Le Canard clermontois :

{hebdomadaire} humoristique
et satirique, paraissant le
samedi ["puis" paraissant le
vendredi]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 . Le Canard clermontois : {hebdomadaire} humoristique et satirique,
paraissant le samedi ["puis" paraissant le vendredi]. 1929-04-20.

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Ilbwwvivmwnmbi
"' ""'
Administration 4, Glacis de la Poterne, Clermont-Ferrand
Le “ Canard ” 9n’est fait ni pour les fripouilles ni
: Compte Chèques Postaux 81-18 Clermont-Fd
I Une revanche
Le "Canard” entre aujourd’hui dans sa septième année.
Il y entre fort et vigoureux ; fort des sympathies et des
encouragements aussi nombreux que sincères qu’il n’a
cessé de recevoir de tous les honnêtes gens qui lui ont
fait confiance.
Aucun obstacle n’a pu l’arrêter. Libre il a su le rester,
et il défie qui que ce soit de venir affirmer en face qu’il a
le moindre fil à la patte. Libre il sera toujours, demain
comme hier, narguant les critiques et les calomnies de
quelques douzaines de misérables qui n’ont pas le courage
de répéter tout haut les petites infamies qu’ils colportent
tout bas, prudemment, sous le couvert de l’anonymat.
Pour remercier tous ceux qui lui ont permis de vivre
et de grandir, il va faire un nouvel effort. A partir de
samedi prochain, le "Canard” paraîtra sur le même format
que les grands quotidiens.
Et sans augmentation de prix, bien entendu
On Fit eomme on peut
Lundi dernier, tandis que pluie et vent
faisait rage, un brave homme, visiblement
étranger dans notre ville, aborda un passant,
place Royale (dite de la Victoire), en lui
demandant :
— Pardon, Monsieur, je voudrais aller à
la gare...
— Mais, monsieur, lui répondit l’autre
qui a au moins autant d’esprit que notre ami
Antonin,... je ne tous en empêche pas
Le mol maienconireuH
Oncélébrait, il y a quelque temps, dans
les environs, le mariage de la fille d’un
grand industriel.
Le curé du village, chargé de bénir les
époux, sortit de sa poche un papier qu’il dé
chiffra avec une certaine hésitation.
— Mademoiselle, dit-il, en se tournant du
côté de la future, il y a beaucoup de jeunes
filles qui attachent leur bonheur et leurs es
pérances à des avantages frivoles, aux dons
de la jeunesse et de la beauté. Mais la jeu
nesse s’en va, la beauté passe, et les voilà
désespérées ! Vous, mademoiselle, que j’ai
connue toute enfant, vous n’avez pas, j’en
suis convaincu, ce péril à craindre, car per
sonne n’ignore que vous êtes laide...
Ici, l’orafeur marqua un temps, pour tour
ner son feuillet, tandis qu’un murmure d’é
tonnement parcourait l’assistance indignée.
Mais le curé, qui avait tourné le feuillet, re
prit le fil de son discours :
— ... vous êtes l’aide et l’assistance de
tous les pauvres de la contrée.
Cette fois, un rire formidable s’empara de
l’assistance, tandis que l’orateur, rouge de
confusion, cherchai^ sans y parvenir, à com
prendre les motifs de cette soudaine gaîté.
——
Il s’agit de s’e ntendre i —...i...i.i.
Un individu glisse sur le trottoir et se
casse une jambe. Son ami, qui l’accompa
gnait, le reconduit chez lui en voiture, puis
le chargeant sur ses épaules, il le porte sur
son lit, dans sa chambre située au qua
trième étage. Et comme il se dispose à s’en
aller :
— Restez, lui dit la femme du blessé,
vous le remonterai.
— Merci bien ! alors vous trouvez que je
ge l’ai pas encore assez remonté comme çà ?
n wiiiwmiv
1 ' '
''— 111
^ fr.
pour les imbéciles
U E
1
G. FOURNIER.
Le rru c du voleur
Il y
quelques jours un marchand de
a
chaussures flânait devant sa porte.
