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J O H N

P I P E R

Ce mariage

Un reflet
de l’alliance éternelle
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éphémère
Ce mariage
éphémère
J O H N
P I P E R

Ce mariage

Un reflet
de l’alliance éternelle
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
This momentary marriage: A parabole of permanence • John Piper
© 2009 • Desiring God foundation
Publié par Crossway Books, un ministère de Good News Publishers
1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Ce mariage éphémère : Un reflet de l’alliance éternelle • John Piper
© 2017 • BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Publié au Canada par Éditions Cruciforme • www.editionscruciforme.org


Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Alain Bouffartigues


Couverture : Seegn
Mise en page : BLF Éditions
Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Nouvelle Bible Segond Copyright © 2002 Société biblique française.
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères
italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions
sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible Louis Segond (LSG), la
Nouvelle Bible Segond (NBS), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB),
la Traduction Parole de vie (PDV), et la Bible version Segond 21 (S21).

ISBN 978-2-36249-395-9 broché


ISBN 978-2-36249-396-6 numérique

er
Dépôt légal 1 trimestre 2020
Index Dewey (CDD) : 306.872
Mots-clés : 1. Couple. Vie religieuse.
2. Mariage. Aspect religieux. Christianisme.
À
Ruth et Bill Piper
Pamela et George Henry
Seule la mort mit un terme à leur mariage
matières
Table des

Avant-propos
Le balancier et le portrait..............................................................................9
Introduction
Mariage et martyre.....................................................................................13

Chapitre un
Rester fidèle à son conjoint ne signifie pas avant tout rester amoureux............
l’un de l’autre.............................................................................................21
Chapitre deux
Nus sans en avoir honte..............................................................................33
Chapitre trois
La grâce de l’alliance exposée à la vue de tous.............................................47
Chapitre quatre
Pardonner et supporter...............................................................................59
Chapitre cinq
Comment ressembler au Christ au sein de l’alliance...................................73
Chapitre six
Un cœur de lion et une ressemblance à l’agneau.............................................
Le mari chrétien comme la tête : Les fondements de l’autorité....................85
Chapitre sept
Un cœur de lion et une ressemblance à l’agneau.............................................
Le mari chrétien comme la tête : Que signifie diriger ?................................97
Chapitre huit
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte...................................111
Chapitre neuf
Célibataire dans le Christ : « un nom meilleur que des fils et des filles ».....123
Chapitre dix
Le célibat, le mariage et la vertu chrétienne de l’hospitalité.......................137
Chapitre onze
La foi et la sexualité dans le mariage........................................................149
Chapitre douze
La finalité du mariage est de faire des enfants… des disciples de Jésus :..........
à quel point le devoir de procréation est-il absolu ?..................................161
Chapitre treize
La finalité du mariage est de faire des enfants… des disciples de Jésus :..........
vaincre la colère chez les pères et les enfants.............................................173
Chapitre quatorze
Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni : l’Évangile.....................
et la nouvelle obéissance radicale.............................................................185
Chapitre quinze
Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni :....................................
l’Évangile et le divorce.............................................................................197

Conclusion
Ce mariage éphémère..............................................................................209

Quelques mots de remerciement.............................................................213


Index général...........................................................................................217
Index de références bibliques...................................................................223
Ressources : Desiring God.......................................................................229
Avant-propos
Le balancier et le portrait

Noël Piper

Je connais des couples où les conjoints pensent et ressentent les


choses avec une telle osmose qu’ils sont capables de vivre ensemble,
de travailler ensemble, de servir dans le ministère ensemble et d’éle-
ver leurs enfants ensemble en n’ayant quasiment jamais de conflits.
Oui, de tels couples peuvent exister, mais ce n’est certainement pas
notre cas.
Les tests de personnalité révèlent que nous sommes pratique-
ment tout le contraire l’un de l’autre. Selon Ruth Bell Graham,
l’épouse de Billy Graham, c’est une bonne chose. On rapporte
qu’elle a déclaré que si deux personnes sont d’accord sur tout, c’est
que l’une d’elles est inutile. Je dois avouer toutefois que nous ne
serions pas mécontents de faire de temps à autre l’expérience de
ce genre d’inutilité.
Dans la vie, j’oscille entre deux extrêmes. D’un côté du balancier,
je me demande parfois avec émerveillement : « Mais comment ai-je
pu trouver un mari aussi extraordinaire ? Qu’est-ce que j’ai bien pu
faire pour qu’il me remarque – et plus encore : qu’il me demande en

11
Ce mariage éphémère
mariage ? ! » Un jour, alors que j’étais en pleine période d’euphorie,
nous avons fait un test d’évaluation de notre couple. D’après les
résultats, je me trouvais au sommet de l’échelle de l’idéalisme, bien
peu encline à reconnaître les problèmes que nous pouvions avoir
dans notre couple – au point que, selon les « experts », mon score
était peu fiable.
J’aimerais que le balancier reste toujours là-haut, dans cette zone
où rien ne vient entamer notre bonheur d’être ensemble – comme
lors des vacances que nous avons passées une fois dans les montagnes
Blue Ridge :
En voyage
Livres et rocking-chair,
Ours noir et papillons,
Mousse et champignons,
Poésie et dessin,
Chanter et se balancer,
Voir les piverts s’envoler,
Louer Dieu, se promener,
Du temps pour discuter,
Ensuite au scrabble jouer,
Et puis aller s’allonger…
Le silence ne pas briser.
Avec toi mon bien-aimé.1

À l’inverse, il arrive parfois que l’inertie et la contestation se


mettent à nous aspirer vers le bas, et je m’interroge alors : « Comment
se fait-il que nous nous retrouvions dans une situation aussi cala-
miteuse ? Que s’est-il passé pour que nous soyons à ce point en
désaccord et malheureux ? » C’est au cours d’une de ces périodes
difficiles que nous avons célébré notre vingt-cinquième anniversaire
de mariage.

1
Adaptation libre

12
Le balancier et le portrait

L’or en ligne de mire


Pour un anniversaire, ainsi se préparer !
Nous ne savions même plus qui était l’offensé.
Surtout donner le change, par nos sourires forcés,
cette façade trop souvent par nous utilisée.
« Que les vingt-cinq prochaines années
soient aussi belles que les premières ! »,
nous ont souhaité nos invités
en nous couvrant de leurs baisers.
Et moi qui pensais en secret :
pourquoi très loin ne pas filer,
afin de tout recommencer,
sous une nouvelle identité ?
Évidemment j’allais rester.
Comment pourrais-je abandonner
l’ homme qui si bien me connaissait
et qui pourtant voulait m’aimer ?
C’est alors que Beryl, elle qui était unie
à son Arnold chéri depuis soixante années,
par ses paroles toutes simples vint mon cœur réchauffer :
« Les années à venir vont être les meilleures,
car les vingt-cinq premières sont toujours
les plus chargées de douleur ».2

Je suis apparemment incapable de voir au-delà de mes émotions


du moment. Si nous devions donc demander à un conseiller d’éva-
luer notre couple pendant ces passes difficiles, les résultats révéle-
raient probablement de grosses difficultés conjugales. Diagnostic
qui serait tout aussi trompeur que l’idéalisme constaté pendant les
périodes où « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».
Il est vrai que le balancier de notre couple oscille et même vacille
parfois, mais il est suspendu par le haut, il est solidement attaché.
Et, par la grâce de Dieu, il ne s’écrasera pas au sol. Cette année, nous
fêtons notre quarantième anniversaire de mariage et, Dieu merci,

2
Adaptation libre

13
Ce mariage éphémère
plus nous approchons des noces d’or, plus nous avons envie de les
célébrer – si toutefois Dieu nous fait la grâce de nous accorder autant
d’années ensemble.
Nous savons que c’est le poids de notre péché qui nous fait
toucher le fond par moments. Mais voici une formidable vérité, une
vérité incroyable, un « grand mystère », comme le dit Paul : « C’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa
femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un grand mys-
tère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église » (Éphésiens
5 : 31-32). Tout mariage est une image de la relation entre le Christ
et l’Église – même s’il oscille comme un balancier à cause du péché,
même si le couple n’en a rien à faire de Jésus.
Pour changer de métaphore, Dieu a établi le mariage afin qu’il
reflète une image, qu’il soit un portrait. Ce qui m’amène à me poser
la question : dans quelle mesure notre couple est-il un portrait du
Christ ? Cette image est-elle claire et bien nette ?
J’aime utiliser mon minuscule appareil photo numérique.
Cependant, plus le sujet est gros et complexe, plus il devient difficile
de le photographier en entier et avec précision. Par exemple, aucune
photo ne peut représenter à elle seule toute la magnificence du
Grand Canyon. Même si mes piètres compétences de photographe
ne diminuent en rien la splendeur de cette merveille naturelle,
certains clichés parviennent mieux que d’autres à en rendre l’aspect
grandiose. C’est ce genre de photo que j’aimerais pouvoir prendre du
Grand Canyon, et de la même manière, j’aimerais que notre couple
soit un portrait aussi fidèle que possible de Jésus.
Ma prière est que ce livre (qui a été écrit par mon prédicateur pré-
féré) amène de nombreux couples à « refaire une mise au point » afin
que le portrait du Christ et de son Épouse soit le plus net possible.

14
Introduction
Mariage et martyre

Lorsque Dietrich Bonhoeffer a été pendu à l’aube du 9 avril 1945


à l’âge de 39 ans, il était fiancé à Maria von Wedemeyer. Ce jeune
pasteur allemand s’était opposé au régime nazi et avait finalement
été arrêté le 5 avril 1943, étant accusé de complot d’assassinat contre
Adolf Hitler.
Il ne s’est donc jamais marié. Il a rejoint la Réalité sans passer
par l’ombre des choses à venir. Nous sommes tous appelés à
rendre témoignage de la valeur du Christ de diverses manières. La
vocation de Dietrich Bonhoeffer était, non pas le mariage, mais
le martyre.
Lorsque la mort frappe un couple marié, c’est une providence
à la fois douce et amère. Douce parce qu’au bord du précipice de
l’éternité, l’air est d’une pureté cristalline, et que ce qu’il y a de plus
précieux chez le conjoint imparfait apparaît plus clairement que
jamais. Mais c’est aussi une providence amère car la souffrance est
double pour celui qui voit son conjoint mourir – et elle est même
quadruplée si les deux se voient mourir. C’est pire encore s’ils ont
un enfant.

15
Ce mariage éphémère

Une seule chair, même dans la mort


Ce fut le cas de John et Betty Stam, deux missionnaires de la
Mission à l’Intérieur de la Chine. Ils s’étaient rencontrés à l’Institut
Biblique Moody et avaient fait le voyage en bateau pour la Chine
séparément : Betty en 1931 et John un an plus tard. Reuben A.
Torrey célébra leur mariage le 25 octobre 1933, à Tsinan. John avait
alors 26 ans et Betty 27.
La région dans laquelle ils travaillaient était déjà dangereuse à
cause de la guerre civile qui opposait le Parti nationaliste au Parti
communiste chinois. Le 11 septembre 1934, Betty donna naissance
à Helen Priscilla. Trois mois plus tard, les deux parents furent déca-
pités par les communistes sur une colline près de Miaosheo, tandis
que leur bébé Helen se trouvait caché à l’endroit où sa mère l’avait
déposé, avec dix dollars sous sa couverture.
Geraldine Taylor, belle-fille de Hudson Taylor (le fondateur de
la Mission à l’Intérieur de la Chine), a publié le récit du martyre des
époux Stam deux ans après leur mort. Chaque fois que je lis cette
histoire, je ne peux m’empêcher de pleurer, touché par la beauté et
la tragédie des événements qui frappèrent ce couple ainsi que leur
enfant.
Jamais ce petit enfant ne fut aussi précieux qu’au moment où
ils posèrent un dernier regard sur leur bébé si tendre, car le
lendemain matin on vint les chercher sans ménagement pour les
conduire à la mort. […] Solidement ligotés les mains derrière
le dos, vêtus de leurs seuls sous-vêtements et John étant même
nu-pieds (il avait laissé ses chaussettes à Betty), ils descendirent
la rue où tant d’ habitants connaissaient John, encadrés par les
gardes rouges qui leur lançaient des sarcasmes tout en appelant
les habitants à venir assister à leur exécution.
À l’ instar de leur Seigneur, ils furent conduits en haut
d’une colline à l’extérieur de la ville. Là, au milieu des pins,
les communistes se mirent à haranguer les habitants qui
assistaient malgré eux à la scène, tous étant trop épouvantés
pour exprimer la moindre protestation. En fait, non : un

16
Mariage et martyre

homme sortit du rang ! C’ était le médecin du village, qui était


lui-même chrétien. Exprimant ce que beaucoup ressentaient,
il tomba à genoux et plaida pour la vie de ses amis. Les gardes
rouges le repoussèrent avec fureur, mais il persista, si bien
qu’ ils s’emparèrent de lui et le jetèrent en prison, avant de le
condamner à mort lorsqu’ ils découvrirent qu’ il était lui aussi
un disciple du Christ.
John s’ était tourné vers le chef des gardes pour lui demander
d’avoir pitié de cet homme. Mais on lui ordonna sans
ménagement de se mettre à genoux (l’expression de joie qu’on
put lire après coup sur son visage témoignait de la Présence
invisible de Dieu à leurs côtés au moment où son esprit fut
libéré) ; à ce moment-là, Betty trembla, mais seulement le
temps d’un instant. Bien que ligotée, elle tomba à genoux
à côté de lui. Un ordre bref, l’ éclat d’une lame d’ épée
– qu’ heureusement elle ne vit pas venir –, et ils furent réunis3 .

Rien n’est perdu


C’est vrai qu’ils furent réunis, mais pas en tant que mari et
femme. Car Jésus a dit : « En effet, quand on se relève d’entre les
morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges
dans les cieux » (Marc 12 : 25). Le mariage humain n’existe pas après
la mort. L’ombre de l’alliance entre le mari et sa femme fait place à la
réalité de l’alliance entre le Christ et son Église glorifiée. Rien n’est
perdu. Au contraire, la musique de tous les plaisirs est transposée
dans une tonalité infiniment supérieure.
Aujourd’hui, Dietrich Bonhoeffer et Maria, tout comme John et
Betty Stam, sont plus fortement unis dans l’amour qu’ils n’auraient
jamais pu l’être dans le mariage. Ils resplendissent « comme le soleil
dans le royaume de leur Père » (Matthieu 13 : 43). Leur magnifique
perfection témoigne de la gloire du Christ. Et, dans le monde à

3
Mme Howard Taylor, The Triumph of John and Betty Stam (Philadelphie : China
Inland Mission, 1936), p. 107-108. Leur petite fille qui avait été cachée fut trouvée
par des chrétiens et sauvée.

17
Ce mariage éphémère
venir, leurs corps seront régénérés et toute la création se joindra aux
enfants de Dieu dans la joie éternelle (Romains 8 : 21).

La couronne fait le roi,


le mariage fait l’unité
Au cours du mois qui a suivi son incarcération, et deux ans
avant sa mort, Bonhoeffer a écrit, depuis le quartier militaire de la
prison berlinoise de Tegel, un texte intitulé « Prédication de mariage
depuis une cellule de prison ». Sa prédication était basée sur le verset
d’Éphésiens 1 : 12 (LSG) : « […] afin que nous servions à la louange
de sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ ».
Le mariage est plus grand que votre amour réciproque. […]
dans votre amour, vous ne voyez que le ciel de votre bonheur
personnel, par le mariage vous êtes responsables au milieu
du monde et de la communauté des hommes ; votre amour
n’appartient qu’ à vous et personnellement, le mariage est
quelque chose de supra personnel, il est un état, un ministère.
Comme c’est la couronne qui fait le roi et non sa volonté de
régner, ainsi c’est le mariage et non votre amour l’un pour l’autre
qui fait de vous un couple devant Dieu et devant les hommes4 .

Le but de ce livre est d’élargir votre vision du mariage. Comme l’a


dit Bonhoeffer, le mariage est plus que l’amour entre deux personnes ;
beaucoup plus. La signification du mariage a une portée incommensu-
rable. Et je pèse mes mots. Le mariage consiste à manifester aux yeux
de tous l’amour d’alliance entre le Christ et son peuple.
Or, cet amour d’alliance a atteint son apogée dans la mort du
Christ pour son Église, son épouse. Cette mort était l’expression
absolue de la grâce, qui est l’expression absolue de la gloire de Dieu,
laquelle a une valeur infinie. Par conséquent, lorsque l’apôtre Paul
déclare que notre destin glorieux et suprême est de « célébrer la gloire

4
Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission : lettres et notes de captivité (Genève :
Labor et Fides, 2006), p. 69. Les citations de Bonhoeffer qui figurent sur la page située
en regard de chaque chapitre sont tirées de : Résistance et soumission : lettres et notes de
captivité, De la vie communautaire (Genève : Labor et Fides, 1998), et Vivre en disciple
– Le prix de la grâce (Genève : Labor et Fides, 1985).

18
Mariage et martyre

de sa grâce » (Éphésiens 1 : 6), il élève le mariage par-dessus tout, car


c’est là que, d’une façon tout à fait singulière, Dieu manifeste aux
yeux de tous l’apogée de la gloire de sa grâce : « […] le Christ a aimé
l’Église : il s’est livré lui-même pour elle » (Éphésiens 5 : 25).

Étrange entrée en matière


pour un livre sur le mariage
Parler de martyre peut sembler une bien étrange entrée en
matière pour un livre sur le mariage. Si nous vivions dans un autre
monde, et si nous avions une Bible différente, je pourrais trouver
cela étrange. Cependant, voici ce que la Bible déclare :
Désormais, que ceux qui ont une femme soient comme s’ ils
n’en avaient pas. 
1 Cor inthiens 7 : 29

Si quelqu’un vient à moi et ne déteste pas son père, sa mère, sa


femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même sa propre vie,
il ne peut être mon disciple.
Luc 14 : 26

Amen, je vous le dis, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause


du règne de Dieu, maison, femme, frères, parents ou enfants,
ne reçoive beaucoup plus dans ce temps-ci et, dans le monde
qui vient, la vie éternelle.
Luc 18 : 29-30

Pour moi, ces versets signifient ceci : le mariage est un excellent


cadeau de Dieu, mais le monde est sous l’emprise de la chute, le
péché y abonde, l’obéissance a un prix, la souffrance est prévi-
sible et « l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison » (cf.
Matthieu 10 : 36). Il nous est parfois permis de connaître la force
des sentiments, des rapports sexuels passionnés et le don précieux
des enfants, mais nous ne devons pas nous y cramponner. C’est
précisément le message de Dietrich Bonhoeffer. Afin que nous
gardions à l’esprit sa vie et son message tout au long de ce livre, je
le laisserai s’exprimer brièvement sur la page figurant en regard de
chaque début de chapitre.

19
Ce mariage éphémère
L’amour conjugal, la sexualité et les enfants ne sont que des dons
de Dieu temporaires. Ils ne feront pas partie de la vie à venir – et
nous n’avons même pas l’assurance d’en jouir au cours de notre vie
actuelle. Ce ne sont que des éventualités sur le chemin étroit qui
mène au Paradis. Le mariage nous amène à passer par des sommets
à couper le souffle et par des marais nauséabonds. La vie conjugale
rend bien des choses plus douces, mais elle s’accompagne aussi
d’amères expériences.

On a réussi !
Le mariage est un cadeau éphémère. J’ai à peine effleuré la
surface des bénédictions et blessures de la vie de couple. J’espère
que vous approfondirez le sujet. Au moment de la publication
de ce livre, Noël et moi passons le cap de nos quarante ans de
mariage. Noël est un don de Dieu et je ne la mérite pas. Nous
nous disons souvent qu’il y a un côté merveilleux dans le fait de
vivre mariés jusqu’à ce que la mort nous sépare. Oh, notre vie à
deux n’a pas été exempte de difficultés. Mais nous nous imaginons
parfois septuagénaires ou octogénaires (à cet âge-là, le divorce est
non seulement un péché mais aussi un acte socialement ridicule) ;
nous serons assis l’un en face de l’autre dans notre petit restaurant
habituel. Nous sourirons en voyant nos visages ridés, et le cœur
rempli d’une profonde gratitude envers Dieu pour sa grâce nous
nous dirons : « On a réussi ! »
Pour ceux d’entre vous qui n’en sont qu’au début de leur mariage,
j’aimerais simplement me joindre à Dietrich Bonhoeffer et vous
dire :
« Accueillez-vous l’un l’autre… pour la gloire de Dieu. » Ainsi,
vous avez entendu la Parole de Dieu concernant votre mariage.
Remerciez-le de cela, remerciez-le de vous avoir conduits
jusqu’ ici ; priez-le de fonder, de fortifier, de sanctifier et de
garder votre vie conjugale ; ainsi, dans votre mariage, vous
serez « quelque chose à la louange de sa gloire ». Amen5 .

5
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, p. 72.

20
De même que vous vous êtes d’abord donné
vous-mêmes vos alliances et que vous les recevez encore
une fois maintenant de la main du pasteur, de même
l’amour vient de vous, le mariage d’en haut, de Dieu.
Autant Dieu est élevé au-dessus des hommes,
autant la sainteté, le droit et les promesses du mariage
sont au-dessus de la sainteté, du droit
et des promesses de l’amour.
Ce n’est pas votre amour qui porte votre mariage,
mais votre mariage qui porte désormais votre amour.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre un
Rester fidèle à son conjoint
ne signifie pas avant tout rester
amoureux l’un de l’autre

Le seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ;
je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis. Le seigneur
Dieu façonna de la terre tous les animaux de la campagne et
tous les oiseaux du ciel. Il les amena vers l’homme pour voir
comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le
nom dont l’homme l’appellerait. L’homme appela de leurs
noms toutes les bêtes, les oiseaux du ciel et tous les animaux de
la campagne ; mais, pour un homme, il ne trouva pas d’aide
qui fût son vis-à-vis. Alors le seigneur Dieu fit tomber une
torpeur sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes
et referma la chair à sa place. Le seigneur Dieu forma une
femme de la côte qu’il avait prise à l’homme, et il l’amena
vers l’homme. L’homme dit : Cette fois c’est l’os de mes os,
la chair de ma chair. Celle-ci, on l’appellera « femme », car
c’est de l’homme qu’elle a été prise. C’est pourquoi l’homme
quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils
deviendront une seule chair. Ils étaient tous les deux nus,
l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte.
Genèse 2 : 18-25

23
Ce mariage éphémère
Au cours des siècles, aucune génération n’a jamais eu une concep-
tion suffisamment noble du mariage. Comme cela a toujours été
le cas, il existe à l’heure actuelle un gouffre gigantesque entre la
conception biblique du mariage et celle des hommes. À travers
l’histoire, certaines cultures ont néanmoins respecté plus que d’autres
l’importance et la permanence du mariage. À l’instar de la société
nord-américaine, certaines cultures ont tellement peu d’estime pour
le mariage qu’elles adoptent une attitude désinvolte à son sujet, de
telle sorte que la conception biblique semble totalement ridicule
pour la plupart des gens.

Une conception incompréhensible


Certes, c’était aussi le cas à l’époque de Jésus, mais la situation
est pire de nos jours. Lorsque Jésus laissa entrevoir la conception
magnifique du mariage tel que Dieu le désirait pour son peuple, ses
disciples lui répondirent : « Si telle est la condition de l’homme par
rapport à la femme, il n’est pas avantageux de se marier » (Matthieu
19 : 10). Autrement dit, la conception que le Christ avait de la signi-
fication du mariage était tellement différente de celle des disciples
que ceux-ci ne pouvaient même pas imaginer que le mariage puisse
être une bonne chose. Ils étaient tout simplement incapables de voir
les bienfaits d’une telle conception.
Si tel était le cas à l’époque – dans la société juive relativement
conservatrice au sein de laquelle ils vivaient –, rien d’étonnant à ce
que la splendeur du mariage tel que Dieu l’a voulu semble incon-
cevable au sein de notre culture occidentale moderne. En effet,
l’ego en constitue sa grande idole, l’autonomie sa doctrine préférée
et le divertissement son culte fondamental ; ses trois principaux
sanctuaires sont la télévision, Internet et le cinéma ; les relations
sexuelles désinhibées sont sa génuflexion la plus sacrée. Pour une
telle société, la glorieuse conception du mariage présentée par Jésus
est quasiment incompréhensible. Après nous avoir dévoilé un tel
mystère, Jésus prononcerait probablement les mêmes paroles qu’à
l’époque : « Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole,

24
Rester fidèle à son conjoint

mais seulement ceux à qui cela est donné. […] Que celui qui peut
comprendre comprenne ! » (Matthieu 19 : 11-12).

S’extirper du mirage social


Je commence donc par ce postulat : mon propre péché, mon
égoïsme et mon asservissement aux valeurs de la société m’em-
pêchent de saisir la merveilleuse raison pour laquelle Dieu a établi
le mariage. Le fait que la société dans laquelle nous vivons soit
capable de défendre le droit de deux hommes ou deux femmes à
avoir des relations sexuelles et – ce qui est absolument ahurissant ! –
de qualifier cela de mariage montre à quel point notre culture n’est
sans doute plus très loin de sombrer dans la débauche et l’anarchie.
Si j’évoque cette perversion du mariage par la société, c’est
dans l’espoir que cela éveille en vous un désir d’appréhender une
vision du mariage plus digne, plus profonde, plus puissante et
plus glorieuse que tout ce que cette culture – et peut-être vous-
même – a jamais imaginé ! Sans la révélation divine et sans l’éveil
et l’illumination qu’opère le Saint-Esprit, nous sommes tout
simplement incapables de concevoir ou de ressentir la splendeur
et la gloire du mariage. Jamais ce monde ne pourra comprendre
la véritable signification du mariage si ce n’est pas Dieu qui la lui
apprend. L’homme naturel est incapable de voir, de concevoir ou
de ressentir les merveilles du mariage tel que Dieu l’a voulu. Ma
prière est que Dieu se serve de ce livre pour vous libérer de toutes
les conceptions du mariage qui sont non bibliques, étriquées,
terrestres, égocentriques, qui sont contaminées par la société et
polluées par l’amour romantique, qui rejettent le Christ et font la
sourde oreille à Dieu.
Le fondement le plus important qu’enseigne la Bible à propos
du mariage est qu’il est l’œuvre de Dieu. Et le principe suprême
qu’elle enseigne à propos du mariage est qu’il a pour but la gloire
de Dieu. Ce sont là les deux points sur lesquels je veux insister ici.
Le fondement suprême du mariage est qu’il est l’œuvre de Dieu ; et
le but suprême du mariage est d’être un reflet de Dieu.

25
Ce mariage éphémère

1. Le mariage est l’œuvre de Dieu


Tout d’abord, le fondement suprême : le mariage est l’œuvre de
Dieu. Cette vérité est révélée explicitement ou implicitement au
moins de quatre façons en Genèse 2 : 18-25.

a. Le mariage était le dessein de Dieu dès la création


Le mariage est l’œuvre de Dieu car c’était son dessein en créant
l’être humain, homme et femme. Il est écrit en Genèse 1 : 27-28 :
« Dieu créa les humains à son image : il les créa à l’image de Dieu ;
homme et femme il les créa. Dieu les bénit ; Dieu leur dit : Soyez
féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. »
Mais cela apparaît aussi clairement à travers l’enchaînement des
faits qui sont relatés au chapitre 2 de la Genèse. Au verset 18, c’est
Dieu lui-même qui déclare qu’il n’est pas bon que l’homme soit
seul, et c’est aussi lui qui entreprend de parfaire un des principaux
objectifs de la création, à savoir l’union de l’homme et de la femme
par le mariage : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui
faire une aide qui sera son vis-à-vis » (« qui lui convienne parfaite-
ment » – PDV). Ne passez pas à côté de cette déclaration essentielle
et capitale : Dieu lui-même va créer un vis-à-vis pour l’homme, un
être qui lui conviendra parfaitement – une épouse.
Ensuite, il fait passer tous les animaux devant Adam pour qu’il
constate qu’aucune créature n’est apte à être sa partenaire. Il fallait
que cette créature soit formée spécifiquement à partir de l’homme
afin qu’elle soit de la même essence : un être humain tout comme lui
créé à l’image de Dieu, selon ce qui est annoncé en Genèse 1 : 27. Et
c’est ainsi qu’on peut lire en Genèse 2 : 21-22 : « Alors le seigneur
Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui s’endormit ; il prit
une de ses côtes et referma la chair à sa place. Le seigneur Dieu
forma une femme de la côte qu’il avait prise à l’homme ». Dieu a
créé la femme.
Ce passage se termine aux versets 24 et 25 par ces mots : « […], et
ils deviendront une seule chair. Ils étaient tous les deux nus, l’homme
et sa femme, et ils n’en avaient pas honte. » Autrement dit, tout cela

26
Rester fidèle à son conjoint

conduit naturellement au mariage. Et c’est la première chose que


nous pouvons affirmer concernant le mariage comme œuvre de
Dieu : c’était son dessein de créer l’être humain – homme et femme.

b. Dieu a donné la première femme en mariage


à son époux
Le mariage est aussi l’œuvre de Dieu car il a été le premier Père à
donner sa fille en mariage. Genèse 2 : 22 : « Le seigneur Dieu forma
une femme de la côte qu’il avait prise à l’homme, et il l’amena vers
l’homme. » Il n’a pas caché la femme en demandant à Adam de partir
à sa recherche. Il l’a formée ; puis il l’a amenée. Au sens strict, il avait
engendré la femme. Voilà donc, alors qu’elle lui appartenait en vertu
de son acte de création, Dieu l’a donnée à l’homme afin qu’ils soient
unis dans une relation totalement nouvelle appelée mariage, une
relation semblable à nulle autre au monde.

c. Dieu a donné naissance au mariage par sa parole


Le mariage est donc l’œuvre de Dieu, non seulement parce qu’il
a créé la femme dans ce but et qu’il l’a amenée à l’homme à l’image
d’un père qui conduit sa fille jusqu’à son mari, mais également
parce qu’il a donné naissance au mariage par sa parole. C’est en
effet ce qu’il fait au verset 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera
son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront
une seule chair. »
Or, qui parle au verset 24 ? C’est l’auteur de la Genèse. Et de
qui s’agit-il d’après Jésus ? Selon lui, c’est Moïse (Luc 24 : 44). Mais
Jésus croyait aussi que Moïse était inspiré par Dieu, de telle sorte
que les paroles de Moïse étaient celles de Dieu. C’est ce qui apparaît
quand on examine de près le passage de Matthieu 19 : 4-5 : « [Jésus]
répondit : N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès le commencement,
les fit homme et femme et qu’il dit [notez bien : Dieu dit !] : C’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa
femme, et les deux seront une seule chair ». Jésus indique ici que les
paroles rapportées en Genèse 2 : 24 sont bien les paroles de Dieu,
même si elles ont été écrites par Moïse.

27
Ce mariage éphémère
Par conséquent, le mariage est l’œuvre de Dieu car c’est lui qui,
le premier, a exprimé que c’était son dessein pour l’être humain :
« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera
à sa femme, et les deux seront une seule chair. »

d. Dieu les unit pour qu’ils deviennent une seule chair


Le quatrième élément montrant que le mariage est l’œuvre de
Dieu réside dans le fait que c’est Dieu lui-même qui accomplit
l’union désignée par l’expression « devenir une seule chair ». Or, cette
union est le fondement de ce que signifie le mariage.
Nous avons en Genèse 2 : 24 les mots par lesquels Dieu a institué
le mariage. De même que c’est Dieu qui forma la femme à partir
de la côte de l’homme (Genèse 2 : 21), c’est lui qui, pour chaque
couple, préside et procède à l’union désignée par l’expression une
seule chair. Ce n’est pas l’homme qui crée cela, c’est Dieu. Et c’est
quelque chose que l’homme n’a pas le pouvoir de détruire. C’est ce
que déclare implicitement Genèse 2 : 24, mais Jésus a tenu à l’expli-
citer en Marc 10 : 8-9. Après avoir cité ce verset 24, Jésus ajoute un
commentaire qui retentit tel un coup de tonnerre, révélant toute la
gloire du mariage : « […] et les deux seront une seule chair. Ainsi
ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare
donc pas ce que Dieu a uni ! »
Quand des mariés prononcent leurs vœux, l’acteur principal n’est
ni l’homme, ni la femme, ni le pasteur, ni les parents. C’est Dieu
qui est l’acteur principal. Dieu unit les deux époux, qui deviennent
ainsi une seule chair. C’est Dieu qui fait cela. Le monde n’en a pas
conscience. Ce qui explique en partie pourquoi le mariage est pris à
ce point à la légère. Pire, bien souvent, les chrétiens agissent comme
s’ils ne le savaient pas. Et c’est une des raisons pour lesquelles dans
l’Église même le mariage n’est pas considéré comme il le devrait,
c’est-à-dire comme un acte extraordinaire et merveilleux. Le mariage
est l’œuvre de Dieu car c’est lui qui accomplit cette union par
laquelle les deux deviennent une seule chair.
Voilà donc la vérité fondamentale qu’il faut retenir à propos du
mariage : il est l’œuvre de Dieu. Pourquoi ? Parce que :

28
Rester fidèle à son conjoint

a. Le mariage était le dessein de Dieu dès la création


b. Dieu a lui-même donné la première épouse en mariage
c. Dieu a lui-même donné naissance au mariage par sa parole :
tu quitteras tes parents, tu t’attacheras à ta femme et vous
deviendrez une seule chair
d. Dans chaque mariage, c’est Dieu lui-même qui unit
l’homme et la femme afin qu’ils deviennent une seule chair.

Quand on prend conscience de ce que la Bible explique, à


savoir que Dieu lui-même est l’artisan du mariage, on commence à
en percevoir la splendeur. C’est Dieu qui est l’acteur principal. Le
mariage vient de lui et se fait par lui. Voilà le fondement suprême qu’il
faut bien comprendre à propos du mariage.
À présent, passons au but suprême du mariage. En effet, non
seulement le mariage vient de lui et se fait par lui, mais il est égale-
ment pour lui.

2. Le mariage est destiné


à glorifier Dieu
La Bible enseigne que le but suprême du mariage est la gloire
de Dieu. Alors que le fondement suprême du mariage est qu’il est
l’œuvre de Dieu, le but suprême du mariage est d’être un reflet de
Dieu. Le mariage a en effet été prévu par Dieu pour qu’il manifeste
sa gloire comme nul autre événement ou institution.
Le meilleur moyen de s’en rendre compte est de faire le lien entre
le verset de Genèse 2 : 24 et la façon dont il est cité en Éphésiens
5 : 31-32. Dans la Genèse, Dieu dit : « C’est pourquoi l’homme quit-
tera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux seront
une seule chair ». De quel type de relation s’agit-il ici ? Qu’est-ce qui
unit ces deux êtres ? Peuvent-ils rompre cette relation ? Peuvent-ils
aller de conjoint en conjoint ? Leur relation est-elle enracinée dans
l’amour romantique ? Dans le désir sexuel ? Dans le besoin d’avoir un
compagnon ou dans les convenances culturelles ? De quoi s’agit-il ?
Qu’est-ce qui permet à cette relation de durer ?

29
Ce mariage éphémère

Le mystère du mariage dévoilé


Dans le passage de Genèse 2 : 24, les expressions « s’attachera à
sa femme » et « ils seront une seule chair » orientent nos regards vers
quelque chose de beaucoup plus profond et de plus durable que les
mariages en série et les adultères occasionnels. Ces mots orientent
nos regards vers le mariage comme une alliance sacrée, fondée sur des
engagements contractuels pris par les deux époux et censés résister
à toutes les tempêtes « jusqu’à ce que la mort les sépare ». Mais cette
vérité est exprimée seulement de manière implicite dans ce passage.
Elle devient tout à fait explicite lorsque le mystère du mariage est
révélé de façon plus précise en Éphésiens 5 : 31-32.
L’apôtre Paul cite en effet Genèse 2 : 24 au verset 31 : « C’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à
sa femme, et les deux seront une seule chair. » Puis il en donne
cette interprétation absolument capitale au verset 32 : « Il y a là un
grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église. »
Autrement dit, le mariage est conçu sur le modèle de l’engagement
contractuel du Christ envers son Église.
Le Christ se considérait comme l’époux venant chercher son
épouse, c’est-à-dire le véritable peuple de Dieu (Matthieu 9 : 15 ;
25 : 1 et suiv. ; Jean 3 : 29). Quant à Paul, il savait que son ministère
consistait à rassembler l’épouse – à savoir, le véritable peuple de
Dieu qui placerait sa confiance dans le Christ. Sa vocation consistait
à fiancer l’Église à son époux, Jésus. Voici comment Paul exprime
cela en 2 Corinthiens 11 : 2 : « Car j’ai une passion jalouse pour vous,
la passion jalouse de Dieu lui-même, parce que je vous ai fiancés à
un seul homme, pour vous présenter au Christ comme une vierge
pure. »
Jésus savait qu’il lui faudrait racheter son épouse avec son propre
sang. Il a appelé cette relation la nouvelle alliance : « Cette coupe est
l’alliance nouvelle en mon sang, qui est répandu pour vous » (Luc
22 : 20). C’est précisément ce à quoi Paul fait allusion lorsqu’il dit
que le mariage est un grand mystère : « je dis, moi, qu’il se rapporte
au Christ et à l’Église. » Le Christ a acquis l’Église au prix de son

30
Rester fidèle à son conjoint

sang et il a formé avec elle une nouvelle alliance, un « mariage »


indestructible.
Nous pouvons donc dire que le but suprême du mariage est la
gloire de Dieu. Le mariage existe pour manifester, pour révéler Dieu.
Et nous comprenons à présent comment cela fonctionne : le mariage
est conçu sur le modèle de la relation d’alliance entre le Christ et son
peuple racheté, l’Église. Par conséquent, la signification principale
et le but suprême du mariage sont de refléter la relation d’alliance
entre le Christ et son Église. Voilà la raison d’être du mariage. Si vous
êtes marié, c’est pour cette raison que vous l’êtes ; et si vous espérez
l’être un jour, c’est de cela que vous devriez rêver.

Le Christ n’abandonnera jamais


son épouse
De ce fait, rester fidèle à son conjoint ne signifie pas avant tout
rester amoureux de lui. C’est principalement une question de respect
de l’alliance contractée. « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » ou
« tant que nous vivrons » est une promesse d’alliance sacrée – de la
même nature que celle que Jésus a faite à son épouse lorsqu’il est
mort pour elle. Ainsi, si le divorce et le remariage sont tellement
insupportables aux yeux de Dieu, ce n’est pas seulement parce qu’ils
supposent la rupture de l’alliance contractée envers le conjoint,
mais c’est aussi parce qu’ils dénaturent l’image du Christ et de son
alliance. Jésus n’abandonnera jamais son épouse. Jamais. Certes, il
peut y avoir des moments d’éloignement pénibles et d’égarement
tragiques de notre part, mais le Christ garde son alliance pour tou-
jours. Le mariage est la manifestation de cette alliance aux yeux de
tous ! Et c’est la vérité suprême que nous pouvons exprimer à son
sujet. Le mariage manifeste la gloire de l’amour d’alliance entre le
Christ et l’Église.
La conséquence principale de cette conclusion est la suivante : il
est aussi important de respecter notre alliance – notre engagement
– envers notre conjoint que d’exprimer la vérité au sujet de l’alliance
que Dieu a établie avec nous en Jésus-Christ. Le mariage ne consiste
pas avant tout à être ou à rester amoureux, mais à déclarer la vérité

31
Ce mariage éphémère
par notre vie. Il s’agit de représenter la vérité concernant Jésus-Christ
et la relation qu’il entretient avec son peuple. Il s’agit de manifester
la gloire de l’Évangile dans la vie de tous les jours.
Jésus est mort pour les pécheurs. Il a forgé une alliance en pas-
sant par le creuset des souffrances extrêmes subies à notre place. Il
a acquis cette épouse imparfaite au prix de son propre sang et l’a
couverte du vêtement de sa justice. Il a déclaré : « Je suis avec vous
tous les jours, jusqu’à la fin du monde » ; « Je ne te délaisserai jamais,
je ne t’abandonnerai jamais » (Matthieu 28 : 20 ; Hébreux 13 : 5). Le
mariage a été établi par Dieu afin d’afficher aux yeux de tous cette
vérité de l’Évangile dans le monde. C’est la raison pour laquelle nous
sommes mariés. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui sont
mariés le sont, y compris lorsqu’ils ne connaissent pas l’Évangile ou
n’y adhèrent pas.

32
Sur la destinée de l’homme et de la femme plane
l’ombre de la colère de Dieu, pèse un fardeau divin
qu’ils doivent porter. La femme mettra au monde ses
enfants dans la douleur, et l’homme récoltera beaucoup
de chardons et d’épines en pourvoyant à la vie des
siens, et travaillera à la sueur de son front.
Ce fardeau doit amener l’homme et la femme à invoquer
Dieu, et leur rappeler leur destinée éternelle dans son
royaume. La communauté terrestre n’est que le début
de la communion éternelle, la demeure terrestre l’image
de la demeure céleste, la famille terrestre un reflet de la
paternité de Dieu envers les hommes, ses enfants.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71-72
Chapitre deux
Nus sans en avoir honte

Ils étaient tous les deux nus, l’homme et sa femme,


et ils n’en avaient pas honte.
Genèse 2 : 25

Le mariage est quelque chose de merveilleux – de si merveilleux


que l’être humain ne peut l’imaginer. Seule la révélation spéciale
de Dieu permet de le comprendre, et seule l’œuvre du Saint-Esprit
permet d’apprécier à sa juste valeur et d’accueillir pleinement les
merveilles qu’il contient. Et si nous avons besoin de l’aide du
Saint-Esprit, c’est parce que le merveilleux mystère du mariage
est intimement lié au merveilleux mystère de l’Évangile de la
croix du Christ. Or, si le message de la croix n’est que folie pour
l’homme naturel, il en va de même de la signification du mariage
(1 Corinthiens 2 : 14).

Par exemple, Richard Dawkins, un athée notoire, a déclaré en


2006 au cours d’un entretien :

J’ai fourni […] des arguments convaincants contre l’existence


d’un concepteur intelligent surnaturel. Cependant, cette idée
me semble avoir du mérite. Elle est, certes réfutable, mais

35
Ce mariage éphémère
assez majestueuse et ambitieuse pour être digne de respect.
En revanche, pour ce qui est des dieux de l’Olympe ou d’un
Jésus descendant du ciel pour mourir sur la croix, je n’y vois
rien d’aussi noble. Cela m’ évoque plutôt une grande étroitesse
d’esprit6 .
C’est tragique, mais voilà précisément les mots de « l’homme
naturel ». Ceux qui ne voient dans le Christ, son incarnation, sa
mort, sa résurrection et son autorité sur tout l’univers que le pro-
duit d’une étroitesse d’esprit sont incapables de voir le merveilleux
mystère de l’Évangile que recèle le mariage. En fait, Jésus est tout
sauf limité ! C’est lui qui a créé l’univers (Jean 1 : 3 ; Colossiens
1 : 16) et qui le soutient par sa parole puissante (Hébreux 1 : 3). C’est
pour lui qu’a été créé l’univers (Colossiens 1 : 16), et toute la réalité
trouve sa raison d’être suprême dans la plus grande mise en évidence
de la gloire du Dieu de tout l’univers : la gloire de sa grâce, qui a
connu l’apogée de sa manifestation dans la mort du Christ pour la
réconciliation des pécheurs avec Dieu (Éphésiens 1 : 6). Il faut être
aveugle pour parler d’idées étriquées à propos du Christ et de son
œuvre de rédemption.
Et pourtant, par la grâce de Dieu, même Dawkins pourrait
reconnaître la gloire du Christ dans l’Évangile ainsi que dans sa
représentation qu’est le mariage. Car c’est bien un miracle que
n’importe lequel d’entre nous a pu reconnaître cette gloire dans
l’Évangile ! Dieu seul peut « [briller] dans notre cœur, pour que
resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du
Christ. » (2 Corinthiens 4 : 6). Ma prière est que Dieu révèle la gloire
de l’Évangile et la signification du mariage à Richard Dawkins – ainsi
qu’à vous. Je suis convaincu qu’il le fera si vous êtes prêt à scruter
la Parole de Dieu pour y trouver sa révélation, et à rechercher l’aide
du Saint-Esprit afin qu’il vous permette de voir et de savourer la
gloire du Christ et de son alliance avec l’Église, conclue au prix de
son sang, alliance qui est reflétée dans le mariage.

6
« Dieu vs. Science : Entretien avec Francis Collins et Richard Dawkins », Time,
5 août 2006, http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1555132-9,00.html.

36
Nus sans en avoir honte

Le mariage, œuvre de Dieu


à la gloire de Dieu
Au chapitre précédent, nous avons vu que le fondement suprême
du mariage est qu’il est l’œuvre de Dieu, et que son but suprême est
d’être le reflet de Dieu. Si le mariage peut être le reflet de Dieu,
c’est en raison de la nouvelle alliance qu’il a établie avec son peuple
en Christ. Dans les termes de cette alliance, Dieu promet à tous
ceux qui se détournent de leur péché et se tournent vers lui afin de
recevoir le Christ comme Sauveur, Seigneur et Trésor suprême de
leur vie, de leur pardonner, de les justifier et de les glorifier. Dès
le commencement, le mariage entre un homme et une femme a
été conçu pour être le reflet et la représentation de cette relation
d’alliance conclue au prix du sang du Christ.
C’est la raison pour laquelle Paul cite Genèse 2 : 24 : « C’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à
sa femme, et les deux seront une seule chair », avant d’ajouter : « Il
y a là un grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ
et à l’Église » (Éphésiens 5 : 31-32). Dès le commencement, cet
acte qui consiste à quitter ses parents et à s’attacher à sa femme
afin de ne faire plus qu’un en formant une nouvelle union, est
destiné à exposer à la vue de tous cette nouvelle alliance : le Christ
quittant son Père afin de prendre l’Église comme épouse, au prix
de sa propre vie, et restant à jamais attaché à elle dans l’union en
un seul esprit.
C’est par ces mots – « un seul esprit » – que Paul désigne en
1 Corinthiens 6 : 16-17 l’état qui fait pendant à « une seule chair ».
Il se trouve que, dans ce passage, il traite du problème de la pros-
titution et non du mariage. Son propos est de démontrer que
notre union avec le Christ rend toute union avec une prostituée
inconcevable. Il écrit :
Ne savez-vous pas que votre corps fait partie du corps du
Christ ? Prendrai-je donc des parties du corps du Christ pour en
faire des parties d’un corps de prostituée ? Jamais de la vie ! Ne
savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul

37
Ce mariage éphémère
corps avec elle ? En effet, il dit : Les deux seront une seule chair.
Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit.
(1 Corinthiens 6 : 15-17)

Je ne pense pas que Paul veuille dire par là qu’un homme qui
a eu des rapports sexuels avec des prostituées au cours de sa vie se
retrouve marié à chacune d’elles. Jésus lui-même a dit à la femme
qui avait eu « cinq maris » : « Celui que tu as maintenant n’est pas
ton mari » (Jean 4 : 18). En d’autres termes, les rapports sexuels ne
suffisaient pas pour constituer un mariage.
Comme son nom l’indique, la prostitution est une exploitation
des privilèges du mariage. De ce fait, cette pratique est la corruption
d’une institution profondément sacrée. Paul utilise les expressions
« un seul corps » et « une seule chair » pour montrer l’ignoble trahison
de ce que ces mots sont censés signifier.
C’est comme s’il disait : vous profanez l’acte de l’union sexuelle,
qui est la concrétisation de cette seule chair et de ce seul corps dans
les liens du mariage – c’est-à-dire quelque chose de profond et de
spirituel. Cependant, vous exprimez cette réalité implicitement
sacrée avec une prostituée ! L’enveloppe de l’union est bien présente,
mais pas le sens d’alliance ou d’engagement qu’elle doit revêtir.
Ce qui ressort de ce passage, c’est principalement que Paul
considère l’union contractée par deux époux comme étant conçue
par Dieu pour refléter et exposer à la vue de tous l’union spirituelle
entre le Christ et l’Église. D’où sa formulation : « Celui qui s’attache
au Seigneur est avec lui un seul Esprit. »
C’est pourquoi je soutiens que rester fidèle à son conjoint ne
signifie pas avant tout rester amoureux de lui. Rester marié est
d’abord une question de respect de l’alliance contractée. Si un des
conjoints tombe amoureux de quelqu’un d’autre, la réaction profon-
dément légitime de la part du conjoint meurtri et de l’Église devrait
être : « Et alors ! Ce qui compte, ce n’est pas que tu sois “amoureux”
de quelqu’un d’autre. Ce qui compte, c’est que tu respectes ton
engagement. »

38
Nus sans en avoir honte

Il est temps à présent d’étudier plus en détail en quoi consiste et


ce que signifie le respect de l’alliance ou de son engagement.

