Vous êtes sur la page 1sur 28

COMMERCE INTERNATIONAL :

CRUCIAL, MÊME AVEC LE COVID-19


FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

ÉDITO

Cette nouvelle publication de la FEB, rédigée par les experts de son Centre
de compétence Europe & International, entend contribuer à informer les
entreprises sur les défis et opportunités liés au commerce et à
l’investissement, et ainsi soutenir leur internationalisation accrue. En outre,
ce Focus International Trade s’inscrit également dans les efforts de la FEB
en faveur d’un débat objectif sur les retombées du commerce international
pour notre pays.

En cette période marquée tant par les ef-


fets persistants du COVID-19 sur nos en-
treprises et sur l’économie mondiale,
que par diverses tensions internatio-
nales ou par les incertitudes liées au
Brexit, je voudrais souligner combien le
commerce extérieur est crucial pour
notre pays.
En effet, plus de 85% de notre PIB et la
bonne santé d’une multitude d’entre-
prises de toutes tailles dépendent de nos
échanges commerciaux et d’investisse-
ments avec nos partenaires. Que ceux-ci
soient situés en Europe ou sur d’autres
– Belga Images
continents. Notre pays, de par sa localisa-
tion, son histoire et la qualité des produits
centaines de milliers d’emplois en Bel-
et services proposés par ses entreprises,
gique et contribuent à notre potentiel
est profondément intégré dans les
d’innovation, à la sécurité sociale et aux
chaînes de valeur mondiales. À un point
finances publiques en général.
tel qu’un emploi sur cinq en Belgique dé-
pend des exportations hors Union C’est pour ces raisons que la FEB défend
européenne, que ce soit de produits finis la notion de commerce libre, régulé et
ou de composants qui seront intégrés basé sur la saine concurrence : « free, fair
dans d’autres biens. and rules-based global trade ».
Nos entreprises importent également di- Cette réalité commerciale, qui fait de
verses matières premières ou compo- notre pays une des économies les plus
sants, afin d’augmenter la valeur ajoutée ouvertes au monde, doit constamment
des produits échangés. Enfin, les inves- être rappelée, tant elle reste encore mé-
tissements étrangers, européens ou in- connue, voire parfois volontairement
ternationaux, représentent des ignorée.

2
1 emploi sur 5 en
La crise liée au COVID-19 a pourtant dé- Belgique dépend des
montré l’importance du commerce inter- exportations hors-
national et des chaînes de valeur globali- Union européenne
sées. En effet, à l’exception notable de
certains sous-segments dans le secteur
de la santé (ex. masques, gels ou vête-
ments de protection) et hormis des pro-
Et je me plais à rappeler que soutenir nos
blèmes logistiques temporaires, ces
exportations, notamment en ratifiant les
chaînes de valeur ont globalement bien
accords commerciaux négociés par
fonctionné et ont permis de garantir l’ap-
l’Union européenne, comme celui avec le
provisionnement de nos entreprises.
Mexique ou le Mercosur, est une mesure
Par contre, durant le confinement, nos de relance clé, qui « ne coûte pour ainsi
entreprises ont fortement souffert de dire rien » !
nombreuses mesures nationales non
Nous plaidons par conséquent pour que la
concertées, souvent protectionnistes, au
défense du commerce international fasse
sein même du marché intérieur. Ce qui a
partie des priorités du nouveau gouverne-
mis à mal la libre-circulation des biens et
ment fédéral, dans l’intérêt de nos entre-
des travailleurs.
prises et du bien-être collectif.
Ces enseignements, regroupés dans
notre publication « 6 mois après le lock-
down : 10 enseignements de la crise », Pieter Timmermans
soulignent une nouvelle fois la forte in- Administrateur délégué VBO FEB
terdépendance des économies et des en-
treprises au sein des chaînes de valeur,
qu’elles soient mondiales ou euro-
péennes. D’où l’impérative nécessité de
continuer à soutenir l’ouverture de mar-
chés tiers, grâce à une mondialisation en-
cadrée par des règles, et de garantir le
bon fonctionnement du marché inté-
rieur, qui constitue la forme la plus abou-
tie de zone de libre-échange régulée au
monde.

3
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

 FACTS & FIGURES   À LA UNE 


L’importance du commerce extérieur L’impact du COVID-19 sur le
commerce international

 ABC DU COMMERCE INTERNATIONAL   FIL INFO 


Réconcilier commerce et Accord commercial UE-Singapour
développement durable

 FIL INFO   FIL INFO 


Accord commercial UE-Vietnam Affaires Airbus-Boeing

 FIL INFO   LA FEB EN ACTION 


CETA – Trois ans après : les promesses Diplomatie économique
se matérialisent, pas les craintes

 LE CONSEIL À L’EXPORTATEUR   NOTRE CC À VOTRE SERVICE 


UE-Royaume-Uni : accélérer les Le centre de compétence (CC)
préparatifs tous azimuts ! Europe & International

4
FACTS & FIGURES

La Belgique occupe la 3e place du La Belgique est le

qui mesure l’ouverture économique,


politique et sociale de 203 pays Classement OMC

… dont
du PIB belge
proviennent des
sont destinés à des

INTERNATIO-
NALISATION
HORS-UE DES
ENTREPRISES exportations totales exportations totales
BELGES EN
2019

est lié aux exportations belges en Belgique liés au com-


et européennes en-dehors de l’UE merce international se si-
tuent dans le domaine des

Les exportations belges dont 2/3 des travailleurs


indirectes comptabilisent sont des employés ou
ouvriers moyennement ou
sont liés aux exportations peu qualifiés
belges et européennes
en dehors de l’UE

Nos exportations indirectes


vers les USA valent près de

se fera en dehors de l’UE dans les


prochaines années (notamment en
Asie)

5
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

À LA UNE

Si l’internationalisation semble à première vue simple et attrayante, il n’en reste pas moins que c’est
une stratégie commerciale avec des défis et des opportunités. Cette rubrique contribue à une meil-
leure connaissance de l’environnement international dans lequel se développe votre activité entre-
preneuriale.

La pandémie du virus COVID-19 a eu un impact considérable sur l’économie


mondiale et les échanges commerciaux. Bien qu’il soit encore trop tôt pour
en tirer un bilan exhaustif, une première série d’observations peuvent être
formulées.