Tout à coup, un monsieur assez bien mis
entre dans sa boutique, et, après en avoir
essayé plusieurs paires, finit par choisir de
délicieuses chaussures vernies, de la valeur
de 269 francs.
Il y enfonce ses pieds élégants, et il tire,
en s’approchant de la porte de la boutique,
son portefeuille où voisinent joyeusement
! 1
plusieurs billets de cent francs
Mais au moment où il plonge le pouce et
l’index dans l’intérieur du portefeuille, un
voleur, qui a observé son mouvement, passe
rapidement devaDt lui, lui arrache violem
ment la bourse des mains et s’enfuit à toutes
— Ah I monsieur I... s’écria l’élégant au
cordonnier, avez-vous vu ce misérable I.
Permettez que je coure après et que je le
rejoigne I
C’était trop naturel.
. .
Seulement, le cordonnier attend toujours
pratique.
sa
Le voleur n’était que le complice de ce
client qui, une fois chaussé, n’avait plus,
comme je le disais, qu’un désir :
Le rejoindre.
L’être ou ne pas l’être
Alcide Lardouillet disait dernièrement :
— Je vais me marier, et ce qui est ennu
yeux, c’est que je suis persuadé que ma
femme me trompera. Or, si elle ne me
trompe pas, je serai trompé, puisqueje crois
qu’elle me trompera, et, si elle me trompe,
je serai trompé naturellement ; et pourtant,
tout en étant trompé, je ne le serai pas,
puisque, etc...
On a conduit son interlocuteur à Sainte
Marie ; il en était devenu fou, le ma'heureux.
Absence de mémoire
— Un gamin de quatre ans se
avec son père.
Tout à coup une idée lumineuse lui tra
verse l’esprit.
— Papa, dit-il à l’auteur de ses jours, .
dis-moi un peu, nous deux, où nous sommes-
nous connus ? — Je ne me rappelle pas du
tout quand nous avons fait connaissance.
Xw* ^ ,,,B X Wi" VHIIImUI
" *"
»
a I.L
-•+ "'" ".
' '
1MI11 11
+«- ABONNEMENTS -
: un an, ; 6 mois, 13 fr. ai
L'ACTUALITE DROLE
de la Police Une séance mémorable
La police Clermontoise vient en
fin de faire parler d’elle.
au Conseil général
Quand je dis la police Clermon
toise, je parle, de la police de M. A l’ouverture de cette première
Sanciaut et non pas, bien entendu, pour dire: il sera donc toujours dans
de celle de M. Sylvestre Bonnafous.
session du Conseil général, M. Clé- la lune celui-là !)
mentel qui est, comme l’on sait,
Donc la Sûreté Clermontoise fi 'homme de toutes les situations, ; M. BUISSON.
Moi, à Paris,
ni par mettre la main sur une ban a ne j’allais à la messe—tous les matins
pouvait faire autrement que d’envisa
de malfaiteurs dont e le avait réussi
ger devant l’assemblée départemen
avant d’aller déjeuner chez Larue.
vais essayer,
à découvrir le repaire. tale cette rentrée des Congrégations Je en combinant un
La chose mérite qu’on la signale, jeu d’églises et d’offices
qu’il n’a jamais cessé de souhaiter et différentes à heures
et nos confrères quotidiens ont fort que tous ses amis politiques applau
d’y aller dorénavant trois
fois par jour...
bien fait de lui donner une large pu dissent des deux mains.
blicité. M. DOUSSET. j’avais
Mais il convient, à notre humble
Aussi croyons-nous de notre devoir :
tite proposition à
— une pe
faire...
d’informateur impartial de conter par j vous
avis, de faire mieux encore le détail cette séance sur laquelle 1 M. CLEMENTEL {sec). Ah! tai
en resti
tuant leur équitable place à tous ces nos confrères quotidiens ont jeté d’un sez-vous, cher ami, si chacun—
veuU
précieux protagonistes de la justice commun accord le voile du silence et
dire son mot, nous n’en finirons plus.