Nus sans en avoir honte


Afin d’ancrer le mariage plus solidement encore dans la Parole
de Dieu, nous allons à présent nous attarder sur un verset que nous
avons passé sous silence au chapitre précédent : Genèse 2 : 25. Après
avoir déclaré au verset 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son
père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une
seule chair », l’auteur précise au verset 25 : « Ils étaient tous les deux
nus, l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte. » Quel est
le sens de ce verset ?
Parmi les raisons possibles expliquant leur absence de honte,
considérons les deux hypothèses suivantes. La première hypothèse
tient au fait qu’ils avaient tous les deux un corps parfait. Souvenez-
vous que ce récit se déroule avant la chute de la création, c’est-à-dire
avant qu’elle ne sombre dans le péché et la vanité. Leur corps avait
été formé par Dieu lui-même. Par conséquent, leur apparence étant
parfaite, ils n’avaient aucune raison de craindre que leur conjoint
y trouve quoi que ce soit à redire. En d’autres termes, ils étaient
dépourvus de honte parce qu’absolument rien ne justifiait qu’ils aient
honte de quoi que ce soit. Mais est-ce le sens principal de ce verset ?
Cet argument est certainement pertinent. Après avoir créé
l’homme, Dieu déclara que tout était « très bon » (Genèse 1 : 31).
L’homme et la femme étaient donc d’une beauté parfaite. Ils
n’avaient ni imperfection ni défaut. Mais est-ce vraiment le sens de
Genèse 2 : 25 ? J’en doute – et ce, pour trois raisons.

Pas à cause de corps parfaits


Premièrement, quelle que soit la beauté de son conjoint, il suffit
d’être de mauvaise humeur, égoïste ou désagréable pour faire des
remarques qui le mettent mal à l’aise. Pour n’éprouver aucune honte
dans une relation conjugale il ne suffit pas d’avoir un physique parfait ;
il faut aussi que la personne qui pose le regard sur vous ait une droiture
morale et soit bienveillante. Sans quoi elle pourra toujours trouver

39
Ce mariage éphémère
le moyen de vous couvrir de honte. Donc, la perfection physique ne
suffit pas à elle seule à éliminer toute possibilité d’humiliation.
Deuxièmement, le but de Genèse 2 : 24-25 est d’établir un fonde-
ment de sagesse sur lequel puisse s’appuyer le mariage bien après la
chute de l’homme. Cela apparaît clairement dans l’usage que Jésus
fait du verset 24. C’est en effet là-dessus qu’il fonde son argumen-
tation lorsqu’il déclare : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que
Dieu a uni » (Marc 10 : 9). Autrement dit, ce que Dieu a révélé en
Genèse 2 : 24-25 conserve toute sa pertinence longtemps après la
chute. Par conséquent, la question ne semble pas liée principalement
à la situation d’avant la chute, c’est-à-dire à la perfection des corps.
Troisièmement, c’est le verset 24 (s’attacher à sa femme en ne
formant qu’une seule chair) qui crée la relation au sein de laquelle
le verset 25 peut devenir réalité (nus sans en avoir honte). D’ailleurs,
l’accent est mis sur l’alliance conclue au verset 24 : ces deux êtres
s’attachent l’un à l’autre en formant une relation nouvelle au sein
de laquelle ils deviennent une seule chair, et ce n’est pas une simple
expérience ! Il s’agit d’un nouveau type d’union durable ancrée dans
un engagement contractuel. C’est cela, et non la beauté parfaite, qui
crée les conditions d’un couple où la honte n’a pas sa place.

Grâce à « l’amour d’alliance »


Considérons à présent une deuxième hypothèse. Il me semble
que ce n’est pas tant l’absence d’imperfection physique qui est mise
en avant, mais bien davantage la plénitude de l’amour d’alliance,
l’amour qui existe au sein de l’alliance qui les unit. Autrement dit,
on peut imaginer deux raisons expliquant que je sois dépourvu de
tout sentiment de honte : la première (qui est concevable, mais tout à
fait irréaliste) est qu’étant parfait je n’ai aucune raison d’avoir honte.
La deuxième est que, bien qu’imparfait, je ne crains nullement le
regard désapprobateur de mon conjoint.
Ainsi, dans le premier cas, c’est la perfection qui explique
l’absence de honte ; dans le deuxième, c’est la nature bienveillante
de l’amour d’alliance. D’un côté il n’y a aucune honte parce que la
personne est totalement dénuée de défaut ; de l’autre il n’y a aucune

40
Nus sans en avoir honte

honte parce que l’amour d’alliance couvre une foule de défauts (cf.
1 Pierre 4 : 8 ; 1 Corinthiens 13 : 6).
Je sais qu’en Genèse 2 : 25 la chute ne s’est pas encore produite. Il
n’y a donc aucun péché, aucun défaut, à couvrir. Cependant, je tiens
à faire remarquer que si le verset 25 semble être la suite logique du
verset 24, c’est parce que la relation d’alliance qu’établit le mariage a
été conçue dès le commencement pour être le principal fondement
de l’absence de honte. Il paraît logique que, tant que le péché n’était
pas entré dans le monde avec toute la corruption physique et morale
qu’il a entraînée, Adam et Ève n’avaient nullement besoin de pra-
tiquer leur amour d’alliance afin de couvrir les éventuels péchés ou
défauts de l’autre. En revanche, Dieu avait bel et bien prévu que cet
amour serait un jour pratiqué au sein du couple marié.
Dès le commencement, le mariage a été conçu pour mettre en
évidence la nouvelle alliance entre le Christ et son Église. C’est ce
que nous avons vu en Éphésiens 5 : 31-32. L’essence même de cette
nouvelle alliance est que le Christ ne tient pas compte des péchés
de son épouse. Celle-ci est dépourvue de tout sentiment de honte,
non pas parce qu’elle serait parfaite, mais parce qu’elle n’a aucune
crainte que son bien-aimé la condamne ou la couvre de honte à
cause de son péché.
Voilà pourquoi la doctrine de la justification par la grâce au
moyen de la foi est un des fondements indispensables pour que le
mariage fonctionne tel que Dieu l’a prévu. La justification produit
la paix avec Dieu (relation verticale), et ce en dépit de notre péché.
Et lorsqu’elle est vécue au sein du mariage (relation horizontale), elle
produit une paix totalement dépourvue de honte entre un homme
imparfait et une femme imparfaite. Nous nous attarderons plus
longuement sur cet aspect au chapitre trois.

Une déclaration d’indépendance


Mais finissons d’abord d’étudier ce qu’enseignent les chapitres 2
et 3 de la Genèse sur la nudité et la honte. En Genèse 2 : 17, Dieu
avait dit à Adam : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connais-
sance de ce qui est bon ou mauvais, car le jour où tu en mangeras,

41
Ce mariage éphémère
tu mourras. » Pour moi, cette « connaissance de ce qui est bon ou
mauvais » fait référence à un statut d’indépendance vis-à-vis de Dieu,
en vertu duquel Adam et Ève décideraient par eux-mêmes, sans tenir
compte de Dieu, ce qui est bien et ce qui est mal. Ainsi, manger du
fruit de cet arbre équivaudrait à une déclaration d’indépendance
par rapport à Dieu.
Et c’est précisément ce qui arrive en Genèse 3 : 4-6 :
Alors le serpent dit à la femme : […] Dieu le sait : le jour où
vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des
dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais. La femme vit
que l’arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue,
qu’il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de
son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était
avec elle, et il en mangea.
Le verset 7 décrit les conséquences immédiates de cet acte de
rébellion contre Dieu qui prit la forme d’une déclaration d’indé-
pendance : « Leurs yeux à tous les deux s’ouvrirent, et ils surent
qu’ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire
des pagnes. » Qu’est-ce que cela signifie ?
Tout à coup, Adam et Ève prennent conscience de leurs corps et
se sentent mal à l’aise. Avant de se rebeller contre Dieu, ils n’éprou-
vaient pas la moindre honte ; désormais, de toute évidence, ils ont
honte. Pourquoi ? Il n’y a aucune raison de penser qu’ils seraient
devenus tout à coup repoussants. Le texte ne met pas du tout l’accent
sur cet aspect. Ce n’est pas leur laideur qui est mise en avant ici, pas
plus que le verset de Genèse 2 : 25 ne mettait en avant leur beauté.
Alors, pourquoi cette honte ? Parce que le fondement de l’amour
d’alliance a volé en éclats. Et, de ce fait, la douce et rassurante
sécurité du mariage a disparu à jamais.

Le fondement de l’amour d’alliance


Le fondement sur lequel repose l’amour d’alliance entre un homme
et une femme est l’alliance intacte qui relie chacun d’eux à Dieu –
alliance aux termes de laquelle Dieu les dirige pour leur propre bien,

42
Nus sans en avoir honte

tandis qu’ils jouissent de la relation de sécurité et de confiance totales


qu’ils entretiennent avec lui. Lorsqu’Adam et Ève ont mangé du fruit
de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, cette alliance a été
rompue et le fondement de leur alliance l’un avec l’autre a été détruit.
Cela s’est traduit immédiatement par la corruption de leur propre
amour d’alliance l’un envers l’autre. Cette rupture s’est produite à
deux niveaux, et nous le vivons de la même manière aujourd’hui.
Dans les deux cas il s’agit du sentiment de honte. Premièrement,
comme celui qui est témoin de ma nudité n’est plus entièrement
digne de confiance, je crains d’être humilié. Deuxièmement, comme
je ne suis plus moi-même en paix avec Dieu, et que je me sens
coupable, corrompu et indigne, je mérite d’avoir honte. Examinons
chacun de ces phénomènes.

Vulnérable à la honte
Premier phénomène : je suis mal à l’aise avec mon corps et sus-
ceptible d’éprouver de la honte parce que je suis conscient qu’Ève a
choisi l’indépendance vis-à-vis de Dieu. Elle a pris la place de Dieu
au centre de toutes choses. En gros, elle est désormais quelqu’un
d’égoïste. À partir de ce jour, elle pensera d’abord à elle-même. Elle
ne veut plus servir l’autre. Je ne suis plus en sécurité auprès d’elle.
Et je me sens vulnérable en sa présence puisque rien ne l’empêche
de me rabaisser si cela lui permet de s’élever. C’est pourquoi, tout à
coup, ma nudité me met en danger. Je n’ai plus l’assurance qu’elle
m’aime d’un amour pur et résolu à tenir ses engagements. Voilà une
première source de honte et de gêne.

La rupture de l’alliance avec Dieu


La deuxième source de honte est qu’Adam lui-même, et pas seu-
lement sa compagne, a rompu l’alliance avec Dieu. Si elle est rebelle,
égoïste et donc une menace pour moi, je le suis également. Cependant,
je le ressens d’une autre façon : je me sens corrompu, coupable et
indigne. Et c’est en effet ce que je suis ! Avant la chute, il n’y avait
aucune différence entre ce qui était et ce qui aurait dû être. Mais,
désormais, il y a une différence entre ce qui est et ce qui devrait être.

43
Ce mariage éphémère
Ainsi, je devrais me soumettre à Dieu avec humilité et avec joie,
mais je ne le fais pas. Ce fossé énorme entre ce que je suis et ce que
je devrais être affecte chaque aspect de ma vie, y compris la manière
dont je me sens par rapport à mon corps. Et donc, ma femme
aurait beau être la personne la plus sûre au monde, le sentiment
de culpabilité et d’indignité qui m’habite désormais crée en moi
de la vulnérabilité. À présent, la nudité toute simple et sans détour
de l’innocence semble en décalage avec l’être coupable que je suis.
J’éprouve alors de la honte.
La honte engendrée par la nudité a donc deux causes, et cha-
cune d’elles découle de la destruction du fondement sur lequel
reposait l’amour d’alliance qui caractérisait notre relation avec
Dieu. En premier lieu, je ne peux plus faire confiance à Ève pour
me chérir ; elle est devenue égoïste et je me sens vulnérable face
à ses tentatives de me rabaisser pour parvenir à ses fins égoïstes.
Deuxièmement, je sais déjà que je suis moi aussi coupable, et la
nudité de l’innocence est en contradiction avec mon indignité,
donc j’éprouve de la honte.

Ils se vêtirent
Genèse 3 : 7 indique qu’Adam et Ève essayèrent de faire face à
cette nouvelle situation en se fabriquant des vêtements : « Ils cou-
sirent des feuilles de figuier pour se faire des pagnes. » Par la suite, au
verset 21, Dieu se chargea de leur fabriquer de meilleurs vêtements
à partir de peaux d’animaux : « Le seigneur Dieu fit à l’homme et
à sa femme des habits de peau, dont il les revêtit. » Que doit-on en
conclure ?
Les efforts d’Adam et Ève pour se vêtir étaient en fait motivés
par leur péché : ils cherchaient à dissimuler ce qui s’était vraiment
passé. De plus, ils tentèrent d’échapper au regard de Dieu (Genèse
3 : 8). Ils avaient perdu leur innocence car ils s’étaient rebellés contre
Dieu. Leur nudité leur semblait trop impudique et ils se sentaient
désormais trop vulnérables. C’est pourquoi ils essayèrent de combler
l’écart entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils auraient dû être en dissi-
mulant la réalité et en se présentant sous un aspect nouveau. Cette

44
Nus sans en avoir honte

attitude fut le tout premier acte d’hypocrisie, et la première tentative


de tromperie – qui fut un échec total.

Puis Dieu les vêtit


Comment faut-il comprendre le fait que Dieu revêtit Adam et
Ève de peaux d’animaux ? Était-ce une façon de cautionner leur
hypocrisie ? Était-il complice de leur stratagème, voire l’encoura-
geait-il ? S’ils étaient nus et sans honte avant la chute, et s’ils s’étaient
couverts dans le but de réduire au maximum leur honte après la
chute, alors comment se fait-il que Dieu les ait vêtus encore mieux
qu’ils ne l’avaient fait eux-mêmes ? Il me semble qu’il envoie par là
un double message : positif et négatif.
Le message négatif est le suivant : vous n’êtes plus ce que vous
étiez auparavant, vous n’êtes pas non plus ce que vous devriez être,
et l’abîme entre les deux est immense. La bonne réaction est effec-
tivement de vous couvrir de vêtements – non pas pour dissimuler la
réalité, mais pour la confesser. Dorénavant, vous vous vêtirez, non
pas pour dissimuler le fait que vous n’êtes pas ce que vous devriez
être, mais pour le confesser. Il en découle une conséquence concrète :
la nudité pratiquée en public aujourd’hui n’est nullement un retour
à l’innocence, mais un acte de rébellion contre la réalité de notre
condition morale. Dieu prescrit les vêtements en témoignage de
la gloire que nous avons perdue ; c’est un acte supplémentaire de
rébellion que de les enlever7.
Quant à ceux qui se rebellent dans l’autre sens en faisant des
vêtements un instrument de pouvoir et de prestige destiné à attirer
l’attention sur eux, la réponse biblique à leur égard est un retour non

7
En réponse à la question concernant les cultures où la nudité est normale, je dirai deux
choses. D’abord, il existe un certain degré de relativisme quant à ce qui est considéré
comme décent ou obscène d’une culture à l’autre. Deuxièmement, la nudité totale en
tant que norme est extrêmement rare parmi les différentes cultures à travers le monde.
À la lumière de ce qui est relaté en Genèse 3, je dirais que cette « normalité » qui existe
dans ces rares cultures est un signe non pas d’innocence ni d’approbation divine,
mais plutôt de désordre. À mesure que ces cultures seront amenées à une plus grande
connaissance de Dieu et de sa Parole, ce qui leur semblait normal ne le sera plus, et je
ne crois pas que cette évolution sera uniquement le résultat de pratiques imposées par
l’Occident.

45
Ce mariage éphémère
pas à la nudité, mais à la simplicité (1 Timothée 2 : 9-10 ; 1 Pierre
3 : 4-5). Le but des vêtements n’est pas d’attirer l’attention sur ce qu’ils
recouvrent, mais au contraire sur ce qui n’est pas recouvert : c’est-à-dire
des mains miséricordieuses qui servent les autres au nom du Christ,
des pieds magnifiques qui vont annoncer l’Évangile partout où il le
faut, et l’éclat d’un visage qui a contemplé la gloire de Jésus.

La signification des vêtements


En fait, nous sommes déjà passés à la signification plus positive
des vêtements, qui était celle voulue par Dieu lorsqu’il revêtit Adam
et Ève de peaux d’animaux. Ces vêtements n’étaient pas seulement
censés témoigner de la gloire que nous avons perdue et confesser
que nous ne sommes pas ce que nous devrions être ; ils devaient
également témoigner de l’œuvre que Dieu accomplirait lui-même
un jour en nous. En effet, Dieu rejeta les vêtements qu’Adam et Ève
s’étaient fabriqués, puis il les vêtit lui-même. C’est sa miséricorde
qu’il leur manifesta à travers ces vêtements de qualité supérieure.
En plus des autres signes d’espoir présents dans ce récit (comme
la défaite du serpent en Genèse 3 : 15), la miséricorde de Dieu
préfigure ici le jour où il résoudra le problème de notre honte de
manière décisive et définitive. Il le fera par le sang de son propre Fils
(à l’image du sang qui fut sans doute versé lors de la mise à mort des
animaux dont la peau fut utilisée), mais aussi en nous revêtant de
la justice et de l’éclat de sa gloire (Galates 3 : 27 ; Philippiens 3 : 21).
Nos vêtements sont donc à la fois le signe de nos échecs passés et
présents, mais aussi de notre gloire à venir. Ils témoignent de l’abîme
qui existe entre ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Et
ils sont également le témoignage du dessein miséricordieux de notre
Dieu, qui est de combler ce fossé par Jésus-Christ et sa mort pour
nos péchés. Dieu va résoudre le problème de la peur, de l’orgueil,
de l’égoïsme et de la honte entre l’homme et la femme grâce à sa
nouvelle alliance établie au prix du sang du Christ.
Fait absolument incroyable, c’est précisément dans le contexte
de la rupture de l’alliance entre Dieu et l’homme, et de la rupture
de l’alliance entre les deux époux Adam et Ève, que Dieu dans sa

46
Nus sans en avoir honte

miséricorde annonce la rédemption que le mariage est lui-même


destiné à mettre en évidence. Le but du mariage comme présentation
à la vue de tous de la miséricorde de Dieu n’est pas une idée qui
lui serait venue après coup. Dieu n’a pas été obligé de redéfinir le
mariage à la suite de la chute. Il savait parfaitement ce qu’il avait créé
en Genèse 2 : 24 et il savait aussi ce qui arriverait en Genèse 3. La
création du mariage, l’effondrement du mariage et la rédemption du
mariage, tout cela est destiné à nous montrer la finalité du mariage.
La raison d’être du mariage est d’afficher l’amour du Christ – un
amour plein de miséricorde qui s’inscrit dans une alliance – et la
fidélité de son épouse.
Au chapitre suivant, nous allons donc étudier comment le mari
et la femme incarnent l’Évangile de la nouvelle alliance – celui de la
justification par la foi seule – afin de créer un environnement sécu-
risé et sacré au sein duquel on peut à nouveau dire : « Ils étaient tous
les deux nus, l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte. »

47
La communauté des chrétiens
est le fruit de la justification de l’être humain
par la seule grâce de Dieu, telle qu’elle est annoncée
par la Bible et les Réformateurs.
C’est ce message qui fonde le besoin
que les chrétiens ont les uns des autres.

DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 27-28

En un mot : vivez ensemble dans le pardon


de vos péchés, sans lequel aucune communauté
humaine, et le mariage moins que tout autre,
ne peut subsister.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 72
Chapitre trois
La grâce de l’alliance
exposée à la vue de tous

Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et par l’incircon-


cision de votre chair, il vous a rendus vivants avec lui, en
nous faisant grâce pour toutes nos fautes ; il a effacé l’acte
rédigé contre nous en vertu des prescriptions légales, acte qui
nous était contraire ; il l’a enlevé en le clouant à la croix ; il
a dépouillé les principats et les autorités, et il les a publique-
ment livrés en spectacle, en les entraînant dans son triomphe.
Ainsi donc, vous qui êtes choisis par Dieu, saints et bien-aimés,
revêtez-vous d’une tendresse magnanime, de bonté, d’humi-
lité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres
et faites-vous grâce, si quelqu’un a à se plaindre d’un autre ;
comme le Seigneur vous a fait grâce, vous aussi, faites de même.
Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien
parfait. Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés
en un seul corps, règne dans votre cœur. Soyez reconnaissants !
Que la parole du Christ habite en vous avec toute sa richesse ;
instruisez-vous et avertissez-vous en toute sagesse, par des can-
tiques, des hymnes, des chants spirituels ; dans la grâce, chantez
à Dieu de tout votre cœur. Quoi que vous fassiez, en parole ou

49
Ce mariage éphémère
en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant
grâce par lui à Dieu, le Père. Femmes, soyez soumises à votre
mari, comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez votre
femme, et ne vous aigrissez pas contre elle.
Colossiens 2 : 13-15 ; 3 : 12-19

Nous avons vu au cours des deux premiers chapitres que le fonde-


ment suprême du mariage est qu’il est l’œuvre de Dieu, et que son but
suprême est d’être le reflet de Dieu. Ces deux vérités sont formulées
par Moïse en Genèse 2. Toutefois, Jésus et Paul les expriment de
façon encore plus explicite dans le Nouveau Testament.

Jésus : le mariage est l’œuvre de Dieu


En Marc 10 : 6-9, Jésus déclare on ne peut plus clairement que
le mariage est l’œuvre de Dieu :
« Mais au commencement de la création, "Dieu les fit homme
et femme" [Genèse 1 : 27] ; "c’est pourquoi l’ homme quittera
son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux seront
une seule chair" [Genèse 2 : 24]. Ainsi ils ne sont plus deux,
mais une seule chair. Que l’ homme ne sépare donc pas ce que
Dieu a uni ! »

Ce passage est celui qui, dans toute la Bible, affirme le plus


clairement que le mariage n’est pas une simple invention humaine.
En effet, les mots « ce que Dieu a uni » signifient clairement que
c’est l’œuvre de Dieu.

Paul : le mariage est le reflet de Dieu


Quant à Paul, il déclare on ne peut plus clairement que le
mariage a pour but d’être le reflet de Dieu. En Éphésiens 5 : 31-32,
il cite Genèse 2 : 24, avant de nous révéler le mystère que le mariage
recèle de tout temps : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et
sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux seront une seule chair.
Il y a là un grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ
et à l’Église. »

50
La grâce de l’alliance exposée

Autrement dit, l’alliance formée entre deux êtres qui quittent


leur père et leur mère et s’attachent à leur conjoint pour ne devenir
qu’une seule chair est une représentation de l’alliance entre le Christ
et son Église. La raison d’être suprême du mariage est bien de refléter
l’amour d’alliance entre le Christ et son Église.

Un « modèle réduit » de la relation


entre le Christ et l’Église
J’ai demandé à Noël, mon épouse, si elle pensait que je devrais
ajouter quelque chose à ce stade quand je prêche sur ce thème.
Elle m’a répondu : « On n’insistera jamais assez sur le fait que
le mariage est un modèle réduit de la relation entre le Christ et
l’Église. » Je pense qu’elle n’a pas tort, et ce pour au moins trois
raisons. D’abord, cela permet de détacher le mariage des images
inconvenantes véhiculées par les sitcoms et de lui redonner la
signification merveilleuse que Dieu lui a initialement conférée.
Ensuite, cela ancre solidement le mariage dans la grâce, puisque
c’est uniquement par la grâce que le Christ a acquis son épouse et
qu’il la soutient. Enfin, cela montre que le rôle de chef du mari
et la soumission de la femme sont des principes cruciaux ancrés
dans la croix. Je veux dire par là que, tout en étant contenus dans
la signification même du mariage en tant que représentation de la
relation entre le Christ et l’Église, ils doivent, tous les deux, être
définis par le sacrifice accompli par Jésus sur la croix, de manière
à ce que l’orgueil et la servitude soient bannis.
Nous avons consacré les deux chapitres précédents à la première
de ces raisons : rappeler le fondement du mariage, qui est destiné à
refléter l’amour d’alliance de Dieu. Le mariage est l’alliance entre
un homme et une femme, aux termes de laquelle ils s’engagent tous
les deux à demeurer fidèles l’un à l’autre en tant que mari et femme,
dans une nouvelle union où ils ne font qu’une seule chair jusqu’à ce
que la mort les sépare. Cette alliance, qui est scellée par des vœux
solennels, est destinée à exposer à la vue de tous la grâce que Dieu
offre à l’homme en vertu de son alliance.

51
Ce mariage éphémère

Un ancrage solide dans la grâce


J’ai intitulé ce chapitre « La grâce de l’alliance exposée à la vue
de tous ». Nous arrivons donc à la deuxième raison pour laquelle
il me semble que la réflexion de Noël était tout à fait pertinente :
cela ancre solidement le mariage dans la grâce, puisque c’est
uniquement par la grâce que le Christ s’est acquis son épouse et
qu’il la soutient.
Le point essentiel de ce chapitre est en effet le suivant : puisque la
nouvelle alliance que le Christ a établie avec son Église a été créée et
est maintenue en état par la grâce acquise par son sang, c’est la grâce
de cette nouvelle alliance que les mariages humains doivent exposer
à la vue de tous. Pour cela, le mari et la femme doivent s’appuyer
sur l’expérience de la grâce de Dieu et transposer la relation verticale
qu’ils vivent avec Dieu en relation horizontale avec leur conjoint.
Il s’agit ainsi de vivre en s’en remettant à tout moment avec joie au
pardon de Dieu, à sa justification et à sa promesse de grâce à venir,
tout en transposant cela à tout moment sur son conjoint, comme
une extension du pardon de Dieu, de sa justification et de l’aide
qu’il promet.

Le rôle central de la grâce


qui pardonne et qui justifie
J’ai bien conscience que tous les chrétiens, et pas seulement
ceux qui sont mariés, sont censés agir de la sorte dans toutes leurs
relations. Chacun de nous, marié ou célibataire, est censé vivre à tout
moment dans la grâce de Dieu qui pardonne, justifie et pourvoit à
tous les besoins, et la transposer ensuite à son prochain. Jésus a dit
que c’est notre vie tout entière – et pas seulement notre mariage
– qui doit être un reflet de la gloire de Dieu. « Que votre lumière
brille ainsi devant les gens, afin qu’ils voient vos belles œuvres et
glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5 : 16). Paul
nous a exhortés dans le même sens : « Ainsi, soit que vous mangiez,
soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la
gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10 : 31). Toute notre vie est censée

52
La grâce de l’alliance exposée

mettre en évidence la gloire de Dieu, y compris la gloire de sa grâce


pleinement suffisante.
Cependant, le mariage est conçu pour refléter d’une façon tout à
fait singulière la grâce promise par Dieu car, contrairement à toutes
les autres relations humaines, le mari et la femme sont liés l’un à
l’autre par un engagement pour la vie dans la relation la plus intime
qui puisse exister. Cette relation implique des fonctions bien précises
d’autorité et de soumission, sur lesquelles nous ne nous attarderons
pas dans ce chapitre. Nous y viendrons plus tard8. Pour l’instant,
je souhaite considérer le mari et la femme simplement comme des
chrétiens. Car avant de pouvoir vivre leurs fonctions respectives
d’autorité et de soumission selon la Bible et avec miséricorde,
l’homme et la femme doivent d’abord découvrir ce que signifie bâtir
sa vie sur l’expérience verticale du pardon de Dieu, de sa justification
et de l’aide qu’il promet, puis transposer cette expérience à leur
conjoint sur le plan horizontal. Voilà ce que nous allons étudier plus
longuement dans ce chapitre.
On pourrait aussi dire, pour reprendre l’image utilisée au chapitre
précédent : pour que le mari et la femme puissent être nus sans en
avoir honte (Genèse 2 : 25) – alors qu’en fait il y a bien des choses
dont ils devraient avoir honte –, ils doivent au plan vertical faire
l’expérience de la grâce de Dieu qui pardonne et justifie, la transpo-
ser l’un vers l’autre au plan horizontal et l’exposer à la vue du monde.

Le mariage est-il visé


par la colère de Dieu ?
Voyons brièvement sur quoi se fonde cette vérité dans l’épître
aux Colossiens. Commençons par ce verset : « C’est pour cela que
la colère de Dieu vient » (Colossiens 3 : 6). Si vous dites : « J’ai déjà
assez de problèmes de couple comme ça, alors ne me parlez pas de
la colère de Dieu ! », vous êtes comparable à un pêcheur indonésien
dépité qui aurait dit le 26 décembre 2004 : « Mon entreprise de pêche
bat déjà de l’aile, alors ne me parlez pas de tsunami ! »

8
Voir les chapitres 6–8.

53
Ce mariage éphémère
En vérité, nombreux sont les couples qui ont justement besoin
d’avoir profondément conscience de la colère de Dieu et de la
craindre, car sans cela l’Évangile est réduit à de simples relations
humaines et perd sa gloire biblique. À moins d’avoir une perspec-
tive biblique de la colère de Dieu, vous serez tenté de penser que
votre colère contre votre conjoint est tout simplement impossible à
dominer, parce que vous n’avez jamais vraiment fait l’expérience de
voir la grâce l’emporter sur une colère infiniment plus grande – celle
de Dieu à votre égard.
Examinons donc tout d’abord la colère de Dieu et la manière
dont elle a été apaisée. En Colossiens 2 : 13-14, Paul déclare quelque
chose d’absolument merveilleux :

Vous qui étiez morts du fait de vos fautes et par l’incirconcision


de votre chair, il vous a rendus vivants avec lui [le Christ], en
nous faisant grâce pour toutes nos fautes ; il a effacé l’acte rédigé
contre nous en vertu des prescriptions légales, acte qui nous était
contraire ; il l’a enlevé en le clouant à la croix.

Ces derniers mots sont les plus importants. Cet acte rédigé contre
nous – c’est-à-dire la dette qui pesait sur nous –, Dieu l’a effacé en
le clouant à la croix. Quand cela s’est-il produit ? Il y a deux mille
ans. Cet événement ne s’est pas produit en nous, et certainement pas
grâce à nous. C’est Dieu qui l’a accompli pour nous et à l’extérieur
de nous, avant même notre naissance. Voilà qui donne à notre salut
un caractère totalement objectif.
Ne passez surtout pas à côté de cette vérité des plus merveilleuses
et stupéfiantes : Dieu a pris la liste de tous vos péchés, en vertu
de laquelle vous méritiez la colère divine (car les péchés sont des
offenses à Dieu qui provoquent sa colère), et au lieu de vous la
brandir devant la figure et de l’invoquer comme raison pour vous
envoyer en enfer, il les a inscrits sur la paume de la main de son Fils
et les a cloués à la croix. Il s’agit là d’une affirmation audacieuse et
imagée : il a effacé l’acte rédigé contre nous […] en le clouant à la
croix (Colossiens 2 : 14).

54
La grâce de l’alliance exposée

Quels sont les péchés qui ont été cloués à la croix ? Les miens.
Et ceux de mon épouse. Oui, les miens et ceux de mon épouse.
Les péchés de tous ceux qui désespèrent de se sauver eux-mêmes et
qui placent leur confiance en Jésus seul. Et quelles mains ont été
clouées à la croix ? Celles de Jésus. C’est ce qu’on désigne par un
terme magnifique : la substitution. Dieu a condamné mon péché
dans la chair du Christ. « Dieu, en envoyant son propre Fils dans
une condition semblable à la chair du péché, en rapport avec le
péché, a condamné le péché dans la chair » (Romains 8 : 3). Il faut
absolument que les gens mariés soient fermement convaincus de
cette vérité, car c’est indispensable pour vivre le mariage comme
Dieu l’a voulu.

La justification va au-delà du pardon


Mais en approfondissant l’étude du Nouveau Testament et
en faisant appel à l’éclairage que donne par exemple l’épître aux
Romains à propos de la justification, nous pouvons aller plus loin. La
justification va au-delà du seul pardon. Non seulement nous sommes
pardonnés grâce au Christ, mais Dieu nous déclare également justes
grâce au Christ. En vérité, Dieu exige deux choses nous concernant :
la punition à cause de nos péchés et la perfection dans notre vie. Nos
péchés doivent être punis et notre vie doit être parfaitement juste.
Cependant, nous ne pouvons ni payer le prix de nos fautes (Psaume
49 : 7-8) ni nous justifier nous-mêmes. « Il n’y a pas de juste, pas
même un seul » (Romains 3 : 10).
C’est pourquoi, dans son amour incommensurable pour nous,
Dieu a offert son propre Fils pour accomplir ces deux choses : le
Christ a porté notre châtiment et il nous a justifiés. Ainsi, lorsque
nous recevons le Christ (Jean 1 : 12), le châtiment qu’il a pris sur lui
et la justice qu’il a acquise sont entièrement portés à notre compte
(Romains 4 : 4-6 ; 5 : 1,  19 ; 8 : 1 ; 10 : 4 ; 2  Corinthiens 5 : 21 ;
Philippiens 3 : 8-9).

55
Ce mariage éphémère

Transposer la justification
Voilà la réalité verticale que nous devons transposer sur le plan
horizontal au bénéfice de notre conjoint si nous voulons que notre
couple reflète la grâce de Dieu, grâce qui permet l’établissement et
la pérennité de l’alliance. C’est ce que nous lisons en Colossiens
3 : 12-13 (S21) :
Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté,
d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les
autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. Tout comme Christ vous a
pardonné, pardonnez-vous aussi.
« Tout comme Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi »,
et notamment votre conjoint. Tout comme le Seigneur vous « sup-
porte », vous devez vous aussi « supporter » votre conjoint. Tous les
jours, le Seigneur nous « supporte » alors que nous échouons dans
l’accomplissement de sa volonté. En effet, l’écart entre ce que le
Christ attend de nous et ce que nous accomplissons est infiniment
plus grand que l’écart entre ce que nous attendons de notre conjoint
et ce qu’il accomplit. Le Christ pardonne et supporte toujours plus
que nous. Alors, pardonnez comme il vous a pardonné. Supportez
comme il vous supporte. Et cela est valable que vous soyez marié
à un chrétien ou à un non-croyant. Que la grâce que Dieu vous a
manifestée au travers de la croix du Christ serve de mesure à la grâce
que vous manifestez à votre conjoint.
Et si votre conjoint est chrétien, vous pouvez ajouter ceci :
de même que le Seigneur vous considère juste en lui bien que
votre comportement ne le soit pas dans les faits, considérez votre
conjoint comme juste en Christ même s’il ne l’est pas dans les
faits. Autrement dit, Colossiens 3 : 12-13 nous exhorte à prendre
la grâce verticale du pardon et de la justification, et à la transposer
à notre conjoint sur le plan horizontal. Le mariage est destiné à être
un formidable modèle permettant de manifester ainsi la grâce de
Dieu. Oui, tel est bien le but suprême du mariage : une exposition

56
La grâce de l’alliance exposée

à la vue de tous de la grâce du Christ, la grâce de l’alliance établie


par Dieu.

Une sagesse enracinée dans l’Évangile


À ce stade surgissent des centaines de situations complexes qui
requièrent une profonde sagesse spirituelle enracinée à la fois dans
ces vérités de l’Évangile et dans de longues années d’expérience
vécues dans la douleur et la fidélité. Autrement dit, il serait absolu-
ment impossible d’appliquer cette vérité aux besoins spécifiques de
chacun dans un seul chapitre ou même un seul livre. Parallèlement
à cette vérité biblique, nous avons besoin du Saint-Esprit. Mais
aussi de la prière. Nous avons besoin de méditer la Bible pour nous-
mêmes. Nous avons besoin de lire les réflexions inspirées que d’autres
ont écrites. Nous avons besoin des conseils pleins de sagesse d’amis
qui ont connu la souffrance. Et nous avons besoin du soutien de
l’Église quand tout s’écroule. Je ne me fais donc absolument aucune
illusion sur ma capacité d’exposer ici tout ce qu’il faudrait pour vous
venir en aide.

Une relation verticale à transposer


ensuite horizontalement
Il me semble qu’il ne serait pas inutile de terminer ce chapitre
en donnant quelques raisons expliquant pourquoi j’insiste ainsi
sur l’amour d’alliance qui permet de pardonner et de considérer
son conjoint comme un être juste alors qu’il ne l’est pas. Pourquoi
donc braquer le projecteur sur le postulat négatif selon lequel notre
conjoint est un pécheur qui a besoin d’être pardonné ? N’ai-je pas
la conviction qu’il faut se réjouir de son conjoint ? Bien sûr que si.
Toutefois, tant mon expérience personnelle que la Bible me
poussent dans cette direction. Ce qui est sûr, c’est que Jésus est marié
à son épouse, l’Église, et il ne fait aucun doute qu’il est à la fois pos-
sible et bon de plaire au Seigneur (Colossiens 1 : 10). Autrement dit,
le Christ se réjouit indéniablement de son épouse. Et, dans l’autre
sens, il est assurément infiniment digne que nous nous réjouissions
en lui. C’est précisément l’idéal qu’il faut avoir comme objectif dans

57
Ce mariage éphémère
le mariage : deux personnes ayant suffisamment d’humilité pour
chercher à être transformées selon Dieu de manière à réjouir leur
conjoint et à répondre à ses besoins physiques et affectifs – le but
étant de lui faire du bien de toutes les bonnes manières possibles.
Oui, la relation entre le Christ et son Église englobe tout cela.
Si j’insiste sur la nécessité de vivre de la grâce de Dieu sur le plan
vertical, puis de la transposer à son conjoint sur le plan horizontal
afin qu’il soit au bénéfice du pardon et de la justification, c’est pour
plusieurs raisons. D’abord, il y aura forcément des conflits causés
par le péché et les différences entre les époux (et vous n’arriverez
parfois pas à vous accorder l’un l’autre pour distinguer ce qui est
simplement différent ou étrange chez votre conjoint, de ce qui relève
du péché). Ensuite, supporter et pardonner participent au dur labeur
qui permet de faire revivre les affections quand elles semblent avoir
disparu. Enfin, Dieu est glorifié lorsque deux personnes très diffé-
rentes et très imparfaites forgent une vie de fidélité dans le creuset
de l’épreuve tout en s’en remettant au Christ.
Je reprendrai mon propos à ce stade au chapitre suivant en vous
parlant de quelque chose que Noël et moi avons découvert. Nous
appelons cela le « tas de compost ». Mais pour l’instant j’invite les
époux que vous êtes à faire pénétrer dans votre conscience ces vérités
énormes – qui sont bien plus grandes que n’importe quelle difficulté
conjugale : « [Dieu] nous faisant grâce pour toutes nos fautes ; il a
effacé l’acte rédigé contre nous en vertu des prescriptions légales,
acte qui nous était contraire ; il l’a enlevé en le clouant à la croix »
(Colossiens 2 : 13-14). Croyez à ces vérités de tout votre cœur et
transposez-les à votre conjoint.

58
Dieu vous donne le Christ comme fondement
pour votre mariage. « Accueillez-vous donc les uns les
autres comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire
de Dieu » (Romains 15 : 7). […] Ne cherchez pas
à avoir raison, ne vous condamnez pas et ne vous jugez
pas, ne vous considérez pas comme supérieur à l’autre,
ne rejetez pas la faute l’un sur l’autre, mais acceptez-
vous tels que vous êtes et pardonnez-vous
tous les jours et de tout votre cœur.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 72
Chapitre quatre
Pardonner et supporter

Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-


aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté,
d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns
les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un
autre, pardonnez-vous réciproquement. Tout comme Christ
vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. Mais par-dessus tout
cela, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection.
Que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour
former un seul corps, règne dans votre cœur. Et soyez recon-
naissants. Que la parole de Christ habite en vous dans toute
sa richesse ! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres
en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des
cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre
cœur sous l’inspiration de la grâce. Et quoi que vous fassiez,
en parole ou en acte, faites tout au nom du Seigneur Jésus
en exprimant par lui votre reconnaissance à Dieu le Père.
Femmes, soumettez-vous à votre mari comme il convient
dans le Seigneur. Maris, aimez votre femme et ne vous
aigrissez pas contre elle.
Colossiens 3 : 12-19 (S21)

61
Ce mariage éphémère
Je rappelle que j’ai indiqué au moins trois raisons pour lesquelles
ma femme n’a pas tort de dire qu’on n’insistera jamais assez sur le
fait que le mariage est un modèle réduit de la relation entre le Christ
et l’Église (voir Éphésiens 5 : 31-32). La première est que cela sort le
mariage du caniveau des sitcoms et le replace comme il se doit dans le
ciel clair et pur de la gloire de Dieu. La deuxième est que cela ancre
solidement le mariage dans la grâce. Car c’est par la grâce que le
Christ a d’abord acquis l’Église pour en faire son épouse, et c’est par
la grâce qu’il la soutient. Si le mariage est une image de cette réalité, il
sera débordant de grâce. Ce sera à la fois son fondement et sa gloire.
Enfin, la troisième raison pour laquelle nous devons constamment
rappeler que le mariage est un modèle réduit de la relation entre le
Christ et l’Église est que cela a une influence déterminante sur notre
façon de concevoir l’autorité et la soumission au sein du couple.
Nous étudierons ces notions aux chapitres 6 à 8.

Le mariage humain disparaîtra


Les deux premiers chapitres de ce livre ont eu pour but d’étayer
la première de ces raisons. J’ai essayé de montrer que le mariage est
à la fois l’œuvre de Dieu et le reflet de Dieu – et en particulier de
sa grâce. C’est ce qui en fait sa gloire : le mariage vient de Dieu, il
existe grâce à Dieu et il est pour Dieu. Voilà le ciel clair et pur de la
gloire de Dieu dans lequel le mariage doit s’inscrire.
On peut aussi considérer cet aspect en se rappelant que le mariage
humain est éphémère. Certes, il est le signe qui pointe vers quelque
chose d’éternel : la relation entre le Christ et l’Église. Mais, à la
fin des temps, le mariage disparaîtra et s’évanouira dans la réalité
supérieure dont il est le signe.
Jésus a déclaré : « Car, à la résurrection, on ne prend ni femme ni
mari, mais on est comme des anges dans le ciel » (Matthieu 22 : 30).
Voilà pourquoi mon père, Bill Piper, ne sera pas bigame à la résur-
rection. Ma mère et ma belle-mère sont toutes les deux décédées.
Mon père a été marié trente-six ans avec ma mère et, après sa mort,
vingt-cinq ans avec ma belle-mère. Mais, à la résurrection, l’ombre
des choses à venir fera place à la réalité. Au ciel, mon père ne sera

62
Pardonner et supporter

pas marié – ni à ma mère ni à ma belle-mère. Le mariage est une


préfiguration de la gloire de la relation entre le Christ et l’Église.
Cependant, à la résurrection, la préfiguration disparaîtra pour céder
la place à la forme parfaite de cette gloire.

La grâce verticale transposée


sur le plan horizontal
Puis, au chapitre 3, nous avons montré que le mariage est fondé
sur la grâce – l’expérience verticale de la grâce offerte par le Christ
à travers sa mort sur la croix –, et que cette même grâce doit être
transposée sur le plan horizontal par chacun des conjoints au béné-
fice l’un de l’autre. Colossiens 2 : 14 indique sur quelle base Dieu
a pourvu au pardon de nos péchés : « Il a effacé l’acte rédigé contre
nous en vertu des prescriptions légales, acte qui nous était contraire ;
il l’a enlevé en le clouant à la croix. » La dette qui s’était accumulée
contre nous à cause de notre péché, Dieu l’a annulée en la clouant
à la croix. Et, bien évidemment, ce ne sont pas les clous et le bois
qui ôtent le péché, mais les mains et les pieds percés du Fils de Dieu
(voir Ésaïe 53 : 5-6).
Après avoir montré que c’est la croix qui constitue le fondement
du pardon de Dieu, Paul déclare ensuite en Colossiens 3 : 13 (S21) :
« Tout comme Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. »
Autrement dit, prenez le pardon et la justification que vous avez
reçus sur le plan vertical à travers la mort du Christ et transposez-
les aux autres sur le plan horizontal – et notamment dans le cadre
du couple.

Pourquoi insister sur le pardon ?


Vers la fin du chapitre 3, j’ai posé la question suivante : pour-
quoi mettre ainsi l’accent sur la nécessité de se pardonner et de se
supporter, plutôt que, par exemple, sur l’amour romantique et le
plaisir qu’on trouve l’un dans l’autre ? J’ai donné trois raisons. Tout
d’abord, comme il y a forcément des conflits causés par le péché,
nous devons pardonner le péché et supporter la différence de l’autre
(et parfois on n’est même pas d’accord sur ce qui relève de l’un ou de

63
Ce mariage éphémère
l’autre). Ensuite, supporter et pardonner est le dur labeur qui permet
de faire revivre les affections quand elles semblent avoir disparu.
Enfin, Dieu est glorifié lorsque deux personnes très différentes et très
imparfaites forgent une vie de fidélité dans le creuset de l’épreuve
tout en s’appuyant sur le Christ.

Pour vous éviter la séparation


Dans ce chapitre, je souhaite donc aborder plus en détail l’idée
de se supporter l’un l’autre et de se pardonner. Je tiens toutefois à
préciser en préambule que j’ai bien conscience – et c’est un sujet
douloureux – que certains péchés commis contre le conjoint peuvent
pousser la patience et le pardon au-delà des limites, dans une attitude
équivalant à cautionner le péché. Ces situations pourraient parfois
justifier une séparation rédemptrice. Je pèse mes mots : j’ai bien
dit une séparation rédemptrice. Je pense à des situations de coups et
blessures, d’adultère, de maltraitance d’enfants, de violences sous
l’emprise de l’alcool, de dépendance au jeu, de kleptomanie, de
mythomanie… qui sont autant de causes de destruction pour les
familles.
Je n’ai pas l’intention d’aborder ces problèmes dans ce chapitre ;
je le ferai plus loin, à savoir lorsque nous en viendrons au sujet de la
séparation, du divorce et du remariage. Pour l’instant, mon propos
est de présenter un modèle biblique en matière de tolérance et de
pardon qui puisse vous éviter d’atteindre le stade de la séparation et
peut-être même permettre à certains d’entre vous de s’en sortir – et,
peut-être même, contribuer à rétablir certains couples que le monde
qualifie de « divorcés ». Par ailleurs, ma prière est que ces réflexions
plantent aussi une semence dans le cœur des célibataires qui pour-
raient se marier un jour, afin qu’ils construisent leur mariage sur ce
rocher de la grâce.

Le fondement :
la personne et l’œuvre du Christ
Lorsqu’il arrive au texte de Colossiens 3 : 12, Paul a déjà posé
un fondement solide en la personne et l’œuvre du Christ à la croix.

64
Pardonner et supporter

C’est sur ce fondement que reposent toutes les composantes de la


vie, et le mariage en particulier. Les principaux combats de la vie en
général, et au sein du couple en particulier, sont des batailles pour
croire cette personne du Christ et croire à son œuvre. Je parle ici
de vraiment le croire : lui faire confiance, y adhérer pleinement, le
chérir, en faire son trésor, s’en remettre à lui, vivre par lui et bâtir
sa vie sur lui. Paul nous exhorte donc en Colossiens 3 : 12 par des
paroles particulièrement fortes et émouvantes qui expriment la
réalité fondée sur l’œuvre rédemptrice du Christ.
Paul commence par employer trois mots pour nous décrire, nous
le croyant, afin de nous aider à recevoir son exhortation. « Ainsi
donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-aimés […]. » Il
s’apprête à expliquer ce qui devrait caractériser notre cœur et notre
comportement – ce dont nous devrions nous revêtir à l’instar d’un
vêtement. Mais, avant cela, il tient à nous déclarer choisis, saints et
bien-aimés.

Choisis
Nous sommes les élus de Dieu. Avant même la création du
monde, Dieu nous a choisis en Christ. On se rend compte à quel
point cette vérité est précieuse pour Paul à la lecture de ce qu’il a
écrit en Romains 8 : 33 : « Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? »
La réponse est qu’il n’y a absolument personne qui puisse prouver la
culpabilité des élus de Dieu. Le but de Paul est que nous percevions
le merveilleux mystère d’être élu comme le fait d’être aimé d’un
amour invincible. Refuser la vérité de l’élection du croyant, c’est
refuser d’être aimé dans toute la plénitude et la douceur de l’amour
de Dieu.

Saints
Ensuite, Paul nous qualifie de saints, c’est-à-dire mis à part pour
Dieu. Nous avons été choisis par Dieu dans un but particulier : être
son peuple saint. Sortir du monde et de ne plus être ordinaires ou
impurs. « En lui, il nous a choisis avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints […] » (Éphésiens 1 : 4). « Vous êtes une
lignée choisie […], une nation sainte » (1 Pierre 2 : 9). Avant d’être

65
Ce mariage éphémère
une façon de se conduire, c’est d’abord une position et une destinée.
Voilà pourquoi Paul nous indique le genre de comportement dont
nous devons nous « revêtir ». Il sait que nous n’avons pas encore
atteint l’objectif – concrètement. Il nous exhorte à devenir saints
dans notre vie parce que nous sommes saints en Christ. Que votre
apparence reflète qui vous êtes. Revêtez-vous de la sainteté.

