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P I P E R
Ce mariage
Un reflet
de l’alliance éternelle
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éphémère
Ce mariage
éphémère
J O H N
P I P E R
Ce mariage
Un reflet
de l’alliance éternelle
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
This momentary marriage: A parabole of permanence • John Piper
© 2009 • Desiring God foundation
Publié par Crossway Books, un ministère de Good News Publishers
1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.
Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Nouvelle Bible Segond Copyright © 2002 Société biblique française.
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères
italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions
sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible Louis Segond (LSG), la
Nouvelle Bible Segond (NBS), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB),
la Traduction Parole de vie (PDV), et la Bible version Segond 21 (S21).
er
Dépôt légal 1 trimestre 2020
Index Dewey (CDD) : 306.872
Mots-clés : 1. Couple. Vie religieuse.
2. Mariage. Aspect religieux. Christianisme.
À
Ruth et Bill Piper
Pamela et George Henry
Seule la mort mit un terme à leur mariage
matières
Table des
Avant-propos
Le balancier et le portrait..............................................................................9
Introduction
Mariage et martyre.....................................................................................13
Chapitre un
Rester fidèle à son conjoint ne signifie pas avant tout rester amoureux............
l’un de l’autre.............................................................................................21
Chapitre deux
Nus sans en avoir honte..............................................................................33
Chapitre trois
La grâce de l’alliance exposée à la vue de tous.............................................47
Chapitre quatre
Pardonner et supporter...............................................................................59
Chapitre cinq
Comment ressembler au Christ au sein de l’alliance...................................73
Chapitre six
Un cœur de lion et une ressemblance à l’agneau.............................................
Le mari chrétien comme la tête : Les fondements de l’autorité....................85
Chapitre sept
Un cœur de lion et une ressemblance à l’agneau.............................................
Le mari chrétien comme la tête : Que signifie diriger ?................................97
Chapitre huit
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte...................................111
Chapitre neuf
Célibataire dans le Christ : « un nom meilleur que des fils et des filles ».....123
Chapitre dix
Le célibat, le mariage et la vertu chrétienne de l’hospitalité.......................137
Chapitre onze
La foi et la sexualité dans le mariage........................................................149
Chapitre douze
La finalité du mariage est de faire des enfants… des disciples de Jésus :..........
à quel point le devoir de procréation est-il absolu ?..................................161
Chapitre treize
La finalité du mariage est de faire des enfants… des disciples de Jésus :..........
vaincre la colère chez les pères et les enfants.............................................173
Chapitre quatorze
Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni : l’Évangile.....................
et la nouvelle obéissance radicale.............................................................185
Chapitre quinze
Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni :....................................
l’Évangile et le divorce.............................................................................197
Conclusion
Ce mariage éphémère..............................................................................209
Noël Piper
11
Ce mariage éphémère
mariage ? ! » Un jour, alors que j’étais en pleine période d’euphorie,
nous avons fait un test d’évaluation de notre couple. D’après les
résultats, je me trouvais au sommet de l’échelle de l’idéalisme, bien
peu encline à reconnaître les problèmes que nous pouvions avoir
dans notre couple – au point que, selon les « experts », mon score
était peu fiable.
J’aimerais que le balancier reste toujours là-haut, dans cette zone
où rien ne vient entamer notre bonheur d’être ensemble – comme
lors des vacances que nous avons passées une fois dans les montagnes
Blue Ridge :
En voyage
Livres et rocking-chair,
Ours noir et papillons,
Mousse et champignons,
Poésie et dessin,
Chanter et se balancer,
Voir les piverts s’envoler,
Louer Dieu, se promener,
Du temps pour discuter,
Ensuite au scrabble jouer,
Et puis aller s’allonger…
Le silence ne pas briser.
Avec toi mon bien-aimé.1
1
Adaptation libre
12
Le balancier et le portrait
2
Adaptation libre
13
Ce mariage éphémère
plus nous approchons des noces d’or, plus nous avons envie de les
célébrer – si toutefois Dieu nous fait la grâce de nous accorder autant
d’années ensemble.
Nous savons que c’est le poids de notre péché qui nous fait
toucher le fond par moments. Mais voici une formidable vérité, une
vérité incroyable, un « grand mystère », comme le dit Paul : « C’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa
femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un grand mys-
tère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église » (Éphésiens
5 : 31-32). Tout mariage est une image de la relation entre le Christ
et l’Église – même s’il oscille comme un balancier à cause du péché,
même si le couple n’en a rien à faire de Jésus.
Pour changer de métaphore, Dieu a établi le mariage afin qu’il
reflète une image, qu’il soit un portrait. Ce qui m’amène à me poser
la question : dans quelle mesure notre couple est-il un portrait du
Christ ? Cette image est-elle claire et bien nette ?
J’aime utiliser mon minuscule appareil photo numérique.
Cependant, plus le sujet est gros et complexe, plus il devient difficile
de le photographier en entier et avec précision. Par exemple, aucune
photo ne peut représenter à elle seule toute la magnificence du
Grand Canyon. Même si mes piètres compétences de photographe
ne diminuent en rien la splendeur de cette merveille naturelle,
certains clichés parviennent mieux que d’autres à en rendre l’aspect
grandiose. C’est ce genre de photo que j’aimerais pouvoir prendre du
Grand Canyon, et de la même manière, j’aimerais que notre couple
soit un portrait aussi fidèle que possible de Jésus.
Ma prière est que ce livre (qui a été écrit par mon prédicateur pré-
féré) amène de nombreux couples à « refaire une mise au point » afin
que le portrait du Christ et de son Épouse soit le plus net possible.
14
Introduction
Mariage et martyre
15
Ce mariage éphémère
16
Mariage et martyre
3
Mme Howard Taylor, The Triumph of John and Betty Stam (Philadelphie : China
Inland Mission, 1936), p. 107-108. Leur petite fille qui avait été cachée fut trouvée
par des chrétiens et sauvée.
17
Ce mariage éphémère
venir, leurs corps seront régénérés et toute la création se joindra aux
enfants de Dieu dans la joie éternelle (Romains 8 : 21).
4
Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission : lettres et notes de captivité (Genève :
Labor et Fides, 2006), p. 69. Les citations de Bonhoeffer qui figurent sur la page située
en regard de chaque chapitre sont tirées de : Résistance et soumission : lettres et notes de
captivité, De la vie communautaire (Genève : Labor et Fides, 1998), et Vivre en disciple
– Le prix de la grâce (Genève : Labor et Fides, 1985).
18
Mariage et martyre
19
Ce mariage éphémère
L’amour conjugal, la sexualité et les enfants ne sont que des dons
de Dieu temporaires. Ils ne feront pas partie de la vie à venir – et
nous n’avons même pas l’assurance d’en jouir au cours de notre vie
actuelle. Ce ne sont que des éventualités sur le chemin étroit qui
mène au Paradis. Le mariage nous amène à passer par des sommets
à couper le souffle et par des marais nauséabonds. La vie conjugale
rend bien des choses plus douces, mais elle s’accompagne aussi
d’amères expériences.
On a réussi !
Le mariage est un cadeau éphémère. J’ai à peine effleuré la
surface des bénédictions et blessures de la vie de couple. J’espère
que vous approfondirez le sujet. Au moment de la publication
de ce livre, Noël et moi passons le cap de nos quarante ans de
mariage. Noël est un don de Dieu et je ne la mérite pas. Nous
nous disons souvent qu’il y a un côté merveilleux dans le fait de
vivre mariés jusqu’à ce que la mort nous sépare. Oh, notre vie à
deux n’a pas été exempte de difficultés. Mais nous nous imaginons
parfois septuagénaires ou octogénaires (à cet âge-là, le divorce est
non seulement un péché mais aussi un acte socialement ridicule) ;
nous serons assis l’un en face de l’autre dans notre petit restaurant
habituel. Nous sourirons en voyant nos visages ridés, et le cœur
rempli d’une profonde gratitude envers Dieu pour sa grâce nous
nous dirons : « On a réussi ! »
Pour ceux d’entre vous qui n’en sont qu’au début de leur mariage,
j’aimerais simplement me joindre à Dietrich Bonhoeffer et vous
dire :
« Accueillez-vous l’un l’autre… pour la gloire de Dieu. » Ainsi,
vous avez entendu la Parole de Dieu concernant votre mariage.
Remerciez-le de cela, remerciez-le de vous avoir conduits
jusqu’ ici ; priez-le de fonder, de fortifier, de sanctifier et de
garder votre vie conjugale ; ainsi, dans votre mariage, vous
serez « quelque chose à la louange de sa gloire ». Amen5 .
5
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, p. 72.
20
De même que vous vous êtes d’abord donné
vous-mêmes vos alliances et que vous les recevez encore
une fois maintenant de la main du pasteur, de même
l’amour vient de vous, le mariage d’en haut, de Dieu.
Autant Dieu est élevé au-dessus des hommes,
autant la sainteté, le droit et les promesses du mariage
sont au-dessus de la sainteté, du droit
et des promesses de l’amour.
Ce n’est pas votre amour qui porte votre mariage,
mais votre mariage qui porte désormais votre amour.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre un
Rester fidèle à son conjoint
ne signifie pas avant tout rester
amoureux l’un de l’autre
Le seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ;
je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis. Le seigneur
Dieu façonna de la terre tous les animaux de la campagne et
tous les oiseaux du ciel. Il les amena vers l’homme pour voir
comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le
nom dont l’homme l’appellerait. L’homme appela de leurs
noms toutes les bêtes, les oiseaux du ciel et tous les animaux de
la campagne ; mais, pour un homme, il ne trouva pas d’aide
qui fût son vis-à-vis. Alors le seigneur Dieu fit tomber une
torpeur sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes
et referma la chair à sa place. Le seigneur Dieu forma une
femme de la côte qu’il avait prise à l’homme, et il l’amena
vers l’homme. L’homme dit : Cette fois c’est l’os de mes os,
la chair de ma chair. Celle-ci, on l’appellera « femme », car
c’est de l’homme qu’elle a été prise. C’est pourquoi l’homme
quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils
deviendront une seule chair. Ils étaient tous les deux nus,
l’homme et sa femme, et ils n’en avaient pas honte.
Genèse 2 : 18-25
23
Ce mariage éphémère
Au cours des siècles, aucune génération n’a jamais eu une concep-
tion suffisamment noble du mariage. Comme cela a toujours été
le cas, il existe à l’heure actuelle un gouffre gigantesque entre la
conception biblique du mariage et celle des hommes. À travers
l’histoire, certaines cultures ont néanmoins respecté plus que d’autres
l’importance et la permanence du mariage. À l’instar de la société
nord-américaine, certaines cultures ont tellement peu d’estime pour
le mariage qu’elles adoptent une attitude désinvolte à son sujet, de
telle sorte que la conception biblique semble totalement ridicule
pour la plupart des gens.
24
Rester fidèle à son conjoint
mais seulement ceux à qui cela est donné. […] Que celui qui peut
comprendre comprenne ! » (Matthieu 19 : 11-12).
25
Ce mariage éphémère
26
Rester fidèle à son conjoint
27
Ce mariage éphémère
Par conséquent, le mariage est l’œuvre de Dieu car c’est lui qui,
le premier, a exprimé que c’était son dessein pour l’être humain :
« C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera
à sa femme, et les deux seront une seule chair. »
28
Rester fidèle à son conjoint
29
Ce mariage éphémère
30
Rester fidèle à son conjoint
31
Ce mariage éphémère
par notre vie. Il s’agit de représenter la vérité concernant Jésus-Christ
et la relation qu’il entretient avec son peuple. Il s’agit de manifester
la gloire de l’Évangile dans la vie de tous les jours.
Jésus est mort pour les pécheurs. Il a forgé une alliance en pas-
sant par le creuset des souffrances extrêmes subies à notre place. Il
a acquis cette épouse imparfaite au prix de son propre sang et l’a
couverte du vêtement de sa justice. Il a déclaré : « Je suis avec vous
tous les jours, jusqu’à la fin du monde » ; « Je ne te délaisserai jamais,
je ne t’abandonnerai jamais » (Matthieu 28 : 20 ; Hébreux 13 : 5). Le
mariage a été établi par Dieu afin d’afficher aux yeux de tous cette
vérité de l’Évangile dans le monde. C’est la raison pour laquelle nous
sommes mariés. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui sont
mariés le sont, y compris lorsqu’ils ne connaissent pas l’Évangile ou
n’y adhèrent pas.
32
Sur la destinée de l’homme et de la femme plane
l’ombre de la colère de Dieu, pèse un fardeau divin
qu’ils doivent porter. La femme mettra au monde ses
enfants dans la douleur, et l’homme récoltera beaucoup
de chardons et d’épines en pourvoyant à la vie des
siens, et travaillera à la sueur de son front.
Ce fardeau doit amener l’homme et la femme à invoquer
Dieu, et leur rappeler leur destinée éternelle dans son
royaume. La communauté terrestre n’est que le début
de la communion éternelle, la demeure terrestre l’image
de la demeure céleste, la famille terrestre un reflet de la
paternité de Dieu envers les hommes, ses enfants.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71-72
Chapitre deux
Nus sans en avoir honte
35
Ce mariage éphémère
assez majestueuse et ambitieuse pour être digne de respect.
En revanche, pour ce qui est des dieux de l’Olympe ou d’un
Jésus descendant du ciel pour mourir sur la croix, je n’y vois
rien d’aussi noble. Cela m’ évoque plutôt une grande étroitesse
d’esprit6 .
C’est tragique, mais voilà précisément les mots de « l’homme
naturel ». Ceux qui ne voient dans le Christ, son incarnation, sa
mort, sa résurrection et son autorité sur tout l’univers que le pro-
duit d’une étroitesse d’esprit sont incapables de voir le merveilleux
mystère de l’Évangile que recèle le mariage. En fait, Jésus est tout
sauf limité ! C’est lui qui a créé l’univers (Jean 1 : 3 ; Colossiens
1 : 16) et qui le soutient par sa parole puissante (Hébreux 1 : 3). C’est
pour lui qu’a été créé l’univers (Colossiens 1 : 16), et toute la réalité
trouve sa raison d’être suprême dans la plus grande mise en évidence
de la gloire du Dieu de tout l’univers : la gloire de sa grâce, qui a
connu l’apogée de sa manifestation dans la mort du Christ pour la
réconciliation des pécheurs avec Dieu (Éphésiens 1 : 6). Il faut être
aveugle pour parler d’idées étriquées à propos du Christ et de son
œuvre de rédemption.
Et pourtant, par la grâce de Dieu, même Dawkins pourrait
reconnaître la gloire du Christ dans l’Évangile ainsi que dans sa
représentation qu’est le mariage. Car c’est bien un miracle que
n’importe lequel d’entre nous a pu reconnaître cette gloire dans
l’Évangile ! Dieu seul peut « [briller] dans notre cœur, pour que
resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du
Christ. » (2 Corinthiens 4 : 6). Ma prière est que Dieu révèle la gloire
de l’Évangile et la signification du mariage à Richard Dawkins – ainsi
qu’à vous. Je suis convaincu qu’il le fera si vous êtes prêt à scruter
la Parole de Dieu pour y trouver sa révélation, et à rechercher l’aide
du Saint-Esprit afin qu’il vous permette de voir et de savourer la
gloire du Christ et de son alliance avec l’Église, conclue au prix de
son sang, alliance qui est reflétée dans le mariage.
6
« Dieu vs. Science : Entretien avec Francis Collins et Richard Dawkins », Time,
5 août 2006, http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1555132-9,00.html.
36
Nus sans en avoir honte
37
Ce mariage éphémère
corps avec elle ? En effet, il dit : Les deux seront une seule chair.
Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit.
(1 Corinthiens 6 : 15-17)
Je ne pense pas que Paul veuille dire par là qu’un homme qui
a eu des rapports sexuels avec des prostituées au cours de sa vie se
retrouve marié à chacune d’elles. Jésus lui-même a dit à la femme
qui avait eu « cinq maris » : « Celui que tu as maintenant n’est pas
ton mari » (Jean 4 : 18). En d’autres termes, les rapports sexuels ne
suffisaient pas pour constituer un mariage.
Comme son nom l’indique, la prostitution est une exploitation
des privilèges du mariage. De ce fait, cette pratique est la corruption
d’une institution profondément sacrée. Paul utilise les expressions
« un seul corps » et « une seule chair » pour montrer l’ignoble trahison
de ce que ces mots sont censés signifier.
C’est comme s’il disait : vous profanez l’acte de l’union sexuelle,
qui est la concrétisation de cette seule chair et de ce seul corps dans
les liens du mariage – c’est-à-dire quelque chose de profond et de
spirituel. Cependant, vous exprimez cette réalité implicitement
sacrée avec une prostituée ! L’enveloppe de l’union est bien présente,
mais pas le sens d’alliance ou d’engagement qu’elle doit revêtir.
Ce qui ressort de ce passage, c’est principalement que Paul
considère l’union contractée par deux époux comme étant conçue
par Dieu pour refléter et exposer à la vue de tous l’union spirituelle
entre le Christ et l’Église. D’où sa formulation : « Celui qui s’attache
au Seigneur est avec lui un seul Esprit. »
C’est pourquoi je soutiens que rester fidèle à son conjoint ne
signifie pas avant tout rester amoureux de lui. Rester marié est
d’abord une question de respect de l’alliance contractée. Si un des
conjoints tombe amoureux de quelqu’un d’autre, la réaction profon-
dément légitime de la part du conjoint meurtri et de l’Église devrait
être : « Et alors ! Ce qui compte, ce n’est pas que tu sois “amoureux”
de quelqu’un d’autre. Ce qui compte, c’est que tu respectes ton
engagement. »
38
Nus sans en avoir honte
39
Ce mariage éphémère
le moyen de vous couvrir de honte. Donc, la perfection physique ne
suffit pas à elle seule à éliminer toute possibilité d’humiliation.
Deuxièmement, le but de Genèse 2 : 24-25 est d’établir un fonde-
ment de sagesse sur lequel puisse s’appuyer le mariage bien après la
chute de l’homme. Cela apparaît clairement dans l’usage que Jésus
fait du verset 24. C’est en effet là-dessus qu’il fonde son argumen-
tation lorsqu’il déclare : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que
Dieu a uni » (Marc 10 : 9). Autrement dit, ce que Dieu a révélé en
Genèse 2 : 24-25 conserve toute sa pertinence longtemps après la
chute. Par conséquent, la question ne semble pas liée principalement
à la situation d’avant la chute, c’est-à-dire à la perfection des corps.
Troisièmement, c’est le verset 24 (s’attacher à sa femme en ne
formant qu’une seule chair) qui crée la relation au sein de laquelle
le verset 25 peut devenir réalité (nus sans en avoir honte). D’ailleurs,
l’accent est mis sur l’alliance conclue au verset 24 : ces deux êtres
s’attachent l’un à l’autre en formant une relation nouvelle au sein
de laquelle ils deviennent une seule chair, et ce n’est pas une simple
expérience ! Il s’agit d’un nouveau type d’union durable ancrée dans
un engagement contractuel. C’est cela, et non la beauté parfaite, qui
crée les conditions d’un couple où la honte n’a pas sa place.
40
Nus sans en avoir honte
honte parce que l’amour d’alliance couvre une foule de défauts (cf.
1 Pierre 4 : 8 ; 1 Corinthiens 13 : 6).
Je sais qu’en Genèse 2 : 25 la chute ne s’est pas encore produite. Il
n’y a donc aucun péché, aucun défaut, à couvrir. Cependant, je tiens
à faire remarquer que si le verset 25 semble être la suite logique du
verset 24, c’est parce que la relation d’alliance qu’établit le mariage a
été conçue dès le commencement pour être le principal fondement
de l’absence de honte. Il paraît logique que, tant que le péché n’était
pas entré dans le monde avec toute la corruption physique et morale
qu’il a entraînée, Adam et Ève n’avaient nullement besoin de pra-
tiquer leur amour d’alliance afin de couvrir les éventuels péchés ou
défauts de l’autre. En revanche, Dieu avait bel et bien prévu que cet
amour serait un jour pratiqué au sein du couple marié.
Dès le commencement, le mariage a été conçu pour mettre en
évidence la nouvelle alliance entre le Christ et son Église. C’est ce
que nous avons vu en Éphésiens 5 : 31-32. L’essence même de cette
nouvelle alliance est que le Christ ne tient pas compte des péchés
de son épouse. Celle-ci est dépourvue de tout sentiment de honte,
non pas parce qu’elle serait parfaite, mais parce qu’elle n’a aucune
crainte que son bien-aimé la condamne ou la couvre de honte à
cause de son péché.
Voilà pourquoi la doctrine de la justification par la grâce au
moyen de la foi est un des fondements indispensables pour que le
mariage fonctionne tel que Dieu l’a prévu. La justification produit
la paix avec Dieu (relation verticale), et ce en dépit de notre péché.
Et lorsqu’elle est vécue au sein du mariage (relation horizontale), elle
produit une paix totalement dépourvue de honte entre un homme
imparfait et une femme imparfaite. Nous nous attarderons plus
longuement sur cet aspect au chapitre trois.