M. MAYMAT... {timide).
que sont les agents de la sûreté, qui mérite cependant de figurer aux
les brigades mobiles, les gendarmes, annales de la politique départementa cependant mon cher Président — ...et,
les procureurs, les juges,... et les le. ami, je voudrais bien aussi et
dire un
criminels eux-mêmes. M. CLEMENTEL {souriant).
—
mot.
Nous proposons donc qu’on orga Messieurs, je vous invite à la noce! M. CLEMENTEL {indulgent).
nise dorénavant, à l’occasion d’une _(.Mouvement de surprise).... Vous accordé... Mais bref.... —
sa soyez
ou de plusieurs arrestations sensa M. MAYMAT.
tionnelles, une série d’attractions in
vez que nous avons voté la rentrée
des Congrégations bannies oa dissou transformation — J’ai un projet de
des autobus départe
génieusement ménagées pour la tes... Eh! bien! l’heure est venue de mentaux...
sa
tisfaction du public. décider au sein de cette assemblée — Ah! ah! dites voir un peu!
M. Claret et M. Babut seraient des moyens qu’il convient d’emplo M. MAYMAT. Je remplace les
chargés de l’organisa i:n du service saluer conducteurs —
yer pour ce vote du Parlement par des curés...
des transports, et pour qu’il n’y ait et fêter ce retour... PLUSIEURS VOIX.
pas de privilégiés les scènes de l’ar Le Z> ROY... N’en déplaise à no M. A1AYMAT. — Pourquoi?.
Parce
restation seraient filmé.s tan'h que tre collègue Villedieu et à son ami bus étant comme—omnibusque auto
les interrogatoires des inculpés Isnal j’approuve l’initiative de notre latin, les curés un mot
se sont les plus quali
raient diffusés par T. S. F, et haut- président... D’ailleurs, ajoute fine fiés pour en parler
parleur. et s’en servir!...
ment le député de Clermont-Nord, (La proposition du sympathique
Chacun aurait ainsi la justice chez dans Villedieu comme disait Victor conseiller de Pionsat
soi, et pourrait profiter des détails Hugo, il y a Dieu! Un point c’est cès. a un gros suc
fournis par le criminel lui-même, sans tout... Ses collègues rigolent
^
j i
se déranger. PAULIN {interrompant)... Vous ne délicieuse espièglerie. fort de cette
Si M. Bonnafous que l’odeur des voulez pas vous contenter d’être roy.. Puis ils se sé
parent après avoir décidé
lauriers fraîchement coupés par M vous voulez encore qu’on vous ap rait le docteur Marcombesque ce se
Sanciaut pourrait empêcher de... dor pelle sire... qui avait
tout écouté sans rien dire, qui paie
mir, a quelque chose de mieux à
— Pourquoi?
Le Z> ROY. rait la tournée.
nous proposer, qu'il le dise! PAULIN. — A cause des cierges.
{On rit). G. FOURNIER’.
Nous sommes tout prêt à le redi
re après lui. G. F. M. (CLEMENTEL. Messieurs,
—
ne plaisantons pas avec les choses Le Goneoaps de Réflexions
L’esprit sacrées. C’est indécent. Si le curé
de St-Amable nous entendait, il
ne du Catjard Clernjorjtois
voudrait plus me confesser...
de nos gavroches Une VOIX. — On s’en doutait dé RÈGLEMENT
jà... Pour participer à ce Concours il suffira
M. CLEMENTEL. Je vous le d’avoir conservé le numéro du
Mardi soir, place Gaillard, un gros hom
confirme... — du 6 avril dernier et de répondreCanard
me qui pèse au moins deux cents kilos,
M. DEMAI. — C’est donc la con blement aux 13 questions posées, lisible-
titube tout à coup, porte la main à son
eomme pour arracher
cou
sa cravate qui l’étouffe
firmation... {on rit de nouveau).
