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Les sources
Les archives royales se répartissent aux archives nationales dans de nombreuses
séries dont la série J le Trésor des chartes, la série Kles Monuments historiques, avec
K cartons et KK registres ; et surtout la série O Maison du roi où l’on trouve les
papiers du SE à la Mdu R, les papiers des grands officiers de la Couronne, la
Direction générale des bâtiments, jardins, arts, l’Argenterie, les Menus-plaisirs et les
affaires de la Chambre, le Garde-meuble de la Couronne, la Maison militaire, etc…
Les correspondances diplomatiques
Les correspondances des nonces, soit publiées soit conservées à l’Archivio segreto
vaticano
Les dépêches des ambassadeurs vénitiens, soit publiées soit des copies conservées à
la BN dans les ms italiens,
Les dépêches des ambassadeurs anglais publiées dans les Calendars of State Papers.
Les dépêches des ambassadeurs espagnols, microfilms médiocres conservées à
Simancas, données par Pétain à Franco en 1941.
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Le pouvoir en France s'incarne dans le souverain, un souverain aux prétentions de
plus en plus grande au fur et à mesure que son autorité s'accroît. Son autorité s'accroît
territorialement, militairement, financièrement, judiciairement et sur le plan
idéologique avec la théorie de la monarchie absolue. Mais le royaume de France est
l'un des plus grands d'Europe et le contrôle est souvent faible : 427000 en 987,
537000 en 1789. En 1516 sous le règne de François Ier on estime le nombre des
officiers royaux à 5000 soit un pour 3000 habitants ou 100/km2 et en 1665 à 46000
soit un 400 hab et pour 12km2. Aussi les rois, pour se faire obéir n’ont jamais hésité
à se déplacer, à venir régler en personne des problèmes, à s'assurer fidélité et
obéissance en étant physiquement sur le terrain. Il y a bien des commissaires mais ils
sont loin de la capitale ; rien ne vaut la présence physique ! La monarchie française
est donc, comme d'autres d'ailleurs, nomade, itinérante depuis le Moyen Âge, mais ce
n’est pas généralisé en Europe : ainsi les Tudor sont restés à Londres une grande
partie de leur règne. Jusqu’à quand ? Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, puis son aire
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A La primauté de Paris
Le centre de gravité du pouvoir se situe autour de Paris depuis Clovis, plus
précisément le château qui est devenu le lieu du pouvoir : dans le courant du Moyen
Age, le roi quitte le palais de l’île de la cité pour le Louvre. En 1540, lors du séjour
de Charles Quint à Paris, le Louvre médiéval se trouve inadapté, vieilli, mal
commode. François Ier et Henri y firent réaliser de vastes aménagements par
l’architecte Pierre Lescot avant que Philibert de L’Horme ne commence les Tuileries
pour Catherine de Médicis. Peu à peu les souverains lancèrent de vastes campagnes
de travaux pour relier le Louvre et les tuileries.
C Versailles
Enfin, s'édifie peu à peu à partir de Louis XIII le destin de Versailles. D'abord simple
relais de chasse, ce château de cartes de Versailles au Val de Galy devient peu à peu
la résidence de Louis XIV alors que Colbert préférait le Louvre. Le roi aimait la
chasse et il en voulait aux Parisiens lors de la Fronde. Le roi et la cour s’y installent
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A Le temps du nomadisme
Ce renforcement de la monarchie se traduit par une présence sur le terrain qui évolue.
On s’étonne aujourd’hui que le 1er ministre vienne 2 jours à Marseille ! Jusqu'au au
milieu du XVIIe siècle le gouvernement, la cour se déplace, avec les courtisans, les
serviteurs, l'intendance, soit des milliers de personnes d'où l'importance de la maison
du roi et celle de ses différents services. Il faut parfois loger la cour jusqu’à 30 km du
roi. Le roi circule en Ile de France, allant d'une résidence à l'autre au XVIe siècle,
sans oublier les châteaux de la Loire. Mais il y a aussi les grands périples à travers le
royaume. Le roi, pour conduire ses troupes à la guerre, pour ramener l'ordre,
rencontrer un souverain étranger, se déplace suivi de ses ministres, de leur commis et
leurs archives. Ce déplacement représente des frais pour les sujets, pour les villes qui
accueillent, souvent obligées de s’endetter pour faire face aux frais. Le sommet de la
manifestation du pouvoir en province, c’est l’entrée solennelle, l’entrée royale, avec
les corps constitués présents, la remise de cadeaux, les serments de fidélité des
autorités royales, des décors somptueux mais éphémères, à Marseille, en 1516, les
rues où le cortège royal doit passer sont décorées de verdure, de branchages, de
faisceaux de romarin, de myrte, de bois de pin, de guirlandes de fleurs, des festivités :
à Bordeaux, on équipait une galiote qui amenait le roi de Blaye à Bordeaux. A
Bayonne, pour Charles IX, on organisa un combat où les jeunes nobles devaient
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délivrer des jeunes filles prisonnières de géants. A Metz, en 1744, on construit des
grottes artificielles d’où jaillissait du vin. Il faut héberger dignement : le souverain est
souvent logé chez les prélats qui disposent de palais : le château de l’archevêque
d’Arles à Salon-de-Provence, le palais épiscopal à Bordeaux. Mais on loge aussi chez
les notables, Louise de Savoie et Claude de France chez M. d’Arlatan à Arles, Marie
de Médicis chez M. de Martin à Bordeaux, rue du Mirail. Les princes, les ministres
logent chez les nobles, les riches bourgeois, les autres dans des auberges. Il y a donc
souvent une aile dite royale dans les châteaux, réservée pour la venue éventuelle du
chef de l’Etat.
