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Correction des consultations du

thème 2

Cas pratique 1

Rami, un jeune diplômé en expertise comptable, a décidé de créer une


entreprise spécialisée dans la vente de produits d'entretien et d'hygiène.
Afin d’assurer une sécurité optimale de son entreprise, Rami a conclu
avec la société Surveillance & Matériel de Sécurité Electronique (SMSE) un
contrat pour l'installation d'un système d'alarme anti-intrusion et anti-
incendie ainsi que des caméras de surveillance intérieures et extérieures. Il a
encore acheté un ordinateur pour son représentant commercial qui s'occupe
de la prospection de la clientèle, de la promotion et de la présentation des
produits et services de son entreprise.
Possédant une aisance verbale et une connaissance du monde des
affaires, Rami anime, parallèlement, une chronique radiophonique
mensuelle.
1. Quelle est la nature juridique des actes accomplis par Rami?
2. Quelle est la qualification juridique de l'activité du représentant
commercial?
3. Quelle est la nature juridique de l'activité de la société Surveillance
& Matériel de Sécurité Electronique?

Réponse

1- Quelle est la nature juridique des actes accomplis par Rami?

 La vente des produits d’entretien et d’hygiène


En vertu du paragraphe 1er de l’article 2 du Code de commerce, sont des
actes de commerce par nature les actes de production, de circulation,
d’entremise, et de spéculation.

La spéculation est l’opération qui consiste à profiter des fluctuations du


marché pour réaliser un bénéfice.

1
Dans ce sens, le 2ème paragraphe de l’article 2 a considéré comme
commerçant « quiconque à titre professionnel procède … à l’achat et la vente ».

Selon la consultation, l’entreprise de Rami est « spécialisée dans la vente de


produits d’entretien et d’hygiène ». Il exerce ainsi, à titre professionnel, la vente
qui constitue un acte de spéculation.

Ainsi, l’activité de Rami est, par application de l’article 2 du C.C, une


activité commerciale. Rami est, par conséquent, un commerçant.

 La nature du contrat conclu avec la société SMSE et


l’acte d’achat d’un ordinateur
 Selon l’article 4 du C.C « Sont soumis aux dispositions du présent code,
les faits et actes juridiques accessoires à l’activité commerciale
Sont présumés accessoires, sauf preuve contraire, tous faits et actes
accomplis par un commerçants, tel qu’il a été défini à l’article 2 ».
 Les actes de commerce par accessoire sont définis généralement comme
étant des « actes qui ont, à l’origine, la nature civile, mais qui acquièrent
la nature commerciale parce qu’ils sont accomplis, accessoirement, à un
acte de commerce ou par des commerçants, pour les besoins de leur
commerce » (Mohamed Mahfoudh, Une introduction au droit commercial tunisien,
COOPI 2004, p. 200, n° 316)

 Deux conditions sont généralement exigées pour que l’acte civil soit
commercial par accessoire :
1- L’acte civil doit être accompli par un commerçant.
2- L’acte doit être accompli pour les besoins de l’activité commerciale.
En se référant aux faits d’espèce, Rami a décidé de créer une
entreprise spécialisée dans la vente de produits d'entretien et d'hygiène.
Dans le but d’assurer une sécurité optimale de son entreprise, il a conclu un
contrat avec la société (SMSE) pour l'installation d'un système d'alarme
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ainsi que des caméras de surveillance. Il a encore acheté un ordinateur pour
son représentant commercial.

Proprement envisagés, le contrat avec la société SMSE et l’acte


d’achat d’un ordinateur n’ont pas particulièrement un but lucratif de la part
de Rami. L’ordinateur ainsi que le système d’alarme et les caméras de
surveillance sont destinée à la conservation et non pas à la circulation ou la
spéculation. Ainsi, il s’agit, en principe, des actes civils.

Toutefois, ces actes civils peuvent, par application de l’article 4 du


C.C, être considérés comme des actes de commerce par accessoire s’ils sont
accomplis par un commerçant pour les besoins de son activité commerciale.
On doit ainsi vérifier l’existence de ces deux conditions.

