 des carrés d'éléments de A*. Si Q est d'indice > 0,
il existe, quel que soit a E A*, deux éléments x et y de E tels que
Q(x) = a e t Q(y) = 1 ( $ 4, no 2, prop. 4) ; comme xy E G' e t que
N(xy) = Q(x)Q(y) = a, ceci montre que N(G+) = A*, donc que
cp(G+)/OO(Q) est isomorphe à A*/(A*)2.

Exercices. - 7 1) Démontrer les cor. 3 et 4 du th. 1 du no 3 lorsque


El et E, sont deux sous-modules supplémentaires quelconques dans E.
(Établir d'abord le cor. 4 : montrer pour cela que le produit tensoriel
C(QI)@3 C(Qz) est muni d'une structure d'algèbre par la convention de
signe faite dans l'énoncé du cor. 4, et que cette algèbre S est solution du
même problème d'application universelle que C(Q) ; on considérera pour
cela, pour toute application linéaire f de E dans une algèbre D sur A telle
que (f(x)), = Q(x).1, l'homomorphisme fi de C(Qi) dans D tel que
f<(l) = f(xi) pour xi E Ei (i = 1, 2) et on prouvera qu'il
= 1, fi(PQi(xi))
existe un homomorphisme f de l'algèbre S dans D tel que

pour zi E C(Qi) (i = 1, 2). Pour démontrer ensuite le cor. 3, considérer


la forme quadratique Q' somme directe externe de QI et Q, ( 5 3, no 4),
et remarquer que l'on a Q1(x)= Q ( x ) + F(x,x), F étant la forme bili-
+ +
néaire définie par F(XI $2, y1 y,) = - @(XI,y*) pour xi, yi dans Ei
(i = 1, 2) ; utiliser alors la prop. 3.)
7 2) On suppose que E soit somme directe de deux sous-modules
orthogonaux El, EZet on désigne par Qi la restriction de Q à Ei (i = 1'2) ;
on suppose en outre qu'il existe u E C+(Q,) tel que u2 = a . 1,a étant inver-
sible dans A, et que upQ2(x,) = - pQt(x,) pour tout x2 E E,. Montrer qu'il
existe un isomorphisme cp de C(Q) sur le produit tensoriel C(aQ,) C3 C(Q,)
(tel qu'il est défini dans le chap. III, $ 3, no l),ayant la propriété que
+
pour tout x = x1 xz (xi E Ei, i = 1, 2), on a

(Prouver l'existence de 1'homomorphisme cp comme conséquence de la


propriété universelle de C(Q). D'autre part, il y a un homomorphisme g,
de C(aQ,) dans C(Q) tel que g1(paQl(xl))= h2(u)pQl(x,),en désignant par h,
l'homomorphisme canonique de C(Q,) dans C(Q) ; remarquer alors que
gl(zl) et h,(z,) sont permutables pour z, E C(aQl) et z, E C(Q2),et en déduire
l'existence d'un homomorphisme réciproque de cp.)
Dans quel cas ce résultat s'applique-t-il lorsque A est un corps de
caractéristique # 2 (utiliser la Remarque 2 suivant le cor. du th. 2) ?
3) a) Avec les notations du no 2, soient xi (1 \( i \< n) des éléments
de E tels que /(xi) = O ; montrer que l'on a ir(xl 8x, @ . . . 8xn) = O. En
particulier, si F est une forme bilinéaire sur E telle que F(a,xj) = O
pour i >j, on a @ x3 @ . . . @ xn) = 0.
6) Avec les notations de la prop. 3 du no 3, soient xi (1 i \< n) des
éléments de E tels que F(xi,xi) = O pour i > j. Montrer que l'on a
%&,~(x1). . .pQf(xn))= pQ(xl).. .p,(x,) (utiliser a) et la formule (IO) du no 2).
c) On suppose que A est un corps de caractéristique # 2 ;pour toute
forme quadratique Q sur E, soit t*, l'application de C(Q) sur A E
1
correspondant à F(x, y) = -@(x, y). Montrer que si les vecteurs xi
2
<<
(1 i n) sont deux à deux orthogonaux, on a

En déduire que si yi (1 < i ,< n) sont n vecteurs quelconques, on a

4) Soit Ch le sous-module de C(Q) engendré par les produits de k


<
éléments de p,(E) pour O k \< h. Montrer que l'application

définit par passage aux quotients une application multilinéaire alternée


h
de Eh dans CI,/C~-~.On en déduit une application linéaire xh de /\ E dans
&/Ch-1; montrer que x h est un isomorphisme lorsque E est un module
h
libre. Si f est une transformation orthogonale, on a C(f)O x h = xh (l\f). O

Lorsque A est un corps de caractéristique # 2, montrer que xh est la


restriction de l'application 6' définie dans l'exerc. 3 c).
5) Avec les notations du no 2, on considère l'application it de AE
dans elle-même. Montrer que l'on a

et en déduire que if n'est autre que le produit intérieur droit z -+z L f


(chap. III, $8,no 4, déf. 2).
6) Montrer que, si E admet une base orthogonale (el, e,) pour Q, et
si on pose ai = Q(ec) ( i = 1, 2), l'algèbre C(Q) est isomorphe à l'algèbre
des quaternions sur A correspondant au couple (a,, a,).
7) Soient A un corps ordonné maximal, E un espace vectoriel de
dimension paire 2r sur A, Q une forme quadratique non dégénérée
sur E, positive ou négative. Montrer que, si Q est positive, C(Q) est iso-
morphe à une algèbre de matrices sur A lorsque r(r - 1)/2 est pair, à une
algèbre de matrices sur le corps des quaternions sur A lorsque r(r - 1)/2
est impair. Si Q est négative, C(Q) est isomorphe à une algèbre de matrices
+
sur A lorsque r ( r 1)/2 est pair, à une algèbre de matrices sur le corps des
quaternions sur A lorsque r(r + 1)/2 est impair (utiliser les exerc. 2 et 6).
Quelle est la structure de C+(Q)dans ces différents cas ?
8) Soient A l'anneau Z/(4), E le A-module Z/(2) ; si on pose Q(0) = 0,
Q(u) = 1 pour l'unique élément u f O de E, Q est une forme quadra-
tique sur E. Montrer que les A-modules C(Q) et E ne sont pas iso-
morphes (on prouvera que C(Q) est isomorphe à la somme directe de deux
modules isomorphes à E).
7 9) On suppose que A est un corps de caractéristique 2, E un espace
vectoriel de dimension finie paire 2r, Q une forme quadratique non
dégénérée sur E.
a) Soit (ei) une base symplectique ( § 5, no 1) de E pour la forme bili-
néaire alternée 0 associée à Q. Montrer que l'élément

de C+(Q) forme, avec l'élément unité, une base du centre L de C+(Q).Pour


que Z soit somme directe de deux corps, il faut et il suffit quc l'élément

(appelé pseudo-discriminant de Q par rapport à la base syniplectique


(ei)) soit de la forme A2+ A, avec A E A.
b) Soit u une similitude pour @ ( $ 6 , no 5) de n~ultiplicateur~ ( n )et,
soit Q,(x) = Q(u(x)). On pose
e t Q(e2i-1) = ai, Q(e2i) = pi (1 < i \< r). Montrer que l'on a

(invariant de Dickson de u par rapport à la base (et)). (Remarquer que


l'élément

appartient à Z.) Pour que u soit une similitude pour Q (S 4, exerc. 9)


de multiplicateur p(u), il faut e t il sufit que D(u) = O ou D(u) = ~ ( u ) ;
les similitudes pour Q telles que D(u) = O sont dites directes.
c) Montrer que, si v est une similitude pour CD, u une similitude pour
Q, on a
= dv)D(u) + p(u)D(o)
(considérer l'invariant de Dickson de v par rapport à la base symplec-
tique formée des u(e2,-1) e t (p(u))-lu(e2,) pour 1 \< i \< r). E n déduire que
les similitudes directes pour Q forment un sous-groupe distingué d'in-
dice 2 dans le groupe des similitudes pour Q.
d) Si u est la symétrie par rapport à I'hyperplan orthogonal à un vec-
teur non singulier dans E:, montrer que D(u) = 1. En dtduire que le
groupe cp(GÇ)(notations du no 5) est le groupe SO(Q) défini dans I'exerc.
28 c) du $6.
e ) Soit u E O(Q), et siipposons A algebriqueinent clos. Montrer que,
pour que u E SO(Q), il faut e t il suflit que le nonibrc dcs diviseurs 616-
mentaires du module E, soit pair. (Avec les notations de l'cscrc. 15 du
$ 5, remarquer d'abord que si p, q sont deux facteurs irrcductil)les dis-
tincts du polynôme minimal de u, le nombre des sous-niodiilcs inde-
composables dont G(p, p) est soninie directe est égal au riorribre des

-
sous-modules indécomposables dont G(g7p) est somiiie directe. Reniar-
quer d'autre part que G(p, p) = 101 sauf pour p X - 1. Prouver enfin
qu'on peut se borner au cas oii Eu est égal à G ( p , y) (avec p - X - 1)
et est indécomposable. Il y a alors une base symplectiqiie (e,) de E
~ ( l <1:\<
telle que el, e,. . ., ezk-1 forment une base de ( p ( ~ ) ) ~ ~ -pour ) k \< r ;
montrer que el, e,, . . ., eZr-3 sont des vecteurs singuliers, et conclure que
D(u) = 1.)
7 10) On suppose que A est un corps, E un espace vectoriel de dimen-
sion finie, Q une forme quadratique dégénérée sur E ; soient XI un sous-
espace supplbmentaire de E0 dans E, B l'algèbre de Clifford (seini-simple)
de la restriction de <) à M.
a) On suppose d'abord A de caractéristique 72. Soient 1, l'algbbre
de Clifford de la restriction de Q à E0 (isomorplie à /1 lY), 31" son radical
(idéal engendré dans 1, par EO, e t de codimension 1 dans 1 , ) ; montrer
que le radical 93 de C(Q) s'obtient ( A une isorriorphie p r k ) en définissant
la structure d'algèbre sur I3@,%, comme dans le cor. 4 du th. 1, que
C(Q)/% est isomorphe à I3 e t C(Q) est somme directe de B e t de 93.
b ) On suppose A de caractéristique 2. Soit F le sous-espace de E0
formé des vecteurs singuliers z E EO, et soit N un supplémentaire de F
par rapport à EO.Si (a,)lGiG, est une base de N, et Q(a,) = ai, les élé-
ments a:l2, dans une clôture algébrique de A, sont linéairement indépen-
dants sur A. Soit ( ~ t ' ~ ) , . , ~une
~ , 2-base du corps A, = A(N:/~,. . . , ail2)sur
A (chap. V, $ 8, exerc. l),et soit h = dim F. Si B, est l'algèbre centrale
simple B@,A,, montrer que C(Q) est isomorphe à l'algèbre B,@,lL,,
où L, est l'algèbre extérieure d'un espace vectoriel de dimension h + d-e
sur A,. Si 3,est le radical de L, (de codimension 1 (sur A,) dans L,),
le radical 3 de C(Q) est isomorphe à l'algèbre B, %,, C(Q)/% est iso-
morphe à B,, et C(Q) est somme directe de B, et de %.
c) Les hypothèses étant celles de b), on suppose en outre que h = 0,
d = 1, e = O (ce qui implique que dim M est pair). Si Q, est la restriction
de Q à M, montrer que C+(Q)est isomorphe à C(Q,).
7 11)a ) Avec les hypothèses e t notations du no 5, montrer que N(G+)
est le sous-groupe de A* engendré par les produits Q(x)Q(y),ou x et y
parcourent l'ensemble des vecteurs non isotropes de E. (Se ramener au
cas A # F2 ; utiliser la prop. 5 et l'exerc. 28 c) du $ 6, ainsi que l'exerc. 9 d)
du 5 9.) Cas où Q est d'indice >/ 1.
b) On suppose en outre que A f F,, que E est de dimension n >/ 2
et que Q est d'indice > O. Montrer que Oi(Q) est le groupe des commuta-
teurs du groupe O(Q). (Se ramener au cas n = 2, en utilisant les exerc.
17 c) e t 28 e) du $ 6.)
c) On conserve les hypothèses de bj, et on suppose en outre que A
est de caractéristique f 2 et que E est de dimension paire. Pour que
i'automorphisme x + - x de E appartienne à Oo+(Q)il faut et il suffit que le
discriminant de Q (par rapport à une base quelconque de E) soit un carré.
7 12) a ) Soit a un élément inversible de A ; montrer qu'il existe un iso-
morphisme e t un seul 0, de C+(Q) sur C+(aQ)tel que

quels que soient x, y dans E (p et p, désignant les applications canoniques


de E dans C(Q) et C(aQ) respectivement). En déduire que si A est un
corps de caractéristique .f 2, E un espace vectoriel de dimension impaire
et Q une forme quadratique non dégénérée, C(Q) et C(aQ) sont isomorphes
(cf. exerc. 7).
b ) On suppose que A soit un corps, E un espace vectoriel de dimen-
sion paire 2r > 0, Q une forme quadratique non dégénérée. Soit u une
similitude relative à Q ; montrer qu'il existe un A-automorphisme et un
<
seul ü de l'algèbre C+(Q)tel que pour 1 h 4r e t xi E E (1 ,< i 2h), -<
on ait
Ü(~lx2.. .2 2 h ) = P - ~ u ( x ~ ) u (- x. -~u(x2h)
)
ou p désigne le multiplicateur de u. Pour que ü soit un automorphisme
intérieur, il faut et il s u a t que u soit une similitude directe ( $ 6, no 5
e t $ 9, exerc. 9 b)). On suppose en outre r >/ 2 ; alors, pour que u soit
l'identité, il faut et il suffit que u soit une homothétie.
Montrer que l'automorphisme ü de C+(Q) est la restriction à C+(Q)
d'un automorphisme intérieur de C(Q).
7 13) On suppose que A soit un corps de caractéristique # 2, E
un espace vectoriel de dimension paire 2r > 0, Q une forme quadratique
h
non dégénérée. On désigne par Eh l'image réciproque de /\ E par l'iso-
morphisme p, de l'exerc. 3 c), de sorte que Eh est le sous-espace de C(Q)
engendré par les produits xlx2. . .xh, où les xi (1 \< i ,< h ) sont deux a
deux orthogonaux.
a) Soient a un élément de A, s un élément de E,. Montrer que, si
( a + s), E A, ou bien s = O, ou bien a = O et s = xy, où x et y sont
deux vecteurs orthogonaux. (Remarquer que si t = p,(a
2
+ s), t A t
appartient nécessairement à A + /\ E, en exprimant s à l'aide d'une
+
base orthogonale de E ; en déduire qu'on a nécessairement t = (3 x A y
avec p E A, x, y dans E , en utilisant le 5 5, no 1, cor. 2 du th. 1).
b) Soient (x, y), (u, v) deux couples de vecteurs orthogonaux non iso-
tropes dans E, P, et Pu, les plans Ax + Ay, Au + Au respectivement.
Pour que l'on ait (.y)(uv) = - (uv)(xy) dans C(Q), il faut et il sufit
que P, + P, soit un sous-espace non isotrope de dimension 3, dans
lequel P, et Pu, sont faiblement orthogonaux ( $ 3, exerc. 11).
c) Soit g un A-automorphisme de C+(Q)transformant E, en lui-même;
montrer qu'il existe une similitude u relative à Q telle que g = ü
(exerc. 12 b)). (Soit (eJIGiG,, une base orthogonale de E ; en utilisant a)
e t b), montrer qu'il existe une base orthogonale (xi) de E telle que
g(e1ei) = xlxt pour 2 \< i \( 2r.)
14) On suppose que A est un corps de caractéristique f 2, E un
espace vectoriel de dimension n sur A, Q et Q, deux formes quadratiques
non dégénérées sur E ; soit  (resp. Al) la classe du discriminant A de
Q (resp. du discriminant A, de QI) par rapport à une base de E, dans le
groupe A*/(A*)2, classe qui ne dépend pas de la base choisie dans E.
On suppose n = 2.
a) Montrer que si ii = Â, et si les algèbres de Clifford C(Q) et C(Q,)
sont isomorphes, Q et Q, sont équivalentes (considérer sur C(Q) la forme
quadratique z -+zz, où z + Z est l'unique antiautornorphisnie involutif
de C(Q) dont l'ensemble des invariants soit le centre de C(Q) (cf. exerc. 6
et chap. VIII, $11, exerc. 5 e)) ; appliquer le th. de Witt).
b) Pour que C(Q) soit isomorphe à l'algèbre de matrices M2(A)
il faut e t il sufit que, pour un x f O au moins dans E, il existe y, z dans
+
E tels que Q(x) Q(y)Q(z) = O ; s'il en est ainsi, cette propriété est vraie
pour tout x # O dans E.
7 15) On garde les notations et hypothèses générales de l'exerc. 14,
mais on suppose n = 3.
a) Montrer que C+(Q) est isomorphe à une algèbre de quaternions
sur A et que est l'antiautomorphisme z -t 2 de cette algèbre dont l'en-
semble des invariants est le centre de C+(Q); si P est le sous-espace de
C+(Q)formé des quaternions purs (c'est-à-dire tels que z = - Z ; chap. VIII,
§ 11, exerc. 6), la restriction à P de la forme quadratique z -t zg est
équivalente à AQ, où h E A. En déduire que, pour que C+(Q)soit un corps,
il faut et il suffit que Q soit d'indice 0.
b) Montrer que si 2\ = 8, et si les algèbres de Clifford C(Q) et C(Q,)
sont isomorphes, Q et QI sont équivalentes. (Considérer d'abord le cas
où - A est un carré dans K, et montrer que dans ce cas C+(Q) et C+(Ql)
sont isomorphes ; raisonner ensuite comme dans l'exerc. 14 a), en utili-
sant a) et l'exerc. 6 du chap. VIII, $ 11. Dans le cas général, utiliser
l'exerc. 12 a)).
c) Montrer que le groupe de Clifford spécial G+ (pour la forme Q) est
identique au groupe des éléments inversibles de Cf(Q). (Si (el, e,, e,) est
une base orthogonale de E, et si j = e,e,e, dans C(Q), remarquer que
x + x j est un isomorphisme d'espace vectoriel de E sur P).
d) Déduire de a) et c) que si Q est d'indice 1, le groupe des rotations
O+(Q)est isomorphe au groupe projectif PGL,(A) (chap. II, 2e éd., App.
III, no 6).
7 16) On garde les hypothèses et notations générales de l'exerc. 14,
mais on suppose n = 4.
a) Donner un exemple où A = Al et où C(Q) et C(Ql) sont iso-
morphes, mais où Q et Q, ne sont pas équivalentes (cf. exerc. 7).
b) Soient (e,),,Gig, une base orthogonale de E pour Q, Q, la restric-
tion de Q à l'hyperplan H = Ae, + +
Ae, Ae,. Montrer que, si Z est le
centre de C+(Q), l'algèbre C+(Q) est isomorphe au produit tensoriel
Z @, C+(Q,). Pour tout z E C+(Q),on a P(z)z E Z ; pour que z appartienne
au groupe de Clifford spécial G+, il faut et il sufit que z soit inversible
et que p(z)z E A. 1. En déduire que le groupe 0;(Q) est isomorphe
au quotient par il, - 1j du groupe des éléments z E Z 63, C+(Q,) tels que
p(z)z = 1.
c ) On suppose que A n'est pas un carré dans A (ce qui implique, en
vertu du th. de Witt, que l'indice de Q est O ou 1).Si Qh est la - forme
quadratique obtenue à partir de Q, par extension à A' = A(\/A) du
corps des scalaires, déduire de b) que Oi(Q) est isomorphe à OG(Qh).
En particulier, si Q est d'indice 1, Oi(Q) est le groupe des commutateurs
de O(Q) et est isomorphe à PSL2(Ar)(cf. exerc. 15 d) et chap. III, § 7,
exerc. 8).
d) On suppose que A est un carré dans A (ce qui implique, en vertu
du th. de Witt, que Q est d'indice O ou 2) et que Q(e,) = 1. Si on pose
+
j = e,e,e,, tout x E E peut s'écrire d'une seule manière x = ae, jz, où
a E A et z est un quaternion pur (exerc. 15 a)) dans IJ = C+(Q,) ; si on
+
pose +(x) = a + z , est un isomorphisme d'espace vectoriel de E sur L.
Soit Z = Ac' + Acrr,où cr et crr sont les deux idempotents orthogonaux
dans Z ; tout élément inversible s E C+(Q) s'écrit d'une seule manière
s = uc' + vcr', où u et v appartiennent à L ; pour que s appartienne au
groupe de Clifford spécial G+, il faut et il sufit que uü = vu, et on a alors
+(sxs-1) = u+(x)v-1 pour tout x E E. En déduire que le quotient de
O;(Q) par son centre (qui est un groupe à 2 éléments, cf. exerc. 11 c)) est
isomorphe au produit O;(Q,) x Oi(Qo); en particulier, si Q est d'indice 2,
ce groupe quotient est isomorphe à PSL,(A) x PSL,(A).
17) Soient K un corps commutatif de caractéristique f 2, A le corps
K(X,,),,, des fractions rationnelles sur K , par rapport à une famille dénom-
brable d'indéterminées (chap. IV, § 3, no 1). Soit E un espace vectoriel
sur A , ayant une base dénombrable (e,),,,, et soit @ une forme bili-
néaire symétrique sur,E, pour laquelle (en) est une base orthogonale et
telle que @(en,en) = X, pour tout n E N . Si on pose Q(x) = @(x,x ) , mon-
trer que l'algèbre de Clifford C(Q) est un corps (cf. chap. VIII, § 12,
exerc. 14).

