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Chapitre 1

Notions sur le concept de l’interopérabilités des systèmes

L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les


interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d'autres produits ou systèmes
existants ou futurs, utilisant le même protocole de communication, et ce sans restriction
d'accès ou de mise en œuvre.

Un exemple de systèmes interopérables est le téléphone. Toutes les interfaces sont des
normes gérées par l'UIT-T. On peut ainsi téléphoner sans se soucier de la marque de
téléphone de son correspondant ni des matériels utilisés par les différents opérateurs.

Le monde anglo-saxon voit l'interopérabilité sous l'angle de l'informatique et des


télécommunications, et comme un moyen de puissance et de domination du marché.
L'interopérabilité industrielle est traitée par les anglo-saxons par l'intermédiaire de l'ingénierie
des systèmes, qui est une discipline universitaire.

1. 1. Éléments de définition

L'interopérabilité est la capacité des équipements de différents fabricants (ou


différents systèmes) pour communiquer ensemble sur la même infrastructure (même système),
ou sur un autre en itinérance. C’est la capacité d'au moins deux systèmes ou composants à
échanger des données et à utiliser information.

Cette interopérabilité nécessite que les communications obéissent à des normes,


clairement établies et univoques.

Par exemple, la norme peut définir des éléments comme :


- les formats des données échangées dans le contexte considéré, qui décrivent des
séquences d'informations ou de commandes qu'un système doit envoyer, comment ses
correspondants doivent y répondre (protocole de communication).
- les tensions et courants à utiliser ;
- les types de câbles à utiliser.

Remarque :

Dans le monde de l'informatique en particulier, il ne faut pas faire la confusion entre


une norme et un standard, ce dernier désignant ce qui est produit habituellement par un
producteur et ne dépend que de lui. Cette confusion vient de l'anglais, qui n'a qu'un seul mot
pour désigner les deux concepts — standard signifie aussi norme.
La norme, et/ou la recommandation qui l'accompagne, est établie par un organisme
indépendant qui limite les modifications unilatérales. On comprend donc qu'il est inopportun
de définir une interopérabilité à partir d'un standard non ouvert.
1. 2. Niveaux d'interopérabilité

Depuis quelques années, nous avons vu l'émergence de différentes catégories


d'interopérabilité, par exemple: l'interopérabilité technique, l'interopérabilité syntaxique,
l'interopérabilité sémantique et l'interopérabilité organisationnelle (Fig1. 1).

1. 2.1. Interopérabilité technique

L'interopérabilité technique est généralement associée aux composants matériels /


logiciels, aux systèmes et aux plates-formes permettant la communication de machine à
machine. Ce type d'interopérabilité est souvent centré sur les protocoles (de communication)
et l'infrastructure nécessaire pour que ces protocoles fonctionnent.

1. 2.2. Interopérabilité syntaxique

L'interopérabilité syntaxique est généralement associée aux formats de données.


Certes, les messages transférés par des protocoles de communication doivent avoir une
syntaxe et un codage bien définis, même si ce n'est que sous forme de tables de bits.
Cependant, de nombreux protocoles transportent des données ou du contenu, et cela peut être
représenté à l'aide de syntaxes de transfert de haut niveau telles que HTML, XML ou ASN.12.

1. 2.3. Interopérabilité sémantique

L'interopérabilité sémantique est généralement associée à la signification du contenu et


concerne l'interprétation humaine plutôt que machine du contenu. Ainsi, l'interopérabilité à ce
niveau signifie qu'il existe une compréhension commune entre les personnes de la
signification du contenu (information) échangé.

1. 2.4. Interopérabilité organisationnelle

L'interopérabilité organisationnelle, comme son nom l'indique, est la capacité des


organisations à communiquer et à transférer efficacement des données (informations)
(significatives) même si elles peuvent utiliser une variété de systèmes d'information différents
sur des infrastructures très différentes, éventuellement dans différentes régions géographiques
et cultures. L'interopérabilité organisationnelle dépend d'une interopérabilité technique,
syntaxique et sémantique réussie.
1. 3. Approches

Certains groupes — souvent des consortiums ou des associations — ont un processus


de rédaction des normes qui est collaboratif : sous certaines conditions, des individus ou des
entreprises peuvent adhérer et participer à des groupes de travail qui élaborent la
documentation technique qui constituera la norme.

1. 3.1. Les normes ouvertes et standards communautaires

La norme est publiée, parfois d'abord à l'état de brouillon ou draft, dont les essais de
mise en œuvre permettront d'en trouver les failles et d'en corriger les défauts, puis de candidat
à la publication et enfin de recommandation officielle ou de document d'information.

Cette publication est ouverte, tout un chacun a la possibilité d'étudier ces documents et
de tenter de développer un système conforme à ces standards. De plus, le fait que la rédaction
soit relativement ouverte à la communauté évite de voir des normes publiées qui ne satisfont
qu'une minorité qui détiendrait un pouvoir de décision sur leur contenu.