Aimés
Enfin, Paul nous appelle bien-aimés. « Choisis par Dieu, saints
et bien-aimés. » Si vous croyez en Jésus, alors Dieu, le créateur de
l’univers, vous a choisis, il vous a mis à part pour lui et il vous aime.
Il est pour vous et non contre vous. « Or voici comment Dieu, lui,
met en évidence son amour pour nous : le Christ est mort pour nous
alors que nous étions encore pécheurs » (Romains 5 : 8).

Contempler et savourer
ces trois merveilles
Voilà le point de départ qui permet aux conjoints de se supporter
et de se pardonner. Il faut qu’ils soient absolument époustouflés par
le fait d’avoir été choisis, mis à part et aimés par Dieu. Vous les maris,
employez-vous à contempler et à savourer cela. Et vous les épouses,
faites de même. Que cela vous procure la vie, la joie, l’espoir – oui,
chacun de vous a été choisi, mis à part et aimé par Dieu. Suppliez le
Seigneur que cela devienne le moteur de votre vie et de votre couple.
Et c’est sur cette base – la base de cette nouvelle et profonde
identité en Dieu – que Paul déclare à présent ce dont nous devons
nous « revêtir ». Il explique quels sont les attitudes et comportements
qui sont adaptés à cette identité d’êtres choisis, mis à part et aimés
par Dieu en Christ et qui en découlent.
Paul montre qu’il y a trois états internes qui induisent trois
attitudes externes. « Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu,
saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de
bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns
les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. » Nous allons examiner ces qualités

66
Pardonner et supporter

par paires : les sentiments de compassion et la bonté, l’humilité et


la douceur, la patience et l’art de se supporter (ainsi que le pardon).

Des entrailles de miséricorde à la bonté


« Ainsi donc, vous qui êtes choisis par Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous d’une tendresse magnanime, de bonté […] »
(Colossiens 3 : 12). Les mots « tendresse magnanime » sont une
traduction moderne de l’expression « entrailles de miséricorde ».
En fait, les « entrailles de miséricorde » sont l’état interne, tandis
que la « bonté » est l’attitude externe. Soyez remplis de miséricorde
au plus profond de votre être, et ensuite ce bon terreau produira le
fruit de la bonté.
Vous les maris, laissez donc vos racines s’enfoncer profondément
en Christ par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous
deveniez quelqu’un de plus miséricordieux. Et vous les femmes,
laissez vos racines s’enfoncer profondément en Christ par la foi au
moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous deveniez quelqu’un de plus
miséricordieux. Ensuite, que cette tendre miséricorde vous pousse
à vous traiter l’un l’autre avec bonté. Votre combat c’est celui qu’il
faut livrer contre votre propre être intérieur impitoyable. Vous devez
mener ce combat par la foi, au moyen de l’Évangile et dans la prière.
Soyez stupéfaits et brisés, et fortifiés et réjouis : vous avez été choisis,
vous êtes saints et aimés !

De l’humilité à la douceur
Passons à la deuxième paire : l’humilité et la douceur. « Ainsi
donc, vous qui êtes choisis par Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-
vous d’une tendresse magnanime, de bonté, d’humilité, de douceur
[…]. » Le mot traduit par « humilité » signifie littéralement « modes-
tie » ou « avoir un sens de sa petitesse ». Là encore, la « modestie » est
l’état interne, tandis que la « douceur » est l’attitude externe. Celui
qui est modeste de cœur et non orgueilleux agit avec davantage de
douceur envers les autres. Celui qui est doux considère les autres
comme étant supérieurs à lui-même et se place à leur service. Voilà
l’attitude engendrée par un cœur conscient de sa petitesse, ou
humble.

67
Ce mariage éphémère
Vous les maris, laissez vos racines s’enfoncer profondément en
Christ par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous deveniez
des maris plus conscients de votre petitesse, et plus humbles. Et vous
les femmes, laissez vos racines s’enfoncer profondément en Christ
par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous deveniez
des femmes plus conscientes de votre petitesse, et plus humbles.
L’Évangile de la mort atroce du Christ à notre place est capable de
briser notre orgueil, notre sentiment d’avoir des exigences légitimes,
ainsi que notre frustration de ne pas obtenir ce que nous voulons.
Cet Évangile fait germer un sens de petitesse dans notre âme. Alors,
nous sommes capables de nous traiter les uns les autres avec la dou-
ceur qui découle de cette humilité. Le combat qu’il faut livrer c’est
celui contre notre propre être intérieur orgueilleux et égocentrique.
Vous devez mener ce combat par la foi, au moyen de l’Évangile et
dans la prière. Soyez stupéfaits et brisés, et fortifiés et réjouis : vous
avez été choisis, vous êtes saints et aimés !

De la longanimité à la capacité
de se supporter et se pardonner
La troisième paire n’en est pas exactement une. Il s’agit d’un
état interne dont découlent deux attitudes externes : se supporter
et se pardonner. Cependant, ces deux attitudes vont forcément de
pair : du point de vue biblique, l’une ne peut exister sans l’autre.
Relisons le verset 12 : « Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu,
saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de
bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns
les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. » Je traite donc la patience comme
l’état interne et le fait de se supporter/pardonner comme l’attitude
ou le comportement externe.
Le mot traduit ici par « patience » signifie littéralement « lon-
ganimité », c’est-à-dire la capacité de supporter dans le temps sans
« péter un plomb ». « Que chacun soit prompt à écouter, lent à
parler, lent à la colère » (Jacques 1 : 19). Les trois états internes dont
j’ai parlé sont liés et agissent l’un sur l’autre : avoir des « entrailles

68
Pardonner et supporter

de miséricorde » et un « sens de sa petitesse » conduit à éprouver de


la « longanimité ». Si vous êtes facilement irritable et manquez de
« longanimité », l’origine de votre problème est probablement un
manque de miséricorde et d’humilité. Autrement dit, le fait d’avoir
été choisi et d’être saint et aimé n’a pas brisé votre cœur et ne vous
a pas libéré de l’égocentrisme et de l’orgueil.
Donc, vous les maris, laissez vos racines s’enfoncer profondément
en Christ par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que votre
cœur soit transformé par ces états internes que sont la compassion,
l’humilité et la patience. Luttez pour une transformation intérieure
qui fasse croître en vous la miséricorde, un sens de votre petitesse
et la longanimité. Et vous les femmes, de la même manière, laissez
vos racines s’enfoncer profondément en Christ par la foi au moyen
de l’Évangile, afin que croissent en vous la miséricorde, un sens de
votre petitesse et la longanimité.
Et ensuite, de quelle manière devez-vous vous comporter l’un
avec l’autre ? Comme je l’ai déjà dit, cette dernière paire n’en est
pas vraiment une. La première paire était formée par la compassion
(ou miséricorde), qui conduit à une attitude de bonté. La deuxième
paire était formée par l’humilité (ou petitesse), qui conduit à une
attitude de douceur. Mais la patience (ou longanimité), à quelle
attitude conduit-elle ?

Se supporter et se pardonner
au sein du couple
« Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous de […] patience. Supportez-vous les uns les
autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement » (Colossiens 3 : 12-13 – S21). L’état
interne qu’est la patience produit non pas une, mais deux attitudes :
la première « Supportez-vous les uns les autres » et la seconde « si l’un
de vous a une raison de se plaindre d’un autre, pardonnez-vous réci-
proquement ». Se supporter et se pardonner. Qu’est-ce cela signifie,
et comment cela se traduit-il au sein du couple ?

69
Ce mariage éphémère
Tout d’abord, juste une remarque à propos des termes employés
par Paul. Le mot traduit par supporter signifie littéralement endu-
rer. Jésus emploie ce même mot en Luc 9 : 41 : « Génération sans
foi et perverse, jusqu’à quand […] vous supporterai-je ? » Paul
l’utilise à nouveau en 1  Corinthiens 4 : 12 : « Persécutés, nous
supportons. » C’est le même sens ici : apprenez la longanimité et
supportez-vous l’un l’autre. « [L’amour] pardonne tout, il croit
tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne succombe jamais »
(1 Corinthiens 13 : 7-8).
À propos du terme pardonner, précisons qu’on trouve plusieurs
mots traduits par pardonner dans le Nouveau Testament. Celui qui
est employé ici (charizomenoi) signifie « donner généreusement ou
gracieusement ». L’idée est de pardonner sans compter. Il s’agit de
traiter l’autre mieux qu’il ne le mérite. D’habitude, quand nous
pardonnons à quelqu’un qui nous a offensés, il a une dette envers
nous ; selon la justice au sens strict, nous avons le droit d’exiger qu’il
souffre en compensation de la souffrance qu’il nous a causée. Là, en
revanche, il s’agit non seulement de ne pas exiger de compensation,
mais en plus de « donner généreusement », de rendre le bien pour le
mal. Voilà le sens de ce mot (charizomai), traduit ici par pardonner.
Il s’agit d’être naturellement enclin à pardonner : ne pas rendre le
mal pour le mal, mais au contraire bénir (Matthieu 5 : 44 ; Luc 6 : 27 ;
1 Corinthiens 4 : 12 ; 1 Thessaloniciens 5 : 15).

« Pour le meilleur et pour le pire »


Personnellement, je trouve tout à fait significatif que Paul recon-
naisse ici qu’il est absolument primordial pour la vie commune à la
fois de se supporter et de se pardonner – que ce soit dans l’Église ou
dans le couple. Pardonner signifie : je ne te traiterai pas durement
à cause de tes péchés contre moi ou de tes habitudes exaspérantes.
Et supporter l’autre, c’est reconnaître (en général à soi-même) : ces
péchés contre moi et ces habitudes exaspérantes me dérangent ou
me blessent vraiment ! S’il n’y avait rien qui nous dérangeait ou nous
blessait vraiment chez l’autre, il n’aurait pas été nécessaire d’écrire
« supportez-vous les uns les autres ».

70
Pardonner et supporter

Quand on se marie, on ne sait pas comment sera l’autre trente ans


plus tard. D’ailleurs, les vœux de mariage inventés par nos ancêtres
ne l’ont pas été par des gens qui se voilaient la face. Ils étaient tout
à fait conscients de la réalité du mariage : « Te prendre et te chérir,
pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et dans la pauvreté,
dans la santé et dans la maladie, pour t’aimer et t’honorer jusqu’à ce
que la mort nous sépare. Ceci est mon vœu solennel ». Au moment
de s’engager, on ignore ce que deviendra l’autre avec le temps. Il ou
elle pourrait devenir bien mieux que ce qu’on a imaginé, ou bien
pire. Mais voici sur quoi se fonde notre espérance : nous avons été
choisis, et nous sommes saints et aimés ; Dieu est pour nous, et
toutes choses concourent au bien de ceux qui l’aiment (Romains
8 : 28 ; Psaume 23 : 6 ; 84 : 11).

Le tas de compost
Qu’en est-il du « tas de compost » auquel j’ai fait allusion à la fin
du chapitre précédent ? On peut se représenter le mariage comme
une prairie. Au début, on y entre rempli d’espoir et de joie. En
portant son regard vers l’avenir, on aperçoit de belles fleurs, de
grands arbres et des collines verdoyantes à l’horizon. Cette beauté,
c’est ce qu’on voit l’un chez l’autre. La prairie, les fleurs et les
collines verdoyantes représentent votre relation l’un avec l’autre.
Mais voilà que, rapidement, on commence à marcher dans des
bouses de vache. À certaines périodes de la vie de couple, on peut
même avoir l’impression qu’il y en a partout. Tard le soir, elles sont
particulièrement nombreuses. Ces bouses sont les péchés des deux
conjoints, leurs manquements, leurs petites manies, leurs faiblesses
et leurs habitudes exaspérantes.
Au début, on s’efforce de pardonner toutes ces choses et de les
supporter avec grâce. Mais avec le temps elles semblent envahir la
relation. Ce n’est pas forcément la réalité, mais par moments on a
l’impression qu’il n’y a plus que ça dans votre prairie : des bouses de
vache ! En ce qui nous concerne, Noël et moi, nous sommes arrivés
à la conclusion qu’à force de se supporter et de se pardonner cela

71
Ce mariage éphémère
finit par créer un tas de compost. C’est là que s’amoncellent toutes
les bouses ramassées à la pelle.
Alors, voici l’attitude que nous avons choisi d’adopter. On se
regarde l’un l’autre en reconnaissant qu’il y a effectivement beaucoup
de bouses. Mais on se dit aussi : tu sais, notre relation ne se résume
pas à ces bouses de vache ! Mais comme on n’arrête pas de se focaliser
sur elles, on finit par l’oublier. Alors, ramassons-les et faisons-en
un tas de compost. Quand il le faudra, on ira faire un tour près
du compost, on sentira l’odeur qui s’en dégage, on aura mauvaise
conscience et on s’efforcera d’y remédier le mieux possible. Puis on
s’éloignera de ce tas de compost et on posera son regard sur le reste
de la prairie. On choisira de parcourir certains de nos sentiers et
collines préférés, dont on sait qu’ils ne sont pas jonchés de bouses
de vache. Et on sera reconnaissant pour cette partie de la prairie qui
est si agréable.
Voilà en ce qui nous concerne. Oh, nous aurons peut-être
les mains sales, et nous serons probablement éreintés à force de
ramasser toutes ces bouses à la pelle. Mais une chose est sûre : nous
ne planterons pas notre tente à côté du tas de compost. Nous nous
en approcherons seulement quand il le faudra. C’est un don de
miséricorde que nous voulons nous offrir l’un à l’autre, encore et
encore, parce que nous sommes choisis, saints et aimés.

Ne soyons pas naïfs


Nous avons bien conscience que cette image du tas de compost
ne plaît pas à tout le monde. Certains ont l’impression que c’est une
concession faite au péché qui nuit à la possibilité de se repentir et
de changer. Croyez-moi, nous comprenons parfaitement ce qu’ils
ressentent. J’espère que le chapitre suivant corrigera tout malentendu
– car il ne faudrait pas qu’on s’imagine que nous ne sommes pas
persuadés de la nécessité de tout faire pour se débarrasser totalement
des comportements qui produisent ces bouses de vache. Oui, nous
en sommes réellement convaincus. Nous croyons à la recherche
de la transformation et de la sainteté individuelles. Nous croyons
aussi au travail en petits groupes permettant aux couples de s’aider

72
Pardonner et supporter

mutuellement ; tout comme nous croyons aux conseils prodigués


par des professionnels chrétiens.
Cela fait quarante ans que nous vivons cette aventure à la fois
glorieuse et exaspérante qu’on appelle le mariage et nous ne sommes
pas naïfs. Les deux pécheurs rachetés que nous sommes mourront
imparfaits et agaçants. Nous sommes particulièrement réconfortés
de ce que Paul n’a pas déclaré : « Supportez-vous les uns les autres
pendant vos dix premières années de mariage jusqu’à ce que vous
ayez résolu tous vos problèmes et remporté la victoire sur tous vos
péchés ; ensuite, vous savourerez les verts pâturages de vos quarante
dernières années de mariage sans plus avoir besoin de vous supporter
l’un l’autre. » Désolés si nous tordons le cou à certaines idées reçues.
En fait, non, nous ne sommes pas désolés. Nous préférons vous
éviter de pécher par naïveté et vous donner les moyens d’endurer et
de vous réjouir. Nous espérons néanmoins que vous lirez le chapitre
suivant afin de trouver le juste équilibre sur ce point.

73
L’heure de la grande déception par rapport au frère
n’est-elle pas incomparablement salutaire pour moi,
parce qu’elle m’enseigne profondément que nous deux
nous ne pouvons jamais vivre de nos propres paroles
et de nos propres actes, mais seulement d’une parole
et d’un acte, qui nous relient en vérité, à savoir le pardon
des péchés en Jésus-Christ ? Là où les brumes matinales
des idéaux imaginaires se dissolvent, là se lève
en pleine clarté le jour de la communauté chrétienne.

DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 32
Chapitre cinq
Comment ressembler au Christ
au sein de l’alliance

Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du Christ ;


ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ; car l’homme
est la tête de la femme, comme le Christ est la tête de l’Église,
qui est son corps et dont il est le Sauveur ; en tout cas, comme
l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi les femmes se soumettent
en tout à leur mari. Maris, aimez votre femme comme le
Christ a aimé l’Église : il s’est livré lui-même pour elle, afin
de la consacrer en la purifiant par le bain d’eau et la Parole,
pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache,
ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De
même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre
corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais
personne, en effet, n’a détesté sa propre chair ; au contraire,
il la nourrit et en prend soin, comme le Christ le fait pour
l’Église, parce que nous faisons partie de son corps. C’est pour-
quoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa
femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un grand
mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église.

75
Ce mariage éphémère
Quoi qu’il en soit, que chacun de vous aime sa femme comme
lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 : 21-33

On n’insistera jamais assez sur le fait que le mariage est un modèle


réduit de la relation entre le Christ et l’Église. Voilà ce que Noël,
mon épouse, m’avait dit. Et si elle a raison, c’est notamment parce
que c’est une façon d’affirmer que le mariage est fondé sur la grâce.
En effet, c’est par grâce que le Christ recherche son épouse, c’est
par grâce qu’il l’acquiert, c’est par grâce qu’il la soutient et c’est par
grâce qu’il la mènera à la perfection pour lui. Nous ne méritons rien
de tout cela. Tout ce que nous méritons, c’est d’être jugés par Dieu.
Tout nous est donné par pure grâce.

Mieux que ce que nous méritons


Dans les deux chapitres précédents, nous avons mis l’accent sur
le fait que cette grâce permet aux deux conjoints de respecter leur
alliance en se pardonnant et en se supportant l’un l’autre. C’est le
sens même de la grâce : traiter l’autre mieux que ce qu’il mérite. Et
c’est une des notions fondamentales de l’éthique chrétienne :

Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent,


bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous
injurient. Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi
l’autre. Si quelqu’un te prend ton vêtement, ne l’empêche pas de
prendre aussi ta tunique. […] Mais aimez vos ennemis, faites
du bien et prêtez sans rien espérer. Votre récompense sera grande
et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats
et pour les mauvais. Soyez magnanimes, comme votre Père est
magnanime. (Luc 6 : 27-29, 35-36)

Ces commandements ne cessent pas d’être pertinents lorsque


nous nous marions. Si nous sommes appelés de façon générale à
rendre le bien pour le mal, à combien plus forte raison dans le
couple !

76
Comment ressembler au Christ

La grâce est aussi le pouvoir


de changer
C’est l’aspect sur lequel nous avons mis l’accent jusqu’ici en
disant que le mariage est fondé sur la grâce de Dieu envers nous.
Mais je souhaite à présent insister sur une autre vérité concernant
la grâce. Car elle ne donne pas seulement la force de supporter les
péchés commis contre nous : elle donne aussi le pouvoir de ne plus
pécher.
Comme nous avons tellement insisté sur l’importance de se
pardonner et de se supporter l’un l’autre, vous pourriez avoir
l’impression que nos traits de caractère condamnables ou nos
petites manies exaspérantes ne changent jamais – voire qu’ils ne
sont même pas appelés à changer. Nous serions ainsi condamnés
à pardonner et à supporter. Cependant, mon propos est à présent
d’essayer de montrer, à partir des Écritures, que si Dieu nous
accorde la grâce, c’est non seulement pour nous permettre de
pardonner et de supporter, mais aussi pour changer – le but étant
d’avoir moins à pardonner et à supporter, ce qui est également une
grâce. La grâce donne le pouvoir non pas seulement de rendre le
bien pour le mal, mais aussi de moins commettre le mal – et même
d’être moins pénible. La grâce donne le désir de changer pour la
gloire du Christ et pour le bonheur de son conjoint. Et cette même
grâce est aussi le pouvoir de le faire.
En écrivant ces lignes, je frémis à l’idée que mon propos soit mal
interprété par un lecteur exaspéré par son conjoint. Je crains que
vous considériez que cela s’applique avant tout à votre conjoint et
non à vous-même : « Ah, Piper va enfin arrêter de me dire de le/la
supporter et commencer à lui dire de changer ! » Je vous supplie de
prendre ce que je dis là d’abord pour vous. Occupez-vous d’abord de
ce qui doit changer chez vous et pas chez votre conjoint. Peut-être
qu’il pèche beaucoup plus contre vous que vous contre lui. Mais vous
n’aurez pas à rendre compte au Seigneur Jésus pour ses péchés : vous
aurez à rendre compte pour votre manière de réagir à ses péchés !
Voilà le grand combat que vous avez à livrer. Est-ce que vous allez
changer ? Certes, votre conjoint devrait changer ; il n’y a aucun doute

77
Ce mariage éphémère
là-dessus. Mais je vous préviens : si c’est cela que vous recherchez
avant tout, cela ne produira pas les fruits escomptés.

Le détour par l’Évangile


Vous trouvez peut-être que nous avons fait un drôle de détour
avant d’en arriver à parler de changement personnel. Pourquoi avoir
mis d’abord l’accent sur la nécessité de se pardonner et de se sup-
porter ? Parce que c’est le fondement indispensable et inébranlable
de tout changement. Autrement dit, seul un engagement ferme à
l’alliance contractée, fondé sur la grâce, offre la sécurité et l’espoir
qui permettent d’entendre une demande de changement sans se
sentir menacé. C’est seulement lorsqu’on a le sentiment que son
conjoint est totalement engagé – même s’il ne change pas – qu’une
demande de changement peut sonner comme une grâce plutôt
qu’un ultimatum.
Dans ce chapitre, je souhaite donc insister sur le fait que le
mariage ne devrait pas être – et, Dieu voulant, n’est pas nécessaire-
ment – quelque chose de statique : une relation au sein de laquelle
rien ne change et où l’on est uniquement condamné à endurer.
Certes, c’est toujours mieux que le divorce aux yeux de Dieu et une
telle relation comporte une certaine gloire. Mais ce n’est certaine-
ment pas la meilleure façon de refléter la relation entre le Christ et
l’Église. Oui, la persévérance au sein d’un couple en difficulté révèle
une certaine vérité concernant le Christ et l’Église ; si la relation est
perturbée, c’est à cause de notre péché, pas du sien. Toutefois, il
existe bien d’autres vérités concernant le Christ et l’Église que nous
sommes appelés à incarner. Et ce n’est pas faire honneur au Christ
que de penser qu’il convient d’incarner ces vérités en étant réticent
à modifier nos comportements condamnables et exaspérants.

Au-delà du pardon et de la patience


Cela nous amène au texte sur lequel s’appuie ce chapitre :
Éphésiens 5 : 25-27. Ces versets ont trait précisément au thème que
nous développons ici : comment ressembler toujours davantage
au Christ au sein de l’alliance que représente le mariage. Voyez

78
Comment ressembler au Christ

comment ces versets nous emmènent bien au-delà du pardon et de


la patience dans la façon dont les maris sont appelés à aimer leur
femme :
Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il
s’est livré lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant
par le bain d’eau et la Parole, pour faire paraître devant lui
cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et sans défaut.
Il est clair que ce que recherche le Christ dans sa relation avec
l’Église, c’est la transformation de son épouse afin qu’elle devienne
moralement et spirituellement admirable. Or, cela se fait au prix de
sa vie. Réfléchissons quelques instants à ce qu’implique ce passage
eu égard à l’état d’esprit et à l’attitude que doit avoir le mari dans
le but d’amener sa femme à changer. Nous aborderons un peu plus
loin la question du point de vue de l’épouse.
La première conséquence est que le mari, qui aime à l’image du
Christ, porte une responsabilité tout à fait particulière quant à la
croissance morale et spirituelle de sa femme – ce qui signifie donc
qu’avec le temps, Dieu voulant, il se produira des changements.

Un terrain dangereux
J’ai bien conscience de m’aventurer là sur un terrain dangereux
– et ce, quel que soit l’angle sous lequel j’aborde la question. En
effet, je pourrais tout à fait faire le jeu d’un mari égoïste, mesquin
et dominateur, complètement hermétique à ce qui distingue les
différences enrichissantes entre conjoints et les faiblesses ou manque-
ments moraux et spirituels auxquels il faut remédier. Un tel homme
pourrait facilement dénaturer mon propos et en faire un appel à
contrôler les moindres aspects du comportement de sa femme,
ses critères de changement étant en fait ses propres désirs égoïstes
masqués par un langage spirituel.
Et il n’y a pas de quoi rire ; j’ai déjà eu affaire à des maris qui
avaient une conception pathologique de la soumission de l’épouse.
Un jour, alors que nous tentions d’y voir clair dans leur relation

79
Ce mariage éphémère
dysfonctionnelle, une femme m’a raconté que son mari exigeait
qu’elle lui demande la permission avant de se rendre aux toilettes. Je
n’invente rien ! Certains types de personnalité semblent incapables
d’appliquer à une relation plusieurs vérités à la fois. Ce sont des
gens qui ont un esprit mesquin, étroit et malade. Ils simplifient les
choses à l’excès. Ils déforment la vérité. Ils font beaucoup de mal.
Ma prière est que rien de ce que je dis ne soit utilisé par eux pour
justifier leur péché.
Si nous considérons avec honnêteté le passage d’Éphésiens
5 : 25-27, cela nous permettra de traverser ce champ de mines en
maintenant un cap empreint d’amour, de sagesse et de maturité.
J’aimerais faire trois observations :

1. Le mari n’est pas le Christ


Le mari est comme le Christ, ce qui signifie qu’il n’est pas le
Christ. « L’homme est la tête de la femme, comme le Christ est la
tête de l’Église » (Éphésiens 5 : 23). Le mot comme ne signifie pas que
le mari est à tous égards identique au Christ. Le mari a une force
limitée ; il n’est pas tout-puissant comme le Christ. Le mari a une
sagesse limitée et nullement infaillible ; il n’est pas la sagesse incarnée
comme le Christ. Le mari est un pécheur ; il n’est pas parfait comme
le Christ. Par conséquent, nous, les maris, ne devons pas nous croire
infaillibles. Nous avons parfois tort de désirer tel ou tel changement
chez notre femme. C’est ma première observation.

2. Ressembler au Christ et non au mari


Si un mari pieux désire que sa femme change, son but doit être
qu’elle ressemble au Christ, pas à lui-même. Des mots très impor-
tants sont employés aux versets 26 et 27. Verset 26 (S21) : « afin [que
le Christ la conduise] à la sainteté ». Verset 27 : « pour faire paraître
devant lui cette Église glorieuse », « sainte et sans défaut ». Tout ce
vocabulaire (sainteté, glorieuse, sainte) sous-entend que ce que nous
désirons concernant notre épouse doit être guidé par les critères
de sainteté de Dieu et non par nos propres critères de préférence
personnelle.

80
Comment ressembler au Christ

3. Mourir pour sa femme


La troisième observation est la plus importante. Ce qui est
incroyable, c’est que Paul attire l’attention sur la manière dont le
Christ recherche la transformation de son épouse : en mourant
pour elle. Relisons les versets 25 et 26 (S21) : « Maris, aimez votre
femme comme Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour
elle afin de la conduire à la sainteté. » Ce sont les paroles les plus
radicales que l’on puisse adresser à un homme sur la façon d’ame-
ner sa femme à ressembler au Christ dans le cadre de l’alliance du
mariage. Messieurs, est-ce que nous cherchons à ce que notre épouse
ressemble au Christ en étant autoritaires avec elle ou en mourant
pour elle ? Quand nous lui montrons la voie ou même, si nécessaire,
quand nous nous opposons à elle, le faisons-nous dans une attitude
de supériorité ou d’abnégation ? Avons-nous du mépris ou de la
compassion ?
Si un homme fait preuve d’amour et de sagesse comme le Christ
dans toutes ces choses, sa femme – si elle est humble – percevra
son désir qu’elle change comme une manière pour son mari de se
placer à son service et certainement pas de l’humilier. Le Christ
désire clairement que son épouse progresse sur la voie de la sainteté ;
mais il est mort pour rendre cela possible. Par conséquent, nous, les
hommes, devrions laisser la mort sacrificielle du Christ régir nos
désirs concernant les changements auxquels nous aspirons chez notre
femme. Que Dieu nous donne l’humilité et le courage d’évaluer nos
manières d’agir à l’aune des souffrances du Christ. (Voir Tite 2 : 14 ;
Apocalypse 19 : 7).

Qu’en est-il de la femme qui désire voir


son mari changer ?
Passons à présent à la femme et à son désir de voir son mari
changer. Mon propos dans ce chapitre n’est pas de parler de la
question de l’autorité et de la soumission. Néanmoins, pour pouvoir
expliquer comment les deux conjoints sont censés s’aider l’un l’autre
à changer, il me faut aborder ce que l’autorité et la soumission ne
sont pas. J’ai déjà dit que la position de l’homme en tant que tête

81
Ce mariage éphémère
n’est pas identique à l’autorité du Christ en tant que tête ; elle est
seulement comparable. Par conséquent, la soumission de la femme
à son mari n’est pas non plus identique à sa soumission au Christ ;
elle est seulement comparable.
Lorsque Paul écrit en Éphésiens 5 : 22 (S21) : « Femmes, sou-
mettez-vous à votre mari comme au Seigneur », le mot comme ne
signifie pas que le Christ et le mari sont identiques. Le Christ détient
l’autorité suprême ; pas le mari. C’est d’abord envers le Christ et non
envers son mari qu’elle a une obligation de fidélité. Cette analogie ne
fonctionne que si la femme se soumet totalement au Christ et non
totalement à son mari. Car c’est ainsi qu’elle peut alors se soumettre
à son mari sans se rendre coupable de trahison ou d’idolâtrie.
Cela sous-entend que la femme aura conscience que son mari
a besoin de changer. Il n’est pas parfait comme le Christ ; il a des
défauts. Par conséquent, la femme peut tout à fait et même devrait
rechercher la transformation de son mari, tout en le respectant
dans son statut de chef – c’est-à-dire celui qui la conduit, la protège
et pourvoit à ses besoins. Si je dis cela, c’est pour plusieurs autres
raisons.

L’analogie avec la prière


Une de ces raisons est le rôle de la prière dans la relation entre
le Christ et son Église. La femme a avec son mari le même type de
relation que celle que l’Église devrait avoir avec le Christ. L’Église
prie le Christ – ou Dieu le Père à travers le Christ. Quand l’Église
prie son Époux, elle lui adresse des requêtes précises. Si nous sommes
malades, nous lui demandons de nous guérir. Si nous avons faim,
nous lui demandons notre pain quotidien. Si nous sommes perdus,
nous lui demandons de nous montrer le chemin. Et ainsi de suite.
Puisque nous croyons à la souveraineté absolue du Christ, en
vertu de laquelle il gouverne toutes choses, nous considérons notre
situation actuelle, voulue par lui-même, et nous lui demandons de
la changer.
Je ne fais qu’une analogie ici ; il ne s’agit pas d’une comparaison
exacte. L’Église n’interpelle jamais Jésus au sujet de ses imperfec-

82
Comment ressembler au Christ

tions – car il n’en a pas. Nous lui demandons néanmoins d’apporter


des changements dans des situations qu’il a lui-même permises ou
voulues. C’est cela présenter ses requêtes dans la prière. C’est sur la
base de cette analogie que la femme peut demander à son mari de
changer certaines de ses manières de faire.

Le changement est nécessaire


chez tous les maris
Mais si nous pouvons dire qu’une femme peut et même devrait
rechercher la transformation de son mari, c’est avant tout parce qu’au
sein de sa relation avec sa femme, le mari ressemble seulement au
Christ. Nous, les hommes, ne sommes pas le Christ. Et pour cause :
nous avons besoin que notre caractère et nos attitudes changent, ce
qui n’est pas du tout le cas du Christ. Nous sommes comparables
au Christ au sein du couple, mais nous ne sommes certainement
pas le Christ. Contrairement à lui, nous sommes pécheurs, limités
et faillibles. Nous avons besoin de changer. Le Nouveau Testament
enseigne clairement cette vérité universelle. Les hommes comme les
femmes ont tous besoin de changer.

L’épouse est une sœur en Christ


Nous devons aussi prendre en compte un autre paramètre :
notre épouse est également notre sœur aimante en Christ. Et
l’épouse soumise a une façon tout à fait spécifique d’être une sœur
bienveillante envers son frère-mari imparfait. Elle suit par exemple,
de temps à autre, le conseil de Galates 6 : 1 : « Si quelqu’un vient
à être surpris en une faute, quelle qu’elle soit, vous, les spirituels,
aidez-le à se rétablir avec un esprit de douceur. » Voilà ce qu’elle
fait pour son mari.
Mais il n’y a pas que ce verset de Galates. Par exemple, le mari
spirituel et la femme spirituelle doivent tous les deux obéir le cas
échéant à cette exhortation de Matthieu 18 : 15 – sans pour autant
sortir de leurs positions respectives d’autorité et de soumission : « Si
ton frère a péché contre toi, va et reprends-le seul à seul. »

83
Ce mariage éphémère

Le danger des reproches continuels


Cependant, tout cela doit être tempéré par le risque d’être
constamment dans le reproche. Certes, quand la femme aspire à ce
que son mari prenne les rênes et assume pleinement sa responsabilité
de chef spirituel de la famille, il est bien regrettable que celui-ci s’y
refuse. Nous en parlerons davantage un peu plus loin. Mais il n’en
demeure pas moins que l’épouse peut tomber dans l’excès en matière
d’exhortation.
L’apôtre Pierre ne mâche pas ses mots pour mettre en garde
contre cette fâcheuse tendance : « Vous de même, femmes, soyez
soumises à votre mari ; afin que, s’il en est qui refusent d’obéir à la
Parole, ils soient gagnés, sans parole, par la conduite de leur femme, »
(1 Pierre 3 : 1). Même si ce passage concerne avant tout les maris non
croyants, ce principe peut s’appliquer d’une manière plus générale.
Je ne pense pas que ce verset signifie qu’une femme ne peut
pas parler de sa foi à son mari. Par contre, il met sans aucun doute
en garde contre certains discours contre-productifs. Que veut dire
ici « sans parole » ? Ne harcelez pas votre mari. Ne lui faites pas en
permanence des reproches. Soyez prudente comme un serpent et
pure comme une colombe (Matthieu 10 : 16). Essayez de discerner
si vos paroles seront entendues. Au fond, l’apôtre Pierre vous invite
à essayer de gagner votre mari par votre « conduite pure et respec-
tueuse » (1 Pierre 3 : 2).

Chacun des conjoints recherche


le changement par le sacrifice
Ce qui nous ramène à notre texte de référence d’Éphésiens 5.
Paul exhorte les maris en ces termes : « Maris, aimez votre femme
comme Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle afin
de la conduire à la sainteté » (v. 25-26, S21). Les femmes ne sont
donc pas les seules à être appelées à gagner leur conjoint par leur
conduite. C’est en effet principalement ainsi que le Christ a gagné
l’Église à sa cause : en mourant pour elle. Chacun des conjoints a
donc pour vocation de gagner l’autre principalement en menant une
vie d’amour sacrificiel.

84
Comment ressembler au Christ

La véritable puissance du pardon


et de la patience
Du coup, quand on y réfléchit, tout ce que j’ai écrit précé-
demment à propos du pardon et de la patience prend une autre
dimension. Le pardon et la patience permettent non seulement de
supporter ce qui ne changera jamais, mais aussi de changer l’autre
en faisant preuve d’une persévérance empreinte d’amour et d’esprit
de sacrifice. Peu d’attitudes ont une puissance de transformation
plus grande que les sacrifices du conjoint qui endure et pardonne au
nom de l’amour. Certes, la confrontation est parfois nécessaire. Et il
convient de rechercher la ressemblance au Christ au sein de l’alliance
du mariage. La vie ne se réduit pas à pardonner et à supporter. De
véritables changements peuvent – et devraient – se produire. Le
Christ est mort afin de les rendre possibles. Et il nous appelle, nous
maris et femmes, à aimer de la même manière.

85
Maintenant, si l’homme est désigné comme chef
de la femme par l’Écriture, qui ajoute « comme Christ
est le chef de la communauté » (Éphésiens 5 : 23),
un reflet divin, que nous devons reconnaître et honorer,
vient ainsi éclairer notre vie terrestre. La dignité qui est
conférée ici à l’homme ne procède pas de ses aptitudes
ou dispositions personnelles, mais du ministère
qu’il reçoit avec son mariage. La femme doit le voir
revêtu de cette dignité. Mais pour lui-même,
elle signifie une très haute responsabilité.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre six
Un cœur de lion
et une ressemblance à l’agneau
Le mari chrétien comme la tête :
Les fondements de l’autorité

Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du


Christ ; ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ;
car l’homme est la tête de la femme, comme le Christ est la
tête de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur ;
en tout cas, comme l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi
les femmes se soumettent en tout à leur mari. Maris, aimez
votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré
lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant
par le bain d’eau et la Parole, pour faire paraître devant
lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de
semblable, mais sainte et sans défaut. De même, les maris
doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui
qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne, en
effet, n’a détesté sa propre chair ; au contraire, il la nourrit
et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église,
parce que nous faisons partie de son corps. C’est pourquoi

87
Ce mariage éphémère

l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à


sa femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un
grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et
à l’Église. Quoi qu’il en soit, que chacun de vous aime sa
femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 : 21-33

Si j’ai choisi le titre « Un cœur de lion et une ressemblance à


l’agneau » pour faire référence au mari chrétien comme chef de sa
femme, c’est parce que le mari est appelé à diriger comme Jésus, qui
est à la fois le lion de la tribu de Juda (Apocalypse 5 : 5) et l’Agneau
de Dieu (5 : 6). Jésus avait un cœur de lion, mais il était aussi comme
un agneau : fort et doux, robuste et tendre, combatif et sensible,
courageux tout en ayant le cœur brisé. Il est l’exemple parfait de la
masculinité.
Au cours de ce chapitre et du suivant, nous allons étudier ce que
signifie pour l’homme marié d’être le chef de sa femme et de son
foyer. Je tiens à m’attarder sur cette question pour deux raisons.
D’abord parce que la Bible déclare que « le mari est le chef de sa
femme, comme Christ est le chef de l’Église » (Éphésiens 5 : 23 –
S21). Il nous faut comprendre ce que signifie cette affirmation
pour qu’elle devienne pour nous à la fois un motif de joie et
d’obéissance.
La deuxième raison est que, de nos jours, la masculinité et l’auto-
rité de l’homme dans son rapport à la femme et à la famille sont
tristement battues en brèche. Cela entraîne de graves conséquences
qui touchent quasiment tous les aspects de la vie. C’est pourquoi
nous allons consacrer deux chapitres à cette question essentielle de
l’autorité, non seulement pour pouvoir être fidèles à la parole de
Dieu et nous en réjouir comme il se doit, mais aussi pour réhabiliter
la masculinité biblique et des structures familiales qui soient à la
gloire du Christ.

88
Les fondements de l’autorité

Les priorités en priorité


Jusqu’ici, nous avons insisté sur le fait que rester fidèle à son
conjoint ne signifie pas avant tout rester amoureux de lui : c’est
d’abord une question de respect de l’alliance contractée. Cela nous
a d’ailleurs amenés à affirmer que, précisément en raison de cet
engagement inébranlable, la probabilité d’être encore profondément
amoureux après quarante ans de mariage est bien plus forte que
si l’on croit que le mariage consiste avant tout à rester amoureux.
Quand on s’attache en priorité aux priorités, on est gagnant sur les
choses secondaires. Rester amoureux n’est pas le premier devoir dans
le couple ; en revanche, c’est une conséquence heureuse pour ceux
qui respectent l’alliance au nom du Christ.
Tout au long des chapitres précédents, nous avons étudié avant
tout ce qui constitue le fondement de l’alliance du mariage par
rapport à la façon dont le Christ garde son alliance avec nous. Nous
avons considéré le mariage non seulement comme une exposition à
la vue de tous de la grâce accordée par Dieu en vertu de son alliance,
mais aussi comme un mélange constant de pardon et de patience.
Puis, au chapitre précédent, nous avons abordé la question de savoir
si les deux conjoints peuvent s’aider l’un l’autre à changer et, si oui,
comment le faire avec bienveillance.
J’ai peu parlé jusqu’ici du rôle bien distinct du mari et de la
femme : l’autorité et la soumission. C’était volontaire. En effet,
pour que ces principes puissent briller dans toute leur beauté, il
est d’abord nécessaire d’établir un fondement solide sur l’Évangile.
Lorsqu’ils sont considérés à la lumière de l’Évangile de la grâce, ces
rôles distincts n’ont absolument rien de rebutant ni de méprisable.
Il nous faut donc à présent répondre à ces questions : que signifie
pour l’homme d’être la tête ? Et comment définir la soumission ?
Nous répondrons à la première question dans ce chapitre et le
suivant, puis à la deuxième de façon distincte au chapitre 8.
Ce chapitre sera consacré principalement au fondement du prin-
cipe d’autorité du mari, tandis que le suivant sera dévolu plutôt à
son application.

89
Ce mariage éphémère

Le mystère dévoilé
Le passage d’Éphésiens  5 commence à nous être familier.
Reprenons ce texte au verset 31 ; il s’agit d’une citation de Genèse
2 : 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour
s’attacher à sa femme, et les deux seront une seule chair. » Au verset
suivant, Paul précise au sujet de cette citation : « Il y a là un grand
mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église. »
Pourquoi l’union d’un homme et d’une femme dans le but de
former une seule chair dans le mariage est-elle appelée un mystère ?
Dans le Nouveau Testament, le mot mystère ne signifie pas du tout
quelque chose qui serait trop complexe, profond, obscur ou lointain
pour pouvoir être compris par l’être humain. Ce terme fait plutôt
référence à un dessein caché de Dieu qui est désormais révélé afin
que nous puissions le comprendre et nous en réjouir. Paul explique
en quoi consiste ce mystère au verset 32. Il indique que l’union du
mariage est un mystère parce que sa signification profonde, qui avait
été cachée par Dieu tout au long de l’histoire de l’Ancien Testament,
est à présent révélée clairement par l’apôtre : le mariage est une
représentation de la relation entre le Christ et l’Église. Verset 32 :
« Je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église. »
Le mariage est donc semblable à une métaphore, ou une image,
un tableau, une parabole, ou encore un modèle réduit, qui représente
bien davantage que la seule union d’un homme et d’une femme pour
former une seule chair. Il représente la relation qui existe entre le
Christ et l’Église. Voilà la signification la plus profonde du mariage.
Il est censé être une représentation vivante de l’amour d’alliance
entre le Christ et l’Église.

Le parallèle entre un seul corps


et une seule chair
Et on voit bien que cela est confirmé aux versets 28 à 30, où
l’apôtre fait clairement le parallèle entre le Christ et l’Église, qui
forment un seul corps, et le mari et la femme, qui ne font plus
qu’une seule chair. Versets 28 et 29 : « De même, les maris doivent
aimer leur femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme

90
Les fondements de l’autorité

s’aime lui-même. Jamais personne, en effet, n’a détesté sa propre chair ;


au contraire, il la nourrit et en prend soin. » Autrement dit, l’union
de l’homme et de la femme pour former une seule chair signifie
que, dans un sens, ils ne forment qu’un seul corps – à tel point que
lorsque le mari prend soin de sa femme, c’est comme s’il prenait
soin de lui-même. Ils ne sont plus qu’un : ce qu’il fait pour elle, il
le fait pour lui-même.
Puis Paul compare ce rapport à la relation bienveillante du Christ
envers l’Église. Versets 29 et 30 (S21) : « En effet, jamais personne n’a
détesté son propre corps. Au contraire, il le nourrit et en prend soin,
tout comme le Seigneur le fait pour l’Église, parce que nous sommes
les membres de son corps. » Il faut bien comprendre ce parallèle : le
Christ nourrit et prend soin de l’Église parce que nous sommes les
membres de son corps (c’est-à-dire les bras, les jambes, les mains et
les pieds). De la même manière, les maris nourrissent et prennent
soin de leur femme « comme leur propre corps ». Jamais personne n’a
détesté son propre corps, ou sa propre chair. Or, notre épouse est notre
propre chair tout comme l’Église est le corps du Christ ; et le mari
ne forme qu’une seule chair avec sa femme, tout comme le Christ ne
forme qu’un seul corps avec l’Église. Lorsque le mari nourrit et prend
soin de sa femme, c’est lui-même qu’il nourrit et dont il prend soin ;
et lorsque le Christ nourrit et prend soin de l’Église, c’est lui-même
qu’il nourrit et dont il prend soin.
Toute cette explication souligne ce que Paul appelle un « grand
mystère », à savoir que, dans sa signification la plus profonde, le
mariage est le reflet de la relation entre le Christ et l’Église. Pour
comprendre le sens que Dieu donne au mariage, il faut comprendre
qu’il s’agit d’une copie de l’original, de la métaphore d’une réalité
supérieure, d’une parabole et d’une vérité plus profonde. L’original,
la réalité, la vérité, c’est le mariage de Dieu avec son peuple – ou,
comme nous le voyons à présent dans le Nouveau Testament, le
mariage du Christ avec l’Église. Par contre, la copie, la métaphore, la
parabole, c’est le mariage humain entre un homme et une femme.
Dans un des meilleurs livres que j’aie lus sur le mariage, Geoffrey
Bromiley déclare : « De même qu’il a créé l’homme à son image, Dieu

91
Ce mariage éphémère
a créé le mariage humain à l’image de son mariage éternel avec son
peuple9. » Je pense que c’est exactement cela. Et c’est une des choses
les plus profondes que l’on puisse dire à propos de la vie humaine.

Le Christ - l’Église,
la tête - le  corps,
le  mari - la femme
Un des enseignements qu’il convient de tirer de ce mystère est
que le mari et la femme ont des rôles bien distincts. Voyons com-
ment, en Éphésiens 5 : 21-25, Paul précise que la place que le mari
et la femme sont appelés à occuper au sein du mystère du mariage
reflète parfaitement la relation entre le Christ et l’Église :
Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du Christ ;
ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ; car l’homme
est la tête de la femme, comme le Christ est la tête de l’Église,
qui est son corps et dont il est le Sauveur ; en tout cas, comme
l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi les femmes se soumettent en
tout à leur mari. Maris, aimez votre femme comme le Christ a
aimé l’Église : il s’est livré lui-même pour elle.

Les maris sont comparés au Christ, et les femmes à l’Église. Les


maris sont présentés comme la tête, et les femmes comme le corps.
Les maris sont exhortés à aimer comme le Christ a aimé, et les
femmes à se soumettre comme l’Église doit se soumettre au Christ.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, nombreux sont ceux
qui passent à côté de cela en lisant ce passage. Ou alors, ils le voient
mais n’en tiennent pas compte. Je pense notamment à ceux qu’on
qualifie d’égalitariens, c’est-à-dire ceux qui rejettent l’idée que
l’homme soit appelé à être le chef du foyer. Ils mettent en avant
uniquement le verset 21 et le principe de la soumission mutuelle.
Tous s’accordent sur le fait que le verset 21 découle du verset 18, où
Paul nous exhorte à être remplis de l’Esprit. Voici ce qu’il est écrit
aux versets 18 à 21 :

9
Geoffrey Bromiley, God and Marriage (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1980), p. 43.

92
Les fondements de l’autorité

Ne vous enivrez pas de vin ; cela mène à la débauche. Soyez au


contraire remplis de l’Esprit. Dites-vous des psaumes, des hymnes
et des cantiques spirituels ; chantez et célébrez de tout votre cœur
les louanges du Seigneur ; remerciez constamment Dieu le Père
pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ; soumettez-
vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu.
Éphésiens 5 : 18-21 –s21

La soumission mutuelle est considérée comme une conséquence


du fait d’être rempli du Saint-Esprit. Le mari et la femme qui
sont remplis du Saint-Esprit se placent au service l’un de l’autre.
Ils s’humilient et s’abaissent afin d’élever leur conjoint. Ils font
passer les besoins de l’autre avant leurs préférences ou leur confort.
Amen ! Puisse cela se produire toujours plus. Mon propos n’est
certainement pas de minimiser l’aspect réciproque de la soumission
et du service.