Les échanges commerciaux ont d’ailleurs


connu un rebond assez net en juin par
rapport au mois de mai, les exportations
En raison de tensions commerciales et de belges ayant connu une croissance men-
diverses velléités protectionnistes, la suelle de 16%. Cela montre que nos en-
croissance des échanges commerciaux treprises ont pu rapidement s’adapter et
internationaux marquait déjà le pas en réorganiser le travail afin de tout de
2019 et entamait même une croissance même poursuivre l’activité exportatrice.
négative début 2020 (-1,5% lors du pre-
mier trimestre de l’année). Ensuite, la Malgré ce rebond, il ne faut pas perdre
crise liée au COVID-19 et les mesures de vue que les échanges internationaux
pour lutter contre la pandémie ont pro- sont aujourd’hui à un niveau largement
voqué une chute encore plus abrupte inférieur à celui de fin 2019. Ainsi, la
des échanges commerciaux (jusqu’à route vers une reprise d’échanges com-
-18% en mai). merciaux porteurs de prospérité pour-
rait être longue et ardue, mais elle doit
Une chute qui est plutôt liée à des diffi- être encouragée dans le cadre des plans
cultés du côté de la demande qu’au ni- de relance belges et européens.
veau de l’offre. C’est en effet ce que nos
secteurs nous ont rapporté lors de notre Cette situation a par ailleurs entraîné
dernière enquête conjoncturelle semes- une détérioration des risques commer-
trielle : l’insuffisance de la demande était ciaux dans le monde, comme le dé-
montre le baromètre établi par l’assu-
la première raison invoquée derrière la
reur-crédit Credendo (voir page 10).
baisse d’activité. Plus précisément, l’in-
suffisance de la demande internatio-
nale expliquait la baisse d’activité de 29%
de nos secteurs.

6
leurs importations ou leurs exportations,
ou dans la mobilité de leurs travailleurs.

Cette crise a une nouvelle fois confirmé Dans ce contexte, les efforts de la Commis-
la très forte interdépendance des entre- sion européenne pour tenter de garantir la
prises et des économies européennes. libre circulation des travailleurs et des mar-
chandises dans toute la chaîne d’approvi-
Pour rappel, la très grande majorité des
exportations belges se font à destination sionnement (ex. contrôles aux frontières
de pays européens (et limitrophes en accélérés grâce au concept des « green-
particulier). lanes ») ont été fort positivement accueillis
par la FEB et ses secteurs.
Lors du confinement en Europe, les entre-
prises ont fortement souffert de la mul- La FEB a également plaidé, lors des phases
tiplication de mesures nationales non de déconfinement, pour un maximum de
concertées, voire clairement protection- concertation entre autorités nationales
nistes. Songeons aux fermetures et con- (en particulier au sein du Benelux ou dans
trôles aux frontières, restrictions aux ex- les zones transfrontalières) et entre elles
portations, restrictions à la libre circula- et les institutions européennes.
tion des travailleurs – transfrontaliers ou Ces constats confirment l’impérative né-
saisonniers notamment – et à la libre cessité de continuer à garantir et amélio-
prestation de services, etc. rer le fonctionnement du marché intérieur
et de l’espace Schengen, conditions indis-
La FEB a immédiatement déploré cette si-
pensables à la circulation fluide des biens
tuation et alerté les autorités belges et
et des personnes en Europe.
européennes au sujet des problèmes con-
crets rencontrés par nos entreprises dans

35 32,3
29,0
30

25

20
En %

15 13,2 12,8

10 8,1
5,0
5

0
Manque de demande Manque de demande Difficultés d’organiser Perturbations des Manque de personnel Secteur interdit
intérieure extérieure le travail avec chaînes
distanciation sociale ou d’approvisionnement
avec d’autres mesures
sanitaires

SOURCE Focus Conjoncture FEB (juin 2020)

7
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

Pays membres de l’Union européenne


Pays membres de l’Association européenne de
libre-échange (AELE)
Pays qui quittera le marché intérieur
au 31 décembre 2020

une dépendance trop importante ou pro-


blématique de l’Union européenne en-
vers des fournisseurs non-UE. Au con-
traire, les chaînes de valeur globalisées
font partie de la solution et non du pro-
Il est un fait que l’Union européenne est blème. Elles contribuent à la nécessaire
dépendante du monde extérieur pour de diversification des sources d’approvi-
nombreux approvisionnements et que sionnement et/ou des marchés d’expor-
de très nombreuses entreprises actives tation.
en Belgique sont connectées à de mul- On ne constate dès lors pas de mouve-
tiples chaînes de valeur globalisées. ments massifs en faveur d’une relocalisa-
Mais les approvisionnements via les tion (re-shoring) d’activités de produc-
chaînes de valeur globalisées ont dans tion en Belgique ou dans l’Union euro-
l’ensemble bien fonctionné durant la péenne, ni de révision des « business mo-
crise liée au COVID-19. Et, contrairement dels » (stratégies de production et/ou
à certaines conclusions hâtives, la crise d’approvisionnement).
du COVID-19 n’a globalement pas illustré