41
Ce mariage éphémère
tu mourras. » Pour moi, cette « connaissance de ce qui est bon ou
mauvais » fait référence à un statut d’indépendance vis-à-vis de Dieu,
en vertu duquel Adam et Ève décideraient par eux-mêmes, sans tenir
compte de Dieu, ce qui est bien et ce qui est mal. Ainsi, manger du
fruit de cet arbre équivaudrait à une déclaration d’indépendance
par rapport à Dieu.
Et c’est précisément ce qui arrive en Genèse 3 : 4-6 :
Alors le serpent dit à la femme : […] Dieu le sait : le jour où
vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des
dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais. La femme vit
que l’arbre était bon pour la nourriture et plaisant pour la vue,
qu’il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de
son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était
avec elle, et il en mangea.
Le verset 7 décrit les conséquences immédiates de cet acte de
rébellion contre Dieu qui prit la forme d’une déclaration d’indé-
pendance : « Leurs yeux à tous les deux s’ouvrirent, et ils surent
qu’ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier pour se faire
des pagnes. » Qu’est-ce que cela signifie ?
Tout à coup, Adam et Ève prennent conscience de leurs corps et
se sentent mal à l’aise. Avant de se rebeller contre Dieu, ils n’éprou-
vaient pas la moindre honte ; désormais, de toute évidence, ils ont
honte. Pourquoi ? Il n’y a aucune raison de penser qu’ils seraient
devenus tout à coup repoussants. Le texte ne met pas du tout l’accent
sur cet aspect. Ce n’est pas leur laideur qui est mise en avant ici, pas
plus que le verset de Genèse 2 : 25 ne mettait en avant leur beauté.
Alors, pourquoi cette honte ? Parce que le fondement de l’amour
d’alliance a volé en éclats. Et, de ce fait, la douce et rassurante
sécurité du mariage a disparu à jamais.
42
Nus sans en avoir honte
Vulnérable à la honte
Premier phénomène : je suis mal à l’aise avec mon corps et sus-
ceptible d’éprouver de la honte parce que je suis conscient qu’Ève a
choisi l’indépendance vis-à-vis de Dieu. Elle a pris la place de Dieu
au centre de toutes choses. En gros, elle est désormais quelqu’un
d’égoïste. À partir de ce jour, elle pensera d’abord à elle-même. Elle
ne veut plus servir l’autre. Je ne suis plus en sécurité auprès d’elle.
Et je me sens vulnérable en sa présence puisque rien ne l’empêche
de me rabaisser si cela lui permet de s’élever. C’est pourquoi, tout à
coup, ma nudité me met en danger. Je n’ai plus l’assurance qu’elle
m’aime d’un amour pur et résolu à tenir ses engagements. Voilà une
première source de honte et de gêne.
43
Ce mariage éphémère
Ainsi, je devrais me soumettre à Dieu avec humilité et avec joie,
mais je ne le fais pas. Ce fossé énorme entre ce que je suis et ce que
je devrais être affecte chaque aspect de ma vie, y compris la manière
dont je me sens par rapport à mon corps. Et donc, ma femme
aurait beau être la personne la plus sûre au monde, le sentiment
de culpabilité et d’indignité qui m’habite désormais crée en moi
de la vulnérabilité. À présent, la nudité toute simple et sans détour
de l’innocence semble en décalage avec l’être coupable que je suis.
J’éprouve alors de la honte.
La honte engendrée par la nudité a donc deux causes, et cha-
cune d’elles découle de la destruction du fondement sur lequel
reposait l’amour d’alliance qui caractérisait notre relation avec
Dieu. En premier lieu, je ne peux plus faire confiance à Ève pour
me chérir ; elle est devenue égoïste et je me sens vulnérable face
à ses tentatives de me rabaisser pour parvenir à ses fins égoïstes.
Deuxièmement, je sais déjà que je suis moi aussi coupable, et la
nudité de l’innocence est en contradiction avec mon indignité,
donc j’éprouve de la honte.
Ils se vêtirent
Genèse 3 : 7 indique qu’Adam et Ève essayèrent de faire face à
cette nouvelle situation en se fabriquant des vêtements : « Ils cou-
sirent des feuilles de figuier pour se faire des pagnes. » Par la suite, au
verset 21, Dieu se chargea de leur fabriquer de meilleurs vêtements
à partir de peaux d’animaux : « Le seigneur Dieu fit à l’homme et
à sa femme des habits de peau, dont il les revêtit. » Que doit-on en
conclure ?
Les efforts d’Adam et Ève pour se vêtir étaient en fait motivés
par leur péché : ils cherchaient à dissimuler ce qui s’était vraiment
passé. De plus, ils tentèrent d’échapper au regard de Dieu (Genèse
3 : 8). Ils avaient perdu leur innocence car ils s’étaient rebellés contre
Dieu. Leur nudité leur semblait trop impudique et ils se sentaient
désormais trop vulnérables. C’est pourquoi ils essayèrent de combler
l’écart entre ce qu’ils étaient et ce qu’ils auraient dû être en dissi-
mulant la réalité et en se présentant sous un aspect nouveau. Cette
44
Nus sans en avoir honte
7
En réponse à la question concernant les cultures où la nudité est normale, je dirai deux
choses. D’abord, il existe un certain degré de relativisme quant à ce qui est considéré
comme décent ou obscène d’une culture à l’autre. Deuxièmement, la nudité totale en
tant que norme est extrêmement rare parmi les différentes cultures à travers le monde.
À la lumière de ce qui est relaté en Genèse 3, je dirais que cette « normalité » qui existe
dans ces rares cultures est un signe non pas d’innocence ni d’approbation divine,
mais plutôt de désordre. À mesure que ces cultures seront amenées à une plus grande
connaissance de Dieu et de sa Parole, ce qui leur semblait normal ne le sera plus, et je
ne crois pas que cette évolution sera uniquement le résultat de pratiques imposées par
l’Occident.
45
Ce mariage éphémère
pas à la nudité, mais à la simplicité (1 Timothée 2 : 9-10 ; 1 Pierre
3 : 4-5). Le but des vêtements n’est pas d’attirer l’attention sur ce qu’ils
recouvrent, mais au contraire sur ce qui n’est pas recouvert : c’est-à-dire
des mains miséricordieuses qui servent les autres au nom du Christ,
des pieds magnifiques qui vont annoncer l’Évangile partout où il le
faut, et l’éclat d’un visage qui a contemplé la gloire de Jésus.
46
Nus sans en avoir honte
47
La communauté des chrétiens
est le fruit de la justification de l’être humain
par la seule grâce de Dieu, telle qu’elle est annoncée
par la Bible et les Réformateurs.
C’est ce message qui fonde le besoin
que les chrétiens ont les uns des autres.
DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 27-28
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 72
Chapitre trois
La grâce de l’alliance
exposée à la vue de tous
49
Ce mariage éphémère
en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant
grâce par lui à Dieu, le Père. Femmes, soyez soumises à votre
mari, comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez votre
femme, et ne vous aigrissez pas contre elle.
Colossiens 2 : 13-15 ; 3 : 12-19
50
La grâce de l’alliance exposée
51
Ce mariage éphémère
52
La grâce de l’alliance exposée
8
Voir les chapitres 6–8.
53
Ce mariage éphémère
En vérité, nombreux sont les couples qui ont justement besoin
d’avoir profondément conscience de la colère de Dieu et de la
craindre, car sans cela l’Évangile est réduit à de simples relations
humaines et perd sa gloire biblique. À moins d’avoir une perspec-
tive biblique de la colère de Dieu, vous serez tenté de penser que
votre colère contre votre conjoint est tout simplement impossible à
dominer, parce que vous n’avez jamais vraiment fait l’expérience de
voir la grâce l’emporter sur une colère infiniment plus grande – celle
de Dieu à votre égard.
Examinons donc tout d’abord la colère de Dieu et la manière
dont elle a été apaisée. En Colossiens 2 : 13-14, Paul déclare quelque
chose d’absolument merveilleux :
Ces derniers mots sont les plus importants. Cet acte rédigé contre
nous – c’est-à-dire la dette qui pesait sur nous –, Dieu l’a effacé en
le clouant à la croix. Quand cela s’est-il produit ? Il y a deux mille
ans. Cet événement ne s’est pas produit en nous, et certainement pas
grâce à nous. C’est Dieu qui l’a accompli pour nous et à l’extérieur
de nous, avant même notre naissance. Voilà qui donne à notre salut
un caractère totalement objectif.
Ne passez surtout pas à côté de cette vérité des plus merveilleuses
et stupéfiantes : Dieu a pris la liste de tous vos péchés, en vertu
de laquelle vous méritiez la colère divine (car les péchés sont des
offenses à Dieu qui provoquent sa colère), et au lieu de vous la
brandir devant la figure et de l’invoquer comme raison pour vous
envoyer en enfer, il les a inscrits sur la paume de la main de son Fils
et les a cloués à la croix. Il s’agit là d’une affirmation audacieuse et
imagée : il a effacé l’acte rédigé contre nous […] en le clouant à la
croix (Colossiens 2 : 14).
54
La grâce de l’alliance exposée
Quels sont les péchés qui ont été cloués à la croix ? Les miens.
Et ceux de mon épouse. Oui, les miens et ceux de mon épouse.
Les péchés de tous ceux qui désespèrent de se sauver eux-mêmes et
qui placent leur confiance en Jésus seul. Et quelles mains ont été
clouées à la croix ? Celles de Jésus. C’est ce qu’on désigne par un
terme magnifique : la substitution. Dieu a condamné mon péché
dans la chair du Christ. « Dieu, en envoyant son propre Fils dans
une condition semblable à la chair du péché, en rapport avec le
péché, a condamné le péché dans la chair » (Romains 8 : 3). Il faut
absolument que les gens mariés soient fermement convaincus de
cette vérité, car c’est indispensable pour vivre le mariage comme
Dieu l’a voulu.
55
Ce mariage éphémère
Transposer la justification
Voilà la réalité verticale que nous devons transposer sur le plan
horizontal au bénéfice de notre conjoint si nous voulons que notre
couple reflète la grâce de Dieu, grâce qui permet l’établissement et
la pérennité de l’alliance. C’est ce que nous lisons en Colossiens
3 : 12-13 (S21) :
Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté,
d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les
autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. Tout comme Christ vous a
pardonné, pardonnez-vous aussi.
« Tout comme Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi »,
et notamment votre conjoint. Tout comme le Seigneur vous « sup-
porte », vous devez vous aussi « supporter » votre conjoint. Tous les
jours, le Seigneur nous « supporte » alors que nous échouons dans
l’accomplissement de sa volonté. En effet, l’écart entre ce que le
Christ attend de nous et ce que nous accomplissons est infiniment
plus grand que l’écart entre ce que nous attendons de notre conjoint
et ce qu’il accomplit. Le Christ pardonne et supporte toujours plus
que nous. Alors, pardonnez comme il vous a pardonné. Supportez
comme il vous supporte. Et cela est valable que vous soyez marié
à un chrétien ou à un non-croyant. Que la grâce que Dieu vous a
manifestée au travers de la croix du Christ serve de mesure à la grâce
que vous manifestez à votre conjoint.
Et si votre conjoint est chrétien, vous pouvez ajouter ceci :
de même que le Seigneur vous considère juste en lui bien que
votre comportement ne le soit pas dans les faits, considérez votre
conjoint comme juste en Christ même s’il ne l’est pas dans les
faits. Autrement dit, Colossiens 3 : 12-13 nous exhorte à prendre
la grâce verticale du pardon et de la justification, et à la transposer
à notre conjoint sur le plan horizontal. Le mariage est destiné à être
un formidable modèle permettant de manifester ainsi la grâce de
Dieu. Oui, tel est bien le but suprême du mariage : une exposition
56
La grâce de l’alliance exposée
57
Ce mariage éphémère
le mariage : deux personnes ayant suffisamment d’humilité pour
chercher à être transformées selon Dieu de manière à réjouir leur
conjoint et à répondre à ses besoins physiques et affectifs – le but
étant de lui faire du bien de toutes les bonnes manières possibles.
Oui, la relation entre le Christ et son Église englobe tout cela.
Si j’insiste sur la nécessité de vivre de la grâce de Dieu sur le plan
vertical, puis de la transposer à son conjoint sur le plan horizontal
afin qu’il soit au bénéfice du pardon et de la justification, c’est pour
plusieurs raisons. D’abord, il y aura forcément des conflits causés
par le péché et les différences entre les époux (et vous n’arriverez
parfois pas à vous accorder l’un l’autre pour distinguer ce qui est
simplement différent ou étrange chez votre conjoint, de ce qui relève
du péché). Ensuite, supporter et pardonner participent au dur labeur
qui permet de faire revivre les affections quand elles semblent avoir
disparu. Enfin, Dieu est glorifié lorsque deux personnes très diffé-
rentes et très imparfaites forgent une vie de fidélité dans le creuset
de l’épreuve tout en s’en remettant au Christ.
Je reprendrai mon propos à ce stade au chapitre suivant en vous
parlant de quelque chose que Noël et moi avons découvert. Nous
appelons cela le « tas de compost ». Mais pour l’instant j’invite les
époux que vous êtes à faire pénétrer dans votre conscience ces vérités
énormes – qui sont bien plus grandes que n’importe quelle difficulté
conjugale : « [Dieu] nous faisant grâce pour toutes nos fautes ; il a
effacé l’acte rédigé contre nous en vertu des prescriptions légales,
acte qui nous était contraire ; il l’a enlevé en le clouant à la croix »
(Colossiens 2 : 13-14). Croyez à ces vérités de tout votre cœur et
transposez-les à votre conjoint.
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Dieu vous donne le Christ comme fondement
pour votre mariage. « Accueillez-vous donc les uns les
autres comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire
de Dieu » (Romains 15 : 7). […] Ne cherchez pas
à avoir raison, ne vous condamnez pas et ne vous jugez
pas, ne vous considérez pas comme supérieur à l’autre,
ne rejetez pas la faute l’un sur l’autre, mais acceptez-
vous tels que vous êtes et pardonnez-vous
tous les jours et de tout votre cœur.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 72
Chapitre quatre
Pardonner et supporter
61
Ce mariage éphémère
Je rappelle que j’ai indiqué au moins trois raisons pour lesquelles
ma femme n’a pas tort de dire qu’on n’insistera jamais assez sur le
fait que le mariage est un modèle réduit de la relation entre le Christ
et l’Église (voir Éphésiens 5 : 31-32). La première est que cela sort le
mariage du caniveau des sitcoms et le replace comme il se doit dans le
ciel clair et pur de la gloire de Dieu. La deuxième est que cela ancre
solidement le mariage dans la grâce. Car c’est par la grâce que le
Christ a d’abord acquis l’Église pour en faire son épouse, et c’est par
la grâce qu’il la soutient. Si le mariage est une image de cette réalité, il
sera débordant de grâce. Ce sera à la fois son fondement et sa gloire.
Enfin, la troisième raison pour laquelle nous devons constamment
rappeler que le mariage est un modèle réduit de la relation entre le
Christ et l’Église est que cela a une influence déterminante sur notre
façon de concevoir l’autorité et la soumission au sein du couple.
Nous étudierons ces notions aux chapitres 6 à 8.
62
Pardonner et supporter
63
Ce mariage éphémère
l’autre). Ensuite, supporter et pardonner est le dur labeur qui permet
de faire revivre les affections quand elles semblent avoir disparu.
Enfin, Dieu est glorifié lorsque deux personnes très différentes et très
imparfaites forgent une vie de fidélité dans le creuset de l’épreuve
tout en s’appuyant sur le Christ.
Le fondement :
la personne et l’œuvre du Christ
Lorsqu’il arrive au texte de Colossiens 3 : 12, Paul a déjà posé
un fondement solide en la personne et l’œuvre du Christ à la croix.
64
Pardonner et supporter
Choisis
Nous sommes les élus de Dieu. Avant même la création du
monde, Dieu nous a choisis en Christ. On se rend compte à quel
point cette vérité est précieuse pour Paul à la lecture de ce qu’il a
écrit en Romains 8 : 33 : « Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? »
La réponse est qu’il n’y a absolument personne qui puisse prouver la
culpabilité des élus de Dieu. Le but de Paul est que nous percevions
le merveilleux mystère d’être élu comme le fait d’être aimé d’un
amour invincible. Refuser la vérité de l’élection du croyant, c’est
refuser d’être aimé dans toute la plénitude et la douceur de l’amour
de Dieu.
Saints
Ensuite, Paul nous qualifie de saints, c’est-à-dire mis à part pour
Dieu. Nous avons été choisis par Dieu dans un but particulier : être
son peuple saint. Sortir du monde et de ne plus être ordinaires ou
impurs. « En lui, il nous a choisis avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints […] » (Éphésiens 1 : 4). « Vous êtes une
lignée choisie […], une nation sainte » (1 Pierre 2 : 9). Avant d’être
65
Ce mariage éphémère
une façon de se conduire, c’est d’abord une position et une destinée.
Voilà pourquoi Paul nous indique le genre de comportement dont
nous devons nous « revêtir ». Il sait que nous n’avons pas encore
atteint l’objectif – concrètement. Il nous exhorte à devenir saints
dans notre vie parce que nous sommes saints en Christ. Que votre
apparence reflète qui vous êtes. Revêtez-vous de la sainteté.
Aimés
Enfin, Paul nous appelle bien-aimés. « Choisis par Dieu, saints
et bien-aimés. » Si vous croyez en Jésus, alors Dieu, le créateur de
l’univers, vous a choisis, il vous a mis à part pour lui et il vous aime.
Il est pour vous et non contre vous. « Or voici comment Dieu, lui,
met en évidence son amour pour nous : le Christ est mort pour nous
alors que nous étions encore pécheurs » (Romains 5 : 8).
Contempler et savourer
ces trois merveilles
Voilà le point de départ qui permet aux conjoints de se supporter
et de se pardonner. Il faut qu’ils soient absolument époustouflés par
le fait d’avoir été choisis, mis à part et aimés par Dieu. Vous les maris,
employez-vous à contempler et à savourer cela. Et vous les épouses,
faites de même. Que cela vous procure la vie, la joie, l’espoir – oui,
chacun de vous a été choisi, mis à part et aimé par Dieu. Suppliez le
Seigneur que cela devienne le moteur de votre vie et de votre couple.
Et c’est sur cette base – la base de cette nouvelle et profonde
identité en Dieu – que Paul déclare à présent ce dont nous devons
nous « revêtir ». Il explique quels sont les attitudes et comportements
qui sont adaptés à cette identité d’êtres choisis, mis à part et aimés
par Dieu en Christ et qui en découlent.
Paul montre qu’il y a trois états internes qui induisent trois
attitudes externes. « Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu,
saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de
bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns
les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. » Nous allons examiner ces qualités
66
Pardonner et supporter
De l’humilité à la douceur
Passons à la deuxième paire : l’humilité et la douceur. « Ainsi
donc, vous qui êtes choisis par Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-
vous d’une tendresse magnanime, de bonté, d’humilité, de douceur
[…]. » Le mot traduit par « humilité » signifie littéralement « modes-
tie » ou « avoir un sens de sa petitesse ». Là encore, la « modestie » est
l’état interne, tandis que la « douceur » est l’attitude externe. Celui
qui est modeste de cœur et non orgueilleux agit avec davantage de
douceur envers les autres. Celui qui est doux considère les autres
comme étant supérieurs à lui-même et se place à leur service. Voilà
l’attitude engendrée par un cœur conscient de sa petitesse, ou
humble.
67
Ce mariage éphémère
Vous les maris, laissez vos racines s’enfoncer profondément en
Christ par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous deveniez
des maris plus conscients de votre petitesse, et plus humbles. Et vous
les femmes, laissez vos racines s’enfoncer profondément en Christ
par la foi au moyen de l’Évangile, jusqu’à ce que vous deveniez
des femmes plus conscientes de votre petitesse, et plus humbles.
L’Évangile de la mort atroce du Christ à notre place est capable de
briser notre orgueil, notre sentiment d’avoir des exigences légitimes,
ainsi que notre frustration de ne pas obtenir ce que nous voulons.
Cet Évangile fait germer un sens de petitesse dans notre âme. Alors,
nous sommes capables de nous traiter les uns les autres avec la dou-
ceur qui découle de cette humilité. Le combat qu’il faut livrer c’est
celui contre notre propre être intérieur orgueilleux et égocentrique.
Vous devez mener ce combat par la foi, au moyen de l’Évangile et
dans la prière. Soyez stupéfaits et brisés, et fortifiés et réjouis : vous
avez été choisis, vous êtes saints et aimés !
De la longanimité à la capacité
de se supporter et se pardonner
La troisième paire n’en est pas exactement une. Il s’agit d’un
état interne dont découlent deux attitudes externes : se supporter
et se pardonner. Cependant, ces deux attitudes vont forcément de
pair : du point de vue biblique, l’une ne peut exister sans l’autre.
Relisons le verset 12 : « Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu,
saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de
bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns
les autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement. » Je traite donc la patience comme
l’état interne et le fait de se supporter/pardonner comme l’attitude
ou le comportement externe.