Soumission mutuelle et rôles distincts


Le problème est que les égalitariens semblent s’arrêter à la
soumission mutuelle, comme s’il n’y avait rien d’autre à dire à
propos des fonctions respectives des conjoints, ou comme si c’était
le seul enseignement de ce texte. Or, en s’arrêtant là, la plupart de
nos contemporains se retrouvent face à une profonde ambiguïté et
une grande confusion quant aux rôles que l’homme et la femme
devraient avoir au sein du couple. Même après avoir clairement
établi que le mari et la femme devraient faire preuve d’humilité l’un
envers l’autre, se placer au service l’un de l’autre, désirer répondre
aux besoins l’un de l’autre, s’édifier réciproquement – même après
avoir dit tout cela, il subsiste une grande incertitude sur ce qui
différencie éventuellement le rôle du mari et celui de la femme.
La différence entre les sexes se limite-t-elle au don biologique de
la maternité ? Ou bien existe-t-il quelque chose de plus profond ?
Il est particulièrement surprenant de voir que les égalitariens
ne saisissent pas ce qui saute aux yeux de n’importe quel lecteur
d’Éphésiens 5. Après avoir affirmé le principe de la soumission

93
Ce mariage éphémère
mutuelle au verset 21, Paul consacre douze versets à expliquer la
différence qui existe dans la façon dont le mari et la femme sont
appelés à être au service l’un de l’autre. Il n’est pas nécessaire de nier
la soumission mutuelle pour affirmer l’importance de la fonction
spécifique du mari en tant que chef et de l’appel spécifique de la
femme à se soumettre à cette autorité.
Pour comprendre cette distinction, il suffit de se rappeler que
Jésus lui-même a noué un linge autour de sa taille et s’est agenouillé
pour laver les pieds de ses disciples (l’époux au service de son
épouse) – et pourtant, à aucun instant un seul des apôtres présents
dans la pièce ne s’est demandé qui était le chef dans cette situa-
tion. Autrement dit, la soumission mutuelle et l’esprit de service
n’annulent absolument pas la réalité concernant le leadership et
l’autorité. L’esprit de service n’abolit pas le rôle de chef ; il le définit.
Jésus ne cesse pas d’être le lion de la tribu de Juda en devenant le
serviteur de l’Église semblable à un agneau.
Après avoir attiré l’attention sur la soumission mutuelle ou sur
l’esprit de service au verset 21, Paul consacre tout le reste du passage
jusqu’au verset 33 à expliquer la différence entre le rôle du mari et
celui de la femme – c’est-à-dire entre l’autorité bienveillante du mari
qui suit l’exemple du Christ et la soumission volontaire de la femme
qui s’inspire de la façon dont l’Église est appelée à suivre le Christ.
Or, nous ne devons pas voir aujourd’hui dans ce texte un simple
appel à la soumission mutuelle laissant aux jeunes gens le soin de
chercher à tâtons ce que signifie être un mari ou une femme. Nous
devons réellement y puiser le sens de l’autorité et de la soumission.
Qu’est-ce qu’implique concrètement et positivement le fait d’être
appelé la tête et qu’est-ce qui confère à l’homme son rôle bien spé-
cifique au sein du couple ?
Il ne suffit pas de dire « placez-vous au service l’un de l’autre ».
Cela est vrai du Christ et de l’Église : ils sont au service l’un de
l’autre. Cependant, ils ne le sont pas de façon identique. Le Christ
est le Christ, et nous sommes l’Église. Oublier la différence fonda-
mentale qui existe entre les deux serait dévastateur aussi bien sur
le plan doctrinal que spirituel. De la même manière, l’homme est

94
Les fondements de l’autorité

la représentation du Christ en tant qu’époux et la femme celle de


l’Église en tant qu’épouse. Et introduire de la confusion dans ces
différences établies par Dieu, ou y renoncer, entraîne toujours plus
de désillusion, de divorces et de destruction.

Ni arbitraire, ni interchangeable
Le passage d’Éphésiens 5 montre clairement que les rôles respec-
tifs du mari et de la femme au sein du couple n’ont pas été attribués
de manière arbitraire, et qu’ils ne sont pas plus interchangeables que
ne le sont celui du Christ et de l’Église. Les fonctions de chacun des
conjoints sont ancrées dans les rôles tout à fait distincts du Christ
et de son Église. La révélation de ce mystère consiste à rétablir le
dessein initial que Dieu avait pour l’alliance du mariage dans le
jardin d’Éden.
Le meilleur moyen de comprendre cette réalité est de réfléchir à
la façon dont le péché a corrompu l’autorité et la soumission, puis
de voir que ce qu’enseigne Paul dans ce passage est parfaitement
adapté pour remédier au problème. Lorsque le péché est entré dans le
monde, il a détruit l’harmonie qui régnait dans le couple, mais pas du
fait qu’il aurait engendré les principes de l’autorité et de la soumission
au sein du couple. Non, le problème est que le péché a tout dénaturé :
l’autorité que l’homme était censé exercer avec humilité et amour est
devenue une domination hostile chez certains et une indifférence
paresseuse chez d’autres. Et la soumission intelligente, volontaire,
heureuse, créative et bien comprise de la femme est devenue une ser-
vilité manipulatrice chez certaines et une insubordination insolente
chez d’autres. Le péché n’a pas créé l’autorité et la soumission au sein
du couple ; il les a plutôt détruites et dénaturées en les transformant
en quelque chose de laid et de destructeur.

La reconquête après les ravages


du péché
Si c’est réellement le cas, alors la rédemption que nous atten-
dons avec la venue du Christ ne consistera pas en un démantè-
lement de l’ordre des choses tel qu’il a été créé à l’origine, avec

95
Ce mariage éphémère
une autorité bienveillante d’un côté et une soumission volontaire
de l’autre, mais en une reconquête de celui-ci après les ravages
du péché. C’est d’ailleurs précisément ce qui est expliqué en
Éphésiens 5 : 21-33. Vous les femmes, permettez la rédemption de
votre soumission corrompue par le péché en la rendant conforme
au dessein de Dieu pour l’Église ! Et vous les maris, permettez la
rédemption de votre autorité en la rendant conforme au dessein
de Dieu pour le Christ !
Par conséquent, l’autorité qu’est censé exercer le mari n’est
nullement un droit – de contrôler, de maltraiter, de négliger. Il
s’agit au contraire d’une responsabilité : celle d’aimer comme le
Christ en dirigeant, en protégeant et en pourvoyant aux besoins
de sa femme et de sa famille. C’est le sacrifice du Christ qui est le
modèle à suivre. La soumission dont il est question n’a rien à voir
avec la servilité, la contrainte ou la peur. Ce n’est pas la réaction
que le Christ attend de l’Église lorsqu’il la dirige, la protège et
pourvoit à ses besoins. Il désire que l’Église se soumette librement,
de son plein gré, dans la joie, et que cette soumission la purifie
et la fortifie.
Autrement dit, le passage d’Éphésiens 5 : 21-33 a deux effets : il
prévient les abus d’autorité en exhortant les maris à aimer comme
Jésus, et il prévient l’avilissement de la soumission en exhortant
les femmes à réagir comme l’Église, que le Christ appelle à se
soumettre à lui.

Quelques définitions
J’aimerais terminer ce chapitre en donnant brièvement la défi-
nition de l’autorité et de la soumission ; puis nous passerons, au
chapitre suivant, à l’application concrète de l’autorité.
L’autorité est la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel
incombe en priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de
pourvoir aux besoins de son foyer, dans un esprit de service et à
l’image du Christ.

96
Les fondements de l’autorité

La soumission est la fonction à laquelle Dieu appelle la femme,


lui demandant d’honorer et de soutenir le leadership exercé par son
mari, et de l’aider à l’assumer selon les dons qu’elle a reçus10.
Les enjeux sont importants. J’espère que vous les prenez au
sérieux, que vous soyez célibataire ou marié, jeune ou âgé. Il n’y va
pas seulement de la structure de notre société, mais de la révélation
concernant le Christ et son Église, et leur alliance éternelle.

Voir le chapitre suivant pour le fondement biblique des termes diriger, protéger et
10

pourvoir.

97
Comme chef, il est responsable de sa femme,
de sa vie conjugale et de sa maison.
C’est à lui qu’incombent le souci et la protection
des siens ; il représente sa maison en face du monde,
il est le soutien et la consolation des siens, le maître
du foyer, qui exhorte, punit, aide et console
et qui répond de sa maison devant Dieu.
C’est bon, parce que c’est la disposition divine,
que la femme honore l’homme dans son ministère
et que l’homme remplisse son ministère réellement.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre sept
Un cœur de lion
et une ressemblance à l’agneau
Le mari chrétien comme la tête :
Que signifie diriger ?

Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du


Christ ; ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ;
car l’homme est la tête de la femme, comme le Christ est la
tête de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur ;
en tout cas, comme l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi
les femmes se soumettent en tout à leur mari. Maris, aimez
votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré
lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant
par le bain d’eau et la Parole, pour faire paraître devant
lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de
semblable, mais sainte et sans défaut. De même, les maris
doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Celui
qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne, en
effet, n’a détesté sa propre chair ; au contraire, il la nourrit
et en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église,
parce que nous faisons partie de son corps. C’est pourquoi

99
Ce mariage éphémère
l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à
sa femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un
grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et
à l’Église. Quoi qu’il en soit, que chacun de vous aime sa
femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 : 21-33

Jésus a établi comme modèles pour la masculinité le lion de


la tribu de Juda et l’Agneau de Dieu. Autant dans ses moments
de triomphe que d’humiliation, il n’a jamais cessé de diriger, de
pourvoir et de protéger. Toutefois, certains ont peut-être encore
de la difficulté à voir que le concept d’autorité implique d’abord et
avant tout l’idée de leadership. À cet égard, le verset clé en matière
d’autorité est Éphésiens 5 : 23 : « L’homme est la tête de la femme,
comme le Christ est la tête de l’Église, qui est son corps et dont il est le
Sauveur. » Par conséquent, pour exercer sa fonction bien spécifique
au sein du couple, le mari doit prendre exemple sur le Christ quant
à sa relation avec l’Église. Pour moi, cela signifie que le mari est
appelé à assumer une responsabilité toute particulière de direction
au sein du couple.

Les différents aspects du leadership


À la fin du chapitre précédent, j’ai indiqué quelle était, à mon
avis, la définition biblique de l’autorité dévolue au mari : l’autorité est
la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel incombe en priorité
la responsabilité de diriger, de protéger et de pourvoir aux besoins de son
foyer, dans un esprit de service et à l’image du Christ. Plus je pense à
ces trois aspects de l’autorité – diriger, protéger et pourvoir –, plus il
me semble qu’on peut en réalité les résumer par une notion unique
s’exprimant par deux attitudes. Cette notion unique est le fait de
diriger, et les deux attitudes par lesquelles cette direction s’exprime
sont celles de protéger et de pourvoir. Autrement dit, le mari exprime
sa qualité de leader en se chargeant de veiller à la protection de sa
famille et de pourvoir à ses besoins. Protéger et pourvoir ne sont
donc pas des fonctions distinctes de celle de leader. Il s’agit, au

100
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

contraire, de deux aspects primordiaux au sujet desquels le mari est


appelé à assumer pleinement sa responsabilité.
Nous allons voir à présent dans la Bible ce qui étaye cette thèse,
avant de passer à quelques applications ou illustrations de ce que
cela signifie. À partir du passage d’Éphésiens, considérons quelques
arguments montrant pourquoi le terme tête (verset 23) implique
une responsabilité tout à fait particulière en termes de leadership.

Être la tête, c’est diriger


Premièrement, le mot tête est utilisé pour désigner les dirigeants
dans l’Ancien Testament. Par exemple, en Juges 11 : 11 : « Jephté
partit avec les anciens de Galaad. Le peuple le mit à sa tête comme
chef et capitaine [eis kephalēn kai eis archēgon]. » (Voir aussi Juges
10 : 18 ; 11 : 8-9 ; 2 Samuel 22 : 44 ; Psaume 18 : 43 ; Ésaïe 7 : 8.)
Deuxièmement, Éphésiens 1 : 21-23 déclare que le Christ est
« au-dessus […] de tout nom qui puisse se prononcer […]. [Dieu] a
tout mis sous ses pieds et l’a donné comme tête, au-dessus de tout, à
l’Église qui est son corps. » Ce texte met en avant le règne et l’autorité
du Christ en le désignant comme la tête de l’Église. L’accent est donc
mis sur le fait qu’il dirige l’Église.
Troisièmement, en Éphésiens 5 : 25, Paul déclare : « Maris,
aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré
lui-même pour elle. » Bien que l’accent soit mis ici sur le sacrifice
accompli par le Christ pour son épouse – exhortant de ce fait le
mari à aimer d’un même amour –, il ne faut surtout pas passer à
côté de cette vérité implacable : c’est de sa propre initiative que le
Christ a accompli cet acte. Il n’a pas agi à la demande de l’Église.
Ce n’est pas l’Église qui a planifié son salut ni sa sanctification,
mais le Christ. Nous avons là l’exemple du leadership dans sa
forme la plus noble. Et pourtant, c’est un leadership de serviteur.
Le Christ prend l’initiative de sauver son épouse et il le fait en
souffrant et en mourant pour elle.
Le sacrifice du Christ est une expression de son leadership, non
pas seulement en ce sens qu’il l’a organisé et en a pris l’initiative,

101
Ce mariage éphémère
mais également du fait qu’il est mort pour nous donner un exemple
à suivre. Jésus lui-même a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite,
qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me
suive » (Matthieu 16 : 24). Autrement dit : « J’ai pris l’initiative de
souffrir par amour ; maintenant, c’est à vous de prendre votre croix
et de me suivre. » Voilà pourquoi l’exercice du leadership n’est pas
avant tout un droit ni un privilège, mais plutôt une charge et une
responsabilité.
Enfin, à la lumière de ces trois raisons expliquant pourquoi être
la tête c’est diriger, j’aimerais vous soumettre le quatrième argument
qui est le suivant : la notion de soumission en lien avec l’autorité
implique, elle aussi, qu’être la tête c’est diriger. Paul déclare aux
versets 22 et 23 : « [Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du
Christ] ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ; car l’homme
est la tête de la femme. » Quand le fondement de la soumission de la
femme est présenté comme étant l’autorité du mari, il est évident
que cette autorité implique un type de leadership qu’une femme
peut encourager et honorer.
Je rappelle la définition de la soumission, que nous dévelop-
perons au chapitre 8 : « La soumission est la fonction à laquelle
Dieu appelle la femme, lui demandant d’honorer et de soutenir le
leadership exercé par son mari, et de l’aider à l’assumer selon les
dons qu’elle a reçus. » En conséquence lorsque la soumission est
en corrélation avec l’autorité, cela signifie que l’autorité implique
naturellement le leadership. La femme honore et soutient le lea-
dership exercé par son mari et l’aide à l’assumer en fonction des
dons qu’elle a reçus.
À partir de ces quatre observations – et nous pourrions en faire
davantage en examinant d’autres passages de la Bible –, j’en déduis
que l’autorité est la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel
incombe en priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de pour-
voir aux besoins de son foyer, dans un esprit de service et à l’image du
Christ.

102
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

Diriger en protégeant
Mais où voit-on exprimée dans ce texte l’idée qu’en vertu de son
rôle de leader le mari doit assumer une responsabilité particulière
envers sa famille en la protégeant et en pourvoyant à ses besoins ?
Parlons d’abord de sa fonction de protecteur. Aux versets 25-27,
Paul montre au mari comment il doit aimer sa femme – c’est-à-dire
comment être un leader serviteur à l’image du Christ :
Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il
s’est livré lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant
par le bain d’eau et la Parole, pour faire paraître devant lui
cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et sans défaut.
En lisant les mots « il s’est livré lui-même pour elle », on pense
immédiatement au sacrifice par lequel Jésus-Christ nous a sauvés.
Lorsque le Christ s’est offert pour nous, il a pris notre place. Il a
« porté nos péchés » (1 Pierre 2 : 24), il est devenu malédiction pour
nous (Galates 3 : 13) et il est mort pour nous (Romains 5 : 8). Et
grâce à tout cela, nous sommes réconciliés avec Dieu et pouvons
échapper à sa colère (en être protégés !), comme il est écrit en
Romains 5 : 10 : « Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons
été réconciliés avec Dieu au moyen de la mort de son Fils, à bien
plus forte raison, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. »
C’est l’exemple par excellence du leader qui prend l’initiative de
sauver et de protéger son épouse. De ce fait, quand Paul exhorte le
mari à être la tête de sa femme en l’aimant à l’image du Christ, cela
veut dire au moins une chose : protège-la à tout prix !

Diriger en subvenant aux besoins


Qu’en est-il de l’idée de pourvoir ? Je soutiens que l’autorité est
la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel incombe en priorité
la responsabilité de diriger, de protéger et de pourvoir aux besoins de
son foyer, dans un esprit de service et à l’image du Christ. Y a-t-il dans
ce texte des éléments qui permettent d’affirmer qu’en vertu de son
rôle de leader le mari est le principal responsable pour ce qui est
de pourvoir aux besoins de sa femme et de ses enfants ? Il se trouve

103
Ce mariage éphémère
que c’est encore plus explicite. Examinons les versets 28 et 29 : « De
même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre
corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne,
en effet, n’a détesté sa propre chair ; au contraire, il la nourrit et en
prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église. »
Les mots nourrir et prendre soin sont tout à fait significatifs. Le
mot traduit par « nourrit » (ektrephei) est le plus souvent employé
dans la Bible pour désigner le fait d’élever des enfants et de pourvoir
à leurs besoins. Toutefois, l’aspect qui s’applique ici au mari est non
pas qu’il doive agir comme un parent, mais qu’il est appelé à subvenir
aux besoins avec soin. C’est plutôt dans le sens de Genèse 45 : 11,
où Joseph demande à ses frères de remettre ce message à leur père :
« Je pourvoirai à tous tes besoins [ekthrepsō], car il y aura encore
cinq années de famine. » Par conséquent, nous pouvons au moins en
déduire que le mari qui dirige à l’image du Christ prend l’initiative
de veiller à ce que les besoins de sa femme et de ses enfants soient
satisfaits. Il pourvoit à leurs besoins.
De la même manière, l’autre terme employé en Éphésiens 5 : 29
pointe dans la même direction, mais avec encore plus de tendresse. « Il
la nourrit et en prend soin [thalpei] [de sa propre chair et, par extension,
de sa femme], comme le Seigneur le fait pour l’Église. » Le mot traduit
par « prendre soin » est employé une autre fois par Paul, et ce pour
décrire le tendre amour qu’il éprouve pour l’Église de Thessalonique. Il
se compare à une mère qui prend soin de son bébé : « Mais nous avons
été pleins de bienveillance au milieu de vous. De même qu’une mère
prend un tendre soin de ses enfants […] » (1 Thessaloniciens 2 : 7 – S21)
En s’exprimant ainsi, Paul ne cherche nullement à rabaisser les gens de
cette Église ; son but est plutôt de souligner sa tendre bienveillance à
leur égard et le fait qu’il était prêt à tout faire pour eux, tout comme
une mère le ferait pour son enfant.
J’en conclus donc que nous trouvons de bonnes raisons en
Éphésiens 5 (sans parler de Genèse 1–3 et d’autres passages) de mettre
en avant la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel incombe en
priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de pourvoir aux besoins
de son foyer, dans un esprit de service et à l’image du Christ.

104
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

il y va de la vie
Or, il convient de remarquer quelque chose à propos de ces
deux fonctions. Si elles sont mises ainsi en avant, c’est parce qu’elles
sont absolument fondamentales. Pour celui qui n’est pas protégé
et dont les besoins ne sont pas pourvus, c’est la vie elle-même qui
est menacée. Voici par conséquent la raison pour laquelle ces deux
fonctions sont mises en valeur si promptement : si le mari échoue
dans sa mission de leader au sein de son couple, il risque fort de
n’avoir pas d’autre endroit pour réaliser celle-ci. C’est la vie de la
famille qui dépend de ses capacités de protecteur et de pourvoyeur.
La vie a besoin d’être protégée et nourrie, sans quoi elle disparaît.
Mais il existe une deuxième raison pour laquelle ces deux fonc-
tions sont mises en avant : elles ont toutes les deux une signification
à la fois physique et spirituelle. Il faut pourvoir à la nourriture
physique, mais aussi à la nourriture spirituelle. Le mari doit protéger
sa famille des dangers physiques, mais aussi des dangers spirituels
qui la menacent. Donc, quand on y réfléchit, quasiment toutes les
responsabilités que le mari est appelé à assumer dans le cadre de son
leadership peuvent être résumées par quatre fonctions : 1) pourvoir
aux besoins physiques (comme la nourriture et le logement) ;
2) pourvoir aux besoins spirituels (comme la Parole de Dieu et le
rôle de guide, l’instruction et l’encouragement sur le plan spirituel) ;
3) la protection physique (par exemple contre les agressions, les
catastrophes naturelles ou la maladie) ; 4) la protection spirituelle
(comme la prière, les mises en garde et la défense du foyer contre
certaines influences). Pourvoir aux besoins physiques et spirituels ;
protéger physiquement et spirituellement.

Quelques mots d’encouragement


et de mise en garde
Avant de vous donner quelques exemples, j’aimerais adresser
quelques mots d’encouragement et un appel à la prudence. D’abord,
mes paroles d’encouragement sont pour les hommes. Peut-être vous
sentez-vous un peu dépassés en découvrant ce discours très nouveau ;
je veux néanmoins vous encourager en vous rappelant que le Christ

105
Ce mariage éphémère
ne nous demande jamais d’accomplir quoi que ce soit sans nous en
donner les moyens. À la maison, mon père aimait bien nous citer
ce verset de Philippiens 4 : 13 (S21) : « Je peux tout par celui qui me
fortifie. » Les maris sont appelés à prendre en charge des fonctions
particulièrement difficiles à assumer. Diriger n’est pas chose facile.
Cela fait partie de la vie chrétienne : « Chargez-vous de votre croix
et suivez-moi. » Cependant, à chaque commandement est associée
une promesse. « N’aie pas peur, car je suis avec toi ; ne jette pas des
regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te rends fort, je viens à ton
secours, je te soutiens de ma main droite victorieuse » (Ésaïe 41 : 10).
Donc, prenez courage. Le leadership est difficile à assumer. Mais
vous êtes un homme. Si votre père ne vous a jamais appris à diriger,
votre Père céleste le fera.
Ensuite, mon appel à la prudence s’adresse aux femmes. Vous ne
pouvez pas exiger de votre mari qu’il prenne la direction du foyer,
et ce, pour plusieurs raisons. 1) Exiger est en totale contradiction
avec ce à quoi vous aspirez. Ce n’est pas en phase avec qui vous
êtes. Si vous exigez, ce n’est plus lui le leader. 2) Exiger est contre-
productif, car si d’aventure il avait envie de faire des efforts dans ce
domaine, vos exigences refréneraient son désir puisqu’il n’aura plus
le sentiment de diriger ; il aura juste l’impression de se plier à vos
exigences. 3) Il faut que la décision vienne de lui, sous l’action de la
Parole et de l’Esprit de Dieu.
Par conséquent, au lieu d’exiger, commencez par prier avec
ardeur pour lui, en demandant à Dieu de réveiller sa véritable
masculinité. Ensuite, quand vous n’êtes ni fatiguée ni en colère,
demandez à votre mari d’avoir un moment seule à seul avec lui
afin de parler de ce à quoi vous aspirez profondément. Quand vous
exprimez vos désirs, faites-le sans lui adresser d’ultimatum, et avec
une espérance fondée en Dieu et non en l’homme. Et manifestez
de la gratitude et du respect pour toute forme de leadership dont il
fait preuve au sein du foyer.

106
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

Quelques exemples et explications


Après ces paroles d’encouragement et de prudence, voici quelques
exemples et explications. Mon propos est d’être succinct et de
susciter la réflexion, plutôt que d’essayer de répondre à toutes les
questions possibles. Examinons en quoi consiste le rôle du mari dans
chacun des quatre domaines indiqués plus haut.

1. Diriger en subvenant aux besoins spirituels


Pour pouvoir donner à votre famille la nourriture spirituelle dont
elle a besoin, vous devez savoir de quoi il s’agit. Autrement dit, vous
devez chercher Dieu avec ardeur ! Vous ne pouvez diriger spirituelle-
ment que si vous progressez vous-même dans votre connaissance de
Dieu et votre amour pour lui. Si votre âme est nourrie de la Parole
de Dieu, cela vous poussera à nourrir spirituellement votre femme
et vos enfants.
Réunissez chaque jour votre femme et vos enfants pour un culte
familial – peu importe le nom que vous lui donnez : temps de prière
familial, étude biblique en famille, méditation… Prenez l’initiative
de les rassembler. Si vous ne savez pas quoi faire, demandez à des
frères en Christ comment ils s’y prennent. Ou bien demandez à
votre femme ce qu’elle aimerait faire. Vous n’avez pas forcément à
gérer cela tout seul. N’oubliez pas qu’être le chef du foyer c’est être
le principal responsable, et non pas le seul responsable. Quant à la
femme, elle est toujours – nous l’espérons – un soutien et une aide
pour son mari. D’ailleurs, elle a souvent des dons que son mari ne
possède pas. Ce que les femmes désirent à juste titre, c’est que leur
mari prenne l’initiative sur le plan spirituel et moral, pas qu’il exerce
une domination spirituelle et morale.
N’oubliez pas non plus qu’il n’existe pas forcément de lien entre
l’efficacité dont vous ferez preuve en tant que chef du foyer et le
fait d’être intellectuellement supérieur ou plus compétent que votre
femme. Le leader ne part pas du principe qu’il est supérieur. Le
leader part du principe qu’il doit prendre l’initiative. Il vous incombe
de veiller à ce que votre famille prie, lise la Bible, aille à l’église, se
préoccupe des questions spirituelles et morales, apprenne à faire

107
Ce mariage éphémère
bon usage des moyens de grâce, approfondisse ses connaissances, et
s’inspire de votre exemple dans tous ces domaines.

2. Diriger en subvenant aux besoins physiques


C’est au mari qu’incombe en priorité la responsabilité de mettre
du pain sur la table. Là encore, la précision en priorité est impor-
tante. Certes, les deux conjoints travaillent. De tout temps, cela a
toujours été le cas : l’homme et la femme travaillent tous les deux.
Cependant, ils ont normalement chacun leur sphère d’activité : le
mari est le soutien de famille ; la femme gère et organise la maison,
et prend soin du foyer.
Cela n’a jamais voulu dire qu’il n’y a pas de période de la vie
au cours de laquelle la femme pourrait travailler à l’extérieur de la
maison ou que le mari pourrait participer aux tâches ménagères. Cela
signifie, en revanche, que si le mari ne se positionne pas comme étant
celui qui donne sa vie pour mettre du pain sur la table, il compromet
son âme et n’envoie pas le bon message à sa femme et ses enfants.
Certes, il peut avoir un handicap et être dans l’incapacité d’agir
selon ce que son cœur désire, ou bien il peut être temporairement
en formation pendant que sa femme pourvoit aux besoins de la
famille. Mais dans tous les cas il faut que son cœur – et, si possible,
son corps – le pousse à utiliser sa tête et ses mains pour subvenir aux
besoins physiques de sa femme et de ses enfants.

3. Diriger en assurant la protection spirituelle


Les dangers spirituels qui menacent aujourd’hui la famille sont
innombrables et insidieux. Nous avons plus que jamais besoin
de vaillants guerriers qui combattent, non pas avec des lances
et des boucliers, mais avec courage et discernement biblique.
Premièrement, vous les maris, faites monter chaque jour cette prière
pour votre famille : « Ne les expose pas à la tentation, mais délivre-
les du mal. » Combattez pour elle dans la prière, contre le diable,
le monde et la chair. Intercédez pour votre famille en utilisant les
prières de la Bible. Ne vous lassez pas. Dieu écoute et exauce les
prières d’intercession pour nos femmes et nos enfants.

108
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

Fixez des règles pour votre femme et vos enfants. Discutez-en


avec votre épouse. N’oubliez pas qu’exercer l’autorité, c’est là encore
être le principal et non le seul responsable. Les femmes ont en
général envie de nous donner un coup de main dans ce domaine,
mais elles sont frustrées lorsque nous ne prenons aucune initiative
et les laissons se débrouiller pour définir et faire appliquer les règles
toutes seules.
Prenez l’initiative de réfléchir à ce qui sera autorisé à la télévision ;
aux films que les enfants et vous irez voir ; à la musique que vous
écouterez ; à la hauteur de l’encolure de votre fille. Le papa a un
rôle primordial à jouer dans la définition des critères de décence
des tenues vestimentaires de sa fille. Certes, maman a toute sa place
dans ce domaine pour aider la jeune fille à apprendre le sens de la
pudeur et de la beauté. Mais le rôle du père est indispensable, tant
pour la complimenter sur son apparence que pour lui signifier que
sa tenue vestimentaire communique autre chose que ce qu’elle croit.
Les papas savent exactement ce que je veux dire. Il vous faut être
courageux sur ce plan. N’ayez pas peur. C’est votre fille et il faut
qu’elle entende de votre bouche le message qu’elle communique aux
hommes par sa manière de s’habiller.
Il y a une autre façon de manifester votre leadership en matière de
protection spirituelle. Voici ce que dit Paul en Éphésiens 4 : 26-27 :
« Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ; que le soleil ne se
couche pas sur votre irritation ; ne laissez pas de place au diable. »
Autrement dit, vous ouvrez tout grand la porte de votre maison
au diable si vous allez vous coucher sans avoir réglé un problème
de colère – que cela concerne vos enfants ou votre couple. Être un
leader veut aussi dire que nous devons prendre l’initiative et chercher
la réconciliation.
Je ne dis pas que les femmes ne doivent jamais demander pardon.
Cependant, dans la relation entre le Christ et son Église, qui a pris
l’initiative de « faire toutes choses nouvelles » ? Qui a laissé le confort
et la sécurité de son trône de justice afin de mettre en œuvre sa
miséricorde sur la croix du Calvaire ? Qui a fait le premier pas vers
Pierre, alors que celui-ci l’avait renié trois fois ? Qui est revenu vers

109
Ce mariage éphémère
vous maintes et maintes fois, vous pardonnant et vous offrant à
nouveau sa communion ? C’est Jésus, le leader par excellence, celui
qui prend toujours l’initiative.

Par conséquent, exercez votre autorité de mari en faisant le


premier pas. Prenez l’initiative. Et même si c’est de sa faute à elle,
peu importe. Cela n’a pas arrêté le Christ. Qui sera le premier
à briser le silence glacial ? Qui se résoudra à balbutier ces mots :
« Je suis désolé(e), je veux améliorer les choses » ? Ou bien : « On
peut parler ? Je voudrais que ça aille mieux. » Il se peut qu’elle
vous devance. Et parfois il n’y a rien de mal à cela. Mais malheur
à vous si vous estimez que puisque c’est de sa faute, c’est à elle de
prononcer les premiers mots de réconciliation. Être la tête du foyer
n’est pas chose facile. C’est la tâche la plus difficile au monde et le
chemin d’humilité par excellence. Protégez votre famille. Efforcez-
vous, autant que cela dépende de vous, de faire la paix avant que
le soleil ne se couche.

4. Diriger en assurant la protection physique


Ce dernier point est tellement évident qu’il n’est pas besoin de
l’illustrer – enfin, je l’espère ! Si vous entendez du bruit au milieu
de la nuit et que ce pourrait être un cambrioleur, vous ne dites pas
à votre femme : « Écoute, chérie, on est un couple égalitarien, donc
c’est ton tour d’aller voir ce qui se passe ; j’y suis allé la dernière fois. »
Et je suis sérieux – même si votre femme est ceinture noire de karaté.
Une fois que vous aurez tenté de faire fuir le cambrioleur, elle pourra
alors l’achever d’un bon coup de pied au plexus solaire. Mais vous
avez intérêt à être par terre sans connaissance, sinon vous n’êtes pas
un homme. Cette vérité est gravée dans votre âme, mon frère, par
le Dieu tout-puissant. Qu’il soit grand ou petit, fort ou faible, de
jour comme de nuit, c’est à vous d’affronter l’ennemi le premier.
Malheur aux maris – et aux pays – qui envoient leurs femmes livrer
leurs combats !

110
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r  ?

Un mari qu’aucune femme


ne regrette d’avoir Épousé
Lorsqu’Adam et Ève ont péché dans le jardin d’Éden et que Dieu
est venu leur demander des comptes, le fait qu’Ève ait été celle qui
avait péché la première n’a eu aucune importance ; c’est à l’homme
que Dieu s’est adressé en lui disant : « Où es-tu ? » (Genèse 3 : 9).
C’est la question que Dieu pose de nos jours à la famille : « Adam,
mari, père, où es-tu ? » Si quelque chose ne fonctionne pas comme il
faut chez les Piper et que Jésus vienne frapper à la porte, même s’il a
quelque chose à reprocher à ma femme, voici la première chose qu’il
demandera quand elle lui ouvrira la porte : « Est-ce que l’homme de
la maison est là ? » C’est comme cela que ça s’est passé avec le premier
couple ; et il en sera de même pour notre couple.
Quand un homme assume avec joie la responsabilité que Dieu
lui confie en priorité, à savoir de diriger, de protéger et de pourvoir
aux besoins de son foyer, dans un esprit de service et à l’image du
Christ (la responsabilité de veiller au bien-être spirituel de la famille,
d’éduquer les enfants et d’exercer la discipline, de gérer l’argent du
foyer, d’occuper un emploi stable, d’apaiser les conflits), jamais je
n’ai rencontré une femme qui regrette d’avoir épousé un tel homme.
Car lorsque Dieu crée quoi que ce soit (comme le mariage par
exemple), il le fait pour sa gloire et pour notre bien.

111
Dieu fonde un ordre dans lequel la possibilité vous est
donnée de vivre l’un avec l’autre dans le mariage.
« Vous, les femmes, soyez soumises à vos maris comme
cela se doit selon le Seigneur. Vous, les maris,
aimez vos femmes » (Colossiens 3 : 18-19).
Par votre mariage, vous fondez un foyer. Pour cela
il vous faut un ordre ; celui-ci est si important que Dieu
lui-même l’instaure, car sans lui tout se disloquerait.
Si vous êtes libres dans tout ce qui concerne l’édification
de votre foyer, vous êtes pourtant tenus à ceci :
que la femme soit soumise à son mari,
et que le mari aime sa femme.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre huit
La foi sublime d’une soumission
dénuée de crainte

Vous de même, femmes, soyez soumises à votre mari ; afin


que, s’il en est qui refusent d’obéir à la Parole, ils soient
gagnés, sans parole, par la conduite de leur femme, en voyant
votre conduite pure et respectueuse. Que votre parure ne soit
pas ce qui est extérieur – cheveux tressés, ornements d’or,
vêtements élégants – mais plutôt celle du cœur, l’être secret, la
parure impérissable d’un esprit doux et paisible ; voilà qui est
d’un grand prix devant Dieu. Ainsi se paraient autrefois les
femmes saintes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari,
telle Sara qui obéissait à Abraham et l’appelait seigneur. C’est
d’elle que vous êtes devenues les filles en faisant le bien, sans
vous laisser troubler par aucune crainte.
1 Pier r e 3 : 1-6

Après avoir consacré deux chapitres à la fonction de tête conférée


au mari au sein du couple, passons à présent à ce qui est demandé en
contrepartie à la femme : la soumission. Je désire vraiment que chacun,
homme ou femme, célibataire ou marié, jeune ou âgé, entende cela
comme un appel à quelque chose de puissant, noble, beau, honorable,
et digne des plus grands efforts spirituels et moraux de la femme.

113
Ce mariage éphémère
Pour préparer le terrain, j’aimerais attirer votre attention sur
deux expressions employées en 1 Pierre 3 : 1. Lorsque nous lisons
dans nos versions « Vous de même, femmes, soyez soumises à votre
mari », il faut savoir que dans le texte grec figure l’adjectif idiois,
qui ajoute une nuance et renforce le sens : à votre propre mari. Il
existe donc une forme de soumission qui correspond parfaitement
à la relation avec votre propre mari mais qui ne correspond pas au
champ des relations avec les autres hommes. Vous n’êtes pas appelée
à vous soumettre à tous les hommes de la même façon que vous êtes
soumise à votre mari. Ensuite, remarquez l’expression qui se trouve
en début de phrase : « vous de même, femmes ». Cette formulation
montre que cette soumission à laquelle l’épouse est appelée s’inscrit
dans un appel plus général à la soumission qui s’applique à tous les
chrétiens de diverses manières.

Un appel à tous les chrétiens


En 1 Pierre 2 : 13-17, Pierre nous exhorte tous à nous soumettre,
« à cause du Seigneur », à toutes les institutions humaines, que ce
soit au roi, détenteur de l’autorité suprême, ou aux gouverneurs
qui sont nommés par lui. Autrement dit, respectez les limitations
de vitesse, payez vos impôts et soyez respectueux envers les policiers
et les élus.
Ensuite, aux versets 18 à 25, Pierre s’adresse aux domestiques
(oiketai) qui sont membres de l’Église, les exhortant à se soumettre à
leurs maîtres « avec le plus grand respect », qu’ils soient bienveillants
ou despotiques.
Puis, aux versets 1 à 6 du chapitre 3, Pierre demande aux femmes
de se soumettre à leur mari, y compris s’il n’est pas croyant. C’est sur
ce passage que nous allons nous arrêter dans ce chapitre.
Pierre enchaîne au verset 7 en demandant aux maris de faire
preuve de compréhension envers leur femme, celle-ci étant cohéri-
tière de la grâce de la vie.
Enfin, aux versets 8 à 12, Pierre demande à tous les membres
de l’Église d’avoir les mêmes sentiments d’unité, de compassion,

114
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte

d’amour, de tendresse et d’humilité les uns envers les autres, et


de ne pas rendre le mal pour le mal. Autrement dit, faire preuve
de soumission et d’esprit de service les uns envers les autres. Par
conséquent, comme nous l’avons vu en Éphésiens 5, la soumission
est une vertu chrétienne générale que nous devons tous rechercher et
qui se manifeste dans diverses relations de façon unique et adaptée.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons plus particulièrement à la
relation que la femme entretient avec son mari. Quelle forme la
soumission doit-elle prendre dans ce cadre particulier ?

Les racines de la féminité


Avant de présenter ce qu’est la soumission et ce qu’elle n’est
pas, j’aimerais m’arrêter brièvement sur le merveilleux portrait de
la féminité que l’apôtre Pierre a peint pour nous. En effet, sous le
fruit qu’est la soumission, ce sont les racines solides et profondes de
la féminité que nous découvrons. Ce sont ses racines qui confèrent
à la soumission sa force et son attrait.
Commençons par le verset 5 : « Ainsi se paraient autrefois les
femmes saintes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari ».
L’espérance en Dieu est la racine la plus profonde de la féminité chré-
tienne que mentionne ce texte. « Les femmes saintes qui espéraient
en Dieu. » La femme chrétienne ne place pas son espérance dans son
mari, ni dans le fait d’en trouver un. Elle ne met son espérance ni
dans son apparence physique, ni dans son intelligence, ni dans sa
créativité. Non, elle place son espérance dans les promesses de Dieu.
Voici comment elle est décrite en Proverbes 31 : 25 : « Elle est revêtue
de force et de dignité, elle se rit de l’avenir. » Elle se rit de tout ce
que l’avenir peut lui réserver car elle espère en Dieu.
Elle détourne son regard des problèmes, des épreuves et des
obstacles de la vie qui semblent assombrir l’avenir, et elle concentre
son attention sur la puissance et l’amour souverains de Dieu, qui
règne au ciel et fait tout ce qu’il veut sur la terre (Psaume 115 : 3).
Elle connaît sa Bible, elle est bien au clair concernant la théologie
de la souveraineté de Dieu, et elle sait que Dieu promet de toujours
être près d’elle, de l’aider et de la fortifier quoi qu’il arrive. Voilà

115
Ce mariage éphémère
les racines profondes et inébranlables de la féminité chrétienne. Et
c’est ce que Pierre déclare explicitement au verset 5. Il ne parle pas
des femmes en général ; il parle des femmes qui, conformément à
ce qu’enseigne la Bible, sont solidement enracinées dans la bonté
souveraine de Dieu – des femmes saintes qui espèrent en Dieu.

L’absence de crainte
Voyons maintenant un autre aspect de la féminité chez une
chrétienne : l’absence de crainte. Nous venons de noter au verset 5
que les femmes saintes d’autrefois espéraient en Dieu. Ensuite, au
verset 6, Pierre cite en exemple Sara, la femme d’Abraham, avant
d’indiquer que toutes les autres femmes chrétiennes sont ses filles :
« C’est d’elle que vous êtes devenues les filles en faisant le bien, sans
vous laisser troubler par aucune crainte. »
Ce portrait de la féminité chez une chrétienne se caractérise donc
d’abord par l’espérance en Dieu, puis par le fruit de cette espérance,
qui est l’absence totale de crainte. La femme chrétienne ne craint
pas l’avenir ; elle se rit de l’avenir. Son espérance dans la souveraineté
invincible de Dieu chasse toute peur en elle. Ou bien, pour le dire
de façon plus prudente et réaliste, les filles de Sara luttent contre
l’inquiétude qui peut naître dans leur cœur. Elles font la guerre à la
crainte et triomphent d’elle grâce à l’espérance qu’elles placent dans
les promesses de Dieu.
La femme chrétienne spirituellement mûre sait très bien qu’en
suivant le Christ elle sera amenée à souffrir (2 Timothée 3 : 12). Mais
elle croit aux promesses qu’elle peut lire par exemple en 1 Pierre
3 : 14 : « D’ailleurs, quand vous souffririez pour la justice, heureux
seriez-vous ! Ne craignez pas ce qu’ils craignent, et ne soyez pas
troublés », ou 1 Pierre 4 : 19 : « Ainsi, qu’en faisant le bien ceux qui
souffrent selon la volonté de Dieu s’en remettent au Créateur, qui
est digne de confiance. » Voilà précisément ce que fait la femme
chrétienne : elle s’en remet à Dieu comme au fidèle Créateur. Elle
espère en Dieu. Et elle triomphe de la crainte.

116
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte

La parure intérieure
Cela nous amène à une troisième caractéristique du portrait
que dresse Pierre de la féminité : la priorité accordée à la parure
intérieure plutôt qu’à l’apparence. Il commence par cette remarque
au début du verset 5 : « Ainsi se paraient autrefois les femmes saintes
qui espéraient en Dieu ». Il fait référence ici à ce qu’il a décrit aux
versets 3 et 4 :
Que votre parure ne soit pas ce qui est extérieur — cheveux
tressés, ornements d’or, vêtements élégants — mais plutôt celle
du cœur, l’être secret, la parure impérissable d’un esprit doux et
paisible ; voilà qui est d’un grand prix devant Dieu.
Nous savons que ce passage ne signifie nullement que tout port
de bijoux ou d’une coiffure particulière soit proscrit. Sinon c’est tous
les vêtements qui seraient interdits, puisqu’il est écrit : « Que votre
parure ne soit pas ce qui est extérieur – […] vêtements élégants. »
Pierre veut plutôt dire : n’ayez pas pour préoccupation princi-
pale votre apparence, mais recherchez plutôt la beauté intérieure.
Consacrez davantage d’efforts et d’intérêt à la beauté intérieure qu’à
la parure extérieure.
D’ailleurs, il précise sa pensée au verset 4. Quand une femme
met son espérance en Dieu plutôt qu’en son mari ou son apparence
physique, et quand elle triomphe de la crainte en s’en remettant
aux promesses de Dieu, cela a un effet sur ce qu’elle ressent au
fond d’elle-même : elle éprouve une véritable sérénité intérieure.
C’est ce que veut dire Pierre lorsqu’il parle au verset 4 de « la parure
impérissable d’un esprit doux et paisible ; voilà qui est d’un grand
prix devant Dieu ».

Une soumission bien particulière


Il nous reste à voir une dernière caractéristique de ce portrait de
la féminité. Nous avons vu que tout commence par l’espérance en
Dieu. Celle-ci conduit à l’absence de crainte face à ce que l’avenir
peut réserver. Puis celle-ci génère à son tour douceur et sérénité
intérieure. Enfin, cet état d’esprit se traduit par une soumission

117
Ce mariage éphémère
toute particulière à son mari. Verset 1 : « Vous de même, femmes,
soyez soumises à votre mari. » Verset 5 : « Ainsi se paraient autrefois
les femmes saintes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari ».
Voilà donc ce qui caractérise le type de femme que Pierre a
en tête lorsqu’il exhorte la femme à se soumettre à son mari : une
espérance inébranlable en Dieu ; le courage et l’absence de crainte
face à l’avenir ; la sérénité de l’âme ; une humble soumission au
leadership de son mari.

Un mépris regrettable
Il est bien regrettable que, dans notre société – et même dans
l’Église –, les rôles distincts et complémentaires conférés par la
Bible au mari (une autorité biblique) et à la femme (une soumission
biblique) soient méprisés ou tout simplement ignorés. Certains les
évacuent tout bonnement comme étant incompatibles avec la foi
chrétienne, en n’y voyant que des vestiges de la culture du premier
siècle. D’autres les dénaturent et en abusent. J’ai mentionné plus
tôt l’exemple d’un homme que j’ai reçu un jour, qui croyait que
la soumission interdisait à sa femme d’aller d’une pièce à l’autre
chez eux sans lui demander la permission. Ce type de déformation
pathologique rend la tâche plus facile à ceux qui rejettent ce genre
de textes bibliques.
Il n’empêche que les notions d’autorité et de soumission sont
une vérité bien réelle et une belle vérité. Les voir mises en pratique
marquées du sceau de la gloire du Christ – c’est-à-dire dans un
esprit de service mutuel qui n’annule pas pour autant l’expression
concrète de l’autorité et de la soumission – donne un tableau
magnifique qui procure une profonde satisfaction. À partir de
ce texte donc, examinons d’abord ce que la soumission n’est pas,
puis ce qu’elle est.

Ce que la soumission n’est pas


Voici six attitudes qui ne correspondent pas à la soumission telle
qu’elle est présentée en 1 Pierre 3 : 1-6.

118
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte

1. Être soumise ne veut pas dire être d’accord avec tout ce que dit
son mari. C’est ce que montre le verset 1 : elle est chrétienne et son
mari ne l’est pas. Il a une vision du monde différente de la sienne.
Pierre exhorte cette femme à se soumettre à son mari tout en partant
du principe qu’elle ne se soumettra pas pour autant à sa conception
de ce qui compte le plus au monde : Dieu. Par conséquent, être
soumise ne peut pas vouloir dire qu’elle doit être d’accord avec tout
ce que croit son mari.
2. Être soumise ne veut pas dire renoncer à son intelligence et à
sa volonté le jour du mariage. Ce n’est ni l’incapacité ni le refus de
réfléchir par soi-même. Voici une femme qui a entendu l’Évangile
de Jésus-Christ. Elle y a réfléchi. Elle a pesé les vérités que Jésus a
affirmées. Ayant perçu dans son cœur la beauté et la valeur du Christ
et de son œuvre, elle a décidé de le suivre. Son mari a entendu le
même message ; sinon, Pierre n’aurait probablement pas dit qu’il
« refuse d’obéir à la Parole ». Le mari, lui aussi, a entendu l’Évangile,
y a réfléchi, et a décidé de ne pas suivre le Christ. La femme a réfléchi
par elle-même et agi en conséquence. Et Pierre ne lui demande pas
de revenir sur cet engagement.
3. Être soumise ne veut pas dire renoncer à tout effort de faire changer
son mari. Tout le propos de ce passage est au contraire de montrer
à la femme comment gagner son mari au Seigneur. Verset 1 : « […]
soyez soumises à votre mari ; afin que, s’il en est qui refusent d’obéir à la
Parole, ils soient gagnés, sans parole, par la conduite de leur femme ». Si
la Bible n’était pas une référence pour vous, vous pourriez vous dire
qu’être soumise revient à accepter votre mari tel qu’il est sans essayer
de le changer. Mais si vous croyez à l’enseignement de la Bible, vous
en concluez que, paradoxalement, la soumission est parfois une
stratégie destinée à faire changer son mari.
4. Être soumise ne veut pas dire faire passer la volonté de son mari
avant celle du Christ. Ce texte enseigne clairement que la femme doit
d’abord et avant tout suivre Jésus et ensuite, son mari. La soumission
à Jésus relativise la soumission au mari – ainsi que la soumission aux
autorités, au patron et aux parents. Quand il est dit au verset 6 que
Sara appelle Abraham son « seigneur », notez que le mot est écrit avec

119
Ce mariage éphémère
une minuscule. Pierre fait référence ici à Genèse 18 : 12 (S21) : « Elle
rit en elle-même en se disant : “Maintenant que je suis usée, aurai-je
encore des désirs ? Mon seigneur aussi est vieux.” »
Ce qui est vraiment étonnant à propos de cette référence, c’est
que Pierre a complètement passé sous silence l’épisode le plus
remarquable montrant la soumission de Sara : lorsqu’Abraham lui
a demandé de se faire passer pour sa sœur en Égypte. Elle a obéi, au
risque de perdre la vie ou d’être abusée sexuellement. Or Pierre n’a
pas choisi cet épisode pour illustrer son propos. À mon avis, il ne
souhaitait sans doute pas le citer en exemple, car Abraham n’aimait
pas Sara comme il aurait dû l’aimer. C’est pourquoi Pierre a choisi
d’illustrer la soumission de Sara en citant l’épisode où elle a appelé
Abraham incidemment « mon seigneur ». Or, elle a simplement dit
cela en aparté, pas forcément pour qu’Abraham l’entende ; c’est à
elle-même qu’elle parlait. Toujours est-il que cela nous donne un
aperçu de ce qu’elle avait dans le cœur : elle honore son mari alors
que personne ne l’entend. Le terme qu’elle emploie est proche de
« monsieur » ou « sire ». Et s’il est fait état d’obéissance, c’est parce
que l’allégeance suprême, c’est au Seigneur avec un S majuscule
qu’elle la doit.
5. Être soumise ne veut pas dire que sa force personnelle et spirituelle
passe avant tout par son mari. Certes, un bon mari devrait fortifier,
édifier et soutenir sa femme. Il devrait être source de force pour
elle. Mais ce texte montre que si le mari est défaillant sur le plan
du leadership spirituel, la femme chrétienne n’est pas pour autant
dépourvue de force. Être soumise à son mari ne veut pas dire qu’elle
dépend de lui pour la force dont elle a besoin en matière de foi, de
vertu et de caractère. En fait, ce texte laisse entendre précisément
le contraire. Elle est exhortée à cultiver sa profondeur, sa force et
son caractère non pas à travers son mari, mais pour lui. Le verset 5
indique qu’elle espère en Dieu et en sa puissance, de sorte qu’un
jour son mari la rejoigne dans sa foi.
6. Enfin, être soumise ne veut pas dire agir par crainte. Verset 6 :
« C’est d’elle [de Sara] que vous êtes devenues les filles en faisant le
bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte. » Autrement dit,

120
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte

la soumission est volontaire et non forcée. La femme chrétienne


est une femme libre. Quand elle se soumet à son mari – qu’il soit
croyant ou non –, elle le fait librement, non par crainte.