8
S’agissant des stratégies de relance, il le renforcement de la résilience, qu’il
importe que les chaînes de valeur globa- s’agisse de celle des autorités et des
lisées continuent à bien fonctionner et États, ou de celle des entreprises et des
que l’Union européenne reste ouverte chaînes de valeur mondiales. Et ce, face à
au commerce et à l’investissement in- de possibles futures crises de natures di-
ternationaux. verses (sanitaire, naturelle – ex. clima-
tique –, énergétique, technique – ex. di-
Cela dit, durant la crise, certaines entre-
gitale –, terroriste, etc.).
prises ont été confrontées à des difficul-
tés d’ordre logistique et opérationnel. S’agissant de la résilience des États, la
Celles-ci découlaient notamment de me- FEB estime qu’il est important que l’en-
sures de lock-down nationales décidées tité Belgique mène une analyse rigou-
en dehors de l’Union européenne et reuse et structurelle des risques (sur la
ayant un impact sur l’activité de fournis- base de la situation actuelle et de di-
seurs étrangers (ex. les fournisseurs asia- verses crises et risques futurs potentiels)
tiques pour le secteur automobile euro- et des manquements identifiés durant la
péen). Des entreprises ont également crise (au sens large, c.-à-d. y compris en
été confrontées à des pénuries de maté- matière de fonctionnement du marché
riel de transport (ex. containers en Asie) du travail notamment). Ceci, afin d’y ap-
ou à une hausse des coûts de transport. porter des solutions adaptées aux spéci-
ficités de notre pays et permettant de
Et enfin, si les chaînes de valeur ont dans
mieux affronter pareilles crises dans le
l’ensemble bien fonctionné, une excep-
futur.
tion notable doit être soulignée dans cer-
tains segments du secteur de la santé. En Les entreprises peuvent jouer un rôle
effet, on a constaté une forte dépen- constructif dans cette réflexion, sur base
dance extérieure de l’Union européenne de leurs expériences et expertises en la
– à l’égard de l’Asie notamment – en ma- matière. Si des solutions envisagées pré-
tière par exemple de matériel de protec- voient un rôle pour le secteur privé, ce-
tion personnelle (ex. masques buccaux lui-ci doit être discuté en profondeur
et vêtements de protection, gels et fla- avec les acteurs concernés et offrir la sé-
cons) ou de médicaments ou composants curité juridique requise.
génériques (ex. paracétamol). Des leçons
S’agissant de la résilience des entre-
devront être tirées des difficultés d’ap-
prises et des chaînes de valeur, la FEB
provisionnement constatées dans ces
estime qu’elle relève au premier chef de
domaines.
la responsabilité des acteurs écono-
miques. Elle encourage dès lors ceux-ci à
mener pareille analyse continue des
risques.
  É  »
Partant du constat que les chaînes de va-
Les divers constats mentionnés ci-dessus leur globalisées ont dans l’ensemble bien
doivent selon la FEB être pris en considé- fonctionné en dépit de la crise liée au
ration dans le cadre des réflexions en COVID-19, la FEB plaide pour qu’on évite
cours portant sur la relance et sur le ren- tout interventionnisme politique « top
forcement de notre « résilience ». down » en la matière ou tout réflexe pro-
En effet, la crise COVID-19 illustre le be- tectionniste. Ceci au vu de l’importante
soin de s’interroger sur l’organisation et des échanges et des investissements

9
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

internationaux pour notre économie très


ouverte et connectée au reste du monde.
Bien entendu, sans naïveté quant à la
protection des intérêts européens.
En tant qu’assureur crédit, Credendo sur-
veille de manière continue l’évolution des
risques « pays ». La pandémie de COVID-19 a
pesé – et pèse encore – considérablement
• La crise liée au COVID-19 a davantage sur ces risques. Comment ? Via principale-
affecté la demande internationale ment la forte chute des prix du pétrole et de
que la capacité des entreprises à main- certaines autres matières premières, un arrêt
tenir leur offre de biens et services. brutal du tourisme, une forte diminution des
transferts des travailleurs à l’étranger vers
• Les échanges commerciaux et la mo- leur pays d’origine, une forte diminution de
bilité professionnelle au sein du mar- la demande mondiale (et donc du commerce
ché intérieur ont été fortement per- mondial) ou encore une chute des investisse-
turbés par de multiples mesures na- ments étrangers.
tionales non coordonnées et parfois
clairement protectionnistes. Dans ce contexte, Credendo a procédé à la
dégradation de nombreuses notations. Il a
• À l’exception de certains sous-sec- dégradé ses classifications pour le risque po-
teurs liés à la santé, les chaînes de va- litique à court terme en Amérique Latine
leur mondialisées ont continué à (avec notamment une dégradation du Brésil,
fonctionner malgré la pandémie, ce du Chili, de la Colombie et de la République
qui a permis de diversifier les sources Dominicaine), dans les Balkans, en Asie du
d’approvisionnement. Sud-Est (avec une dégradation de l’Indoné-
• La Belgique et l’Union européenne sie, la Malaisie et le Myanmar), en Afrique du
doivent s’interroger sur la manière de Nord et au Proche-Orient (avec une dégrada-
renforcer leur « résilience » face à tion de l’Égypte et de la Jordanie) et en
de possibles nouvelles crises systé- Afrique Sub-Saharienne (avec notamment
miques, tout en restant ouvertes aux une dégradation du Kenya et de l’Ouganda).
échanges et à l’investissement inter- Pour 2021, deux éléments clés détermine-
nationaux, sans naïveté. ront l’évolution des risques pays : d’une part,
l’évolution du COVID-19 et, d’autre part, la
réponse des autorités locales et internatio-
nales. En effet, un arrêt trop brutal des me-
sures de soutien pourrait entraver la reprise
alors qu’un prolongement excessif de celles-
ci pèsera fortement sur les finances pu-
bliques. Trois pays aux finances publiques
fragiles – l’Argentine, l’Équateur et le Liban –
ont d’ailleurs déjà fait défaut cette année,
d’autres pourraient suivre…

10
Risques politiques à court terme en décembre 2019
(situation avant COVID-19)

Risques politiques à court terme en septembre 2020


(situation actuelle)

Risque faible Risque élevé

SOURCE Credendo

11
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

ABC DU COMMERCE INTERNATIONAL

La politique commerciale n’est pas toujours aisée à aborder pour nos entreprises. Pour s’y
retrouver plus facilement, cette rubrique propose une explication compréhensible des thèmes ma-
jeurs qui façonnent le commerce international et de l’action de la Commission européenne dans ce
domaine.