ensuite:
Découper le questionnaire et l’adresser
avant le 1 er ?naià la direction du Canard
et tombe lourdement sur. le sol en poussant M. SARDIER {vexé d’êtretraité
Clermontois, 4, Glacis de la Poterne,
un sourd gémissement. en nouveau venu). — Je demande la Clermont-Fd sous enveloppe affranchie,
parole... Moi aussi j’en sais une
— Ah I le malheureux 1 fait à côté de lui, au verso de laquelle devront figurer les
un petit monsieur, maigre comme un clou, bien bonne qui va vous faire rigo nom, prénoms, adresse exacte des
con
je ne voudrais pas être dans sa peau. ler... C’est nion ami Bardoux qui me currents
Alors un gamin le toise et d’un ton ..
.
l’a racontée... On entre dans une Celte enveloppe ainsi que son contenu
gogue recevront un numéro d’ordre fixé
nard s’écrie : église en tâchant de ne pas être par
notre service de contrôle au dépouille
— Vous y seriez pourtant rudement à vu et on met de l’encre dans le bé ment.
nitier!... Alors, n’est-ce pas, quand
votre aise I
les vieilles menettes veulent., {il
LISTE DES LOTS
Sur l’amour fait le signe de tremper le doigt)...
ce qu’on rigole! hi! hi! hi !... et c’est
ça qui fait râler le curetonl
1 er
2« LOT.
—
LOT.
Une chambre à coucher
Une
—
derne (planche acajou) dessiné
pendule
par
mo
Métivier.
artistique
renaissance (dessin de Marcel Arnac.) style
Une femme d’espriq à qui l’on demandait Le D r CHASSAING. Moi, j’en 3-* LOT.
: — — Une pouponnière grand luxe
— Quelle différence faites-vous entre l’a sais une encore plus drôle! (don de Poulbot).
mour et l’amitié? répondit : M. CLEMENTEL {très sec). LOT. — Une caisse de 20 kilos de
4e
Vous vous croyez peut-être encore — pâtes alimentaires
promène — Oh ! une différence de la nuit au jour 1 « Les Nouilles du Pape
»
N’est elle pas de la même école, cette de Chamalières.
au temps du petit père Combes ! Mais
jeune candidate à qui son professeur de phi les temps sont changés... Maintenant 5« LOT. — Une caisse de lo kilos de pâtes
alimentaires « Les Nouilles
losophie demandait : nous revenons à l’union sacrée... du Pape de
Chamalières.
—
Qu’est-ce que l’amour platonique ? et M. le D CHASSAING {s’excusant).
Le résultat de ce concours sera publié
qui répondit simplement :
— C’est vrai, j’allais l’oublier. dans l’un de nos numéros de mai
— L’amour platonique ?... c’est l’amour... {Ses collègues regardent le député ; nous y
insérerons avec plaisir le nom des
propre. .. d’Ambert hochant la tête comme heq-
en reux gagnants.
 QU OIS DIT
r ET CE QU ON PENSE ^
'n—W"
vmsssaasr <
1 —-.r-or—
ON DIT... que jamais l’on ne re
verra campagne électorale aussi
étrange que celle que sont en train
de mener à l’heure présente, cer
tains des hommes qui aspirent à gé
rer les affaires municipales au len
demain du scrutin du 5 mai.
Ce ne sont, en effet, que concilia
bules mystérieux et marchandages
indignes au lieu de décisions nettes
et prises au grand jour, comme on
serait pourtant en droit de l’e6pérer,
sinon de l’exiger.
Et c’est ainsi que nous sommes ar
rivés à trois semaines des élections
sans qu’aucun de nos trois quotidiens
ait souftlé mot de la situation.
A l’heure actuelle, seule la liste
socialiste est prête et définitivement
prête. Ainsi que nous l’avons déjà
annoncé, cette liste sera la même que
celle du 25 novembre dernier puis
que un seul nom y sera changé: ce
lui de M. Manducher que remplace
ra M. Bargeot.