Ce qu’est la soumission
Maintenant que nous avons vu tout ce que la soumission n’est
pas, voyons en quoi elle consiste au juste. À la fin du chapitre 6,
j’ai écrit en m’appuyant sur Éphésiens 5 que, selon moi, la soumis-
sion est la fonction à laquelle Dieu appelle la femme, lui demandant
d’honorer et de soutenir le leadership exercé par son mari, et de l’aider
à l’assumer selon les dons qu’elle a reçus. Or c’est bien ce que nous
voyons ici aussi. C’est une disposition du cœur qui incite la femme
à accepter l’autorité de son mari et à s’en remettre à son leadership.
C’est une attitude par laquelle elle lui dit : « Je suis ravie que tu
prennes l’initiative dans le foyer. Je suis heureuse quand tu prends
les choses en main et que tu diriges avec amour. Je ne m’épanouis
pas dans notre couple quand tu es passif et que je dois veiller à la
bonne marche du foyer. »
Cependant, être soumise ne veut pas dire suivre son mari dans
le péché. Alors, que préconise la soumission dans ce genre de
situation ? Que doit dire la femme soumise à son mari s’il cherche à
l’entraîner dans le péché ? Elle doit lui dire : « Cela me peine quand
tu t’aventures sur la voie du péché et que tu cherches à m’y entraîner.
Tu sais que ça m’est impossible. Je ne désire nullement te résister ;
au contraire, c’est quand je peux m’en remettre avec joie à ton rôle
de leader que je m’épanouis le plus. Mais je ne peux pas te suivre
dans le péché, même si je prends plaisir à honorer ton leadership
dans notre couple. Le Christ est mon Roi. »
Si je dis que la soumission est une disposition du cœur et une
volonté de s’en remettre au leadership du mari, c’est parce que dans
un couple chrétien il y a forcément des moments où même la femme
la plus soumise hésite, à juste raison, à se soumettre à la décision de
son mari. Le choix peut lui paraître peu sage par exemple. Imaginons
que je m’apprête à prendre une décision pour notre famille qui
semble totalement déplacée à mon épouse Noël. Voici comment,

121
Ce mariage éphémère
dans ce genre de circonstance, elle pourrait exprimer sa soumission :
« Écoute, chéri, je sais que tu y as beaucoup réfléchi, et j’apprécie
quand tu prends l’initiative d’organiser les choses pour nous et que
tu assumes ta responsabilité ainsi, mais je ne me sens vraiment pas
en paix avec cette décision et je crois qu’il faut qu’on en reparle.
Est-ce que tu es d’accord ? Par exemple, ce soir ? »
Voici pourquoi ce type d’attitude est conforme à la soumission
biblique :
1. Parce que, contrairement au Christ, les maris sont faillibles
et devraient le reconnaître ;
2. Parce qu’un mari devrait désirer que sa femme soit enthou-
siasmée par les décisions qu’il prend concernant sa famille,
tout comme le Christ désire que l’Église s’en remette à ses
décisions avec enthousiasme et ne se contente pas de le
suivre à contrecœur ;
3. Parce que la façon dont Noël a exprimé ses doutes montrait
sans équivoque qu’elle approuve mon autorité et me sou-
tient dans mon rôle de leader du foyer ;
4. Parce que dès le début de notre mariage elle m’a dit clai-
rement que si, après toutes les discussions qui s’imposent,
nous étions un jour encore en désaccord, elle s’en remet-
trait à la décision de son mari.

Les voies de Dieu sont bonnes


pour nous
Je termine donc ce chapitre en rappelant que rester fidèle à son
conjoint ne signifie pas avant tout rester amoureux de lui : c’est
d’abord une affaire de respect de l’alliance contractée. Pourquoi ?
D’abord et avant tout parce que Dieu a établi cette relation parti-
culière entre un homme et sa femme pour qu’elle reflète la relation
entre le Christ et l’Église. Voilà la signification la plus profonde du
mariage. C’est pourquoi, en définitive, les fonctions d’autorité et
de soumission sont si importantes. Si nous voulons que nos unions
proclament la vérité à propos du Christ et de son Église, nous ne

122
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte

pouvons pas être indifférents à la signification de l’autorité et de


la soumission au sein du couple. N’oublions pas que le dessein
de Dieu pour l’Église – et pour la femme chrétienne qui en est la
représentation – est sa joie éternelle, une joie sainte. Le Christ est
mort pour elle afin de produire cette joie en elle.

123
[…] dès le début il en est ainsi ; la croix n’est pas
le terrible aboutissement d’une vie pieuse et heureuse,
mais elle est dressée au commencement
de la communion avec Jésus Christ.
Tout appel du Christ conduit à la mort.

« Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que


votre récompense sera grande dans les cieux. »
Voilà les pauvres dans la salle des réjouissances.
Dieu lui-même essuie les larmes de ceux qui pleurent,
il nourrit les affamés de sa cène. Les corps blessés et
martyrisés sont transfigurés, revêtus non plus
des vêtements du péché et de la repentance,
mais de la robe immaculée de la justice éternelle.
Venu de cette joie éternelle, un appel parvient
dès ici-bas à la communauté de ceux qui vivent
en disciples sous la croix, l’appel de Jésus :
Heureux, heureux !

DIETRICH BONHOEFFER
Vivre en disciple – Le prix de la grâce, 69, 92
Chapitre neuf
Célibataire dans le Christ :
« un nom meilleur que
des fils et des filles »

Ainsi parle le seigneur : Veillez à l’équité, agissez selon la


justice ; car mon salut est près d’arriver, ma justice est sur
le point de se dévoiler. Heureux l’homme qui fait cela, l’être
humain qui s’y tient, observant le sabbat, pour ne pas le
profaner, et gardant sa main de toute action mauvaise !
Que l’étranger qui s’attache au seigneur ne dise pas : Le
seigneur me séparera de son peuple ! Que l’eunuque ne dise
pas : Je suis un arbre sec ! Car voici ce que dit le seigneur
aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent
ce à quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes dans
mon alliance : Je leur donnerai dans ma maison et dans
mes murs un monument et un nom meilleurs que des fils et
des filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera
jamais retranché. Quant aux étrangers qui s’attacheront au
seigneur afin d’officier pour lui, qui aimeront le nom du
seigneur au point de devenir ses serviteurs, tous ceux qui
observeront le sabbat en se gardant de le profaner, et qui
demeureront fermes dans mon alliance, je les amènerai dans

125
Ce mariage éphémère
ma montagne sacrée et je les réjouirai dans ma maison de
prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur
mon autel ; car ma maison sera appelée « Maison de prière
pour tous les peuples ».
Ésaïe 56 : 1-7

Pourquoi un chapitre sur le célibat dans un livre sur le mariage ?


Premièrement, pour éviter que ceux qui sont mariés idolâtrent le
mariage. Il ne faut pas élever cette condition à un rang qui ne lui
revient pas. Deuxièmement, parce que ce livre peut être lu par des
célibataires à qui il est bon de montrer le rapport qui existe entre le
célibat et le mariage, et comment ces deux conditions s’inscrivent
dans le dessein global de Dieu. Troisièmement, le but de ce chapitre
est d’inciter les personnes mariées comme les célibataires à faire
partie de la grande famille qui est plus importante que toutes les
autres. En effet, la famille composée du trio mari-femme-enfants
n’est qu’une bénédiction temporaire de ce monde. Elle n’existera pas
dans le monde à venir (Matthieu 22 : 23-30). En revanche, l’Église
sera notre famille pour toujours. Cela a de profondes incidences sur
la façon dont les célibataires et ceux qui sont mariés devraient se
percevoir mutuellement et sur les rapports qu’ils devraient entretenir
entre eux.
Je vais commencer ce chapitre en énonçant mon idée principale
à laquelle je reviendrai en conclusion après avoir passé en revue de
nombreux textes bibliques destinés à l’étayer. Le point sur lequel je
souhaite insister est que Dieu promet à ceux qui restent célibataires
en Christ des bénédictions qui surpassent celles que procurent le
mariage et les enfants. Par leur célibat consacré à glorifier le Christ,
Dieu les appelle à mettre en évidence aux yeux de tous les vérités
relatives au Christ et à son royaume, vérités qui sont révélées avec
encore plus d’éclat par le célibat que par le mariage et l’éducation
des enfants. Quelles sont ces vérités qui resplendissent davantage à
travers le célibat ?

126
Célibataire dans le Christ

1. La croissance de la famille de Dieu se fait non pas par


propagation via la procréation, mais par la régénération au
moyen de la foi en Christ11.
2. Les liens en Christ sont plus durables et plus précieux que
les liens familiaux (évidemment, c’est merveilleux quand
les liens familiaux sont aussi des liens en Christ ; mais nous
savons que ce n’est souvent pas le cas).
3. Le mariage est éphémère et il cédera un jour la place à la
relation qu’il préfigure depuis le départ : la relation entre le
Christ et l’Église – tout comme une photo devient super-
flue quand on rencontre la personne face à face.
4. C’est la fidélité au Christ qui détermine la valeur de la
vie ; toutes les autres relations trouvent leur sens ultime
dans cette relation. Aucun lien familial ne constitue le but
suprême, mais la relation au Christ est au cœur de toutes
choses.

Je résumerais ainsi mon idée principale : Dieu promet des


bénédictions exceptionnelles à ceux d’entre vous qui restent céli-
bataires en Christ et il vous confie une vocation extraordinaire. Par
conséquent, être célibataire en Christ ne signifie nullement passer
à côté de ce que Dieu a de meilleur ; c’est au contraire un chemin
d’obéissance, à la gloire du Christ et marqué par le sceau de l’alliance,
que beaucoup sont appelés à emprunter.

Des bénédictions
plus grandes que les enfants
À présent, prenons un peu de recul et examinons les Écritures,
en commençant par le passage d’Ésaïe 56 : 4-5 :
Car voici ce que dit le seigneur aux eunuques [ceux qui ne
peuvent procréer mais consacrent leur vie à un service bien

J’emprunte la terminologie employée dans l’ouvrage de Barry Danylak intitulé A Biblical


11

Theology of Singleness (Cambridge : Grove Books Limited, 2007), p. 13-16. Ce livre est
le fruit des études doctorales menées par Danylak à l’université de Cambridge. Dans ce
chapitre, je m’inspire largement de son approche de la question du célibat dans la Bible.

127
Ce mariage éphémère
spécifique plutôt qu’au mariage] qui observent mes sabbats, qui
choisissent ce à quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes
dans mon alliance : Je leur donnerai dans ma maison et dans
mes murs un monument12 et un nom meilleur que des fils et des
filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais
retranché.
Dieu promet de bénir les eunuques qui vivent dans l’obéissance
en leur accordant des bénédictions qui surpassent des fils et des
filles. Autrement dit, par voie de conséquence, Dieu promet à ceux
d’entre vous qui restent célibataires en Christ des bénédictions qui
surpassent celles du mariage et des enfants.

Le peuple de l’alliance
et la procréation
Néanmoins, pour bien comprendre ce que cela signifie, il faut
replacer les choses dans leur contexte général. Dans l’ordre création-
nel que Dieu avait établi avant l’irruption du péché dans le monde,
et dans l’ordre de l’alliance qu’il avait contractée avec le peuple
d’Israël depuis Abraham jusqu’à la venue du Christ, la procréation
était le principal moyen employé par Dieu pour faire croître son
peuple. Il avait choisi de manifester sa fidélité en priorité à un groupe
ethnique. Par conséquent, être marié et avoir une progéniture était
capital pour la transmission du nom et du patrimoine, ainsi que
pour la préservation du peuple de l’alliance.
C’est pourquoi les premiers mots que Dieu adresse à Adam et
Ève sont ceux-ci : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre

La traduction littérale du texte hébreu est « à l’intérieur de mes murs une main et un
12

nom qui vaudront mieux que des fils et des filles ». Pour le sens qui se cache derrière le
mot main (traduit ici par monument), voir 2 Samuel 18 : 18, où on peut lire : « Absalom
avait fait installer la pierre levée qui est dans la vallée du Roi, car il disait : Je n’ai pas
de fils pour évoquer mon nom ; et il donna son propre nom à la pierre levée : c’est
pourquoi on l’appelle Monument d’Absalom, jusqu’à ce jour. » (C’est ce même mot
qui est employé ici en hébreu.) Absalom avait de lui-même et pour lui-même fait
ériger ce mémorial (v. 18). C’est donc de sa propre main qu’il avait fait en sorte que
sa mémoire se perpétue. Peut-être que l’idée de la « main » est que les bonnes choses
que nous sommes amenés à vivre plus tard, ou le mémorial qui entretient le souvenir
de notre existence, sont le fruit de notre action qui se perpétue, comme si notre main
était toujours active.

128
Célibataire dans le Christ

et soumettez-la » (Genèse 1 : 28). Ensuite, dans le récit de Genèse 2,


alors que la femme n’a pas encore été créée, Dieu déclare : « Il n’est
pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera
son vis-à-vis » (2 : 18).
Puis, lorsque Dieu choisit Abraham pour être le père de son
peuple, il le conduit dehors pour lui montrer les étoiles et lui dit :
« Ainsi sera ta descendance » (Genèse 15 : 5). Plus tard, alors qu’il
ne peut pas avoir de fils à cause de la stérilité de Sara, Abraham
s’exclame : « Oh ! qu’Ismaël vive devant toi ! » Mais Dieu lui répond :
« Ce n’est pas cela ! C’est Sara, ta femme, qui va te donner un fils »
(Genèse 17 : 18-19). Autrement dit, la descendance physique était
importante, et elle arrivait selon le plan de Dieu.
Dieu réitère cette même promesse à Isaac en Genèse 26 : 3 : « Je
serai avec toi et je te bénirai, car c’est à toi et à ta descendance que
je donnerai tous ces pays ; je tiendrai ainsi le serment que j’ai fait
à Abraham, ton père. » Là encore, la « descendance » physique est
essentielle pour l’alliance.

La descendance préserve le nom


Cette descendance est essentielle pour préserver l’alliance, mais
pas seulement : si quelqu’un n’avait pas d’enfant, son nom finissait
par disparaître. C’est pourquoi Saül demande à David de lui pro-
mettre qu’il ne détruira pas sa descendance par égard pour son nom :
« Jure-moi maintenant par le seigneur que tu ne retrancheras pas
ma descendance après moi et que tu ne feras pas disparaître mon
nom de ma famille » (1 Samuel 24 : 22).
Il ne faut pas oublier qu’existait à l’époque le lévirat, un système
élaboré selon lequel un homme devait épouser la femme de son frère
si celui-ci venait à décéder, afin que le nom du défunt ne disparaisse
pas : « Le premier-né qu’elle mettra au monde portera le nom de
son frère défunt, afin que son nom ne soit pas effacé d’Israël »
(Deutéronome 25 : 6). C’était une disposition étonnante destinée à
assurer la perpétuation du nom par la semence physique.

129
Ce mariage éphémère
Le cas le plus célèbre de cette pratique est celui de Boaz, qui
accepta d’épouser Ruth afin de préserver le nom d’Élimélec, son
beau-père, et de Mahlôn, son mari. Boaz déclara : « J’ai également
acheté pour femme Ruth la Moabite, femme de Mahlôn, pour
maintenir le nom du défunt sur son patrimoine et pour que le nom
du défunt ne soit pas retranché d’entre ses frères et de la porte de sa
ville. Vous en êtes témoins aujourd’hui » (Ruth 4 : 10).
Vous voyez donc l’importance capitale qu’avaient en Israël le
mariage, la descendance, la préservation du nom et l’héritage. Aussi
n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que la fille de Jephté ait demandé un
sursis de deux mois, non pas pour se lamenter de sa mort imminente,
mais pour pleurer le fait de n’avoir jamais été mariée. « Elle dit encore
à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi un délai de deux
mois. Je m’en irai, j’irai sur les montagnes et je pleurerai ma virginité
avec mes amies. Il répondit : Va ! » (Juges 11 : 37-38).

La prophétie d’Ésaïe :
« il verra une descendance »
Voilà la toile de fond qui explique que ces paroles d’Ésaïe 56 : 4-5
resplendissent comme un soleil pour les eunuques et tous ceux qui
ne sont pas mariés et n’ont pas d’enfants : « Car voici ce que dit le
seigneur aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent ce à
quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes dans mon alliance : Je
leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un
nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour
toujours, il ne sera jamais retranché » Ainsi, sans être mariés et sans
avoir d’enfants, ces eunuques attachés à l’alliance reçoivent une place
et un nom qui valent mieux que des fils et des filles.
D’où vient donc cette promesse surprenante ? Sur quoi est-elle
fondée et de quoi est-elle la préfiguration ? La réponse se trouve en
Ésaïe 53, la prophétie magistrale qui annonce les souffrances du
Christ, qui fut « transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à
cause de nos fautes » (v. 5). Quand nous lisons ce chapitre, nous
oublions parfois de prêter attention à ces paroles du verset 10 : « Le
seigneur a voulu l’écraser par la souffrance ; si tu as fait de lui un

130
Célibataire dans le Christ

sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses


jours, et la volonté du seigneur se réalisera par lui. »
« Il verra une descendance. » Voilà une prophétie extraordinaire :
lorsque le Messie mourra en tant que « sacrifice de culpabilité » et
ressuscitera afin de « prolonger ses jours » éternellement, il engen-
drera par ce merveilleux acte salvateur une multitude d’enfants : « il
verra une descendance ». Autrement dit, le nouveau peuple de Dieu
constitué par le Messie sera engendré non pas par la procréation
physique, mais par la mort expiatoire du Christ.
C’est pourquoi le chapitre suivant commence ainsi : « Pousse
des cris de joie, femme stérile, toi qui n’as pas accouché ! Éclate
en cris de joie et triomphe, toi qui n’as pas connu les douleurs de
l’accouchement ! Car les fils de la délaissée seront plus nombreux
que les fils de la femme mariée, dit le seigneur. » (Ésaïe 54 : 1).
C’est également pour cela qu’il est dit en Ésaïe 56 : 5 que ceux qui
restent attachés à l’alliance tout en n’étant pas mariés auront « un
monument et un nom meilleurs que des fils et des filles […] un
nom pour toujours [qui] ne sera jamais retranché ». Au sein du
véritable peuple de Dieu formé par Jésus-Christ, les monuments,
les noms, les descendants et les héritages ne sont pas le fruit du
mariage et de la procréation.

Jésus, paul et pierre


Venons-en à présent au Nouveau Testament. Jésus y enseigne
clairement que son peuple – le véritable peuple de Dieu – sera
formé non pas par la procréation physique, mais par la régé-
nération spirituelle. C’est pourquoi il déclare à Nicodème : « Si
quelqu’un ne naît pas de nouveau, il ne peut voir le règne de
Dieu. » (Jean 3 : 3).
Quant à Paul, il déclare en Galates 3 aux Juifs comme aux non-
Juifs : « Reconnaissez-le donc : ce sont ceux qui relèvent de la foi qui
sont fils d’Abraham. […] vous êtes tous, par la foi, fils de Dieu en
Jésus-Christ » (3 : 7, 26). En d’autres termes, ce n’est pas le fait de
descendre physiquement d’Abraham qui fait de vous le peuple de
l’alliance de Dieu, mais votre foi en Jésus-Christ.

131
Ce mariage éphémère
Pour ce qui est de Pierre, il déclare que nous tenons notre héritage
non pas du mariage et de la descendance physique, mais de l’œuvre
du Christ et de la nouvelle naissance : « Béni soit le Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande compassion,
nous a fait naître de nouveau, par la résurrection de Jésus-Christ
d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage
impérissable, sans souillure, inaltérable, qui vous est réservé dans
les cieux » (1 Pierre 1 : 3-4).
Ainsi, Jésus, Paul et Pierre nous déclarent tous la chose suivante :
les enfants sont engendrés dans la famille de Dieu et reçoivent leur
héritage non pas par le mariage et la procréation, mais par la foi et la
régénération. Autrement dit, ce n’est nullement un désavantage pour
ceux qui sont célibataires en Christ que d’engendrer des enfants spi-
rituels ; à certains égards, ça pourrait même être un énorme avantage.
L’apôtre Paul était lui-même célibataire en Christ ; or, voici ce
qu’il écrivit à ses nouveaux convertis : « En effet, quand vous auriez
dix mille surveillants dans le Christ, vous n’avez pas plusieurs
pères : c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par la bonne
nouvelle » (1 Corinthiens 4 : 15). Paul a été un père formidable et
pourtant il n’a jamais été marié. N’a-t-il d’ailleurs pas une façon
magnifique de s’exprimer au sujet des femmes célibataires en Christ ?
Il écrit en effet en 1 Thessaloniciens 2 : 7 (S21) : « Mais nous avons
été pleins de bienveillance au milieu de vous. De même qu’une mère
prend un tendre soin de ses enfants, […]. » Il sera dit de même d’un
grand nombre de femmes célibataires en Christ : « Elle a été une mère
formidable et pourtant elle n’a jamais été mariée. »

Une réorganisation totale


des relations
Attention de ne pas minimiser ce que je dis là : il faut vraiment
comprendre ce point qui est fondamental. Je ne suis pas en train de
faire du sentimentalisme à propos du célibat pour booster le moral
des personnes concernées. J’affirme simplement la nature temporaire
et secondaire du mariage et de la famille, qui s’oppose à la nature
éternelle et première de l’Église. Le mariage et la famille ne sont que

132
Célibataire dans le Christ

des réalités éphémères, pour le siècle présent ; l’Église, elle, n’aura


pas de fin. Ce que j’affirme, c’est la vérité biblique absolue selon
laquelle l’appartenance à une famille humaine n’est nullement un
signe de bénédiction éternelle, alors que faire partie de la famille
de Dieu signifie être béni éternellement. Les liens familiaux ne
sont que temporaires, mais les liens qui résultent de l’union avec le
Christ sont éternels. Le mariage est une institution éphémère, mais
ce qu’il représente durera éternellement. Jésus a déclaré : « Car, à la
résurrection, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des
anges dans le ciel. » (Matthieu 22 : 30).
Lorsqu’un jour sa propre mère et ses frères désiraient s’entretenir
avec lui, Jésus a déclaré : « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?
Puis il étendit la main sur ses disciples et dit : Voici ma mère et mes
frères » (Matthieu 12 : 48-49). Jésus renverse complètement l’ordre
des choses. Certes, il aimait sa mère et ses frères. Mais ces relations
ne sont que terrestres et temporaires. Or, ce n’est pas pour cela qu’il
est venu dans le monde. Il est venu dans le monde pour se choisir
parmi toutes les familles de la terre un peuple consacré à son nom
et former ainsi une nouvelle famille. Au sein de cette famille les
célibataires en Christ sont des membres à part entière au même
titre que tous les autres, portant du fruit pour Dieu et devenant des
mères et des pères de nature éternelle.
« Heureux le ventre qui t’a porté et les seins qui t’ont allaité ! » s’est
écriée un jour une femme en s’adressant à Jésus. Il s’est alors tourné
vers elle et lui a répondu : « Heureux plutôt ceux qui entendent la
parole de Dieu et qui l’observent ! » (Luc 11 : 27-28). La mère de
Jésus, ce sont tous les chrétiens qui lui obéissent – qu’ils soient mariés
ou célibataires ! Alors, respirez un grand coup… et commencez à
repenser tout votre monde.
Jésus dit : « Amen, je vous le dis, il n’est personne qui ait quitté,
à cause de moi et de la bonne nouvelle, maison, frères, sœurs, mère,
père, enfants ou terres, et qui ne reçoive au centuple, dans le temps
présent, maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres — avec des
persécutions – et, dans le monde qui vient, la vie éternelle » (Marc
10 : 29-30). Vous les célibataires, vous les gens mariés, vous voulez

133
Ce mariage éphémère
des enfants, des mères, des frères, des sœurs et des terres ? Renoncez
à la primauté de vos relations terrestres et suivez Jésus dans la com-
munion du peuple de Dieu.

Des eunuques pour le royaume ?


À la lumière de cette formidable perspective biblique, que
dirons-nous donc de la nature secondaire et éphémère du mariage
et de la procréation ? Nous nous en remettrons à ce qu’ont déclaré
Jésus et Paul eux-mêmes. Nous lisons en Matthieu 19 : 12 que Jésus
a déclaré : « Car il y a des eunuques qui le sont depuis le ventre de
leur mère, il y en a qui le sont devenus par le fait des gens, et il y en
a qui se sont rendus eux-mêmes eunuques à cause du règne des cieux.
Que celui qui peut comprendre comprenne ! » Il ne faut pas voir
dans l’expression « se sont rendus eux-mêmes eunuques » la référence
à quelque stérilisation physique – de même qu’on ne considère
nullement comme un appel à se mutiler pour se rendre soi-même
aveugle cette exhortation de Jésus : « Si ton œil droit te pousse à mal
agir, arrache-le et jette-le loin de toi. » Ce que Jésus veut dire en
revanche, c’est qu’il approuve la décision de certains de ses disciples
qui ont renoncé au mariage et à toute activité sexuelle afin de servir le
royaume du Christ. « Que celui qui peut comprendre comprenne. »
C’est précisément ce que Paul avait décidé pour sa vie et le
choix qu’il invitait ses lecteurs à envisager dans ce passage de
1 Corinthiens 7 :
À ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il est bien
pour eux de demeurer comme moi. […] Or je voudrais que
vous soyez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié s’inquiète
des choses du Seigneur, il se demande comment plaire au
Seigneur. Celui qui est marié s’inquiète des choses du monde,
il se demande comment plaire à sa femme […] Je dis cela […]
pour […] que vous vous attachiez au Seigneur sans distraction.
(1 Corinthiens 7 : 8, 32-33, 35)
Autrement dit, certains sont appelés à devenir « eunuques » pour
le royaume de Dieu. Paul explique que chacun possède un don

134
Célibataire dans le Christ

particulier, « l’un d’une manière, l’autre d’une autre » (1 Corinthiens


7 : 7). En somme : « Que celui qui peut comprendre comprenne »
(Matthieu 19 : 12).

De meilleures bénédictions
Nous allons terminer ce chapitre en revenant au point de départ,
tout en gardant à l’esprit tous ces textes bibliques. Dieu promet à
ceux qui restent célibataires en Christ des bénédictions meilleures
que celles que procurent le mariage et les enfants.
D’aucuns demanderont peut-être : ne serait-il pas mieux d’avoir
les deux – à la fois les bénédictions du mariage et les bénédictions
du ciel ? Il y a deux réponses à cette question. La première est que
vous découvrirez un jour (et mieux vaut l’apprendre dès mainte-
nant) qu’être avec le Christ dans le ciel procure des bénédictions
incommensurablement supérieures à celles d’être marié et d’avoir
des enfants. Au point que se poser une telle question revient un
peu à se demander s’il ne serait pas mieux d’avoir à la fois l’océan
et aussi quelques gouttes d’eau. Mais j’imagine que ce n’est pas la
réponse que vous attendiez. En voici donc une autre : le mariage
comme le célibat nous réservent des épreuves spécifiques et des cir-
constances particulières en vue de notre sanctification – c’est-à-dire
notre préparation pour le ciel. Chaque condition donnera lieu à ses
récompenses particulières. L’importance de ces récompenses ne sera
pas liée au fait d’avoir été marié ou celui d’être resté célibataire, mais
à la manière dont vous aurez vécu l’une ou l’autre de ces situations.
Je le redis donc à tous les célibataires en Christ : Dieu vous pro-
met des bénédictions dans le monde à venir qui surpassent de loin
celles du mariage et des enfants.

Ce que le célibat démontre le mieux


Cette promesse s’accompagne d’un appel et d’une responsabilité
tout à fait spécifiques. Il ne s’agit pas d’un appel à prolonger l’irres-
ponsabilité de l’adolescence jusqu’à trente ans et plus. C’est un appel
à faire ce que seuls les célibataires en Christ, hommes et femmes,
peuvent faire ici-bas : mettre en valeur, par un célibat consacré à

135
Ce mariage éphémère
glorifier le Christ, les vérités relatives au Christ et à son royaume.
Vérités qui sont révélées avec encore plus d’éclat au travers du célibat
qu’au travers du mariage. Aussi longtemps que vous êtes célibataire,
vous êtes appelé à vivre totalement pour le Christ au point que les
vérités ci-après apparaissent de façon encore plus éclatante au monde
et à l’Église :
1. La croissance de la famille de Dieu se fait non pas par
propagation via la procréation, mais par régénération au
moyen de la foi en Christ.
2. Les liens en Christ sont plus durables et plus précieux que
les liens familiaux.
3. Le mariage est éphémère et il cédera un jour la place à la
relation qu’il préfigure depuis le départ : la relation entre le
Christ et l’Église – tout comme une photo devient super-
flue quand on rencontre la personne face à face.
4. C’est la fidélité au Christ qui détermine la valeur de la
vie ; toutes les autres relations trouvent leur sens ultime
dans cette relation. Aucun lien familial ne constitue le but
suprême mais la relation au Christ est au cœur de toutes
choses.
Le mariage offre la possibilité de glorifier le Christ d’une manière
toute particulière que le célibat ne permet pas. Le célibat offre la
possibilité de glorifier le Christ d’une manière toute particulière que
le mariage ne permet pas. Que Dieu soit glorifié à travers l’une ou
l’autre de ces deux options : un mariage vécu à la gloire du Christ
ou un célibat vécu à la gloire du Christ.

136
La présence corporelle d’autres chrétiens est pour le
croyant une source incomparable de joie et de réconfort.

[…] Le prisonnier, le malade, le chrétien dans la diaspora


reconnaissent dans un frère qui les visite un signe
corporel de la grâce : la présence du Dieu trinitaire.

Le visiteur et celui qui est visité reconnaissent, dans


la solitude l’un auprès de l’autre, le Christ qui est
présent dans le corps, ils s’accueillent et se rencontrent
l’un l’autre comme on rencontre le Seigneur, dans la
crainte, dans l’humilité et la joie. […] Certes, ce qui est
pour l’être isolé une grâce inexprimable de Dieu est
facilement dédaigné et foulé aux pieds par
ceux qui en sont chaque jour les bénéficiaires.

DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 24-25
Chapitre dix
Le célibat, le mariage et la vertu
chrétienne de l’hospitalité

La fin de tout s’est approchée ; soyez donc pondérés et sobres en


vue de la prière. Avant tout, ayez les uns pour les autres un
amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés.
Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans maugréer.
Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu
de la grâce ; vous serez ainsi de bons intendants de la grâce
si diverse de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il parle de façon
à communiquer les paroles de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il
serve par la force que Dieu lui accorde, afin qu’en tout Dieu
soit glorifié par Jésus-Christ, à qui sont la gloire et le pouvoir
à tout jamais. Amen !
1 Pier r e 4 : 7-11

J’ai été poussé à écrire ce chapitre par le désir que le Christ soit
glorifié par notre façon à tous, mariés comme célibataires, d’exercer
l’hospitalité les uns envers les autres. Autrement dit, si ce que j’ai
essayé de démontrer au chapitre précédent est vrai (à savoir, que la
famille de Dieu, engendrée par la régénération, a une importance et
une permanence plus grandes que la famille humaine engendrée par
la procréation), les conséquences en termes de relations sont consi-

139
Ce mariage éphémère
dérables. Les rapports que les membres de cette famille – l’Église
– entretiennent les uns avec les autres (mariés aussi bien que céliba-
taires) attesteront au monde que notre vie a pour but la suprématie
du Christ et que nos relations sont définies, non pas seulement par la
nature mais aussi et surtout par le Christ. Mon désir le plus cher est
de voir le Christ glorifié par la façon dont les gens mariés intègrent
les célibataires à leur vie et dont les célibataires intègrent les gens
mariés à leur vie, au nom du Christ et de l’Évangile.

« Parce qu’il est mon disciple »


Jésus a déclaré : « Et si quelqu’un donne à boire ne serait-ce qu’un
verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je
vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense » (Matthieu
10 : 42 – S21). Bien sûr, Jésus nous a également exhortés à aimer nos
ennemis (Matthieu 5 : 44) et Paul a écrit que nous devions donner
à boire à notre ennemi (Romains 12 : 20). Ce type d’amour sera
récompensé. Mais dans ce texte, Jésus nous demande de manifester
une bonté toute particulière envers certaines personnes précisément
parce qu’elles sont disciples de Jésus. Cette attitude sera, elle aussi,
récompensée.
Autrement dit, quand en regardant quelqu’un dans les yeux,
qu’il soit célibataire ou marié, vous voyez le visage d’un disciple
de Jésus – un frère ou une sœur membre de votre famille éternelle
–, cette relation avec Jésus que vous discernez devrait inciter votre
cœur à lui manifester concrètement de la bonté au nom de Jésus
(par exemple en lui offrant l’hospitalité). Cette attitude doit être
motivée par Jésus. Il nous demande d’agir ainsi « parce qu’il est mon
disciple ». C’est comme si Jésus nous disait : « Je serai honoré d’une
façon toute particulière si vous donnez à boire à mon disciple, juste
parce qu’il est mon disciple. Si vous l’accueillez chez vous, faites-le
en mon nom. » C’est précisément le sens de ma pensée quand je dis
que mon désir le plus cher est de voir le Christ glorifié par la façon
dont les gens mariés intègrent les célibataires à leur vie et dont les
célibataires intègrent les gens mariés à la leur.

140
Célibat, mariage et hospitalité

Pourquoi un corps, des oiseaux,


du pain et du vin ?
Juste encore quelques mots d’introduction avant de passer à
l’étude du texte de la première épître de Pierre. En réfléchissant à la
résurrection des morts, aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre, je
me suis posé bien des questions concernant le monde matériel. En
voici quelques-unes : pourquoi Dieu nous a-t-il donné un corps ?
Pourquoi a-t-il créé un univers physique ? Pourquoi ressuscitera-t-il
notre corps de la mort et le régénérera-t-il, pour ensuite vider cette
terre afin d’en faire une nouvelle terre où nous pourrons vivre éter-
nellement dans notre nouveau corps ? Si Dieu désirait être loué avec
ferveur (« le seigneur est grand et digne de toute louange », Psaume
96 : 4), pourquoi n’a-t-il pas simplement créé des anges sans corps
mais avec un cœur plein d’ardeur, capables de s’adresser uniquement
à lui et non les uns aux autres ? Pourquoi créer tous ces corps, et
pourquoi permettre aux êtres humains de communiquer entre eux ?
Et puis, pourquoi des arbres, une terre, l’eau, le feu et le vent, des
lions et des agneaux, des lis et des oiseaux, du pain et du vin ?
Il existe plusieurs réponses profondes et merveilleuses à ces
questions. Mais voici celle que je désire souligner : si Dieu a créé des
corps et tout un monde physique, c’est parce que lorsque tout cela
est considéré et utilisé correctement, sa gloire est révélée et présentée
aux yeux de tous de façon encore plus éclatante. Le ciel raconte la
gloire de Dieu (Psaume 19 : 1). Voilà la raison d’être de l’univers
physique. Regardez les oiseaux du ciel et les fleurs des champs et
vous en apprendrez beaucoup sur la bonté et la bienveillance de
Dieu (Matthieu 6 : 26-28). Contemplez toute sa création et vous
découvrirez ses perfections invisibles, c’est-à-dire sa puissance éter-
nelle et sa nature divine (Romains 1 : 20). Considérez le mariage et
vous verrez le Christ et l’Église (Éphésiens 5 : 23-25). Chaque fois
que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe, vous
annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Corinthiens
11 : 26). Que vous mangiez ou que vous buviez, quoi que vous
fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10 : 31). Le
monde matériel n’est pas une fin en soi ; il a été créé pour afficher

141
Ce mariage éphémère
la gloire de Dieu et éveiller nos cœurs afin que nous le connaissions
mieux et que nous lui accordions plus de valeur.

Sanctifier la nourriture
et la sexualité
La réalité physique est bonne. Dieu l’a créée pour qu’elle révèle sa
gloire. Et ce que Dieu nous demande, c’est de sanctifier cette réalité
physique et de l’adorer au travers d’elle, c’est-à-dire de considérer
cette réalité physique par rapport à lui et d’en faire un usage qui
le place, lui, au cœur de toutes choses, afin que nous puissions
connaître la joie. Avoir conscience de cela nous évite d’idolâtrer la
sexualité et la nourriture au point d’en faire des dieux. Ce ne sont
pas des dieux ; elles ont été créées par Dieu afin que nous l’honorions
à travers elles. Par ailleurs, cela nous évite aussi d’avoir peur de la
sexualité et de la nourriture comme si elles étaient le mal. Loin d’être
le mal, elles sont des instruments d’adoration – un moyen d’accorder
toute sa place au Christ.
Voici notre texte : 1 Timothée 4 : 1-5. Ce passage est un des
plus importants de la Bible à propos des appétits du corps et de la
sexualité.

Pourtant l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps,


quelques-uns s’éloigneront de la foi pour s’attacher à des esprits
d’égarement et à des enseignements de démons, par l’hypocrisie
de discoureurs de mensonge marqués au fer rouge dans leur
propre conscience. Ils interdisent de se marier et prescrivent de
s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec
actions de grâces par ceux qui sont croyants et qui connaissent la
vérité. Or tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter,
pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, car tout est
consacré par la parole de Dieu et la prière.

La sexualité et la nourriture… deux grandes idoles dans l’Asie


Mineure du premier siècle et dans le monde occidental du vingt
et unième ! Or, quelle est la réponse de Dieu à ceux qui veulent
régler ce problème d’idolâtrie simplement en se détournant de la

142
Célibat, mariage et hospitalité

sexualité et de la nourriture ou en y renonçant ? Il les qualifie de faux


docteurs possédés du diable, qui s’attachent à des « enseignements
de démons » (v. 1).
Alors, quelle est la solution proposée par Dieu ? Tout ce qu’il
a créé est bon ; rien ne doit être rejeté, dès lors que cela est reçu
avec reconnaissance et sanctifié par la Parole de Dieu et la prière.
Et comment la nourriture est-elle sanctifiée ? En la consommant
conformément à la Parole de Dieu, dans une attitude de dépendance
du Christ dans la prière. Et comment la sexualité est-elle sanctifiée ?
En la pratiquant conformément à la Parole de Dieu, dans une atti-
tude de dépendance du Christ dans la prière.

Célibataire ou marié,
placer le Christ au centre
Tout ce qui précède n’est qu’une introduction destinée à bien
préciser que ni le mariage ni le célibat (considérés chacun comme
une parabole physique) ne doivent être un objet d’idolâtrie ou de
crainte. Le mariage est quelque chose de physique et de merveilleux.
Le célibat est quelque chose de physique et de merveilleux. C’est
Dieu qui les a créés tous les deux. Comme l’ensemble de la nature,
ils sont tous deux destinés à exposer aux yeux de tous la gloire du
Christ.
Le mariage et le célibat peuvent tous deux tourner à l’idolâtrie.
Les conjoints peuvent s’adorer, ou bien adorer le sexe, ou adorer
leurs enfants, ou adorer le super-pouvoir d’achat du couple-à-deux-
revenus-sans-enfant. Quant aux célibataires, ils peuvent adorer
l’autonomie et l’indépendance. Les célibataires peuvent considérer
le mariage comme une option de deuxième classe pour les chrétiens
qui vivent en compromis avec le désir sexuel. Et ceux qui sont
mariés peuvent considérer le célibat comme un signe d’immaturité,
d’irresponsabilité ou d’incompétence.
Le message que j’essaie de souligner ici, c’est qu’il existe des
manières de glorifier le Christ en étant mariés, et il existe des
manières de glorifier le Christ en étant célibataire. Il y a en effet
des manières d’utiliser son corps et ses appétits physiques, dans

143
Ce mariage éphémère
le mariage comme dans le célibat, tout en donnant au Christ sa
place centrale.

La phrase tristement célèbre


Je pense qu’à ce stade il serait bon de dire juste quelques
mots à propos de cette phrase tristement célèbre qui se trouve en
1 Corinthiens 7 : 9 : « Mais s’ils ne peuvent pas se maîtriser, qu’ils
se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. » Rappelons
que ces mots s’adressent explicitement aux hommes et aux femmes
(cf. v. 8). Voici ce que je tiens à dire à ce propos : quand quelqu’un
cherche à se marier en sachant qu’en restant célibataire il ou elle
« brûlerait », cela ne veut pas forcément dire que le mariage n’est
plus qu’un moyen de canaliser les pulsions sexuelles. Paul n’aurait
jamais écrit une chose pareille au vu de tout ce qu’il a exprimé de
magnifique à propos du mariage en Éphésiens 5.
Bien au contraire, quand quelqu’un se marie – et permettez-
moi de prendre l’exemple de l’homme –, il arrive avec son désir
sexuel et il se comporte avec lui exactement comme nous devons
tous le faire avec chacun de nos désirs physiques si nous voulons
qu’ils deviennent des moyens d’adoration : 1) il le conforme à la
Parole de Dieu ; 2) il l’assujettit à un modèle supérieur d’amour et
de bienveillance ; 3) il transpose la musique du plaisir physique en
musique d’adoration spirituelle ; 4)il cherche à entendre l’écho de
la bonté de Dieu dans chacune de ses fibres ; 5) il essaie de décupler
son plaisir en se réjouissant du plaisir de son épouse ; et 6) il rend
grâce à Dieu de tout son cœur car il sent et sait au fond de lui qu’il
n’a pas mérité une seule minute de ce plaisir.

Et enfin, la question de l’hospitalité


Venons-en à présent au texte cité au début de ce chapitre :
1 Pierre 4 : 7-11. Figurez-vous que j’ai été poussé à écrire ce chapitre
par le désir que le Christ soit glorifié par notre façon à tous, mariés
comme célibataires, d’exercer l’hospitalité les uns envers les autres.
Nous allons d’abord suivre le texte verset par verset en faisant
quelques brefs commentaires, puis j’en tirerai quelques déductions

144
Célibat, mariage et hospitalité

simples et relativement évidentes – tout en priant que Dieu utilise


cet enseignement afin de nous transformer pour sa gloire et pour
notre bonheur.
Voici ce que nous lisons au verset 7 : « La fin de tout s’est appro-
chée. » Pierre sait qu’avec la venue du Messie la fin des temps est
arrivée (1 Corinthiens 10 : 11 ; Hébreux 1 : 1-2). Nous n’attendons
pas les derniers jours : nous y sommes déjà, et ce, depuis la première
venue du Messie. En effet, le royaume de Dieu est parmi nous
(Luc 17 : 21). Par conséquent, l’accomplissement de toutes choses
pourrait emporter ce monde en très peu de temps.
Ainsi, tout comme Jésus nous a exhortés à veiller et à prendre garde
à notre vie, Pierre déclare : « Soyez donc pondérés et sobres en vue
de la prière » (1 Pierre 4 : 7). Autrement dit, entretenez une relation
très personnelle avec celui que vous espérez voir face à face lorsqu’il
reviendra. Cherchez à bien connaître le Christ. Vous ne voulez pas
qu’il soit comme un étranger pour vous quand vous le rencontrerez.
Cherchez dans la prière tout le soutien dont vous aurez besoin pendant
ces derniers jours, afin de pouvoir tenir ferme au jour de l’épreuve (Luc
21 : 36). Ne comptez pas sur votre spontanéité pour vous pousser à
prier. « Soyez donc pondérés et sobres en vue de la prière. »
Ensuite, le verset 8 déclare : « Avant tout, ayez les uns pour les
autres un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de
péchés. » L’amour est primordial et nous en aurons d’autant plus
besoin que la fin du monde approchera. Pourquoi ? Parce que les
tensions, le stress et les tribulations des derniers jours mettront
les relations à rude épreuve. En ces temps de la fin, nous aurons
besoin les uns des autres et le monde nous observera pour voir si
notre profession de foi est authentique : « Si vous avez de l’amour
les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples »
(Jean 13 : 35). Serons-nous prêts à nous pardonner et à supporter
les défauts et les petites manies les uns des autres, ou est-ce que la
colère régnera dans nos cœurs ?
Le verset 9 donne un exemple de cet amour en action et il est
significatif que Pierre précise qu’il faut le faire sans murmurer :

145
Ce mariage éphémère
« Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans maugréer. » Si
nous aimons avec ardeur et que l’amour couvre une foule de péchés,
nous ne pouvons pas nous plaindre et ronchonner si facilement,
n’est-ce pas ? L’amour couvre une grande partie des choses qui font
que nous nous plaignons. Donc, l’hospitalité sans murmurer est
l’appel de Dieu que reçoivent tous les chrétiens qui vivent dans les
derniers jours ! Quand votre niveau de stress est élevé, quand il existe
une multitude de péchés qui ont besoin d’être couverts, quand les
raisons de maugréer abondent, c’est alors que, selon Pierre, nous
devons exercer l’hospitalité.
Nos maisons doivent être ouvertes. Parce que nos cœurs sont
ouverts. Et si nos cœurs sont ouverts, c’est parce que Dieu nous a
ouvert le sien. Rappelez-vous comment l’apôtre Jean a établi le lien
entre l’amour pour Dieu et l’amour que nous avons les uns pour les
autres par rapport à l’hospitalité : « A ceci nous connaissons l’amour :
c’est que lui [Jésus] s’est défait de sa vie pour nous. Nous aussi, nous
devons nous défaire de notre vie pour les frères. Mais si quelqu’un
possède les ressources du monde, qu’il voie son frère dans le besoin
[qu’il soit célibataire ou marié !] et qu’il lui ferme son cœur, comment
l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3 : 16-17).

Que se passe-t-il dans nos maisons ?


Je n’en dirai pas plus à propos de ce passage, si ce n’est encore une
remarque à propos de ce qui se passe quand nous nous retrouvons
dans nos maisons. Voici ce que dit le verset 10 : « Que chacun mette
au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce ; vous serez ainsi
de bons intendants de la grâce si diverse de Dieu. » J’aime beaucoup
l’expression « intendants de la grâce si diverse de Dieu » ! Chaque
chrétien est un intendant – un dépositaire, gérant, gardien, distribu-
teur, serviteur – de la grâce si diverse de Dieu. Quelle merveilleuse
raison d’exister ! Tout chrétien vit de la grâce. « Et Dieu a le pouvoir
de vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, disposant
toujours, à tous égards, de tout le nécessaire, vous ayez encore en
abondance pour toute œuvre bonne » (2 Corinthiens 9 : 8). Si vous
avez peur d’exercer l’hospitalité – peur de ne pas avoir suffisamment

146
Célibat, mariage et hospitalité

de force ou de moyens financiers –, excellent ! Au moins, vous n’inti-


miderez personne. Du coup, vous vous en remettrez d’autant plus à
la grâce de Dieu. Votre regard se portera d’autant plus vers l’œuvre
du Christ et non vers la vôtre. Et ce sera une vraie bénédiction pour
ceux que vous recevrez dans votre modeste maison ou votre petit
appartement.