Depuis la « saga CETA » de fin 2016, le À chaque fois, ce chapitre contient des
commerce international et, en particu- règles contraignantes réaffirmant les
lier, les accords de libre-échange négo- principales normes sociales et environ-
ciés par l’Union européenne ont une nementales qui existent au niveau inter-
mauvaise cote auprès de l’opinion pu- national. De plus, en réponse à certaines
blique. Ces traités porteraient atteinte à critiques, notamment de la société civile
nos normes élevées en matière sociale et sur leur insuffisance, la Commission eu-
environnementale, nous rendant cou- ropéenne a entamé une réflexion de
pable d’un « race to the bottom », où le fond sur le renforcement des chapitres
commerce – lisez, le profit – serait la TSD. Ce processus a débouché, début
seule logique valable dans nos 2018, sur l’élaboration d’un plan d’action
échanges… en 15 points (voir page 13). Celui-ci ren-
force considérablement la mise en
Pourtant, le commerce est un levier for-
œuvre des dispositions sur le développe-
midable en faveur du développement
ment durable.
durable. Une approche bien enracinée
dans la politique commerciale menée ces Les entreprises belges soutiennent for-
dernières années par les instances euro- tement l’inclusion de ces chapitres dans
péennes. S’appuyant sur sa communica- les accords de libre-échange. Les enga-
tion « Trade for All » de 2015, la Commis- gements sociaux, environnementaux ou
sion européenne inclut systématique- ceux relatifs aux droits de l’Homme pris
ment un large chapitre relatif au déve- par l’Union, ses États membres et les
loppement durable ou « Trade and Sus- autorités tierces doivent dès lors être
tainable Development chapters » (TSD) respectés. Leur implémentation doit fa-
dans ses accords commerciaux dits de voriser le développement durable mais
« nouvelle génération » (ex. UE-Corée du aussi garantir un environnement régle-
Sud, UE-Canada, UE-Vietnam, UE-Japon, mentaire équitable pour les entreprises
etc.). belges et européennes, de plus en plus
confrontées à des pratiques de concur-
rence déloyale dans les échanges com-
merciaux.

12
Partenariat avec les États membres Encourager la ratification précoce
et le Parlement européen des conventions internationales
fondamentales
Coopération avec les organisations
internationales Examen de l’efficacité de la mise en
œuvre des chapitres TSD
Facilitation du rôle de monitoring
de la société civile, en ce compris Guide pour l’implémentation
les partenaires sociaux des chapitres TSD

Extension du champ d’application Accroître les ressources pour la


pour la société civile, en ce compris mise en œuvre des chapitres TSD
les partenaires sociaux, à l’ensemble
de l’accord commercial Soutenir l’action climatique
Action en matière de conduite
responsable des entreprises
Commerce et travail
Priorités des pays partenaires de
l’Union européenne Plus de transparence et une
meilleure communication
Mise en œuvre assertive des
obligations de développement Réponse dans les délais aux
durable soumissions TSD

European Commission, Non paper of the Commission services, Feedback and way forward on improving the implementation
and enforcement of Trade and Sustainable Development chapters in EU Free Trade Agreements, 26 February 2018

respecte pas ses engagements sociaux


et environnementaux ? La réponse à
cette question n’est pas simple. Sans en-
trer dans le détail juridique de la respon-
Toutefois, un accord commercial n’est sabilité des États : le lien de cause à effet
pas un accord environnemental, social entre la violation alléguée d’une disposi-
ou des droits de l’Homme, et il ne peut tion, disons du droit international du tra-
se substituer à d’autres accords ou fora vail, et un traité commercial reste extrê-
internationaux, où ces thèmes sont dis- mement difficile à établir. Aussi, qui se-
cutés et codifiés. Il ne faudrait pas créer rait la cible de cette pénalité ? S’agit-il de
des attentes excessives à l’égard d’un sanctionner une entreprise pour un man-
instrument qui n’aurait pas les outils de quement observé ou d’inciter les autori-
ses ambitions. tés locales à se conformer à leurs obliga-
tions internationales ? La nature des
Pourquoi ne pas introduire un système
de sanctions lorsqu’une partie ne sanctions n’est pas davantage claire :

13
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

s’agit-il d’une compensation financière quotidiennement à des difficultés sur le


redevable par les autorités tierces ou terrain et l’expertise de leurs fonction-
d’une hausse générale de tarifs doua- naires internationaux offre une plus-va-
niers ? Dans ce dernier cas de figure : lue incontestable qu’il serait malaisé et
comment déterminer le(s) secteurs con- inefficace de dédoubler. Par ailleurs, ces
cerné(s), ce qui pourrait le cas échéant institutions obéissent à leur propre lo-
faire l’objet de tractations politiques ? gique institutionnelle, qui résulte d’un
On peut également raisonnablement consensus délicat entre leurs membres.
s’attendre à ce que le pays partenaire im-
pose des mesures de rétorsion, rendant
ainsi l’objectif initial obsolète.
Le choix de la Commission en faveur d’une
démarche incitative, comme contribu- Le suivi des chapitres TSD est assuré par
tion au développement durable dans les un comité chapeauté au plus haut niveau
relations commerciales, est dès lors à pri- par les « ministres » du Commerce des
vilégier. En particulier, la coopération deux parties au traité. L’évaluation pra-
avec les organisations internationales – tique des engagements est endossée par
comme l’Organisation internationale du les Domestic Advisory Groups (DAG), qui
travail (OIT) ou le United Nations Frame- rassemblent les acteurs de la société ci-
work Convention on Climate Change (UN- vile et du monde des entreprises. On as-
FCCC) –, est une piste concrète à dévelop- siste depuis quelques années à une
per. Ces organisations connaissent mieux forme d’institutionnalisation de ces
que quiconque leur propre régime régle- mécanismes de monitoring. Cette évolu-
mentaire et la sensibilité de leurs États tion ne doit cependant pas mener à une
membres. Elles sont confrontées substitution du rôle des autorités

 EXEMPLE 
Trade for Decent Work Agenda

Un exemple d’initiative conjointe dans le domaine commercial


à promouvoir : la collaboration entre la Commission euro-
péenne et l’OIT sur le « Trade for Decent Work Agenda », lan-
cée le 1er janvier 2019 afin de soutenir une meilleure mise en
œuvre des Conventions fondamentales du travail au Vietnam,
Bangladesh et Myanmar.

Donateur Union européenne


Durée du projet Janvier – décembre 2019
Pays couverts Bengladesh, Myanmar et Vietnam
Bénéficiaires Ministères et agences gouvernementales concernés, orga-
nisations d’employeurs et de travailleurs, entreprises, parties prenantes
concernées (juges et professionnels des milieux juridiques, organes législa-
tifs, institutions de défense des droits de l’homme) et médias.