O . Angles

Dans tout ce paragraphe, A désigne u n corps commutatif de


caractéristique f 2, E u n espace vectoriel d e dimension 2 sur A,
et @ une forme bilinéaire symétrique non dégénérée sur E .

1 . Similitudes directes dans un plan.

Rappelons ( S 6, no 5) qu'une similitude directe de E est u n


automorphisme u de l'espace vectoriel E tel que <D(u(x), u ( y ) )=
(det u ) @ ( x ,y ) quels que soient x, y dans E.

PROPOSITION 1. - Soit A(@)la sous-algèbre de!LA(E)engendrée


pur les similitudes directes de E.
a) Les similitudes directes sont les éléments inversibles de
A(@).L'algèbre A(@)est une algèbre commutative de degré 2 sur A.
Lorsque E ne contient pas de vecteur isotrope #O, A(@)est u n corps,
extension quadratique de A ; dans le cas contraire c'est la composée
directe de deux corps isomorphes à A.
b ) Soit (el, e,) une base orthogonale de E ; posons ai = @(ei,ei)
( i = 1, 2 ) et 8 = - cc,/crl. Alors les matrices des éléments de A(@)
par rapport à cette base sont les matrices de la forme ( y) o ù
~ E A~ ,E A .
c) L'espace E est u n A(@)-module libre monogène, engendré
par n'importe quel vecteur n o n isotrope.
Introduisons en effet une forme bilinéaire alternée auxiliaire
B f O sur E ; alors B est non dégénérée. I l existe donc u n endo-
no 1 ANGLES 161
morphisme w de E tel que @(x, y) = B(w(x), y) quels que soient
x, y dans E. Pour tout endomorphisme inversible u de E , on a

pour que u soit une similitude directe, il faut et il sufit donc que
l'on ait
(det u)B(u-lwu(x), y) = (det u)@(x,y) = (det u)B(w(x), y)
quels que soient x, y dans E ; comme det u # O et que B est non
dégénérée, ceci équivaut à u-,wu = w, ou encore à uw = wu. Prenons
pour B la forme bilinéaire alternée dont la matrice S par rapport

à (el, e,) est ; en notant R et W les matrices de Q et de w


par rapport à cette base, la relation @(x,y) = B(w(x),y) s'écrit,
en vertu de la formule (47) du S 1, no 10, R = ' W .S ; en explici-
tant ceci montre que l'on a W = ( 2). Si (z j)
matrice de u par rapport à (el, e,), la relation uw = wu équivaut
désigne la

donc aux relations ba, = - CU,, aa2 = da,, aa, = da,, c'est-à-dire
a a = d et c = S b ; ceci démontre que les matrices des similitudes
directes sont les matrices inversibles de la forme (i y) (a, 6 dans A).

Or les endomorphismes de E dont les matrices sont de la


fornie (a Sb) (a, b dans A) forment un sous-espace vectoriel de
b a
dimension 2 de !fA(E),engendré par 1 et par l'endomorphisme w ;
coninie w2 est l'homothétie de rapport - ala2, ce sous-espace est la
sous-algèbre A(@)de 'l',(E) engendrée par les similitudes directes.
Les similitudes directes sont les éléments inversibles de A(@),
c'est-à-dire ceux dont les matrices vérifient a2 - Sb2f O. Le fait
que l'algèbre A(@) est commutative est évident. Appliquons-lui
les résultats d u cliap. II, 3 7, no 7 : si 6 n'est pas un carré dans A,
c'est-à-dire si aucun vecteur non nul de E n'est isotrope, A(@)
est un corps ; si, au contraire, 8 est un carré dans A, c'est-à-dire
si E contient des vecteurs isotropes 7 O, A(@)est composée directe
de deux corps isomorphes a A. Ceci démontre a ) et 6).
Enfin tout vecteur non isotrope de E peut être pris comme
Llourbaki XXIV. 11
premier vecteur el d'une base orthogonale (el, e,) ( § 6, no 1) ; donc
ses transformés u(e,) par les éléments u de A(@) sont les vecteurs
de la forme ae, + be, (a, b dans A), c'est-à-dire tous les vecteurs de
E , puisque toutes les matrices (1 y) sont des matrices d'éléments
de A(@).Autrement dit E est un A(@)-modulemonogène, engendré
par n'importe quel vecteur non isotrope. On voit de plus que c'est
un A(@)-module monogène libre, puisque u(e,) = ae, +
be, = O
entraîne a = b = O, donc u = O. Ceci démontre c).

Remarques. - 1) Soit v la similitude de matrice


(i O) par
rapport à (el, e,) ; la similitude w introduite dans la démonstration
de la prop. 1 est égale à - a,v ; on a v2 = S. Le multiplicateur de la
similitude directe u = a + bv (a, b dans A) est égal a u déterminant
de sa matrice (b y), c'est-à-dire à aZ- Sb2 = ( a + bv)(a - bv) =

u . ü , en désignant par ü le conjugué de u dans l'algèbre A(@)


(chap. I I , § 7, no 7) ; autrement dit le multiplicateur de u est la
norme N(u) de u dans l'algèbre A(@) (ibid.). E n particulier, pour
qu'une similitude directe u soit une rotation, il faut et il suffit
que N(u) = 1 ; pour que u soit une homothétie, il faut et il s u f i t
que u E A*.
2) Les similitudes directes u = a +bv (a, b dans A, b # O)
dont le carré est une homothétie sont les homothéties et les niul-
tiples scalaires bv de v, puisque ( a +
b ~ =) (a2
~ + +
Sb2) 2abv.
Ces derniers ne sont autres que les automorphismes de l'espace
vectoriel E qui transforment tout vecteur en un vecteur orthogonal ;
en effet la matrice d'un tel automorphisme est nécessairement de la
O c
forme ( d O ) (c, d dans A), et la condition de transformer le vecteur
Ae, + Fe, en un vecteur orthogonal s'écrit alors hp(da, + cal) = 0.
3) On vérifie aisément que, pour x, y dans E et u E A(@),on a
@(u(x),y) =: @(x, Z(y)). Ainsi l'endomorphisme adjoint d'une
similitude directe u est l a similitude directe Ü conjuguée de u
dans A(@).
4) Comme toute similitude inverse de E est le produit d'une
similitude directe et de la symétrie par rapport à Ae,, les matrices
no 1 ANGLES 163
des similitudes inverses par rapport à (el, e,) sont les matrices de la
forme (a
b
-
-a
'4).
Nous désignerons désormais par S le groupe des similitudes
de E, par S+ celui des similitudes directes, par H celui des homo-
théties # O, e t par O+ celui des rotations. Rappelons que l'on a
H c S'(S6, n 0 5 ) .

COROLLAIRE 1. - Le groupe S+ des similitudes directes est


cornmutatif. Quels que soient les vecteurs non isotropes x, y de E, il
existe une similitude directe u et une seule telle que y = u(x).
L a première assertion résulte d u fait que l'algèbre A(@) est
commutative. Comme E est un A(@)-module libre monogène
engendré par x (resp. y), il existe un élément u (resp. u') de A(@)
e t u n seul tel que y = u(x) (resp. x = u'(y)) ; d'où x = u(ul(x)),
e t uu' est l'identité ; ceci montre que u est inversible, e t est donc
une similitude directe.

COROLLAIRE 2. - Le groupe O+ des rotations est commutatif.


Quels que soient les vecteurs x, y de E tels que @(z,x) = @(y,y) # O,
il existe une rotation u et une seule telle que y = u(x).
L a première assertion résulte d u cor. 1. Celui-ci montre aussi
qu'il existe une similitude directe u et une seule telle que y = u(x) ;
comme @(u(x),u(x)) = @(x,x), le multiplicateur de u est égal à 1,
e t u est donc une rotation.

COROLLAIRE 3. - Le groupe S+/H est commutatif. I l opère


sur l'ensemble des droites non isotropes de E. Quelles que soient les
droites non isotropes D, D r de E, il existe un élément cp et un seul
de S+/H tel que D' = <p(D).
Ceci résulte d u cor. 1 e t d u fait que H laisse globalement
invariante toute droite de E.

PROPOSITION 2. - Le noyau de I'homomorphisme canonique


de O+ dans S+/H est 1 1, - 1 1.
E n effet 1 e t - 1 sont les seuls éléments de H n O+.
PROPOSITION 3. - L'homomorphisme u + u/Ü = u2/N(u)de S+
dans lui-même admet H pour noyau, et définit, par passage a u quo-
tient, un isomorphisme de S+/H sur O+.
E n effet la relation u/Ü = 1 équivaut à u = ü, c'est-à-dire à
u E A* = H ; donc H est le noyau de u -t u/Ü. Comme N(u/Ü) = 1,
u/ü est ime rotation (Remarque 1).Il reste à montrer que tout élé-
+
ment v de O+ est de la forme u/Ü ( u E S+). Si 1 v est inversible,
+
on peut prendre u = 1 v, car la relation N(v) = vo = 1implique
+ +
1 v = v(1 i).Sinon, l'on a N ( l + +
v) = (1 v)(l +
i)= 0,
c'est-à-dire, en posant v = a + bw ( a E A, b e A, w2 = 8 E A),
2(1 + a ) = O, d'où a = - 1 ; or les relations a = - 1 et N(v) =
a2 - Sb2 = 1 entraînent b = O, d'où v = - 1 ; comme w = - w, il
sufit, dans ce cas, d e prendre u = W.

Lorsque A(@) est un corps, la prop. 3 est un cas particulier du


théorème de Hilbert (chap. V, $ 11, no 5, th. 3).

COROLLAIRE.- Notom i : O+ -+ S+/H et d : S+/H + O + les


homomorphismes définis dans les prop. 2 et 3, et écrivons additive-
ment les groupes abéliens O+ et S+/H ; on ad(i(8)) = 28 pour 8 E O+
et i(d(cp)) = 2cp pour cp E S+/H.
E n effet, si ? est une rotation, on a ? = v-l, d'où d(i(v)) =
v/F = v2. D'autre part, si cp E S+/H, cp est la classe mod. H d'une
similitude directe u, et d(cp) = u/Ü = u2/N(u) est congru à u2
mod. H ; d'où la seconde formule.

2. Trigonométrie plane.
Nous ferons choix, dans ce no. d'un générateur w de l'algèbre
A(@) tel que w2 E A. Un tel générateur est déterminé à une homo-
thétie près (no 1, Remarque 2), donc l'élément w2 de A, que nous
noterons 8, est déterminé modulo le sous-groupe multiplicatif
(A*)2des carrés d'éléments non nuls de A.

Remarque. - Lorsque - 1 appartient à la classe mod. (A*)2 en


question, on choisit en général w de telle sorte que w2 = - 1, ce
qui le détermine au signe près. Lorsque cette classe contient 1
mais non - 1, on choisit en général w de telle sorte que w2 = 1,
ce qui le détermine encore au signe près.
no 2 ANGLES 165
Ceci étant, t o u t élément v de S+ s'écrit, d'une façon et d'une
seule, sous la forme

où c,(v), s,(v) appartiennent à A ; l'élément s,(v)/c,(v) du corps


projectif A (chap. I I , 2 e éd., App. I I I , no 5) est noté t,(v) ; il ne
dépend que de la classe de v mod. H ; ainsi t, définit, par passage
a u quotient, une application de S+/H dans le corps projectif A,
que nous noterons encore t, par abus de langage. Nous écrirons
souvent c, s et t a u lieu de c,, s, et t,. On a c-, = c,, s-, = - s,
e t t-, = - t,.

PROPOSITION 4. - a ) Lorsque w2 = S n'est pas a n carré dans A


(c'est-à-dire lorsque E ne contient pas de droite isotrope), l'applica-
A
tion t de S+/H dans est une bijection.
b) Lorsque S est le carré d'un élément y de A, I'application t
A
est une bijection de S+/H sur privé des éléments l / y el - l/y.
c) E n notant S+/H additivement, on a, pour y, y' dans S+/H

+
lorsque t(y) et t(<p')sont finis et que 1 t(rp)t(yl)est # O.
E n effet, comme S+/H est un ensemble de droitcs (privées
de O) de A(@)considéré comme plan vectoriel sur A, t est injective.
D'autre part, pour qu'un élément a + Dw ( a E A, b E A) de A(@)
soit une similitude directe, il faut et il s u f i t qu'il soit inrersible,
c'est-à-dire que l'on ait N(a + bw) = a2 - 80" ;fO, ou encore
(b/a)2f 118 ; ceci démontre les assertions d e siirjectivité dans a )
+
et 6). Enfin le produit des similitudes 1 t(y)cv ct 1 f t(rgl)rv
est la similitude 1 + + +
St(rp)t(rpr) (t(y) t(yl))w, cc qui di'-
montre c).

N Notons 0' additivemerlt. Pour tout conp/e


P R O P O S I T ~5.O-
d'éléments 0, O' de O+ on a
L a relation (3) exprime e n effet q u e N(c(0) s(0)w) = 1. +
P o u r (4) e t (5) il suffit d e calculer, d a n s A(@),le produit des r o t a -
tions c(0) + +
s(8)w e t c(0') s(0')w.

PROPOSITION6 . - Soit d l'isomorphisme de S+/H sur O+


défini dans la prop. 3. Pour tout élément cp de S+/H tel que t = i ( y )
soit fini, o n a

En effet cp e s t l a classe mod. H d e la similitude 1 + t w , et la ro-


t a t i o n d(cp) est d o n c ( 1 f t ~ ) ~ / N+
( 1t w ) = ( 1 + 8t2 + 2 t w ) / ( l-8t2)
(prop. 3), ce q u i d é m o n t r e ( 6 ) .

- Pour tout élément 0 de O+ tel que t ( 9 ) soit


COROLLAIRE.
fini, o n a

Pour tout élément cp de S+/H tel que t(cp)soit fini et 1 + 8t(cp)% O, on n

En effet ceci résulte aussitôt d e la prop. 6 e t d u cor. d e la

Remarque. - Les formules (6) restent vraies pour t = cc à


condition de remplacer les fonctions rationnelles qui figurent au
second membre par leurs prolongements canoniqiies :III corps
projectif A (chap. II, 2e éd., App. I I I , no 5) ; en effet, si t = cc ,
cp est la classe de w , et on a d(cp) = - 1, s(d(cp))= O e t c(d(cp))= - 1 ;
ce sont bien là les valeurs prises par les prolongements canoniqnes
des seconds membres pour t = CO. Il en est de même pour ( 7 )lorsqiic
t(0) = co , et pour (8) lorsque t ( 9 ) = co oii que 1 S t ( q ~=+ ) ~0.
De même la formule ( 2 ) reste vraie lorsqu'un seul des d h n e n t s
t(cp),t(cpl),t(cp)par exemple, est infini, à condition de considiw'r son
second membre comme une fonction rationnelle de t(cp)sculwicnt :
+
en effet le produit des similitiides 1 t(cpl)wc t i r * est St(rpl) t i , -+
tandis que la valeur prise par le prolongement canoniqnc di1
second membre de (2) est l/8t(<p1). Rnfin, lorsqiic r ( c p ) et t(cpl) sont
finis et que l'on a 1 + +
8t(cp)t(cp1)= O, on a t(cp) t(cpl)-- O (sinon
t ( ~serait
) ~ égal à 118, cc qui est impossible (prop. (O) ; on peut
donc convenir que la valeur du second menibrc de ( 2 ) cst a ,et
cette valeur est bien celle du premier membre. 1,orsqiie t(cp) ct
t(cpl) sont tous deux infinis, le second niembrc de ( 2 ) n'est pas
défini.
no 3 ANGLES 167

3. Angles.
Nous supposerons, dans ce no et le suivant, que A est un corps
ordonné, donc de caractéristique nulle. Rappelons (Rectifications
a u chap. VI) que, si F est un espace vectoriel sur A, la relation il
((

existe A > O tel que y = Ax 1) est une relation d'équivalence entre


-
éléments x, y de F 1 O 1, que toute classe d'équivalence pour cette
relation s'appelle une demi-droite ouverte d'origine 0, et que la
réunion d'une demi-droite ouverte et de ( 0 1 s'appelle une demi-
droite fermée (ou simplement demi-droite) d'origine 0 ; si D est une
droite et A une demi-droite fermée contenue dans D, D est réunion
de A et de - A, et ne contient pas d'autre demi-droite fermée.
Nous dirons qu'une demi-droite est isotrope si la droite qui la con-
tient est isotrope.
Rappelons aussi (ibid.) que, étant donné un espace vectoriel
de dimension finie n sur A, une orientation sur F est la donnée
n
d'une des deux demi-droites de l'espace A F ; les n-vecteurs
appartenant à cette demi-droite sont dits positifs. Un espace vec-
toriel de dimension finie muni d'une orientation est dit orienté.

Les homothéties de E dont le rapport est > O forment évi-


demment un sous-groupe d'indice 2 de H ; nous le noterons H+.
L7homomorphisme canonique i : O+ + S+/H (cf. prop. 2) est le
composé des homomorphismes canoniques de S+/H+ sur S+/H
i
e t de O+ dans S+/H+;comme O+n H+ = 1 1, ce dernier homomor-
phisme est injectif.

PROPOSITION 7. - Supposons que A soit un corps ordonné


maximal et que @ soit une forme positive ( § 7). Alors les homomor-
1
phismes canoniques de O+ dans S+/H+et de O+/! 1, - 1 dans S+/H
sont bijectifs, et S+est isomorphe à O+ x H'.
Nous avons déjà v u que les homomorphismes en question sont
injectifs, et il s u f i t de montrer que le premier est surjectif. Soit
(el, e,) une base orthonormale de E, et soit w la similitude directe
telle que w(e,) = e, (cor. 1 de la prop. 1, no 1) ; on a alors w2 = - 1
(prop. 1, 6)). É t a n t donnée une similitude directe quelconque
u =a + +
bw ( a E A, b E A), on a N(u) = a2 b2 > O, et il existe
une rotation et une seule contenue dans la même demi-droite de
+
A(@)que u, à savoir (a2 b2)lI2U. CQFD.

COROLLAIRE. - Etant données deux demi-droites D, D' d'ori-


gine O, il existe une rotation v et une seule telle que v(D) = D'.
Les hypothèses impliquent en effet que E ne contient point
de droites isotropes. Notre assertion résulte alors du cor. 1 de la
prop. 1 (no 1).