Mais on n’en saurait dire autant de
la liste Marcombes et encore moins
de la liste modérée.
*
**
ON DIT... qu’après de nombreu
ses et pressantes démarches auprès
de M. Marcombes, M. le docteur
Pinet aurait enfin obtenu la promes
se de figurer sur la liste sortante.
M. Pinet y remplacerait M. Renard
qui se retire pour raison de santé.
Dans ces conditions, M. Bargeaud
(salaisons) qui devait se retirer avec
fracas afin de témoigner ses sym
pathies à son ami Pinet, resterait
candidat, comme de brin entendu.
De même M. Boudon (Cok et char
bons) consentirait à faire à 'M. Mar
combes l’amitié et l’honneur de con
tinuer à figurer sur sa liste.
Ainsi la liste municipale sortante
se représenterait devant les électeurs
dans la même formation qu’aux élec
tions dernières, renforcée de l’appoint
des voix des partisans de M. Pinet.
Mais on dit aussi que l’accord que
M. Pinet se vante d’avoir imposé à
M. Marcombes 11’est pas encore ab
solument certain.
Les amis de M. Izambard le con
sidèrent pour le moins prématuré.
A les entendre, cet accord ne sau
rait devenir officiel qu’après que M.
Pinet aura donné sa parole qu’il est
étranger à certaine campagne calom
nieuse que mène en ce moment con
tre M. Izambard un journal que le
premier adjoint affirme être inspiré
par son plus farouche ennemi.
Reste donc à voir si le doctèur
Pinet osera donner cette parole.
*
**
ON DIT... qu’au sein du Comité
Bardoux les opinions sont très par
tagées. On prête même à l’un de ses
membres les plus autorisés certaines
déclarations selon lesquelles il se
pourrait fore bien qu'en définitive, le
parti républicain fédéral s’abstienne
de présenter une liste de crainte
d’assurer le triomphe des socialistes.
Mais il ne fait aucun doute qu’en
cas de pareille défaillance, les amis
de VAvenir s’empresseraient d’entrer
dans la bataille, car ni M. Lasbax
ni M. Vallet n’entendent laisser faire
aussi complaisamment le jeu de M.
Marcombes.
*
**
En at.endant, voici pour ceux qui
aiment à s’amuser au petit jeu des
pronostics, quelques chiffres sur
lesquels ils pourront édifier leurs cal
culs.
Ily a cette année, 21.019 élec
teurs inscrits au lieu de 18.595 en
1925 et de 20.890 le 25 novembre
dernier.
Depuis cette dernière date 1.500
noms ont été rayés des listes, tandis
que l’on a enregistré 1.700 inscrip
tions nouvelles.
Il semblerait donc qu’il doive y
avoir quelques centaines de votants
de plus, car les 1.700 nouveaux élec
teurs qui ont pris la peine de se fai
re inscrire ne ' l’ont pas fait pour
s’abstenir le jour du scrutin.
On peut donc compter sur 17.000
votants, le 5 mai prochain.
Cherchez maintenant ceux des
candidats qui peuvent espérer obte
nir les 8.500 voix nécessaires pour
être élus au premier tour.
 PUBLICITE UNIEME

Après avoir bu son café et fumé

hâtivement une cigarette, M. Fran
cis Margel, l’industriel bien connu,
quitta sa salle à manger et se réfu
gia dans son bureau de travail.
Sa femme, Andrée, le suivit et se
blottit calmement contre lai.
elle, don
— Mon chéri, murmura-t
ne-moi ta soirée.
Il se débarrassa doucement de l’a-
mcureuse étreinte.
— Ma pauvre
amiel Qu’est-ce que
tu me demandes là? Je suis débordé
de travail. Il faut que j’épluche
des rapports jusqu’à des heures im
possibles, et tu profites de ce mo
ment-là pour me demander une fo
lie.
plus...