Citons ainsi le grand voyage de François Ier qui rencontre en juin 1520 Henri VIII au
camp du Drap d'or, entre Ardres et Guines. Mais le roi fait aussi des grands
déplacements pour connaître son royaume. François Ier fait son périple de novembre
1531 à février 1534. A la fin de son règne, même en mauvaise santé, il continue à
sillonner pendant 4 mois l’est du royaume, du Lyonnais à la Picardie. Doc Le voyage
le plus célèbre est celui entrepris par le jeune Charles IX, âgé de 13 ans et demi,
accompagné de sa mère, Catherine de Médicis. Le périple dura 27 mois car partis le
24 janvier 1564, ils ne revinrent que le 1er mai 1566. Lors de son déplacement,
Charles IX a participé à 109 entrées royales ! Une grande partie du royaume fut
visitée 4000 km environ, et aux lenteurs du voyage (200 jours), s'ajoutèrent des
séjours plus ou moins long (628 jours), les étapes étant parfois liée à la météorologie.
Ainsi Charles IX resta à Carcassonne à cause de la neige. Ce terrible transparaît dans
l'intitulé des édits ordonnances comme par exemple l'ordonnance de Moulins, de
Chateaubriand ou l’édit de Crémieux. Si on laisse de côté les pérégrinations d'Henri
IV liées aux guerres de religion et à sa lutte contre la ligue pour asseoir son pouvoir,
le XVIIe siècle voit un ralentissement des déplacements mais Louis XIII est encore
mobile puisqu'il va Bordeaux en 1615 pour épouser Anne Autriche, il se rend à Pau
en 1621 pour imposer le catholicisme, il combat dans le Languedoc contre les
huguenots, fait le siège de Montpellier. Il a assisté au siège de la Rochelle. Sous le
règne de Louis XIV, c’est aussi le cas avec la Fronde notamment. Le roi vient à
Bordeaux en 1650 pour ramener la paix en Guyenne. Il y repasse en 1659-1660 pour
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aller épouser Marie-Thérèse et en profite pour traverser tout le sud du royaume. Il est
aussi allé plusieurs fois sur le front. Louis XIV a vu la mer pour la première fois en
1647 à Dieppe, en juin 1658, après la bataille des Dunes, il est à Dunkerque. En 1660,
Louis XIV se trouve à Marseille, Puis en 1662, il revient à Dunkerque puis en 1680.
B L’immobilisation et l’isolement
Puis peu à peu, sous Louis XIV, avec la vieillesse, la construction de Versailles, c'est
la sédentarisation. En outre, l’armature administrative s’est renforcée, l’obéissance
s’est accrue, le roi n’a plus besoin de se déplacer pour se faire obéir.
La France a mené une politique par à-coup dans la marine, mais les rois ont peu vu la
mer ! Louis XV n’a aperçu la mer qu’une fois dans sa vie. C’était en 1749, au Havre.
Il a néanmoins voyagé un peu, été au front lors de la guerre de Succession
d’Autriche. Il tombe d’ailleurs malade à Metz en 1744. Quant au plus sédentaire c’est
Louis XVI qui vécut à la cour et ne connut pas son royaume, à l’exception du voyage
du sacre à Reims en 1775. Certes il y a le voyage en Normandie, du 21 au 29 juin
1786, qui le conduit jusqu’à Cherbourg où il séjourne 3 jours, puis le ramène à
Versailles en passant par Honfleur, le Havre et Rouen mais c'est peu puis un autre à
Paris avant le grand déplacement de juillet 1789. Enfin citons la fuite vers l'est à
travers la Champagne, la Lorraine mais dans le plus strict incognito alors que les
prédécesseurs voyageaient pour se faire reconnaître et obéir de leur sujet. Il faut noter
d'ailleurs qu'après les troubles révolutionnaires, Napoléon renouera avec ses
déplacements en province, souvent en lien avec ses campagnes (Bordeaux et
Bayonne en 1808).
Voilà donc brièvement brossées les tribulations du roi et de son gouvernement. Après
la révolution ce fut la stabilité qui emporta avec Paris. Sauf lorsque des événements
tragiques obligèrent le gouvernement à quitter la capitale trop près des lieux de
combat comme en 1870, 1914 et 1940 pour Bordeaux ou Vichy, villes éloignées du
front et disposant de grands hôtels pouvant accueillir les ministres..