© International Labour Organization, 2019

14
locales, chargées, en première instance, accords de libre-échange de l’Union et
d’assurer la mise en œuvre et le respect les efforts de « due diligence » et de CSR,
des obligations internationales. Elles ne doivent faire l’objet d’une attention con-
peuvent être déresponsabilisées ! La tinue de la part des autorités compé-
Commission européenne et les autorités tentes. Les entreprises individuelles en-
belges s’engagent par ailleurs au renfor- dossent indéniablement une responsabi-
cement des capacités administratives lo- lité sociétale. Veillons à ce qu’elles ne
cales des partenaires commerciaux de soient pas contraintes de revêtir le rôle
l’Union. d’agent de police des règles internatio-
nales. La réconciliation du commerce
L’implémentation des obligations TSD
avec le développement durable passera
prévues par les traités s’est récemment
par la responsabilisation des différents
vue renforcée. Ainsi, il serait utile d’éva-
acteurs selon leur rôle et leurs capacités
luer l’impact concret du lancement d’une
propres.
procédure de résolution des différends
dans le cadre de l’accord commercial UE-
Corée du Sud, qui servira de premier test
du mécanisme de plainte inclus dans un
chapitre de développement durable. • Le commerce international est un
Les entreprises belges actives à l’interna- levier pour le développement du-
tional sont également impliquées de rable. Nos entreprises soutiennent
près dans la responsabilité sociétale. cette approche pour des raisons évi-
Par les valeurs et principes qu’elles ex- dentes de durabilité mais également
portent et l’inclusion de ceux-ci dans leur de concurrence équitable. Un accord
business modèle, les processus inno- commercial – instrument essentiel du
vatifs et leurs opérations quotidiennes, libre-échange régulé – est un moteur
ces entreprises contribuent au dévelop- pour le progrès dans ce domaine.
pement durable dans le pays hôte. De • Il n’est toutefois qu’un instrument
nombreuses initiatives volontaires de imparfait qui n’a pas vocation à ré-
Corporate Social Responsability (CSR) pondre à des problèmes structurels
ont été mises en place, avec succès, par dans les pays partenaires.
des sociétés belges dans les secteurs
textiles, des matériaux rares, de l’agroa- • La responsabilité en matière sociale,
limentaire, du diamant et de la chimie, ou environnementale et des droits de
encore de l’énergie. l’Homme doit donc être partagée : les
autorités locales et les entreprises
Les différents mécanismes et instru- sur place, chacune dans leur rôle
ments employés en tant que leviers du respectif.
développement durable, comme les

15
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

FIL INFO

L’actualité commerciale internationale est incessante, dense et souvent volatile. Cette rubrique pro-
pose aux entreprises belges et acteurs intéressés un décryptage succinct des derniers faits et dé-
veloppements qui touchent de près ou de loin leurs activités à l’international.

Entré en vigueur le 21 novembre 2019, De plus, les exportateurs des deux par-
l’accord de libre-échange UE-Singapour ties bénéficient d’une large élimination
est le premier à être conclu avec un de barrières techniques au commerce,
pays membre de la communauté éco- considérées comme redondantes, et ce
nomique et politique du Sud-Est asia- dans 4 secteurs majeurs d’activité :
tique, l’ASEAN. l’électronique, l’automobile, les pro-
duits pharmaceutiques et l’équipement
Singapour se profile comme le principal
médical, et l’énergie renouvelable. L’ac-
hub économique et logistique de cette
cord contient également un important
région extrêmement dynamique de
volet de facilitation des procédures
l’économie mondiale, avec un marché
douanières (simplification et réduction
de 600 millions de consommateurs. La
du temps nécessaire pour effectuer les
relation économique bilatérale avec la
procédures administratives) et une meil-
Belgique est estimée à un volume de
leure protection de la propriété intellec-
plus de 6 milliards EUR d’échanges par
tuelle. Il s’agit d’atouts indéniables pour
an et est restée assez constante ces
les échanges avec ce hub commercial.
dernières années. L’accord commercial
présente de nombreuses opportunités L’accès au marché des services de Singa-
pour les quelque 1.300 entreprises pour est significativement accru pour
belges exportant vers Singapour, et les opérateurs européens actifs dans les
permettra d’intensifier les flux com- domaines IT, des services professionnels
merciaux dans les deux sens. (comptables, architectes, ingénieurs…),
des télécommunications, de la re-
L’accord prévoit une suppression quasi
cherche et développement, du trans-
totale des tarifs douaniers sur une pé-
port maritime ou encore du tourisme.
riode de 5 ans, en particulier là où il sub-
sistait encore certains pics tarifaires.
Depuis fin 2019, les produits électro- – Unsplash / Peter Nguyen

niques, pétrochimiques, pharmaceu-


tiques ou agroalimentaires (ex. bières)
provenant de l’Union européenne peu-
vent entrer sur le territoire de Singa-
pour libres de taxes à l’importation.

16
communs. Des quotas et des abaisse-
ments tarifaires significatifs ont été né-
gociés pour les produits européens
agricoles et issus de la pêche, les vins et
spiritueux, et la bière.
Outre les éliminations tarifaires et l’ac-
cès au marché, nos exportateurs et im-
portateurs jouiront du volet de facilita-
tion, de simplification et de modernisa-
tion des procédures douanières dans les
deux sens. Les barrières techniques au
commerce ont fait l’objet d’une conver-
gence basée sur des standards interna-
tionaux en vigueur. Dès lors, les coûts de
– Unsplash / Alice Young conformité sont revus à la baisse et une
plus grande transparence sera d’applica-
L’accord commercial UE-Vietnam est
tion par l’accès public (en ligne) aux
entré en vigueur le 1er août 2020. Cet
normes réglementaires.
accord, soutenu par la quasi-majorité
des fédérations sectorielles de la FEB, Le traité commercial offre de nouvelles
ouvre le marché émergent du Vietnam opportunités aux investisseurs euro-
(également membre de ASEAN) aux en- péens ainsi qu’aux prestataires de ser-
treprises belges et européennes. vices. Ceci, grâce à l’ouverture des sec-
teurs financiers, du transport maritime,
Ce traité de libre-échange prévoit une
des services d’affaires, des télécoms ou
libéralisation tarifaire à terme (10 ans)
de distribution au Vietnam, au même
de près de 99% des biens échangés. De-
titre que les entreprises locales.
puis le 1er août, 65% des produits euro-
péens entrent sur le marché vietnamien Enfin, l’accord comprend un important
sans droits de douane. Les secteurs des chapitre axé sur le développement du-
machines et applications ainsi qu’une rable, avec l’inclusion de dispositions
grande partie des produits pharmaceu- contraignantes en relation avec l’Ac-
tiques et de la chimie jouissent déjà de cord de Paris sur le Climat et les 8 Con-
la suppression des barrières tarifaires. ventions fondamentales de l’OIT. Un or-
Une période de 10 ans est prévue (pour ganisme indépendant composé des re-
l’accès au marché vietnamien) dans le présentants de la société civile est
secteur automobile, complétée par des chargé d’assurer le suivi des obligations
règles et standards internationaux contenues dans ce chapitre.