Le mot traduit ici par « patience » signifie littéralement « lon-
ganimité », c’est-à-dire la capacité de supporter dans le temps sans
« péter un plomb ». « Que chacun soit prompt à écouter, lent à
parler, lent à la colère » (Jacques 1 : 19). Les trois états internes dont
j’ai parlé sont liés et agissent l’un sur l’autre : avoir des « entrailles
68
Pardonner et supporter
Se supporter et se pardonner
au sein du couple
« Ainsi donc, en tant qu’êtres choisis par Dieu, saints et bien-
aimés, revêtez-vous de […] patience. Supportez-vous les uns les
autres et, si l’un de vous a une raison de se plaindre d’un autre,
pardonnez-vous réciproquement » (Colossiens 3 : 12-13 – S21). L’état
interne qu’est la patience produit non pas une, mais deux attitudes :
la première « Supportez-vous les uns les autres » et la seconde « si l’un
de vous a une raison de se plaindre d’un autre, pardonnez-vous réci-
proquement ». Se supporter et se pardonner. Qu’est-ce cela signifie,
et comment cela se traduit-il au sein du couple ?
69
Ce mariage éphémère
Tout d’abord, juste une remarque à propos des termes employés
par Paul. Le mot traduit par supporter signifie littéralement endu-
rer. Jésus emploie ce même mot en Luc 9 : 41 : « Génération sans
foi et perverse, jusqu’à quand […] vous supporterai-je ? » Paul
l’utilise à nouveau en 1 Corinthiens 4 : 12 : « Persécutés, nous
supportons. » C’est le même sens ici : apprenez la longanimité et
supportez-vous l’un l’autre. « [L’amour] pardonne tout, il croit
tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne succombe jamais »
(1 Corinthiens 13 : 7-8).
À propos du terme pardonner, précisons qu’on trouve plusieurs
mots traduits par pardonner dans le Nouveau Testament. Celui qui
est employé ici (charizomenoi) signifie « donner généreusement ou
gracieusement ». L’idée est de pardonner sans compter. Il s’agit de
traiter l’autre mieux qu’il ne le mérite. D’habitude, quand nous
pardonnons à quelqu’un qui nous a offensés, il a une dette envers
nous ; selon la justice au sens strict, nous avons le droit d’exiger qu’il
souffre en compensation de la souffrance qu’il nous a causée. Là, en
revanche, il s’agit non seulement de ne pas exiger de compensation,
mais en plus de « donner généreusement », de rendre le bien pour le
mal. Voilà le sens de ce mot (charizomai), traduit ici par pardonner.
Il s’agit d’être naturellement enclin à pardonner : ne pas rendre le
mal pour le mal, mais au contraire bénir (Matthieu 5 : 44 ; Luc 6 : 27 ;
1 Corinthiens 4 : 12 ; 1 Thessaloniciens 5 : 15).
70
Pardonner et supporter
Le tas de compost
Qu’en est-il du « tas de compost » auquel j’ai fait allusion à la fin
du chapitre précédent ? On peut se représenter le mariage comme
une prairie. Au début, on y entre rempli d’espoir et de joie. En
portant son regard vers l’avenir, on aperçoit de belles fleurs, de
grands arbres et des collines verdoyantes à l’horizon. Cette beauté,
c’est ce qu’on voit l’un chez l’autre. La prairie, les fleurs et les
collines verdoyantes représentent votre relation l’un avec l’autre.
Mais voilà que, rapidement, on commence à marcher dans des
bouses de vache. À certaines périodes de la vie de couple, on peut
même avoir l’impression qu’il y en a partout. Tard le soir, elles sont
particulièrement nombreuses. Ces bouses sont les péchés des deux
conjoints, leurs manquements, leurs petites manies, leurs faiblesses
et leurs habitudes exaspérantes.
Au début, on s’efforce de pardonner toutes ces choses et de les
supporter avec grâce. Mais avec le temps elles semblent envahir la
relation. Ce n’est pas forcément la réalité, mais par moments on a
l’impression qu’il n’y a plus que ça dans votre prairie : des bouses de
vache ! En ce qui nous concerne, Noël et moi, nous sommes arrivés
à la conclusion qu’à force de se supporter et de se pardonner cela
71
Ce mariage éphémère
finit par créer un tas de compost. C’est là que s’amoncellent toutes
les bouses ramassées à la pelle.
Alors, voici l’attitude que nous avons choisi d’adopter. On se
regarde l’un l’autre en reconnaissant qu’il y a effectivement beaucoup
de bouses. Mais on se dit aussi : tu sais, notre relation ne se résume
pas à ces bouses de vache ! Mais comme on n’arrête pas de se focaliser
sur elles, on finit par l’oublier. Alors, ramassons-les et faisons-en
un tas de compost. Quand il le faudra, on ira faire un tour près
du compost, on sentira l’odeur qui s’en dégage, on aura mauvaise
conscience et on s’efforcera d’y remédier le mieux possible. Puis on
s’éloignera de ce tas de compost et on posera son regard sur le reste
de la prairie. On choisira de parcourir certains de nos sentiers et
collines préférés, dont on sait qu’ils ne sont pas jonchés de bouses
de vache. Et on sera reconnaissant pour cette partie de la prairie qui
est si agréable.
Voilà en ce qui nous concerne. Oh, nous aurons peut-être
les mains sales, et nous serons probablement éreintés à force de
ramasser toutes ces bouses à la pelle. Mais une chose est sûre : nous
ne planterons pas notre tente à côté du tas de compost. Nous nous
en approcherons seulement quand il le faudra. C’est un don de
miséricorde que nous voulons nous offrir l’un à l’autre, encore et
encore, parce que nous sommes choisis, saints et aimés.
72
Pardonner et supporter
73
L’heure de la grande déception par rapport au frère
n’est-elle pas incomparablement salutaire pour moi,
parce qu’elle m’enseigne profondément que nous deux
nous ne pouvons jamais vivre de nos propres paroles
et de nos propres actes, mais seulement d’une parole
et d’un acte, qui nous relient en vérité, à savoir le pardon
des péchés en Jésus-Christ ? Là où les brumes matinales
des idéaux imaginaires se dissolvent, là se lève
en pleine clarté le jour de la communauté chrétienne.
DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 32
Chapitre cinq
Comment ressembler au Christ
au sein de l’alliance
75
Ce mariage éphémère
Quoi qu’il en soit, que chacun de vous aime sa femme comme
lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 : 21-33
76
Comment ressembler au Christ
77
Ce mariage éphémère
là-dessus. Mais je vous préviens : si c’est cela que vous recherchez
avant tout, cela ne produira pas les fruits escomptés.
78
Comment ressembler au Christ
Un terrain dangereux
J’ai bien conscience de m’aventurer là sur un terrain dangereux
– et ce, quel que soit l’angle sous lequel j’aborde la question. En
effet, je pourrais tout à fait faire le jeu d’un mari égoïste, mesquin
et dominateur, complètement hermétique à ce qui distingue les
différences enrichissantes entre conjoints et les faiblesses ou manque-
ments moraux et spirituels auxquels il faut remédier. Un tel homme
pourrait facilement dénaturer mon propos et en faire un appel à
contrôler les moindres aspects du comportement de sa femme,
ses critères de changement étant en fait ses propres désirs égoïstes
masqués par un langage spirituel.
Et il n’y a pas de quoi rire ; j’ai déjà eu affaire à des maris qui
avaient une conception pathologique de la soumission de l’épouse.
Un jour, alors que nous tentions d’y voir clair dans leur relation
79
Ce mariage éphémère
dysfonctionnelle, une femme m’a raconté que son mari exigeait
qu’elle lui demande la permission avant de se rendre aux toilettes. Je
n’invente rien ! Certains types de personnalité semblent incapables
d’appliquer à une relation plusieurs vérités à la fois. Ce sont des
gens qui ont un esprit mesquin, étroit et malade. Ils simplifient les
choses à l’excès. Ils déforment la vérité. Ils font beaucoup de mal.
Ma prière est que rien de ce que je dis ne soit utilisé par eux pour
justifier leur péché.
Si nous considérons avec honnêteté le passage d’Éphésiens
5 : 25-27, cela nous permettra de traverser ce champ de mines en
maintenant un cap empreint d’amour, de sagesse et de maturité.
J’aimerais faire trois observations :
80
Comment ressembler au Christ
81
Ce mariage éphémère
n’est pas identique à l’autorité du Christ en tant que tête ; elle est
seulement comparable. Par conséquent, la soumission de la femme
à son mari n’est pas non plus identique à sa soumission au Christ ;
elle est seulement comparable.
Lorsque Paul écrit en Éphésiens 5 : 22 (S21) : « Femmes, sou-
mettez-vous à votre mari comme au Seigneur », le mot comme ne
signifie pas que le Christ et le mari sont identiques. Le Christ détient
l’autorité suprême ; pas le mari. C’est d’abord envers le Christ et non
envers son mari qu’elle a une obligation de fidélité. Cette analogie ne
fonctionne que si la femme se soumet totalement au Christ et non
totalement à son mari. Car c’est ainsi qu’elle peut alors se soumettre
à son mari sans se rendre coupable de trahison ou d’idolâtrie.
Cela sous-entend que la femme aura conscience que son mari
a besoin de changer. Il n’est pas parfait comme le Christ ; il a des
défauts. Par conséquent, la femme peut tout à fait et même devrait
rechercher la transformation de son mari, tout en le respectant
dans son statut de chef – c’est-à-dire celui qui la conduit, la protège
et pourvoit à ses besoins. Si je dis cela, c’est pour plusieurs autres
raisons.
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Comment ressembler au Christ
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Ce mariage éphémère
84
Comment ressembler au Christ
85
Maintenant, si l’homme est désigné comme chef
de la femme par l’Écriture, qui ajoute « comme Christ
est le chef de la communauté » (Éphésiens 5 : 23),
un reflet divin, que nous devons reconnaître et honorer,
vient ainsi éclairer notre vie terrestre. La dignité qui est
conférée ici à l’homme ne procède pas de ses aptitudes
ou dispositions personnelles, mais du ministère
qu’il reçoit avec son mariage. La femme doit le voir
revêtu de cette dignité. Mais pour lui-même,
elle signifie une très haute responsabilité.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre six
Un cœur de lion
et une ressemblance à l’agneau
Le mari chrétien comme la tête :
Les fondements de l’autorité
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Ce mariage éphémère
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Les fondements de l’autorité
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Ce mariage éphémère
Le mystère dévoilé
Le passage d’Éphésiens 5 commence à nous être familier.
Reprenons ce texte au verset 31 ; il s’agit d’une citation de Genèse
2 : 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour
s’attacher à sa femme, et les deux seront une seule chair. » Au verset
suivant, Paul précise au sujet de cette citation : « Il y a là un grand
mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église. »
Pourquoi l’union d’un homme et d’une femme dans le but de
former une seule chair dans le mariage est-elle appelée un mystère ?
Dans le Nouveau Testament, le mot mystère ne signifie pas du tout
quelque chose qui serait trop complexe, profond, obscur ou lointain
pour pouvoir être compris par l’être humain. Ce terme fait plutôt
référence à un dessein caché de Dieu qui est désormais révélé afin
que nous puissions le comprendre et nous en réjouir. Paul explique
en quoi consiste ce mystère au verset 32. Il indique que l’union du
mariage est un mystère parce que sa signification profonde, qui avait
été cachée par Dieu tout au long de l’histoire de l’Ancien Testament,
est à présent révélée clairement par l’apôtre : le mariage est une
représentation de la relation entre le Christ et l’Église. Verset 32 :
« Je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église. »
Le mariage est donc semblable à une métaphore, ou une image,
un tableau, une parabole, ou encore un modèle réduit, qui représente
bien davantage que la seule union d’un homme et d’une femme pour
former une seule chair. Il représente la relation qui existe entre le
Christ et l’Église. Voilà la signification la plus profonde du mariage.
Il est censé être une représentation vivante de l’amour d’alliance
entre le Christ et l’Église.
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Les fondements de l’autorité
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Ce mariage éphémère
a créé le mariage humain à l’image de son mariage éternel avec son
peuple9. » Je pense que c’est exactement cela. Et c’est une des choses
les plus profondes que l’on puisse dire à propos de la vie humaine.
Le Christ - l’Église,
la tête - le corps,
le mari - la femme
Un des enseignements qu’il convient de tirer de ce mystère est
que le mari et la femme ont des rôles bien distincts. Voyons com-
ment, en Éphésiens 5 : 21-25, Paul précise que la place que le mari
et la femme sont appelés à occuper au sein du mystère du mariage
reflète parfaitement la relation entre le Christ et l’Église :
Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du Christ ;
ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ; car l’homme
est la tête de la femme, comme le Christ est la tête de l’Église,
qui est son corps et dont il est le Sauveur ; en tout cas, comme
l’Église se soumet au Christ, qu’ainsi les femmes se soumettent en
tout à leur mari. Maris, aimez votre femme comme le Christ a
aimé l’Église : il s’est livré lui-même pour elle.
9
Geoffrey Bromiley, God and Marriage (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1980), p. 43.
92
Les fondements de l’autorité
93
Ce mariage éphémère
mutuelle au verset 21, Paul consacre douze versets à expliquer la
différence qui existe dans la façon dont le mari et la femme sont
appelés à être au service l’un de l’autre. Il n’est pas nécessaire de nier
la soumission mutuelle pour affirmer l’importance de la fonction
spécifique du mari en tant que chef et de l’appel spécifique de la
femme à se soumettre à cette autorité.
Pour comprendre cette distinction, il suffit de se rappeler que
Jésus lui-même a noué un linge autour de sa taille et s’est agenouillé
pour laver les pieds de ses disciples (l’époux au service de son
épouse) – et pourtant, à aucun instant un seul des apôtres présents
dans la pièce ne s’est demandé qui était le chef dans cette situa-
tion. Autrement dit, la soumission mutuelle et l’esprit de service
n’annulent absolument pas la réalité concernant le leadership et
l’autorité. L’esprit de service n’abolit pas le rôle de chef ; il le définit.
Jésus ne cesse pas d’être le lion de la tribu de Juda en devenant le
serviteur de l’Église semblable à un agneau.
Après avoir attiré l’attention sur la soumission mutuelle ou sur
l’esprit de service au verset 21, Paul consacre tout le reste du passage
jusqu’au verset 33 à expliquer la différence entre le rôle du mari et
celui de la femme – c’est-à-dire entre l’autorité bienveillante du mari
qui suit l’exemple du Christ et la soumission volontaire de la femme
qui s’inspire de la façon dont l’Église est appelée à suivre le Christ.
Or, nous ne devons pas voir aujourd’hui dans ce texte un simple
appel à la soumission mutuelle laissant aux jeunes gens le soin de
chercher à tâtons ce que signifie être un mari ou une femme. Nous
devons réellement y puiser le sens de l’autorité et de la soumission.
Qu’est-ce qu’implique concrètement et positivement le fait d’être
appelé la tête et qu’est-ce qui confère à l’homme son rôle bien spé-
cifique au sein du couple ?
Il ne suffit pas de dire « placez-vous au service l’un de l’autre ».
Cela est vrai du Christ et de l’Église : ils sont au service l’un de
l’autre. Cependant, ils ne le sont pas de façon identique. Le Christ
est le Christ, et nous sommes l’Église. Oublier la différence fonda-
mentale qui existe entre les deux serait dévastateur aussi bien sur
le plan doctrinal que spirituel. De la même manière, l’homme est
94
Les fondements de l’autorité
Ni arbitraire, ni interchangeable
Le passage d’Éphésiens 5 montre clairement que les rôles respec-
tifs du mari et de la femme au sein du couple n’ont pas été attribués
de manière arbitraire, et qu’ils ne sont pas plus interchangeables que
ne le sont celui du Christ et de l’Église. Les fonctions de chacun des
conjoints sont ancrées dans les rôles tout à fait distincts du Christ
et de son Église. La révélation de ce mystère consiste à rétablir le
dessein initial que Dieu avait pour l’alliance du mariage dans le
jardin d’Éden.
Le meilleur moyen de comprendre cette réalité est de réfléchir à
la façon dont le péché a corrompu l’autorité et la soumission, puis
de voir que ce qu’enseigne Paul dans ce passage est parfaitement
adapté pour remédier au problème. Lorsque le péché est entré dans le
monde, il a détruit l’harmonie qui régnait dans le couple, mais pas du
fait qu’il aurait engendré les principes de l’autorité et de la soumission
au sein du couple. Non, le problème est que le péché a tout dénaturé :
l’autorité que l’homme était censé exercer avec humilité et amour est
devenue une domination hostile chez certains et une indifférence
paresseuse chez d’autres. Et la soumission intelligente, volontaire,
heureuse, créative et bien comprise de la femme est devenue une ser-
vilité manipulatrice chez certaines et une insubordination insolente
chez d’autres. Le péché n’a pas créé l’autorité et la soumission au sein
du couple ; il les a plutôt détruites et dénaturées en les transformant
en quelque chose de laid et de destructeur.
95
Ce mariage éphémère
une autorité bienveillante d’un côté et une soumission volontaire
de l’autre, mais en une reconquête de celui-ci après les ravages
du péché. C’est d’ailleurs précisément ce qui est expliqué en
Éphésiens 5 : 21-33. Vous les femmes, permettez la rédemption de
votre soumission corrompue par le péché en la rendant conforme
au dessein de Dieu pour l’Église ! Et vous les maris, permettez la
rédemption de votre autorité en la rendant conforme au dessein
de Dieu pour le Christ !
Par conséquent, l’autorité qu’est censé exercer le mari n’est
nullement un droit – de contrôler, de maltraiter, de négliger. Il
s’agit au contraire d’une responsabilité : celle d’aimer comme le
Christ en dirigeant, en protégeant et en pourvoyant aux besoins
de sa femme et de sa famille. C’est le sacrifice du Christ qui est le
modèle à suivre. La soumission dont il est question n’a rien à voir
avec la servilité, la contrainte ou la peur. Ce n’est pas la réaction
que le Christ attend de l’Église lorsqu’il la dirige, la protège et
pourvoit à ses besoins. Il désire que l’Église se soumette librement,
de son plein gré, dans la joie, et que cette soumission la purifie
et la fortifie.
Autrement dit, le passage d’Éphésiens 5 : 21-33 a deux effets : il
prévient les abus d’autorité en exhortant les maris à aimer comme
Jésus, et il prévient l’avilissement de la soumission en exhortant
les femmes à réagir comme l’Église, que le Christ appelle à se
soumettre à lui.
Quelques définitions
J’aimerais terminer ce chapitre en donnant brièvement la défi-
nition de l’autorité et de la soumission ; puis nous passerons, au
chapitre suivant, à l’application concrète de l’autorité.
L’autorité est la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel
incombe en priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de
pourvoir aux besoins de son foyer, dans un esprit de service et à
l’image du Christ.
96
Les fondements de l’autorité
Voir le chapitre suivant pour le fondement biblique des termes diriger, protéger et
10
pourvoir.
97
Comme chef, il est responsable de sa femme,
de sa vie conjugale et de sa maison.
C’est à lui qu’incombent le souci et la protection
des siens ; il représente sa maison en face du monde,
il est le soutien et la consolation des siens, le maître
du foyer, qui exhorte, punit, aide et console
et qui répond de sa maison devant Dieu.
C’est bon, parce que c’est la disposition divine,
que la femme honore l’homme dans son ministère
et que l’homme remplisse son ministère réellement.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre sept
Un cœur de lion
et une ressemblance à l’agneau
Le mari chrétien comme la tête :
Que signifie diriger ?
99
Ce mariage éphémère
l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à
sa femme, et les deux seront une seule chair. Il y a là un
grand mystère ; je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et
à l’Église. Quoi qu’il en soit, que chacun de vous aime sa
femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Éphésiens 5 : 21-33
100
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
101
Ce mariage éphémère
mais également du fait qu’il est mort pour nous donner un exemple
à suivre. Jésus lui-même a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite,
qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me
suive » (Matthieu 16 : 24). Autrement dit : « J’ai pris l’initiative de
souffrir par amour ; maintenant, c’est à vous de prendre votre croix
et de me suivre. » Voilà pourquoi l’exercice du leadership n’est pas
avant tout un droit ni un privilège, mais plutôt une charge et une
responsabilité.
Enfin, à la lumière de ces trois raisons expliquant pourquoi être
la tête c’est diriger, j’aimerais vous soumettre le quatrième argument
qui est le suivant : la notion de soumission en lien avec l’autorité
implique, elle aussi, qu’être la tête c’est diriger. Paul déclare aux
versets 22 et 23 : « [Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte du
Christ] ainsi les femmes à leur mari, comme au Seigneur ; car l’homme
est la tête de la femme. » Quand le fondement de la soumission de la
femme est présenté comme étant l’autorité du mari, il est évident
que cette autorité implique un type de leadership qu’une femme
peut encourager et honorer.
Je rappelle la définition de la soumission, que nous dévelop-
perons au chapitre 8 : « La soumission est la fonction à laquelle
Dieu appelle la femme, lui demandant d’honorer et de soutenir le
leadership exercé par son mari, et de l’aider à l’assumer selon les
dons qu’elle a reçus. » En conséquence lorsque la soumission est
en corrélation avec l’autorité, cela signifie que l’autorité implique
naturellement le leadership. La femme honore et soutient le lea-
dership exercé par son mari et l’aide à l’assumer en fonction des
dons qu’elle a reçus.