Nous supposerons désormais que A est un corps ordonné


maximal, et que la forme @ est positive. Dans l'ensemble des
couples (Dl, D,) de droites (resp. demi-droites d'origine 0) de E,
la relation il existe une similitude directe (resp. une rotation) u
((

telle que u(Dl) = Di et u(D2) = Dk D est une relation d'équivalence


entre les couples (Dl, D,) et (Di, Dk). La classe d'équivalence d u
couple (Dl, D,) s'appelle, par définition l'angle des droites (resp.
a
demi-droites) Dl, D, (prises dans cet ordre) ; on le note (Dl ,D2).

PROPOSITION 8. - On suppose que A est un corps ordonné


maximal, et que la forme @ est positive. Soient Dl, D2, Di, DL quatre
droites (resp. demi-droites) d'origine O de E. Pour que les angles
A 0
(D,, D,) et (Di, Di) soient égaux, il faut et il sufit que les angles
A- A
(Dl, Di) et (D,, D;) soient égaux.
Démontrons la nécessité de la condition énoncée. Soit u une
similitude directe (resp. une rotation) telle que u(Dl) = Di et
u(D,) = DS. Il existe, d'après le cor. 3 de la prop. 1, une similitude
directe (resp. d'après le cor. de la prop. 7, une rotation) v telle que
v(Dl) = D,. Comme le groupe S+ (resp. 0') est commutatif, on a
DS
A
= u(v(D,)) - v(u(D,)) =
-
v(Di), et ceci montre que (Dl, Di) =

(D,, Dk). La sufisance se déduit de la nécessité en échangeant D2


e t Dl.
a
Il résulte de la prop. 8 que, à tout angle (Dl, D,) de droites
(resp. demi-droites) d'origine O dc E, est canoniquement associé
un élément bien déterminé de S+/H (resp. O+), a savoir la classe
no 3 ANGLES 169
mod. H des similitudes directes v (resp. la rotation v) telles que
u(Dl) = D, pour n'importe quel représentant (Dl, D,) de l'angle
,
\

(Dl, D,). On a ainsi défini une bijection canonique h (resp. h') de


l'ensemble SI, des angles de droites (resp. % des angles de demi-
droites) sur S+/H (resp. O+); en particulier, pour t o u t <p E %, on dit
que h(cp) est la rotation d'angle <p. Nous transporterons à %,, et 3,
a u moyen de h-l et de hr-l, les structures de groupes commutatifs
de S+/H et de O+, et nous noterons additivement les groupes et
% ainsi obtenus. Si l'on désigne par D, Dr, D" des droites (resp.
demi-droites) d'origine O de E , on a par définition

(9)
A
(D, D") =
A
(D, Dr) + (D', D")
A
(relation de Chasles) ;

on en déduit
A A /.
(D, Dr) = - (Dr, D).
(10) (D, D) = O,

Remarques. - 1) L'ensemble L des droites (resp. demi-


droites) d'origine O de E est un espace homogène du groupe
abélien S+/H (resp. O+) tel que l'élément neutre soit le seul opé-
rateur laissant invariants tous les éléments de L. On peut donc
appliquer à L les formules d u chap. I I , 2e éd., App. I I , no 1 ;
la prop. 8 est ainsi un cas particulier de la règle d u parallélo-
((

gramme D, et les formules (9) e t (10) des cas particuliers des for-
mules (2) (ibid.).
2) Dans la définition d u groupe des angles de droites, on peut,
au lieu du groupe S+/H, utiliser le groupe O+/\- 1, II qui lui est
canoniquement isomorphe (prop. 7). L'homomorphisme Cano-
nique de O+ sur 01 !
' 1 - 1, 1 correspond ainsi à un homomorphisme
de % sur %,,, à savoir celui qui, a l'angle des deux demi-droites
A, Ar, fait correspondre l'angle des droites D, D' contenant res-
pectivement A, A'. *Dans le cas où le corps A est le corps des
nombres réels, le groupe % est ainsi un revêtement d'ordre 2 du
groupe go.,

-
D'après la prop. 8, tous les angles de droites (resp. demi-
droites) de la forme (D', D") où Dr e t D" sont orthogonales (resp.
0
de la forme ( D l - D)) sont égaux : ceci résulte en effet de la Re-
marque 2 du no 1 (resp. est évident). Cet angle de droites (resp.
de demi-droites) s'appelle l'angle droit (resp. l'angle plat) ; c'est
un élément d'ordre 2 de SI, (resp. de %).

PROPOSITION 9. - On suppose que le corps A est ordonné maxi-


mal, et que @ est une forme positive. Pour tout entier n > 1, le nombre
des éléments O du groupe 'II,des angles de droites (resp. % des angles
de demi-droites) tels que ne = O est égal à n.
Comme 910, S+/H,% e t O' sont isomorphes (prop. 3), il s u f i t de
faire la démonstration pour O+, c'est-à-dire montrer qu'il y a exac-
tement n rotations v telles que vn = 1. Or, comme A est un corps
ordonné maximal et que A(@) est un surcorps de degré 2 dc A
(prop. 1a)), A(@)est un corps algébriquement clos (chap. VI, $ 2,
no 6, th. 3). Donc les racines n-ièmes de l'unité dans A(@)forment
un groupe cyclique d'ordre n (chap. V, § 11, no 1, th. 1). Comme
on a N(u) = uü >/ O pour tout u E A(@), la relation un = 1 en-
traîne que l'on a N(u) = 1, donc que u est une rotation (no 1,
Remarque 1). Ceci démontre notre assertion.

COROLLAIRE. - Eangle droit (resp. plat) est le seul élément


d'ordre 2 du groupe 2& (resp. a).

Nous supposerons enfin que le plan E est orienté.

Lemme 1. - Soit u une similitude directe de E ; tous les bivec-


teurs de la forme x A u(x) appartiennent à la même demi-droite
2
fermée de A E.
Le cas où u est une homothétie est trivial. Dans le cas con-
traire on a x A u(x) # O pour tout x # O ; soient x, y deux vec-
teurs de E (x # O, y # O) ; il existe v E SCtel que y = v(x), d'où
y A u(y) = v(x) A uv(x) = v(x) A v(u(x)) = (det v) (x A u(x)) ; en
prenant une base orthonormale de El on voit que det v est positif
(prop. 1 b)) ; d'où notre assertion.

Ceci étant, parmi les deux générateurs w de A(@) tels que


wa= - 1, il en existe un et un seul tel que le bivecteur x A ~ ( x soit
)
no 3 ANGLES 171
positif pour tout X E E. C'est ce générateur que nous choisirons
pour définir les fonctions c,, s, et t, (no 2). Soient h et h' les
bijections canoniques ci-dessus définies du groupe 'U, des angles
de droites sur S+/H et du groupe 2l des angles de demi-droites sur
O+. Les applications composées t,o h de 'U, dans le corps projec-
tifA, c, h' et s,o h' de SI dans le corps A se notent respective-
0

ment tg, cos et sin, et s'appellent les fonctions tangente, cosinus


et sinus. L'application cp $ I l t g cp de 2& dans A
se note cotg et
s'appelle la fonction cotangènte. On dit que les fonctions cosinus,
sinus, tangente et cotangente sont les fonctions trigonométriques.
Les applications composées t g o p et cotg0 p, où p désigne l'homo-
morphisme canonique de SI sur 210 (Remarque 2 ci-dessus) se
notent encore t g et cotg par abus de langage.
Les formules (2), (€9, (3), (4), (5) et (7) du no 2 donnent,
puisqu'on a ici 6 = - 1

pour y, cp' dans '$Io ;

(13) cos2 8 + sin2 8 = 1


(14) cos (8 + O f ) = cos 8 cos 8' - sin 8 sin 8'
(15) sin (8 + 8') = sin 8 cos O' + cos 0 sin 8'
j sin (28) = 2 t g 8/(1 + tg2 O),
(16)
( COS (28) = (1- t g q ) / ( i + tg")
pour 8,0' dans 2l. D'autre part on a, par définition ou comme consé-
quence facile des formules précédentes :

(17) tg 8 = sin O/cos 8, cotg 8 = cos B/sin 8


(18) 1 + tg2 8 = l/cos2 8, 1 + cotg2 O = l/sin2 O
pour 8 E 2.
É t a n t donnés deux vecteurs non nuls x, y de E, on appelle
A

angle de ces deux vecteurs (pris dans cet ordre), et on n o t ~( r , y),


l'angle des demi-droites auxquelles ils appartiennent. Pour tout
vecteur x de E on appelle longueur de x, et 011 note 1 .ç 1, l'élément
@(x,x)'" de A.
PROPOSITION 10. - On suppose que le corps A est ordonné
maximal, que le plan E est orienté, et que la forme @ est positive.
Pour tout couple de vecteurs non nuls x, y de E on a

où e désigne le bivecteur positif tel que @(@(e,e) = 1.


E n effet, comme les vecteurs x' = x/l x 1 e t y' = y// y 1
sont tous deux de longueur 1, il existe une rotation v et une seule
+
telle que v(xr)= y' (no 1, cor. 2 de la prop. 1). Si l'on pose v = a
A e
bw
(a, b dans A), on a par définition a = cos (x, y) et b = sin (x, y). La
relation y' = v(x') = ax' +bw(xr)donne @ ( s r y')
, = a@(xr,x') = a
puisque x' et w(x') sont orthogonaux (Remarque 2 d u no 1); ceci
démontre (19). D'autre part cette relation donne aussi x' A y' =
Oz' A w(xf) = b.e d'après la définition de l'extension de
2

@h /1E ( § 1, no 9, formule (37)) et le choix de w; ceci démontre (20).


Remarques. - 3) É t a n t données deux droites (resp. demi-

-
droites) D, D' d'un plan afine L attaché à E , on appelle angle de
D et D r , et on note (D, Dr),l'angle que font leurs directions dans E
(resp. les demi-droites d'origine O de E correspondant a D et Dr)
(chap. I I , 2e éd., App. I I , no 1 et no 3).
4) Soient F un espace vectoriel de dimension quelconque sur
le corps ordonné maximal A, et Y une forme bilinéaire symétrique
positive non dégénérée sur F . É t a n t donnés deux vecteurs x, y
linéairement indépendants de F , soit F' le plan vectoriel qu'ils
engendrent ; on appelle angle de x et y l'angle de x e t y consi-
dérés comme éléments d u plan Fr ; on le note (x, y). Le cosinus
de cet angle est, en vertu de (19), donné par
A

(21) cos (x, Y) = w x , y)ll x 1 . l Y l


(où 1 x / = Y(x, x)lI2 est encore appelé la longueur d u vecteur x),
et est donc indépendant de l'orienta~ionchoisie sur F ' ; le sinus et la
.A.

tangente de (x, y) changent de signe si l'on change l'orientation d e


F'. É t a n t donnés deux vecteurs non nuls et proportionnels x, y
A
de F, on pose (x, y) = O par convcntiori.
no 4 ANGLES 173

4. Secteurs angulaires.

Nous supposerons d'abord, sans autre hypothèse, que E est un


plan orienté sur le corps ordonné A. On dira que trois demi-droites
Do, Dl, D, (d'origine O) de E forment une suite directe si, pour
xi E Di, xi f O ( i = 0, 1, 2), deux a u moins des bivecteurs xo A x,,
xl A x,, x, A xo sont > 0 ; dans ce cas les suites Dl, D,, Do et
D,, Do, D, sont aussi directes. Il est clair que trois demi-droites
formant une suite directe sont distinctes. É t a n t données deux
demi-droites Dl, D, de E , on appelle secteur angulaire ouvert
(resp. fermé) d'origine Dl et d'extrémité D,, l'ensemble (ou, par
abus de langage, la réunion) des demi-droites D telles que la suite
Dl, D, D, soit directe (resp. telles que D = Dl ou D = D, ou que
la suite Dl, D, D, soit directe).

PROPOSITION 11. - Soient E un plan orienté sur un corps


ordonné A, Do une demi-droite de E , et G l'ensemble des demi-
droites de E distinctes de Do. L a relation
« Dl = D,, ou la suite Do, Dl, D, est directe ))

entre éléments Dl, D, de G est une relation d'ordre total dans G.


E n effet les axiomes des relations d'ordre total se vérifient
trivialement, à l'exception de la transitivité. Soient Dl, D,, D3
trois demi-droites telles que les suites, Do, Dl, D, et Do, D,. D,
soient directes ; nous allons montrer que la suite Do, Dl, D, est
directe. Pour cela prenons un vecteur xi # O dans Di ( i = 0 , 1 , 2 , 3 ) ,
choisissons un bivecteur e > O et posons xi A xi = use (aiE A).
E n écrivant e = xoA y (y E E ) , et en prenant (xo, y) pour base de
E , on vérifie aisément la relation

Ceci étant, si a,, <O, on a a,, > O et a,, > O (puisque la première
suite est directe), puis > O et a,, > O (puisque a,, < O et que la
seconde suite est directe), d'où al,> O (en vertu de (22)); donc la
suite (Do, Dl, D,) est directe dans ce cas. Supposons désormais
hl > O. Si a,, <O, on a a,, > O et a,,> O (puisque la seconde suite
est directe), puis al, > O (puisque ho<O et que la première suite est
directe), d'où a,,>O (d'après (22)), et la suite (Do, Dl, D,) est
directe. Enfin il en est évidemment de même si a,, > O et a,, > O.
CQFD.

COROLLAIRE. - Soient Dl et D, deux demi-droites distinctes de


E. Pour toute demi-droite Do de E telle que la suite Do, Dl, D, soit
directe, I'ensemble des demi-droites D de E telles que Dl < D < D,
(pour la relation d'ordre total définie par Do) est égal a u secteur
angulaire ouvert d'origine Dl et d'extrémité D,.
E n effet, étant donnée une demi-droite D,, il s'agit de montrer
que les relations « la suite Dl, D,, D, est directe » et <t les suites
Do, Dl, D, et Do, D,, D2 sont directes )) sont équivalentes. Pour
abréger notons (ijk) la relation G la suite (Di, Di, Dk) est directe ».
D'après la prop. 11, la conjonction de (132) et (120) entraîne
(130) ; de même la conjonction de (201) e t de (213) entraîne (203) ;
d'où la moitié de notre assertion. Réciproquement supposons
(012), (013) et (032) ; comme la conjonction de (312) et (320) en-
traîne (310) (prop. I I ) , et que (310) et (013) sont incompatibles,
(312) est fausse ; ceci démontre (132) et achève la démonstration.

E n vertu d u corollaire qui précède, le secteur angulaire ouvert


(resp. fermé) d'origine D, et d'extrémité I), est noté )Dl, D,(
(resp. (D,, D,)), étant entendu qu'il s'agit d'intervalles pour la
structure d'ordre définie par n'importe quelle demi-droite Do telle
que la suite Do, Dl, D, soit directe.

PROPOSITION12. - Soient A un corps ordonné maximal, E


un plan orienté s u r A, Do une demi-droite de E et G l'ensemble des
demi-droites de E distinctes de Do. Les ensembles totalement ordonnés
A et G (prop. 11) sont isomorphes.
Soit, en effet, (x, y) une base de E telle que x E - Do et le bivec-
teur x A y soit > O. A t o u t élément t de A faisons correspondre la
demi-droite f(t) a laquelle appartient le vecteur (1 - t2)x 2ty. +
Il est clair que f(A) c G. Montrons que f est strictement croissante.
E n effet, pour que la suite Do, f(t), f(tl) (2, t1 dans A) soit directe,
il faut e t il suffit, par définition, que deux au moins des éléments
no 4 ANGLES 175
soient >O. O r le second e s t égal à 2(t1 - t) (1 + tt'). Donc, si t < t',
o n a , soit tt' >/ O, d o n c t' > O o u - t > O, soit tt' < O, donc - t >O
e t t ' > O ; e n t o u s cas Do, f(t), f ( t l ) e s t directe. Comme A est t o t a -
l e m e n t ordonné, f e s t un isomorphisme d e A s u r l'ensemble
ordonné /(A) (Ens, chap. I I I , $ 1, no 14, prop. 13).
I l reste à m o n t r e r q u e f est surjective. P o u r cela considérons

-
l a forme positive @ s u r E telle q u e (x, y) soit u n e base orthonor-
male p o u r @. P o u r t o u t e demi-droite D E G, il existe u n angle rp
A
e t un seul t e l q u e 2 9 = (- Do, D) (no 1, prop. 3) ; c o m m e (- Do, D)
n'est p a s l'angle plat, rp n'est p a s l'angle droit, e t t g cp e s t donc
fini. Alors, e n v e r t u d e s formules (16) (no 3), o n a D = f ( t g cp).
Ceci termine l a démonstration.

Exercices. - 1) Avec les notations du no 1, on pose Q(x) = @(x,x) ;


l'espace vectoriel E s'identifie canoniquement à C-(Q) ( $ 9, no 1). Pour
tout z E Cc(Q), e t tout x E E , on a zx E E ; montrer que x -t rx est un
élément de A(@), e t que z -t s, est un isomorphisme de C+(Q) sur l'al-
gèbre A(@).
2) Les hypothèses e t notations sont celles du no 1 e t de l'exerc. 1.
a) Soit C l'ensemble des x E E tels que @(x,x) = 1 («cercleunité »), et
soit 9 l'ensemble des droites D dont l'intersection avec C n'est pas vide
(et par suite formée de deux éléments opposés de E). On appelle drolte
pointée tout couple A = (D, z) formé d'une droite D E 3 e t d'un des
points z E D n C. Montrer que si A, = (Dl, r,), A, = (D,, 2,) sont deux
droites pointées, il existe une rotation u e t une seule telle que u(z,) = r,
(et par suite u(D,) = D,), ce qu'on exprime en écrivant u(A,) = A,.
Dans l'ensemble des couples (A,, A,) de droites pointées, la relation a il
existe une rotation u telle que u(A,) = A; et u(A,) = A; » est une relation
d'équivalence. L'ensemble a,des classes d'équivalence de droites poin-
tées suivant cette relation est appelé l'ensemble des angles de dro~tes
pointées, et la classe d'équivalence à laquelle appartient un couple (A,, A,)
A

/- --.
de droites pointées est appelée l'angle de ce couple et notée (A,, A,) ; la
A y

-
relation (A,, A,) = (Ai, A;) est équivalente à (A,, A;) = (A,, A;) et la ro-
tation qui transforme A, en A, est dite rotal~ond'ungle O = (A,, A,) et
notée hl@) ; hl est une bijection de 3,sur O+ e t on transporte à 2, au
moyen de hi1 la structure de groupe commutatif de O+, en notant addi-
tivement le groupe <II, ainsi défini ; on appelle encore angle plat dans 91,
l'angle du couple formé d'une droite pointée (D, :) et de la droitc pointée
« opposée » (D, - z ) , qui correspond à la rotation x -+- x.
b) Dans l'ensemble B o > 9des droites non isotropes, on définit conime
au no 3 la notion d'angle de droites, le groupe 2, (en utilisant le cor. 3 de
la prop. 1 du no l),l'angle droit dans 96, e t la bijection canonique h de
qosur S+/H.Avec les notations du cor. de la prop. 3, on pose d = hi1 0 d 0 h
e t i = h-l 0 i 0 hl, de sorte que i est un homomorphisme de 2, dans 'U, et d
un homomorphisme de %, dans %, ; d est bijectif, et le noyau de est
formé de'O e t de l'angle plat ; en outre on a d(i(8)) = 28 pour 0 E '11, et
qd((p))= 29 pour (p E go.Pour que soit surjectif (autrement dit, pour
que 9 soit l'ensemble de toutes les droites non isotropes), il faut e t il sufit
que le corps -4 soit pythagoricien (chap. VI, § 2, exerc. 8 d)) et qu'il existe
une base orthonormale pour @ ; il revient au même de dire que @(x,x)
est un carré pour tout x E E.
3) Les hypoth6ses et notations sont celles de l'exerc. 2 .
a ) Soit s une symétrie par rapport a une droite non isotrope D
( $ 6 , no 4). Pour toute droite pointée Al = (Dl, z,), soit

- A
e t soit (p = (Dl, D) ; montrer que l'on a (A,, A,) = d((p).
b) Montrer que toute transformation orthogonale de déterminant - 1
est une symétrie s par rapport à une droite non isotrope (cf. § 6, exerc. 15
e)) ;pour toute rotation u, on a sus-, = u-l.
c ) Si x, y sont deux points quelconques de E tels que @(x, x) =
@(y, y) f O, il existe une symétrie et une seule par rapport a une droite
non isotrope, qui transforme x en y.
d) Soient s, s' les symétries par rapport à deux droites non isotropes
A
D, D', e t soit 9 = (D, D') ; pour que s's soit une rotation d'angle 0, il faut
e t il sufit que l((p) = 8.
e) Montrer que le groupe des commutateurs du groupe orthogonal
O(Q) est l'image de 3, par l'homomorphisme 8 + h1(28) ( § 6, exerc. 17 a)) ;
pour que cette image soit égale a O+, il faut et il sufit que l'homomor-
phisme t soit surjectif (exerc. 2 b)).
4) Les hypothèses e t notations sont celles de l'exerc. 2. Soient a, b
deux points du cercle C, A,, Ab les droites pointées passant par a et b
,
y.