 Pour la première condition, (la qualité du commerçant de l’auteur


de l’acte), elle est remplie. En effet, Rami exerce la spéculation à
titre professionnel et particulièrement la vente des produits
d’entretien et d’hygiène). Il a la qualité d’un commerçant.
 Pour la deuxième condition, celle relative à l’accomplissement
des actes pour des besoins commerciaux, la consultation précise
que
le contrat avec la société SMSE est conclu dans le besoin
« d’assurer une sécurité optimale de son entreprise »
et l’acte d’achat d’un ordinateur est effectué dans le but
d’aider le représentant commercial de l’entreprise de
rechercher la clientèle et de présenter les produits et
services de son entreprise.
Ces actes civils sont, alors, accomplis pour des besoins
commerciaux. La deuxième condition est ainsi remplie.

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Effectué par un commerçant dans les besoins de l’activité commerciale, le
contrat avec la société SMSE ainsi que l’acte d’achat d’un ordinateur, sont alors
des actes de commerce par accessoire.

 La nature de l’activité de l’animation d’une chronique


radiophonique mensuelle.

L’animation d’une chronique radiophonique est une activité de production


de service d’information ou de service publicitaire
L’animation d’une chronique radiophonique mensuelle peut être exercée

à titre professionnel à titre salarial


Selon le paragraphe 1er de L’article 6 du C.T : « Le contrat de
l’article 2 du C.C, « Est, commerçant, travail est une convention par laquelle l’une
quiconque, à titre professionnel, des parties appelée travailleur ou salarié
s’engage à fournir à l’autre partie appelée
procède à des actes de production…».
employeur ses services personnels sous la
La production constitue la création direction et le contrôle de celle-ci
d’une richesse. moyennant une rémunération ».
Lorsque l’animateur d’une Les éléments constitutifs du contrat
chronique radiophonique exerce cette de travail (un travail- un lien de
activité à titre professionnel : il est subordination – un salaire)
 soit le propriétaire
du radio : dans ce cas son Lorsque l’animateur d’une
activité consiste à la production chronique radiophonique exerce la
des informations ou de publicité. production d’information ou de service
Il s’agit ainsi d’un commerçant publicitaire conformément à un contrat
et son activité est commerciale. de travail au sens de l’article 6 précité,
 soit un animateur il est un salarié et son activité constitue
qui anime une chronique dans un une activité salariale.
radio dont il n’est pas le
propriétaire et il le fait sans
contrepartie : dans ce cas, il fait
généralement de la production
d’une publicité au profit de son

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entreprise (vanter et faire
connaître ses produits ou ses
services au public pour élargir la
clientèle) : Il s’agit dans ce cas
aussi d’un commerçant et son
activité est commerciale
(production de publicité).

La consultation n’a pas précisé si Rami anime la chronique à titre


professionnel ou salarial.
Il convient ainsi de poser des hypothèses
Hyp1 : Rami est le propriétaire du radio (il anime à titre professionnel et
indépendant) : production d’information ou services publicitaires : activité
commerciale.
Hyp 2 : Rami n’est pas le propriétaire de radio, mais il anime une
chronique sans contrepartie en faisant de la publicité pour son propre
entreprise : production de publicité : activité commerciale.
Hyp 3 : Rami anime la chronique sur la base d’un contrat de travail :
activité salariale.

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2) Quelle est la qualification juridique de l’activité de représentant
commercial
L’article 625 C.C : « L'agent commercial est la personne qui, sans
être liée par un contrat de louage de services, s'engage à préparer ou
à conclure d'une façon habituelle des achats ou des ventes et, d'une
manière générale, toutes autres opérations commerciales, au nom et
pour le compte d'un commerçant ».
Le rôle d’un représentant commercial 
, l’agent commercial a généralement le rôle d’un intermédiaire
entre l’entreprise et les clients. Il prospecte de nouveaux clients et
s’occupe de fidéliser les clients de l’entreprise.
Il fait ainsi de l’entremise qui consiste dans l’action de rapprocher
deux personnes pour faciliter la conclusion des transactions entre elles.