— Tu ne m’aimesle front distraite
Il l’embrassa sur
ment.
si... mais si....
— Mais
— On voit bien que nous sommes
mariés depuis bientôt dix ans. Ecou
te, F rancis, permets-moi seulement
de rester près de toi. Je m’étendrai
sur le sofa et je ne ferai pas de
bruit.
— Si tu veux...
— Tu
n’attends personne?
Dorfeuil, le prési
— Non, maisConseil d’administra
dent de mon
tion, doit me téléphoner pour une
affaire urgente.
Durant vingt minutes silencieuses,
l’industriel griffonna des notes, tan
dis que sa femme, immobile et bien
sage, le regardait fort tendrement.
La sonnerie du téléphone reten
tit brusquement. Francis Margel dé
crocha.
—
Allô... c’est vous, Dorfeuil?
monsieur, mais c’est de
— Non,
sa part, répondit une voix inconnue.
Je suppose que vous avez bien dîné,
sans doute vous travaillez à cette
heure, car vos affaires sont impor
tantes. Vous êtes obligé de veiller
tard. Hélas 1 quand on a une vie sé
dentaire, les digestions, voilà le hic.
L’industriel ahuri, grogna:
—-
Ah! çal qui est-ce qui parle?
travailler le soir, il
— Pour bien
faut bien digérer, et pour bien digé
rer il faut boire après chacun de
ses repas une tasse de la
«tisane
des trois curés». Vous en trouverez
dans toutes les pharmacies. A titre
exceptionnel, vous pouvez recevoir un
paquet réclame en écrivant...
Margel avait raccroché.
femme.
— Qui est-ce? demanda sa
pas... un louftingue
— Je ne sais blague
qui me fait une stupide pour
me recommander une tisane...
Une demi-heure plus tard, nou -
velle sonnerie.
•—- Allô?
Allô... C’est bien à M. Francis
—
Margel que j’ai l’honneur de palier?
A lui-même, c’est de la part ?
—
—-
Qu’est-ce encore, mon chéri?
infernale publici
— Encore cette je
té à domicile... et ne peux pas
décrocher puisque j’attends une com
munication. Ahl mais ça ne va pas
continuer comme ça... Je vais fon
der une ligue, moi... tous les mem
bres feront le serment de ne pas
consommer un seul produit recom
mandé par téléphone, et pour com
mencer, je le Jure pour mon compte,
dès ce soir même. Ahl les dégoû
tants 1 les dégoûtants...
Furieux, il se remit au travail,
mais un appel ironique du téléphone
le fit sauter. [J.J
Allô, monsieur!... ^ ,
— réclame, c’est
— Allô... si c’est une
inutile.
Déjà il avait fait un geste pour
raccrocher, mais une voix de fem
l’appareil.
me, suppliante, le retint à
monsieur.... au secours,
— Allô... suis
au secours... je m’ennuie... je
une pauvre petite femme en quête
d’inédit...
demanda Andrée à
— Qui est-ce?
son mari.
La voix continuait:
soir... mon
— Je suis toute seule, ce
ami est parti en voyage. Je cherche
l’împiévu. Je suis une petite mada
élé
me de vingt-cinq ans, blonde,
gante, jolie, J’ose le dire...
redemanda Andrée.
— Qui est-ce?
Dorfeuil, répondit son ma
— C’est
ri en toussant légèrement.
un charmant appartement
— J’ai attendent
où vous thé, cigarettes et
piquante aventure... à condition que
vous me plaisiez... j’habite 3, bou
levard Philippe. 2« à gauche, et que
je vous attends.
— Parfait...
Parfait... conclut Mar
gel qui raccrocha.
Il prit un air las et fort ennuyé.
quel contre
— Ma chère amie,déveine... moi
temps! Crois-tu cette
qui ai tant à travailler. Dorfêuil me
donne rendez-vous. Il faut que je
sorte immédiatement... Tu peux dé
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