(et par 0) respectivement, e t soit 8 = (A,, Ab). Pour tout x E E, distinct


de a e t b, soit Dm (resp. D z b ) la droite afine passant par a e t x (resp. b e t x),
e t soit DL, (resp. DLb) la direction de D, (resp. Dxb) ; montrer que pour
P
que x E C ( 5 distinct de a e t b), il faut e t il sufit que l'angle <p = (Dm, Dh)
soit tel que &9) = 0 (utiliser l'exerc. 3). Comment se modifie ce résultat
lorsque x = a ou x = b (cf. 5 6, exerc. 25 a)) ?
5) Avec les notations des nos 1 et 2 e t de l'exerc. 2, on suppose que
@ est d'indice 1, autrement dit que S est un carré y2 dans A ; on designe
par Dl, D, les droites isotropes de E, contenant respectivement les vec-
11
1
1
teurs el - ;e,
1
e t el + ;e,.
a) Montrer que le groupe des rotations 0' est isomorphe au groupe
multiplicatif A* du corps A.
b) Pour tout angle 8 E XI, on pose ew(8)= cW(hl(0)) ysw(hi(0)). +
Montrer que 0 --+ ew(0)est un isomorphisme de 'LI1 sur le groupe A*.
ANGLES 177
I\
c) Soient D, D' deux droites quelconques, et soit cp = (D, Di). Mon-
D D
trer que le birapport [D: ];
(chap. 11, 2" éd., App. I I I , exerc. 5) est
égal à e,(d(cp)) (« formule de Laguerre »). (Remarquer que Dl e t D, sont
invariantes p a r toute similitude directe, e t en utilisant l'exerc. 4 c) du
chap. I I , 2e éd., App. I I I , se ramener a u cas où D = Ae,.)
6) On suppose que A est un corps ordonné.
a ) Soient Dl, D, deux demi-droites non isotropes d'origine 0. Mon-
trer qu'il existe une similitude directe 72 telle que u(Dl) = D,; toute
autre similitude directe ayant cette propriété est de la fornie u = su, où s
est une homothétie de rapport > O.
b) Dans l'ensemble des couples (Dl, D,) de demi-droites non isotropes,
la relation il existe une similitude directe u telle que u(D,) = Di e t
((

u(D,) = Da » est une relation d'équivalence. L'ensemble 'U des classes


d'équivalence de demi-droites non isotropes, suivant cette relation, est

- -
appelé l'ensemble des angles de demi-droites (non isotropes) et la classe
d'équivalence d'un couple (D,, D,) de telles demi-droites est appelée
l'angle de ce couple e t notée (D,, D,); si 0 = (Dl, D,), on dit que 0 est
l'angle de toute similitude directe transformant Dl en D,; soit h,(0) la
classe mod. H+ de ces similitudes, de sorte que h, est une bijection de
l'ensemble 'U sur le groupe S+/H+;on transporte à 'U a u moyen de hi1 la
structure de groupe commutatif deS+/H+,en notant additivement le groupe
7
3 ainsi défini. Définir une injection canonique du groupe a,, des - angles
de droites pointées (exerc. 2) dans le groupe SI, telle que h, 0 j o hi1 soit
7
l'injection canonique j de O+ dans SC/H+. Pour que soit surjective, il
faut e t il suffit que l'homomorphisme 7 de 3, dans SI, (exerc. 2 0)) soit
surjectif.
c) Montrer que dans 'U l'équation 28 = O a 2 solutions si 8 < O e t
4 solutions si S )O. Dans le premier cas, la solution .r f O de cette équa-
tion est encore appelée l'angle plat.
7 7) Les llypothèses et notations étant celles de l'exerc. 6, on suppose
7
l'homomorphisme bijectif ; on définit alors cos O et sin O pour t o u t
0 E 'U comme au no 3. Soit T l'ensemble des O E A tels que sin 0 O.
a ) Montrer que pour tout O E T, il existe un angle O' E T e t un seul
tel que 28' = O ; on pose O' = 012.
b) Soit L le Z-module des conibinaisons linéaires formelles des élé-
ments de '1' à coefficients dans Z (chap. I I , 3 1, no 8) ; on désigne par
$ .q et la somme e t l'opposé dans L. Soit N le sous-module de 1,
+
engendré par les éléments de 1, de la forme t; $ -q (5 q) pour tous les
couples ( i ,q ) d'éléments de 1' tels que + q E 1' (sommc prise dans le
groupe 'U). Soient f l'hornornorphisnie de L, dans 'U qui prolonge l'injec-
tion canonique de T dans 'U, et 2 l'endomorphisme de L qui prolonge
l'application O + Oj2 de T dans lui-meme. On a j ( ~ = 1
) O 1 et g ( N ) c N ;
par passage aux quotients, on déduit de j un homomorphisme f de M I,/N
dans 3,e t de un cndornorphisrne g de M ; on pose g(p) = p/2 et si gm
-
Lhurhaki X X I V . 12
est le m-ème itéré de g, gm(p)= 2-mp ; on a 2m(2-mp)= p pour tout
~ E M .
c ) Montrer que la restriction à T de l'application canonique de 1, +
sur M = L/N est injective, ce qui permet d'identifier T à une partie de
M au moyen de +. Montrer que, si A,,. . ., sont des éléments 7O de
T, la somme A, + + A, +
. . - Am ne peut être O dans M (considérer
l'élément 2-"(A, + + . . . Am) e t raisonner par récurrence sur m, en re-
marquant que ces éléments appartiennent à T).
d) Soit M+l'ensemble des sommes finies (dans M) d'éléments de T ;
1
montrer que M+ n (- M,) = 1 O et M = M+u (- M,), e t par suite que
M+ est l'ensemble des éléments >/ O pour une structure de groupe totale-
ment ordonné sur M (on notera que pour tout p E M+, il existe un entier
m tel que 2-"p E T ) ; on dit que ce groupe totalement ordonné est le
groupe des mesures des angles de demi-droites. Montrer que l'homomor-
phisme f de M dans SZ est surjectif, et que son noyau est l'ensen~bledes
multiples entiers de 2m, où n est l'angle plat (exerc. 6 c)). Prouver que T
s'identifie à l'intervalle (0, m) dans M (établir par récurrence sur rn que
si p, Al,. . . , A, appartiennent à T e t si on a A l + ..-+ Am ,( i l , alors
+
Ai + . . . Am E T). Montrer que dans T (ainsi identifié à un intervalle
de M), la fonction 8 -t cos 8 est strictement décroissante.
e) Pour que le groupe totalement ordonné M soit archimédien (chap.
VI, § 1, exerc. 31), il faut et il suffit que le groupe additif du corps A soit
archimédien. (Pour voir que la condition est nécessaire, remarquer que
si sin 8 est infiniment petit par rapport au sous-corps Q de A (chap. VI,
§ 2, exerc. l ) , il en est de même de sin n8 pour tout entier n. Pour voir
que la condition est sufisante, remarquer que si 0 ,< O ,< m / 4 , on a
sin 28 >/ d2 sin 8).
8) Soit E un plan orienté sur un corps ordonné A. Soient D', D" deux
demi-droites distinctes ; soit x' (resp. x") un vecteur f O dans D' (resp.
D") ; on dit que le secteur angulaire (ouvert ou fermé) d'origine D' e t
d'extrémité D" est saillant (resp. rentrant, plat) si x' A x" > O (resp.
x' 112'' (O, 2' /\' 2'' = O).
a ) Pour qu'il existe un automorpliisme de l'espace vectoriel E
transformant un secteur angulaire ouvert (resp. fernié) Cl en un secteur
angulaire ouvert (resp. fermé) C,, il faut e t il suffit que Cl et C, soient
tous deux saillants, ou tous deux rentrants, ou tous deux plats.
6) Montrer que l'ensemble ordonné (D', D") est isomorphe a I'in-
tervalle (O, 1) de A (considérer d'abord le cas d'un secteur saillant et re-
marquer que, dans A, deux intervalles fermés bornés quelconques sont
des ensembles ordonnés isomorphes).
c ) Avec les notations e t hypothèses de I'exerc. 7, définir une applica-
tion bijective canonique de l'ensemble T sur un secteur angulaire plat,
e t montrer que cette application est un isomorphisme pour les struc-
tures d'ordre.
9) Soient A un corps ordonné pythagoricien, E un espace vectoriel
sur A de dimension finie, Q une forme quadratique positive non dégéné-
ANGLES 181
d) Soient S,, S, deux sphères orthogonales (exerc. 12 d)), Si, S%
leurs images par une inversion de pôle c. Si c n'appartient pas à S, ni à S,,
montrer que Si et Si sont des sphères orthogonales. Si c E S, et c $ S,,
Si est un hyperplan contenant le centre de S;. Si c E S, n S,, Si et SL sont
des hyperplans perpendiculaires ( § 6, exerc. 22). Réciproques.
e) Soient u une inversion de pôle c et de puissance a = pz > O et C
la sphère de centre c et de rayon p. Six,, x, sont deux points distincts situés
sur une droite passant par c, et distincts de c, les propriétés suivantes sont
équivalentes : a ) x, et x, sont transformés l'un de l'autre par u ; fi)z, et x,
sont conjugués par rapport à C ( § 6, exerc. 25); y) toute sphère conte-
nant z, et x, est orthogonale à C. On dit encore que u est l'inversion de
sphère C.
7 14) Les hypothèses et notations étant les mêmes que dans l'exerc.
12, on prend une origine O dans L. Soit El l'espace vectoriel somme directe
de L et d'un espace Af, de dimension 1; on désigne par Q, la forme qua-
dratique sur El telle que pour x E L et q E A, on ait

forme qui est positive et non dégénérée ; on désigne par C la sphère


de centre O et de rayon 1 dans El (p.our Q,).
Dans l'espace euclidien El, soit s l'inversion de pôle - f, et de puis-
sance 2 (exerc. 13) ; sa restriction so à L transforme L en C - - f, ; ! !
so(resp. SU,) est appelée, par abus de langage, la projection stéréographique
de L sur C (resp. de C sur L) de point de vue - f,. Pour toute inversion u
dans L, de pôle c, sousol est une permutation involutive du complémen-
1
taire dans C de l'ensemble 1 so(c),- f, ; on la prolonge en une permutation
involutive u' de c en posant uf(s0(c))= - f,, u'(- f,) = so(c), et on dit
que u' est une inversion dans C. De même, pour toute symétrie v dam L
par rapport à un hyperplan, sovs$ est une permutation involutive du com-
i
plémentaire dans C de l'ensemble - f, 1 ; on la prolonge en une permu-
tation involutive v' de C en posant VI(- f,) = - f, et on dit que v' est une
symétrie dans C. Le groupe des permutations de C engendré par les inver-
sions et symétries est appelé le groupe conforme de C (ou de L par abus
de langage).
a ) Montrer que le groupe conforme de C est engendré par les symé-
tries v' et les inversions u' correspondant aux inversions u dans L, de
puissance > O. (Utiliser l'exerc. 13 a ) et remarquer que dans L toute
translation, ainsi que l'homothétie x -t - x, sont des produits de symé-
tries par rapport à des hyperplans).
6) Soit n une inversion dans L de puissance > O ; montrer que l'in-
version correspondante u' dans C est la restriction à C d'une transforma-
tion bien déterminée u; qui est, soit une inversion de puissance > O dans
El, dont la sphère (exerc. 13 e)) est orthogonale à C, soit une symétrie
par rapport à un hyperplan de E, passant par O (considérer dans El l'in-
version u, de même pôle et de même puissance que u). Formuler la pro-
position correspondante pour la symétrie v' dans C correspondant à une
symétrie v dans L par rapport à un hyperplan.
c) Dans l'espace vectoriel E, = A x El, on considère la forme qua-
dratique Q, telle que, pour E A, y E El, on ait

forme qui est non dégénérée e t de signature (1, n + 1). On identifie E, à


son image canonique dans l'espace projectif P(E,) (chap. II, 2e éd., -4pp.
I I I , no 4). Montrer (avec les notations de b)) que u' est aussi la restriction
à C d'une application linéaire projective ü" provenant par passage aux
quotients d'une transformation u" du groupe orthogonal O(Q,), qui est
une symétrie par rapport à un hyperplan non isotrope dans E,. For-
muler la proposition correspondante pour v'. En déduire que le groupe
conforme de TJ est isomorphe au quotient du groupe O(Q,) par son
centre (utiliser la prop. 5 e t l'exerc. 17 c) du § 6). Conclure de là que toute
transformation du groupe conforme est produit d'au plus n + 2 trans-
formations qui sont des inversions ou des symétries dans IJ (cf. § 6,
exerc. 15 e)).
d) Soit C l'ensemble dont les éléments sont les sphères e t les hyper-
plans dans l'espace affine L. Déduire de 0) qu'il existe une bijection de C
sur le complémentaire, dans P(E,) de l'ensemble des X E El tels que
Q,(x) ,< 1, de sorte qu'à deux sphères orthogonales correspondent deux
points conjugués parrapport à C.
15) Généraliser les définitions et résultats des exerc. 12 à 14 au cas
où A est un corps pythagoricien et où il existe une base orthonormale
pour @.
16) Soient A un corps commutatif, V un espace vectoriel sur A de
dimension impaire 2r + 1, F l'espace produit A x V, Y une forme alter-
née non dégénérée sur F ; dans l'espace projectif P(F), de dimension
2r + 1, on dit que l'ensemble Co des droites qui sont les images cano-
niques des plans totalement isotropes de F (pour Y) est le complexe
linéaire (projectif) associé à 'Ir.
On suppose dans ce qui suit que A est ordonné maximal; soit 0
une forme symétrique positive non dégénérée sur V. Soit D la droite ortho-
gonale à V (pour Y ) dans F, qui est contenue dans V, e t soit H l'hyper-
plan orthogonal à D (pour 0)dans V ; dans F, 13 est un sous-espace non
isotrope pour Y , dont l'orthogonal polir Y est donc un plan P supplé-
mentaire de 11 et contenant D. Dans l'espace afline E - 11 x V c F,
on dit encore quc l'cnseml~lcC des intersections avec E des plans totale-
ment isotropes de F (pour Y) non contenues dans V, est le complexe
linéaire (@ne) associé à Y ; la droite A = P n E est appelée l'axe du
complexe linéaire C (pour la structure d'espace eiiclidien définie sur E
par la forme métrique @).
a) Montrer qiie, dans E, toute translation égale à un vecteur direc-
teur de A (chap. I I , 2e éd., App. II, no 3) laisse C invariant (cf. § 4,
exerc. 6).
b) Soit (e,), , ?,, une base orthonormale de Ir pour u>, telle que
eo E D e t qiie l'on ait Y(enL-i,ez,) = pl > O pour 1 4 7 < ) O
r, Y(e,, e ~ =
pour les couples d'indices qui ne sont pas de la forme (es,-1, en,) ou (e?,,e m )
ANGLES 183
( $ 7, no 3, prop. 6). On prend dans l'espace affine E une origine a G A, e t
on pose Y ( a , en) = p,. Soit x un vecteur appartenant a u plan engendré
par ezi-i et ezi, et soit y le vecteur de ce même plan tel que @(x, y) = 0,
@(y,y) = 1 et que x A y = Aezi-1 A ezi avec h ;- O. Soit Ei la variété linéaire
affine de dimension 3 engendrée par les points a, a +
en, a + +
ezi-1, a ezi
dans E, e t soit H, l'intersection de Ei e t de l'hyperplan affine (dans E)
engendré par les droites de C contenant le point a +x. Montrer que la
direction des droites orthogonales (polir <D) a u plan Hz dans Ei est une
droite L., du plan Re, + I \
hy, telle que si O = (D, L,), on ait

lorsque le plan Ae, +


Ay est orienté de sorte que eo A y soit positif.
7 17) a ) Soient A un corps commutatif, J : 5 -t lin automorphisme
involiitif de A, E un espace vectoriel de dimension 2 sur A, une forme
sesquilinéaire hermitienne (non alternée) non dégénérke sur E, (e,, e,) une
base orthogonale de E pour <D ( $ 6, no 1, th. l),telle que

( a e t p appartenant au corps K des invariants de J ) ; on pose y = P ; r


On identifie le point Elel + Eze2E E à l'élément 5, + 5,p de l'anneau B
défini par les conditions p2 = - y , pE = Ep pour 5 E A ( $ 3, exerc. 4 a)).
+
Pour toiit x = ?$ Ezp E B, on pose 2 = - 5,p et N(x) = xZ = Zx, de
sorte que .r -t 2 est un antiautomorphisme involntif de l'algèbre B (sur K )
e t que l'on a @(x,x) = aN(x). Montrer que toute similitude pour à> dont
le déterminant est égal au mnltiplicateur (appeke encore similitude direrte)
s'écrit d'une seule manière x -t xy, oii y est un vecteur non isotrope de E. et
que son multiplicateiir est N(y).
b ) On suppose d'abord que J est l'identité, donc K = A. Si A est de
caractéristique 2, retrouver ainsi les résultats du no 1. Développer la
théorie correspondante lorsque A est de caractéristique 2 (cf. $ 4, exerc.
14 ; on distinguera deux cas, suivant que y est ou non un carré dans A).
c) On suppose J + 1, de sorte que A est une extension quadratique
séparable de K. Alors <D vérifie nécessairement la condition (T) ( $ 4.
no 2 et exerc. 1) ; si <D est d'indice 0, B est un corps réflexif de centre K
(chap. V I I I , $ 2 1 , exerc. 4), et si @ est d'indice 1,B est isomorphe àM,(K).
d) On suppose J -# 1et A de caractéristique f 2 ; on a alors A = K(O)
avec O2 = - S E K. Si S est le groupe des similitudes directes pour a, I i
le groupe des homothéties dans E , de rapport f O et appartenant a K
(groupe isomorphe à K*), montrer que le groupe S/EI est isomorphe au
groupe des rotations Of(Q), où Q est une forme quadratique non dégén6-
rée sur u n espace vectoriel F de dimension 3 sur K, telle qu'il existe une
base orthogonale (f,, f,, f,) de F pour laquelle on ait

(cf. $ 9, exerc. 15).