« Comme Christ vous a accueillis »


Nous y voilà donc : la vertu chrétienne de l’hospitalité – une
stratégie d’amour qui glorifie le Christ dans les derniers temps.
J’aimerais terminer ce chapitre par quelques applications pratiques.
D’abord un message à tous les lecteurs : si vous appartenez au Christ,
si par la foi vous avez bénéficié de son hospitalité rédemptrice, qu’il
a accordée au prix de son sang, alors en retour offrez vous aussi cette
même hospitalité aux autres. « Accueillez-vous les uns les autres,
comme le Christ lui-même vous a accueillis, pour la gloire de Dieu »
(Romains 15 : 7). Chaque jour, vous vivez de la grâce qui vous a été
offerte. Soyez donc un bon intendant de cette grâce en pratiquant
l’hospitalité.
En deuxième lieu, mon message aux couples mariés : veillez à
ce que votre hospitalité profite aussi aux célibataires, que ce soit
dans des petits groupes, au repas le dimanche, à des pique-niques,
des fêtes… Vous seriez surpris par le nombre de célibataires de tous
âges qui sont seuls pendant les fêtes de fin d’année. Tout le monde
est persuadé qu’ils ont été invités par quelqu’un d’autre. Il n’y a pas
besoin d’en faire tout un plat : soyez naturel. Et n’oubliez pas qu’il
y a des célibataires de dix-huit ans et des célibataires de quatre-
vingts ans – et des célibataires de soixante-dix ans, et soixante ans,
et cinquante ans…! –, qu’il y a des hommes et femmes, des gens
qui ont été mariés et d’autres qui ne l’ont jamais été, ainsi que des
divorcés et des veufs. Raisonnez en chrétien. Ces gens constituent
votre famille – avec des liens plus profonds et plus éternels que ceux
qui vous relient à votre famille biologique.
Troisièmement, mon message aux célibataires : pratiquez l’hos-
pitalité envers les célibataires, mais aussi envers les couples mariés et

147
Ce mariage éphémère
les familles. Cela peut vous sembler étrange, mais le caractère étrange
de la chose aux yeux de ce monde peut justement en faire un témoi-
gnage plus fort d’une vérité qui transcende ce monde. Ne serait-ce
pas la marque d’une maturité et d’une stabilité inhabituelles ? Ne
serait-ce pas un signe de la grâce de Dieu dans votre vie ? Ne serait-
ce pas un beau témoignage rendu à la vérité car, en fin de compte,
quelle est votre vraie famille ? Avec quelques amis, invitez ensemble
des couples mariés à partager un peu de votre vie.
Ma prière est que le Seigneur accomplisse cette belle œuvre parmi
nous – nous tous, sans exception. La fin de toutes choses est proche.
Soyons sobres afin de pouvoir prier. Aimons-nous les uns les autres.
Soyons de bons intendants des diverses grâces de Dieu et exerçons
l’hospitalité sans murmurer. « Accueillez-vous donc les uns les autres
comme Christ vous a accueillis. »

148
Jésus ne met pas ceux qui le suivent en demeure de
se marier. Mais il sanctifie le mariage selon la loi en le
déclarant indissoluble et, lorsqu’un des deux conjoints
s’est séparé de l’autre par infidélité, en interdisant un
second mariage à cet autre. Par un tel commandement,
Jésus libère le mariage du plaisir égoïste et pernicieux,
et veut qu’on y vive au service de l’amour ;
c’est la seule façon dont le mariage est possible
dans la marche à la suite de Jésus. Jésus ne blâme
pas le corps et son exigence naturelle, mais il rejette
l’incrédulité qui s’y cache. […] Le corps du disciple
appartient, lui aussi, au Christ dans la marche à sa suite ;
nos corps sont membres de son corps.

DIETRICH BONHOEFFER
Vivre en disciple – Le prix de la grâce, 107-108
Chapitre onze
La foi et la sexualité dans le mariage

Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt


de souillure : Dieu jugera ceux qui se livrent à l’inconduite
sexuelle et à l’adultère. Que votre conduite ne soit pas inspi-
rée par l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous
avez, car il a dit lui-même : Je ne te délaisserai jamais, je ne
t’abandonnerai jamais.
Hébr eu x 13 : 4-5

Avant d’examiner la question de la procréation et de l’éducation


des enfants, il me paraît nécessaire d’aborder l’importance énorme
de la sexualité dans le mariage. Au cours des prochains chapitres,
nous allons voir que le devoir d’être fécond et de se multiplier n’est
pas universel. Nous verrons aussi que les relations sexuelles ne se
limitent pas exclusivement à l’acte de la procréation. Dieu n’a pas
créé cette extraordinaire capacité à éprouver du plaisir simplement
pour assurer la perpétuation du genre humain. Certes, c’est ainsi
que ça fonctionne. Mais Dieu aurait pu faire en sorte que cela ne
nous procure aucun plaisir, et qu’en revanche nous ayons la nausée si
nous n’avions pas de rapports deux fois dans la semaine. Cela aurait
aussi fonctionné. Il est clair que ce plaisir n’est pas uniquement lié
à la procréation.

151
Ce mariage éphémère

Des extases inconcevables


Ce n’est pas un hasard si, à travers les siècles, les théologiens
ont interprété le Cantique des cantiques comme étant un récit à
propos du Christ et de l’Église. Ils étaient sans doute trop prudes
pour accorder au texte sa signification naturelle, à savoir la relation
entre Salomon et son épouse. Mais ils n’avaient pas tort de voir que
la signification suprême de la sexualité dans le mariage est liée aux
délices qui caractérisent la relation entre le Christ et son Église.
Nul besoin d’être un ascète ni d’avoir peur du bonheur que
procure le plaisir physique pour reconnaître que les rapports
sexuels et l’orgasme trouvent leur signification ultime dans ce
qu’ils préfigurent. Or, ils préfigurent des extases qui nous sont
inaccessibles et inconcevables dans cette vie. Tout comme le
ciel proclame la gloire de la puissance et de la beauté de Dieu,
l’orgasme sexuel annonce la gloire des délices incommensurables
que nous partagerons avec le Christ dans le monde à venir. En
effet, le mariage n’existera plus (Matthieu 22 : 30) cependant, ce
que le mariage préfigurait sera bien présent, ainsi que les plaisirs
du mariage, mais à la puissance un million !
Les plaisirs que nous connaîtrons au ciel sont de nature telle que
si Dieu essayait de nous les expliquer maintenant, ce serait un peu
comme tenter d’expliquer le plaisir sexuel à un enfant de cinq ans.
Celui-ci hocherait peut-être la tête, mais il enchaînerait aussitôt
en demandant qu’on lui passe sa pâte à tartiner préférée ! Oui, les
plaisirs sexuels dans le cadre du mariage sont quelque chose de bon.
Si je vous disais le contraire, la Bible m’accuserait de propager des
« enseignements de démons ». « Dans les derniers temps, quelques-
uns s’éloigneront de la foi pour s’attacher à […] des enseignements de
démons, par l’hypocrisie de discoureurs de mensonge […]. Ils inter-
disent de se marier et prescrivent de s’abstenir d’aliments que Dieu a
créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont
croyants et qui connaissent la vérité » (1 Timothée 4 : 1-3). Malheur
à moi si je ne célèbre pas le don de la sexualité dans le mariage !

152
La foi et la sexualité dans le mariage

Une pièce avec des scènes en privé


Célébrer la sexualité n’est pas facultatif quand on est marié.
C’est un commandement qui nous est adressé : nous devons prendre
plaisir au corps l’un de l’autre. « Que ta source soit bénie, et fais ta
joie de la femme de ta jeunesse, biche des amours, gazelle gracieuse ;
enivre-toi de ses seins en tout temps, sois sans cesse grisé par son
amour » (Proverbes 5 : 18-19). « Qu’il me couvre de baisers ! Oui, tes
caresses sont meilleures que le vin » (Cantique des cantiques 1 : 2).
Le mari et la femme sont appelés à rechercher les plaisirs que Dieu
a créés pour cette relation.
Le monde ne devrait pas mettre son nez ou ses caméras dans
notre chambre à coucher. La sexualité n’est pas un sport qui tolère les
spectateurs – malgré les milliards de dollars dépensés par l’industrie
qui cherche à en faire un spectacle. Ce qui veut dire que la pièce qui
se joue dans la vie du couple – vous savez, la représentation de la
relation entre le Christ et l’Église – contient des scènes qui se jouent
en privé. Et cette partie de la pièce ne concerne que trois personnes :
le mari, la femme et Dieu (qui voit tout). Dans ces moments-là, les
acteurs se laissent emporter par des vagues de plaisir. Et si seulement
ils veulent bien honorer la signification de ce don, ils seront émer-
veillés à la pensée que ce plaisir – aussi intense soit-il – n’est qu’une
figure de quelque chose d’infiniment supérieur qui est à venir. Ces
scènes à l’abri des regards se jouent à travers le monde entier. Elles
sont, elles aussi, une représentation de la relation entre le Christ et
son Église, et nous serions bien inspirés d’expliquer à nos contem-
porains la véritable signification de cet acte qu’ils pratiquent avec
tant de plaisir. La terre entière connaît ce témoignage à l’amour du
Christ pour son épouse.

La sexualité qui provient de la foi


n’est pas un péché
À présent, j’aimerais que nous réfléchissions à ce qu’implique le
passage d’Hébreux 13 : 4-5. « Que le mariage soit honoré de tous, et
le lit conjugal exempt de souillure : Dieu jugera ceux qui se livrent à
l’inconduite sexuelle et à l’adultère. Que votre conduite ne soit pas

153
Ce mariage éphémère
inspirée par l’amour de l’argent. » Il n’est pas du tout anodin que
l’auteur place côte à côte l’argent et le lit conjugal. Ce n’est pas une
coïncidence si la plupart des conseillers conjugaux citent l’argent et
les relations sexuelles parmi les motifs de crise les plus fréquents au
sein du couple. Il est tout aussi difficile de s’accorder sur les questions
financières que de trouver l’harmonie dans le lit conjugal. Alors,
même si nous nous intéressons ici à la sexualité dans le couple, il
ne faut pas perdre de vue que ces deux aspects sont très intimement
liés. La recherche du pouvoir et celle du plaisir se confondent dans
ces deux domaines comme dans aucun autre.
L’auteur est soucieux de protéger le lit conjugal. Il tient à ce que
ce soit une belle expérience et ne veut pas qu’elle soit gâchée. D’où
son exhortation à ce que le lit conjugal soit exempt de souillure. Il
est clair qu’il ne fait pas référence ici aux souillures au sens rituel,
car il ajoute : « Dieu jugera ceux qui se livrent à l’inconduite sexuelle
et à l’adultère. » Il veut parler de toutes les souillures liées au péché.
Or, qu’est-ce que le péché ? En définitive, c’est tout ce qui ne résulte
pas de la foi. C’est ce que déclare Paul en Romains 14 : 23 : « Tout
ce qui ne relève pas de la foi est péché. » L’auteur nous exhorte donc
à protéger les relations sexuelles dans le mariage en ne faisant rien
qui ne résulte de la foi.
Et il définit justement la foi en Hébreux 11 : 1 : « Or la foi, c’est la
réalité de ce qu’on espère, l’attestation de choses qu’on ne voit pas. »
Autrement dit, la foi est la confiance que nous avons dans tout ce
que Dieu promet d’être et de faire pour nous au cours de tous les
lendemains de notre vie. Mais alors, comment ce type de foi peut-il
engendrer des comportements et des actes sexuels qui échappent au
champ du péché ? Dans le contexte de l’épître aux Hébreux, l’auteur
montre comment cela fonctionne avec l’argent. Nous pouvons
ensuite appliquer le même raisonnement à la sexualité.
En Hébreux 13 : 5, il exhorte : « Que votre conduite ne soit pas
inspirée par l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous
avez. » L’amour de l’argent est un désir qui déplaît à Dieu ; il s’agit
d’un péché. Et le remède contre cet amour pécheur et tous les maux
qu’il engendre, c’est le contentement : « Contentez-vous de ce que

154
La foi et la sexualité dans le mariage

vous avez. » Toutefois, l’auteur ne nous laisse pas sans ressources pour
produire de nous-mêmes du contentement. Il poursuit en effet en
nous montrant quelle est la base du contentement : « Car il [Dieu]
a dit lui-même : Je ne te délaisserai jamais, je ne t’abandonnerai
jamais ». La base du contentement est la promesse que Dieu ne
nous fera jamais défaut dans son soutien et sa présence à nos côtés.
On peut donc résumer ainsi ce qu’affirme l’auteur de l’épître aux
Hébreux : Dieu nous a laissé dans sa Parole des promesses tellement
réconfortantes, rassurantes et porteuses d’espérance (à l’image de
celle qu’il cite et qui est tirée de Deutéronome 31 : 6) que si nous
avons la foi dans ces promesses, nous connaîtrons le contentement
– contentement qui est aussi le remède contre l’amour de l’argent
et tout péché sexuel.
Le péché correspond à tout sentiment, pensée et acte qui sont les
nôtres lorsque nous ne prenons pas Dieu au mot et que nous ne nous
reposons pas sur ses promesses. Par conséquent, le commandement
d’Hébreux 13 : 4 peut être reformulé ainsi : que vos relations sexuelles
soient exemptes de tout acte ou attitude qui ne résulte pas de la foi
dans la Parole de Dieu. Ou bien, pour le dire de manière positive :
ayez dans vos relations sexuelles conjugales des actes et des attitudes
qui découlent du contentement que génère la confiance dans les
promesses de Dieu.

Si je suis satisfait en Christ, pourquoi


avoir des relations sexuelles ?
Mais cela soulève immédiatement un problème. D’aucuns pour-
raient demander : « Si la foi dans les promesses de Dieu m’apporte
le contentement, pourquoi devrais-je rechercher la satisfaction
sexuelle ? » C’est une très bonne question. Et voici la première façon
d’y répondre : « Peut-être que vous ne devriez pas rechercher la
satisfaction sexuelle. Vous devriez peut-être rester célibataire. » Nous
avons évoqué cette question au chapitre 9.
Il y a cependant une deuxième façon de répondre à cette ques-
tion : le contentement que procurent les promesses de Dieu ne
signifie pas la fin de tous les désirs, et en particulier des désirs

155
Ce mariage éphémère
physiques. Jésus lui-même, dont la foi était parfaite, a connu la
faim et a souhaité manger, il a connu la fatigue et a désiré se reposer.
L’appétit sexuel appartient à cette même catégorie. Le contentement
que procure la foi ne le supprime pas davantage qu’il ne supprime la
faim et la fatigue. Dans ces conditions, qu’apporte le contentement
par rapport à la manifestation du désir sexuel ?
Je pense qu’il y a deux aspects. D’abord, si la satisfaction de
ce plaisir n’est pas possible à cause du célibat, Dieu compense ce
manque en nous accordant une portion généreuse de son soutien et
de sa présence par la foi. Paul déclare en Philippiens 4 : 11-13 : « Je
ne dis pas cela en raison d’un manque ; moi, en effet, j’ai appris à
me contenter de l’état où je me trouve. […] j’ai appris à être rassasié
et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans le manque. Je
peux tout en celui qui me rend puissant. » Si Paul a pu apprendre à
être satisfait malgré la faim, alors nous pouvons aussi apprendre à
l’être si Dieu décide de ne pas nous accorder de satisfaction sexuelle.
Deuxièmement, si la satisfaction sexuelle nous est au contraire
accordée dans le mariage, nous devons la rechercher et en jouir
uniquement d’une manière qui reflète notre foi. Autrement dit,
même si le contentement qui résulte de la foi ne supprime ni la faim,
ni la fatigue, ni l’appétit sexuel, il transforme tout de même notre
manière de satisfaire ces désirs.
La foi ne nous empêche pas de manger, mais elle évite la glouton-
nerie ; elle n’empêche pas de dormir, mais elle évite la paresse. Elle
ne coupe pas l’appétit sexuel, mais… Mais quoi ? C’est précisément
ce dont je veux parler avant de clore ce chapitre.

Ce que nous faisons n’est pas sale


Pour commencer, quand elle entend les paroles de 1 Timothée
4 : 4-5 (« Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter, pourvu
qu’on le prenne avec actions de grâces, car tout est consacré par la
parole de Dieu et la prière »), l’oreille de la foi entend et croit. Aussi la
foi honore-t-elle le corps et ses appétits comme étant des merveilleux
cadeaux de Dieu. La foi ne permet pas qu’un couple marié qui se
retrouve au lit ensemble se dise : « Ce qu’on fait là est sale ; c’est ce qu’ils

156
La foi et la sexualité dans le mariage

font dans les films pornographiques ! » Au contraire, la foi déclare :


Dieu a créé cet acte, et il est bon, et il est pour « ceux qui sont croyants
et qui connaissent la vérité » (1 Timothée 4 : 3).

En dépit des cicatrices laissées


par le péché pardonné
Ensuite, la foi augmente la joie procurée par les relations sexuelles
au sein du couple car elle nous libère de la culpabilité du passé. Je
pense ici à ceux qui sont mariés mais dont le passé est marqué par
la fornication, l’adultère, l’inceste, ou une aventure homosexuelle,
des années de masturbation chronique, un problème avec la por-
nographie, des gestes déplacés, ou encore par le divorce. Voici le
message de Dieu pour vous : si par la grâce de Dieu vous désirez
sincèrement vous en remettre à sa miséricorde afin de recevoir son
pardon, il vous délivrera de la culpabilité du passé. Il vous permettra
d’avoir une vie sexuelle complètement nouvelle et pure dans le cadre
de votre couple.
Mais nous ne sommes pas naïfs. Même si la culpabilité de notre
péché peut être lavée, il reste certaines cicatrices. Par exemple,
j’imagine tout à fait un couple assis sur un banc dans un parc juste
avant leurs fiançailles. Il se tourne vers elle et lui annonce : « Il faut
que je te dise quelque chose. Il y a deux ans, j’ai eu une relation
sexuelle avec une autre fille. Je m’étais éloigné du Seigneur ; il n’y
a eu qu’elle. J’ai souvent pleuré en pensant à ce péché. Je crois que
Dieu m’a pardonné, et j’espère que tu le pourras aussi. »
Au cours des semaines suivantes, non sans larmes, elle lui par-
donne, et ils se marient. Arrive leur nuit de noces, et au moment
où ils se retrouvent au lit il remarque qu’elle a les yeux remplis
de larmes. Il lui demande ce qui ne va pas et elle répond : « Je ne
peux m’empêcher de penser à cette autre fille, au fait qu’elle s’est
retrouvée couchée là à côté de toi comme moi. » Et puis, des années
plus tard, alors qu’il est moins attiré par le corps de sa femme, il se
prend à repenser involontairement à l’excitation illicite procurée par
cette première relation. Voilà ce que je veux dire par cicatrices. Et
nous en avons tous, d’une façon ou d’une autre. Chacun de nous a

157
Ce mariage éphémère
commis des péchés qui, même s’ils ont été pardonnés, rendent notre
vie actuelle plus compliquée que si nous ne les avions pas commis.
Mais je ne veux pas donner l’impression que le Christ est
impuissant face à ce type de cicatrices. Certes, il peut ne pas effacer
tous les problèmes causés par ces cicatrices, mais il a promis de faire
en sorte que tout – y compris ces problèmes – concoure à notre
bien dès lors que nous l’aimons et que nous sommes appelés selon
son dessein (Romains 8 : 28). Reprenons le cas de notre couple
imaginaire. Je préfère me dire que leur histoire s’est soldée par une
fin heureuse. Ils ont fini par avoir une sexualité épanouie parce
qu’ils ont fait face au problème en toute franchise, en priant sans
relâche et en s’en remettant à la grâce de Dieu. Ils ont exprimé tout
ce qu’ils ressentaient. Ils n’ont rien refoulé. Ils se sont fait confiance
et se sont aidés mutuellement, et ils ont trouvé le chemin de la
paix et de l’harmonie sexuelle. Par-dessus tout, ils ont découvert
de nouvelles dimensions de la grâce de Dieu. Le Christ est mort
non seulement pour qu’en lui nous puissions, dans le cadre du
mariage, avoir des relations sexuelles dénuées de tout sentiment de
culpabilité, mais aussi afin de nous faire du bien spirituellement
même à travers nos cicatrices.

Faire échec à satan grâce à des


relations sexuelles fréquentes
La troisième chose que nous pouvons dire à propos de la foi et
des relations sexuelles du couple marié est que la foi se sert de la
sexualité comme d’une arme contre Satan. Voyons en effet ce qu’il
est dit en 1 Corinthiens 7 : 3-5 :
Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit ; de même la
femme à son mari. Ce n’est pas la femme qui a autorité sur
son propre corps, c’est son mari ; de même, ce n’est pas le mari
qui a autorité sur son propre corps, c’est sa femme. Ne vous
privez pas l’un de l’autre, sinon pour un temps et d’un commun
accord, afin de vous consacrer à la prière ; puis reprenez votre
vie conjugale, de peur que le Satan vous mette à l’épreuve, parce
que vous ne sauriez pas vous maîtriser.

158
La foi et la sexualité dans le mariage

En Éphésiens 6 : 16, Paul nous exhorte à repousser Satan en nous


servant du bouclier de la foi. Ici, son message aux chrétiens mariés
est le suivant : « Repoussez Satan en ayant des relations sexuelles
suffisamment régulières. Ne vous abstenez pas trop longtemps,
mais reprenez rapidement vos rapports afin que Satan ne puisse pas
prendre pied dans votre vie. »
Alors, lequel faut-il prendre ? Est-ce avec le bouclier de la foi ou
avec le bouclier des relations sexuelles que nous devons nous protéger
contre le diable ? La réponse pour ceux qui sont mariés est que la foi
se sert des rapports sexuels comme un moyen de grâce. Pour ceux
que Dieu a conduits vers le mariage, les relations sexuelles sont un
moyen instauré par Dieu pour surmonter la tentation de succomber
au péché (le péché de l’adultère, le péché des fantasmes sexuels, le
péché de la pornographie,…). La foi accepte humblement ces dons
et rend grâce à Dieu.

Le top des relations sexuelles :


trouver sa joie dans celle du conjoint
Mais il y a un autre aspect très important dans ce passage de
1 Corinthiens 7 : 3-5. Au verset 4, Paul affirme que l’homme et la
femme ont des droits sur le corps l’un de l’autre. Dès lors que les
deux deviennent une seule chair, leur corps se retrouve à la disposi-
tion l’un de l’autre. Chacun peut avoir des prétentions sur le corps
de l’autre pour sa satisfaction sexuelle.
Cependant, il ne faut surtout pas perdre de vue les exhortations
que Paul adresse aux versets 3 et 5 concernant ces droits réciproques.
Il ne dit absolument pas : « Par conséquent, revendiquez vos droits !
Faites valoir vos droits ! » Il déclare au contraire : « Toi le mari, accorde
ses droits à ta femme ! Et toi la femme, accorde ses droits à ton
mari ! » (v. 3). Et au verset 4 : « Ne vous refusez pas l’un à l’autre. »
Autrement dit, il n’encourage pas le conjoint qui a un désir de
satisfaction sexuelle à s’en emparer sans se soucier des besoins de
l’autre. Au contraire, il exhorte plutôt les conjoints à toujours être
prêts à offrir leur corps quand l’autre le désire.

159
Ce mariage éphémère
À la lumière de cela et de l’enseignement de Jésus en général,
j’en déduis que, pour avoir des relations sexuelles heureuses et
épanouissantes dans le mariage, il faut que chacun des conjoints
désire satisfaire l’autre. Si chacun se réjouit de rendre l’autre
heureux, une multitude de problèmes seront réglés avant même
leur apparition.
Vous le mari, si votre satisfaction est de procurer du plaisir à
votre femme, vous serez sensible à ses besoins et ses désirs. Vous
apprendrez que pour avoir des rapports sexuels satisfaisants à 22 h,
la préparation doit commencer dès 7 h par des mots tendres et se
poursuivre tout au long de la journée par des manifestations de
gentillesse et de respect. Et, le moment venu, il ne faut pas faire
l’effet d’un char d’assaut, mais tenir compte de son rythme et l’ame-
ner habilement jusqu’au plaisir. À moins qu’elle ne vous donne le
signal, il faut vous dire en permanence : « Le but, c’est son orgasme,
pas le mien. » Et sur le long terme vous constaterez qu’il y a plus de
bénédictions à donner qu’à recevoir.
Quant à vous la femme, même si ce n’est pas toujours le cas, il
semble qu’en général votre mari désire avoir des relations sexuelles
plus souvent que vous. Martin Luther a dit qu’il estimait que deux
fois par semaine suffisaient amplement pour se protéger contre le
Tentateur13. J’ignore si sa femme Catherine était partante à chaque
fois. Mais même si vous ne l’êtes pas, donnez de toute façon, sauf
circonstances exceptionnelles. En ce qui vous concerne, vous les
maris, je ne vous dis pas de prendre de toute façon. En fait, par
égard pour elle, vous pouvez vous en priver. Le but est de rivaliser
de prévenance l’un envers l’autre en donnant à son conjoint ce qu’il
désire (Romains 12 : 10). Que chacun de vous se donne pour but de
satisfaire l’autre le mieux possible.

William Lazareth écrit : « Pour ce qui est de la fréquence recommandée pour le coït
13

conjugal, voici un distique humoristique traditionnellement attribué à Luther et qui


reflète, si ce n’est ses mots exacts, en tout cas l’esprit vaillant et vigoureux des conseils
qu’il donnait en matière de sexualité : “Deux fois par semaine ne fait de mal ni à l’un
ni à l’autre, et pourtant ça fait cent quatre fois dans l’année.” » (Luther on the Christian
Home, Philadelphie : Muhlenberg Press, 1960, p. 226.)

160
La foi et la sexualité dans le mariage

Une sexualité sanctifiée :


la défaite de satan,
la gloire du Christ, et notre plaisir
« Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt
de souillure. » En d’autres termes, ne péchez pas dans le cadre de vos
rapports sexuels. Traduction : n’ayez que des comportements et des
actes résultant de la foi dans les promesses de Dieu qui procurent
l’espérance. Nous devrions tous nous demander régulièrement si ce
que nous ressentons et faisons est motivé par le contentement que
procure la foi, ou plutôt par l’insécurité et l’anxiété qu’engendre
l’incrédulité. Nos désirs sont-ils en conformité ou en contradiction
avec le contentement que procure la foi ? Ces questions vous aideront
à vous déterminer pour des centaines de décisions éthiques aussi bien
secondaires que majeures.
En résumé, mon but était de montrer l’impact de la foi sur trois
aspects des relations sexuelles dans le mariage. Premièrement, la foi
croit Dieu lorsqu’il déclare que pour le couple marié la sexualité
est quelque chose de bon et de pur, et qu’elle devrait être reçue
avec reconnaissance par ceux qui connaissent et croient la vérité.
Deuxièmement, la foi augmente la satisfaction que procurent les
relations sexuelles dans le mariage parce qu’elle nous délivre de la
culpabilité du passé. La foi croit cette promesse que le Christ est
mort pour tous nos péchés, afin qu’en lui nous puissions jouir de
relations sexuelles dénuées de toute culpabilité et qui glorifient le
Christ dans le cadre du mariage. Et enfin, la foi brandit l’arme de
la sexualité contre Satan. Le couple marié porte un coup sérieux à
la tête de ce serpent millénaire quand chacun a comme objectif de
donner à l’autre le plus de satisfaction sexuelle possible. N’est-ce pas
le signe de la merveilleuse grâce de Dieu que par-delà tout le plaisir
que procure le côté sexuel du mariage celui-ci s’avère également être
une arme terrifiante contre notre ennemi de toujours ?
Cela ne devrait pas nous surprendre. À l’apogée du plaisir exquis
qu’il permet d’éprouver, le mariage exprime avec force la vérité de
l’amour d’alliance entre le Christ et son Église. Or cet amour est la
force la plus puissante au monde. Il n’est donc pas surprenant que
la défaite de Satan, la gloire du Christ et notre plaisir soient réunis
dans ce lit conjugal sans souillure.

161
Le mariage est plus grand que votre amour réciproque.
Il a une dignité et une puissance plus hautes,
car il est une sainte institution de Dieu par laquelle
il veut maintenir l’humanité jusqu’à la fin des jours.
Dans votre amour, vous vous voyez tous les deux seuls
au monde ; dans le mariage, vous êtes un maillon de la
chaîne des générations que Dieu fait vivre et mourir
en son honneur et qu’il appelle dans son royaume.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre douze
La finalité du mariage est de faire des
enfants… des disciples de Jésus :
à quel point le devoir de procréation
est-il absolu ?

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela


est juste : Honore ton père et ta mère —  c’est le premier
commandement accompagné d’une promesse – pour que tu sois
heureux et que tu vives longtemps sur la terre. Et vous, pères,
n’ irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’ éducation et les
avertissements du Seigneur.
Éphésiens 6 : 1-4

J’ai essayé de montrer à partir de l’Écriture que la signification


principale du mariage consiste à exposer à la vue de tous l’amour
d’alliance qui règne entre le Christ et son Église. Autrement dit, la
raison la plus profonde et la plus importante pour laquelle le mariage
a été établi par Dieu est qu’il soit une parabole ou une représenta-
tion de la façon dont le Christ aime son Église et dont il l’appelle
à l’aimer. Voilà la chose la plus importante que doivent savoir tous
les gens mariés, hommes et femmes, à propos de la signification de
leur union.

163
Ce mariage éphémère

Une institution magnifique


Pour ce faire, je me suis appuyé avant tout sur le passage d’Éphé-
siens 5 : 23-25 :

L’homme est la tête de la femme, comme le Christ est la tête


de l’Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur ; en tout
cas, comme l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi les femmes
se soumettent en tout à leur mari. Maris, aimez votre femme
comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré lui-même pour elle

Attention ! Ce passage est tellement connu que ce qu’il déclare


ne nous semble pas si extraordinaire que cela. Mais comment est-ce
possible de parler du mariage en ces termes ? En trois versets, Paul
répète trois fois la même chose :

• Verset 23 : comme le Christ est la tête de l’Église


• Verset 24 : comme l’Église se soumet au Christ
• Verset 25 : comme le Christ a aimé l’Église.

Quelle est la signification fondamentale du mariage ? Elle est


exprimée avec insistance par les mots « comme Christ », « tout comme
l’Église », « comme Christ ». En effet, la signification suprême du
mariage ne se trouve pas dans le mariage en tant que tel. Elle ne
se trouve pas dans le mari, ni dans la femme, ni dans les enfants.
Voici de quoi il s’agit : « comme Christ », « tout comme l’Église »,
« comme Christ ». Le mariage est une institution magnifique car
il a été conçu sur un modèle magnifique et il est la représentation
d’une réalité magnifique. Quant à l’amour qui unit l’homme et
la femme dans le mariage, c’est un amour magnifique parce qu’il
est la représentation de quelque chose de magnifique : « comme
le Christ a aimé l’Église » et « tout comme l’Église se soumet au
Christ ». La splendeur du mariage ne se trouve pas dans le mariage
en soi, mais dans le fait qu’il est la manifestation, à la vue de tous,
de quelque chose d’une splendeur indescriptible : la relation entre
le Christ et l’Église.

164
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u  ?

La finalité du mariage est


de faire des bébés… des disciples
Le message que je souhaite cependant ajouter à travers ce chapitre
est que la finalité du mariage est de faire des enfants… des disciples
de Jésus. Cette formulation est volontairement à double sens ;
j’espère qu’elle vous aidera à vous souvenir de ce que nous allons
développer maintenant. Oui, la finalité du mariage est de faire des
enfants, c’est-à-dire de procréer. Même si ce n’est pas son but prin-
cipal, c’est un aspect qui est important et conforme à l’enseignement
biblique. Mais j’ajoute ensuite des disciples de Jésus. La finalité du
mariage est que des enfants deviennent des disciples de Jésus. Du
coup, il y a changement de perspective. Il ne s’agit pas simplement
d’augmenter la population de notre planète mais aussi d’augmenter
le nombre des disciples de Jésus sur terre.
Cette formulation est importante, car elle souligne que les
couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant pour cause d’infertilité
peuvent quand même avoir pour but de permettre à des enfants
de devenir des disciples de Jésus. En établissant le mariage comme
lieu de la procréation, Dieu n’a jamais eu pour but de simplement
peupler la terre : c’était pour la remplir d’adorateurs du vrai Dieu.
Or, pour que la terre soit remplie d’adorateurs du vrai Dieu, l’un des
moyens est que les couples procréent et élèvent leurs enfants dans la
connaissance du Seigneur. Mais ce n’est pas le seul moyen. Quand
la perspective change pour devenir « faire des enfants des disciples
de Jésus », il ne s’agit plus avant tout de « faire des enfants », mais
de « faire d’eux des disciples ». Et ce scénario est possible même si le
premier ne l’est pas.

Le but de mon propos


Mais n’allons pas si vite en besogne. Voici quel est le but de mon
propos. Premièrement, nous allons rappeler que le dessein initial
de Dieu en créant l’homme et la femme était qu’ils se marient et
qu’ils aient des enfants. Deuxièmement, je montrerai que, dans le
monde déchu dans lequel nous vivons, non seulement le mariage
n’est pas un appel absolu qui s’adresse à tous (comme nous l’avons

165
Ce mariage éphémère
déjà vu) mais faire des enfants n’est pas non plus un appel absolu
qui s’adresse à tous les couples. C’est quelque chose de normal, de
bon, de douloureux, de merveilleux mais qui n’est pas une exigence
absolue pour tous les couples. Troisièmement, nous nous arrêterons
sur les exhortations d’Éphésiens 6 : 1-4, où le mariage est présenté
comme le moyen de faire des enfants des disciples de Jésus.

Avoir des enfants est conforme


à la volonté de Dieu
Donc, premier point : dans le grand dessein de Dieu, la finalité
du mariage inclut normalement de donner naissance à des enfants
et de les élever dans la connaissance du Christ.
Dieu dit : Faisons les humains à notre image, selon notre
ressemblance, pour qu’ils dominent sur les poissons de la mer, sur
les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les
bestioles qui fourmillent sur la terre. Dieu créa les humains à
son image : il les créa à l’image de Dieu ; homme et femme il les
créa. Dieu les bénit ; Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-
vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux
qui fourmillent sur la terre.
Genèse 1 : 26-28

Puis nous lisons en Genèse 9 : 1 qu’après le déluge, « Dieu


bénit Noé et ses fils ; il leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous et
remplissez la terre. » Tel était le dessein initial de Dieu : le mariage
comme lieu de la procréation afin que la terre soit remplie de la
connaissance de l’Éternel, tout comme l’eau recouvre le fond de la
mer (cf. Habacuc 2 : 14). Et cela n’a jamais cessé d’être une bonne
chose : « Comme des flèches dans la main d’un vaillant guerrier,
ainsi sont les fils de la jeunesse. Heureux l’homme qui en a rempli
son carquois ! Ils n’auront pas honte, quand ils parleront avec des
ennemis à la porte de la ville. » (Psaume 127 : 4-5).
Ensuite, dans le Nouveau Testament, personne n’a un discours
plus positif à propos des enfants que Jésus lui-même. Nous lisons

166
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u  ?

en Marc 10 : 13-14 : « Des gens lui amenaient des enfants pour qu’il
les touche de la main. Mais les disciples les rabrouèrent. Voyant
cela, Jésus s’indigna ; il leur dit : Laissez les enfants venir à moi ; ne
les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui sont
comme eux. » Nous voyons donc que, du début à la fin, la Bible
accorde une valeur très importante au fait d’avoir des enfants, de
les élever et de les bénir. Dans notre Église, nous avons beaucoup
de familles nombreuses. Eh bien, nous les encourageons ; quelle
vocation magnifique ! Nous y reviendrons plus loin. C’est donc une
des grandes raisons d’être du mariage : avoir des enfants et les élever
à la gloire de Dieu.

Avoir des enfants n’est pas


le but universel
Cependant, je souhaite insister sur un deuxième point : même si
la raison d’être du mariage inclut normalement de donner naissance
à des enfants, ce schéma n’est pas universel. En ces temps marqués
par la chute et le péché, où l’homme a désespérément besoin de
connaître le Rédempteur, ce n’est pas la nature en soi qui dicte s’il
faut avoir des enfants et à quel moment. Finalement, la décision
de concevoir ne relève pas de la nature, mais de ce qui glorifie le
Rédempteur, Jésus-Christ.
Autrement dit, il existe une analogie entre la question du céli-
bat et celle des enfants. Genèse 2 : 18 : « Le seigneur Dieu dit : Il
n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui
sera son vis-à-vis. » À première vue, il semble donc que le mariage
soit toujours la voie à emprunter. Mais ensuite, Paul le célibataire
déclare : « Je voudrais que tous soient [célibataires] comme moi ;
mais chacun tient de Dieu un don particulier, l’un d’une manière,
l’autre d’une autre. […] Voici donc ce que j’estime bon, à cause des
temps actuels de détresse : il est bon pour chacun de rester comme
il est » (1 Corinthiens 7 : 7, 26 – S21). Nous voyons donc qu’il y a
différents dons et différents appels. Le mariage n’est pas un absolu.
À présent, considérons l’analogie entre le célibat et le fait d’avoir
des enfants. Au commencement, Dieu a dit au genre humain :

167
Ce mariage éphémère
« Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Genèse 1 : 28).
C’est quelque chose de normal et de bon. Mais ce n’est pas quelque
chose de plus absolu que le mariage ne l’est. L’appel universel est de
chercher à avoir des enfants spirituels, pas des enfants biologiques.
La finalité universelle du mariage n’est pas de faire des enfants mais
d’amener des enfants à être des disciples de Jésus. Voyons quelques
passages bibliques à ce sujet.

Avoir des centaines d’enfants


Nous lisons en Marc 10 : 29-30 :

Jésus répondit : Amen, je vous le dis, il n’est personne qui


ait quitté, à cause de moi et de la bonne nouvelle, maison,
frères, sœurs, mère, père, enfants ou terres, et qui ne reçoive au
centuple, dans le temps présent, maisons, frères, sœurs, mères,
enfants et terres — avec des persécutions – et, dans le monde qui
vient, la vie éternelle.

Ici, Jésus déplace l’appel universel : il ne s’agit plus d’avoir des


enfants biologiques, mais d’avoir des centaines d’enfants via la
famille du Christ par notre influence spirituelle. Cela peut concer-
ner l’adoption, la fonction de famille d’accueil, l’organisation de
clubs bibliques dans son jardin, ou encore l’hospitalité pratiquée en
ouvrant sa maison aux enfants du quartier, un emploi à la crèche,
des liens privilégiés avec des neveux et nièces, le rôle d’animateur
d’école du dimanche… Ce qui est sûr, c’est que le but universel du
mariage n’est pas forcément de faire des enfants, mais de faire en
sorte que des enfants deviennent des disciples de Jésus d’une façon
ou d’une autre, directement ou indirectement.
Paul écrit en Romains 9 : 8 : « ce ne sont pas les enfants de la chair
qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse
qui sont comptés comme descendance. » Autrement dit, dans le
royaume de Dieu, le devoir d’engendrer des « enfants de la chair »
n’est pas un absolu. Par contre, chercher à engendrer des « enfants
de la promesse » est un absolu.

168
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u  ?

Paul écrit par ailleurs en 1 Corinthiens 4 : 15 : « Quand vous


auriez dix mille surveillants dans le Christ, vous n’avez pas plusieurs
pères : c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par la bonne
nouvelle ». Voici la famille la plus importante pour le croyant et c’est
principalement par ce canal que nous avons des enfants : non par la
naissance naturelle, mais par la naissance surnaturelle. Pour beaucoup
de couples, les deux vont de pair, mais ce n’est pas toujours le cas.
Encore un dernier verset sur ce point. Romains 16 : 13 : « Saluez
Rufus, celui qui, dans le Seigneur, a été choisi, et sa mère, qui est
aussi la mienne. » Voici un exemple de maternité qui va au-delà du
fils naturel pour s’étendre au fils de cœur, celui qui reçoit l’affection
et les bons soins. J’en déduis donc qu’en ce qui concerne les chré-
tiens, la maternité et la paternité par la procréation sont quelque
chose de naturel, de bon et même de glorieux quand le Christ y
est associé. Cependant, il ne s’agit pas d’une finalité absolue. En
revanche, avoir pour objectif d’engendrer des enfants spirituels est
un absolu. Certes, le but du mariage est de faire des enfants. Mais pas
de manière absolue. De manière absolue, le mariage a pour objectif
de faire des enfants des disciples de Jésus.

Faire du mariage un endroit de choix


pour le discipulat
Enfin, arrêtons-nous sur cette autre vocation que Dieu a donné
au mariage : être le lieu idéal pour faire des enfants des disciples de
Jésus. La fin de ce chapitre sera consacrée à la fois à la mère et au
père ; puis, au chapitre suivant, nous nous intéresserons plus précisé-
ment au père, car l’Écriture lui accorde une place toute particulière.
Voici de nouveau notre texte :
Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela
est juste : Honore ton père et ta mère — c’est le premier
commandement accompagné d’une promesse — pour que tu sois
heureux et que tu vives longtemps sur la terre. Et vous, pères,
n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’éducation et les
avertissements du Seigneur. (Éphésiens 6 : 1-4)

169
Ce mariage éphémère

Cinq observations
Premièrement, le père a une responsabilité de premier plan pour
ce qui est d’élever les enfants dans la discipline et l’enseignement
du Seigneur. Notez la formulation du verset 1 : « Enfants, obéissez à
vos parents. » Aux deux. Pas seulement au père ou à la mère, mais aux
parents. En revanche, quand l’auteur passe du devoir des enfants à
celui des parents, c’est le père qui est mentionné et non la mère. « Et
vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’éducation
et les avertissements du Seigneur. » Par conséquent, ma première
observation, que nous développerons au chapitre suivant, c’est qu’au
sein du couple c’est avant tout au père qu’incombe la responsabilité
d’élever les enfants par l’éducation et les avertissements du Seigneur.
Deuxièmement, il n’en demeure pas moins que la mère et le
père sont tous les deux appelés à accomplir cette tâche ensemble.
Ils sont en effet tous les deux mentionnés comme devant faire
l’objet d’une obéissance particulière de la part des enfants. Verset 1 :
« Enfants, obéissez à vos parents [mère et père] dans le Seigneur. »
Cette même vérité est exprimée en Proverbes 6 : 20-21 : « Mon fils,
garde les préceptes de ton père et ne délaisse pas l’enseignement de ta
mère. Attache-les constamment sur ton cœur, noue-les à ton cou. »
D’ailleurs, Paul rappela à Timothée qu’il devait tenir ferme dans
les enseignements que sa mère et sa grand-mère lui avaient donnés
lorsqu’il était enfant (2 Timothée 3 : 14 ; 1 : 5). Donc, le père et la
mère ont tous les deux une responsabilité dans le couple pour ce
qui est d’élever les enfants dans le Seigneur, le père ayant toutefois
la responsabilité principale dans ce domaine.
Troisièmement, il est important que la mère et le père soient
unis dans cette tâche. Ce n’est pas toujours possible car il peut
arriver qu’un des conjoints ne soit pas croyant. Dans ce cas,
faites de votre mieux pour trouver un terrain d’entente concret,
par exemple concernant la manière d’exercer la discipline. Mais
le dessein de Dieu pour le couple c’est d’avoir un front uni. Les
deux sont censés avoir un même but : élever leurs enfants « en
leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent
du Seigneur », c’est-à-dire une éducation fondée sur le Seigneur

170
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u  ?

et façonnée par lui, imprégnée de son enseignement et ayant pour


but de l’honorer. Dieu ne prévoit pas que nous soyons divisés dans
ce domaine. Les enfants ont besoin de se sentir face à un front
uni formé par papa et maman. Il ne faut pas semer la confusion
chez les enfants. Passez en revue vos divergences sur ce que vous
désirez enseigner et la manière et les circonstances dans lesquelles
exercer la discipline, puis montrez-vous unis face à vos enfants.
Ne les laissez pas vous manipuler afin de vous dresser l’un contre
l’autre ; faites en sorte que ce stratagème n’ait aucune chance de
réussir. Dieu est un. Que les parents soient un.
Nous en arrivons à la quatrième observation. La tâche la plus
importante d’une mère et d’un père consiste à représenter Dieu
auprès de leurs enfants. En effet, les enfants connaissent leurs parents
avant de connaître Dieu. Il s’agit là d’une responsabilité énorme qui
devrait pousser tous les parents à aspirer de toutes leurs forces à être
transformés à l’image de Dieu. Les enfants sont exposés pendant des
années à l’univers avant même de connaître l’existence de l’univers.
Ils font l’expérience du type d’autorité, de justice et d’amour qui
existent dans l’univers avant de rencontrer le Dieu d’autorité, de
justice et d’amour qui a créé et qui dirige l’univers. Les enfants
s’imprègnent de ce qu’ils reçoivent de leur père : sa force, son auto-
rité, sa protection, sa justice et son amour. De même, les enfants
s’imprègnent de ce qu’ils reçoivent de leur mère : sa nourriture et ses
soins, sa chaleur, son intimité, sa justice et son amour. Évidemment,
tout cela se recouvre partiellement.
Et tout cela se passe avant que l’enfant ne sache quoi que ce soit
au sujet de Dieu, alors qu’au fond tout cela a un rapport direct avec
Dieu. L’enfant sera-t-il capable de reconnaître Dieu pour ce qu’il
est véritablement, dans son autorité, son amour et sa justice, parce
que maman et papa lui ont montré ensemble en actes quel genre
de Dieu il est ? Notre tâche première de parent consiste à connaître
Dieu tel qu’il est véritablement dans ses nombreux attributs – et en
particulier tel qu’il s’est révélé lui-même dans la personne de Jésus
et à la croix –, et ensuite de vivre avec nos enfants de manière à les
aider à voir et à connaître ce Dieu aux multiples facettes. Et, bien

171
Ce mariage éphémère
entendu, cela sous-entend de toujours les orienter vers le portrait
infaillible de Dieu qui est fait dans la Bible.
Enfin, Dieu a voulu que la mère et le père participent tous les
deux à l’éducation de leurs enfants parce qu’ils sont mari et femme
avant d’être père et mère. Or, ce qu’ils sont en tant que mari et
femme est précisément ce que Dieu veut présenter aux enfants :
en tant que mari et femme, ils sont une représentation de l’amour
d’alliance entre le Christ et l’Église. Voilà ce que Dieu veut que les
enfants puissent observer. Sa volonté est que les enfants grandissent
en contemplant l’amour du Christ pour l’Église et en voyant à quel
point l’Église prend plaisir à suivre le Christ. Sa volonté est que les
enfants s’imprègnent dès leur naissance de la beauté, de la force et
de la sagesse de cette relation d’alliance.

La signification première
au service de la seconde
Il en résulte que la signification la plus profonde du mariage – la
manifestation aux yeux de tous de l’amour d’alliance entre le Christ
et l’Église – est sous-jacente à cet autre objectif du mariage : faire
des enfants des disciples de Jésus. Tout cela est étroitement mêlé.
Un bon mariage constitue un environnement favorable permettant
aux enfants de grandir en étant témoins de la gloire de l’amour
d’alliance du Christ.
Que le Seigneur nous accorde une unité de vision concernant ce
qui importe vraiment dans le mariage : un mari et une femme qui
s’aiment comme le Christ et l’Église sous les yeux de leurs enfants,
lesquels, par la grâce de Dieu, aiment ce dont ils sont témoins.

172
C’est de Dieu que les parents reçoivent leurs enfants,
et c’est à Dieu qu’ils doivent à nouveau les conduire.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre treize
La finalité du mariage est de faire
des enfants… des disciples de Jésus :
vaincre la colère chez les pères
et les enfants

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela


est juste : Honore ton père et ta mère — c’est le premier
commandement accompagné d’une promesse — pour que tu
sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre. Et vous,
pères, n’ irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’ éducation
et les avertissements du Seigneur.
Éphésiens 6 : 1-4

La raison d’être ou la finalité suprême du mariage est d’être une


représentation sur terre de l’amour d’alliance qui règne entre le
Christ et son Église. Nous avons vu au chapitre précédent que cette
parabole en chair et en os de l’amour entre le Christ et l’Église est le
cadre que Dieu a créé pour la procréation – mais non pas seulement
pour faire des enfants : pour faire d’eux des disciples de Jésus. Tels
sont les deux objectifs du mariage. Et c’est la raison d’être suprême
qui crée le cadre voulu par Dieu pour la réalisation de l’objectif
secondaire. Le mariage est en définitive une représentation en chair

175
Ce mariage éphémère
et en os de la façon dont le Christ (que représente le mari) aime
son Église, et dont l’Église (que représente la femme) est consacrée
au Christ. Et c’est cette représentation en chair et en os qui crée le
cadre – l’écrin physique, affectif, moral et spirituel – permettant
d’atteindre le second objectif du mariage, qui est de mettre au
monde des enfants et de les amener à Jésus.