17
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

La bataille commerciale, vieille de 15 ans, entre l’Union européenne et les


États-Unis autour des aides d’État accordées aux grands constructeurs
d’avions ne faiblit pas.

La Commission européenne a également


lancé une procédure visant à faire décla-
Les contre-mesures américaines – rer les subsides à Airbus comme étant
annoncées à la suite du dernier rapport conformes aux règles et décisions ré-
de l’Organisation mondiale du commerce centes de l’OMC. Dans le cas où les sub-
(OMC) dans l’affaire Airbus (DS316) – ventions de l’Union seraient déclarées
sont entrées en vigueur le 18 octobre parfaitement légales par un panel OMC,
2019. Ces mesures sont la réponse de les États-Unis n’auraient plus de raisons
Washington aux subventions publiques, d’imposer leurs taxes douanières sur les
jugées illégales, accordées à la société produits européens. Toutefois, au vu du
Airbus par l’Union européenne et 4 États blocage actuel du système d’arbitrage de
membres (Allemagne, Espagne, l’OMC, une conclusion finale sera difficile
Royaume-Uni et France) durant plusieurs à obtenir à court terme.
années. Ces taxes additionnelles (de 10 à
25%) frappant l’Union européenne sont
parfaitement conformes aux règles de
l’OMC.
De plus, le 23 juin 2020, le représentant
au Commerce américain (USTR) a publié – Belga Images

une « notice pour commentaires » con-


cernant une liste de nouveaux produits
qui pourraient faire l’objet de taxes addi-
tionnelles jusqu’à 100%.
De son côté, le 24 juillet dernier, la société
Airbus a publié un communiqué relatif
aux amendements apportés à ses der-
niers contrats avec les autorités fran-
çaises et espagnoles, qui sont selon elle à
présent conformes avec le droit de l’OMC
sur les subsides. La pertinence de la déci-
sion unilatérale des États-Unis d’imposer
des mesures tarifaires sur certains pro-
duits européens est donc clairement re-
mise en question.

18
En parallèle, l’Union européenne a dé- En conclusion, les soupçons réciproques
posé une plainte (DS353) similaire à l’en- de manquements aux règles de l’OMC
contre des États-Unis, datant de 2005, plaident en faveur d’un accord politique
portant sur les subventions – qu’elle juge entre Washington et Bruxelles, afin de ne
illégales – octroyées par le gouverne- pas aggraver davantage les actuelles ten-
ment fédéral et les autorités locales sions commerciales bilatérales (cf. notam-
américaines à Boeing. Suite à quoi, ment les surtaxes américaines sur les im-
l’Union européenne a obtenu le droit portations d’acier et d’aluminium en pro-
d’imposer, à son tour, des contre-me- venance de l’Union européenne).
sures tarifaires sur des produits améri-
cains d’une valeur de quatre milliards de
dollars annuellement (publication OMC
du 13 octobre 2020).
En réponse à l’action européenne, le 6
mai 2020, les services du représentant au
Commerce, l’USTR, ont souligné la pleine
conformité de ces aides américaines
avec les règles de l’OMC, par suite de
l’abrogation du régime fiscal préféren-
tiel accordé à Boeing par l’État de Was-
hington (le Washington State Business &
Occupation Tax Rate Reduction). Selon
les États-Unis, l’Union n’aurait ainsi plus
de base juridique valable afin d’imposer
ses propres contre-mesures.

19
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

En septembre, l’accord commercial entre 19, nos exportations à destination du Ca-


l’Union européenne et le Canada (CETA) nada ont également crû de 18,5% au
a fêté ses trois ans de mise en œuvre. cours des six premiers mois de 2020 (par
Pour être précis, on rappellera que le vo- rapport à 2019). Par ailleurs, et c’est lo-
let commercial du CETA est entré « provi- gique, les importations en provenance du
soirement » en vigueur en septembre Canada ont aussi augmenté, mais de fa-
2017 ; mais l’ensemble du texte n’entrera çon plus limitée. La combinaison des deux
« définitivement » en vigueur qu’après la résulte aujourd’hui en une balance com-
ratification de l’accord par l’ensemble merciale positive.
des parlements concernés.
À ces tendances très positives observées
Après les discussions difficiles en Bel- depuis 2017, il faut ajouter que les princi-
gique francophone fin 2016, on peut dé- pales craintes formulées en 2016 ne se
sormais affirmer que l’accord porte ses sont pas matérialisées. En effet, à titre
fruits. En effet, les exportations belges d’exemple, nous ne sommes ni confron-
ont augmenté et notre balance commer- tés à une hausse massive et probléma-
ciale s’est inversée pour devenir positive ! tique des importations canadiennes ni à
une remise en question du droit de régu-
Le CETA n’a pas uniquement rendu les
ler des autorités nationales. Preuve sup-
échanges BE/UE-Canada moins chers
plémentaire du bien-fondé et des retom-
(abaissements tarifaires) et plus simples
bées positives de ces accords commer-
(simplification des procédures doua-
ciaux négociés par l’Union européenne
nières). Il permet également à de nou-
avec ses partenaires commerciaux.
veaux acteurs belges et européens de
proposer leurs biens et services au Ca- Bien entendu, il convient de continuer de
nada, y compris dans le cadre de mar- monitorer attentivement les échanges
chés publics. commerciaux UE/Canada et de vérifier
que les obligations mutuelles, prévues
Entre 2014 et 2019, les exportations
dans l’accord, sont effectivement mises
belges vers le Canada ont doublé et, de-
en œuvre par les autorités compétentes.
puis l’entrée en vigueur du CETA, les ex-
portations belges de biens ont crû de Sur la base des constats mentionnés ci-
42,2%, notamment dans les secteurs de la dessus, la FEB formule le vœu que l’en-
chimie, des équipements de transport ou semble des assemblées parlementaires
des métaux et matériaux. Et la part du Ca- compétentes de notre pays ratifient le
nada dans les exportations belges a éga- CETA (comme ce fut déjà le cas à la
lement quasi doublé entre 2014 et 2019. Chambre et au Parlement flamand).
De plus, malgré la pandémie de COVID-

20
LA FEB EN ACTION

La FEB mène de multiples actions de « diplomatie économique », que ce soit à l’étranger dans le
cadre des visites d'État et des missions économiques, ou en Belgique. Elle veille ainsi à encourager
les contacts entre le monde économique belge et les décideurs et gouvernements étrangers. À cet
égard, la FEB entretient des liens étroits avec le monde diplomatique basé à Bruxelles, notamment
avec les ambassadeurs de nos principaux partenaires commerciaux.