Les formes de l’activité du représentant commercial


On constate de l’article 625 du C.C que l’activité de l’entremise
effectuée par un représentant commercial peut prendre 2 formes :
- représentation à titre professionnel
- ou représentation salariale

Représentation à titre professionnel 

 Selon le paragraphe 1er de l’article 2 du C.C, « Est, commerçant,


quiconque, à titre professionnel, procède à des actes de …. entremise ».
 Dans ce sens, le 2ème paragraphe de l’article 2 du C.C a considéré comme
commerçant « quiconque à titre professionnel procède … à
l’exploitation d’agence d’affaires».
 L’agence d’affaires est l’organe chargé d’administrer ou de s’occuper des
affaires d’autrui.

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Il en résulte que le représentant commercial qui exerce son activité
d’entremise à titre professionnel et indépendant par application de
l’article 2 exerce une activité commerciale par la nature et constitue par
conséquent un commerçant et plus particulièrement un agent d’affaires.

Représentation à titre salarial (salarié)

L’article 409 du code du travail, prévoit que « Les conventions intervenues


entre industriels et commerçants, d’une part, et voyageurs, représentants et
placiers d’autre part, sont des contrats de louage de services lorsque les
voyageurs, représentants ou placiers, travaillant pour le compte d’une ou
plusieurs maisons, rémunérés par des remises proportionnelles ou des
appointements fixes, exercent d’une façon exclusive et constante leur
profession, ne font aucune opération pour leur compte personnel, sont liés à la
maison qu’ils représentent par un contrat indiquant la nature des marchandises à
vendre, la région dans laquelle ils doivent exercer leur activité, le taux des
rémunérations, commissions ou remises proportionnelles qui leur sont
allouées »1.
Il en découle que lorsque le représentant commercial exerce son
activité d’entremise non pas pour son propre compte mais pour le compte d’une
autre entreprise d’une façon constante, en contrepartie d’un salaire fixe ou une
part proportionnelle, il est lié à l’entreprise par un contrat de travail (= contrat
de louage de service). Il s’agit ainsi d’un salarié et son activité constitue une
activité salariale.

‫ولين‬BB‫واب المتج‬BB‫ة وبين الن‬BB‫ار من جه‬BB‫انع والتج‬BB‫حاب المص‬BB‫ة بين أص‬BB‫ات المبرم‬BB‫ "االتفاق‬:‫غل‬BB‫انون الش‬BB‫ من ق‬409 ‫ل‬BB‫ الفص‬1
‫ون‬BB‫ذين يعمل‬BB‫ون ال‬BB‫وكالء أو المروّج‬BB‫ون أو ال‬BB‫واب المتجول‬BB‫والوكالء والمروجين من جهة أخرى هي عقود إجارة إذا كان الن‬
‫ل‬BB‫تثناء أي عم‬BB‫تمرة وباس‬BB‫فة مس‬B‫لفائدة مؤسسة أو عدة مؤسسات ويتقاضون جزءا أو مرتبا قارا يقومون بعملهم المذكور بص‬
‫ائع‬BB‫وع البض‬BB‫ة لن‬BB‫دة مبيّن‬BB‫ا بعق‬BB‫تي يمثلونه‬BB‫ة ال‬BB‫آخر وال يتعاطون أية عملية لفائدتهم الشخصية ويكونون مرتبطين مع المؤسس‬
"‫المكلفين بترويجها وللجهة الواجب عليهم مباشرة نشاطهم بها ولمقدار األجر أو المنحة أو الجزء النسبي المخول لهم‬

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En se référant à la consultation, un représentant commercial s’occupe,
en faveur de l’entreprise de Rami, de la prospection de la clientèle, de la
promotion et de la présentation des produits et services de son entreprise.
Son activité consiste à une activité d’entremise entre l’entreprise de Rami
et les clients.
La consultation n’a pas précisé expressément si ce représentant exerce
son travail d’une manière indépendante ou il est un salarié subordonné à
Rami. Toutefois, on peut constater de l’expression « il a acheté un
ordinateur pour son représentant commercial » que ce dernier travaille
pour le compte de Rami et non pas pour son propre compte. Il est un
salarié au sens de l’article 409 du C.T.