À partir de ces quatre observations – et nous pourrions en faire
davantage en examinant d’autres passages de la Bible –, j’en déduis
que l’autorité est la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel
incombe en priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de pour-
voir aux besoins de son foyer, dans un esprit de service et à l’image du
Christ.
102
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
Diriger en protégeant
Mais où voit-on exprimée dans ce texte l’idée qu’en vertu de son
rôle de leader le mari doit assumer une responsabilité particulière
envers sa famille en la protégeant et en pourvoyant à ses besoins ?
Parlons d’abord de sa fonction de protecteur. Aux versets 25-27,
Paul montre au mari comment il doit aimer sa femme – c’est-à-dire
comment être un leader serviteur à l’image du Christ :
Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église : il
s’est livré lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant
par le bain d’eau et la Parole, pour faire paraître devant lui
cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable,
mais sainte et sans défaut.
En lisant les mots « il s’est livré lui-même pour elle », on pense
immédiatement au sacrifice par lequel Jésus-Christ nous a sauvés.
Lorsque le Christ s’est offert pour nous, il a pris notre place. Il a
« porté nos péchés » (1 Pierre 2 : 24), il est devenu malédiction pour
nous (Galates 3 : 13) et il est mort pour nous (Romains 5 : 8). Et
grâce à tout cela, nous sommes réconciliés avec Dieu et pouvons
échapper à sa colère (en être protégés !), comme il est écrit en
Romains 5 : 10 : « Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons
été réconciliés avec Dieu au moyen de la mort de son Fils, à bien
plus forte raison, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. »
C’est l’exemple par excellence du leader qui prend l’initiative de
sauver et de protéger son épouse. De ce fait, quand Paul exhorte le
mari à être la tête de sa femme en l’aimant à l’image du Christ, cela
veut dire au moins une chose : protège-la à tout prix !
103
Ce mariage éphémère
que c’est encore plus explicite. Examinons les versets 28 et 29 : « De
même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre
corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Jamais personne,
en effet, n’a détesté sa propre chair ; au contraire, il la nourrit et en
prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église. »
Les mots nourrir et prendre soin sont tout à fait significatifs. Le
mot traduit par « nourrit » (ektrephei) est le plus souvent employé
dans la Bible pour désigner le fait d’élever des enfants et de pourvoir
à leurs besoins. Toutefois, l’aspect qui s’applique ici au mari est non
pas qu’il doive agir comme un parent, mais qu’il est appelé à subvenir
aux besoins avec soin. C’est plutôt dans le sens de Genèse 45 : 11,
où Joseph demande à ses frères de remettre ce message à leur père :
« Je pourvoirai à tous tes besoins [ekthrepsō], car il y aura encore
cinq années de famine. » Par conséquent, nous pouvons au moins en
déduire que le mari qui dirige à l’image du Christ prend l’initiative
de veiller à ce que les besoins de sa femme et de ses enfants soient
satisfaits. Il pourvoit à leurs besoins.
De la même manière, l’autre terme employé en Éphésiens 5 : 29
pointe dans la même direction, mais avec encore plus de tendresse. « Il
la nourrit et en prend soin [thalpei] [de sa propre chair et, par extension,
de sa femme], comme le Seigneur le fait pour l’Église. » Le mot traduit
par « prendre soin » est employé une autre fois par Paul, et ce pour
décrire le tendre amour qu’il éprouve pour l’Église de Thessalonique. Il
se compare à une mère qui prend soin de son bébé : « Mais nous avons
été pleins de bienveillance au milieu de vous. De même qu’une mère
prend un tendre soin de ses enfants […] » (1 Thessaloniciens 2 : 7 – S21)
En s’exprimant ainsi, Paul ne cherche nullement à rabaisser les gens de
cette Église ; son but est plutôt de souligner sa tendre bienveillance à
leur égard et le fait qu’il était prêt à tout faire pour eux, tout comme
une mère le ferait pour son enfant.
J’en conclus donc que nous trouvons de bonnes raisons en
Éphésiens 5 (sans parler de Genèse 1–3 et d’autres passages) de mettre
en avant la fonction à laquelle Dieu appelle le mari, auquel incombe en
priorité la responsabilité de diriger, de protéger et de pourvoir aux besoins
de son foyer, dans un esprit de service et à l’image du Christ.
104
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
il y va de la vie
Or, il convient de remarquer quelque chose à propos de ces
deux fonctions. Si elles sont mises ainsi en avant, c’est parce qu’elles
sont absolument fondamentales. Pour celui qui n’est pas protégé
et dont les besoins ne sont pas pourvus, c’est la vie elle-même qui
est menacée. Voici par conséquent la raison pour laquelle ces deux
fonctions sont mises en valeur si promptement : si le mari échoue
dans sa mission de leader au sein de son couple, il risque fort de
n’avoir pas d’autre endroit pour réaliser celle-ci. C’est la vie de la
famille qui dépend de ses capacités de protecteur et de pourvoyeur.
La vie a besoin d’être protégée et nourrie, sans quoi elle disparaît.
Mais il existe une deuxième raison pour laquelle ces deux fonc-
tions sont mises en avant : elles ont toutes les deux une signification
à la fois physique et spirituelle. Il faut pourvoir à la nourriture
physique, mais aussi à la nourriture spirituelle. Le mari doit protéger
sa famille des dangers physiques, mais aussi des dangers spirituels
qui la menacent. Donc, quand on y réfléchit, quasiment toutes les
responsabilités que le mari est appelé à assumer dans le cadre de son
leadership peuvent être résumées par quatre fonctions : 1) pourvoir
aux besoins physiques (comme la nourriture et le logement) ;
2) pourvoir aux besoins spirituels (comme la Parole de Dieu et le
rôle de guide, l’instruction et l’encouragement sur le plan spirituel) ;
3) la protection physique (par exemple contre les agressions, les
catastrophes naturelles ou la maladie) ; 4) la protection spirituelle
(comme la prière, les mises en garde et la défense du foyer contre
certaines influences). Pourvoir aux besoins physiques et spirituels ;
protéger physiquement et spirituellement.
105
Ce mariage éphémère
ne nous demande jamais d’accomplir quoi que ce soit sans nous en
donner les moyens. À la maison, mon père aimait bien nous citer
ce verset de Philippiens 4 : 13 (S21) : « Je peux tout par celui qui me
fortifie. » Les maris sont appelés à prendre en charge des fonctions
particulièrement difficiles à assumer. Diriger n’est pas chose facile.
Cela fait partie de la vie chrétienne : « Chargez-vous de votre croix
et suivez-moi. » Cependant, à chaque commandement est associée
une promesse. « N’aie pas peur, car je suis avec toi ; ne jette pas des
regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te rends fort, je viens à ton
secours, je te soutiens de ma main droite victorieuse » (Ésaïe 41 : 10).
Donc, prenez courage. Le leadership est difficile à assumer. Mais
vous êtes un homme. Si votre père ne vous a jamais appris à diriger,
votre Père céleste le fera.
Ensuite, mon appel à la prudence s’adresse aux femmes. Vous ne
pouvez pas exiger de votre mari qu’il prenne la direction du foyer,
et ce, pour plusieurs raisons. 1) Exiger est en totale contradiction
avec ce à quoi vous aspirez. Ce n’est pas en phase avec qui vous
êtes. Si vous exigez, ce n’est plus lui le leader. 2) Exiger est contre-
productif, car si d’aventure il avait envie de faire des efforts dans ce
domaine, vos exigences refréneraient son désir puisqu’il n’aura plus
le sentiment de diriger ; il aura juste l’impression de se plier à vos
exigences. 3) Il faut que la décision vienne de lui, sous l’action de la
Parole et de l’Esprit de Dieu.
Par conséquent, au lieu d’exiger, commencez par prier avec
ardeur pour lui, en demandant à Dieu de réveiller sa véritable
masculinité. Ensuite, quand vous n’êtes ni fatiguée ni en colère,
demandez à votre mari d’avoir un moment seule à seul avec lui
afin de parler de ce à quoi vous aspirez profondément. Quand vous
exprimez vos désirs, faites-le sans lui adresser d’ultimatum, et avec
une espérance fondée en Dieu et non en l’homme. Et manifestez
de la gratitude et du respect pour toute forme de leadership dont il
fait preuve au sein du foyer.
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Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
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Ce mariage éphémère
bon usage des moyens de grâce, approfondisse ses connaissances, et
s’inspire de votre exemple dans tous ces domaines.
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Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
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Ce mariage éphémère
vous maintes et maintes fois, vous pardonnant et vous offrant à
nouveau sa communion ? C’est Jésus, le leader par excellence, celui
qui prend toujours l’initiative.
110
Q u e s i g n i f i e d i r i g e r ?
111
Dieu fonde un ordre dans lequel la possibilité vous est
donnée de vivre l’un avec l’autre dans le mariage.
« Vous, les femmes, soyez soumises à vos maris comme
cela se doit selon le Seigneur. Vous, les maris,
aimez vos femmes » (Colossiens 3 : 18-19).
Par votre mariage, vous fondez un foyer. Pour cela
il vous faut un ordre ; celui-ci est si important que Dieu
lui-même l’instaure, car sans lui tout se disloquerait.
Si vous êtes libres dans tout ce qui concerne l’édification
de votre foyer, vous êtes pourtant tenus à ceci :
que la femme soit soumise à son mari,
et que le mari aime sa femme.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre huit
La foi sublime d’une soumission
dénuée de crainte
113
Ce mariage éphémère
Pour préparer le terrain, j’aimerais attirer votre attention sur
deux expressions employées en 1 Pierre 3 : 1. Lorsque nous lisons
dans nos versions « Vous de même, femmes, soyez soumises à votre
mari », il faut savoir que dans le texte grec figure l’adjectif idiois,
qui ajoute une nuance et renforce le sens : à votre propre mari. Il
existe donc une forme de soumission qui correspond parfaitement
à la relation avec votre propre mari mais qui ne correspond pas au
champ des relations avec les autres hommes. Vous n’êtes pas appelée
à vous soumettre à tous les hommes de la même façon que vous êtes
soumise à votre mari. Ensuite, remarquez l’expression qui se trouve
en début de phrase : « vous de même, femmes ». Cette formulation
montre que cette soumission à laquelle l’épouse est appelée s’inscrit
dans un appel plus général à la soumission qui s’applique à tous les
chrétiens de diverses manières.
114
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte
115
Ce mariage éphémère
les racines profondes et inébranlables de la féminité chrétienne. Et
c’est ce que Pierre déclare explicitement au verset 5. Il ne parle pas
des femmes en général ; il parle des femmes qui, conformément à
ce qu’enseigne la Bible, sont solidement enracinées dans la bonté
souveraine de Dieu – des femmes saintes qui espèrent en Dieu.
L’absence de crainte
Voyons maintenant un autre aspect de la féminité chez une
chrétienne : l’absence de crainte. Nous venons de noter au verset 5
que les femmes saintes d’autrefois espéraient en Dieu. Ensuite, au
verset 6, Pierre cite en exemple Sara, la femme d’Abraham, avant
d’indiquer que toutes les autres femmes chrétiennes sont ses filles :
« C’est d’elle que vous êtes devenues les filles en faisant le bien, sans
vous laisser troubler par aucune crainte. »
Ce portrait de la féminité chez une chrétienne se caractérise donc
d’abord par l’espérance en Dieu, puis par le fruit de cette espérance,
qui est l’absence totale de crainte. La femme chrétienne ne craint
pas l’avenir ; elle se rit de l’avenir. Son espérance dans la souveraineté
invincible de Dieu chasse toute peur en elle. Ou bien, pour le dire
de façon plus prudente et réaliste, les filles de Sara luttent contre
l’inquiétude qui peut naître dans leur cœur. Elles font la guerre à la
crainte et triomphent d’elle grâce à l’espérance qu’elles placent dans
les promesses de Dieu.
La femme chrétienne spirituellement mûre sait très bien qu’en
suivant le Christ elle sera amenée à souffrir (2 Timothée 3 : 12). Mais
elle croit aux promesses qu’elle peut lire par exemple en 1 Pierre
3 : 14 : « D’ailleurs, quand vous souffririez pour la justice, heureux
seriez-vous ! Ne craignez pas ce qu’ils craignent, et ne soyez pas
troublés », ou 1 Pierre 4 : 19 : « Ainsi, qu’en faisant le bien ceux qui
souffrent selon la volonté de Dieu s’en remettent au Créateur, qui
est digne de confiance. » Voilà précisément ce que fait la femme
chrétienne : elle s’en remet à Dieu comme au fidèle Créateur. Elle
espère en Dieu. Et elle triomphe de la crainte.
116
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte
La parure intérieure
Cela nous amène à une troisième caractéristique du portrait
que dresse Pierre de la féminité : la priorité accordée à la parure
intérieure plutôt qu’à l’apparence. Il commence par cette remarque
au début du verset 5 : « Ainsi se paraient autrefois les femmes saintes
qui espéraient en Dieu ». Il fait référence ici à ce qu’il a décrit aux
versets 3 et 4 :
Que votre parure ne soit pas ce qui est extérieur — cheveux
tressés, ornements d’or, vêtements élégants — mais plutôt celle
du cœur, l’être secret, la parure impérissable d’un esprit doux et
paisible ; voilà qui est d’un grand prix devant Dieu.
Nous savons que ce passage ne signifie nullement que tout port
de bijoux ou d’une coiffure particulière soit proscrit. Sinon c’est tous
les vêtements qui seraient interdits, puisqu’il est écrit : « Que votre
parure ne soit pas ce qui est extérieur – […] vêtements élégants. »
Pierre veut plutôt dire : n’ayez pas pour préoccupation princi-
pale votre apparence, mais recherchez plutôt la beauté intérieure.
Consacrez davantage d’efforts et d’intérêt à la beauté intérieure qu’à
la parure extérieure.
D’ailleurs, il précise sa pensée au verset 4. Quand une femme
met son espérance en Dieu plutôt qu’en son mari ou son apparence
physique, et quand elle triomphe de la crainte en s’en remettant
aux promesses de Dieu, cela a un effet sur ce qu’elle ressent au
fond d’elle-même : elle éprouve une véritable sérénité intérieure.
C’est ce que veut dire Pierre lorsqu’il parle au verset 4 de « la parure
impérissable d’un esprit doux et paisible ; voilà qui est d’un grand
prix devant Dieu ».
117
Ce mariage éphémère
toute particulière à son mari. Verset 1 : « Vous de même, femmes,
soyez soumises à votre mari. » Verset 5 : « Ainsi se paraient autrefois
les femmes saintes qui espéraient en Dieu, soumises à leur mari ».
Voilà donc ce qui caractérise le type de femme que Pierre a
en tête lorsqu’il exhorte la femme à se soumettre à son mari : une
espérance inébranlable en Dieu ; le courage et l’absence de crainte
face à l’avenir ; la sérénité de l’âme ; une humble soumission au
leadership de son mari.
Un mépris regrettable
Il est bien regrettable que, dans notre société – et même dans
l’Église –, les rôles distincts et complémentaires conférés par la
Bible au mari (une autorité biblique) et à la femme (une soumission
biblique) soient méprisés ou tout simplement ignorés. Certains les
évacuent tout bonnement comme étant incompatibles avec la foi
chrétienne, en n’y voyant que des vestiges de la culture du premier
siècle. D’autres les dénaturent et en abusent. J’ai mentionné plus
tôt l’exemple d’un homme que j’ai reçu un jour, qui croyait que
la soumission interdisait à sa femme d’aller d’une pièce à l’autre
chez eux sans lui demander la permission. Ce type de déformation
pathologique rend la tâche plus facile à ceux qui rejettent ce genre
de textes bibliques.
Il n’empêche que les notions d’autorité et de soumission sont
une vérité bien réelle et une belle vérité. Les voir mises en pratique
marquées du sceau de la gloire du Christ – c’est-à-dire dans un
esprit de service mutuel qui n’annule pas pour autant l’expression
concrète de l’autorité et de la soumission – donne un tableau
magnifique qui procure une profonde satisfaction. À partir de
ce texte donc, examinons d’abord ce que la soumission n’est pas,
puis ce qu’elle est.
118
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte
1. Être soumise ne veut pas dire être d’accord avec tout ce que dit
son mari. C’est ce que montre le verset 1 : elle est chrétienne et son
mari ne l’est pas. Il a une vision du monde différente de la sienne.
Pierre exhorte cette femme à se soumettre à son mari tout en partant
du principe qu’elle ne se soumettra pas pour autant à sa conception
de ce qui compte le plus au monde : Dieu. Par conséquent, être
soumise ne peut pas vouloir dire qu’elle doit être d’accord avec tout
ce que croit son mari.
2. Être soumise ne veut pas dire renoncer à son intelligence et à
sa volonté le jour du mariage. Ce n’est ni l’incapacité ni le refus de
réfléchir par soi-même. Voici une femme qui a entendu l’Évangile
de Jésus-Christ. Elle y a réfléchi. Elle a pesé les vérités que Jésus a
affirmées. Ayant perçu dans son cœur la beauté et la valeur du Christ
et de son œuvre, elle a décidé de le suivre. Son mari a entendu le
même message ; sinon, Pierre n’aurait probablement pas dit qu’il
« refuse d’obéir à la Parole ». Le mari, lui aussi, a entendu l’Évangile,
y a réfléchi, et a décidé de ne pas suivre le Christ. La femme a réfléchi
par elle-même et agi en conséquence. Et Pierre ne lui demande pas
de revenir sur cet engagement.
3. Être soumise ne veut pas dire renoncer à tout effort de faire changer
son mari. Tout le propos de ce passage est au contraire de montrer
à la femme comment gagner son mari au Seigneur. Verset 1 : « […]
soyez soumises à votre mari ; afin que, s’il en est qui refusent d’obéir à la
Parole, ils soient gagnés, sans parole, par la conduite de leur femme ». Si
la Bible n’était pas une référence pour vous, vous pourriez vous dire
qu’être soumise revient à accepter votre mari tel qu’il est sans essayer
de le changer. Mais si vous croyez à l’enseignement de la Bible, vous
en concluez que, paradoxalement, la soumission est parfois une
stratégie destinée à faire changer son mari.
4. Être soumise ne veut pas dire faire passer la volonté de son mari
avant celle du Christ. Ce texte enseigne clairement que la femme doit
d’abord et avant tout suivre Jésus et ensuite, son mari. La soumission
à Jésus relativise la soumission au mari – ainsi que la soumission aux
autorités, au patron et aux parents. Quand il est dit au verset 6 que
Sara appelle Abraham son « seigneur », notez que le mot est écrit avec
119
Ce mariage éphémère
une minuscule. Pierre fait référence ici à Genèse 18 : 12 (S21) : « Elle
rit en elle-même en se disant : “Maintenant que je suis usée, aurai-je
encore des désirs ? Mon seigneur aussi est vieux.” »
Ce qui est vraiment étonnant à propos de cette référence, c’est
que Pierre a complètement passé sous silence l’épisode le plus
remarquable montrant la soumission de Sara : lorsqu’Abraham lui
a demandé de se faire passer pour sa sœur en Égypte. Elle a obéi, au
risque de perdre la vie ou d’être abusée sexuellement. Or Pierre n’a
pas choisi cet épisode pour illustrer son propos. À mon avis, il ne
souhaitait sans doute pas le citer en exemple, car Abraham n’aimait
pas Sara comme il aurait dû l’aimer. C’est pourquoi Pierre a choisi
d’illustrer la soumission de Sara en citant l’épisode où elle a appelé
Abraham incidemment « mon seigneur ». Or, elle a simplement dit
cela en aparté, pas forcément pour qu’Abraham l’entende ; c’est à
elle-même qu’elle parlait. Toujours est-il que cela nous donne un
aperçu de ce qu’elle avait dans le cœur : elle honore son mari alors
que personne ne l’entend. Le terme qu’elle emploie est proche de
« monsieur » ou « sire ». Et s’il est fait état d’obéissance, c’est parce
que l’allégeance suprême, c’est au Seigneur avec un S majuscule
qu’elle la doit.
5. Être soumise ne veut pas dire que sa force personnelle et spirituelle
passe avant tout par son mari. Certes, un bon mari devrait fortifier,
édifier et soutenir sa femme. Il devrait être source de force pour
elle. Mais ce texte montre que si le mari est défaillant sur le plan
du leadership spirituel, la femme chrétienne n’est pas pour autant
dépourvue de force. Être soumise à son mari ne veut pas dire qu’elle
dépend de lui pour la force dont elle a besoin en matière de foi, de
vertu et de caractère. En fait, ce texte laisse entendre précisément
le contraire. Elle est exhortée à cultiver sa profondeur, sa force et
son caractère non pas à travers son mari, mais pour lui. Le verset 5
indique qu’elle espère en Dieu et en sa puissance, de sorte qu’un
jour son mari la rejoigne dans sa foi.