Le nid vide
Alors que j’étais en train de rédiger ce chapitre, je suis tombé sur
la lettre de nouvelles d’une de nos plus anciennes familles de mission-
naires, dans laquelle les parents expliquaient que leurs deux enfants
étaient maintenant mariés. On pouvait donc lire sous la photo du
couple la légende suivante : « Le nid est vide ». Et c’est vrai que dans
la culture occidentale on dit que les enfants « quittent le nid », ce qui
sous-entend qu’une des finalités du mariage est d’être un nid pour les
oisillons jusqu’à ce qu’ils puissent voler de leurs propres ailes, c’est-à-
dire pourvoir à leurs besoins et se construire à leur tour un nid. Et si
nous sommes chrétiens, nous considérons que l’essence même de ce
nid est le scénario joué en chair et en os par le mari et la femme qui
sont censés vivre, démontrer et enseigner l’amour d’alliance entre le
Christ et son Église. Telle est l’essence du nid familial.

À propos des pères


La question que nous nous posons donc dans ce chapitre est la
suivante : qu’en est-il des enfants dans ce scénario ? Que sont censés
vivre les enfants que Dieu place au milieu de cette parabole en chair
et en os, représentation de l’amour de son Fils ? Que doit-il se passer
dans ce nid pour le bien des jeunes oiseaux ? Si, pour répondre à ces
questions, je m’intéresse avant tout aux pères, c’est parce que, dans le
texte cité plus haut, Paul commence en faisant référence aux parents
(verset 1) avant de porter son attention sur les pères (verset 4).
Notez ce qu’il dit au verset 1 : « Enfants, obéissez à vos parents
dans le Seigneur. » De toute évidence, chacun des parents est censé
donner des conseils et des ordres, puisque les enfants doivent obéir
à leurs parents (à la mère comme au père). Dans ce nid, la mère et

176
Vaincre la colère chez les pères et les enfants

le père participent tous les deux à donner une éducation, un modèle


et des conseils, ainsi qu’à exercer la discipline.
On pourrait s’attendre à ce que Paul continue de considérer les
parents en tant que couple, ce qui donnerait : et vous, parents, n’irri-
tez pas vos enfants, etc. Mais ce n’est pas ce qu’il dit au verset 4. Il est
bien écrit : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les
par l’éducation et les avertissements du Seigneur. » C’est pourquoi
j’ai insisté au chapitre précédent sur le fait que, dans le couple, et
notamment le nid créé par le mariage, le père a une responsabilité de
premier plan concernant l’éducation des enfants. Non pas l’entière
responsabilité, mais une responsabilité de leader.
J’aime bien exprimer ce principe comme je l’ai écrit à la fin du
chapitre 7 : s’il y a un problème avec les enfants chez les Piper et
que Jésus vient frapper à la porte, quand Noël lui ouvrira il lui dira :
« Bonjour, Noël, est-ce que l’homme de la maison est là ? Il faut
qu’on parle. » Non pas que Noël ne porte aucune responsabilité ;
mais c’est moi qui suis le principal responsable pour ce qui est
de veiller à ce que nos enfants soient « élevés en leur donnant une
éducation et des avertissements qui viennent du Seigneur ».

L’autorité du mari étendue


à l’éducation des enfants
Cette responsabilité de premier plan dans l’éducation des enfants
est simplement la prolongation naturelle de la responsabilité de lea-
der du mari dans sa relation avec son épouse. Comme nous l’avons
vu précédemment, Paul a écrit en Éphésiens 5 : 23-25 : « L’homme
est la tête de la femme, comme le Christ est la tête de l’Église […].
Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il s’est
livré lui-même pour elle. » Dieu n’instaure pas le mari comme lea-
der dans sa relation avec sa femme pour ensuite confier un rôle de
leader à la femme dans sa relation avec les enfants. Nous, les maris,
sommes investis de l’autorité dans les deux directions. Sinon, les
enfants seraient dans la confusion. D’ailleurs, de nos jours, des mil-
lions d’enfants vivent dans la confusion, et une foule de problèmes
personnels et sociaux ont sans doute pour origine cette confusion.

177
Ce mariage éphémère
Par conséquent, lorsque Paul écrit au verset 4 : « Et vous, pères,
n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’éducation et les aver-
tissements du Seigneur », il ne fait qu’étendre la fonction d’autorité
du mari au champ d’action parental. Le mari porte la responsabilité
principale en matière d’éducation des enfants. C’est ce que suppose
notre statut d’homme marié : être la tête dans notre relation avec
notre femme dans un esprit de sacrifice et d’amour, et assumer un
leadership à la fois tendre et ferme par rapport à la tâche commune
d’élever nos enfants dans le Seigneur. Voilà le principe sur lequel
j’aimerais que nous réfléchissions dans ce chapitre. À quoi ce verset
d’Éphésiens 6 : 4 appelle-t-il le père ? Cette question mérite à elle
seule un livre entier. Mais nous n’en sommes pas là ; c’est pourquoi je
vais m’intéresser uniquement à une partie du verset 4 : l’exhortation
à ne pas irriter nos enfants. Or, si Paul choisit de mentionner ce seul
aspect, il faut croire que cette mise en garde est particulièrement
importante.

Pourquoi la colère ?
Il est intéressant de noter que Paul commence par quelque chose
que les pères ne doivent pas faire : « Et vous, pères, n’irritez pas vos
enfants » [ou « ne les poussez pas à la colère »]. Et parmi tout ce qu’il
aurait pu exhorter les pères à ne pas faire, Paul choisit cet aspect par-
ticulier. Incroyable ! Pourquoi celui-ci en particulier ? Pourquoi pas :
ne découragez pas vos enfants ? Ou : ne les gâtez pas ? Ou encore : ne
les poussez pas à convoiter, à mentir ou à voler ? Pourquoi n’avoir
pas écrit : ne les maltraitez pas, ne les négligez pas, ne soyez pas un
mauvais exemple pour eux, ou encore : ne les manipulez pas ? Parmi
toutes les mises en garde qu’il aurait pu adresser aux pères, pourquoi
a-t-il choisi celle-ci : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants » ?

Vous allez susciter beaucoup de colère


Paul n’en donne pas la raison. Alors, permettez-moi de deviner
à partir de ce que je connais des Écritures et de la vie. Je suggérerai
deux raisons. Premièrement, il choisit cette mise en garde parce
que la colère est l’émotion qui naît le plus souvent dans le cœur
du pécheur lorsqu’il est confronté à l’autorité. Or, le père incarne

178
Vaincre la colère chez les pères et les enfants

l’autorité. L’enfant sans le Christ incarne une volonté propre. Et


quand les deux s’affrontent, ça produit de la colère. L’enfant de deux
ans fait un caprice, et l’adolescent claque la porte – ou pire.
C’est pourquoi je pense que le message de Paul est le suivant :
quelles que soient vos qualités de parent, vous allez susciter beau-
coup de colère chez vos enfants ; donc, sans pour autant faire de
compromis concernant votre autorité, la vérité ou la sainteté, faites
tout votre possible pour éviter de les pousser à la colère. Exprimez
l’autorité, la vérité et la sainteté auprès de vos enfants tout en
essayant consciemment de réduire au maximum les réactions de
colère. Nous verrons plus loin comment s’y prendre.

La colère dévore toutes les autres émotions


Je vois toutefois une deuxième raison possible : la colère est une
émotion qui dévore quasiment toutes les autres émotions positives.
Elle étouffe l’âme. Elle rend le cœur insensible à la joie, la gratitude,
l’espoir, la tendresse, la compassion ou la bonté. C’est pourquoi Paul
sait que si le père parvient à éviter à son enfant d’être dominé par
la colère, il contribuera peut-être à ouvrir son cœur à toutes sortes
d’autres émotions précieuses qui rendent les relations agréables et
permettent d’adorer Dieu. Paul essaie d’aider les pères à agir comme
il lui a fallu agir lui-même avec ses enfants spirituels. Notez le
langage du cœur qu’il emploie en 2 Corinthiens 6 : 11-13 : « Nous
vous avons parlé librement, Corinthiens, notre cœur s’est largement
ouvert. Vous n’êtes pas à l’étroit en nous, mais c’est dans vos propres
sentiments que vous êtes à l’étroit. En contrepartie — je vous parle
comme à mes enfants — ouvrez-vous largement, vous aussi ! »

Pas de chantage affectif


Alors, que dire aux pères concernant cette question de la colère
chez nos enfants ? D’abord, il faut affirmer que ce verset ne peut en
aucun cas être utilisé par les enfants pour tenter de manipuler leur
père. Voilà à quoi pourrait ressembler ce chantage affectif : « Écoute,
papa, je suis en colère ; donc tu as forcément tort puisque la Bible
dit que tu ne dois pas provoquer ce genre de sentiment en moi. »

179
Ce mariage éphémère
Certains semblent ne jamais grandir et se défaire de cet égocen-
trisme puéril : « La mesure de ton amour est déterminée par ce que
je ressens ; donc, si je ne suis pas content, c’est que tu ne m’aimes
pas. » Nous avons tous connu ce type de manipulation. Nous savons
que ce n’est pas ce que Paul veut dire car Jésus a lui-même suscité
la colère chez beaucoup de gens ; or il n’a jamais péché ni manqué
d’aimer parfaitement. Puisque tous les enfants sont pécheurs, même
l’utilisation la plus tendre et affectueuse de l’autorité peut provoquer
la colère de certains enfants ; c’est inévitable.
Donc, le message du verset 4 n’est pas que chaque fois qu’un
enfant est en colère c’est que le père a péché. C’est une façon d’avertir
les pères qu’il existe une tendance naturelle très forte à dire, à faire ou
à négliger de faire des choses qui provoquent chez nos enfants une
colère qui peut être légitimement évitée. La plupart d’entre nous sont
au clair sur les choses évidentes à éviter : crier, punir de façon injuste
ou excessive, dénigrer verbalement, l’hypocrisie, etc. Mais au-delà
de ces facteurs aggravants évidents, il est encore plus important de
réfléchir aux mesures préventives que nous pouvons prendre, nous
les pères, pour non seulement éviter de provoquer la colère, mais
pour la réduire voire la supprimer. Voilà le vrai défi.

Les initiatives de Dieu


et celles des pères
Rendez-vous compte : Dieu ne fait jamais rien qui soit de
nature à provoquer une colère légitime chez aucun de ses enfants.
Nous n’avons jamais raison d’être en colère contre Dieu. Jamais.
Pourtant, ça nous arrive. Et nous devrions l’admettre en tremblant,
nous repentir et revenir à une attitude d’humble confiance dans sa
bonté souveraine. Cependant, même si Dieu n’a jamais rien fait
qui mérite notre colère contre lui, regardez ce qu’il a accompli
pour remédier à la rupture de notre relation avec lui ! Il a pris des
initiatives destinées à guérir cette relation – des initiatives qui lui
ont coûté énormément.
Revenons sur ce que dit Paul à propos de la façon de dominer
la colère dans notre relation à Dieu notre Père. Ce texte est un

180
Vaincre la colère chez les pères et les enfants

modèle pour nous, les pères, car il décrit une stratégie fondamen-
tale à adopter pour résoudre ce problème de la colère qui peut
habiter nos enfants. En Éphésiens 4 : 31 à 5 : 2 (S21), c’est un peu
comme si Dieu s’adressait à ses enfants : « Que toute amertume,
toute fureur, toute colère, tout éclat de voix, toute calomnie et
toute forme de méchanceté disparaissent du milieu de vous. Soyez
bons et pleins de compassion les uns envers les autres ; pardon-
nez-vous réciproquement […]. » Jusqu’ici, il ne s’agit que d’un
commandement : ne soyez pas en colère, mais pardonnez-vous
mutuellement. Cependant, les commandements en tant que tels
n’ont aucun pouvoir. Par contre, ce qui suit est puissant : « comme
Dieu nous a pardonné en Christ ». Notre Père céleste a donc envoyé
son propre Fils (« Dieu nous a pardonné en Christ ») afin de payer
le prix du péché de notre colère. Notre Père ne se contente pas
de nous demander de ne pas nous mettre en colère ; il apporte la
solution au problème de sa colère et de la nôtre en payant lui-même
un prix immense : la mort de Jésus.
Puis, au verset suivant, il déclare explicitement à travers la
plume de Paul qu’il joue le rôle de Père sur ce plan : « Soyez donc
les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés »
(Éphésiens 5 : 1). Nous sommes les enfants de Dieu si nous sommes
unis au Christ par la foi. Il est notre Père. Et il a pris des initiatives
extrêmement douloureuses afin de résoudre le problème de sa colère
et de notre péché – notre colère. Dieu nous aime d’un amour infini
en Christ. Alors, vous les pères, imitez votre Père céleste : prenez des
initiatives – aussi douloureuses soient-elles, ou aussi peu en phase
soient-elles avec votre personnalité – afin de prévenir ou de diminuer
la colère de vos enfants.

Le combat se livre
d’abord dans le cœur du père
Je tiens à insister. Lorsque nous lisons en Éphésiens 6 : 4 : « Et
vous, pères, n’irritez pas vos enfants » [ou : ne provoquez pas leur
colère], il ne s’agit pas simplement d’arrêter avec les attitudes qui pro-
voquent la colère, mais de commencer avec celles qui la préviennent

181
Ce mariage éphémère
et la font cesser. Il faut se mettre à agir de manière à susciter dans le
cœur de l’enfant d’autres émotions suffisamment positives et fortes
pour qu’elles ne soient pas englouties par la colère, cette émotion
qui dévore toutes les autres.
Il vous appartient avant tout de surmonter votre propre colère
et de la remplacer par une joie « pleine d’une tendre bienveillance ».
Une joie débordante qui se déverse sur vos enfants. « Car c’est de
l’abondance du cœur que la bouche parle » (Matthieu 12 : 34). Si
le cœur est en colère, la bouche exprime de la colère. Et quand la
bouche du père exprime régulièrement de la colère, cela détruit les
émotions sensibles de l’enfant. Autrement dit, pour être le type
de père que Dieu nous appelle à être, nous devons être le type de
chrétien et le type de mari que Dieu nous appelle à être.

En vertu du sacrifice du Christ


Être chrétien, c’est recevoir gratuitement le pardon de Dieu
pour tous nos échecs et toute notre colère. C’est laisser le sourire
de Dieu manifesté en Christ faire fondre des décennies de colère
constante, une colère froide qui nous avait endurcis et engourdis. Et
ensuite, c’est permettre à cette guérison de se répandre et de toucher
les autres. « Que toute […] colère […] disparaisse du milieu de
vous. Soyez bons et pleins de compassion les uns envers les autres ;
pardonnez-vous réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en
Christ » (Éphésiens 4 : 31-32 – S21). Dieu vous a pardonné. Il vous
a manifesté sa bonté. Il est plein de compassion envers vous. Tout
cela, c’est en raison de ce que le Christ a accompli. Par conséquent,
en Christ et par l’Esprit, nous pouvons y arriver, nous les pères : nous
pouvons faire disparaître la colère, nous pouvons pardonner, et nous
pouvons éprouver et susciter chez nos enfants une tendresse de cœur
source de toute une série d’émotions précieuses qui ont peut-être été
dévorées par la colère. Ces émotions peuvent renaître – chez vous,
et chez vos enfants.
« Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants. » Suivez l’exemple de
Dieu avec vos enfants. Ce qu’il a fait pour nous lui a coûté très cher.
Il n’a pas épargné son propre Fils – le Fils de Dieu ! – afin de délivrer

182
Vaincre la colère chez les pères et les enfants

d’autres enfants de sa propre colère et de leur propre rage pleine de


rébellion. Dieu ne nous appelle pas à faire cela pour d’autres avant
qu’il ne l’ait lui-même fait pour nous. C’est l’Évangile. Avant de nous
demander d’aimer comme lui (Éphésiens 5 : 1), il nous pardonne
tous nos échecs en matière d’amour. Saisissez bien cela, chers papas !
Je ne vous exhorte pas à aimer vos enfants de cette façon afin que
vous ayez un Père dans les cieux qui vous devienne favorable. Ça
fonctionne dans l’autre sens : je vous dis qu’en vertu du sacrifice et
de l’obéissance de son Fils Jésus, au moyen de la foi seule, Dieu est
déjà totalement pour vous. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre
nous ? » (Romains 8 : 31).
Et voilà qu’après être devenu, pour nous les pères, ce Père tendre
prêt à se sacrifier, un Père qui pardonne et encourage, il nous lance
cet appel : « Imitez donc Dieu, comme des enfants bien-aimés »
(Éphésiens 5 : 1). Oui, vous pouvez vous aussi connaître la pléni-
tude des émotions à la fois tendres et fortes de Dieu. Il a vaincu
sa propre colère, il nous a pardonné nos péchés et, en lui – si vous
l’acceptez –, vous pouvez être guéris des décennies de colère qui
ont rongé votre âme.
Nos enfants ont avant tout besoin que nous fassions l’expérience
de la plénitude de la guérison que Dieu nous offre. Voilà la dyna-
mique du rôle de père : tout comme Dieu vous a pardonné, par-
donnez à votre épouse et à vos enfants (Éphésiens 4 : 32). Asséchez
la source qui alimente le cycle de la colère en immergeant votre
âme dans le fleuve précieux du pardon et des promesses de Dieu.
Ne provoquez pas la colère de vos enfants. Par l’exemple même de
votre âme, montrez-leur que la colère peut être remplacée par une
joie « pleine d’une tendre bienveillance ».
J’espère que vous percevez à présent que la signification prin-
cipale du mariage crée précisément un environnement propice à
cet amour qui triomphe de la colère. Il n’y a aucune contradiction
entre la notion du mariage comme manifestation aux yeux de tous
de l’amour d’alliance du Christ et celle du mariage comme lieu qui
triomphe de la colère afin de permettre aux enfants de devenir des
disciples. Cet amour d’alliance c’est aussi l’amour qui triomphe de

183
Ce mariage éphémère
la colère. Il s’agit d’un amour qui a un esprit d’humilité, de sacrifice
et de service. Les maris aiment leur femme comme le Christ a aimé
l’Église (Éphésiens 5 : 25). Cet amour à l’image du Christ est préci-
sément le tendre amour qui ouvre le cœur des enfants et les délivre
de la colère. Quelle belle harmonie : d’abord, le mariage comme
manifestation de l’amour d’alliance entre le Christ et son Église ;
ensuite, le mariage comme lieu où les enfants goûtent à cet amour
d’alliance fondé sur le Christ, en sont témoins et s’y épanouissent.
Les deux ne font qu’un.

184
Dieu rend votre mariage indissoluble. « Que l’homme
ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19 : 6).
Dieu vous unit dans le mariage ;
ce n’est pas vous qui le faites, c’est Dieu qui le fait.
Ne confondez pas votre amour réciproque et Dieu.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre quatorze
Que l’homme ne sépare donc pas
ce que Dieu a uni :
l’Évangile et la nouvelle
obéissance radicale

Parti de là, il vient dans le territoire de la Judée et de l’autre


côté du Jourdain. Les foules se rassemblent encore auprès de
lui ; selon sa coutume, il se remit à les instruire. Des phari-
siens vinrent lui demander, pour le mettre à l’épreuve, s’il
est permis à un mari de répudier sa femme. Il leur répondit :
Que vous a commandé Moïse ? — Moïse, dirent-ils, a permis
d’écrire une attestation de rupture et de répudier. Jésus leur
dit : C’est à cause de votre obstination qu’il a écrit pour vous
ce commandement. Mais au commencement de la création,
Dieu les fit homme et femme ; c’est pourquoi l’homme quit-
tera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux
seront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une
seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a
uni ! Lorsqu’ils furent à la maison, les disciples, à leur tour, se
mirent à l’interroger à ce sujet. Il leur dit : Celui qui répudie
sa femme et en épouse une autre commet l’adultère envers la

187
Ce mariage éphémère
première, et si une femme répudie son mari et en épouse un
autre, elle commet l’adultère.
M arc 10 : 1-12

Alors que ce livre sur le mariage touche à sa fin, il convient de


réfléchir ensemble à ce qu’implique la signification du mariage en
matière de divorce et de remariage. Pour bon nombre d’entre vous
qui êtes passés par un divorce et qui êtes maintenant célibataires
ou remariés, ou dont les parents ou un proche sont divorcés, la
seule mention de ce mot est chargée d’un poids énorme, mélange
de douleur, de deuil, de drame, de déception, de colère, de regret
et de culpabilité. Peu de choses sont aussi douloureuses que le
divorce. Il transperce jusqu’au plus profond de la nature humaine
comme nulle autre blessure relationnelle. Émotionnellement, le
divorce est encore plus déchirant que le décès d’un conjoint. Car
la mort est en général une douleur franche – ce qui est rarement le
cas du divorce. Je veux dire par là que la perte immense éprouvée
à la mort de son conjoint est aggravée dans le cas du divorce par la
laideur du péché et l’indignation morale d’avoir subi un si grand
préjudice.

Les ravages du divorce


Un divorce est souvent le résultat de longues années de détério-
ration progressive, puis ce sont à nouveau de longues années de trac-
tations puis d’adaptation. C’est un événement qui bouleverse la vie
de façon incommensurable. Le sentiment d’échec, de culpabilité et
d’angoisse peut être une tourmente constante de l’âme. À l’instar du
psalmiste, nuit après nuit, vous vous endormez en larmes (Psaume
6 : 7). Sur le plan professionnel, vos performances s’en ressentent.
Les gens ne savent plus quel type de relation avoir avec vous et peu à
peu vos amis s’éloignent. Vous avez parfois l’impression d’arborer un
immense D écarlate sur la poitrine. La solitude n’est pas la même que
celle ressentie en cas de veuvage ou quand on n’a jamais été marié.
C’est une solitude d’une nature bien particulière, ce qui explique en
partie pourquoi tant de divorcés finissent ensemble.

188
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e

Le sentiment que l’avenir a été anéanti peut complètement


détruire les gens. La bataille juridique augmente encore la détresse
personnelle. Et puis au milieu de tout ça il y a l’angoisse liée à la
situation des enfants. Les parents espèrent, contre toute attente,
que les cicatrices ne laisseront pas de séquelle chez leurs enfants et
qu’elles ne détruiront pas leur mariage un jour. Les tensions liées à
la garde des enfants et à la pension alimentaire ne font qu’aggraver
les blessures. Quant à l’application compliquée et artificielle du droit
de visite, elle peut prolonger le drame pendant des dizaines d’années.
Et ajoutez à tout cela que dans notre monde occidental, le divorce
touche plus de quatre mariages sur dix.

Aimer les divorcés


Il existe deux façons de réagir avec amour et bienveillance à
cette situation. La première consiste à se rapprocher de ceux qui
sont divorcés et de se tenir à leurs côtés tandis qu’ils pleurent et se
repentent de la responsabilité éventuelle qu’ils peuvent avoir dans ce
drame. Ensuite, on peut rester auprès d’eux pour les aider à traverser
cette période de transition, les aider à goûter au pardon et à la force
pour être renouvelés dans leur obéissance, puissance que le Christ a
acquise par sa mort et sa résurrection.
La deuxième façon de réagir avec amour et bienveillance consiste
à exprimer clairement notre haine du divorce et pourquoi il est
contraire à la volonté de Dieu, et à faire tout ce qui est en notre
pouvoir bibliquement parlant pour l’empêcher d’arriver. Les com-
promis sur la nature sacrée et définitive du mariage (positions qui
nuisent à la solidité de l’union d’alliance) peuvent ressembler à de
l’amour à court terme mais à la longue ils font des ravages chez
des milliers de gens. Certes, la préservation de la structure solide
de l’alliance du mariage par la mise en place de critères exigeants
peut sembler un peu difficile maintenant, mais il en découlera une
multitude de bénédictions pour les générations à venir. J’espère que
ces deux manières de manifester de l’amour et de la bienveillance
vont prospérer dans nos Églises. Il ne s’agit pas de choisir l’une ou
l’autre. Elles sont déjà mises en œuvre toutes les deux au quotidien.

189
Ce mariage éphémère

Quand le Christ divorcera,


nous le pourrons nous aussi
Si j’ai insisté à ce point sur la signification suprême du mariage
tout au long de ces chapitres, c’est, entre autres, parce qu’en raison
de la nature de cette signification l’être humain ne peut légitime-
ment y mettre un terme. La signification suprême du mariage est la
représentation de l’amour d’alliance entre le Christ et son Église. Être
marié signifie fondamentalement vivre et démontrer cette vérité.
C’est ici la raison d’être ultime du mariage. Il y en a d’autres, mais
c’est la principale.
Par conséquent, si jamais le Christ abandonne et rejette un
jour son Église, alors l’homme pourra divorcer de sa femme. Et
si jamais l’Église, qui a été rachetée par le sang de Jésus en vertu
de la nouvelle alliance, cesse d’être l’épouse du Christ, alors la
femme pourra légitimement divorcer de son mari. Mais aussi
longtemps que le Christ conservera son alliance avec l’Église, et
aussi longtemps que l’Église, par la grâce toute-puissante de Dieu,
demeurera le peuple que le Christ s’est acquis, alors la signification
fondamentale du mariage induira la clause suivante : Dieu seul peut
séparer ce que Dieu a uni.

Prendre au sérieux ce qui est sacré


Ma prière est que ce livre ait, entre autres effets, de faire de nous
un peuple qui prenne profondément au sérieux l’aspect sacré du
mariage. Le monde traite ce diamant comme un caillou parmi tant
d’autres. Mais, en réalité, le mariage est beaucoup plus sacré que
ce que la plupart des gens imaginent. C’est une création de Dieu
comme nulle autre, une représentation de la relation entre Dieu et
son peuple, et une manifestation de la gloire de l’amour d’alliance de
Dieu. Comparées à toutes les visions étriquées du mariage véhiculées
dans le monde – tant à l’époque de Jésus qu’à la nôtre –, les paroles
du Seigneur à propos du mariage sont tout simplement prodigieuses.
Le mariage est l’œuvre de Dieu et non celle de l’homme, et l’homme
n’a aucun droit d’y mettre fin.

190
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e

Jésus connaît son moïse


Nous lisons en Marc 10 : 1-12 que les pharisiens abordèrent
Jésus et lui demandèrent s’il était permis à un homme de divorcer
de sa femme. Voilà la question qui les agitait. Aujourd’hui, on ne se
pose même plus la question. On part du principe que le divorce est
permis. Non seulement c’est autorisé, mais c’est facile et pas cher.
Faites une recherche sur Google à partir du mot divorce et vous
verrez ! (« Votre divorce tout simple en ligne », « Le divorce sans juge
en 15 jours », « Divorce rapide et économique »…) Permettez-moi
d’affirmer avec gravité et solennité que ceux qui se moquent de
ce que Dieu a établi et de la gloire du Christ en bâtissant leur vie,
leur business et des industries toutes entières sur le divorce facile et
pas cher tombent sous le coup de la colère de Dieu ; ils doivent se
repentir et rechercher son pardon par le Christ avant qu’il ne soit
trop tard.
Jésus savait très bien que les pharisiens étaient de façon générale
une « génération adultère » (Matthieu 12 : 39). Il savait comment ils
justifiaient leurs divorces. C’est pourquoi il les amène précisément
sur ce terrain en leur demandant : « Que vous a commandé Moïse ? »
(Marc 10 : 3). Il les ramène à Moïse. Mais ils devraient se méfier, car
Moïse n’a pas seulement écrit le Deutéronome, qu’ils s’apprêtent à
citer : il a aussi écrit le livre de la Genèse. Voici ce que les Pharisiens
répondent : « Moïse […], a permis d’écrire une attestation de rup-
ture et de répudier » (Marc 10 : 4). C’est vrai ; ils font référence à
Deutéronome 24 : 1.
Mais que leur dit Jésus en réponse à cette justification du divorce ?
Verset 5 (S21) : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse
vous a donné cette règle. » C’est incroyable ! Car cela sous-entend
qu’il y a dans l’Ancien Testament des règles qui expriment, non pas
la volonté éternelle de Dieu, mais plutôt le meilleur moyen de gérer
le péché au sein d’un peuple particulier et à une époque particulière.
Nulle part dans l’Ancien Testament le divorce n’est ordonné ou
institué. Il était cependant autorisé et réglementé – tout comme
la polygamie et certaines formes d’esclavage étaient autorisées et
réglementées. Or, Jésus déclare ici que cette autorisation reflétait,

191
Ce mariage éphémère
non pas l’idéal de Dieu pour son peuple, mais la dureté du cœur de
l’homme. « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous
a donné cette règle. »

Retour à la création
Ensuite, Jésus ramène les pharisiens (et les lecteurs que nous
sommes) à la volonté de Dieu telle qu’elle s’est exprimée au tra-
vers de la création, citant Genèse 1 : 27 et 2 : 24 et indiquant par
là comment les choses devraient se passer. Versets 6-8 : « Mais au
commencement de la création, Dieu les fit homme et femme ; c’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa
femme, et les deux seront une seule chair. »
Et Jésus s’arrête là dans la citation des Écritures. La question se
pose alors : que va-t-il en faire ? De toute évidence, Jésus perçoit
une tension entre Deutéronome 24 et Genèse 1 – 2. Son mais du
début du verset 6 (« Mais au commencement de la création […] »)
est chargé de sens : la volonté de Dieu concernant le divorce telle
qu’elle est exprimée dans la Genèse n’est pas identique à celle qui
est exprimée dans le Deutéronome.
On se demande donc dans quel sens il va aller. Va-t-il déclarer :
« Eh bien, étant donné la dureté de cœur qui règne encore de nos
jours, y compris chez mes disciples, le Deutéronome exprime bien
la volonté de Dieu pour mes disciples aujourd’hui » ? Ou bien
plutôt : « Je suis le Messie, le Christ. Le Fils de l’homme est venu
dans le monde afin de rassembler un peuple qui, par la foi en lui et
l’union avec lui, présente aux yeux de tous la véritable signification
du mariage en restant fidèle jusqu’au bout à l’alliance contractée » ?
Va-t-il mettre en avant la dureté de cœur qui caractérise aussi l’Église,
ou plutôt le fait que les choses anciennes sont passées et que toutes
choses sont devenues nouvelles (2 Corinthiens 5 : 17) ?

Les trois conclusions de Jésus


Jésus tire trois conclusions dans ce passage de Marc 10 : 8-9.
Premièrement, il dit au verset 8 : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais
une seule chair. » En d’autres termes, puisque Dieu a déclaré en

192
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e

Genèse 2 : 24 « ils deviendront une seule chair », Jésus en déduit pour
son époque comme pour la nôtre : « Ainsi, ils ne sont [maintenant]
plus deux, mais une seule chair. » Le mariage constitue une union
de cette nature : très profonde, à l’image du Christ et de l’Église, qui
ne forment qu’un seul corps (Romains 12 : 5).
Deuxième conclusion : cette union qui forme une seule chair est
la création – l’œuvre – de Dieu. Ce n’est pas l’œuvre de l’homme. Au
verset 9, Jésus fait clairement référence à « ce que Dieu a uni ». Par
conséquent, même si ce sont deux êtres humains qui décident de se
marier, et que leur union est officialisée et légalisée par un pasteur,
un prêtre, un officier d’état civil ou toute autre personne, tout cela
ne joue qu’un rôle secondaire par rapport à l’acteur principal : Dieu.
« Ce que Dieu a uni » : lors de la cérémonie de mariage, c’est Dieu
qui est l’acteur principal.
Enfin, Jésus tire une troisième conclusion au verset 9 : « Que
l’homme ne sépare donc pas […]. » Le mot traduit ici par « homme »
n’est pas celui qui sert à distinguer l’homme de la femme ; c’est plutôt
le mot qui oppose l’humain au divin. L’opposition est donc la sui-
vante : « Si c’est Dieu qui a uni l’homme et la femme dans le mariage,
alors de simples humains n’ont nullement le droit de séparer ce qu’il
a uni. » Voilà la troisième conclusion que Jésus tire de Genèse 1 – 2.
Puisque c’est Dieu qui a créé cette union sacrée dont le but sacré
est de manifester aux yeux de tous la solidité indestructible de son
amour d’alliance pour son peuple, l’homme n’a tout simplement
pas le droit de détruire ce que Dieu a créé.

Non, ce n’est pas permis


C’est ainsi que se termine l’échange entre Jésus et les pharisiens
à propos du divorce. Jésus a d’autres commentaires à faire à ses
disciples, mais il en a fini avec les pharisiens. Puisqu’ils ne lui
demandent pas autre chose, il ne leur en dit pas plus. Ils ont posé leur
question, Jésus a donné sa réponse. Ils ont demandé s’il était permis
à un homme de divorcer de sa femme et Jésus leur a répondu que
l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni. Donc, non, ce n’est
pas permis. C’est contraire à la signification suprême du mariage.

193
Ce mariage éphémère
Évidemment, d’aucuns pourraient faire remarquer que le divorce
a toujours été contraire à la signification du mariage – même à
l’époque où l’autorisation du Deutéronome a été écrite. Bonne
remarque. Mais Jésus ne raisonne pas ainsi. Il appelle ses disciples
à mettre la barre plus haut et à ne pas se contenter du compromis
qu’autorise le Deutéronome en raison de la dureté du cœur de
l’homme.

Une nouvelle obéissance radicale


Jésus n’est pas venu simplement pour confirmer la loi de Moïse.
Il est venu pour l’accomplir en mourant lui-même dans un acte
d’obéissance destiné à nous offrir la rédemption, le pardon et la
justification, puis pour amener ses disciples rachetés, pardonnés et
justifiés à adopter des critères plus exigeants correspondant au véri-
table dessein initial de Dieu (dès lors qu’on comprend correctement
l’ensemble des écrits de Moïse). Souvenez-vous de ce que Jésus déclare
en Matthieu 5 : 17 : « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la
Loi ou les Prophètes. Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour
accomplir. » À la suite de quoi il donne six exemples illustrant la mise
en application de cette obéissance radicale dans la vie de ses disciples.
Voici juste deux de ces exemples : 1) « Vous avez entendu qu’il
a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre […]. Mais
moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera
passible du jugement » (v. 21-22). 2) « Vous avez entendu qu’il a
été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi, je vous dis :
Quiconque regarde une femme de façon à la désirer a déjà commis
l’adultère avec elle dans son cœur » (v. 27-28). Il y en a ainsi quatre
autres de ce genre dans ce chapitre de Matthieu 5.
Autrement dit, Jésus est venu, non pas seulement pour accomplir
la loi au travers de ses propres actions, mais aussi pour amener son
peuple à une compréhension et une obéissance radicale de la loi,
non plus fondées sur la loi elle-même mais sur sa personne. Cette
compréhension et cette obéissance radicale sont par conséquent
le reflet de la plénitude de la volonté de Dieu pour nous, et plus
particulièrement le reflet de l’Évangile, l’œuvre d’alliance que le

194
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e

Christ a accomplie au calvaire pour son Église. Le mariage chrétien


est destiné avant tout à déclarer la vérité à propos de l’Évangile, à
savoir, que le Christ est mort pour son Église qui l’aime et qu’il ne
rompra jamais son alliance avec son épouse.
Au fond, Jésus explique : « Vous avez appris qu’il a été dit : Vous
avez la permission de divorcer. Mais moi je vous dis : Je suis venu
pour vaincre la dureté de vos cœurs. Je suis venu mourir pour vos
péchés. Je suis venu pour vous déclarer justes. Je suis venu repré-
senter à travers mon amour d’alliance sacrificiel pour mon épouse
pécheresse ce que le mariage était censé refléter de tout temps. Je
suis venu vous donner la puissance de rester mariés, ou célibataires,
afin que dans un cas comme dans l’autre vous puissiez rester fidèles
à vos promesses, mais aussi démontrer la nature de mon alliance et
à quel point le lien d’alliance du mariage est sacré. »
C’est ainsi qu’après le départ des pharisiens, se retrouvant seul
avec ses disciples, Jésus exprime les choses de manière encore plus
directe et radicale : « Lorsqu’ils furent à la maison, les disciples, à
leur tour, se mirent à l’interroger à ce sujet. Il leur dit : Celui qui
répudie sa femme et en épouse une autre commet l’adultère envers
la première, et si une femme répudie son mari et en épouse un autre,
elle commet l’adultère » (Marc 10 : 10-12).

La bonne nouvelle de la grâce


dans un commandement radical
Marc ne relate pas à quel point les disciples ont été stupéfaits par
ces paroles. Matthieu, par contre, oui. Au chapitre suivant, je vais
essayer de montrer à partir de plusieurs passages – deux particulière-
ment importants en Matthieu (5 : 32 ; 19 : 9), trois en 1 Corinthiens
(7 : 10-11, 12-16, 39) et un en Romains (7 : 1-3) – pourquoi nous
devrions à mon avis prendre au pied de la lettre ce que dit ici Jésus
et déconseiller tout remariage après un divorce tant que l’ex-conjoint
est encore en vie. Je crois que c’est à cela que Jésus nous appelle,
nous ses disciples. Nous devons respecter les promesses échangées au
moment du mariage de manière à proclamer la vérité qui concerne
l’amour d’alliance indestructible du Christ.

195
Ce mariage éphémère
Je souhaite conclure ce chapitre en insistant sur un point : ce
que Jésus déclare ici en Marc 10 : 10-12 est une très bonne nouvelle
– même pour ceux qui ont vécu un divorce et sont remariés. Voici
pourquoi. Jésus déclare : « Ne divorcez pas pour épouser quelqu’un
d’autre. Car cela revient à commettre l’adultère. » Pourquoi est-ce
un adultère ? Finalement, il s’agit bel et bien d’adultère, car cet acte
trahit la vérité concernant le Christ que le mariage est destiné à
manifester aux yeux de tous. Jésus ne fait jamais, jamais cela à son
épouse, l’Église. Il ne l’abandonne jamais, ne la délaisse jamais et
ne la maltraite jamais. Il l’aime toujours. Il l’accueille toujours à
nouveau quand elle s’est égarée. Il est toujours patient envers elle.
Il est toujours prêt à prendre soin d’elle, à pourvoir à ses besoins
et à la protéger. Et, merveille des merveilles, il trouve toujours son
plaisir en elle. Or, que vous ayez été marié une fois, cinq fois ou
jamais, si vous vous repentez et mettez votre confiance en Christ
– c’est-à-dire si vous le recevez comme le Trésor qui a porté votre
châtiment et qui est devenu votre justice –, vous êtes inclus dans
« son épouse ». Et c’est le type de relation qu’il a choisi d’avoir avec
vous. « Quiconque met sa foi en lui reçoit par son nom le pardon
des péchés. » (Actes 10 : 43).
L’appel radical que Jésus nous lance – à savoir, ne jamais divorcer
et nous remarier – est une affirmation clamée haut et fort de l’Évan-
gile par lequel des femmes et des hommes qui ont chuté peuvent
être sauvés. Si le Christ n’était pas ainsi, nous serions tous perdus.
Voici à quel point il est vrai, il est fidèle, à quel point il pardonne.
C’est pourquoi nous sommes sauvés.

196
[Dieu] rend votre mariage indissoluble,
il le protège de tous les dangers qui le menacent
de l’intérieur comme de l’extérieur ;
Dieu veut être le garant de son indissolubilité.
C’est une certitude qui rend heureux celui qui sait
qu’aucune puissance du monde, aucune tentation,
aucune faiblesse humaine ne peut dissoudre
ce que Dieu lie ; en vérité, celui qui sait
cela peut dire sans crainte :
« Ce que Dieu a uni, cela l’homme ne peut le séparer. »
Libérés de cette anxiété que l’amour comporte toujours,
vous pouvez vous dire maintenant l’un à l’autre
avec une certitude et une confiance absolues :
nous ne pouvons plus jamais nous perdre,
nous appartenons l’un à l’autre, par la volonté de Dieu,
jusqu’à la mort.

DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre quinze
Que l’homme ne sépare donc pas
ce que Dieu a uni :
l’Évangile et le divorce

Des pharisiens vinrent le mettre à l’épreuve en lui deman-


dant : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour
n’importe quel motif ? Il répondit : N’avez-vous pas lu que
le Créateur, dès le commencement, les fit homme et femme
et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa
mère et s’attachera à sa femme, et les deux seront une seule
chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ! Ils lui
dirent : Alors pourquoi Moïse a-t-il commandé de donner
une attestation de rupture à la femme quand on la répudie ?
Il leur dit : C’est à cause de votre obstination que Moïse
vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement,
il n’en était pas ainsi. Mais, je vous le dis, celui qui répudie
sa femme – sauf pour inconduite sexuelle – et en épouse
une autre commet l’adultère. Ses disciples lui dirent : Si
telle est la condition de l’homme par rapport à la femme,
il n’est pas avantageux de se marier. Il leur répondit : Tous
ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui

199
Ce mariage éphémère
cela est donné. Car il y a des eunuques qui le sont depuis
le ventre de leur mère, il y en a qui le sont devenus par
le fait des gens, et il y en a qui se sont rendus eux-mêmes
eunuques à cause du règne des cieux. Que celui qui peut
comprendre comprenne !
M atthieu 19 : 3-12

Au chapitre précédent, j’ai indiqué qu’il y avait deux façons de


réagir avec compassion et bienveillance par rapport au divorce – ce
qui ne veut pas du tout dire qu’il faille choisir l’une ou l’autre :
les deux sont nécessaires. La première attitude consiste à se tenir
aux côtés de ceux qui sont divorcés tandis qu’ils pleurent et (si
nécessaire) se repentent ; puis à rester auprès d’eux pour les aider à
traverser cette période de transition, les aider à goûter au pardon et
à la force pour être renouvelés dans leur obéissance, puissance que
le Christ leur a déjà acquise par sa mort et sa résurrection. Voilà une
bonne manière de leur manifester notre amour. Et ma prière est
que chacun de nous s’y emploie activement. La deuxième façon de
réagir avec amour et bienveillance consiste à exprimer clairement
notre haine du divorce et pourquoi il est contraire à la volonté
de Dieu, et à faire tout ce qui est en notre pouvoir bibliquement
parlant pour l’empêcher d’arriver.

Rester célibataire
pour démontrer la vérité
Si j’ai ajouté à ce livre qui traite du mariage deux chapitres
sur le célibat, dans lesquels je rappelle sa dignité, sa valeur et son
potentiel pour glorifier le Christ, c’est entre autres parce que je sais
que le divorce précipite dans le célibat des milliers de personnes, et
pour beaucoup contre leur gré. Si nous voulons défendre le mariage
comme étant l’engagement de rester fidèle à un seul conjoint jusqu’à
ce que la mort nous sépare, alors nous devons être prêts à aimer les
célibataires divorcés en leur ouvrant notre cœur, notre maison et
notre famille.
Nous devons garder une perspective claire, biblique et éternelle,
sans jamais oublier qu’en comparaison de la vie éternelle avec Dieu,

200
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e

notre vie sur terre est très courte – que nous soyons célibataires ou
mariés, divorcés ou pas. Jacques a écrit : « Vous êtes en effet une
vapeur qui paraît pour un peu de temps et qui ensuite disparaît »
(Jacques 4 : 14). Si quelqu’un désire rester célibataire afin d’honorer
ses vœux de mariage, cette perspective sera cruciale.

C’est Dieu qui fait et qui défait


Au chapitre 14, j’ai soutenu que si le mariage doit être la repré-
sentation de l’amour d’alliance indestructible entre le Christ et
son Église (Éphésiens 5 : 22-23), aucun être humain n’a le droit de
rompre l’alliance du mariage. S’il devait arriver que le Christ faillisse
à sa promesse – « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du
monde » (Matthieu 28 : 20) –, alors ce jour-là un être humain aura
le droit de mettre fin à son engagement de mariage.
C’est la raison pour laquelle, loin de se contenter de la clause
autorisant le divorce qui se trouve en Deutéronome 24 : 1-4 (Marc
10 : 3-9), Jésus déclare : « Que l’homme ne sépare donc pas ce
que Dieu a uni » (Marc 10 : 9). Autrement dit, puisque Dieu est
celui qui fait chaque mariage, seul Dieu a le droit de défaire un
mariage. Et il accomplit cela par la mort. C’est pourquoi les vœux
de mariage qui sont traditionnellement échangés conformément
à la tradition et à l’enseignement biblique expriment une seule
restriction : « jusqu’à ce que la mort nous sépare » ou « tous les
jours de ma vie ».

Quatre questions pressantes


Comme vous le savez, quand on prend ce type de position sur
l’inviolabilité et le caractère sacré du mariage, et sur l’illégitimité du
divorce et du remariage tant que les deux conjoints sont en vie, cela
pose bon nombre de questions tant sur le plan biblique que pratique.
Je vais donc essayer dans ce chapitre de répondre à quelques-unes
des plus pressantes.

201
Ce mariage éphémère
1. La mort met-elle fin au mariage en rendant ainsi
légitime le remariage du conjoint survivant ?
La réponse est oui, et personne ne met sérieusement en doute
cette position. Un des passages-clés à ce sujet est Romains 7 : 1-3 :
Ignorez-vous, mes frères – je parle à des gens qui connaissent
la loi – que la loi exerce sa maîtrise sur l’être humain aussi
longtemps qu’il vit ? Ainsi, une femme mariée est liée par la loi
à son mari tant qu’il est vivant ; mais si son mari meurt, elle
est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant
de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, on la
dira adultère, mais si son mari meurt, elle est libérée de la loi :
elle n’est donc pas adultère si elle devient la femme d’un autre
homme.
Paul déclare donc que divorcer et se remarier alors que son
conjoint est encore en vie équivaut à un adultère, ce qui n’est pas
le cas après le décès du conjoint. Je pense que c’est parce que Jésus
a clairement expliqué qu’à la résurrection le mariage n’existera plus
(Matthieu 22 : 30). Par conséquent, affirmer qu’il est interdit de se
remarier après la mort du conjoint reviendrait à dire que le mariage
reste valide au-delà de la mort, donc à la résurrection. Or, ce n’est
pas le cas : la mort marque la fin définitive et éternelle du mariage.
Ayant quitté la sphère terrestre où a cours le mariage, le conjoint
décédé n’est plus marié. Et, de ce fait, l’autre conjoint qui lui survit
sur terre n’est plus marié lui non plus. Par conséquent, le remariage
après la mort d’un conjoint est non seulement légitime, mais il
affirme une vérité biblique on ne peut plus claire : après la mort, le
mariage n’existe plus.

2. Si quelqu’un s’est déjà remarié après son divorce,


doit-il annuler ce deuxième mariage ?
Cette question est particulièrement épineuse puisque Jésus pré-
sente le remariage comme un adultère. Nous lisons en effet en Luc
16 : 18 (S21) : « Tout homme qui renvoie sa femme et en épouse une
autre commet un adultère, et tout homme qui épouse une femme
divorcée de son mari commet un adultère. »

202
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e

Ma réponse est que se remarier alors que le conjoint dont on a


divorcé est encore en vie est un acte d’infidélité envers l’alliance du
mariage. En ce sens, le remariage est un adultère. Nous avons promis
de demeurer mariés « jusqu’à ce que la mort nous sépare », puisque
c’est la signification que Dieu donne au mariage ; donc, même si
notre conjoint ne tient pas ses engagements, nous resterons fidèles
aux nôtres.
Par contre, je ne crois pas que quelqu’un qui s’est remarié contre
la volonté de Dieu, commettant ainsi l’adultère, doive par la suite
annuler son deuxième mariage. Certes, ce remariage n’aurait pas
dû avoir lieu, mais maintenant qu’il a été contracté il ne doit pas
être annulé par l’homme. Il s’agit d’un mariage authentique qui
s’est accompagné de vraies promesses. D’ailleurs, cet engagement
véritable peut être purifié par le sang de Jésus et sanctifié pour Dieu.
Autrement dit, je ne crois pas qu’un couple qui se repent, demande
à Dieu de lui pardonner et reçoit sa purification doive considérer le
restant de sa vie comme un adultère permanent – même si, aux yeux
de Jésus, c’est bel et bien ainsi que la relation a commencé. Telle est
ma position pour plusieurs raisons.
Premièrement, dans le passage de Deutéronome 24 : 1-4, où la
loi de Moïse autorise le divorce, la femme divorcée est présentée
comme étant « impure » dans le deuxième mariage, de telle sorte que
ce serait une abomination qu’elle retourne vers son premier mari,
même lorsque le deuxième meurt. Ce terme d’impure se rapproche
du vocabulaire employé par Jésus lorsqu’il parle d’adultère. Mais le
deuxième mariage n’en demeure pas moins valide. Même si, dans
un sens, il rend la femme impure, il a toute sa validité.
Deuxième raison : lorsque Jésus a rencontré la femme samari-
taine, il lui a dit : « Tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant
n’est pas ton mari » (Jean 4 : 18). En disant « celui que tu as mainte-
nant n’est pas ton mari », il semble sous-entendre que les cinq autres
l’étaient. Non pas qu’il soit permis de se marier et de divorcer cinq
fois. Néanmoins, la manière dont Jésus en parle semble indiquer
qu’il les considère comme des mariages à part entière. Illicites, certes,
et contractés en situation d’adultère, mais authentiques. Et valides.