7 18) a ) Soient A un corps commutatif, 5 -t un automorphisme
involutif de A, E un espace vectoriel de dimension paire 2m sur A, 0 une
forme hermitienne non dégénérée e t d'indice O sur E, satisfaisant à la
condition (T), A le discriminant de @ par rapport à une base de E. Soit
M(@) le groupe des multiplicateurs des similitudes pour @ ( $ 4, exerc. 8).
Montrer que M(@) est un sous-groupe du groupe multiplicatif des élé-
ments de A de la forme a2 - (- l ) m p p ~(Raisonner
. par récurrence sur m,
en utilisant l'exerc. 17, ainsi que les deux remarques suivantes : 1 0 si u
est une similitude de multiplicateur p,. x un vecteur de E, y = u(x)et
z = u(y), il existe une transformation unitaire v telle que v(y) = y et
v ( 2 ) = px ; 20 si a , @,
h sont trois éléments f O de A tels qu'ils existe
a, b, c, d dans A vérifiant les conditions A = aü+ +
ac?, A = bh ~ d &alors
il existe s, t dans A vérifiant la condition A = sS - aptt)
b) Soient K un corps ordonné maximal, KI = K((t,)) le corps des
séries formelles par rapport à une indéterminée t,, à cocfIicients dans K
(chap. IV, 3 5, no 7 ) ,A = K,((t,)) le corps des séries formelles par rapport
à une seconde indéterminée t,, à coeficicnts dans KI. Soient E un espace
vectoriel de dimension 6 sur A, Q une forme quadratique non dégénérée
sur E, telle qu'il existe une base orthogonale (e,) pour laquelle on ait

Montrer qu'il n'existe aucune similitude pour Q, de multiplicateur t,t,.


NOTE H I S T O R I Q U E

(N.-B. - Les chiffres romains renvoient à la bibliographie placée


à la fin de cette note.)

L a théorie des formes quadratiques, sons son aspect moderne, ne


remonte guère au-delà de la seconde moitié du Y V I I I ~siècle, et, comme
nous le verrons, elle s'est développée surtout pour rbpondre aux hesoins
de l'Arithmétique, de l'Analyse et de la Mécanique. Mais les notions
fondamentales de cette théorie ont en réalité fait leur apparition dPs les
débuts de la géométrie euclidienne n, dont elles forment l'arniature.
Pour cette raison, on ne peut en retracer l'histoire sans parler, au moins
de façon sommaire, du développement de la N pborriétric vlémeritaire »
depuis l'antiquité. Bien entendu, nous ne pourrons nous attacher qu'à
l'évolution de quelques idées générales, e t le lectriir ne doit pas s'attendre
à trouver ici de renseignements précis sur l'histoire dc tel ou tel théo-
rème particulier, a u sujet desquels il nous suffira de renvoyer au\ ouvraces
historiques ou didactiques spécialisés (*). 11 va de soi aussi, lorsque
nous parlons ci-dessous des diverses interprétations possibles d'un rnhric~
théorème dans divers langages algébriques oii qéométriqiies, qiic nous
n'entendons nullement dire que ces ((traductions1) aient 6t6 de tout tciiips
aussi familières qu'aujourd'hui ; bien a u contraire, c'est Ic principal but
de cette Note que de faire voir comment, très gradiiellenient, les riiatlic,-
maticiens ont pris conscience de ces parentés entre questions d'aspect
souvent très différent ; nous aurons aussi à montrer comment, ce faisant,
ils ont été amenés à mettre quelque cohérence dans l'amas des tliciori%cs
de géométrie légués par les anciens, et finalement à essayer de délimitcr
exactement ce qu'il fallait entendre par geométrie ».
((

(*) Voir (II), ainsi que E. Kotter, Die Entwickelung der syntheiischen
Geometrie, Leipzig (Teubner), 1901 (= Jahresber. der Deulschen Math. Verein.,
t. V , l t e sHeft), et 1'Enzyklopadieder Math. W i s s . , l r e é d . , t. III.
Si l'on m e t à p a r t l a décoilverte, p a r les Babyloniens, d e la formiile
d e résolution d e l'éqiiation d u second degré ((1), p. 183-159), c'est donc
sous leur déguisement qéométrique qu'il f a u t noter la naissance des prin-
cipaux concepts d e l a théorie des formes quadratiqiies. Celles-ci se pré-
sentent d'abord comme carrés d e distances (dans le plan ou l'espac(3 à
trois dimensions) e t l a notion d' ii orthogonalitb » corrcspondantc s'in-
t r o d u i t a u moyen d e l'angle droit, d é f i n i - p r Euclide comme moitié d e
l'angle p l a t (Eliments, J i v r e 1, M f . 10) ; les notions d e distance e t d'angle
droit é t a n t reliées p a r le th6orèrne de Pythagore, clé d e v o ù t c d e l'édilic-e
euclidien (*). I,'idéc d'angle parait s'htrc introduite t r & t ô t dans la niatlié-
m a t i q u e grecque (qui l'a sans d o u t e r e j u e dcs Babyloniens, rornpiis à
l'mage des angles p a r leur longiie expérience astronornicpt). O n sait qu'à
l'époque classique, seuls les angles infbrieurs à 2 tlroit,s sont définis (la
« définition II d'Euclide est d'ailleurs aussi vague e t iniitilisahle que rolle
qu'il donne p o u r l a droite o u le plan) ; l a notion d'orientation n'est pas
dégagée, bien qu'fCnclide utilise (sans axiome ni &finition) le fait qu'iine
droite p a r t a g e le plan en deux régions, qu'il distingne soignenserrierit
lorsque cela e s t nécessaire (**). A ce stade, l'idée d u groupe des rotations
planes n e se fait donc jour q u e d'une nianière t r è s imparfaite, p a r l'addi-
t i o n (introdiiite, elle aussi, sans explication p a r Euclide) des angles non
orientés d e demi-droites, q u i est seulement définie, e n principe, lorsque
l a s o m m e est a u plus égale à deux droits (***). Q u a n t à la trigonométrie,

(*) La plupart des civilisations antiques (Égypte, Babylonie, Inde, Chine)


semblent êt,re parvenues indépendamment à des énoncés couvrant au moins
certains cas particuliers du théorème de Pythagore », et les IIindous ont m8ine
((

eu l'idée de principes de démonstration de ce théorème, tout à fait distincts


de ceux qu'on trouve chez Euclidc (qui en donne deux démonstrations, l'nnc,
par construction de figures auxiliaires, l'autre utilisant la théorie drs propor-
tions) (cf. (II), t , IV, p. 135-14rt).
(**) La notion d'angle orienté, avec ses diverses variantes (angle de
droites, angle de demi-droites) n'est apparue que très tardivement. En g6o-
métrie analytique, Nuler ((VI11 a ) , p. 217-2:!9 et 305-307) introduit les coordon-
nées polaires, et la conception moderne d'un angle (mesuré en radians) prenant
des valeurs arbitraires (positives ou négatives). L. Carnot (C2»1>tr?ric~rlr. l'osr,-
tion, Paris, 2803) inaugure la tendance qui opposera, pendant tout 1(, XII"
siècle, géométrie « s,vnthbtique » à géométrie nnalytiquc; clicxchaiit, h rl~~vcloppcxr
la preinikre anssi indépendamment que possiblr, il est conduit, pouv ivit,rr l t ~
« cas de figure » des g6oinètres ancims, à introduire systi.rn;rtiqiieiii(*~~t~
Ics gran-
deurs orientées, longueurs et angles ; malheurcuscment, son onvr:xgc, vst coiisi-
dérablement cornpliqué par son parti pris de ne pas utiliser les iioriil~rc~s iiCgii-
tifs (qu'il tenait pour contradictoires!) et de les remplacer par un sysli.nic p ~ n
maniable de a correspondance de signes 11 entre diversrs Iigiircx 11 faut. ;itt.cmclrc
Mobius (XII1 c ) pour qnt> le concept d'angle orient(, s'introdnise dans Irs rai-
sonnements de géométrie synthétique ; toutefois, de mZme qne ses siicccssenrs
jusqu'à une époque toiitc réccnte, il ne sait introduire l'orientation qiic par nn
appel direct à l'intuition spatiale (réglc dite « du bonhornrne d'i\iiipi:rcn ;
11)

ce n'est qu'avec le développement de la géomktrie n-dimensiorincllc c7t. d t la


topologie algébrique qu'on est enfin parvenu h une définition rigoureiist~d'iiii
« espace orienté r.
(***) On trouve cependant chez Euclide au moins dcux passages où il parle
d'angles dont la s somme )I peut excéder 2 droits, savoir les in6galiti.s satis-
faites par les faces d'un t,rièdre (Elén~ents,Livre S I , prop. 20 et 21) (sans parler
NOTE IIISTORIQUE 187
elle est dédaignée des géomètres, e t abandonnée aux arpenteurs e t aux
astronomes ; ce sont ces derniers (Aristarque, Hipparque, Ptolémée sur-
t o u t (V)) qui établissent les relations fondamentales entre côtés e t angles
d'un triangle rectanglr (plan ou spliérique) e t dressent les premières
tables (il s'agit de tables donnant la corde de l'arc découp6 par u n angle
O
O < T C sur u n cercle de rayon r, autrement dit le nombre 2r sin 2 ; l'intro-
duction d u sinus, d'un maniemrnt plus commode, est due aux niathbma-
ticirns Iiindoiis du Moyen Age) ; dans le calcul de ces tables, la formule
d'addition des arcs, inconnue à cette époque, est remplacée par l'emploi
équivalent du théorème de Ptolémée (remontant petit-être à Hipparque)
sur les qiiadrilat,@resinscrits à une cercle (cf. Esp. vect. top., cliap. V, 5 1,
exerc. 5). 11 faut notrr aussi qu'Euclide e t Héron donnent des proposi-
tions équivalentes a la formule

entre côtés e t angles d'un triangle plan quelconque ; niais on ne peut


guère y voir une première apparition de la notion de forme bilinéaire asso-
ciée à une forme métrique, faiite de l'idée d'un calcul vectoriel qui n'émer-
gera qu'au x r s e siècle.
Les déplacements (ou rrioiivements, la distinction entre les deux
notions n'étant pas claire dans l'antiquité - ni meme beaucoup plus
t a r d ) sont connus d'Euclide ; mais, pour des raisons que nous ignorons,
il semble éprouver une nette répiignance à en faire ilsage (par exemple
dans les cas d'égalité des triangles D, oii on a l'impression qu'il n'em-
((

ploie la notion de déplaccment qiie faiite d'avoir sii formuler un axiome


approprié ( ( I I I his), t. 1, p. 225-227 e t 249)) ; toutefois, c'est à la notion
de déplaccment (rotation autour d'un axe) qu'il a recours pour la défini-
tion des cbnes de révolution e t des sphbres (Elc;ments, 1,ivre X I , déf. 14
e t 18),ainsi qii'ilrchimède pour celle des quadriques de révolution. Rlais
1'idi.c générale de transformation, appliquée à t o u t l'espace, est à peu
p r i s étrangère à la pensée mathématique avant la fin du xvrrre siècle (*) ;

du a raisonnement n concernant la ,I mesure » des angles, qui est sans doute une
interpolation (cf. Vote Iiist. du Livre I I I , chap. v r ~ r ) ;) daris ces deux passages,
Euclide parait donc ètre entraîné par l'intuition au-delà de cc qii'autorisent ses
propres dCfiriitions. Scs successeurs sont encore bien moins scrupuleux, et
F'roclus, par exemple ive sibcle ap. J - C . ) n'hésite pas à énoncer le II théorème r
général donnant la somme des angles d'un polygone convexe ( ( I I I bis), t. 1,
p. 322).
(*) On ne peut gubre citer cornine exemples d'une telle notion que les
« projections » des cartographes et des dessinateurs; la projection stéréogra-
pliique ( 5 10, exerc. 1 4 ) castconnue d e I'tolCmke (et au xvie siècle on sait qu'elle
conserve les angles), et la projection centrale joue un d e de premier plan dans
I'muvre de Ilesargues ( V I ) ; mais il s'agit l i de correspondance entre I'espacc
tout entier (ou une surface) et un plan. lJne des propriétés de l'inversion, qiie
nous exprinions aujourd'hui en disant que le transformé d'un cerc,le est un
cercle ou une droite (cf. 10, exerc. 131, est connne en substance de Viéte, et
utilisée par lui dans des prohléines de construction de cerclcs ; rnais ni lui, ni
Fermat qui ktend srJs constructions aux sphères, n'ont l'idée d'introduire l'iri-
version commc une transformation du plan ou de l'espace.
e t avant le xvue siècle, on ne trouve pas trace non plus de la notion de
composition des mouvements, ni à plus forte raison de composition des
déplacements. Cela ne veut pas dire, bien entendu, que les Grecs n'aient
pas été particulièrement sensibles aux « régularités » et « symétries » des
figures, que nous rattachons maintenant à la notion de groupe des dépla-
cements ; leur théorie des polygones réguliers et plus encore celle des
polyèdres réguliers - un des chapitres les plus remarquablesde toute leur
mathématique - est là pour prouver le contraire (*).
Enfin. la dernière des contributions essentielles de la mathématiaue
grecque, dans le domaine qui nous concerne, est la théorie des coniques
(en ce qui concerne les quadriques, les Grecs ne connaissent que certaines
quadriques de révolution, et n'en poussent pas très loin l'étude, la sphère
exceptée). Il est intéressant de noter ici que, bien que les Grecs n'aient
jamais eu l'idée du principe fondamental de la géométrie analytique
(essentiellement faute d'une algèbre maniable), ils utilisaient couramment,
pour l'étude de « figures » particulières, les r ordonnées » par rapport Ci
deux (ou même plus de deux) axes dans le plan (en rapport étroit avec
la figure, ce qui est un des points fondamentaux OU leur méthode diffère
de celle de Fermat et Descartes, dont les axes sont fixés indépendamment
de la figure considérée). E n particulier, les premiers exemples de coniques
(autres-que le cercle) qui s'introduisent à propos du problème de la dipli-
cation du cube, sont les courbes données par les équations y2 = ax,
y = bx2, xy = c (Ménechme, élève d'Eudoxe, milieu du lve siècle) (**) ;
et c'est l'équation des coniques (d'ordinaire par rapport à deux axes
obliques formés d'un diamètre et de la tangente en un de ses points de
rencontre avec la courbe) qui est le plus souvent utilisée dans l'étude des
problèmes relatifs à ces courbes (alors que les propriétés « focales » ne
jouent qu'un rôle très effacé, contrairement à ce que pourraient faire
croire des traditions scolaires ne remontant au'au xlxe siècle). De cette
vaste théorie, il nous faut surtout retenir ici la notion de diamètres con-
jugués (déjà connue d'Archimède), et la propriété qui sert à présent de
définition à la polaire d'un point, donnée par Apollonius (IV) lorsque le
point est extérieur à la conique (la polaire étant donc pour lui la droite
joignant les points de contact des tangentes issues de ce point) ; de notre
point de vue, ce sont deux exemples d' « orthogonalité » par rapport à
une forme quadratique distincte de la forme métrique, mais bien entendu
le lien entre ces notions et la notion classique de perpendiculaires ne pou-
vait absolument pas être conçu à cette époque.
Il n'y a guère d'autre progrès à signaler avant Descartes et Fermat ;
mais dès les débuts de la géométrie analytique, la théorie algébrique des

(*) Voir là-dessus A. Speiser, Theorie der Gruppen von endlicher Ordnung,
Base1 (Birkhauser),40 &dit.,1956, où ontrouvera aussi d'intéressantes remarques
sur les rapports entre la théorie des groupes de déplacements et les divers types
d'ornements imaginés par les civilisations de l'antiquité et du moyen âge.
(**) Il semble que l'idée de considérer ces courbes comme sections planes
de cônes a base circulaire (due aussi à Ménechme) soit postérieure à leur défini-
tion au moyen des équations précédentes (cf. (IV), p. xvrr-xxx).
NOTE HISTORIQUE 189
formes quadratiques commence à se dégager de sa gangue géométrique :
Fermat sait qu'une équation d u second degré dans le plan représente
une conique ((VI1 a), p. 100-102) e t ébauche des idées analogues sur les
quadriques (VI1 6). Avec le développement de la géométrie analytique
à 2 et 3 dimensions a u cours du x v m e siècle apparaissent (surtout à pro-
pos des coniques et des quadriques) deux des problèmes centraux de la
ttikorie : la réduction d'une forme quadratique à une somme de carrés et
la recherche de ses « axes » par rapport à la forme métrique. Pour les
coniques, ces deux problèmes sont trop élémentaires pour susciter
d'importants progrès algébriques ; pour u n nombre quelconque de va-
riables, le premier est résolu par Lagrange en 1759, à propos des maxima
de fonctions de plusieurs variables ( I X a ) . Mais ce problème est presque
aussitôt éclipsé par celui de la recherche des axes, avant même que l'on
n'eut formulé l'invariance du rang (*) ; quant à la loi d'inertie, elle n'est
découverte qu'autour de 1850 par Jacobi ( X I X b), qui la démontre par le
méme raisonnement qu'à présent, e t Sylvester ( X X ) qui se borne à l'énon-
cer comme quasi-évidente (**).
Le problème de la réduction d'une quadrique à ses axes présente
déjà des difficultés algébriques sensiblement plus grandes que le pro-
blème analogue pour les coniques ; et Euler, qui est le premier à l'aborder,
n'est pas en é t a t de prouver la réalité des valeurs propres, qu'il admet
après une ébauche de justification sans valciir probante ((VIII u), p. 379-
392) (***). Si ce point est correctement établi vers 1800, il faut attendre
Cauchy pour démontrer le théorème correspondant pour les formes à
un nombre n quelconque de variables ( X I V h). C'est aussi Cauchy qui,
vers la même époque, démontre que l'équation caractéristique donnant
les valeurs propres est invariante par tout changeincnt d'axes rectangu-
laires ( ( X I V a ) , p. 252) (****) ; niais pour n = 2 ou n = 3, cette inva-

(*) Traitant d'un problbme indépendant, par sa nature, du choix des ases
de coordonnées, Lagrange ne pouvait nianquer d'observer que son procédk
présentait beaucoup d'arbitraire, mais il nianque encore des notions per-
mettant de préciser cettc idée : « A u rrste », dit-il, (1 pour ne pas se méprendre
dans ces rc,cherches, il faut remarquer que les transformées [en somme de carrés]
pourraier~tbien venir dij1c;rentes de celles que nous avons données ; nzais, en eza-
minant la chose de plus p r k , on troucwa infaillibleruent que, quelles qu'elles soient,
elles pourro~lt toujours se réduire Ù celles-ci, ou a u moins y être comprises [ ? ] )I
((IX a i , P 8).
(**) Gauss était parvcnu de son côté ce résultat, el le dcmontrait dans
ses cours sur la méthode des moindres carrés, au témoignage de Riemann, qui
suivit ces cours en 1846-47 (B. ltieniann, Gesamnzelte IYerke, Nochtrage, Leipzig
(l'eubner), 1902, p. 59).
(***) II est plus heureux dans la déterrniriation des axes principaux d'iner-
tie d'un solide : ayant ramené le problème à une iiquation du troisième degré,
il observe qu'une telle équation a au moins une racine récllc, donc qu'il y a au
moins un axe d'inertie ; prenant cet axe comme axe de coordonnées, il est
ensuite ramené an problèinc plan, de solution facile ((VIII O ) , p. 200-202).
(****) Il faut noter que, jusque vers 1930, on n'entend jamais par « forme
quadratique I), qu'un polynôme homogène du second degré par rapport aux
coordonnées prises relativement a un système d'axes donne. Il semble que ce soit
seulement la théorie de l'espacc de Hilbert qui ail conduit i une conccption (lin-
trinsèque » des formes quadratiques, merri(: dans les espaces dc dimension finie.
riance était intuitivement cc évidente )) en raison de l'interprétation géo-
métrique des valeurs propres au moyen des axes de la conique ou de la
quadrique correspondante. D'ailleurs, au cours des recherches à ce sujet,
les fonctions symétriques élémentaires des valeurs propres s'étaient
aussi présentées de façon naturelle (avec diverses interprétations géomé-
triques, en relation notamment avec les théorèmes d'Apollonius sur les
diamètres conjugués), e t en particulier le discriminant, qui (connu
de longue date pour n = 2 en liaison avec la théorie de l'équation du se-
cond degré) apparait pour la première fois pour n = 3 chez Euler ((VIII a)
p. 382) ; ce dernier le rencontre à propos de la classification des qua-
driques (en exprimant la condition pour qu'une quadrique n'ait psi de
point à l'infini) et n'en mentionne pas l'invariance vis-à-vis des cliange-
ments d'axes rectangulaires. Mais un peu plus tard, avec les débuts de la
théorie arithmétique des formes quadratiques à coeficients entiers, La-
grange note (pour n = 2) un cas particulier d'invariance du discriminant
par changement de variables linéaire mais non orthogonal ( ( I X b), p. 699),
e t Gauss établit, pour n = 3, la (( covariance )) du discriminant pour toute
transformation linéaire ( ( X I a), p. 301-302) (*). Une fois démontrée, par
Cauchy et Binet, la formule générale de multiplication des déterminants,
l'extension de la formule de Gauss à un nombre quelconque de variables
était immédiate ; c'est elle qui, vers 1845, va donner la première impul-
sion à la théorie générale des invariants.
Aux deux notions qui, chez les Grecs, tenaient lieu de la théorie des
déplacements - celle de mouvement et celle de (c symétrie )) d'une figure
-- vient s'en ajouter une troisième aux x v ~ r ee t x v m e siècles avec le
problème du changement d'axes rectangulaires, qui est substantiellement
équivalent à cette théorie. Euler consacre plusieurs travaux à cette ques-
tion, s'attachant surtout à obtenir des représentations paramétriques ma-
niables pour les formules du changement d'axes. On sait quel usage la
Mécanique devait faire des trois angles qu'il introduit à cet effet pour
n = 3 ((VIII a ) , p. 371-378). Mais il ne se borne pas là, envisage en 1770
le problème général des transformations orthogonales pour n quelconque,
remarque qu'on parvient ici au but en introduisant n(n - 1)/2 angles
comme paramètres, et enfin, pour n = 3 e t n = 4, donne pour les rota-
tions des représentations rat~onnelles(en fonction, respectivement, de
4 paramètres homogènes et de 8 paramètres homogènes liés par une rela-
tion), qui ne sont autres que celles obtenues plus tard au moyen de la
théorie des quaternions (cf. $ 9, exerc. 15 e t ICi), e t dont il n'indique pas
l'origine (VIII c ) (**).