6. Enfin, être soumise ne veut pas dire agir par crainte. Verset 6 :
« C’est d’elle [de Sara] que vous êtes devenues les filles en faisant le
bien, sans vous laisser troubler par aucune crainte. » Autrement dit,
120
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte
Ce qu’est la soumission
Maintenant que nous avons vu tout ce que la soumission n’est
pas, voyons en quoi elle consiste au juste. À la fin du chapitre 6,
j’ai écrit en m’appuyant sur Éphésiens 5 que, selon moi, la soumis-
sion est la fonction à laquelle Dieu appelle la femme, lui demandant
d’honorer et de soutenir le leadership exercé par son mari, et de l’aider
à l’assumer selon les dons qu’elle a reçus. Or c’est bien ce que nous
voyons ici aussi. C’est une disposition du cœur qui incite la femme
à accepter l’autorité de son mari et à s’en remettre à son leadership.
C’est une attitude par laquelle elle lui dit : « Je suis ravie que tu
prennes l’initiative dans le foyer. Je suis heureuse quand tu prends
les choses en main et que tu diriges avec amour. Je ne m’épanouis
pas dans notre couple quand tu es passif et que je dois veiller à la
bonne marche du foyer. »
Cependant, être soumise ne veut pas dire suivre son mari dans
le péché. Alors, que préconise la soumission dans ce genre de
situation ? Que doit dire la femme soumise à son mari s’il cherche à
l’entraîner dans le péché ? Elle doit lui dire : « Cela me peine quand
tu t’aventures sur la voie du péché et que tu cherches à m’y entraîner.
Tu sais que ça m’est impossible. Je ne désire nullement te résister ;
au contraire, c’est quand je peux m’en remettre avec joie à ton rôle
de leader que je m’épanouis le plus. Mais je ne peux pas te suivre
dans le péché, même si je prends plaisir à honorer ton leadership
dans notre couple. Le Christ est mon Roi. »
Si je dis que la soumission est une disposition du cœur et une
volonté de s’en remettre au leadership du mari, c’est parce que dans
un couple chrétien il y a forcément des moments où même la femme
la plus soumise hésite, à juste raison, à se soumettre à la décision de
son mari. Le choix peut lui paraître peu sage par exemple. Imaginons
que je m’apprête à prendre une décision pour notre famille qui
semble totalement déplacée à mon épouse Noël. Voici comment,
121
Ce mariage éphémère
dans ce genre de circonstance, elle pourrait exprimer sa soumission :
« Écoute, chéri, je sais que tu y as beaucoup réfléchi, et j’apprécie
quand tu prends l’initiative d’organiser les choses pour nous et que
tu assumes ta responsabilité ainsi, mais je ne me sens vraiment pas
en paix avec cette décision et je crois qu’il faut qu’on en reparle.
Est-ce que tu es d’accord ? Par exemple, ce soir ? »
Voici pourquoi ce type d’attitude est conforme à la soumission
biblique :
1. Parce que, contrairement au Christ, les maris sont faillibles
et devraient le reconnaître ;
2. Parce qu’un mari devrait désirer que sa femme soit enthou-
siasmée par les décisions qu’il prend concernant sa famille,
tout comme le Christ désire que l’Église s’en remette à ses
décisions avec enthousiasme et ne se contente pas de le
suivre à contrecœur ;
3. Parce que la façon dont Noël a exprimé ses doutes montrait
sans équivoque qu’elle approuve mon autorité et me sou-
tient dans mon rôle de leader du foyer ;
4. Parce que dès le début de notre mariage elle m’a dit clai-
rement que si, après toutes les discussions qui s’imposent,
nous étions un jour encore en désaccord, elle s’en remet-
trait à la décision de son mari.
122
La foi sublime d’une soumission dénuée de crainte
123
[…] dès le début il en est ainsi ; la croix n’est pas
le terrible aboutissement d’une vie pieuse et heureuse,
mais elle est dressée au commencement
de la communion avec Jésus Christ.
Tout appel du Christ conduit à la mort.
DIETRICH BONHOEFFER
Vivre en disciple – Le prix de la grâce, 69, 92
Chapitre neuf
Célibataire dans le Christ :
« un nom meilleur que
des fils et des filles »
125
Ce mariage éphémère
ma montagne sacrée et je les réjouirai dans ma maison de
prière ; leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur
mon autel ; car ma maison sera appelée « Maison de prière
pour tous les peuples ».
Ésaïe 56 : 1-7
126
Célibataire dans le Christ
Des bénédictions
plus grandes que les enfants
À présent, prenons un peu de recul et examinons les Écritures,
en commençant par le passage d’Ésaïe 56 : 4-5 :
Car voici ce que dit le seigneur aux eunuques [ceux qui ne
peuvent procréer mais consacrent leur vie à un service bien
Theology of Singleness (Cambridge : Grove Books Limited, 2007), p. 13-16. Ce livre est
le fruit des études doctorales menées par Danylak à l’université de Cambridge. Dans ce
chapitre, je m’inspire largement de son approche de la question du célibat dans la Bible.
127
Ce mariage éphémère
spécifique plutôt qu’au mariage] qui observent mes sabbats, qui
choisissent ce à quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes
dans mon alliance : Je leur donnerai dans ma maison et dans
mes murs un monument12 et un nom meilleur que des fils et des
filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais
retranché.
Dieu promet de bénir les eunuques qui vivent dans l’obéissance
en leur accordant des bénédictions qui surpassent des fils et des
filles. Autrement dit, par voie de conséquence, Dieu promet à ceux
d’entre vous qui restent célibataires en Christ des bénédictions qui
surpassent celles du mariage et des enfants.
Le peuple de l’alliance
et la procréation
Néanmoins, pour bien comprendre ce que cela signifie, il faut
replacer les choses dans leur contexte général. Dans l’ordre création-
nel que Dieu avait établi avant l’irruption du péché dans le monde,
et dans l’ordre de l’alliance qu’il avait contractée avec le peuple
d’Israël depuis Abraham jusqu’à la venue du Christ, la procréation
était le principal moyen employé par Dieu pour faire croître son
peuple. Il avait choisi de manifester sa fidélité en priorité à un groupe
ethnique. Par conséquent, être marié et avoir une progéniture était
capital pour la transmission du nom et du patrimoine, ainsi que
pour la préservation du peuple de l’alliance.
C’est pourquoi les premiers mots que Dieu adresse à Adam et
Ève sont ceux-ci : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre
La traduction littérale du texte hébreu est « à l’intérieur de mes murs une main et un
12
nom qui vaudront mieux que des fils et des filles ». Pour le sens qui se cache derrière le
mot main (traduit ici par monument), voir 2 Samuel 18 : 18, où on peut lire : « Absalom
avait fait installer la pierre levée qui est dans la vallée du Roi, car il disait : Je n’ai pas
de fils pour évoquer mon nom ; et il donna son propre nom à la pierre levée : c’est
pourquoi on l’appelle Monument d’Absalom, jusqu’à ce jour. » (C’est ce même mot
qui est employé ici en hébreu.) Absalom avait de lui-même et pour lui-même fait
ériger ce mémorial (v. 18). C’est donc de sa propre main qu’il avait fait en sorte que
sa mémoire se perpétue. Peut-être que l’idée de la « main » est que les bonnes choses
que nous sommes amenés à vivre plus tard, ou le mémorial qui entretient le souvenir
de notre existence, sont le fruit de notre action qui se perpétue, comme si notre main
était toujours active.
128
Célibataire dans le Christ
129
Ce mariage éphémère
Le cas le plus célèbre de cette pratique est celui de Boaz, qui
accepta d’épouser Ruth afin de préserver le nom d’Élimélec, son
beau-père, et de Mahlôn, son mari. Boaz déclara : « J’ai également
acheté pour femme Ruth la Moabite, femme de Mahlôn, pour
maintenir le nom du défunt sur son patrimoine et pour que le nom
du défunt ne soit pas retranché d’entre ses frères et de la porte de sa
ville. Vous en êtes témoins aujourd’hui » (Ruth 4 : 10).
Vous voyez donc l’importance capitale qu’avaient en Israël le
mariage, la descendance, la préservation du nom et l’héritage. Aussi
n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que la fille de Jephté ait demandé un
sursis de deux mois, non pas pour se lamenter de sa mort imminente,
mais pour pleurer le fait de n’avoir jamais été mariée. « Elle dit encore
à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi un délai de deux
mois. Je m’en irai, j’irai sur les montagnes et je pleurerai ma virginité
avec mes amies. Il répondit : Va ! » (Juges 11 : 37-38).
La prophétie d’Ésaïe :
« il verra une descendance »
Voilà la toile de fond qui explique que ces paroles d’Ésaïe 56 : 4-5
resplendissent comme un soleil pour les eunuques et tous ceux qui
ne sont pas mariés et n’ont pas d’enfants : « Car voici ce que dit le
seigneur aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent ce à
quoi je prends plaisir et qui demeurent fermes dans mon alliance : Je
leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un
nom meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour
toujours, il ne sera jamais retranché » Ainsi, sans être mariés et sans
avoir d’enfants, ces eunuques attachés à l’alliance reçoivent une place
et un nom qui valent mieux que des fils et des filles.
D’où vient donc cette promesse surprenante ? Sur quoi est-elle
fondée et de quoi est-elle la préfiguration ? La réponse se trouve en
Ésaïe 53, la prophétie magistrale qui annonce les souffrances du
Christ, qui fut « transpercé à cause de nos transgressions, écrasé à
cause de nos fautes » (v. 5). Quand nous lisons ce chapitre, nous
oublions parfois de prêter attention à ces paroles du verset 10 : « Le
seigneur a voulu l’écraser par la souffrance ; si tu as fait de lui un
130
Célibataire dans le Christ
131
Ce mariage éphémère
Pour ce qui est de Pierre, il déclare que nous tenons notre héritage
non pas du mariage et de la descendance physique, mais de l’œuvre
du Christ et de la nouvelle naissance : « Béni soit le Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande compassion,
nous a fait naître de nouveau, par la résurrection de Jésus-Christ
d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage
impérissable, sans souillure, inaltérable, qui vous est réservé dans
les cieux » (1 Pierre 1 : 3-4).
Ainsi, Jésus, Paul et Pierre nous déclarent tous la chose suivante :
les enfants sont engendrés dans la famille de Dieu et reçoivent leur
héritage non pas par le mariage et la procréation, mais par la foi et la
régénération. Autrement dit, ce n’est nullement un désavantage pour
ceux qui sont célibataires en Christ que d’engendrer des enfants spi-
rituels ; à certains égards, ça pourrait même être un énorme avantage.
L’apôtre Paul était lui-même célibataire en Christ ; or, voici ce
qu’il écrivit à ses nouveaux convertis : « En effet, quand vous auriez
dix mille surveillants dans le Christ, vous n’avez pas plusieurs
pères : c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par la bonne
nouvelle » (1 Corinthiens 4 : 15). Paul a été un père formidable et
pourtant il n’a jamais été marié. N’a-t-il d’ailleurs pas une façon
magnifique de s’exprimer au sujet des femmes célibataires en Christ ?
Il écrit en effet en 1 Thessaloniciens 2 : 7 (S21) : « Mais nous avons
été pleins de bienveillance au milieu de vous. De même qu’une mère
prend un tendre soin de ses enfants, […]. » Il sera dit de même d’un
grand nombre de femmes célibataires en Christ : « Elle a été une mère
formidable et pourtant elle n’a jamais été mariée. »
132
Célibataire dans le Christ
133
Ce mariage éphémère
des enfants, des mères, des frères, des sœurs et des terres ? Renoncez
à la primauté de vos relations terrestres et suivez Jésus dans la com-
munion du peuple de Dieu.
134
Célibataire dans le Christ
De meilleures bénédictions
Nous allons terminer ce chapitre en revenant au point de départ,
tout en gardant à l’esprit tous ces textes bibliques. Dieu promet à
ceux qui restent célibataires en Christ des bénédictions meilleures
que celles que procurent le mariage et les enfants.
D’aucuns demanderont peut-être : ne serait-il pas mieux d’avoir
les deux – à la fois les bénédictions du mariage et les bénédictions
du ciel ? Il y a deux réponses à cette question. La première est que
vous découvrirez un jour (et mieux vaut l’apprendre dès mainte-
nant) qu’être avec le Christ dans le ciel procure des bénédictions
incommensurablement supérieures à celles d’être marié et d’avoir
des enfants. Au point que se poser une telle question revient un
peu à se demander s’il ne serait pas mieux d’avoir à la fois l’océan
et aussi quelques gouttes d’eau. Mais j’imagine que ce n’est pas la
réponse que vous attendiez. En voici donc une autre : le mariage
comme le célibat nous réservent des épreuves spécifiques et des cir-
constances particulières en vue de notre sanctification – c’est-à-dire
notre préparation pour le ciel. Chaque condition donnera lieu à ses
récompenses particulières. L’importance de ces récompenses ne sera
pas liée au fait d’avoir été marié ou celui d’être resté célibataire, mais
à la manière dont vous aurez vécu l’une ou l’autre de ces situations.
Je le redis donc à tous les célibataires en Christ : Dieu vous pro-
met des bénédictions dans le monde à venir qui surpassent de loin
celles du mariage et des enfants.
135
Ce mariage éphémère
glorifier le Christ, les vérités relatives au Christ et à son royaume.
Vérités qui sont révélées avec encore plus d’éclat au travers du célibat
qu’au travers du mariage. Aussi longtemps que vous êtes célibataire,
vous êtes appelé à vivre totalement pour le Christ au point que les
vérités ci-après apparaissent de façon encore plus éclatante au monde
et à l’Église :
1. La croissance de la famille de Dieu se fait non pas par
propagation via la procréation, mais par régénération au
moyen de la foi en Christ.
2. Les liens en Christ sont plus durables et plus précieux que
les liens familiaux.
3. Le mariage est éphémère et il cédera un jour la place à la
relation qu’il préfigure depuis le départ : la relation entre le
Christ et l’Église – tout comme une photo devient super-
flue quand on rencontre la personne face à face.
4. C’est la fidélité au Christ qui détermine la valeur de la
vie ; toutes les autres relations trouvent leur sens ultime
dans cette relation. Aucun lien familial ne constitue le but
suprême mais la relation au Christ est au cœur de toutes
choses.
Le mariage offre la possibilité de glorifier le Christ d’une manière
toute particulière que le célibat ne permet pas. Le célibat offre la
possibilité de glorifier le Christ d’une manière toute particulière que
le mariage ne permet pas. Que Dieu soit glorifié à travers l’une ou
l’autre de ces deux options : un mariage vécu à la gloire du Christ
ou un célibat vécu à la gloire du Christ.
136
La présence corporelle d’autres chrétiens est pour le
croyant une source incomparable de joie et de réconfort.
DIETRICH BONHOEFFER
De la vie communautaire, 24-25
Chapitre dix
Le célibat, le mariage et la vertu
chrétienne de l’hospitalité
J’ai été poussé à écrire ce chapitre par le désir que le Christ soit
glorifié par notre façon à tous, mariés comme célibataires, d’exercer
l’hospitalité les uns envers les autres. Autrement dit, si ce que j’ai
essayé de démontrer au chapitre précédent est vrai (à savoir, que la
famille de Dieu, engendrée par la régénération, a une importance et
une permanence plus grandes que la famille humaine engendrée par
la procréation), les conséquences en termes de relations sont consi-
139
Ce mariage éphémère
dérables. Les rapports que les membres de cette famille – l’Église
– entretiennent les uns avec les autres (mariés aussi bien que céliba-
taires) attesteront au monde que notre vie a pour but la suprématie
du Christ et que nos relations sont définies, non pas seulement par la
nature mais aussi et surtout par le Christ. Mon désir le plus cher est
de voir le Christ glorifié par la façon dont les gens mariés intègrent
les célibataires à leur vie et dont les célibataires intègrent les gens
mariés à leur vie, au nom du Christ et de l’Évangile.
140
Célibat, mariage et hospitalité
141
Ce mariage éphémère
la gloire de Dieu et éveiller nos cœurs afin que nous le connaissions
mieux et que nous lui accordions plus de valeur.
Sanctifier la nourriture
et la sexualité
La réalité physique est bonne. Dieu l’a créée pour qu’elle révèle sa
gloire. Et ce que Dieu nous demande, c’est de sanctifier cette réalité
physique et de l’adorer au travers d’elle, c’est-à-dire de considérer
cette réalité physique par rapport à lui et d’en faire un usage qui
le place, lui, au cœur de toutes choses, afin que nous puissions
connaître la joie. Avoir conscience de cela nous évite d’idolâtrer la
sexualité et la nourriture au point d’en faire des dieux. Ce ne sont
pas des dieux ; elles ont été créées par Dieu afin que nous l’honorions
à travers elles. Par ailleurs, cela nous évite aussi d’avoir peur de la
sexualité et de la nourriture comme si elles étaient le mal. Loin d’être
le mal, elles sont des instruments d’adoration – un moyen d’accorder
toute sa place au Christ.
Voici notre texte : 1 Timothée 4 : 1-5. Ce passage est un des
plus importants de la Bible à propos des appétits du corps et de la
sexualité.
142
Célibat, mariage et hospitalité
Célibataire ou marié,
placer le Christ au centre
Tout ce qui précède n’est qu’une introduction destinée à bien
préciser que ni le mariage ni le célibat (considérés chacun comme
une parabole physique) ne doivent être un objet d’idolâtrie ou de
crainte. Le mariage est quelque chose de physique et de merveilleux.
Le célibat est quelque chose de physique et de merveilleux. C’est
Dieu qui les a créés tous les deux. Comme l’ensemble de la nature,
ils sont tous deux destinés à exposer aux yeux de tous la gloire du
Christ.
Le mariage et le célibat peuvent tous deux tourner à l’idolâtrie.
Les conjoints peuvent s’adorer, ou bien adorer le sexe, ou adorer
leurs enfants, ou adorer le super-pouvoir d’achat du couple-à-deux-
revenus-sans-enfant. Quant aux célibataires, ils peuvent adorer
l’autonomie et l’indépendance. Les célibataires peuvent considérer
le mariage comme une option de deuxième classe pour les chrétiens
qui vivent en compromis avec le désir sexuel. Et ceux qui sont
mariés peuvent considérer le célibat comme un signe d’immaturité,
d’irresponsabilité ou d’incompétence.
Le message que j’essaie de souligner ici, c’est qu’il existe des
manières de glorifier le Christ en étant mariés, et il existe des
manières de glorifier le Christ en étant célibataire. Il y a en effet
des manières d’utiliser son corps et ses appétits physiques, dans
143
Ce mariage éphémère
le mariage comme dans le célibat, tout en donnant au Christ sa
place centrale.
144
Célibat, mariage et hospitalité
145
Ce mariage éphémère
« Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans maugréer. » Si
nous aimons avec ardeur et que l’amour couvre une foule de péchés,
nous ne pouvons pas nous plaindre et ronchonner si facilement,
n’est-ce pas ? L’amour couvre une grande partie des choses qui font
que nous nous plaignons. Donc, l’hospitalité sans murmurer est
l’appel de Dieu que reçoivent tous les chrétiens qui vivent dans les
derniers jours ! Quand votre niveau de stress est élevé, quand il existe
une multitude de péchés qui ont besoin d’être couverts, quand les
raisons de maugréer abondent, c’est alors que, selon Pierre, nous
devons exercer l’hospitalité.
Nos maisons doivent être ouvertes. Parce que nos cœurs sont
ouverts. Et si nos cœurs sont ouverts, c’est parce que Dieu nous a
ouvert le sien. Rappelez-vous comment l’apôtre Jean a établi le lien
entre l’amour pour Dieu et l’amour que nous avons les uns pour les
autres par rapport à l’hospitalité : « A ceci nous connaissons l’amour :
c’est que lui [Jésus] s’est défait de sa vie pour nous. Nous aussi, nous
devons nous défaire de notre vie pour les frères. Mais si quelqu’un
possède les ressources du monde, qu’il voie son frère dans le besoin
[qu’il soit célibataire ou marié !] et qu’il lui ferme son cœur, comment
l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3 : 16-17).
146
Célibat, mariage et hospitalité
147
Ce mariage éphémère
les familles. Cela peut vous sembler étrange, mais le caractère étrange
de la chose aux yeux de ce monde peut justement en faire un témoi-
gnage plus fort d’une vérité qui transcende ce monde. Ne serait-ce
pas la marque d’une maturité et d’une stabilité inhabituelles ? Ne
serait-ce pas un signe de la grâce de Dieu dans votre vie ? Ne serait-
ce pas un beau témoignage rendu à la vérité car, en fin de compte,
quelle est votre vraie famille ? Avec quelques amis, invitez ensemble
des couples mariés à partager un peu de votre vie.
Ma prière est que le Seigneur accomplisse cette belle œuvre parmi
nous – nous tous, sans exception. La fin de toutes choses est proche.
Soyons sobres afin de pouvoir prier. Aimons-nous les uns les autres.