La FEB a organisé un échange de vues Les organes de décision de la FEB ont eu


digital entre ses organes de décision un échange de vues avec S.E. M. Martin
(comité stratégique et conseil Kotthaus, ambassadeur d’Allemagne en
d’administration) et le commissaire Belgique. Celui-ci a dressé l’état de la si-
européen à la Justice, Didier Reynders. La tuation socio-économique dans son pays
discussion a notamment porté sur les et a présenté une série de priorités
réponses européennes durant la crise du phares de l’actuelle présidence alle-
COVID-19, et sur le vaste plan de relance mande de l’Union européenne.
européen, axé notamment sur les
transitions énergétiques et digitales et
sur le renforcement de la capacité de
l’Union européenne et de ses États
membres à faire face à de futures crises
(concept de « résilience »). Le
commissaire a également commenté une
série d’initiatives qu’il a lancées ou qu’il
lancera prochainement, en matière de
droit des sociétés et de devoir de « due
diligence », de protection des
consommateurs ou d’intelligence
artificielle.

La FEB a rencontré l’ambassadeur du


Royaume-Uni en Belgique, S.E. M. Mar-
tin  Shearman, pour un échange de vues
relatif aux négociations entre l’Union eu-
ropéenne et le Royaume-Uni. La FEB a
rappelé à cette occasion espérer que les
négociations permettront d’aboutir à un
accord ambitieux et équilibré,

21
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

permettant de maintenir des flux com-


merciaux et d’investissements aussi
fluides que possibles. Et ce, tout en pré-
servant la saine concurrence entre les en-
treprises et l’intégrité du marché inté- La FEB a reçu le nouvel ambassadeur des
rieur. Pays-Bas en poste à Bruxelles, S.E. M. Pie-
ter Jan Kleiweg de Zwaan. Une rencontre
placée sous le signe de la poursuite du
lien d’amitié historique qui unit ce pays
au nôtre. Pour rappel, les Pays-Bas sont
notre 1er fournisseur de biens au monde
(66 milliards EUR en 2019).

La FEB a participé mi-septembre à une


audition organisée par le Parlement de la
Communauté germanophone au sujet de
l’accord de libre-échange UE-Mercosur
(Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).
La FEB y a fait part de son soutien à cet La FEB a rencontré, avec une série de
accord qui, pour de très nombreuses fédérations sectorielles, S.E. M. Ronald J.
entreprises belges, devrait simplifier les Gidwitz, ambassadeur américain en
échanges et les rendre moins chers (e.a. Belgique et actuel représentant des
abaissements tarifaires) et offrir de États-Unis auprès de l’Union
nouvelles opportunités sur ces quatre européenne. L’état des relations
marchés. La FEB a également rappelé bilatérales, les tensions commerciales
son soutien au chapitre relatif au entre les États-Unis et l’Union
développement durable contenu dans européenne ainsi que les enjeux de
cet accord, et a souligné l’importance de l’élection présidentielle de novembre
sa mise en œuvre effective par toutes les figuraient à l’agenda.
parties.

22
La réunion de la Platform International
de la FEB du 2 octobre fut elle aussi con-
sacrée aux enjeux de l’élection présiden-
tielle aux États-Unis. L’ex-ambassadeur
belge à Washington, S.E. M. Dirk Wou- À l’invitation de l’ambassadeur d’Alle-
ters, y a commenté l’état de nos relations magne en Belgique, S.E. M. Martin
bilatérales avec les États-Unis. Le profes- Kotthaus, la FEB a présenté, à divers am-
seur André Sapir (ULB et Institut Brue- bassadeurs européens basés à Bruxelles,
gel) ainsi que Luisa Santos et Eleonora ses priorités socio-économiques de la
Catella (BusinessEurope) ont quant à eux rentrée. Les attentes de la FEB envers le
fait le lien avec une série d’enjeux géo- nouveau gouvernement fédéral ainsi que
stratégiques et les actuelles tensions ses priorités dans le cadre de la relance
commerciales UE/USA. en Belgique et en Europe y furent débat-
tues. La FEB y a également fait part de
ses inquiétudes et priorités dans le dos-
sier du Brexit. De nombreux ambassa-
deurs ont participé à cette rencontre, en
présentiel (France, Espagne, Hongrie,
Lettonie) ou à distance (Italie, Répu-
La FEB a rencontré l’ambassadrice de blique tchèque, Estonie).
France, S.E. Mme Hélène Farnaud-
Defromont, ainsi que Franck Riester,
ministre délégué, chargé du Commerce
extérieur et de l’Attractivité. La ren-
contre a notamment porté sur la réponse
des autorités belges et françaises à la
crise liée au COVID-19, et sur les priorités
respectives en matière de relance socio-
économique.

23
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

LE CONSEIL À L’EXPORTATEUR

Le commerce international n'est plus une opportunité facultative pour bon nombre d'entreprises,
mais une condition indéniable pour pouvoir se développer. Dans cette rubrique, nous pointons un
conseil en lien avec l’internationalisation des entreprises.

L’inquiétude demeure grande quant à l’issue des négociations rela-


tives à la relation commerciale entre l’Union européenne et le
Royaume-Uni, après le 1er janvier prochain (c.-à-d. le jour où le R.-U.
quittera effectivement le marché intérieur et l’Union douanière).