(*) C'est aussi à propos de ces recherches que Gauss définit l'inverse d'une
forme quadratique ((XI a ) , p. 3 0 1 ) et obtient la condition de positivité d'une
telle forme ( 3 7 , no 1 , prop. 3) faisant intervenir une suite de mineurs principaux
du discriminant (ibid., p. 3 0 5 - 3 0 7 ) .
(**) Euler ne donne d'ailleurs pas la formule de composition des rotations
exprimée à l'aide de ces pararnétres ; pour n == 3, on ne la trouve pas avant une
note de Gauss (non publiée de son vivant (XI b ) ) et un travail d'Olinde Ro-
drigue~de 1840, qui retrouve la représentation paramétrique d'Euler, à peu
près tombée dans l'oubli à cette époque.
NOTE HISTORIQUE 191
D'autre part, Euler indique aussi comment traduire analytique-
ment la recherche des « symétries )) des figures planes, e t c'est à ce pro-
pos qu'il est amené à démontrer, en substance, qu'un déplacement plan
est une rotation, ou une translation, ou une translation suivie d'une
symétrie ( ( V I I I a), p. 197-199). L'essor de la Mécanique a cette époque
mène d'ailleurs à l'étude générale des déplacements ; mais tout d'abord
il n'est question que des déplacements « infiniment petits » tangents aux
mouvements continus : ce sont apparemment les seuls qui interviennent
dans les recherches de Torricelli. Roberval e t Descartes sur la c o m ~ o s i -
tion des mouvements e t le centre instantané de rotation pour les mouve-
ments plans (cf. Note hist. du Livre IV, chap. 1-11-111). Ce dernier est
défini de façon générale par Joliann Bernoulli ; d'Alembert en 1749,
Euler l'année suivante, étendent cette notion en démontrant l'existence
d'un axe instantané de rotation pour les mouvements laissant un point
fixe. Le théorème analogue pour les déplacements finis n'est énoncé qu'en
1775 par Euler (VIII d), dans un mémoire où il découvre en même temps
que le déterminant d'une rotation est égal à 1 ; l'année suivante, il dé-
montre l'existence d'un point fixe pour les similitudes planes (VIII e).
Mais il faudra attendre les travaux de Chasles, à partir de 1830 (XV a),
pour avoir enfin une théorie cohérente des déplacements finis et infini-
ment petits.
***
Nous arrivons ainsi à ce qu'on peut appeler l'àge d'or de la géomé-
trie, qui s'inst're grosso modo entre les dates de publication de la Géomé-
trze descrzpt~vede Monge (1795) ( X ) e t du « programme d'Erlangen » de
F. Klein (1872) ( X X V b). Les progrès essentiels que nous devons à ce
brusque renouveau de la géométrie sont les suivants :
A) L a notion d'élément à l'infini (point, droite ou plan), introduite
p a r Desargues au x . 1 1 1siRcle
~ (VI), mais qui ne se manifeste guère a u
x v m e siècle que comme abus de langage, est réhabilitée et systématique-
ment utilisée par Poncelet ( X I I ) qui fait ainsi de l'espace projectif le
cadre général de tous les phénomènes géométriques.
B) E n même temps, avec Monge, et surtout Poncelet, s'effectue le
passage à la géométrie projective complexe. L a notion de point imagi-
naire, sporadiqiieinent iitilisre ail cours du XI me siècle, est ici exploitée
(concurreniineiit avec celle de poiiit à l'infini) pour donner des énoncés
independants des « cas de figure » de la géoniétrie affine réelle. Si tout
d'abord les justifications apportées à l'appiii de ces innovations restent
fort embarrassées (siirtout de la part des tenants de l'école de géométrie
« syntliétique », oii l'emploi des coordonnées en arrive à Ctre regardé
comme une soiiilliire), on ne salirait manquer de recoriiiaitre là, sous le
nom de « principe des relations contingentes » chez hlonge, ou de « principe
de continuité » cticz Poncelet, le premier germe de l'idée de spécialisa-
((

tion » de la géoni6trie algébrique nioderiie (*).

(*) Ces principes » se justifient bien entendu (coninic l'avait déjà reinarqué
((

Cauchy) par application d u principe de prolongenient des identités algébriques,


Un des premiers résultats découlant de ces conceptions est la
remarque que, dans l'espace projectif complexe, toutes les coniques (resp.
quadriques) non dégénérées sont de même nature ; ce qui amène Ponce-
let à la découverte des éléments « isotropes )) : « Des cercles placés arbitraire-
ment sur un plan »,dit-il, « ne sont donc pas tout ù fait indépendants entre
eux, comme on pourrait le croire au premier abord, ils ont idéalement deux
points imaginaires communs ci l'infini » ((XII), p. 48). Plus loin, il intro-
duit de même 1' ombilicale »,conique imaginaire à l'infini commune à
((

toutes les sphères ((XII), p. 370) ; et s'il ne parle pas particulièrement


des génératrices isotropes de la sphère, du moins souligne-t-il explicite-
ment l'existence de génératrices rectilignes, réelles ou imaginaires, pour
toutes les quadriques (ibid., p. 371) (*) ; notions dont ses continuateurs
(notamment Plucker et Chasles), plus encore que lui-même, font grand
usage, en particulier dans l'étude des propriétés « focales » des coniques
et des quadriques.
C) Les notions de transformation ponctuelle et de composition des
transformations sont, elles aussi, formulées de façon générale et intro-
duites systématiquement comme moyens de démonstration. En dehors
des déplacements et des projections, on ne connaissait jusque-là que quel-
ques transformations particulières : certaines transformations projectives
planes, du type x' = alx, y' = ylx, utilisées par La Hire et Newton,
1' « affinité » x' = ax, y' = by de Clairaut et Euler, et enfin quelques
transformations quadratiques particulières, chez Newton encore, hlaclau-
rin et Braikenridge. Monge, dans sa Géométrie descriptive, montre tout
l'usage qu'on peut tirer des projections planes dans la géométrie à 3 di-
mensions. Chez Poncelet, un des procédés systématiques de démonstra-
tion, employé à satiété, consiste à ramener par projection les propriétés
des coniques à celles du cercle (méthode déjà appliquée à l'occasion par
Desargues et Pascal) ; et pour pouvoir passer de rnênie d'une quadrique
à une sphitre, il invente le premier exemple de transformation projective
dans l'espace, 1' « lioniologie » ( ( X I I ) , p. 357) ; enfin c'est lui aussi qui
introduit les premiers exemples de transformations birationnelles d'une
courbe en elle-même. E n 1827, Mobius ((XII1 a), p. 217) (et indépen-
damment Chasles en 1830 (XV b)) définissent les transformations linéaires
projectives les plus générales ; à la même époque apparaissent l'inversion
(cf. $ 10, exerc. 13) et d'autres types de transforniations quadratiques,
dont l'étude va inaugurer la théorie des transformations birationnelles,
qui se développera dans la seconde moitié du x ~ x esiècle.
D) L a notion de dualité apparait en pleine lumière et se trouve con-
sciemment rattachée à la théorie des formes bilinéaires. La théorie des

en raison du fait que les géomètres a synthétiques ne considèrent jamais que


))

des propriétés qui se traduisent analytiquement en identités de cette nature.


(*) La première mention des génératrices rectilignes des quadriques semble
due à Wren (1669), qui remarque que l'hyperboloïde de révolution à une
nappe peut être engendré par la rotation d'une droite autour d'un axe non dans
le même plan ; niais leur étude fut seulement développée par Monge et son
école.
NOTE HISTORIQUE 193
pôles et polaires par rapport aux coniques, qui, depuis Apollonius, n'avait
fait quelque progrès que chez Desargues et La Hire, est étendue aux
quadriques par Monge, qui, ainsi que ses élèves, aperçoit la possibilité
de transformer par ce moyen des théorèmes connus en résultats nou-
veaux (*). Mais c'est encore à Poncelet que revient le mérite d'avoir
érigé ces remarques en méthode générale dans sa théorie des transforma-
tions « par polaires réciproques »,et d'en avoir fait un outil de dhouverte
particulièrement efficace. Un peu plus tard, notamment avec Gergonne,
Plücker, Mobius et Chasles, la notion générale de dualité se dégage du
lien avec les formes quadratiques, encore trop étroit chez Poncelet.
E n ~articulier.Mobius. en examinant les diverses ~ossibilitésde duali*
dan; l'espace à 3 dimensions (définie par une form; bilinéaire), décowre
en 1833 la dualité par rapport à une forme bilinéaire alternée (XII1 b) (**),
surtout étudiée, au x ~ x ~ s i è c lsous
e , forme de la théorie des « complexes
linéaires » (cf. $ 10, exerc. 16) et développée en relation avec la « géomé-
trie des droites » et les « coordonnées plückeriennes » introduites par
Cayley, Grassmann et Plücker aux environs de 1860.
E) Dès les débuts de la géométrie projective, l'étude intensive des
propriétés de la géométrie classique dans leurs rapports avec l'espace
projectif avait rapidement amené à les diviser en « propriétés projec-
tives )) et « propriétés métriques » ; et il n'est sans doute pas exagéré de
voir dans cette séparation une des plus nettes manifestations, à cette
époque, de ce qui devait devenir la notion moderne de structure. Mais
Poncelet, qui introduit le premier cette distinction et cette terminologie,
a déjà conscience de ce qui relie ces deux types de propriétés ; et, abor-
dant dans son Traité les ~roblèmesconcernant les aneles. " r
dont les Dra-
priétés « ne semblent pas faire partie de celles que nous avons appelées pro-
jectives ..., elles découlent néanmoins d'une manière s i simple »,dit-il, « des
principes qui font la base [de cet ouvrage] ..., que je ne crois pas qu'aucune
autre théorie géométrique puisse y conduire d'une manière à la fois plus
directe et plus simple. On n'en sera nullement étonné, s i l'on considère que
les propriétés projectives des figures sont nécessairement les plus générales
de celles qui peuvent leur appartenir; en sorte qu'elles doivent comprendre,
comme simples corollaires, toutes les autres propriétés ou relations particu-
lières de l'étendue » ((XII), p. 248). A vrai dire, après cette déclaration,
on est un peu surpris de le voir aborder les questions d'angles de façon
très détournée, ei les rattachant aux propriétés focales de<coniques, au
lieu de faire intervenir directement les points cycliques ; et en fait, ce
n'est que 30 ans plus tard que Laguerre (encore élève à l'École Poly-
technique) donna l'expression d'un angle de droites à l'aide du birapport
de ces droites et des droites isotropes de même origine (cf. $ 10, exerc. 5)
((XXI), t. II, p. 13). Enfin, avec Cayley (XVIII d) s'exprime claire-

(*) Le plus connu est le théorème de Brianchon ( 1 8 1 0 ) , transformé du


théoréme de Pascal par dualité.
(**) En 1828, Giorgini avait déjà rencontré la polarité par rapp rt à une
t
forme alternée, à propos d'un problhme de Statique ( M e m . Soc. Ital. ,Modena,
t. XX ( 1 8 2 8 ) , p. 243-254).
Bourbaki XXIV. 13
ment l'idée fondamentale que les propriétés u métriques » d'une figure
plane ne sont autres que les propriétés « projectives » de la figure
augmentée des points cycliques - jalon décisif vers le « programme
d'Erlangen ».
F) La géométrie non-euclidienne hyperbolique, qui voit le jour aux
environs de 1830, reste d'abord un peu à l'écart du mouvement dont nous
retraçons les grandes lignes. Issue de préoccupations d'ordre essentielle-
ment logique touchant les fondements de la géométrie classique, cette
nouvelle géométrie est présentée par ses inventeurs (*) sous la même
forme axiomatique et « synthétique » que la géométrie d'Euclide, et
sans lien avec la géométrie projective (dont l'introduction suivant le mo-
dèle classique paraissait même exclue a priori, puisque la notion de pa-
rallèle unique disparaît dans cette géométrie) ; c'est sans doute pour cela
qu'elle n'attire guère, pendant longtemps, l'intérêt des écoles française,
allemande et anglaise de géométrie projective. Aussi, lorsque Cayley,
dans le mémoire fondamental cité plus haut (XVIII d) a l'idée de rempla-
cer les points cycliques (considérés comme conique « dégénérée tangen-
tiellement ») par une conique quelconque (qu'il nomme ((absolu»), il ne
songe nullement à relier cette idée à la géométrie de Lobatschevsky-
Bolyai, bien qu'il indique comment sa conception conduit à de nouvelles
expressions pour la « distance » de deux points, et qu'il mentionne ses
liens avec la géométrie sphérique. La situation change vers 1870, lorsque
les géométries non-euclidiennes, à la suite de la diffusion des œuvres de
Lobatschevsky, et de la publication des œuvres de Gauss et de la leçon
inaugurale de Riemann, sont venues au premier plan de l'actualité ma-
thématique. Suivant la voie tracée par Riemann, Beltrami, sans con-
naître le travail de Cayley, retrouve en 1868 les expressions de la distance
données par ce dernier, mais dans un tout autre contexte, en considérant
l'intérieur d'un cercle comme une image d'une surface à courbure cons-
tante, dans laquelle les géodésiques sont représentées par des droites
(XXIV) ; c'est Klein qui, deux ans plus tard, fait (indépendamment de
Beltrami) la synthèse de ces divers points de vue, qu'il complète par la
découverte de l'espace non euclidien elliptique (XXV a) (**).
G) Dans la seconde moitié de l'époque que nous considérons ici,
s'instaure une période de réflexion critique, au cours de laquelle les par-
tisans de la géométrie « synthétique »,non contents d'avoir banni les
coordonnées de leurs démonstrations, prétendent se passer des nombres

(*) On sait que Gauss, dès 1800, s'était convaincu de l'impossibilité de


démontrer le postulat d'Euclide, et de la possibilité logique de développer une
géométrie où ce postulat ne serait pas vérifié. Mais il ne publia pas ses résultats
sur cette question, et ceux-ci ne furent retrouvés indépendamment que par
Lobatschevsky en 1829 et Bolyai en 1832. Pour plus de détails, voir F.
Engel-P. Stackel, Die Theorie der Parallellinien von Euklid bis auf Gauss,
Leipzig (Teubner), 1895, et Urkunden zur Geschichte der nichteuklidischen Geo-
metrien, 2 vol., Leipzig (Teubner), 1898-1913.
(**) L'exemple de la géométrie sphérique avait fait croire pendant quel-
que temps que, dans un espace A courbure constante positive, il existe toujours
des eouples de points par lesquels passe plus d'une géodésique.
NOTE H I S T O R I Q U E 195
réels jusque dans les axiomes de la géométrie. Le principal représentant
de cette école est von Staudt, qui parvint essentiellement à réaliser ce
tour de force (XXIII), très admiré de son temps et même bien avant
dans le xxe siècle ; e t si aujourd'hui on n'attribue plus la même impor-
tance aux idées de cet ordre, dont les possibilités d'application fructueuse
se sont révélées assez minces, il faut cependant reconnaitre que les
efforts de von Staudt e t de ses disciples ont contribué à éclaircir les idées
sur le rôle des (( scalaires » réels ou complexes dans la géométrie classique,
e t à introduire par là même la conception moderne des géométries sur un
corps de base arbitraire.
Vers 1860, la géométrie « synthétique )) est à son apogée, mais la
fin de son rogne approche à grands pas. Restée lourde e t disgracieuse pen-
dant tout le x v m e siècle, la géométrie analytique, entre les mains des
Lamé, Bobillier, Cauchy, Plücker e t Mobius, acquiert enfin l'élégance et
la concision qui vont lui permettre de lutter à armes égales avec sa ri-
vale. Surtout, à partir de 1850environ, les idées de groupe et d'invariant,
formulées enfin de façon précise, envahissent peu à peu la scène, et on
s'aperçoit que les théorèmes de géométrie classique ne sont pas autre
chose que l'expression de relations identiques entre invariants ou cova-
riants du groupe des similitudes (*), de même que ceux de géorriétrie
projective expriment les identités (ou « syq-gies ))) entre covariants du
groupe projectif. C'est la thèse qui est magistralement exposée par F.
Klein dans le célèbre « programme d'Erlangen » (XXV O), oii il préconise
l'abandon des controverses stériles entre la tendance (( svnthétiauc 1) et
la tendance « analytique » ; si, dit-il, l'accusation portée contre cette der-
nière de donner un rôle privilégié à un système d'axes arbitraires n'était ((

que trop souvent justifiée e n ce q u i concerne la facon défectueuse dont on se


servait autrefois de la méthode des coordonnées. elle s'effondre lorsnu'il
s'agit d'une &plication rationnelle de cette méthode... L e domaine de i'in-
tuition spatiale n'est pas interdit à la méthode analytique ... »,et il souligne
que « l'on ne doit pas sous-estimer l'avantage qu'un formalisme bien adapté
apporte a u x recherches ultérieures, e n ce qu'il devance pour ainsi dire la
pensée » ((XXV O), p. 488-490).
On aboutit ainsi à une classificatior. rationnelle e t « structurale 1)
des théorèmes de géométrie » suivant le groupe dont ils relèvent : gronpc
((

linéaire pour la géométrie projective, groupe orthogonal pour les qiies-


tions métriques, groupe symplectique pour la géométrie du coniple\c ((

linéaire ».Mais sous cette impitoyable clarté, la géométrie classique -


exceptions faites de la géométrie algébrique e t de la géométric difl'tircn-
tielle (**), désormais constituées en sciences autonomes - se faric briis-