Ainsi, l’activité du représentant commercial est une activité salariale


qui est soumis au Code de travail.

3) Quelle est la nature juridique de l’activité de la société SMES ?


Le paragraphe 1er de l’article 2 du C.C présente 4 critères de
commercialité, parmi lesquels on trouve la production qui réside dans la
création d’une richesse économique et la spéculation qui est l’opération qui
consiste à profiter des fluctuations du marché pour réaliser un bénéfice. Le
paragraphe 2 du même article fournit aussi comme application au critère de
spéculation l’achat et la vente à titre professionnel.
Revenant à la consultation, la société Surveillance & Matériel de Sécurité
Electronique (SMSE) a installé dans l’entreprise de Rami un système d'alarme
anti-intrusion et anti-incendie ainsi que des caméras de surveillance intérieures
et extérieures.
L’activité de la société est la production de service (Il s’agit de
l’installation du système d'alarme et des caméras de surveillance). Elle peut

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consister dans une spéculation suivie par un acte de production de service si elle
achète les systèmes d’alarmes et les caméras et les vend aux clients en réalisant
un profit.
L’activité de la société SMSE est une activité commerciale.

Cas pratique 2

Ahmed un jeune agriculteur qui exploite un domaine d’arbres fruitiers


dans la région du Cap-Bon. Il a conclu un contrat de vente de 4 tonnes
d’oranges au profit de Mr Hatem, un grand industriel de la région. Ahmed
a décidé, afin de satisfaire à ses obligations contractuelles envers Mr
Hatem, d’acheter 30% de la quantité d’oranges délivrée.
Quelle est la nature de l’acte d’achat d’oranges accompli par Ahmed au
profit de Monsieur Hatem ?

Réponse

 En vertu de l’article 2 du C.C (paragraphes 1 et 2) les actes de spéculation


sont des actes de commerce par nature, notamment l’acte d’achat pour la
vente exercé à titre professionnel.
La spéculation est l’opération qui consiste à profiter des fluctuations du
marché pour réaliser un bénéfice

Selon la consultation, Ahmed a acheté une quantité d’oranges en vue de la


revente.
Par application de l’article 2, cet acte d’achat pour vente est un acte de
spéculation.

Ainsi, l’acte d’achat effectué par Ahmed en vue de la vente constitue,


en principe, un acte de commerce par nature.

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Cependant, la question qui se pose est de savoir si l’acte d’achat pour revente
peut perdre sa nature commerciale si elle est effectuée dans le cadre d’une
activité agricole (civile).
L’article 2 du C.C (paragraphe 3) se contente de prévoir que « n’est pas
commerçant, quiconque exerce une profession agricole dans la mesure où
l’intéressé ne fait que transformer et vendre les produits de son fonds ».
Toutefois, ni la loi ni la jurisprudence ne donnent une réponse explicite sur la
nature de l’acte d’achat pour revente accompli par un agriculteur.
La plupart des auteurs et juristes tunisiens (notamment les professeurs Nabila
Mezghani, Ahmed Omran et Mohamed Mahfoudh) a adopté la solution de la
jurisprudence française qui a appliqué pour la résolution de cette question le
principe général du droit de « l’accessoire suit le principal ».
L’application de la théorie de l’accessoire civil exige la réunion de trois
conditions :
1- L’existence d’une activité civile principale (Transformation des
produits de son fonds)
2- L’acte de commerce par nature (ex : achat des produits auprès d’un
tiers) doit être indispensable à l’exercice de l’activité civile

principale
3- L’acte de commerce ne doit pas prendre trop d’importance par
rapport à l’activité civile principale.