Exemples d'organismes fonctionnant selon un processus ouvert : DMTF, IETF, W3C,


ISOC, Unicode. Ces organismes, pour la plupart des consortiums privés réunis en
groupements d'intérêt à but non lucratif, acceptent les adhésions de quiconque (sans réserver
les sièges), et font largement appel à des contributions du public. Leur force (en dépit du fait
qu’ils ne peuvent pas émettre de norme à caractère obligatoire) tient largement au nombre de
leurs membres participants, et peuvent donc produire des standards souvent approuvés ensuite
par les organismes de normalisation nationaux et internationaux, avec qui ils échangent des
sièges de liaison ou des rapporteurs. Leurs membres les plus compétents sont aussi souvent
appelés par les États normalisateurs à en devenir les représentants de leurs intérêts, dans leurs
domaines d’expertise.

Exemples de standards ouverts : XML, XHTML, PNG, Vorbis, FLAC... Certains de


ces standards ont acquis le statut de normes internationales en restant ouverts. Un
amendement à la loi française sur les droits d'auteurs et droits voisins dans la société de
l'information (DADVSI) qui n'a pas été retenu par l'Assemblée nationale proposait les
définitions suivantes :
On entend par compatibilité la capacité de deux systèmes à communiquer sans
ambiguïté. On entend par interopérabilité la capacité à rendre compatibles deux systèmes
quelconques. L'interopérabilité nécessite que les informations nécessaires à sa mise en œuvre
soient disponibles sous la forme de standards ouverts.
1. 3. 2. Les formats fermés et propriétaires

À l'opposé, le frein majeur à une interopérabilité optimale est l'utilisation dans des
matériels et logiciels de formats dont seuls leurs concepteurs auraient les clefs. Cette
fermeture est souvent volontaire car elle vise, dans le cas d'un format de fichier propriétaire, à
s'assurer qu'un utilisateur n'utilisera pas un autre logiciel pour lire ses données.
À moins d'avoir obtenu les spécifications du format auprès du concepteur, il est
nécessaire d'avoir recours à la rétro-ingénierie, pour en reconstituer les spécifications et pour
pouvoir développer des outils compatibles. Des lois ont cependant été promulguées pour
encadrer ce genre de pratique, comme la DMCA (Digital Millennium Copyright Act ) aux
États-Unis, ou Directive Européenne sur le Droit d'Auteur (ou EUCD) dans l'Union
Européenne.
Exemple : Les messageries instantanées propriétaires comme Messenger ou Viber
dont les protocoles ne sont pas compatibles et maintenus non-interopérables.

Remarque :

Entre ces deux mondes, il existe également un grand nombre d'organismes plus ou
moins ouverts dans la sélection de leurs membres, souvent orientés vers les entreprises et
ayant des cotisations ou des droits d'entrées élevés, dont les publications ne sont pas librement
accessibles, mais payantes.
C'est le cas de la majorité des organismes d'État, notamment. On peut citer les
organismes internationaux ou intergouvernementaux l'Organisation internationale de
normalisation ISO (International Organization for Standardization) l’UIT, ou les comités
nationaux (ANSI (American National Standards Institute), AFNOR (Association Française de
NORmalisation, etc.) membres de l’ISO.

1. 4 Interopérabilité des systèmes véhiculant les données dans les interfaces

En pratique, l'interopérabilité touche tous les domaines de l'informatique. Ce sont les


règles de cohérence des données véhiculées qui gouvernent l'interopérabilité. Les données de
référence employées par plusieurs applications sont généralement celles qui pilotent
l'interopérabilité.

Dans des contextes où coexistent les données structurées (celles des bases de données)
et les données non structurées (les documents, textes, images), on considère généralement
aujourd'hui que les données communes sont constituées par des « métadonnées ». À l'origine,
c'étaient des mots clés qui étaient introduits dans les langages de balisage tels que le langage
servant au codage des textes SGML (Standard Generalized Markup Language ou langage
standard de balisage généralisé), HTML.

Le langage XML (eXtensible Markup Language ; Langage à balises extensible) est


aujourd'hui considéré comme le langage qui permet d'accéder à l'ensemble des ressources
informatiques par le Web, en utilisant ces métadonnées, dans le cadre RDF (Resource
Description Framework) défini par le W3C en 1999 qui vise à munir le Web d’un modèle de
données plus adapté, ayant une structure de graphe. En pratique, l'interopérabilité repose sur
la description de Schémas XML, qui permettent de vérifier que les documents XML se
conforment aux contraintes d'un schéma. La souplesse des schémas XML vient de ce qu'il est
possible de définir des espaces de noms et des types de données pour caractériser les éléments
de données échangés.
Autant l'interopérabilité est nécessaire en intelligence économique pour les
gouvernements et les entreprises en réseau, autant l'utilisation sans précaution des
métadonnées dans les composants informatiques peut comporter des risques de pertes
d'informations pour les communautés qui les emploient, souvent sans avoir conscience de leur
importance stratégique. La tenue de registres de métadonnées conformément aux règles
normatives (ISO/CEI 11179) limite les risques liés aux métadonnées.
Plusieurs gouvernements dans le monde emploient des référentiels de métadonnées
basés sur le Dublin Core (Le Dublin Core n’est pas une norme. Il s’agit d’un ensemble de
recommandations qui peut être qualifiée de standard de fait), visant à mettre en œuvre
l'interopérabilité dans des cadres définis.