Soyons de bons intendants des diverses grâces de Dieu et exerçons
l’hospitalité sans murmurer. « Accueillez-vous donc les uns les autres
comme Christ vous a accueillis. »
148
Jésus ne met pas ceux qui le suivent en demeure de
se marier. Mais il sanctifie le mariage selon la loi en le
déclarant indissoluble et, lorsqu’un des deux conjoints
s’est séparé de l’autre par infidélité, en interdisant un
second mariage à cet autre. Par un tel commandement,
Jésus libère le mariage du plaisir égoïste et pernicieux,
et veut qu’on y vive au service de l’amour ;
c’est la seule façon dont le mariage est possible
dans la marche à la suite de Jésus. Jésus ne blâme
pas le corps et son exigence naturelle, mais il rejette
l’incrédulité qui s’y cache. […] Le corps du disciple
appartient, lui aussi, au Christ dans la marche à sa suite ;
nos corps sont membres de son corps.
DIETRICH BONHOEFFER
Vivre en disciple – Le prix de la grâce, 107-108
Chapitre onze
La foi et la sexualité dans le mariage
151
Ce mariage éphémère
152
La foi et la sexualité dans le mariage
153
Ce mariage éphémère
inspirée par l’amour de l’argent. » Il n’est pas du tout anodin que
l’auteur place côte à côte l’argent et le lit conjugal. Ce n’est pas une
coïncidence si la plupart des conseillers conjugaux citent l’argent et
les relations sexuelles parmi les motifs de crise les plus fréquents au
sein du couple. Il est tout aussi difficile de s’accorder sur les questions
financières que de trouver l’harmonie dans le lit conjugal. Alors,
même si nous nous intéressons ici à la sexualité dans le couple, il
ne faut pas perdre de vue que ces deux aspects sont très intimement
liés. La recherche du pouvoir et celle du plaisir se confondent dans
ces deux domaines comme dans aucun autre.
L’auteur est soucieux de protéger le lit conjugal. Il tient à ce que
ce soit une belle expérience et ne veut pas qu’elle soit gâchée. D’où
son exhortation à ce que le lit conjugal soit exempt de souillure. Il
est clair qu’il ne fait pas référence ici aux souillures au sens rituel,
car il ajoute : « Dieu jugera ceux qui se livrent à l’inconduite sexuelle
et à l’adultère. » Il veut parler de toutes les souillures liées au péché.
Or, qu’est-ce que le péché ? En définitive, c’est tout ce qui ne résulte
pas de la foi. C’est ce que déclare Paul en Romains 14 : 23 : « Tout
ce qui ne relève pas de la foi est péché. » L’auteur nous exhorte donc
à protéger les relations sexuelles dans le mariage en ne faisant rien
qui ne résulte de la foi.
Et il définit justement la foi en Hébreux 11 : 1 : « Or la foi, c’est la
réalité de ce qu’on espère, l’attestation de choses qu’on ne voit pas. »
Autrement dit, la foi est la confiance que nous avons dans tout ce
que Dieu promet d’être et de faire pour nous au cours de tous les
lendemains de notre vie. Mais alors, comment ce type de foi peut-il
engendrer des comportements et des actes sexuels qui échappent au
champ du péché ? Dans le contexte de l’épître aux Hébreux, l’auteur
montre comment cela fonctionne avec l’argent. Nous pouvons
ensuite appliquer le même raisonnement à la sexualité.
En Hébreux 13 : 5, il exhorte : « Que votre conduite ne soit pas
inspirée par l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous
avez. » L’amour de l’argent est un désir qui déplaît à Dieu ; il s’agit
d’un péché. Et le remède contre cet amour pécheur et tous les maux
qu’il engendre, c’est le contentement : « Contentez-vous de ce que
154
La foi et la sexualité dans le mariage
vous avez. » Toutefois, l’auteur ne nous laisse pas sans ressources pour
produire de nous-mêmes du contentement. Il poursuit en effet en
nous montrant quelle est la base du contentement : « Car il [Dieu]
a dit lui-même : Je ne te délaisserai jamais, je ne t’abandonnerai
jamais ». La base du contentement est la promesse que Dieu ne
nous fera jamais défaut dans son soutien et sa présence à nos côtés.
On peut donc résumer ainsi ce qu’affirme l’auteur de l’épître aux
Hébreux : Dieu nous a laissé dans sa Parole des promesses tellement
réconfortantes, rassurantes et porteuses d’espérance (à l’image de
celle qu’il cite et qui est tirée de Deutéronome 31 : 6) que si nous
avons la foi dans ces promesses, nous connaîtrons le contentement
– contentement qui est aussi le remède contre l’amour de l’argent
et tout péché sexuel.
Le péché correspond à tout sentiment, pensée et acte qui sont les
nôtres lorsque nous ne prenons pas Dieu au mot et que nous ne nous
reposons pas sur ses promesses. Par conséquent, le commandement
d’Hébreux 13 : 4 peut être reformulé ainsi : que vos relations sexuelles
soient exemptes de tout acte ou attitude qui ne résulte pas de la foi
dans la Parole de Dieu. Ou bien, pour le dire de manière positive :
ayez dans vos relations sexuelles conjugales des actes et des attitudes
qui découlent du contentement que génère la confiance dans les
promesses de Dieu.
155
Ce mariage éphémère
physiques. Jésus lui-même, dont la foi était parfaite, a connu la
faim et a souhaité manger, il a connu la fatigue et a désiré se reposer.
L’appétit sexuel appartient à cette même catégorie. Le contentement
que procure la foi ne le supprime pas davantage qu’il ne supprime la
faim et la fatigue. Dans ces conditions, qu’apporte le contentement
par rapport à la manifestation du désir sexuel ?
Je pense qu’il y a deux aspects. D’abord, si la satisfaction de
ce plaisir n’est pas possible à cause du célibat, Dieu compense ce
manque en nous accordant une portion généreuse de son soutien et
de sa présence par la foi. Paul déclare en Philippiens 4 : 11-13 : « Je
ne dis pas cela en raison d’un manque ; moi, en effet, j’ai appris à
me contenter de l’état où je me trouve. […] j’ai appris à être rassasié
et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans le manque. Je
peux tout en celui qui me rend puissant. » Si Paul a pu apprendre à
être satisfait malgré la faim, alors nous pouvons aussi apprendre à
l’être si Dieu décide de ne pas nous accorder de satisfaction sexuelle.
Deuxièmement, si la satisfaction sexuelle nous est au contraire
accordée dans le mariage, nous devons la rechercher et en jouir
uniquement d’une manière qui reflète notre foi. Autrement dit,
même si le contentement qui résulte de la foi ne supprime ni la faim,
ni la fatigue, ni l’appétit sexuel, il transforme tout de même notre
manière de satisfaire ces désirs.
La foi ne nous empêche pas de manger, mais elle évite la glouton-
nerie ; elle n’empêche pas de dormir, mais elle évite la paresse. Elle
ne coupe pas l’appétit sexuel, mais… Mais quoi ? C’est précisément
ce dont je veux parler avant de clore ce chapitre.
156
La foi et la sexualité dans le mariage
157
Ce mariage éphémère
commis des péchés qui, même s’ils ont été pardonnés, rendent notre
vie actuelle plus compliquée que si nous ne les avions pas commis.
Mais je ne veux pas donner l’impression que le Christ est
impuissant face à ce type de cicatrices. Certes, il peut ne pas effacer
tous les problèmes causés par ces cicatrices, mais il a promis de faire
en sorte que tout – y compris ces problèmes – concoure à notre
bien dès lors que nous l’aimons et que nous sommes appelés selon
son dessein (Romains 8 : 28). Reprenons le cas de notre couple
imaginaire. Je préfère me dire que leur histoire s’est soldée par une
fin heureuse. Ils ont fini par avoir une sexualité épanouie parce
qu’ils ont fait face au problème en toute franchise, en priant sans
relâche et en s’en remettant à la grâce de Dieu. Ils ont exprimé tout
ce qu’ils ressentaient. Ils n’ont rien refoulé. Ils se sont fait confiance
et se sont aidés mutuellement, et ils ont trouvé le chemin de la
paix et de l’harmonie sexuelle. Par-dessus tout, ils ont découvert
de nouvelles dimensions de la grâce de Dieu. Le Christ est mort
non seulement pour qu’en lui nous puissions, dans le cadre du
mariage, avoir des relations sexuelles dénuées de tout sentiment de
culpabilité, mais aussi afin de nous faire du bien spirituellement
même à travers nos cicatrices.
158
La foi et la sexualité dans le mariage
159
Ce mariage éphémère
À la lumière de cela et de l’enseignement de Jésus en général,
j’en déduis que, pour avoir des relations sexuelles heureuses et
épanouissantes dans le mariage, il faut que chacun des conjoints
désire satisfaire l’autre. Si chacun se réjouit de rendre l’autre
heureux, une multitude de problèmes seront réglés avant même
leur apparition.
Vous le mari, si votre satisfaction est de procurer du plaisir à
votre femme, vous serez sensible à ses besoins et ses désirs. Vous
apprendrez que pour avoir des rapports sexuels satisfaisants à 22 h,
la préparation doit commencer dès 7 h par des mots tendres et se
poursuivre tout au long de la journée par des manifestations de
gentillesse et de respect. Et, le moment venu, il ne faut pas faire
l’effet d’un char d’assaut, mais tenir compte de son rythme et l’ame-
ner habilement jusqu’au plaisir. À moins qu’elle ne vous donne le
signal, il faut vous dire en permanence : « Le but, c’est son orgasme,
pas le mien. » Et sur le long terme vous constaterez qu’il y a plus de
bénédictions à donner qu’à recevoir.
Quant à vous la femme, même si ce n’est pas toujours le cas, il
semble qu’en général votre mari désire avoir des relations sexuelles
plus souvent que vous. Martin Luther a dit qu’il estimait que deux
fois par semaine suffisaient amplement pour se protéger contre le
Tentateur13. J’ignore si sa femme Catherine était partante à chaque
fois. Mais même si vous ne l’êtes pas, donnez de toute façon, sauf
circonstances exceptionnelles. En ce qui vous concerne, vous les
maris, je ne vous dis pas de prendre de toute façon. En fait, par
égard pour elle, vous pouvez vous en priver. Le but est de rivaliser
de prévenance l’un envers l’autre en donnant à son conjoint ce qu’il
désire (Romains 12 : 10). Que chacun de vous se donne pour but de
satisfaire l’autre le mieux possible.
William Lazareth écrit : « Pour ce qui est de la fréquence recommandée pour le coït
13
160
La foi et la sexualité dans le mariage
161
Le mariage est plus grand que votre amour réciproque.
Il a une dignité et une puissance plus hautes,
car il est une sainte institution de Dieu par laquelle
il veut maintenir l’humanité jusqu’à la fin des jours.
Dans votre amour, vous vous voyez tous les deux seuls
au monde ; dans le mariage, vous êtes un maillon de la
chaîne des générations que Dieu fait vivre et mourir
en son honneur et qu’il appelle dans son royaume.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre douze
La finalité du mariage est de faire des
enfants… des disciples de Jésus :
à quel point le devoir de procréation
est-il absolu ?
163
Ce mariage éphémère
164
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u ?
165
Ce mariage éphémère
déjà vu) mais faire des enfants n’est pas non plus un appel absolu
qui s’adresse à tous les couples. C’est quelque chose de normal, de
bon, de douloureux, de merveilleux mais qui n’est pas une exigence
absolue pour tous les couples. Troisièmement, nous nous arrêterons
sur les exhortations d’Éphésiens 6 : 1-4, où le mariage est présenté
comme le moyen de faire des enfants des disciples de Jésus.
166
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u ?
en Marc 10 : 13-14 : « Des gens lui amenaient des enfants pour qu’il
les touche de la main. Mais les disciples les rabrouèrent. Voyant
cela, Jésus s’indigna ; il leur dit : Laissez les enfants venir à moi ; ne
les en empêchez pas, car le royaume de Dieu est pour ceux qui sont
comme eux. » Nous voyons donc que, du début à la fin, la Bible
accorde une valeur très importante au fait d’avoir des enfants, de
les élever et de les bénir. Dans notre Église, nous avons beaucoup
de familles nombreuses. Eh bien, nous les encourageons ; quelle
vocation magnifique ! Nous y reviendrons plus loin. C’est donc une
des grandes raisons d’être du mariage : avoir des enfants et les élever
à la gloire de Dieu.
167
Ce mariage éphémère
« Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (Genèse 1 : 28).
C’est quelque chose de normal et de bon. Mais ce n’est pas quelque
chose de plus absolu que le mariage ne l’est. L’appel universel est de
chercher à avoir des enfants spirituels, pas des enfants biologiques.
La finalité universelle du mariage n’est pas de faire des enfants mais
d’amener des enfants à être des disciples de Jésus. Voyons quelques
passages bibliques à ce sujet.
168
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u ?
169
Ce mariage éphémère
Cinq observations
Premièrement, le père a une responsabilité de premier plan pour
ce qui est d’élever les enfants dans la discipline et l’enseignement
du Seigneur. Notez la formulation du verset 1 : « Enfants, obéissez à
vos parents. » Aux deux. Pas seulement au père ou à la mère, mais aux
parents. En revanche, quand l’auteur passe du devoir des enfants à
celui des parents, c’est le père qui est mentionné et non la mère. « Et
vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’éducation
et les avertissements du Seigneur. » Par conséquent, ma première
observation, que nous développerons au chapitre suivant, c’est qu’au
sein du couple c’est avant tout au père qu’incombe la responsabilité
d’élever les enfants par l’éducation et les avertissements du Seigneur.
Deuxièmement, il n’en demeure pas moins que la mère et le
père sont tous les deux appelés à accomplir cette tâche ensemble.
Ils sont en effet tous les deux mentionnés comme devant faire
l’objet d’une obéissance particulière de la part des enfants. Verset 1 :
« Enfants, obéissez à vos parents [mère et père] dans le Seigneur. »
Cette même vérité est exprimée en Proverbes 6 : 20-21 : « Mon fils,
garde les préceptes de ton père et ne délaisse pas l’enseignement de ta
mère. Attache-les constamment sur ton cœur, noue-les à ton cou. »
D’ailleurs, Paul rappela à Timothée qu’il devait tenir ferme dans
les enseignements que sa mère et sa grand-mère lui avaient donnés
lorsqu’il était enfant (2 Timothée 3 : 14 ; 1 : 5). Donc, le père et la
mère ont tous les deux une responsabilité dans le couple pour ce
qui est d’élever les enfants dans le Seigneur, le père ayant toutefois
la responsabilité principale dans ce domaine.
Troisièmement, il est important que la mère et le père soient
unis dans cette tâche. Ce n’est pas toujours possible car il peut
arriver qu’un des conjoints ne soit pas croyant. Dans ce cas,
faites de votre mieux pour trouver un terrain d’entente concret,
par exemple concernant la manière d’exercer la discipline. Mais
le dessein de Dieu pour le couple c’est d’avoir un front uni. Les
deux sont censés avoir un même but : élever leurs enfants « en
leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent
du Seigneur », c’est-à-dire une éducation fondée sur le Seigneur
170
L e d e v o i r d e p r o c r é a t i o n e s t - i l a b s o l u ?
171
Ce mariage éphémère
entendu, cela sous-entend de toujours les orienter vers le portrait
infaillible de Dieu qui est fait dans la Bible.
Enfin, Dieu a voulu que la mère et le père participent tous les
deux à l’éducation de leurs enfants parce qu’ils sont mari et femme
avant d’être père et mère. Or, ce qu’ils sont en tant que mari et
femme est précisément ce que Dieu veut présenter aux enfants :
en tant que mari et femme, ils sont une représentation de l’amour
d’alliance entre le Christ et l’Église. Voilà ce que Dieu veut que les
enfants puissent observer. Sa volonté est que les enfants grandissent
en contemplant l’amour du Christ pour l’Église et en voyant à quel
point l’Église prend plaisir à suivre le Christ. Sa volonté est que les
enfants s’imprègnent dès leur naissance de la beauté, de la force et
de la sagesse de cette relation d’alliance.
La signification première
au service de la seconde
Il en résulte que la signification la plus profonde du mariage – la
manifestation aux yeux de tous de l’amour d’alliance entre le Christ
et l’Église – est sous-jacente à cet autre objectif du mariage : faire
des enfants des disciples de Jésus. Tout cela est étroitement mêlé.
Un bon mariage constitue un environnement favorable permettant
aux enfants de grandir en étant témoins de la gloire de l’amour
d’alliance du Christ.
Que le Seigneur nous accorde une unité de vision concernant ce
qui importe vraiment dans le mariage : un mari et une femme qui
s’aiment comme le Christ et l’Église sous les yeux de leurs enfants,
lesquels, par la grâce de Dieu, aiment ce dont ils sont témoins.
172
C’est de Dieu que les parents reçoivent leurs enfants,
et c’est à Dieu qu’ils doivent à nouveau les conduire.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 71
Chapitre treize
La finalité du mariage est de faire
des enfants… des disciples de Jésus :
vaincre la colère chez les pères
et les enfants
175
Ce mariage éphémère
et en os de la façon dont le Christ (que représente le mari) aime
son Église, et dont l’Église (que représente la femme) est consacrée
au Christ. Et c’est cette représentation en chair et en os qui crée le
cadre – l’écrin physique, affectif, moral et spirituel – permettant
d’atteindre le second objectif du mariage, qui est de mettre au
monde des enfants et de les amener à Jésus.
Le nid vide
Alors que j’étais en train de rédiger ce chapitre, je suis tombé sur
la lettre de nouvelles d’une de nos plus anciennes familles de mission-
naires, dans laquelle les parents expliquaient que leurs deux enfants
étaient maintenant mariés. On pouvait donc lire sous la photo du
couple la légende suivante : « Le nid est vide ». Et c’est vrai que dans
la culture occidentale on dit que les enfants « quittent le nid », ce qui
sous-entend qu’une des finalités du mariage est d’être un nid pour les
oisillons jusqu’à ce qu’ils puissent voler de leurs propres ailes, c’est-à-
dire pourvoir à leurs besoins et se construire à leur tour un nid. Et si
nous sommes chrétiens, nous considérons que l’essence même de ce
nid est le scénario joué en chair et en os par le mari et la femme qui
sont censés vivre, démontrer et enseigner l’amour d’alliance entre le
Christ et son Église. Telle est l’essence du nid familial.
176
Vaincre la colère chez les pères et les enfants
177
Ce mariage éphémère
Par conséquent, lorsque Paul écrit au verset 4 : « Et vous, pères,
n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les par l’éducation et les aver-
tissements du Seigneur », il ne fait qu’étendre la fonction d’autorité
du mari au champ d’action parental. Le mari porte la responsabilité
principale en matière d’éducation des enfants. C’est ce que suppose
notre statut d’homme marié : être la tête dans notre relation avec
notre femme dans un esprit de sacrifice et d’amour, et assumer un
leadership à la fois tendre et ferme par rapport à la tâche commune
d’élever nos enfants dans le Seigneur. Voilà le principe sur lequel
j’aimerais que nous réfléchissions dans ce chapitre. À quoi ce verset
d’Éphésiens 6 : 4 appelle-t-il le père ? Cette question mérite à elle
seule un livre entier. Mais nous n’en sommes pas là ; c’est pourquoi je
vais m’intéresser uniquement à une partie du verset 4 : l’exhortation
à ne pas irriter nos enfants. Or, si Paul choisit de mentionner ce seul
aspect, il faut croire que cette mise en garde est particulièrement
importante.
Pourquoi la colère ?
Il est intéressant de noter que Paul commence par quelque chose
que les pères ne doivent pas faire : « Et vous, pères, n’irritez pas vos
enfants » [ou « ne les poussez pas à la colère »]. Et parmi tout ce qu’il
aurait pu exhorter les pères à ne pas faire, Paul choisit cet aspect par-
ticulier. Incroyable ! Pourquoi celui-ci en particulier ? Pourquoi pas :
ne découragez pas vos enfants ? Ou : ne les gâtez pas ? Ou encore : ne
les poussez pas à convoiter, à mentir ou à voler ? Pourquoi n’avoir
pas écrit : ne les maltraitez pas, ne les négligez pas, ne soyez pas un
mauvais exemple pour eux, ou encore : ne les manipulez pas ? Parmi
toutes les mises en garde qu’il aurait pu adresser aux pères, pourquoi
a-t-il choisi celle-ci : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants » ?
178
Vaincre la colère chez les pères et les enfants
179
Ce mariage éphémère
Certains semblent ne jamais grandir et se défaire de cet égocen-
trisme puéril : « La mesure de ton amour est déterminée par ce que
je ressens ; donc, si je ne suis pas content, c’est que tu ne m’aimes
pas. » Nous avons tous connu ce type de manipulation. Nous savons
que ce n’est pas ce que Paul veut dire car Jésus a lui-même suscité
la colère chez beaucoup de gens ; or il n’a jamais péché ni manqué
d’aimer parfaitement. Puisque tous les enfants sont pécheurs, même
l’utilisation la plus tendre et affectueuse de l’autorité peut provoquer
la colère de certains enfants ; c’est inévitable.
Donc, le message du verset 4 n’est pas que chaque fois qu’un
enfant est en colère c’est que le père a péché. C’est une façon d’avertir
les pères qu’il existe une tendance naturelle très forte à dire, à faire ou
à négliger de faire des choses qui provoquent chez nos enfants une
colère qui peut être légitimement évitée. La plupart d’entre nous sont
au clair sur les choses évidentes à éviter : crier, punir de façon injuste
ou excessive, dénigrer verbalement, l’hypocrisie, etc. Mais au-delà
de ces facteurs aggravants évidents, il est encore plus important de
réfléchir aux mesures préventives que nous pouvons prendre, nous
les pères, pour non seulement éviter de provoquer la colère, mais
pour la réduire voire la supprimer. Voilà le vrai défi.