En dépit de l’intensification des négo- formalités douanières. Or, bon nombre


ciations depuis la mi-juin sur un accord d’entreprises qui commercent avec le
de libre-échange (qui devrait en prin- Royaume-Uni n’ont pas de réelle expé-
cipe prévoir un régime de « zéro tarif – rience dans les échanges hors-Union
zéro quota »), très peu de progrès européenne.
substantiels ont été engrangés. Des
Face à ces différents constats, et de
points de désaccord majeurs subsis-
concert avec nos fédérations secto-
tent, notamment sur la manière de ga-
rielles membres, nous encourageons
rantir la saine concurrence ou dans le
les entreprises de toutes tailles à accé-
dossier de la pêche. Le risque d’un scé-
lérer leurs préparatifs aux change-
nario « cliff-edge » (dans lequel les re-
ments à venir.
lations seraient, dès le 1er janvier 2021,
notamment basées sur les droits de De nombreuses sources d’informations
douane – dans certains cas fort élevés – publiques sont à leur disposition.
convenus à l’OMC) est donc toujours À titre d’exemple, la Commission euro-
bien réel. péenne a rédigé divers documents dé-
De plus, même si l’Union européenne et crivant les changements à venir dans di-
le Royaume-Uni parviennent à négocier vers secteurs. Par ailleurs, le SPF Écono-
et ratifier dans les temps un accord de mie a également actualisé ses informa-
libre-échange, des changements im- tions à l’intention des entreprises, dont
portants seront introduits au 1er jan- une liste de questions/réponses et
vier. Les échanges nécessiteront par l’outil « Brexit Impact Scan ».
exemple le respect de procédures et de

24
Le 28 octobre, la FEB a organisé un webi-
naire autour du thème « Brexit : Prêts
pour la nouvelle relation entre l’Union
européenne et le Royaume-Uni ? », avec Vous n’avez pas pu assister à notre
le soutien du SPF Économie et de Canal Z événement ? Les 4 sessions sont inté-
et en collaboration avec le SPF Affaires gralement disponibles sur le site web
étrangères, Commerce extérieur et Coo- de la FEB via le lien suivant :
pération au développement. Cet événe- feb.be/events/20201028-
ment virtuel, ventilé en quatre sessions, brexit-info/Program/
avait pour objectif d’aider les entreprises
belges dans leurs préparatifs en vue des
changements qui surviendront à partir SESSION 1 – THE GLOBAL PICTURE
du 1er janvier 2021, lorsque le Royaume-
Le dernier état de la situation relatif
Uni quittera le marché intérieur. aux actuelles négociations et aux pré-
Le grand intérêt pour ce webinaire té- paratifs des changements à venir.
moigne de son utilité comme source d’in-
formation à deux mois du Brexit. Ainsi, SESSION 2 – COMMERCE ET
TRANSPORTS DE MARCHANDISES
plus de 300 personnes ont suivi la ses-
sion d’ouverture et les trois sessions thé- Quels changements à anticiper en ma-
matiques ont au total été suivies en di- tière de procédures douanières, de
rect par plus de 400 personnes. La FEB se TVA ? Quel régime s’appliquera pour
réjouit que, malgré les longues négocia- les règles d’origine ou pour les accré-
tions et l’incertitude persistante, les en- ditations ?
treprises belges soient conscientes des
SESSION 3 – CLUSTER SOCIAL
nombreux changements qui survien-
dront de toute façon et elle réitère son Quels changements à venir en matière
appel aux entreprises de toutes tailles à de permis de séjour, de sécurité sociale
accélérer leurs préparatifs en vue de ou de mobilité professionnelle ?
cette nouvelle réalité.
SESSION 4 – QUESTIONS JURIDIQUES
Quel impact en termes de contrats ?
D’assurances ? Quel régime faudra-t-il
suivre pour tout ce qui traite de la pro-
priété intellectuelle ou de la protec-
tion des données ?

25
FOCUS INTERNATIONAL TRADE | AUTOMNE 2020

NOTRE CC À VOTRE SERVICE

Le Centre de compétence (CC) Europe &


International de la FEB assure le contenu La FEB est très active dans de multiples
rédactionnel de cette nouvelle publica- facettes du commerce international.
tion, Focus International Trade, qui paraî- Citons, de manière non exhaustive :
tra deux fois par an. Son lancement fait • La veille permanente quant au bon
suite à un double constat. fonctionnement du marché intérieur
Premièrement, comme souligné dans européen.
l’édito, le commerce international est • Le suivi de la politique commerciale
crucial pour notre économie très ouverte européenne.
et pour nos entreprises de toutes tailles.
Deuxièmement, cette réalité n’est pas • La promotion des accords de libre-
assez soulignée de façon objective et échange auprès des entreprises.
n’est donc peut-être pas rendue suffi- • Le suivi des tensions commerciales
samment concrète pour nombre de nos et de leur impact.
dirigeants et chefs d’entreprise.
• La protection des investissements de
nos entreprises à l’étranger et, inver-
sement, des investissements étran-
gers en Belgique.
Olivier Joris
Executive Manager • L’organisation de multiples activités
en lien avec la « diplomatie écono-
mique », dont la participation aux vi-
Thomas Julien sites d’État et missions économiques.
Conseiller adjoint

Mika Camps
Attaché

26
FOCUS INTERNATIONAL TRADE – Publication semestrielle de la Fédération des
entreprises de Belgique

RÉDACTION
Olivier Joris, Thomas Julien

RÉDACTION FINALE
Johan Van Praet, Anne Michiels, Nga Nguyen

TRADUCTION
Service de traduction FEB

RESPONSABLE DES PUBLICATIONS


Stefan Maes

ÉDITEUR RESPONSABLE
Stefan Maes, Rue Ravenstein 4, 1000 Bruxelles

Date de publication : Octobre 2020

Deze brochure is ook verkrijgbaar in het Nederlands.


Cette publication peut être lue en ligne sur www.feb.be > Publications
Porte-parole des entreprises de Belgique, la
FEB représente – au travers d’une quaran-
taine de fédérations sectorielles membres –
plus de 50.000 petites, moyennes et grandes
entreprises. Ensemble, elles assurent 75%
de l'emploi dans le secteur privé, 80% des
exportations et 2/3 de la valeur ajoutée
créée en Belgique.
Seule coupole d’employeurs au niveau
interprofessionnel, la FEB représente les
entreprises des trois Régions du pays.

Retrouvez nos dernières publications


sur notre site web

Vous aimerez peut-être aussi