En appliquant le principe de l’accessoire suit le principal, la jurisprudence


française a procédé à l’application de la règle de proportionnalité tout en
envisageant deux hypothèses:
Si la proportion des produits achetés est supérieure à celle des produits
provenant du fonds de l’agriculteur, l’acte reste commercial.

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Si la proportion des produits achetés est inférieure à celle des produits
provenant du fonds de l’agriculteur, l’acte est considéré comme civil par
accessoire.

Selon les faits d’espèce, Ahmed est un jeune agriculteur qui a été obligé
d’acheter une quantité d’orange qui correspond à 30% de la quantité de fruits
délivrée à Mr Hatem, pour satisfaire son obligation contractuelle.
Les trois conditions exigées pour l’application de la théorie de
l’accessoire civil sont donc vérifiées :
- L’existence d’une activité civile principale : Ahmed est un agriculteur
dont l’activité est la production agricole des fruits.
- L’acte de commerce par nature doit être indispensable à l’exercice de
l’activité civile principale : Ahmed a été obligé d’acheter une quantité
d’oranges auprès de Hatem afin de satisfaire à ses obligations contractuelles.
- L’acte de commerce ne doit pas prendre trop d’importance par rapport à
l’activité civile principale : la quantité d’oranges achetée auprès de Hatem ne
représente que 30% de la quantité délivrée. Le reste provient de son propre
fonds.
Alors, la proportion des produits achetés auprès du tiers est inférieure à
celle des produits provenant du fonds de l’agriculteur Ahmed.

Il en résulte que l’acte d’achat d’oranges effectué par Ahmed est considéré
comme agricole. Il est ainsi un acte civil par accessoire.

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Cas pratique 3
Dés qu’il s’est informé des feux frappant l’usine de son cousin, monsieur
Nabil, un réparateur des vélos, a pensé sérieusement d’assurer son atelier
contre l’incendie. Toutefois, devant la diversité des sociétés d’assurance,
Nabil était confus quant au choix de la meilleure offre. Il a recouru, pour
cette raison, à Monsieur Ali, un courtier d’assurance très connu à la région.
En contrepartie d’une commission, ce dernier a mis le réparateur des vélos
en relation avec la société anonyme d’assurance « TAPPA » où Monsieur
Nabil a souscrit enfin un contrat d'assurance moyennant une prime
convenable.
1- Quelle est la nature de l’activité de Mr Ali ?
2- Quelle est la nature de l’activité de Mr Nabil ?
3- Quelle est la nature de l’acte d’assurance effectué entre la société
TAPPA et Monsieur Nabil?

Réponse
1) Quelle est la nature de l’activité de Monsieur Ali ?
- Le courtage est un contrat commercial car il est cité sous le
livre V du Code de commerce intitulé « des contrats
commerciaux ». Ces contrats y compris le contrat de
courtage sont régis principalement par le code de commerce.
C’est ce qu’il est confirmé par l’article 597 du C.C.
- L’article 609 du C.C définit le courtage comme étant « la
convention pour laquelle le courtier s'engage à rechercher
une personne pour la mettre en relation avec une autre, en
vue de la conclusion d'un contrat ».
- En vertu du paragraphe 1er de l’article 2 du C.C, sont des
actes de commerce par nature les actes de production, de
circulation, de spéculation et d’entremise.
L’entremise est l’action de rapprocher deux personnes pour faciliter la
conclusion des transactions entre elles.

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Dans ce sens, le 2ème paragraphe de l’article 2 C.C a considéré comme
commerçant « quiconque à titre professionnel procède … à des opérations
… de courtage ».

Revenant aux faits d’espèce, Mr Ali qui a mis en relation Mr Nabil et la


société TAPPA en vue de la conclusion d’un contrat d’assurance, est un
courtier d’assurance très connu à la région. Il exerce, alors, le courtage à
titre professionnel.
Par application de l’article 2 C.C (paragraphes 1 et 2) et l’article 609 du
même code, l’activité de Monsieur Ali qui réside dans le courtage est une
activité d’entremise, laquelle est un critère de commercialité des
opérations.