180
Vaincre la colère chez les pères et les enfants
modèle pour nous, les pères, car il décrit une stratégie fondamen-
tale à adopter pour résoudre ce problème de la colère qui peut
habiter nos enfants. En Éphésiens 4 : 31 à 5 : 2 (S21), c’est un peu
comme si Dieu s’adressait à ses enfants : « Que toute amertume,
toute fureur, toute colère, tout éclat de voix, toute calomnie et
toute forme de méchanceté disparaissent du milieu de vous. Soyez
bons et pleins de compassion les uns envers les autres ; pardon-
nez-vous réciproquement […]. » Jusqu’ici, il ne s’agit que d’un
commandement : ne soyez pas en colère, mais pardonnez-vous
mutuellement. Cependant, les commandements en tant que tels
n’ont aucun pouvoir. Par contre, ce qui suit est puissant : « comme
Dieu nous a pardonné en Christ ». Notre Père céleste a donc envoyé
son propre Fils (« Dieu nous a pardonné en Christ ») afin de payer
le prix du péché de notre colère. Notre Père ne se contente pas
de nous demander de ne pas nous mettre en colère ; il apporte la
solution au problème de sa colère et de la nôtre en payant lui-même
un prix immense : la mort de Jésus.
Puis, au verset suivant, il déclare explicitement à travers la
plume de Paul qu’il joue le rôle de Père sur ce plan : « Soyez donc
les imitateurs de Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés »
(Éphésiens 5 : 1). Nous sommes les enfants de Dieu si nous sommes
unis au Christ par la foi. Il est notre Père. Et il a pris des initiatives
extrêmement douloureuses afin de résoudre le problème de sa colère
et de notre péché – notre colère. Dieu nous aime d’un amour infini
en Christ. Alors, vous les pères, imitez votre Père céleste : prenez des
initiatives – aussi douloureuses soient-elles, ou aussi peu en phase
soient-elles avec votre personnalité – afin de prévenir ou de diminuer
la colère de vos enfants.
Le combat se livre
d’abord dans le cœur du père
Je tiens à insister. Lorsque nous lisons en Éphésiens 6 : 4 : « Et
vous, pères, n’irritez pas vos enfants » [ou : ne provoquez pas leur
colère], il ne s’agit pas simplement d’arrêter avec les attitudes qui pro-
voquent la colère, mais de commencer avec celles qui la préviennent
181
Ce mariage éphémère
et la font cesser. Il faut se mettre à agir de manière à susciter dans le
cœur de l’enfant d’autres émotions suffisamment positives et fortes
pour qu’elles ne soient pas englouties par la colère, cette émotion
qui dévore toutes les autres.
Il vous appartient avant tout de surmonter votre propre colère
et de la remplacer par une joie « pleine d’une tendre bienveillance ».
Une joie débordante qui se déverse sur vos enfants. « Car c’est de
l’abondance du cœur que la bouche parle » (Matthieu 12 : 34). Si
le cœur est en colère, la bouche exprime de la colère. Et quand la
bouche du père exprime régulièrement de la colère, cela détruit les
émotions sensibles de l’enfant. Autrement dit, pour être le type
de père que Dieu nous appelle à être, nous devons être le type de
chrétien et le type de mari que Dieu nous appelle à être.
182
Vaincre la colère chez les pères et les enfants
183
Ce mariage éphémère
la colère. Il s’agit d’un amour qui a un esprit d’humilité, de sacrifice
et de service. Les maris aiment leur femme comme le Christ a aimé
l’Église (Éphésiens 5 : 25). Cet amour à l’image du Christ est préci-
sément le tendre amour qui ouvre le cœur des enfants et les délivre
de la colère. Quelle belle harmonie : d’abord, le mariage comme
manifestation de l’amour d’alliance entre le Christ et son Église ;
ensuite, le mariage comme lieu où les enfants goûtent à cet amour
d’alliance fondé sur le Christ, en sont témoins et s’y épanouissent.
Les deux ne font qu’un.
184
Dieu rend votre mariage indissoluble. « Que l’homme
ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19 : 6).
Dieu vous unit dans le mariage ;
ce n’est pas vous qui le faites, c’est Dieu qui le fait.
Ne confondez pas votre amour réciproque et Dieu.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre quatorze
Que l’homme ne sépare donc pas
ce que Dieu a uni :
l’Évangile et la nouvelle
obéissance radicale
187
Ce mariage éphémère
première, et si une femme répudie son mari et en épouse un
autre, elle commet l’adultère.
M arc 10 : 1-12
188
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e
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Ce mariage éphémère
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L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e
191
Ce mariage éphémère
non pas l’idéal de Dieu pour son peuple, mais la dureté du cœur de
l’homme. « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous
a donné cette règle. »
Retour à la création
Ensuite, Jésus ramène les pharisiens (et les lecteurs que nous
sommes) à la volonté de Dieu telle qu’elle s’est exprimée au tra-
vers de la création, citant Genèse 1 : 27 et 2 : 24 et indiquant par
là comment les choses devraient se passer. Versets 6-8 : « Mais au
commencement de la création, Dieu les fit homme et femme ; c’est
pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa
femme, et les deux seront une seule chair. »
Et Jésus s’arrête là dans la citation des Écritures. La question se
pose alors : que va-t-il en faire ? De toute évidence, Jésus perçoit
une tension entre Deutéronome 24 et Genèse 1 – 2. Son mais du
début du verset 6 (« Mais au commencement de la création […] »)
est chargé de sens : la volonté de Dieu concernant le divorce telle
qu’elle est exprimée dans la Genèse n’est pas identique à celle qui
est exprimée dans le Deutéronome.
On se demande donc dans quel sens il va aller. Va-t-il déclarer :
« Eh bien, étant donné la dureté de cœur qui règne encore de nos
jours, y compris chez mes disciples, le Deutéronome exprime bien
la volonté de Dieu pour mes disciples aujourd’hui » ? Ou bien
plutôt : « Je suis le Messie, le Christ. Le Fils de l’homme est venu
dans le monde afin de rassembler un peuple qui, par la foi en lui et
l’union avec lui, présente aux yeux de tous la véritable signification
du mariage en restant fidèle jusqu’au bout à l’alliance contractée » ?
Va-t-il mettre en avant la dureté de cœur qui caractérise aussi l’Église,
ou plutôt le fait que les choses anciennes sont passées et que toutes
choses sont devenues nouvelles (2 Corinthiens 5 : 17) ?
192
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e
Genèse 2 : 24 « ils deviendront une seule chair », Jésus en déduit pour
son époque comme pour la nôtre : « Ainsi, ils ne sont [maintenant]
plus deux, mais une seule chair. » Le mariage constitue une union
de cette nature : très profonde, à l’image du Christ et de l’Église, qui
ne forment qu’un seul corps (Romains 12 : 5).
Deuxième conclusion : cette union qui forme une seule chair est
la création – l’œuvre – de Dieu. Ce n’est pas l’œuvre de l’homme. Au
verset 9, Jésus fait clairement référence à « ce que Dieu a uni ». Par
conséquent, même si ce sont deux êtres humains qui décident de se
marier, et que leur union est officialisée et légalisée par un pasteur,
un prêtre, un officier d’état civil ou toute autre personne, tout cela
ne joue qu’un rôle secondaire par rapport à l’acteur principal : Dieu.
« Ce que Dieu a uni » : lors de la cérémonie de mariage, c’est Dieu
qui est l’acteur principal.
Enfin, Jésus tire une troisième conclusion au verset 9 : « Que
l’homme ne sépare donc pas […]. » Le mot traduit ici par « homme »
n’est pas celui qui sert à distinguer l’homme de la femme ; c’est plutôt
le mot qui oppose l’humain au divin. L’opposition est donc la sui-
vante : « Si c’est Dieu qui a uni l’homme et la femme dans le mariage,
alors de simples humains n’ont nullement le droit de séparer ce qu’il
a uni. » Voilà la troisième conclusion que Jésus tire de Genèse 1 – 2.
Puisque c’est Dieu qui a créé cette union sacrée dont le but sacré
est de manifester aux yeux de tous la solidité indestructible de son
amour d’alliance pour son peuple, l’homme n’a tout simplement
pas le droit de détruire ce que Dieu a créé.
193
Ce mariage éphémère
Évidemment, d’aucuns pourraient faire remarquer que le divorce
a toujours été contraire à la signification du mariage – même à
l’époque où l’autorisation du Deutéronome a été écrite. Bonne
remarque. Mais Jésus ne raisonne pas ainsi. Il appelle ses disciples
à mettre la barre plus haut et à ne pas se contenter du compromis
qu’autorise le Deutéronome en raison de la dureté du cœur de
l’homme.
194
L’ É v a n g i l e e t l a n o u v e l l e o b é i s s a n c e r a d i c a l e
195
Ce mariage éphémère
Je souhaite conclure ce chapitre en insistant sur un point : ce
que Jésus déclare ici en Marc 10 : 10-12 est une très bonne nouvelle
– même pour ceux qui ont vécu un divorce et sont remariés. Voici
pourquoi. Jésus déclare : « Ne divorcez pas pour épouser quelqu’un
d’autre. Car cela revient à commettre l’adultère. » Pourquoi est-ce
un adultère ? Finalement, il s’agit bel et bien d’adultère, car cet acte
trahit la vérité concernant le Christ que le mariage est destiné à
manifester aux yeux de tous. Jésus ne fait jamais, jamais cela à son
épouse, l’Église. Il ne l’abandonne jamais, ne la délaisse jamais et
ne la maltraite jamais. Il l’aime toujours. Il l’accueille toujours à
nouveau quand elle s’est égarée. Il est toujours patient envers elle.
Il est toujours prêt à prendre soin d’elle, à pourvoir à ses besoins
et à la protéger. Et, merveille des merveilles, il trouve toujours son
plaisir en elle. Or, que vous ayez été marié une fois, cinq fois ou
jamais, si vous vous repentez et mettez votre confiance en Christ
– c’est-à-dire si vous le recevez comme le Trésor qui a porté votre
châtiment et qui est devenu votre justice –, vous êtes inclus dans
« son épouse ». Et c’est le type de relation qu’il a choisi d’avoir avec
vous. « Quiconque met sa foi en lui reçoit par son nom le pardon
des péchés. » (Actes 10 : 43).
L’appel radical que Jésus nous lance – à savoir, ne jamais divorcer
et nous remarier – est une affirmation clamée haut et fort de l’Évan-
gile par lequel des femmes et des hommes qui ont chuté peuvent
être sauvés. Si le Christ n’était pas ainsi, nous serions tous perdus.
Voici à quel point il est vrai, il est fidèle, à quel point il pardonne.
C’est pourquoi nous sommes sauvés.
196
[Dieu] rend votre mariage indissoluble,
il le protège de tous les dangers qui le menacent
de l’intérieur comme de l’extérieur ;
Dieu veut être le garant de son indissolubilité.
C’est une certitude qui rend heureux celui qui sait
qu’aucune puissance du monde, aucune tentation,
aucune faiblesse humaine ne peut dissoudre
ce que Dieu lie ; en vérité, celui qui sait
cela peut dire sans crainte :
« Ce que Dieu a uni, cela l’homme ne peut le séparer. »
Libérés de cette anxiété que l’amour comporte toujours,
vous pouvez vous dire maintenant l’un à l’autre
avec une certitude et une confiance absolues :
nous ne pouvons plus jamais nous perdre,
nous appartenons l’un à l’autre, par la volonté de Dieu,
jusqu’à la mort.
DIETRICH BONHOEFFER
Résistance et soumission : lettres et notes de captivité, 69
Chapitre quinze
Que l’homme ne sépare donc pas
ce que Dieu a uni :
l’Évangile et le divorce
199
Ce mariage éphémère
cela est donné. Car il y a des eunuques qui le sont depuis
le ventre de leur mère, il y en a qui le sont devenus par
le fait des gens, et il y en a qui se sont rendus eux-mêmes
eunuques à cause du règne des cieux. Que celui qui peut
comprendre comprenne !
M atthieu 19 : 3-12
Rester célibataire
pour démontrer la vérité
Si j’ai ajouté à ce livre qui traite du mariage deux chapitres
sur le célibat, dans lesquels je rappelle sa dignité, sa valeur et son
potentiel pour glorifier le Christ, c’est entre autres parce que je sais
que le divorce précipite dans le célibat des milliers de personnes, et
pour beaucoup contre leur gré. Si nous voulons défendre le mariage
comme étant l’engagement de rester fidèle à un seul conjoint jusqu’à
ce que la mort nous sépare, alors nous devons être prêts à aimer les
célibataires divorcés en leur ouvrant notre cœur, notre maison et
notre famille.
Nous devons garder une perspective claire, biblique et éternelle,
sans jamais oublier qu’en comparaison de la vie éternelle avec Dieu,
200
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e
notre vie sur terre est très courte – que nous soyons célibataires ou
mariés, divorcés ou pas. Jacques a écrit : « Vous êtes en effet une
vapeur qui paraît pour un peu de temps et qui ensuite disparaît »
(Jacques 4 : 14). Si quelqu’un désire rester célibataire afin d’honorer
ses vœux de mariage, cette perspective sera cruciale.
201
Ce mariage éphémère
1. La mort met-elle fin au mariage en rendant ainsi
légitime le remariage du conjoint survivant ?
La réponse est oui, et personne ne met sérieusement en doute
cette position. Un des passages-clés à ce sujet est Romains 7 : 1-3 :
Ignorez-vous, mes frères – je parle à des gens qui connaissent
la loi – que la loi exerce sa maîtrise sur l’être humain aussi
longtemps qu’il vit ? Ainsi, une femme mariée est liée par la loi
à son mari tant qu’il est vivant ; mais si son mari meurt, elle
est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant
de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, on la
dira adultère, mais si son mari meurt, elle est libérée de la loi :
elle n’est donc pas adultère si elle devient la femme d’un autre
homme.
Paul déclare donc que divorcer et se remarier alors que son
conjoint est encore en vie équivaut à un adultère, ce qui n’est pas
le cas après le décès du conjoint. Je pense que c’est parce que Jésus
a clairement expliqué qu’à la résurrection le mariage n’existera plus
(Matthieu 22 : 30). Par conséquent, affirmer qu’il est interdit de se
remarier après la mort du conjoint reviendrait à dire que le mariage
reste valide au-delà de la mort, donc à la résurrection. Or, ce n’est
pas le cas : la mort marque la fin définitive et éternelle du mariage.
Ayant quitté la sphère terrestre où a cours le mariage, le conjoint
décédé n’est plus marié. Et, de ce fait, l’autre conjoint qui lui survit
sur terre n’est plus marié lui non plus. Par conséquent, le remariage
après la mort d’un conjoint est non seulement légitime, mais il
affirme une vérité biblique on ne peut plus claire : après la mort, le
mariage n’existe plus.
202
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e
203
Ce mariage éphémère
La troisième raison pour laquelle je pense que les couples remariés
doivent rester ensemble est qu’une fois qu’un serment a été prononcé
il doit généralement être respecté, et ce, même s’il n’aurait jamais dû
être fait. Je me garderais d’en faire une vérité absolue valable pour
toutes les situations imaginables, mais on trouve dans la Bible des
passages qui parlent de serments qui n’auraient pas dû être faits et
qui ont quand même dû être tenus (comme le serment que Josué
fit aux Gabaonites en Josué 9). Dieu accorde une très grande valeur
au fait de respecter notre parole, même si cela doit nous créer des
ennuis (Psaume 15 : 2-4 : « Celui qui suit la voie de l’intégrité […]
ne se rétracte pas, s’il fait un serment à son préjudice »). Autrement
dit, même s’il aurait été davantage conforme à la volonté révélée de
Dieu de ne pas se remarier, commettre un autre péché en rompant
de nouveau une alliance n’est pas plus agréable à Dieu14.
Dans l’Église où j’exerce mon ministère, nous avons des couples
pour lesquels c’est le deuxième mariage de l’un des conjoints ou
même des deux. Certes, ces unions n’auraient à mon avis pas dû
se faire, mais ce sont aujourd’hui des couples qui honorent Dieu :
des couples qui sont purs et saints, et dont les deux conjoints
pardonnés et justifiés sont agréables à Dieu en raison de la nature
de leur relation. Dans la mesure où ce sont des disciples de Jésus
pardonnés, purifiés et qui vivent sous la conduite de l’Esprit, ils ne
commettent pas l’adultère par leur mariage. Ces couples n’ont pas
démarré comme ils auraient dû, mais ils sont devenus saints.
Les divorces forcés d’Esdras 10 sont une exception à cette règle qui s’explique proba-
14
blement par la situation tout à fait spécifique dans laquelle se trouvait le peuple d’Israël
sous l’ancienne alliance, vivant au milieu de peuples païens idolâtres et transgressant la
loi de Dieu qui interdisait le mariage avec les membres d’autres ethnies. Nous savons, à
partir de 1 Corinthiens 7 : 13 et 1 Pierre 3 : 1-6, que la réponse chrétienne aux mariages
mixtes entre un croyant et un non-croyant n’est pas le divorce.
204
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e
Le livre de Paul K. Jewett intitulé Infant Baptism and the Covenant of Grace (Grand
15
Rapids, MI : Eerdmans, 1978), p. 122-138, m’a paru très utile pour mieux comprendre
ce passage.
205
Ce mariage éphémère
Premièrement, je pense que Paul veut dire par là que le croyant
n’est pas tenu de rester marié si son conjoint non croyant persiste
à vouloir le quitter et entame une procédure de divorce. Il ne veut
pas dire : « le frère ou la sœur n’est pas lié par son statut de céliba-
taire divorcé – et a donc le droit de se remarier », car Paul, ardent
défenseur du célibat, n’y aurait jamais fait référence en termes de lien
comme s’il s’agissait de quelque servitude. Il est très peu probable
que Paul se serait exprimé ainsi.
Deuxièmement, il se trouve que Paul vient d’orienter ses lecteurs
dans la direction opposée. Versets 10-11 (S21) : « À ceux qui sont
mariés j’adresse, non pas moi, mais le Seigneur, cette instruction :
que la femme ne se sépare pas de son mari – si elle est séparée de
lui, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son
mari – et que le mari ne divorce pas de sa femme. » Avec une telle
déclaration sous les yeux (« si elle est séparée de lui, qu’elle reste
sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son mari »), je suis peu
enclin à croire que Paul puisse approuver le remariage quatre versets
plus loin.
La troisième raison pour laquelle je ne crois pas qu’en écrivant
« le frère ou la sœur n’est pas lié dans un tel cas » Paul se déclarait
favorable au remariage, c’est que l’argument qu’il donne au verset
suivant (v. 16) ne va pas du tout dans ce sens. C’est un argument
en faveur de la liberté, non pas de se remarier, mais d’accepter le
divorce de façon pacifique. Lisons ce verset : « En effet, comment
peux-tu savoir, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou comment
peux-tu savoir, mari, si tu sauveras ta femme ? » Autrement dit, tu
ne le sais pas, de sorte que tu ne peux pas te servir de cet argument
pour créer un conflit dans le but de rester marié. Par conséquent,
quand Paul écrit au verset 15 que « le frère ou la sœur n’est pas
lié dans un tel cas », cela signifie : vous n’êtes pas tenus de rester
mariés à votre conjoint non croyant s’il exige de divorcer, car vous
n’avez aucune certitude qu’en vous battant pour rester ensemble
vous le sauverez.
Enfin, la quatrième raison pour laquelle je crois que Paul défend
la position de Jésus contre le remariage après un divorce aussi
206
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e
La « clause d’exception »
Ce qui est dit en Matthieu 19 : 3-12 est très proche des paroles de
Jésus que nous avons vues en Marc 10 : 1-12. Il y a cependant deux
différences majeures. La première se trouve au verset 9, où figure une
clause d’exception : « Mais, je vous le dis, celui qui répudie sa femme
– sauf pour inconduite sexuelle – et en épouse une autre commet
l’adultère. » La plupart des spécialistes estiment que les mots « sauf
pour inconduite sexuelle » signifient qu’en cas d’adultère le conjoint
lésé a le droit de divorcer et de se remarier.
Voir les chapitres 40–42 de mon ouvrage intitulé What Jesus Demands from the
16
World (Wheaton, IL : Crossway Books, 2006), p. 301-322. Voir aussi « Divorce and
Remarriage : A Position Paper » (21 juillet 1986) sur le site http://www.desiringgod.
org/ResourceLibrary/Articles/ByDate/1986/1488_Divorce_and_Remarriage_A_Posi-
tion_Paper.
207
Ce mariage éphémère
208
L’ É v a n g i l e e t l e d i v o r c e
209
Conclusion
Ce mariage éphémère
17
Juan Williams, Enough (New York : Three Rivers Press, 2006), p. 216.