(*) Par exemple, les premiers membres des équations dcs trois Iiauteurs
d'un triangle sont des covariants des trois sommets du trianglc pour lc groupe
des similitudes, et le théoreme afirmant que ces trois hnutcurs ont un point
commun équivaut à dire que les trois covariants en question sont linkairement
dépendants.
(**) Nous n'avons pas ici à faire l'histoire de ces deux disciplines ni à exami-
ner en détail l'influence du « progrcmme d'Erlangen » sur leur dkveloppement
quement e t perd tout son éclat. Déjà la généralisation des méthodes fon-
dées sur l'usage des transformations avait rendu quelque peu mécanique
la formation de nouveaux théorèmes : « Auiourd'hui ». dit Chasles e n
1837 dans son Aperçu historique, « chacun peut se présenter, prendre une
vérité quelconque connue, et la soumettre aux divers principes généraux de
transformation ;il en retirera d'autres vérités, diflérentes ou plus générales ;
et celles-ci seront susceptibles de pareilles opérations ;de sorte qu'on pourra
multiplier, presque à l'infini, le nombre des vérités nouvelles déduites de la
première ... Peut donc qui voudra, dans l'état actuel de la science, généraliser
et créer en Géométrie ; le génie n'est plus indispensable pour ajouter une
pierre à l'édifice )) ((XV 6 ) , p. 268-269). Mais la situation devient bien
Plus nette avec les progrès de la théorie des invariants, qui parvient
enfin (tout a u moins pour les groupes « classiques 1)) à formuler des mé-
thodes générales permettant en principe d'écrire tous les covariants algé-
briques e t toutes leurs « syzygies » de façon purement automatique ; vic-
toire qui, d u même coup, marque la mort, comme champ de recherches,
d e la théorie classique des invariants elle-même, et de la géométrie K élé-
mentaire »,qui en est devenue pratiquement un simple dictionnaire.
Sans doute, rien ne permet de prévoir a priori, parmi l'infinité de « théo-
rèmes » que l'on peut ainsi dérouler à volonté, quels seront ceux dont
l'énoncé, dans un langage géométrique approprié, aura une simplicité et
une élégance comparables aux résultats classiques et il reste là un domaine
restreint où continuent à s'exercer avec bonheur de nombreus aniateurs
(géométrie du triangle, du tétraèdre, des courbes e t surfaces algébriques
de bas degré, etc.). Mais pour le mathématicien professionnel, la mine
est tarie, puisqu'il n'y a plus là de problèmes de structure, susceptibles
de retentir sur d'autres parties des mathématiques; et ce chapitre de la
théorie des groupes et des invariants peut être considéré comme clos
jusqu'à nouvel ordre. (*)

Ainsi, après le programme d'Erlangen, les géométries euclidienne et


non euclidiennes, du point de vue purement algébrique, sont devenues de
simples langages, plus ou rnoiiis conimodes, pour exprimer les résultats

ultérieur. Mentionnons seulement que la géométrie algébrique, aprés plus de


100 ans de recherches, est plus activement étudiée que jamais ; quant à la géo-
métrie différentielle, aprks une brillante floraison avec Lie, Darboux et leurs
disciples, elle semblait menacée de la mGme sclérose que la géométrie é1L'men-
taire classique, lorsque les travaux contemporains (prenant surtout leur ori-
gine dans les idées de E. Cartan) sur les espaces fibrés et les problémes e glo-
baux » sont venus lui redonner toute sa vitalite.
(*),Bien entendu, cette inéluctable déchéance de la géométrie (euclidienne
ou projective), qui semble évidente à nos yeux, est pendant longteirips restée
inaperçue des contemporains, et jusque vers 1900, cette discipli~iea continué
A faire figure de branche importante des mathématiques, ainsi qu'en témoigne
par exemple la place qu'elle occupe dans 1'Entyklopadie ; jusqu'à ces der-
nieres années, elle occupait encore cette place dans l'enseignement des Uni-
versi tés.
NOTE HISTORIQUE 197
de la théorie des formes bilinéaires, dont les progrès vont de pair avec
ceux de la théorie des invariants (*). Tout ce qui concerne la notion de
rang d'une forme bilinéaire et les rapports entre ces formes e t les trans-
formations linéaires est définitivement éclairci par les travaux de Frobe-
nius ( X X V I I a). C'est aussi à Frobenius qu'est due l'expression cano-
nique d'une forme alternée sur un Z-module libre ( § 5, no 1, th. 1 )
( X X V I I b) ; toutefois, les déterminants symétriques gauches étaient
déjà apparus chez Pfaff, a u début d u siècle, à propos de la réduction des
formes différentielles à une forme normale ; Jacobi, qui, en 1827, reprend
ce problème ( X I X a), sait qu'un déterminant symétrique gauche d'ordre
impair est nul, e t c'est lui qui forme l'expression du pfaflien et montre
que c'est u n facteur d u déterminant symétrique gauche d'ordre pair ;
mais il n'avait pas aperçu que ce dernier est le carré du pfaffien, et ce
point ne fut établi que p a r Cayley en 1849 ( X V I I I b). L a notion de forme
bilinéaire symétrique associée à une forme quadratique est le cas le plus
élémentaire du processus de polarisation »,-un $es outils fondamentaux
de la théorie des invariants. Sous le nom de « produit scalaire »,cette
notion connaîtra une fortune immense, d'abord avec les vulgarisatews
du calcul vectoriel »,puis, à partir du xxe siècle, grâce à la généralisa-
((

tion insoupçonnée qu'en apporte la théorie de l'espace de Hilbert (voir


Note hist. du Livre V). C'est aussi cette dernière théorie qui mettra en
lumière la notion d'adjoint d'un opérateur (qui auparavant ne s'était
guère manifestée que dans la théorie dos équations diffcrentielles linéaires,
et. en calcul tensoriel. Dar
1 * la valse des indices co- e t contravariants sous
la baguette du tenseur métrique) ; c'est elle enfin qui donnera tout son
relief à la notion de forme hermitienne, introduite d'abord par Hermite en
1853 à propos de recherches arithmétiques ( ( X X I I ) , p. 237)' mais restée
un peu en marge des grands courants mathématiques jusque vers 1925 e t
les applications des espaces hilbertiens complexes aux théories quantiques.
L'étude du groupe orthogonal e t du groupe des siniilitiides - claire-
ment concus e t traités comme tels denuis le milieu du x r l e siècle. e t deve-
nus le cœur de la théorie des formes quadratiques - ainsi que des autres
groupes c( classiques )) (groupe linéaire, groupe symplectiquc et groupe
unitaire), prend d'autre part une importance de pliis en pliis grande.
Nous ne pouvons que mentionner ici le rôle essentiel joué par ces groupes,
dans la théorie des groupes de Lie et la géométrie différentielle d'une
part, la théorie arithmétique des formes quadratiques (voir par exemple
( X X X I I I ) e t ( X X X V ) ) de l'autre (**) ; à cette circonstance, ainsi qu'à

(*) En particulier, I'intérSt qui s'attache à la géométrie non-euclidicnne


provient, non de cet aspect algébrique banal, mais hien de ses relations avec la
géométrie différentielle et la théorie des fonctions de variables ci?mplexes ;
c'est pourquoi, dans cet ouvrage, les notions et définitions éli-mentaires de géo-
métrie non-euclidienne ne seront introduites que dans les parties qui traiteront
de ces théories.
(**) Sans par!er des théories quantiques, o ù les représentations linéaires
des groupes orthogonaux sont fort utilis5es, ni de la théorie de la relativité, qui
attira l'attention sur le cc groupe de Lorentz i) (groupe orthogonal pour une
forme de signature ( 3 , l ) ) .
l'extension du concept de dualité aux questions les plus diverses, est dû
le fait qu'il n'est plus guère de théorie mathématique moderne où les formes
bilinéaires n'interviennent d'une façon ou d'une autre. Nous devons en
tout cas noter que c'est l'étude du groupe des rotations (à trois dimen-
sions) qui conduisit Hamilton à la découverte des quaternions (XVII) ;
cette découverte est généralisée par W. Clifford qui, en 1876, introduit les
algèbres qui portent son nom, et prouve que ce sont des produits tenso-
riels d'algèbres de quaternions, ou d'algèbres de quaternions et d'une
extension quadratique (XXVIII). Retrouvées quatre ans plus tard par
Lipschitz (XXIX) qui les utilise pour donner une représentation paramé-
trique des transformations orthogonales à n variables (généralisant celles
que Cayley avait obtenues pour n = 3 (XVIII a) et n = 4 (XVIII c) par
la théorie des quaternions (cf. 5 9, exerc. 15 et 16))' ces algèbres, et la
notion de « spineur » qui en dérive (voir (XXXII) et (XXXIV)), de-
vaient aussi connaître une grande vogue à l'époque moderne en vertu
de leur utilisation dans les théories quantiques.
Il nous reste enfin à dire un mot de l'évolution des idées qui a conduit
à l'abandon à peu près total de toute restriction sur l'anneau des sca-
laires dans la théorie des formes sesquilinéaires - tendance commune
à toute l'algèbre moderne, mais qui s'est peut-être manifestée ici plus tôt
qu'ailleurs. Nous avons déja signalé l'introduction fructueuse de la géomé-
trie sur le corps des n ~ m b r e scomplexes (qui d'ailleurs, pendant tout le
x ~ x siècle,
e n'allait pas sans une confusion perpétuelle et parfois périlleuse
entre cette géométrie et la géométrie réelle) ; la clarté ici provient surtout
des études axiomatiques de la fin du x ~ x esiècle sur les fondements de la
géométrie (XXX). Au cours de ces recherches, Hilbert et ses émules,
notamment, en examinant les relations entre les divers axiomes, furent
amenés à construire des contre-exemples appropriés, où le « corps de
base » (commutatif ou non) possédait des propriétés plus ou moins patho-
logiques, et ils accoutumèrent ainsi les mathématiciens à des ((géométriesN
d'un type tout nouveau. Du point de vue analytique, Galois avait déja
considéré des transformations linéaires où coefficients et variables pre-
naient leurs valeurs dans un corps premier fini ((XVI), p. 27); en déve-
loppant ces idées, Jordan (XXVI) est amené de façon naturelle à envisa-
ger les groupes classiques sur ces corps, groupes dont l'intervention se
manifeste dans des domaines variés des mathématiques. Dickson, vers
1900, étendit les recherches de Jordan à tous les corps finis, et plus ré-
cemment, on s'est aperçu qu'une grande partie de la théorie de Jordan-
Dickson s'étend au cas d'un « corps de base » absolument quelconque ;
ceci e s t dû essentiellement aux propriétés générales des vecteurs iso-
tropes et au théorème de Witt, qui, triviaux dans les cas classiques, n'ont
été établis pour un corps de base arbitraire qu'en 1936 (XXXI) (*).
Mais en poussant ainsi vers une « abstraction » toujours plus grande
l'étude des formes sesquilinéaires, il s'est avéré extrêmement suggestif de

(*) Pour plus de détails sur ces questions, voir J. Dieudonné, La géométrie
des groupes classiques (Erg. der Math., Neue Folge, Heft 5, Berlin-Gottingen-
Heidelberg (Springer), 1955).
NOTE HISTORIQUE 199
conserver telle quelle la terminologie qui, dans le cas des espaces A 2 et
3 dimensions, provenait de la géométrie classique, et de l'étendre au cas
n-dimensionnel et même aux espaces de dimension infinie. Dépassée en
tant que science autonome et vivante, la géométrie classique s'est ainsi
transfigurée en un langage universel de la mathématique contemporaine,
d'une souplesse et d'une commodité incomparables.
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t. I X , Zürich-Leipzig-Berlin (O. Füssli e t B. G. Teubner), 1945) ; b) Theoria
motus corporum solidorum seu rigidorum (Opera Omnia (2), t. I I 1, Zürich-
Leipzig-Berlin (O. Füssli e t B. G. Teubner), 1948) ; c) Problema algebraicum
ob affectiones prorsus singulares rnemorabile (Opera Omnia, ( f ) , t . VI,
Leipzig-Berlin (Teubner), 1921, p. 287-315) ;d) Formulae generales pro trans-
latione auacunaue cornorum ricidorum. Novi Comm. Acad. Sc. ima. P e t r o ~ . .
t. X X (i776), P. 189'207 ; e ) - ~ ecentro similitudinis. (Opera brnnia (1);
t . XXVI. Zürich (O. Füssli), 1956, v. 276-285).
( I X ) J. L. 'LAGRANGE, U ~ U V ~p a~rSi s, ( ~ a u t h i e r - ~ i l l a r s1867-1892
), : a ) Re-
cherches sur la méthode de maximis e t minimis, t. 1, p. 3-20 ; b) Recherches
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I N D E X D E S NOTATIONS

Les chiffres de référence indiquent successivement le paragraphe e t le


numéro (ou, exceptionnellement, l'exercice).
, : 1 , l et 6.
d , ~sa
bJ, bJ' : 1, 2.
FJ(J antiautomorphisme de l'anneau B des scalaires du module à droite F) : 1,2.
No, Mo (N, M sous-modules) : 1, 3.
6 :1 , 7 .
u* (u homomorphisme) : 1, 8.
@(m) : 1, 9.
M(x),x (x élément d'un module libre) : 1 , l O .
M(u) (u homomorphisme d'un module libre dans un module libre) : 1 , l O .
t M , MJ ( M matrice) : 1 , l O .
D+ (a,. . ., xn), D+(S) : 2.
M ( ascalaire) : 3.
P ~ ( R:)5, 2. '
SP(@),SP(% A), S~2rn(A): 5 , 3 .
U(@),SU(@)(@ forme hermitienne) : 6, 2.
O(&),SO(Q) (Q forme quadratique) : 6, 2.
U(n, A),
SU(% A), Ojn, A), SOb, A) : 6, 2.
Q T Q , Q Q' (Q, Q formes quadratiques) : 8 , l .
O(&) (Q forme quadratique) : 8, 1.
T +T', a . T (T, T' types de formes quadratiques) : 8, 2.
8(Q) (Q forme quadratique) : 8, 2.
Q 63 Q' (Q, Q' formes quadratiques) : 8, 3.
TT' (T, T' types de formes quadratiques) : 8 , 3 .
T", T+, T- : 9 , l .
C(Q),I(Q),pe, p, C+(Q),C-(Q), Cf, C- (Q forme quadratique) : 9 , l .
a , P, C(f) : 9, 1.
-
ez, if, iz, h p : 9, 2.
hp: 9, 3.
G, G+, GO, O+(Q),.O$(Q), N(s) (Q forme quadratique, s élément inversible du
groupe de Clifford special G+) : 9, 5.
A(@) (@ forme bilinéaire symétrique sur un espace vectoriel de dimension 2) :
10,l.
S, S+,H, O+ : 1 0 , l .
-
u(u similitude directe), i, d : 10, 1.
Czo,S%, tw, C,S, t : 10,2.
Hf : 10, 3.
I N D E X D E S NOTATIONS
-------
(Dl, D2) (Dl, D2 droites ou demi-droites) : IO, 3.
'a,a(,,h, h' : 10.3.
A
1 x 1,
(x,y) (x, y vecteurs) : 10, 3.
cos 0, sin 0, tg 0, cotg 0 : 10,3.
)Dl, Dz(, (Dl, D2) (Dl, D2 demi-droites dans un plan orienté) : 10, 4 .
I N D E X TERMINOLOGIQUE

Les chiffres de référence indiquent successivement le paragraphe e t le


numéro (ou exceptionnellement, l'exercice).

Adjoint (à droite, à gauche) d'un homomorphisme : 1 , s .


Adjoint d'une application semi-linéaire : 7, 3.
Algèbre de Clifford d'une forme quadratique : 9, 1.
Alternée (matrice) : 3 , l .
Angle de deux e t demi-droites : 10, 3, e t exerc. 6.
Angle de de deux demi-droites dans un plan affine : 10, 3.
Angle de deux droites : 1 0 , 3 et exerc. 2.
Angle de deux droites dans un plan affine : 10, 3.
Angle de deux droites pointées : 10, exerc. 2.
Angle de deux vecteurs dans un plan : 1 0 , 3 .
Angle de deux vecteurs dans un espace de dimension 2 : 10, 3.
Angle droit : 10, 3 e t exerc. 2.
Angle d'une rotation : 1 0 , 3 .
Angle d'une similitude directe : 10, exerc. 6.
Angle plat : 10, 3 et exerc. 6.
Anneau des types de formes quadratiques : 8, 3.
Anneau de Witt : 8, 3.
Antiautomorphisme d'un anneau : 1, 2.
Antiautomorphisme principal d'une algèbre de Clifford : 9 , l .
Antihermitienne (forme) : 3, 1.
Antihermitienne (matrice) : 3, 1.
Antisymétrique (matrice) : 3, 1.
Amlication bilinéaire : 1. 1.
~ p p l i c a t i o nbilinéaire dégénérée (à droite, à gauche) : 1 , l .
A ~ ~ l i c a t i obilinéaire
n non dégénérée : 1.1.
~ p p l i c a t i o nbilinéaire non dGénérée associée à une application bilinéaire : 1, 3.
Application bilinéaire obtenue par extension des scalaires à partir d'une appli-
cation bilinéaire : 1, 4.
Application canonique d'un module dans son algèbre de Clifford : 9 , l .
Application canonique de I'ensemble des endomorphismes hermitiens sur l'en-
semble des formes hermitiennes : 7, 3.
Application canonique de l'ensemble % s u r S+/H : 10,3.
Application canonique de l'ensemble % s u r O+ : 1 0 , 3 .
Application linéaire associée à droite (à gauche) à une application bilinéaire : 1 , l .
Application semi-linéaire associée à droite (Ci gauche) à une forme sesquili-
néaire : 1, 6.
INDEX TERMINOLOGIQUE 205
Application sesquilinéaire à droite (à gauche) pour un antiautomorphisme : 1,2.
Application sesquilinéaire dégénérée ( a droite, a gauche) : 1, 2.
Application sesquilinéaire non dégénérée : 1,2.
Application sesquilinéaire non dégénérée associée a une application sesqui-
linéaire : 1, 3.
Application sesquilinéaire obtenue par extension des scalaires a partir d'une
application sesquilinéaire : 1, 4.
Associée (application linéaire) à une application bilinéaire : 1,l.
Associée (application semi-linéaire) à une forme sesquilinéaire : 1, 6.
Associée (forme bilinéaire) à une forme auadratiaue : 3.4.
~utoiiior~liisriie orthogonal : 6, 2.
Autoinornhisiiic orth(~uoiialà n variables : G , 2.
~utomorC>hismeprinciial d'une algèbre de Clifford : 9 , l .
Automorphisme symplectique : 5,3.
Automorphisme symplectique à 2 m variables : 5, 3.
Automorphisme unitaire : 6, 2.
Automorphisme unitaire à n variables : 6, 2.
Axe d'un complexe linéaire affine : 10, exerc. 16.
Base orthogonale : 6, 1.
Base orthonormale : 6, 1.
Base symplectique : 5, 1.
Bilinéaire (application) : 1, 1.
Bilinéaire (forme) : 1, 6.
Bimodule : 1,l.
Canonique : voir Application canonique e t IIomomorphisme canonique.
Centre d'une quadrique : 6, exerc. 25 e t 10, exerc. 12.
Cercle unité : 10, exerc. 2.
Chasles (relation de) : 10, 3.
Clifford (algèbre de) : 9 , l .
Clifford (groupe de) : 9, 5.
Complexe linéaire : 10, exerc. 16.
Condition (C) : 6 , l .
Condition (Cf): 6, 1.
Condition (T) : 4, 2.
Cône isotrope : 6, exerc. 23.
Conforme (groupe) : 10, exerc. 14.
Conique affine : 6, exerc. 25.
Conique projective : 6, exerc. 23.
Conjuguées (variétés linéaires affines) : 6, exerc. 25.
Conjuguées (variétés linéaires projectives) : 6, exerc. 23.
Cosinus d'un angle : 10, 3.
Cotangente d'un angle : 10, 3.
Décomposition de Witt : 4, 2.
Dégénérée (application bilinéaire) à droite (à gauche) : 1 , 1 .
Dégénkrée (application sesquilinéaire) a droite (à gauche) : 1, 2.
Dégénérée (conique affine) : 6, exerc. 25.
Dégénérée (conique projective) : 6, exerc. 23.
Dégénérée (quadrique affine) : 6, exerc. 25.
Dégénérée (quadrique projective) : 6, exerc. 23.
Demi-droite : 10, 3.
Demi-droite fermée : 10, 3.
Demi-droite isotrope : 10, 3.
Demi-droite ouverte : 10, 3.
Déplacement : 6, 6.
Dimension d'une forme auadratiaue : 8. 1.
Directe (similitude) : 6, 5.
Discriminant d'une forme sesquilinéaire par rapport à un systhme d'élkments: 2.
Distance : 7 , l .
Droit (angle) : 10, 3.
Droite pointée : 10, exerc. 2.
Êlément impair d'une algébre d e Clifford : 9 , l .
Êlément isotrope : 4 , l .
filément pair d'une algèbre de Clifford : 9 , l .
filément singulier : 4 , l .
Êléments orthogonaux par rapport à une application sesquilinéaire : 1, 3.
Eléments orthogonaux par rapport à une forme quadratique :3 , 4 .
Endomorphisme hermitien : 7 , 3 .
Endomorphisme normal : 7 , 3 .
E-hermitienne (forme) : 3 , l .
E-hermitienne (matrice) : 3, 1.
fiquivalentes (formes quadratiques) : 3, 4 .
fiquivalentes (formes sesquilinéaires) : 1, 6.
Espace de définition d'une forme quadratique : 8 , 1.
Espace euclidien : 6, 6.
Espace hermitien :6, 6.
Espace orienté : 10, 3.
Euclidien (espace) : 6, 6.
Extension d'une forme sesauilinéaire à une missance tensorielle : 1 . 9 .
Extension d'une forme sessuilinéaire à ~ n e ^ ~ u i s s a nextérieure
ce : 1, 9.
Externe (somme directe) de formes auadratiuues : 3, 4.
Externe (somme directe) de modules~uadrati^ques: 3 , 4 .
Faiblement orthogonaux (sous-espaces) : 3, exerc. 11.
Fermé (secteur angulaire) : 10, 4.
Fermée (demi-droite) : 10,3.
Fonction cosinus : 10, 3.
Fonction cotangente : IO, 3.
Fonction sinus : 10, 3 .
Fonction tangente : 10, 3.
Fonction trigonométrique : 10, 3.
Forme antihermitienne : 3, 1.
Forme bilinéaire : 1, 6.
Forme bilinéaire associée a une forme quadratique : 3, 4.
Forme bilinéaire hermitienne : 3 , l .
Forme hermitienne : 3 , l .
Forme hermitienne négative (positive) : 7 , 1.
Forme inverse d'une forme bilinéaire (sesquilinéaire) : 1; 7.
Forme métrique : 6, 6.
Forme neutre : 4 , 2 e t 8 , 1.
Forme quadratique : 3 , 4.
Forme quadratique négative (positive) : 7, 1.
Forme quadratique non dégénérée : 3, 4.
Forme quadratique obtenue par extension des scalaires à partir d'une forme
quadratique : 3 , 4 .
Forme sesquilinéaire : 1, 6.
Formes quadratiques équivalentes : 3, 4 .
Formes sesquilinéaires équivalentes : 1, 6.
Gram-Schmidt (procédé d'orthogonalisation de) : 6, 1.
Groupe de Clifford : 9, 5.
Groupe de Clifford réduit : 9, 5.
Groupe de Clifford spécial : 9, 5.
Groupe des rotations : 9, 5.
Groupe des types de formes quadratiques : 8 , 2 .
Groupe de Witt : 8 , 2 .
Groupe orthogonal associé & Q : 6 , 2 .
Groupe orthogonal a n variables : 6, 2 .
Groupe spécial orthogonal : 6, 2 .
Groupe spécial unitaire : 6, 2 .
Groupe symplectique associé & @ : 5, 3.
Groupe symplectique & 2 m variables : 5 , 3 .
Groupe unitaire associé à @ :6, 2.
I N D E X TERMINOLOGIQUE