Remarque :

Les interfaces de programmation (API) sont à la base de l'interopérabilité


informatique. Par exemple, la spécification J2EE pour le langage de programmation Java
comporte de nombreux types d'API, qui véhiculent des métadonnées. Ces API peuvent
s'appliquer à différents types de ressources informatiques (bases de données) ou applications
(Progiciel de gestion intégré).

1. 4. 1. Aspects pratiques de l'interopérabilité

1. 4. 1. 1. Interopérabilité entre réseaux et bases de données

En matière d'interopérabilité informatique entre les réseaux et les bases de données, on


parvient à rapprocher des événements sur des critères temporels.
La norme X733 normalise ces questions du point de vue des télécoms. Mais l'un des
problèmes les plus sensibles est d'assurer la compatibilité, du point de vue de la sémantique
des données, avec un métaframework et des langages de description.

1. 4. 1. 2. Interopérabilité en bureautique

Pendant longtemps, chaque éditeur de logiciel fabriquait son logiciel, et des filtres
pour faire migrer les clients utilisateurs de leur suite bureautique à la nouvelle. L'échange de
document n'était pas garanti.
Depuis peu, sous l'impulsion d'OpenOffice.org, deux systèmes d'échange de fichier
bureautique ont été créés, dont l'un d'entre eux est l'OpenDocument. L'autre étant celui de
Microsoft.
Cependant, en 2006, dans plusieurs pays, au niveau du secteur privé bon nombre de
documents continuent à circuler au format .doc de Microsoft Word, cette utilisation du format
Word pose un problème d'interopérabilité, dans la mesure où :
soit le destinataire doit acheter la bonne version de Microsoft Word (et éventuellement
une version de Windows) pour lire de tels documents ;
soit, en utilisant OpenOffice.org, il existe un risque que certaines parties du document,
utilisant des fonctionnalités non connues de Microsoft Word ne passent pas correctement ou
soient déformées.
Le format OpenDocument intègre des métadonnées selon le cadre de description prévu
par RDF.

Architecture de document ouverte

L’Architecture de document ouverte (Open Document Architecture, plus souvent


simplement ODA, parfois désignée incorrectement comme Office Document Architecture) est
à la base d’un format de fichier document normalisé, et désigne une norme de codage et
d'échange d’information créée par l’UIT-T, destinée initialement à remplacer tous les formats
de fichiers propriétaires. Elle ne devrait pas être confondu avec le format OASIS Open
Document Format for Office Applications (plus connu sous le nom OpenDocument ou son
sigle ODF).

ODA définit un format de document composite qui peut contenir du texte brut, des
images pixellisées, des graphiques vectoriels, et des contenus audio et vidéo. La spécification
comprend également un certain nombre d’interfaces applicatives formelles pour le traitement
des documents.

La Recommandation UIT-T / Norme internationale a été élaborée conjointement par la


Commission d’études 8 de l’UIT-T et le Comité technique mixte JTC 1 de l’ISO/CEI
(Commission électrotechnique internationale). Actuellement, les Recommandations de la
série UIT-T T.410 ou ISO/CEI 8613 comportent les titres suivants :

introduction et principes généraux ;


structures des documents ;
profil de document ;
format ouvert de transfert de documents ;
architecture de contenu de type caractères ;
architecture de contenu graphique en points ;
architecture de contenu graphique géométrique ;
architecture de contenu graphique audio ;
spécifications formelles de l'architecture des documents ouverte (FODA) (Formal
specification of the Open Document Architecture).
Les dernières spécifications formelles ne s'appliquent qu’à la norme ISO/CEI 8613.
La norme a été finalisée et totalement publiée entre 1993 et 1996, corrigée en 1997 et
amendée en 2000 pour les contenus graphiques en points. Depuis septembre 2007 elle est
entièrement publiée par l’ITU et disponible gratuitement en anglais, français et espagnol.

1. 4. 1. 3. Interopérabilité en multimédia

Dans le domaine du multimédia, la plupart des formats sont bien connus, au point
qu'ils sont utilisés par des logiciels libres, cependant de nouveaux formats tels que le wmv de
Microsoft, et de manière plus générale les DRM posent des problèmes d'interopérabilité.
Le W3C préconise l'emploi du langage SMIL 2.0 (Synchronized Multimedia
Integration Language), qui s'appuie sur XML et l'emploi de métadonnées. Le statut de cette
recommandation est « spécification stable ».

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