211
Ce mariage éphémère
Évidemment, il y a des non-croyants dont le mariage dure et
qui prospèrent sur le plan matériel. Néanmoins, la dynamique per-
sonnelle qui leur permet de rester ensemble est plus profondément
ancrée dans le dessein de Dieu qu’ils n’en ont conscience. En effet, ils
ne se regardent pas l’un l’autre en se disant que leur amour s’est avéré
être un placement financier judicieux. Très peu de couples perdurent
ensemble grâce à un matérialisme primaire. Il reste toujours quelques
vestiges de la vision qu’avait Dieu pour le mariage. Certes, ils sont
peut-être déformés et cachés, mais ils sont néanmoins bien présents.
La grâce commune de Dieu permet à un grand nombre de fleurs
coupées de s’épanouir jusqu’à ce qu’elles meurent.
Je ne prononce donc pas mon dernier plaidoyer en méconnais-
sant l’importance des avantages matériels du mariage. Je désire
que tout le monde s’épanouisse sur tous les plans. Je désire que
les pauvres aient un foyer stable et qu’ils connaissent la joie d’un
travail productif qui leur permette de subvenir à leurs besoins.
Alors, dans l’intérêt même de ces effets bénéfiques du mariage,
proclamons avec joie que le mariage a des raisons d’être beaucoup
plus profondes.
Le mariage n’a pas pour objectif principal la prospérité écono-
mique ; sa finalité est avant tout de démontrer aux yeux de tous
l’amour d’alliance entre le Christ et son Église. Connaître le Christ
est plus important que gagner sa vie. Faire du Christ son trésor est
plus important qu’avoir des enfants. Être uni au Christ par la foi
favorise davantage la réussite d’un couple qu’une sexualité parfaite
ou la prospérité offerte par un double revenu.
Si nous donnons la première place aux choses secondaires,
celles-ci ne sont plus secondaires et deviennent des objets d’idolâtrie.
Elles ont, certes, leur place, mais elles ne sont ni primordiales ni
garanties. La vie est précaire, et même si elle peut sembler longue
à l’échelle humaine, elle est courte. « Vous qui ne savez pas ce que
votre vie sera demain ! Vous êtes en effet une vapeur qui paraît pour
un peu de temps et qui ensuite disparaît » (Jacques 4 : 14). « Ne te
vante pas du lendemain : tu ne sais pas ce qu’un jour peut enfanter »
(Proverbes 27 : 1).
212
Ce mariage éphémère
213
Quelques mots
de remerciement
215
Ce mariage éphémère
Merci, Karsten, Benjamin, Abraham, Barnabas et Talitha, de
nous avoir permis de nous faire la main sur vous dans le cadre de
notre premier mariage. Nous n’aurons pas de deuxième chance. En
fait, notre deuxième chance, c’est vous. Notre prière est que, ayant
été témoins de nos erreurs, vous fassiez mieux que nous.
Merci, Bethlehem Baptist Church, de nous avoir aimés et d’avoir
prié pour nous pendant vingt-huit de ces quarante années, et de nous
avoir soutenus dans notre couple et notre rôle de parents pendant
les moments les plus durs et les meilleurs (qui étaient parfois les
mêmes). Je n’aurais voulu passer notre vie et élever nos enfants nulle
part ailleurs.
Merci à nos parents, Ruth et Bill Piper, et George et Pamela
Henry, qui nous ont donné un fondement solide et ont été si souvent
de bons exemples. À côté, les exemples négatifs sont totalement
secondaires. Par-dessus tout, merci de nous avoir communiqué et
montré en actes l’Évangile de Jésus-Christ. Il n’existe pas de meilleur
héritage que le Christ.
Merci à nos amis, notamment David et Karin Livingston, et Tom
et Julie Steller, qui connaissent nos manquements peut-être mieux
que quiconque et qui nous ont ouvert leur cœur et leurs oreilles dans
les moments les plus difficiles.
Merci à mon assistant David Mathis qui, grâce à son aptitude
à anticiper et à me décharger de mes fardeaux, m’a permis d’avoir
l’esprit libre pour pouvoir réfléchir, prier et écrire au moment venu.
Merci, David, d’avoir passé en revue le manuscrit avec moi plusieurs
fois et pour toutes tes bonnes suggestions.
Merci, Carol Steinbach, ainsi qu’à ton équipe, pour les index.
Parmi tous les membres de l’équipe de Desiring God, c’est toi qui
nous connais depuis le plus longtemps et tu es toujours là, désireuse
de nous apporter ton aide. C’est incroyable !
Noël, si nous vivons encore une vingtaine d’années (j’aurai alors
82 ans et toi 80), notre mariage aura duré soixante ans. Et à en juger
par ce que je vois dans la Bible et ma mémoire, ce mariage n’aura été
qu’éphémère. Mais, en réalité, il a été tellement plus qu’éphémère.
216
Quelques mots de remerciement
217
Index général
Absence de crainte, 114 Beauté, 37-38, 40, 69, 107, 115, 117,
150, 170, 211
Adoption, 166
Bible, 17, 23, 27, 46, 48, 51, 55, 86,
Adultère, 28, 62, 149, 151-152, 155,
99-100, 102, 105-106, 113-114, 116-117,
157, 185-186, 189, 192-194, 197, 200,
125, 140, 150, 165, 170, 177, 202, 205,
201-202, 205-206
213-214 voir aussi Écritures
Analogie avec la prière, 80-81
Bigame, 60
Ancien Testament, 88, 99, 189
Bouses de vache, 69-70
des règles pour un peuple particulier
à une époque particulière, 189
Caractère totalement objectif de
Apogée de la gloire de Dieu, 17
notre salut, 52
Argent, 109, 149, 152-153
Célibat, célibataire, 123-126, 130-131,
Autorité, 34, 51, 60, 79-81, 85-95, 133-134, 137-138, 141-142, 145, 153-154,
98-101, 105-108, 112, 116-117, 119-121, 165, 186, 193, 198-199, 204, 207
156, 169, 175-176 ce que le célibat démontre le mieux,
battue en brèche, 86 133-134
étendue à l’éducation des enfants, des bénédictions plus grandes que
175-176 les enfants, 125-126
être le principal responsable, et non le peuple de l’alliance et la procréa-
pas le seul responsable, 105, 107 tion, 126-127
Paul, défenseur du, 202-205
219
Ce mariage éphémère
pourquoi un chapitre sur le célibat acteur principal du mariage, 26-27,
dans un livre sur le mariage ?, 124 190-191
récompenses particulières, 133
apogée de la gloire de sa grâce, 17
Christ,
ce qui rend le divorce insupportable à
ses yeux, 29
incarnation du, 34
colère de, 32, 51-52, 101, 189
le mariage est conçu sur le modèle de
l’engagement contractuel du Christ fait et défait le mariage, 199
envers son Église, 28-29 le mariage c’est la grâce de l’alliance
personne et œuvre du, 62-63 exposée à la vue de tous, 47-57, 87
le mariage comme formidable
Ciel, 21, 60, 133, 139, 150 modèle permettant de manifester la
grâce de, 54-55
Colère, 32, 51-52, 66, 101, 104, 107,
143, 173–182, 186, 189, 192
le mariage comme un reflet de, 48-49
le mariage est destiné à glorifier, 27
dévore les autres émotions, 177, 180
le mariage est l’œuvre de, 48
légitimement évitée, 178
mise en évidence de sa gloire, 34
vaincre la colère chez les pères
et les
enfants, 173–182 pourquoi nous a-t-il donné un
corps ?, 139-140
Colère de Dieu, 32, 51-52, 101, 189 ses voies sont bonnes pour nous, 120
Compost, souveraineté de, 80, 113-114, 178
tas de, 56, 69-70 unit deux époux qui deviennent une
seule chair, 26-27
Corps,
pourquoi Dieu nous a-t-il donné un, Divorce et remariage, 185-207
139-140 aimer les divorcés, 187
aucune exception ?, 205-206
Croix (du Christ), 33-34, 47, 49,
52-54, 56, 61-62, 107, 122, 169, 203 ce n’est pas permis, 191-192
devrait-on annuler un deuxième
Culture,
mariage après un divorce ?, 200-202
cultures où la nudité est normale, 43 Dieu fait et défait le mariage, 199
note 7
insupportables aux yeux de Dieu, 29
perversion du mariage, 23
la bonne nouvelle de la grâce dans un
plus très loin de sombrer, 23 commandement radical, 193-194
s’extirper du mirage, 23 la clause d’exception, 205-206
prendre au sérieux ce qui est sacré,
Danger des reproches continuels, 188
82 quand le Christ divorcera, nous
le pourrons nous aussi, 188
Dieu, quatre questions pressantes, 199-207
a donné la première femme en
ravages du, 186-187
mariage à son époux, 25
remariage après la mort d’un
a donné naissance au mariage par sa
conjoint, 200
parole, 25-26
220
Index général
221
Ce mariage éphémère
Le Christ comme Sauveur, faire des bébés… des disciples, 163
Seigneur, et Trésor, 35, 210-211 faire des enfants… des disciples de
Jésus, 161-182
Leadership, 92, 95, 97-109, 116, 118-
foi et sexualité dans le, 149-159
119, 176
foi sublime d’une soumission dénuée
Lévirat, 127 de crainte, 111-121
formidable modèle permettant de
manifester la grâce de, 54
Mari,
indissoluble, 148, 184, 196
changement nécessaire chez tous les,
81 la grâce de l’alliance exposée à la vue
de tous, 47-57
fondements de l’autorité, 85-95
la mort marque la fin définitive et
le mari chrétien comme la tête,
éternelle du, 200
85-109
le célibat, le mariage et la vertu
mourir pour sa femme, 79
chrétienne de l’hospitalité, 137-146
pas le Christ, 78
le dessein de Dieu, 24-25, 27
qu’aucune femme ne regrette d’avoir
le mari chrétien comme la tête,
épousé, 109
85-109
que signifie diriger ?, 97-109
le mariage humain disparaitra, 15, 60
ressembler au Christ et non au, 78
manifester la gloire de l’Évangile dans
Mariage, la vie de tous les jours, 30
avoir des centaines d’enfants, 166 mystère du mariage dévoilé, 28-29
avoir des enfants est conforme à la nature temporaire et secondaire du
volonté de Dieu, 164-165 mariage et de la famille, 130-131
avoir des enfants n’est pas le but nus sans en avoir honte, 33-45
universel, 165-166 œuvre de Dieu, 24-27
ce mariage éphémère, 209-211 pardonner et supporter, 59-71
célibataire dans le Christ: «un nom pas avant tout rester amoureux l’un
meilleur que des fils et des filles», de l’autre, 21-30, 36, 87
123-134 permanence du, 22
conçu sur le modèle de l’engagement perversion du mariage par la société,
contractuel du Christ envers son 23
Église, 28
que l’homme ne sépare pas ce que
destiné à glorifier Dieu, 27 Dieu a uni, 185-207
Dieu a donné la première femme en respecter son engagement, 29, 36, 74,
mariage à son époux, 25 193, 202
Dieu a donné naissance au mariage ressembler au Christ au sein de
par sa parole, 25-26 l’alliance, 73-83
Dieu est l’acteur principal du rôles : pas attribués de manière
mariage, 26-27, 190-191 arbitraire, 93
Dieu unit deux époux qui deviennent rôles : une responsabilité, pas un
une seule chair, 26-27 droit, 94-95, 100
et martyre, 13–17
222
Index général
Mort, 13–16, 18, 28-30, 34, 44, 47, 49, Priorités en priorité, 87
52, 60-61, 64, 66, 69, 79, 83, 100-101,
121-122, 128-130, 139, 156, 159, 179,
Régénération, 125, 129, 130, 134, 137
186-187, 193, 196, 198-201, 205
fin définitive et éternelle du mariage, Régime nazi, 13
200
Remariage, voir Divorce et remariage
Mystère, 12, 22-23, 28-29, 35, 48-49,
73, 86, 88-91, 93, 98
223
Ce mariage éphémère
Ressembler au Christ au sein de si je suis satisfait en christ, pourquoi
l’alliance, 73-83 avoir des relations sexuelles ?, 153-154
Signification des vêtements, 44-45
Saint-Esprit, 23, 33-34, 55, 91, 206, Souffrance, 13, 17, 30, 55, 68, 79, 128
211
Soumission, 49, 51, 60, 77, 79-81, 87,
Sainteté, 20, 64, 70, 78-79, 82, 177, 203
90-95, 100, 111-121
Salut, bien particulière, 115-116
caractère totalement objectif de ce qu’est la, 119-120
notre, 52 ce que la soumission n’est pas,
116-119
Sanctification, 99,133
mutuelle, 90-93
Séparation rédemptrice, 62 un appel à tous les chrétiens, 112-113
Sexualité, 18, 22-23, 27, 36, 132, 140- Substitution, 53
142, 149-159, 197, 203, 205, 207, 210
ce que nous faisons n’est pas sale,
154-155 Tas de compost, 56, 69-70
chacun des conjoints désire satisfaire Tsunami, 51
l’autre, 158
cicatrices laissées par le péché
pardonné, 155-156 Un reflet divin vient éclairer notre
conseils de Luther en matière de, 158 vie terrestre, 84
note 13 Union en un seul esprit, 35-36
faire échec à Satan grâce à des rela-
tions sexuelles fréquentes, 156-157
la foi se sert de la, 156 Vêtements,
la sexualité qui provient de la foi n’est signification des, 44-45
pas un péché, 151-153 Vie éternelle, 17, 131 166, 198
le top des relations sexuelles : trouver
sa joie dans celle du conjoint, 157-158
Vœux de mariage, 26, 49, 69, 199
pièce avec des scènes en privé, 151
sanctifiée, 159
224
Index de références bibliques
225
Ce mariage éphémère
24 : 1 �����������������������������������189 49 : 7-8 ���������������������������������53
25 : 6 �����������������������������������127 84 : 11 �����������������������������������69
31 : 6 �����������������������������������153 96 : 4 �����������������������������������139
115 : 3 ���������������������������������113
Josué
127 : 4-5 �����������������������������164
9 �����������������������������������������202
Cantique des cantiques
Juges
1 :2 �������������������������������������151
10 : 18 �����������������������������������99
11 : 8-9 ���������������������������������99 Proverbes
11 : 11 �����������������������������������99 5 : 18-19 �����������������������������151
11 : 37-38 ���������������������������128 6 : 20-21 �����������������������������168
27 : 1 �����������������������������������210
Ruth
31 : 25 ���������������������������������113
4 : 10 �����������������������������������128
Ésaïe
1 Samuel
7 : 8 ���������������������������������������99
24 : 22 ���������������������������������127
41 : 10 ���������������������������������104
2 Samuel 53 : 5-6 ���������������������������������61
18 : 18 ���������������������������������126 54 : 1 �����������������������������������129
22 : 44 �����������������������������������99 56 : 1-7 �������������������������������124
56 : 4-5 �����������������������125, 128
Esdras
56 : 5 �����������������������������������129
10 ���������������������������������������202
Psaumes Habacuc
2 : 14 �����������������������������������164
6 : 7 �������������������������������������186
15 : 2-4 �������������������������������202 Matthieu
18 : 43 �����������������������������������99 1 : 19 �����������������������������������206
19 : 1 �����������������������������������139 5 : 16 �������������������������������������50
23 : 6 �������������������������������������69 5 : 17 �����������������������������������192
226
Index de références bibliques
227
Ce mariage éphémère
4 : 18 �����������������������������36, 201 15 : 7 �����������������������������58, 145
8 : 41 �����������������������������������206 16 : 13 ���������������������������������167
13 : 35 ���������������������������������143
1 Corinthiens
Actes 2 : 14 �������������������������������������33
10 : 43 ���������������������������������194 4 : 12 �������������������������������������68
4 : 15 ���������������������������130, 167
Romains
6 : 15-17 �������������������������������36
1 : 20 �����������������������������������139
6 : 16-17 �������������������������������35
3 : 10 �������������������������������������53
7 : 3-5 �������������������������156, 157
4 : 4-6 �����������������������������������53
7 : 7 �����������������������������133, 165
5 : 1 ���������������������������������������53
7 : 8 �������������������������������������132
5 : 8 �������������������������������64, 101
7 : 9 �������������������������������������142
5 : 10 �����������������������������������101
7 : 10-11 �����������������������������193
5 : 19 �������������������������������������53
7 : 12-16 ���������������������193, 203
7 : 1-3 �������������������������193, 200
7 : 13 �����������������������������������202
8 : 1 ���������������������������������������53
7 : 26 �����������������������������������165
8 : 3 ���������������������������������������53
7 : 29 �������������������������������������17
8 : 21 �������������������������������������16
7 : 32-35 �����������������������������132
8 : 28 �����������������������������69, 156
7 : 39 �����������������������������������193
8 : 31 �����������������������������������181
10 : 11 ���������������������������������143
8 : 33 �������������������������������������63
10 : 12 ���������������������������������213
9 : 8 �������������������������������������166
10 : 31 ���������������������������50, 139
10 : 4 �������������������������������������53
11 : 26 ���������������������������������139
12 : 5 �����������������������������������191
13 : 6 �������������������������������������39
12 : 10 ���������������������������������158
13 : 7-8 ���������������������������������68
12 : 19 ���������������������������������207
12 : 20 ���������������������������������138 2 Corinthiens
14 : 23 ���������������������������������152 4 : 6 ���������������������������������������34
228
Index de références bibliques
229
Ce mariage éphémère
1 Thessaloniciens Jacques
2 : 7 �����������������������������102, 130 1 : 19 �������������������������������������66
5 : 15 �������������������������������������68 4 : 14 ���������������������������199, 210
1 Timothée 1 Pierre
2 : 9-10 ���������������������������������44 1 : 3-4 ���������������������������������130
4 : 1-3 ���������������������������������150 2 : 9 ���������������������������������������63
4 : 1-5 ���������������������������������140 2 : 13-17 �����������������������������112
4 : 3 �������������������������������������155 2 : 24 �����������������������������������101
4 : 4-5 ���������������������������������154 3 : 1-6 �����������������111, 116, 202
3 : 1 �������������������������������82, 112
2 Timothée
3 : 2 ���������������������������������������82
1 : 5 �������������������������������������168
3 : 4-5 �����������������������������������44
3 : 12 �����������������������������������114
3 : 14 �����������������������������������114
3 : 14 �����������������������������������168
4 : 7-11 �����������������������137, 142
Tite 4 : 7 �������������������������������������143
2 : 14 �������������������������������������79 4 : 8 ���������������������������������������39
4 : 19 �����������������������������������114
Hébreux
1 : 1-2 ���������������������������������143 1 Jean
1 : 3 ���������������������������������������34 3 : 16-17 �����������������������������144
11 : 1 �����������������������������������152
13 : 4-5 �����������������������149, 151 Apocalypse
5 : 5 ���������������������������������������86
13 : 4 �����������������������������������153
19 : 7 �������������������������������������79
13 : 5 �����������������������������30, 152
230
Si vous souhaitez poursuivre plus avant l’étude de la vision de Dieu
et de la vie présentée dans ce livre, le ministère de Desiring God se tient
à votre disposition. Nous avons des centaines de documents18 qui vous
aideront à approfondir votre amour et votre zèle pour Jésus-Christ, et
à les partager autour de vous. Vous trouverez sur notre site Internet
desiringGod.org la quasi-totalité des écrits et des prédications de John
Piper, et notamment plus de trente ouvrages. Nous avons mis en ligne
plus de vingt-cinq ans de ses sermons, que vous pouvez lire, écouter,
télécharger, et, pour certains, visionner gratuitement en ligne.
Vous pouvez en outre accéder à des centaines d’articles, consulter
le planning des interventions de John Piper, prendre connaissance de
notre calendrier de conférences, découvrir nos programmes bibliques
pour enfants et parcourir les rayons de notre magasin en ligne. John
Piper ne perçoit aucuns droits d’auteur sur les ouvrages qu’il écrit ni
aucune rémunération de Desiring God. Tous les fonds sont réinvestis
dans nos actions en faveur de la propagation de l’Évangile. Desiring
God pratique par ailleurs une politique tarifaire individualisée tenant
compte des moyens financiers de chacun. Si vous souhaitez en savoir
plus sur cette politique, veuillez nous contacter à l’adresse ou au numéro
de téléphone indiqués ci-dessous. Notre raison d’être est de vous aider à
chérir par-dessus tout Jésus-Christ et son Évangile, car c’est quand vous
trouvez votre plus grande satisfaction en lui que Dieu est le plus glorifié
en vous. N’hésitez pas à nous faire savoir comment nous pouvons vous
servir dans ce sens !
Desiring God
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18
NDE : Beaucoup de ces ressources sont disponibles en langue française
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231
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Certes, le mariage c’est pour toute la vie, mais il n’est pas éternel.
Le mariage est un excellent cadeau de Dieu, mais c’est un
cadeau éphémère. Pendant nos quelques années sur la
terre, apprenons à vivre cet engagement comme
un reflet de l’alliance entre Dieu et l’Église.
À P R O P O S D E L’A U T E U R
John Piper est pasteur honoraire et auteur
de nombreux ouvrages dont Au risque d’être
heureux et Que les nations se réjouissent !
Il est marié à Noël depuis près de 50 ans.
Ils ont cinq enfants et douze petits-enfants.
15,90€
publié au Canada par ISBN 978-2-36249-395-9
9 782362 493959