Ainsi, l’activité de Monsieur Ali résidant dans le courtage d’assurance


est une activité commerciale par nature, ce qui lui confère la qualité d’un
commerçant.

2) Quelle est la nature de l’activité de Monsieur Nabil ?

 L’article 16 de la loi n° 2005-15 du 16 février 2005 relative à


l’organisation du secteur des métiers prévoit que « Au sens de la
présente loi, s’entend par artisanat toute activité, de production, de
transformation, de réparation essentiellement manuelles et qui répondent
à des besoins utilitaires, fonctionnels ou de décoration portant un aspect
artistique et culturel inspiré de patrimoine et de l’identité nationale ».

 Le décret n° 2005-3078 du 29 novembre 2005, fixant la liste des


activités de petits métiers et de l’artisanat et déterminant les activités
dont l’exercice nécessite la qualification professionnelle a inséré

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l’activité de réparation des cycles et motocycles parmi les activités de
petits métiers et de l’artisanat.

 Dans le même sens, la Cour de cassation tunisienne a déclaré dans son


arrêt n° 40274 du 10 octobre 1995 (RJL 1998 p. 139), ainsi que son
arrêt n° 57530 du 15 mars 2018 que l’activité de réparation des vélos,
étant une activité manuelle, constitue une activité artisanale et non une
activité commerciale.

Selon la consultation, Monsieur Nabil est un réparateur des vélos.


Sur la base de la définition de l’artisanat fournie par l’article 16 de la loi
du 2005, de décret du 29 novembre 2005 et des arrêts de la Cour de
cassation du 10 octobre 1995 et du 15 mars 2018, l’activité de Mr Nabil,
celle de réparation des vélos, est une activité artisanale.
La nature de l’activité de Mr Nabil est ainsi une activité artisanale
civile.

3) Quelle est la nature de l’acte (contrat) d’assurance conclu entre la


société
TAPPA et Mr Nabil ?
Qualité des parties
 Mr Nabil est un artisan c'est-à-dire un non-commerçant (V. la réponse
sur la question n°2).
 La société TAPPA :
- en vertu de l’article 7 du Code des sociétés commerciales, la
S.A est une société commerciale par la forme qui a la nature
commerciale quelque soit l’objet de leur activité.
- Aussi, en vertu du paragraphe 1er de l’article 2 du C.C, sont
des actes de commerce par nature les actes de spéculation.
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La spéculation est l’opération qui consiste à profiter des
fluctuations du marché pour réaliser un bénéfice.
- Dans ce sens, le 2ème paragraphe de l’article 2 a considéré
comme commerçant « quiconque à titre professionnel
procède …à des opérations d’assurance ».
Selon la consultation, la société TAPPA est une société anonyme
d’assurance.
Il s’agit ainsi d’une société doublement commerciale :
- par la forme, par application de l’article 7 C.S.C.
- par l’objet, par application de l’article 2 C.C car elle exerce
une activité de spéculation (assurance) en espérant tirer un
bénéfice de la non-réalisation d’un certain nombre de
risques assurés.
La société TAPPA est une société commerciale

La nature de l’acte d’assurance 


A défaut d’une disposition législative particulière, la doctrine a nommé
certains actes comme étant des actes mixtes. Il s’agit, selon le professeur
Mohamed Mahfoudh, « d’actes ayant, pour partie, des commerçants, pour
l’autre des particuliers »2.
En se référant à la consultation, Le contrat d’assurance est conclu entre Nabil
qu’il ne s’agit pas d’un commerçant et la société TAPPA qui est une société
commerciale.
Le recours à la définition doctrinale des actes mixtes permet de constater que
l’acte d’assurance entre Nabil et la société TAPPA, étant un acte entre un non
commerçant et une société commerciale, est un acte mixte.

2
Une introduction au droit commercial tunisien, COOPI, 2004, p. 202, n° 322.

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