203
Ce mariage éphémère
La troisième raison pour laquelle je pense que les couples remariés
doivent rester ensemble est qu’une fois qu’un serment a été prononcé
il doit généralement être respecté, et ce, même s’il n’aurait jamais dû
être fait. Je me garderais d’en faire une vérité absolue valable pour
toutes les situations imaginables, mais on trouve dans la Bible des
passages qui parlent de serments qui n’auraient pas dû être faits et
qui ont quand même dû être tenus (comme le serment que Josué
fit aux Gabaonites en Josué 9). Dieu accorde une très grande valeur
au fait de respecter notre parole, même si cela doit nous créer des
ennuis (Psaume 15 : 2-4 : « Celui qui suit la voie de l’intégrité […]
ne se rétracte pas, s’il fait un serment à son préjudice »). Autrement
dit, même s’il aurait été davantage conforme à la volonté révélée de
Dieu de ne pas se remarier, commettre un autre péché en rompant
de nouveau une alliance n’est pas plus agréable à Dieu14.
Dans l’Église où j’exerce mon ministère, nous avons des couples
pour lesquels c’est le deuxième mariage de l’un des conjoints ou
même des deux. Certes, ces unions n’auraient à mon avis pas dû
se faire, mais ce sont aujourd’hui des couples qui honorent Dieu :
des couples qui sont purs et saints, et dont les deux conjoints
pardonnés et justifiés sont agréables à Dieu en raison de la nature
de leur relation. Dans la mesure où ce sont des disciples de Jésus
pardonnés, purifiés et qui vivent sous la conduite de l’Esprit, ils ne
commettent pas l’adultère par leur mariage. Ces couples n’ont pas
démarré comme ils auraient dû, mais ils sont devenus saints.

3. Si un non-croyant désire absolument quitter son


conjoint croyant, que doit faire ce dernier ?
Paul répond à cette question en 1 Corinthiens 7 :
Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis [ce qui
signifie à mon avis : je n’ai pas de commandement spécifique

Les divorces forcés d’Esdras 10 sont une exception à cette règle qui s’explique proba-
14

blement par la situation tout à fait spécifique dans laquelle se trouvait le peuple d’Israël
sous l’ancienne alliance, vivant au milieu de peuples païens idolâtres et transgressant la
loi de Dieu qui interdisait le mariage avec les membres d’autres ethnies. Nous savons, à
partir de 1 Corinthiens 7 : 13 et 1 Pierre 3 : 1-6, que la réponse chrétienne aux mariages
mixtes entre un croyant et un non-croyant n’est pas le divorce.

204
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e

tiré des enseignements attribués à Jésus, mais je suis conduit


par son Esprit, versets 10, 12, 25, 40] : si un frère a une femme
non croyante et qu’elle soit d’accord d’habiter avec lui, qu’il ne
divorce pas d’elle ; et si une femme a un mari non croyant et qu’il
soit d’accord d’habiter avec elle, qu’elle ne divorce pas de son mari.
En effet, le mari non croyant bénéficie de la sainteté de sa femme,
et la femme non croyante bénéficie de la sainteté de son mari ;
autrement, vos enfants ne seraient pas purs, alors qu’en réalité
ils sont saints. [Ce qui signifie d’après moi que le mariage est
une union tellement sacrée aux yeux de Dieu qu’un croyant,
un enfant de Dieu, ne devient pas impur en ayant des
relations sexuelles avec un ennemi de la croix ; et les enfants ne
naissent pas en étant porteurs de la moindre contamination
particulière sous prétexte que le père ou la mère est un ennemi
du Christ. Ils ne sont pas sauvés du fait d’être mariés à un
croyant ou d’avoir été engendrés par un croyant, mais ils sont
mis à part afin d’avoir une position appropriée et sainte dans
le foyer15.] Si le non-croyant veut se séparer, qu’il le fasse ; le frère
ou la sœur n’est pas lié dans un tel cas. Dieu nous a appelés à vivre
en paix. En effet, comment peux-tu savoir, femme, si tu sauveras
ton mari ? Ou comment peux-tu savoir, mari, si tu sauveras ta
femme ?
1 Cor inthiens 7 : 12-16 –S21

La réponse apportée par ce passage est donc que si un non-


croyant impose le divorce à son conjoint croyant, celui-ci ne devrait
pas lui faire la guerre pour l’obliger à rester. Paul explique pourquoi
au verset 15 : « Dieu nous a appelés à vivre en paix. » Par contre, je
ne crois pas que ce texte enseigne que nous sommes autorisés à nous
remarier ensuite. En lisant « le frère ou la sœur n’est pas lié dans un
tel cas », certains pensent que c’est une autorisation à se remarier.
Personnellement, je ne suis pas de cet avis, et ce, pour plusieurs
raisons.

Le livre de Paul K. Jewett intitulé Infant Baptism and the Covenant of Grace (Grand
15

Rapids, MI : Eerdmans, 1978), p. 122-138, m’a paru très utile pour mieux comprendre
ce passage.

205
Ce mariage éphémère
Premièrement, je pense que Paul veut dire par là que le croyant
n’est pas tenu de rester marié si son conjoint non croyant persiste
à vouloir le quitter et entame une procédure de divorce. Il ne veut
pas dire : « le frère ou la sœur n’est pas lié par son statut de céliba-
taire divorcé – et a donc le droit de se remarier », car Paul, ardent
défenseur du célibat, n’y aurait jamais fait référence en termes de lien
comme s’il s’agissait de quelque servitude. Il est très peu probable
que Paul se serait exprimé ainsi.
Deuxièmement, il se trouve que Paul vient d’orienter ses lecteurs
dans la direction opposée. Versets 10-11 (S21) : « À ceux qui sont
mariés j’adresse, non pas moi, mais le Seigneur, cette instruction :
que la femme ne se sépare pas de son mari – si elle est séparée de
lui, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son
mari – et que le mari ne divorce pas de sa femme. » Avec une telle
déclaration sous les yeux (« si elle est séparée de lui, qu’elle reste
sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son mari »), je suis peu
enclin à croire que Paul puisse approuver le remariage quatre versets
plus loin.
La troisième raison pour laquelle je ne crois pas qu’en écrivant
« le frère ou la sœur n’est pas lié dans un tel cas » Paul se déclarait
favorable au remariage, c’est que l’argument qu’il donne au verset
suivant (v. 16) ne va pas du tout dans ce sens. C’est un argument
en faveur de la liberté, non pas de se remarier, mais d’accepter le
divorce de façon pacifique. Lisons ce verset : « En effet, comment
peux-tu savoir, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou comment
peux-tu savoir, mari, si tu sauveras ta femme ? » Autrement dit, tu
ne le sais pas, de sorte que tu ne peux pas te servir de cet argument
pour créer un conflit dans le but de rester marié. Par conséquent,
quand Paul écrit au verset 15 que « le frère ou la sœur n’est pas
lié dans un tel cas », cela signifie : vous n’êtes pas tenus de rester
mariés à votre conjoint non croyant s’il exige de divorcer, car vous
n’avez aucune certitude qu’en vous battant pour rester ensemble
vous le sauverez.
Enfin, la quatrième raison pour laquelle je crois que Paul défend
la position de Jésus contre le remariage après un divorce aussi

206
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e

longtemps que l’ex-conjoint est en vie se trouve au verset 39 (S21) :


« Une femme est liée par la loi à son mari aussi longtemps qu’il est
vivant ; mais si le mari meurt, elle est libre de se remarier avec qui
elle veut, à condition que ce soit dans le Seigneur. » Il me semble
donc que Paul et Jésus partagent le même point de vue selon lequel
les disciples de Jésus sont totalement consacrés à leur conjoint aussi
longtemps que les deux sont en vie. Cet idéal illustre on ne peut
plus clairement cette vérité de l’Évangile : le Christ est mort pour
son épouse et jamais il ne l’abandonnera.

4. N’y a-t-il aucune exception à l’interdiction de se


remarier tant que son conjoint est encore en vie ?
Ma réponse est non. Mais il est vrai que je suis très minoritaire
parmi ceux qui étudient la Bible, et même parmi les théologiens et
les pasteurs qui croient à la Parole de Dieu. Comme je me suis efforcé
de présenter en détail le fondement biblique de cette position dans
deux autres publications16, je ne vais pas la défendre longuement ici.
Nous nous arrêterons juste brièvement sur le passage de Matthieu 19
afin d’évoquer l’argument principal en faveur de l’autorisation du
divorce et du remariage en cas d’adultère.

La « clause d’exception »
Ce qui est dit en Matthieu 19 : 3-12 est très proche des paroles de
Jésus que nous avons vues en Marc 10 : 1-12. Il y a cependant deux
différences majeures. La première se trouve au verset 9, où figure une
clause d’exception : « Mais, je vous le dis, celui qui répudie sa femme
– sauf pour inconduite sexuelle – et en épouse une autre commet
l’adultère. » La plupart des spécialistes estiment que les mots « sauf
pour inconduite sexuelle » signifient qu’en cas d’adultère le conjoint
lésé a le droit de divorcer et de se remarier.

Voir les chapitres  40–42 de mon ouvrage intitulé What Jesus Demands from the
16

World (Wheaton, IL : Crossway Books, 2006), p. 301-322. Voir aussi « Divorce and
Remarriage : A Position Paper » (21 juillet 1986) sur le site http://www.desiringgod.
org/ResourceLibrary/Articles/ByDate/1986/1488_Divorce_and_Remarriage_A_Posi-
tion_Paper.

207
Ce mariage éphémère

Est-ce vraiment ce que Jésus


voulait dire ?
Personnellement, je ne crois pas que c’est le sens que Jésus a
voulu donner à cette précision. Il n’utilise pas ici le mot « adultère »
(moicheia). Il ne dit pas « sauf pour cause d’adultère », ce qui paraî-
trait logique s’il faisait allusion à l’adultère. Car il utilise bien ce
terme ailleurs (Matthieu 15 : 19), et notamment pour désigner de
façon précise un acte différent de la « fornication », à laquelle corres-
pond un autre mot qui est justement celui employé ici (porneia ; voir
en particulier Jean 8 : 41). Par conséquent, je pense que Jésus veut
plutôt signifier par là à ses lecteurs que cette interdiction absolue
du remariage ne s’applique pas en cas de fornication pendant les
fiançailles. En somme, voici à mon avis ce qu’il veut dire : « Quand je
déclare qu’il est absolument interdit de se remarier après un divorce,
vous ne devez pas inclure dans cette interdiction le divorce, pour
cause de fornication, d’un couple fiancé. »
L’Évangile selon Matthieu est le seul qui indique que Joseph avait
l’intention de « divorcer » de Marie, sa fiancée, parce qu’il croyait
qu’elle s’était rendue coupable de fornication. « Joseph, son mari, qui
était juste et qui ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida
de la répudier en secret » (Matthieu 1 : 19). Le mot traduit ici par
« répudier » (apolusai) est le même que celui employé en Matthieu
19 : 9. De plus, Matthieu précise que Joseph était « juste » (dikaios)
dans sa décision de « répudier » Marie. Rien ne laisse entendre que
Joseph n’aurait pas eu le droit d’épouser quelqu’un d’autre après
avoir rompu avec Marie au cours de leurs fiançailles. J’en conclus
donc qu’en Matthieu 19 : 9 l’apôtre, inspiré par l’Esprit, nous montre
que l’interdiction de se remarier rappelée par Jésus ne s’applique pas
au type de situation vécu par Joseph.
Je reconnais que peu de gens partagent cette interprétation. Je
vous suggère néanmoins de l’examiner sérieusement. Il me semble
que la venue de Jésus dans le monde, le début des derniers temps,
l’effusion du Saint-Esprit, l’inauguration du royaume de Dieu,
la présence du Christ ressuscité conformément à la promesse, la
nature radicale de ses commandements, tout cela implique assez

208
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e

logiquement un niveau d’attente plus élevé à l’égard du peuple de


la nouvelle alliance dans ce monde corrompu et éphémère. C’est
dans ce sens que je prie et que je prêche.

C’est le Christ crucifié qui unit dans


le mariage et qui sauve les pécheurs
Que vous soyez ou non d’accord avec moi sur les motifs légitimes
du divorce et du remariage, ma prière est que nous puissions tous
reconnaître que la signification la plus profonde et la plus impor-
tante du mariage n’est ni l’intimité sexuelle (aussi bonne soit-elle),
ni l’amitié, ni l’aide mutuelle, ni la procréation, ni l’éducation des
enfants, mais la présentation en chair et en os dans ce monde, de
l’amour d’alliance entre le Christ et son Église. Ma prière est que
vous poursuiviez cet objectif, que ce soit par votre mariage ou votre
célibat.
À travers l’Évangile, Dieu nous donne la puissance dont nous
avons besoin pour avoir l’un pour l’autre un amour à l’image de cette
alliance. Nous le savons car, en Matthieu 19 : 11, après avoir lancé
un appel radical à la fidélité dans le mariage, Jésus a déclaré : « Tous
ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est
donné. » Les disciples du Christ sont ceux « à qui cela est donné ».
Nous ne sommes pas seuls ; il est près de nous pour nous aider. Si
quelqu’un a péché contre nous, Jésus nous fera justice tôt ou tard
(Romains 12 : 19). Il nous donnera la grâce nécessaire pour nous
épanouir en attendant. Et si nous avons péché, il nous donnera la
grâce dont nous avons besoin pour nous repentir, recevoir le pardon
et nous engager sur la voie d’une nouvelle obéissance radicale.
L’Évangile du Christ crucifié pour nos péchés est le fondement
de notre vie. La raison d’être du mariage est d’en être un reflet en
chair et en os. Et si le mariage échoue, nous avons l’Évangile afin
d’y puiser le pardon, la guérison et le soutien jusqu’à ce qu’il vienne,
ou qu’il nous appelle.

209
Conclusion
Ce mariage éphémère

Je n’ai rien dit de l’impact du mariage sur la pauvreté, la santé,


l’emploi, les revenus ou la réussite matérielle des enfants. Si j’ai
passé ces aspects sous silence, ce n’est pas du tout parce que le
mariage n’a pas d’impact significatif dans ces domaines. Il est
au contraire déterminant sur tous ces plans : « Le mariage est un
sujet d’une importance capitale si l’on veut aider les membres les
plus vulnérables de notre société : les pauvres, les minorités et les
enfants17. »
J’ai préféré ne pas parler de ces aspects car il me semble que
si on se focalise sur les effets concrets du mariage cela sape préci-
sément sa puissance et donc sa capacité à produire les effets que
nous désirons. Autrement dit, dans l’intérêt même de tous ces
effets bénéfiques au niveau pratique, il ne faut pas qu’ils soient au
centre de nos préoccupations. C’est ainsi que Dieu a voulu que les
choses fonctionnent dans la vie. Si vous mettez Dieu et la gloire
de son Fils au centre de votre vie, vous aurez tous les bénéfices
pratiques en prime. Si vous faites l’inverse, vous serez perdant sur
les deux tableaux.

17
Juan Williams, Enough (New York : Three Rivers Press, 2006), p. 216.

211
Ce mariage éphémère
Évidemment, il y a des non-croyants dont le mariage dure et
qui prospèrent sur le plan matériel. Néanmoins, la dynamique per-
sonnelle qui leur permet de rester ensemble est plus profondément
ancrée dans le dessein de Dieu qu’ils n’en ont conscience. En effet, ils
ne se regardent pas l’un l’autre en se disant que leur amour s’est avéré
être un placement financier judicieux. Très peu de couples perdurent
ensemble grâce à un matérialisme primaire. Il reste toujours quelques
vestiges de la vision qu’avait Dieu pour le mariage. Certes, ils sont
peut-être déformés et cachés, mais ils sont néanmoins bien présents.
La grâce commune de Dieu permet à un grand nombre de fleurs
coupées de s’épanouir jusqu’à ce qu’elles meurent.
Je ne prononce donc pas mon dernier plaidoyer en méconnais-
sant l’importance des avantages matériels du mariage. Je désire
que tout le monde s’épanouisse sur tous les plans. Je désire que
les pauvres aient un foyer stable et qu’ils connaissent la joie d’un
travail productif qui leur permette de subvenir à leurs besoins.
Alors, dans l’intérêt même de ces effets bénéfiques du mariage,
proclamons avec joie que le mariage a des raisons d’être beaucoup
plus profondes.
Le mariage n’a pas pour objectif principal la prospérité écono-
mique ; sa finalité est avant tout de démontrer aux yeux de tous
l’amour d’alliance entre le Christ et son Église. Connaître le Christ
est plus important que gagner sa vie. Faire du Christ son trésor est
plus important qu’avoir des enfants. Être uni au Christ par la foi
favorise davantage la réussite d’un couple qu’une sexualité parfaite
ou la prospérité offerte par un double revenu.
Si nous donnons la première place aux choses secondaires,
celles-ci ne sont plus secondaires et deviennent des objets d’idolâtrie.
Elles ont, certes, leur place, mais elles ne sont ni primordiales ni
garanties. La vie est précaire, et même si elle peut sembler longue
à l’échelle humaine, elle est courte. « Vous qui ne savez pas ce que
votre vie sera demain ! Vous êtes en effet une vapeur qui paraît pour
un peu de temps et qui ensuite disparaît » (Jacques 4 : 14). « Ne te
vante pas du lendemain : tu ne sais pas ce qu’un jour peut enfanter »
(Proverbes 27 : 1).

212
Ce mariage éphémère

Il en va de même du mariage. C’est un don éphémère. Il peut


durer une vie entière ou s’arrêter brutalement pendant le voyage de
noces. Dans un cas comme dans l’autre, il dure peu de temps. Il
peut être rempli de belles journées ensoleillées ou couvert de nuages
sombres. Si nous accordons la première place aux choses secondaires,
les épreuves de la vie auxquelles nous serons confrontés nous rem-
pliront d’amertume. Mais si nous nous fixons pour objectif de faire
du mariage, avant tout, ce pour quoi Dieu l’a établi, alors aucune
épreuve ni catastrophe ne pourra nous barrer la route. Chacune
d’elles sera, non pas un obstacle sur le chemin de la réussite, mais un
moyen d’y parvenir. La beauté de l’amour d’alliance entre le Christ
et son Église brille de son plus bel éclat lorsque rien d’autre que le
Christ n’est en mesure de l’entretenir.
Dans peu de temps, l’ombre des choses à venir fera place à
la glorieuse Réalité. Ce qui est incomplet deviendra Perfection.
L’avant-goût cédera la place au Festin. Le sentier semé d’embûches
débouchera sur le Paradis. Une centaine de soirées aux chandelles
trouveront leur apogée dans le festin des noces de l’Agneau. Et ce
mariage éphémère sera englouti par la Vie. Le Christ sera tout et en
tous. Et la finalité du mariage sera accomplie.
Dans ce but, que Dieu nous accorde de voir ce qui importe le
plus dans cette vie. Que le Saint-Esprit, qu’il envoie, fasse de son
Fils crucifié et ressuscité le Trésor suprême de notre vie. Et que ce
Trésor satisfasse notre âme à tel point que la racine de toute pulsion
destructrice du mariage s’en trouve coupée. Enfin, qu’en observant
votre mariage le monde devienne fasciné par l’amour d’alliance du
Christ.

213
Quelques mots
de remerciement

J’ai attendu quarante ans avant d’écrire ce livre. Nous avons


connu tant de tensions au sein de notre propre couple que je ne
me sentais pas apte à écrire sur le mariage après dix, vingt ou
trente années de vie commune. À présent, au bout de quarante
ans, je comprends que nous n’arriverons jamais à atteindre la
perfection ; il m’a donc semblé que c’était le bon moment pour
aborder le sujet.
Tout en ayant ces paroles de Paul qui résonnent dans mon
esprit « Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber ! »
(1 Corinthiens 10 : 12), je peux à présent dire avec une certaine
assurance que je crois que notre mariage durera jusqu’à ce que l’un
de nous meure. Et à en juger par le faible nombre d’hommes veufs
dans notre Église, ce sera probablement moi.
Je voudrais donc dire ceci tant que je respire encore : merci, Noël,
de t’être accrochée pendant quarante ans. Merci d’avoir rendu ce
livre possible ; je n’aurais pas pu l’écrire sans toi. Ce que j’ai lu dans
la Bible, nous l’avons forgé dans le creuset de la vie : quarante ans
de mariage et trente-six ans de vie de parents. Je t’aime.

215
Ce mariage éphémère
Merci, Karsten, Benjamin, Abraham, Barnabas et Talitha, de
nous avoir permis de nous faire la main sur vous dans le cadre de
notre premier mariage. Nous n’aurons pas de deuxième chance. En
fait, notre deuxième chance, c’est vous. Notre prière est que, ayant
été témoins de nos erreurs, vous fassiez mieux que nous.
Merci, Bethlehem Baptist Church, de nous avoir aimés et d’avoir
prié pour nous pendant vingt-huit de ces quarante années, et de nous
avoir soutenus dans notre couple et notre rôle de parents pendant
les moments les plus durs et les meilleurs (qui étaient parfois les
mêmes). Je n’aurais voulu passer notre vie et élever nos enfants nulle
part ailleurs.
Merci à nos parents, Ruth et Bill Piper, et George et Pamela
Henry, qui nous ont donné un fondement solide et ont été si souvent
de bons exemples. À côté, les exemples négatifs sont totalement
secondaires. Par-dessus tout, merci de nous avoir communiqué et
montré en actes l’Évangile de Jésus-Christ. Il n’existe pas de meilleur
héritage que le Christ.
Merci à nos amis, notamment David et Karin Livingston, et Tom
et Julie Steller, qui connaissent nos manquements peut-être mieux
que quiconque et qui nous ont ouvert leur cœur et leurs oreilles dans
les moments les plus difficiles.
Merci à mon assistant David Mathis qui, grâce à son aptitude
à anticiper et à me décharger de mes fardeaux, m’a permis d’avoir
l’esprit libre pour pouvoir réfléchir, prier et écrire au moment venu.
Merci, David, d’avoir passé en revue le manuscrit avec moi plusieurs
fois et pour toutes tes bonnes suggestions.
Merci, Carol Steinbach, ainsi qu’à ton équipe, pour les index.
Parmi tous les membres de l’équipe de Desiring God, c’est toi qui
nous connais depuis le plus longtemps et tu es toujours là, désireuse
de nous apporter ton aide. C’est incroyable !
Noël, si nous vivons encore une vingtaine d’années (j’aurai alors
82 ans et toi 80), notre mariage aura duré soixante ans. Et à en juger
par ce que je vois dans la Bible et ma mémoire, ce mariage n’aura été
qu’éphémère. Mais, en réalité, il a été tellement plus qu’éphémère.

216
Quelques mots de remerciement

Ce mariage est une parabole de la pérennité, écrite de toute éternité,


illustration de l’histoire la plus extraordinaire qui ait jamais existé.
Cette parabole parle du Christ et de son Église. Cela a été un grand
honneur d’être sur scène avec toi. On nous a vraiment confié des
rôles merveilleux ! Un jour, je prendrai ta main et, me tenant sur cette
scène, je saluerai pour la dernière fois. La parabole sera terminée,
laissant la place à la Réalité éternelle.

217
Index général

Absence de crainte, 114 Beauté, 37-38, 40, 69, 107, 115, 117,
150, 170, 211
Adoption, 166
Bible, 17, 23, 27, 46, 48, 51, 55, 86,
Adultère, 28, 62, 149, 151-152, 155,
99-100, 102, 105-106, 113-114, 116-117,
157, 185-186, 189, 192-194, 197, 200,
125, 140, 150, 165, 170, 177, 202, 205,
201-202, 205-206
213-214 voir aussi Écritures
Analogie avec la prière, 80-81
Bigame, 60
Ancien Testament, 88, 99, 189
Bouses de vache, 69-70
des règles pour un peuple particulier
à une époque particulière, 189
Caractère totalement objectif de
Apogée de la gloire de Dieu, 17
notre salut, 52
Argent, 109, 149, 152-153
Célibat, célibataire, 123-126, 130-131,
Autorité, 34, 51, 60, 79-81, 85-95, 133-134, 137-138, 141-142, 145, 153-154,
98-101, 105-108, 112, 116-117, 119-121, 165, 186, 193, 198-199, 204, 207
156, 169, 175-176 ce que le célibat démontre le mieux,
battue en brèche, 86 133-134
étendue à l’éducation des enfants, des bénédictions plus grandes que
175-176 les enfants, 125-126
être le principal responsable, et non le peuple de l’alliance et la procréa-
pas le seul responsable, 105, 107 tion, 126-127
Paul, défenseur du, 202-205

219
Ce mariage éphémère
pourquoi un chapitre sur le célibat acteur principal du mariage, 26-27,
dans un livre sur le mariage ?, 124 190-191
récompenses particulières, 133
 apogée de la gloire de sa grâce, 17
Christ,
 ce qui rend le divorce insupportable à
ses yeux, 29
incarnation du, 34
colère de, 32, 51-52, 101, 189
le mariage est conçu sur le modèle de
l’engagement contractuel du Christ fait et défait le mariage, 199

envers son Église, 28-29 le mariage c’est la grâce de l’alliance
personne et œuvre du, 62-63 exposée à la vue de tous, 47-57, 87
le mariage comme formidable
Ciel, 21, 60, 133, 139, 150 modèle permettant de manifester la
grâce de, 54-55
Colère, 32, 51-52, 66, 101, 104, 107,
143, 173–182, 186, 189, 192
le mariage comme un reflet de, 48-49
le mariage est destiné à glorifier, 27
dévore les autres émotions, 177, 180
le mariage est l’œuvre de, 48
légitimement évitée, 178
mise en évidence de sa gloire, 34
vaincre la colère chez les pères
et les
enfants, 173–182 pourquoi nous a-t-il donné un
corps ?, 139-140
Colère de Dieu, 32, 51-52, 101, 189 ses voies sont bonnes pour nous, 120
Compost, souveraineté de, 80, 113-114, 178
tas de, 56, 69-70 unit deux époux qui deviennent une
seule chair, 26-27
Corps,
pourquoi Dieu nous a-t-il donné un, Divorce et remariage, 185-207
139-140 aimer les divorcés, 187
aucune exception ?, 205-206
Croix (du Christ), 33-34, 47, 49,
52-54, 56, 61-62, 107, 122, 169, 203 ce n’est pas permis, 191-192
devrait-on annuler un deuxième
Culture,
 mariage après un divorce ?, 200-202
cultures où la nudité est normale, 43 Dieu fait et défait le mariage, 199

note 7
insupportables aux yeux de Dieu, 29
perversion du mariage, 23
la bonne nouvelle de la grâce dans un
plus très loin de sombrer, 23 commandement radical, 193-194

s’extirper du mirage, 23 la clause d’exception, 205-206
prendre au sérieux ce qui est sacré,
Danger des reproches continuels, 188
82 quand le Christ divorcera, nous
le pourrons nous aussi, 188
Dieu, quatre questions pressantes, 199-207
a donné la première femme en
ravages du, 186-187
mariage à son époux, 25
remariage après la mort d’un
a donné naissance au mariage par sa
conjoint, 200
parole, 25-26

220
Index général

rester célibataire pour démontrer la Féminité,


vérité, 198-199 racines de la, 113-114
un croyant devrait-il laisser obliger
son conjoint non-croyant à rester, Foi, 39, 45, 65-68, 82, 111, 125, 129-
202-205 130, 134, 140, 143, 145, 149-159, 179,
une nouvelle obéissance radicale, 181, 190, 194, 210
192-193 foi et sexualité dans le mariage,
149-159
Doctrine de la justification par la
foi sublime d’une soumission dénuée
foi seule, 39, 45, 46, 53-56, 61
de crainte, 111-121

Écritures, 75, 125, 176, 190 voir aussi


Bible,
Grâce,
commune, 210
Ancien Testament, 88, 99, 189
donne le pouvoir de ne plus pécher,
Nouveau Testament, 48, 53, 68, 81,
75-76
88-89, 129, 164


Égalitariens, 90-91, 108 Grand Canyon, 12

Église, 12, 15-17, 26, 28-29, 34-36, 39,


49-50, 55-56, 60-61, 68, 73-74, 76-80,
Hospitalité, 137-138, 142-146, 166
82, 85-86, 88-90, 92-95, 97-99, 101-102, Humilité, 42, 47, 54, 56, 59, 64-67, 79,
105, 107, 112-113, 116, 120, 124-125, 91, 93, 108, 113, 136, 182
130-131, 134, 138-139, 150-151, 159,
Hypocrisie, 43, 140, 178
161-162, 170, 173-175, 182, 188, 190-
191, 193-194, 199, 207, 210-211, 215
Incarnation, 34
Élection, 63
refuser la vérité de l’, 63 Infertilité, 163
Enfer, 52
 Inquiétude, 114, 132
Entrailles de miséricorde, 65, 67

Jésus, voir aussi Christ

Épouse,
connaît son Moïse, 189

danger des reproches continuels, 82
exemple parfait de la masculinité, 86
désirer voir son mari changer, 79-80
une sœur en Christ, 81 Justification,
au-delà du pardon, 53
Évangile, 30, 33-34, 44-45, 52, 55,
par la foi seule, 39-40, 50-51, 53-56, 61
65-67, 76, 87, 117, 138, 181, 185, 187,
189, 192-194, 197, 203, 205-207, 214 transposer la, 54-55

le détour par l’, 76
le mariage consiste à déclarer dans La plus grande mise en évidence de
la vie de tous les jours la gloire de l’, la gloire de Dieu, 34
29-30

221
Ce mariage éphémère
Le Christ comme Sauveur, faire des bébés… des disciples, 163
Seigneur, et Trésor, 35, 210-211 faire des enfants… des disciples de
Jésus, 161-182
Leadership, 92, 95, 97-109, 116, 118-
foi et sexualité dans le, 149-159
119, 176
foi sublime d’une soumission dénuée
Lévirat, 127 de crainte, 111-121
formidable modèle permettant de
manifester la grâce de, 54
Mari,
indissoluble, 148, 184, 196
changement nécessaire chez tous les,
81 la grâce de l’alliance exposée à la vue
de tous, 47-57
fondements de l’autorité, 85-95
la mort marque la fin définitive et
le mari chrétien comme la tête,
éternelle du, 200
85-109
le célibat, le mariage et la vertu
mourir pour sa femme, 79
chrétienne de l’hospitalité, 137-146
pas le Christ, 78
le dessein de Dieu, 24-25, 27
qu’aucune femme ne regrette d’avoir
le mari chrétien comme la tête,
épousé, 109
85-109
que signifie diriger ?, 97-109
le mariage humain disparaitra, 15, 60
ressembler au Christ et non au, 78
manifester la gloire de l’Évangile dans
Mariage, la vie de tous les jours, 30
avoir des centaines d’enfants, 166 mystère du mariage dévoilé, 28-29
avoir des enfants est conforme à la nature temporaire et secondaire du
volonté de Dieu, 164-165 mariage et de la famille, 130-131
avoir des enfants n’est pas le but nus sans en avoir honte, 33-45
universel, 165-166 œuvre de Dieu, 24-27
ce mariage éphémère, 209-211 pardonner et supporter, 59-71
célibataire dans le Christ: «un nom pas avant tout rester amoureux l’un
meilleur que des fils et des filles», de l’autre, 21-30, 36, 87

123-134 permanence du, 22
conçu sur le modèle de l’engagement perversion du mariage par la société,
contractuel du Christ envers son 23
Église, 28
que l’homme ne sépare pas ce que
destiné à glorifier Dieu, 27 Dieu a uni, 185-207
Dieu a donné la première femme en respecter son engagement, 29, 36, 74,
mariage à son époux, 25 193, 202
Dieu a donné naissance au mariage ressembler au Christ au sein de
par sa parole, 25-26 l’alliance, 73-83
Dieu est l’acteur principal du rôles : pas attribués de manière
mariage, 26-27, 190-191 arbitraire, 93
Dieu unit deux époux qui deviennent rôles : une responsabilité, pas un
une seule chair, 26-27 droit, 94-95, 100
et martyre, 13–17


222
Index général

se focaliser sur les effets concrets du, Nid vide, 174


209
s’extirper du mirage social, 23
Nouveau Testament, 48, 53, 68, 81,
88-89, 129, 164

signification la plus profonde du,
88-89, 120 Nudité, 39, 41-44
signification suprême du, 162, 173, cultures où la nudité est normale, 43
188, 191 note 7
temporaire, 18, 60, 124, 130, 134 en public, 43
un cadeau éphémère, 18, 211, 214
Nus sans en avoir honte, 33-45, 51
un endroit de choix pour le discipu-
lat, 167-170
un mystère, 12, 22-23, 28-29, 35, Orgueil, 44, 49, 65-67
48-49, 73, 86, 88-91, 93, 98
une conception incompréhensible Parabole, 88-90, 141, 161, 173-174, 215
du, 22
une image, 12, 60 Parallèle entre un seul corps et une
une ombre, 13–15, 60, 211 seule chair, 88-90
une parabole, 88-90, 141, 161, 173- Pardonner et supporter, 59-71
174, 215
une relation semblable à nulle autre Parure intérieure, 115
au monde, 25 Péché, 12, 17-18, 23, 35, 37, 39, 42, 44,
vœux, 26, 49, 69, 199 46, 52-53, 56, 61-62, 68-72, 75-76, 78,
81, 93-94, 101, 109, 119, 122, 126, 137,
Masculinité,
143-144, 151-157, 159, 165, 178-179,
battue en brèche, 86
181, 186, 189, 193-194, 202, 207

Jésus, exemple parfait de, 86
Père(s), 12, 17, 21, 25-28, 35, 37, 48-50,
Masturbation, 155 73, 86, 88, 98, 107, 109, 127-128, 130-
Mère(s), 131-132, 166-170, 173-175 131, 161, 167-170, 173-181

Miséricorde, Personne et œuvre du Christ, 62-63


entrailles de, 65, 67 Prière, 55, 65-66, 80-81, 103, 105-106,
Mission à l’Intérieur de la Chine, 124, 137, 140-141, 143, 146, 154, 156
14-15
 analogie avec la, 80-81

Mort, 13–16, 18, 28-30, 34, 44, 47, 49, Priorités en priorité, 87
52, 60-61, 64, 66, 69, 79, 83, 100-101,
121-122, 128-130, 139, 156, 159, 179,
Régénération, 125, 129, 130, 134, 137
186-187, 193, 196, 198-201, 205

fin définitive et éternelle du mariage, Régime nazi, 13

200
Remariage, voir Divorce et remariage
Mystère, 12, 22-23, 28-29, 35, 48-49,
73, 86, 88-91, 93, 98

223
Ce mariage éphémère
Ressembler au Christ au sein de si je suis satisfait en christ, pourquoi
l’alliance, 73-83 avoir des relations sexuelles ?, 153-154
Signification des vêtements, 44-45
Saint-Esprit, 23, 33-34, 55, 91, 206, Souffrance, 13, 17, 30, 55, 68, 79, 128
211
Soumission, 49, 51, 60, 77, 79-81, 87,
Sainteté, 20, 64, 70, 78-79, 82, 177, 203
 90-95, 100, 111-121
Salut, bien particulière, 115-116
caractère totalement objectif de ce qu’est la, 119-120
notre, 52 ce que la soumission n’est pas,
116-119
Sanctification, 99,133
mutuelle, 90-93
Séparation rédemptrice, 62 un appel à tous les chrétiens, 112-113
Sexualité, 18, 22-23, 27, 36, 132, 140- Substitution, 53
142, 149-159, 197, 203, 205, 207, 210
ce que nous faisons n’est pas sale,
154-155 Tas de compost, 56, 69-70

chacun des conjoints désire satisfaire Tsunami, 51
l’autre, 158
cicatrices laissées par le péché
pardonné, 155-156 Un reflet divin vient éclairer notre
conseils de Luther en matière de, 158 vie terrestre, 84
note 13 Union en un seul esprit, 35-36
faire échec à Satan grâce à des rela-
tions sexuelles fréquentes, 156-157
la foi se sert de la, 156 Vêtements,
la sexualité qui provient de la foi n’est signification des, 44-45
pas un péché, 151-153 Vie éternelle, 17, 131 166, 198
le top des relations sexuelles : trouver
sa joie dans celle du conjoint, 157-158
 Vœux de mariage, 26, 49, 69, 199
pièce avec des scènes en privé, 151
sanctifiée, 159

224
Index de références bibliques

Genèse 2 : 25�������������33, 37, 39, 40, 51


1 : 26-28 �����������������������������164 3 : 4-6 �����������������������������������40
1 : 27�����������������������24, 48, 190 3 : 7���������������������������������������42
1 : 27-28 �������������������������������24 3 : 8���������������������������������������42
1 : 28���������������������������127, 166 3 : 9�������������������������������������109
1 : 31�������������������������������������37 3 : 15�������������������������������������44
2 : 17�������������������������������������39 9 : 1�������������������������������������164
2 : 18-25 �������������������������21, 24 15 : 5�����������������������������������127
2 : 18�����������������������������������165 17 : 18-19 ���������������������������127
2 : 21-22 �������������������������������24 18 : 12���������������������������������118
2 : 21�������������������������������������26 26 : 3�����������������������������������127
2 : 22 ������������������������������������25 45 : 11���������������������������������102
2 : 24-25 �������������������������������38
2 : 24������������ 25-28, 35, 45, 48,
Deutéronome
88, 190, 191 24 : 1-4 �����������������������199, 201

225
Ce mariage éphémère
24 : 1 �����������������������������������189 49 : 7-8 ���������������������������������53
25 : 6 �����������������������������������127 84 : 11 �����������������������������������69
31 : 6 �����������������������������������153 96 : 4 �����������������������������������139
115 : 3 ���������������������������������113
Josué
127 : 4-5 �����������������������������164
9 �����������������������������������������202
Cantique des cantiques
Juges
1 :2 �������������������������������������151
10 : 18 �����������������������������������99
11 : 8-9 ���������������������������������99 Proverbes
11 : 11 �����������������������������������99 5 : 18-19 �����������������������������151
11 : 37-38 ���������������������������128 6 : 20-21 �����������������������������168
27 : 1 �����������������������������������210
Ruth
31 : 25 ���������������������������������113
4 : 10 �����������������������������������128
Ésaïe
1 Samuel
7 : 8 ���������������������������������������99
24 : 22 ���������������������������������127
41 : 10 ���������������������������������104
2 Samuel 53 : 5-6 ���������������������������������61
18 : 18 ���������������������������������126 54 : 1 �����������������������������������129
22 : 44 �����������������������������������99 56 : 1-7 �������������������������������124
56 : 4-5 �����������������������125, 128
Esdras
56 : 5 �����������������������������������129
10 ���������������������������������������202

Psaumes Habacuc
2 : 14 �����������������������������������164
6 : 7 �������������������������������������186
15 : 2-4 �������������������������������202 Matthieu
18 : 43 �����������������������������������99 1 : 19 �����������������������������������206
19 : 1 �����������������������������������139 5 : 16 �������������������������������������50
23 : 6 �������������������������������������69 5 : 17 �����������������������������������192

226
Index de références bibliques

5 : 32 �����������������������������������193 10 : 3 �����������������������������������189


5 : 44 �����������������������������68, 138 10 : 4 �����������������������������������189
6 : 26-28 �����������������������������139 10 : 6-9 ���������������������������������48
9 : 15 �������������������������������������28 10 : 8-9 �������������������������26, 190
10 : 16 �����������������������������������82 10 : 9 �����������������������������38, 199
10 : 36 �����������������������������������17 10 : 10-12 ������������������� 193-194
10 : 42 ���������������������������������138 10 : 13-14 ���������������������������165
12 : 34 ���������������������������������180 10 : 29-30 �������������������131, 166
12 : 39 ���������������������������������189 12 : 25 �����������������������������������15
12 : 48-49 ���������������������������131
Luc
13 : 43 �����������������������������������15
6 : 27-29 �������������������������������74
15 : 19 ���������������������������������206
6 : 27 �������������������������������������68
16 : 24 ���������������������������������100
6 :35-36 ��������������������������������67
18 : 15 �����������������������������������81
9 : 41 �������������������������������������68
19 : 3-12 ���������������������198, 205
11 : 27-28 ���������������������������131
19 : 4-5 ���������������������������������25
14 : 26 �����������������������������������17
19 : 6 �����������������������������������184
16 : 18 ���������������������������������200
19 : 9 ���������������������������193, 206
17 : 21 ���������������������������������143
19 : 10 �����������������������������������22
18 : 29-30 �����������������������������17
19 : 11-12 �����������������������������23
21 : 36 ���������������������������������143
19 : 11 ���������������������������������207
22 : 20 �����������������������������������28
19 : 12 �������������������������132, 133
24 : 44 �����������������������������������25
22 : 23-30 ���������������������������124
22 : 30............60, 131, 150, 200 Jean
28 : 20 ���������������������������30, 199 1 : 3 ���������������������������������������34
1 : 12 �������������������������������������53
Marc 3 : 3 �������������������������������������129
10 : 1-12 �������������186, 189, 205
3 : 29 �������������������������������������28
10 : 3-9 �������������������������������199

227
Ce mariage éphémère
4 : 18 �����������������������������36, 201 15 : 7 �����������������������������58, 145
8 : 41 �����������������������������������206 16 : 13 ���������������������������������167
13 : 35 ���������������������������������143
1 Corinthiens
Actes 2 : 14 �������������������������������������33
10 : 43 ���������������������������������194 4 : 12 �������������������������������������68
4 : 15 ���������������������������130, 167
Romains
6 : 15-17 �������������������������������36
1 : 20 �����������������������������������139
6 : 16-17 �������������������������������35
3 : 10 �������������������������������������53
7 : 3-5 �������������������������156, 157
4 : 4-6 �����������������������������������53
7 : 7 �����������������������������133, 165
5 : 1 ���������������������������������������53
7 : 8 �������������������������������������132
5 : 8 �������������������������������64, 101
7 : 9 �������������������������������������142
5 : 10 �����������������������������������101
7 : 10-11 �����������������������������193
5 : 19 �������������������������������������53
7 : 12-16 ���������������������193, 203
7 : 1-3 �������������������������193, 200
7 : 13 �����������������������������������202
8 : 1 ���������������������������������������53
7 : 26 �����������������������������������165
8 : 3 ���������������������������������������53
7 : 29 �������������������������������������17
8 : 21 �������������������������������������16
7 : 32-35 �����������������������������132
8 : 28 �����������������������������69, 156
7 : 39 �����������������������������������193
8 : 31 �����������������������������������181
10 : 11 ���������������������������������143
8 : 33 �������������������������������������63
10 : 12 ���������������������������������213
9 : 8 �������������������������������������166
10 : 31 ���������������������������50, 139
10 : 4 �������������������������������������53
11 : 26 ���������������������������������139
12 : 5 �����������������������������������191
13 : 6 �������������������������������������39
12 : 10 ���������������������������������158
13 : 7-8 ���������������������������������68
12 : 19 ���������������������������������207
12 : 20 ���������������������������������138 2 Corinthiens
14 : 23 ���������������������������������152 4 : 6 ���������������������������������������34

228
Index de références bibliques

5 : 17 �����������������������������������190 5 : 23 �������������������78, 84, 86, 98


5 : 21 �������������������������������������53 5 : 25 �����������������������17, 99, 182
6 : 11-13 �����������������������������177 5 : 25-27 �������������������76, 78, 82
9 : 8 �������������������������������������144 5 : 29 �����������������������������������102
11 : 2 �������������������������������������28 5 : 31-32.......12, 27, 28, 35, 39,
48, 60, 88
Galates 6 : 1-4..........161, 164, 167, 173
3 : 7 �������������������������������������129 6 : 4 �����������������������������176, 179
3 : 13 �����������������������������������101 6 : 16 �����������������������������������157
3 : 26 �����������������������������������129
3 : 27 �������������������������������������44 Philippiens
3 : 8-9 �����������������������������������53
6 : 1 ���������������������������������������81
3 : 21 �������������������������������������44
Éphésiens 4 : 11-13 �����������������������������154
1 : 4 ���������������������������������������63 4 : 13 �����������������������������������104
1 : 6 ���������������������������������17, 34
1 : 12 �������������������������������������16 Colossiens
1 : 10 �������������������������������������55
1 : 21-23 �������������������������������99
1 : 16 �������������������������������������34
4 : 26-27 �����������������������������107
2 : 13-14 �������������������������52, 56
4 : 31-32 �����������������������������180
2 : 13-15 �������������������������������48
4 : 31 �����������������������������������179
2 : 14 �������������������������������52, 61
4 : 32 �����������������������������������181
3 : 6 ���������������������������������������51
5 : 2 �����������������������������179, 181
3 : 12-13 �������������������������54, 67
5 : 18-21 �������������������������������91
3 : 12-19 �������������������������������59
5 : 21-25 �������������������������������90
3 : 12 �������������������������62, 63, 65
5 : 21-33 �������������74, 86, 94, 98
3 : 13 �������������������������������������61
5 : 22-23 �����������������������������199
3 : 18-19 �����������������������������110
5 : 22 �������������������������������������80
5 : 23-25 �������������139, 162, 175

229
Ce mariage éphémère
1 Thessaloniciens Jacques
2 : 7 �����������������������������102, 130 1 : 19 �������������������������������������66
5 : 15 �������������������������������������68 4 : 14 ���������������������������199, 210

1 Timothée 1 Pierre
2 : 9-10 ���������������������������������44 1 : 3-4 ���������������������������������130
4 : 1-3 ���������������������������������150 2 : 9 ���������������������������������������63
4 : 1-5 ���������������������������������140 2 : 13-17 �����������������������������112
4 : 3 �������������������������������������155 2 : 24 �����������������������������������101
4 : 4-5 ���������������������������������154 3 : 1-6 �����������������111, 116, 202
3 : 1 �������������������������������82, 112
2 Timothée
3 : 2 ���������������������������������������82
1 : 5 �������������������������������������168
3 : 4-5 �����������������������������������44
3 : 12 �����������������������������������114
3 : 14 �����������������������������������114
3 : 14 �����������������������������������168
4 : 7-11 �����������������������137, 142
Tite 4 : 7 �������������������������������������143
2 : 14 �������������������������������������79 4 : 8 ���������������������������������������39
4 : 19 �����������������������������������114
Hébreux
1 : 1-2 ���������������������������������143 1 Jean
1 : 3 ���������������������������������������34 3 : 16-17 �����������������������������144
11 : 1 �����������������������������������152
13 : 4-5 �����������������������149, 151 Apocalypse
5 : 5 ���������������������������������������86
13 : 4 �����������������������������������153
19 : 7 �������������������������������������79
13 : 5 �����������������������������30, 152

230
Si vous souhaitez poursuivre plus avant l’étude de la vision de Dieu
et de la vie présentée dans ce livre, le ministère de Desiring God se tient
à votre disposition. Nous avons des centaines de documents18 qui vous
aideront à approfondir votre amour et votre zèle pour Jésus-Christ, et
à les partager autour de vous. Vous trouverez sur notre site Internet
desiringGod.org la quasi-totalité des écrits et des prédications de John
Piper, et notamment plus de trente ouvrages. Nous avons mis en ligne
plus de vingt-cinq ans de ses sermons, que vous pouvez lire, écouter,
télécharger, et, pour certains, visionner gratuitement en ligne.
Vous pouvez en outre accéder à des centaines d’articles, consulter
le planning des interventions de John Piper, prendre connaissance de
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pour enfants et parcourir les rayons de notre magasin en ligne. John
Piper ne perçoit aucuns droits d’auteur sur les ouvrages qu’il écrit ni
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dans nos actions en faveur de la propagation de l’Évangile. Desiring
God pratique par ailleurs une politique tarifaire individualisée tenant
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chérir par-dessus tout Jésus-Christ et son Évangile, car c’est quand vous
trouvez votre plus grande satisfaction en lui que Dieu est le plus glorifié
en vous. N’hésitez pas à nous faire savoir comment nous pouvons vous
servir dans ce sens !
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18
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231
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Passionné à juste titre


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Ce mariage

Nous avons besoin d’appréhender, aujourd’hui,


une vision du mariage plus digne, plus profonde,
plus puissante et plus glorieuse que tout ce que notre
culture a jamais imaginé. Rester fidèle à son conjoint,
ce n’est pas, avant tout, rester amoureux l’un de l’autre.
Il s’agit essentiellement de respecter l’alliance contractée.

« Le but de ce livre est d’élargir votre vision du mariage.


Le mariage est plus que l’amour entre deux personnes.
Beaucoup plus. La signification du mariage a une portée
incommensurable. Le mariage consiste à manifester aux yeux
de tous l’amour d’alliance entre le Christ et son peuple. »

Certes, le mariage c’est pour toute la vie, mais il n’est pas éternel.
Le mariage est un excellent cadeau de Dieu, mais c’est un
cadeau éphémère. Pendant nos quelques années sur la
terre, apprenons à vivre cet engagement comme
un reflet de l’alliance entre Dieu et l’Église.

À P R O P O S D E L’A U T E U R
John Piper est pasteur honoraire et auteur
de nombreux ouvrages dont Au risque d’être
heureux et Que les nations se réjouissent !
Il est marié à Noël depuis près de 50 ans.
Ils ont cinq enfants et douze petits-enfants.

15,90€
publié au Canada par ISBN 978-2-36249-395-9

9 782362 493959

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