Groupe unitaire à n variables : 6.2.


~ e r m i t i e n(endomorphisme) : 7; 3.
Hermitien (espace) : 6, 6.
:
~ e r m i t i e n n e(forme) 3, 1.
Hermitienne (matrice) : 3, 1.
Homomorphisme canonique de l'algèbre de Clifford d'un sous-module de E dans
l'algèbre de Clifford de E : 9, 1.
Homomorphisme métrique : 4 , 3.
Hyperplan radical de deuxsphéres : 10, exerc. 12.
Image réciproque d'une application bilinéaire : 1 , l .
Image réciproque d'une application sesquilinéaire : 1 , 2 .
Impair (élément) dans une algèbre de Clifford : 9 , l .
Indice d'une forme quadratique (sesquilinéaire) : 4, 2 .
Invariant de Dickson : 9, exerc. 9.
Inverse (forme) : 1, 7.
Inverse (similitude) : 6, 5.
Inversion : 10, exerc. 13.
Inversion de sphère C : 10, exerc. 13.
Involution dans un groupe linéaire : 6, 3.
Isotrope (demi-droite) : 10, 3.
Isotrope (élément) : 4 , 1.
Isotrope (sous-module) : 4 , 1.
Isotrope (variété linéaire) : 6, 6.
Laguerre (formule de) : 10, exerc. 5.
Loi d'inertie : 7, 2 .
Longueur d'un vecteur : 10, 3.
Matrice alternée : 3, 1.
Matrice antihermitienne : 3.1.
Matrice antisymétrique : 3,'l.
Matrice d'une application satisfaisant à (G), (D), (GD) ou (DG) : 1 , I O .
Matrice d'une application bilinéaire : 1,l.
Matrice d'une application sesuuilinéaire : 1. 2.
Matrice E-hermhknne : 3 , l . -
Matrice hermitienne : 3, 1.
Matrice normale : 7, exerc. 17.
Matrice orthogonale : 6, 2 .
Matrice symétrique : 3, 1.
Matrice symplectique : 5, 3.
Matrice unitaire : 6, 2.
Métrique (forme) : 6, 6.
Métrique (homomorphisme) : 4, 3.
Module quadratique : 3, 4.
Multiplicateur d'une similitude : 6, 5 et 6.
Négatif (n-vecteur) : 10, 3.
Négative (forme hermitienne) : 7, 1.
Négative (forme quadratique) : 7, 1.
Neutre (forme quadratique) : 8 , l .
Neutre (forme sesquilinéaire) : 4 , 2 .
Non dégénérée (application bilinéaire) : 1, 1.
Non dégénérée (application sesquilinéaire) : 1, 2 .
Non dégénérée (forme quadratique) : 3, 4 .
Normal (endomorphisme) : 7, 3.
Norme spinorielle : 9,5.
Noyau d'un module quadratique : 3, 4.
n-vecteur négatif (positif) : 10, 3.
Orientation d'un espace : I O , %
Orienté (espace) : 10. 3.
0rthogonaf (automorphisme) : 6, 2 .
Orthogonal (groupe) : 6. 2.
orthogonal (groupe'spécial) : 6, 2 .
Orthogonal (projecteur) : 6, 3.
Orthogonal (sous-module) à un sous-module: 1 , 3 .
Orthogonal (vecteur) à une variété linéaire : 6, 6.
Orthogonale (base) : 6 , l .
Orthogonale (matrice) : 6, 2.
Orthozonale (oroiection)
* a " sur une variété linéaire : 6. 6.
~ r t l i & n a l e i~riiiisform~tionj
: 6 , 2.
Ort hoconde I viirii.li:i à une variCl6 linhire : 6. 6.
orthogonales' (partie;) : 1 , 3 e t 3 , 4 .
Orthogonales (variétés linéaires) : 6, 6.
Orthogonalisation (procédé d') de Gram-Schmidt : 6, 1.
Orthogonaux (éléments) : 1, 3 e t 3, 4.
Orthonormale (base) : 6, 1.
Ouvert (secteur angulaire) : 10, 4.
Ouverte (demi-droite) : 10, 3.
Pair (élément) dans une algèbre de Clifford : 9, 1.
Parties orthogonales : 1 , 3 et 3, 4.
Perpendiculaires (variétés linéaires) : 6, exerc. 22.
Pfaff~end'une matrice alternée : 5. 2.
Plat (angle) : 10, 3.
Point de vue d'une projection stéréoaraphique : 10, exerc. 14.
Polaire d'une varié& lhéaire par raiport à u n e quadrique : 6, exerc. 23 et 25.
Pôle d'un hyperplan par rapport a une quadrique : 6, exerc. 23 e t 25.
Pôle d'une inversion : 10. exerc. 13.
Positif (n-vecteur) : 10, 3.
Positive (forme hermitienne) : 7 , 1.
Positive (forme quadratique) : 7 , 1.
Principal (antiautomorphisme) : 9, 1.
Principal (automorphisme) : 9, 1.
Produit tensoriel de formes quadratiques : 8 , 3 .
Produit tensoriel de formes sesauilinéaires : 1. 9.
lJrujc.clcur ortliogund : t;, 3.
I ' r o i t 4 o n orlho~orialesur une v;iiii.tC lini'airc : G , 6 .
~ r o j e c t i o nstéréGraphique : 10, exerc. 14.
Pseudo-discriminant : 9, exerc. 9.
Puissance d'un point par rapport à une sphère : 10, exerc. 12.
Puissance d'une inversion : 10, exerc. 13.
Pythagore (théorème de) : 6, 6.
Quadratique (forme ) : 3, 4.
Quadratique (module) : 3, 4.
Quadrique affine : 6, exerc. 25.
Quadrique projective : 6, exerc. 23.
Rang d'une forme bilinéaire (sesquilinéaire) : 1 , 6.
Rayon d'une sphère : 10, exerc. 12.
Réduit (groupe de Clifford) : 9, 5.
Relation de Chasles : 10, 3.
Représentations spinorielles : 9, 4.
Rotation : 9, 5.
Rotation d'angle rp : 10, 3 et exerc. 2.
Rotations (groupe des) : 9 , 5 .
Secteur angulaire fermé : 10, 4.
Secteur angulaire ouvert : 10, 4.
Secteur angulaire plat : 10, exerc. 8.
Secteur angulaire rentrant : 10, exerc. 8.
Secteur angulaire saillant : 10, exerc. 8.
Semi-spineur : 9, 4.
Sesquilinéaire (application) : 1, 2.
Sesquilinéaire (forme) : 1, 6.
Signature d'une forme hermitienne : 7, 2.
Similitude : 6, 5 e t 6.
I N D E X TERJIINOLOGIQCE

Similitude directe : 6, 5 e t 9, exerc. 9.


Similitude inverse : 6, 5.
Singulier (élément) : 4, 1.
Singulier (sous-module) : 4, 1.
Sinus d'un angle : 10, 3.
Somme directe d'applications bilinéaires (sesquilinéaires) : 1, 3.
Somme directe externe de formes quadratiques (modules quadratiques) : 3 , 4 .
Sous-module isotrope : 4 , l .
Sous-module orthogonal à un sous-rnodule : 1, 3.
Sous-module singulier : 4, 1.
Sous-module totalement isotrope : 4 , 1.
Sous-module totalement singulier : 4, 1.
Sphère : IO, exerc. 12.
Sphères orthogonales : 10, exerc. 12.
Spineur : 9, 4.
Suite directe de demi-droites : 10, 4.
Symétrie par rapport à un hyperplan : 6, 4.
Symétrie par rapport a un sous-espace vectoriel : 6, 3 .
Symétrie par rapport à une variété linéaire affine : 6 , 6.
Symétrique (matrice) : 3, 1.
Symplectique (automorphisuie) : 5 , 3 .
Symplectique (base) : 5 , l .
Symplectique (groupe) : 5 , 3 .
Symplectique (matrice) : 5 , 3 .
Symplectique (transformation) : 5 , 3.
Tangente d'un angle : 10, 3.
Tangente (variété linéaire) à une quadrique : 6, exerc. 23 et 25.
Théorème de Pythagore : 6 , 6.
Théorème de Witt : 4 , 3 .
Totalement isotroue (sous-module) : 4. 1.

Totalement singulier (soùs-module) : 4, 1.


Transformation orthogonale : 6, 2.
Transformation symplectique : 5, 3 .
Transformation unitaire : 6, 2.
Trigonométrique (fonction) : 10, 3.
Type d'une forme quadratique : 8, 1.
Unitaire (automorphisme) : 6, 2.
Unitaire (groupe) : 6, 2.
Unitaire (groupe spécial) : 6, 2.
Unitaire (matrice) : 6 , 2.
Unitaire (transformation) : 6, 2.
Variété linéaire isotrope : 6, 6.
Variété linéaire orthogonale à une variété linéaire : 6, 6.
Variété linéaire totalement isotrope : 6, 6.
VariBtés linéaires orthogonales : 6, 6.
Vecteur orthogonal à une variété linéaire : 6, 6 .
W i t t (anneau de) : 8, 3.
Witt (décomposition de) : 4, 2.
Witt (groupe de) : 8, 2.
W i t t (théorème de) : 4, 3.
TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE 1 X . - F o r ~ t ~ esesquilinéaires
s et formes qundraiiques . . . . . . . . 3
§ 1. Formes sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1 . Applications bilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 . Applications sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3 . Orthogonalité . Sommes directes d'applications bilinéaires ou
sesquilinéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4 . Changement d'anneaux de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1::
5. Quelques identités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6. Formes bilinéaires et sesquilinéaires . Rang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
7 . Forme inverse d'une forme bilinéaire ou sesquilinbaire . . . . . . . . . 23
8. Adjoint d'un homomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
9. Produits tensoriels et puissances extérieures de formes sesqui-
linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
10. Calculs matriciels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
5 2 . Discriminant d'une forme sesquilinéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3 3 . Formes hermitiennes et formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i!)
1. Formes hermitiennes et ~.herinitiennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2 . Modules sur une exlension quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ): 1
3 . Formes bilinéaires associ6es à une forme Iierrnitieniie . . . . . . . . . . ).. 2
4 . Formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5;
3 4 . Sous-espaces totalement isotropes. T1iC.orèine de \Vitt . . . . . . . . . . . . ti.!
1 . Sous-espaces isotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (i1
2 . Décomposition de \Vit1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . titi
3 . Théorénie de Witt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3 5. Propriétés spéciales aux fornies bilinéaires alternées . . . . . . . . . . . . . . 79
1. Réduction des formes bilinéaires alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ;9
2 . Pfaffien d'une matrice alternée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . $4
-
3 . Groupe symplectique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . X't
3 6 . Propriétés spéciales aux formes Iierniitiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . !)O
1. Bases orthogonales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . !)O
2 . Groupe unitaire et groupe orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Yb.!
3 . Projecteurs orthogonaux e t involutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '35
4 . Symétries dans le groupe orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5. Groupe des similitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
6 . Gbométrie hcrmitienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
$ 7 . Formes herinitieniies et corps ordonnCs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ili
1 . Formes herniitieiines positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 .l
2 . La loi d'inerlie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3 . Itkiuction
.. d'une foriiic l);lr ral)lwrl .. ii iiiie I'oriiic Iicriiiilic~iiiic~
positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3 8. Types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
1 . Types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
2 . Groupe des types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
3 . Anneau des types de formes quadratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
$ 9. AlgBbresdeClifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
.
1 Définition e t propriété universelle de l'algèbre de Clifford . . . . . . 139
2 . Quelques opérations dans l'algèbre tensorielle . . . . . . . . . . . . . . . . 141
3 . Base de l'algèbre de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4 . Structure de l'algèbre de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
5. Groupe de Clifford . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
10 . Angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
1 . Similitudes directes dans un plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
2 . Trigonométrie plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
3 . Angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
4 . Secteurs angulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Notehistorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Indexdes notations .............................................. 202
Index terminologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Définitions du chapitre I X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dèplian t
soient A un anneau, 6 -+ 6 un antiautomorphisme involutif de A, e s t - à -
dire une- -bijection
-- de A sur lui-même telle que (6 q) = 6 ++ 6,
kg) = -ri.%,5 = 5 quels que soient 5,q dans A. Une forme sesquilinéaire
sur un A-module à gauche E est une application de E x E dans A
telle que

quels que soient u E A, x, x', y, y' dans E.


soit E un élément du centre de A. On dit au'une forme ~esuuilinéaire(L>
sur E est c-hermitienne si @(y, z) = c@(x, y) quels que soient ZEN,
y E E ; si c = 1 (resp. E = - 1) on dit que @ est hermitienne (resp. anti-
hermitienne).
Lorsque I'antiautomorphisme 6 -+ est i'identité (ce qui implique que
l'anneau A:est commututif), les formes sesquilinOaires correspondanles
sont les formes bilinéaires. On dit alors u symétrique n au lieu de r herrni-
tienne n, e t u nntisymétrique P au lieu de u antihermitionne n (cl. chap.
III). Une forme bilinéaire cD telle que @(x, x) = O est dite alkrnée; elle
est alors antiiymétrique, et la rbci roque est vraie lorsque A est un corps
de caractéristique 2 2 (cf. chap. 1 hl.
On dit qu'une forme e-hermitienne satisfait A la condition (T) si poijr tout
xE ET +
il existe h E A tel que @(x,a) = h eb. Cette conditiin est tou-
jours remplie lorsque E = 1 et que A est un corps de caractéristique
z 2, ou lorsque @ est alternée.
Formes quadratiques :
Soient A un anneau commutatif. ld7ni!forme quadratique Q sur un A-
module E est une application de E dans A telle que Q(m) u2Q(r)
pour u E A, x E E, e t que l'application
-
soit une forme bilinéaire (nécessairement symétrique), dite ~wsoçiéea
la forme quadrati ue Q.On a @(x,x) = 2Q(z) ;inversement, pour toute
forme bilinéaire '?sur E, x +<Y(., x) est une forme quadratique sur E: ;
lorsque A est un corps de caractéristique 12, formes quadratiques et
fornies bilinéaires symétriques sur E se correspondent donc biunivoque-
ment.
Eléittents orthogonaux :
Soit @ une forme c-herniitienne sur un A-module a gauche E. On dit que
deux éléments x, y de E sont orthogonaux (pour @) si @(x, y) = 0 ;
cette relation est symétrique en x et y. Pour tout sous-module M de E,
l'ensemble des x E E qui sont orthogonaux à tous les éléments de M est
un sous-module noté Mo et appelé l'orthogonal du sous-module M. On
dit que @ est non dégénérée si EO = 10 (. Lorsque E est un espace vec-
toriel de dimension finie et que @ est non dégénérée, on a
codimMO= dim M et MW= M pour tout sous-espace M de E ; en
outre, pour tout couple de sous-espaces M, N de E, on a

Supposons l'anneau A commutatif, et soient Q une forme quadratiquesur le


A-module E, @ la forme bilinéaire associée à Q. On dit que deux élé-
ments de E sont orthogonaw (pour Q) s'ils sont orthogonaux pour @ ;
l'orthogonal d'un sous-module M (pour Q) est l'orthogonal M O de M
pour 0.On dit que Q est non dégénérée si @ est non dégénérée.
Elémenîs isotropes et éléments singuliers :
Soit @ une forme r-hermitienne sur un A-module à gauche E. On dit qu'un
élément x E E est isotrope si @(x, x) = O; on dit qu'un sous-module M
1
de E est isotrope si M n MO =+ { O (autrement dit si la restriction de @
A M est dégénérée) ; on dit que M est totalement isotrope si M C Mo (autre-
ment dit si la restriction de @ à M est nulle). Pour tout sous-module
M de E, M n MO est totalement isotrope. Si E est un espace vectoriel
de dimension finie et si @ est non dégénérée, les trois conditions sui-
vantes sont équivalentes pour un sous-espace M de E : l0 M est non
isotrope ; 20 Mo est non isotrope ; 30 E est somme directe de M et de MO.
Supposons l'anneau A commutatif, et soient Q une forme quadratique
sur un A-module E, @ la forme bilinéaire associée a Q. On dit qu'un
blément x E E est singulier si Q(x) = O ; on dit qu'un sous-module M de
E est singulier (resp. totalement singulier) si M n Mo contient un élément
singulier rf- O (resp. si la restriction de Q à M est nulle). Tout élément
singulier (resp. sous-module singulier, sous-module totalement singulier)
est isotrope (resp. isotrope, totalement isotrope); la réciproque est vraie
lorsque A est un corps de caractéristique f 2.

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