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Sandro ZATTA
L'auteur est licencié en Education physique et agrégé de l'enseignement secondaire supérieur (ULg, 1997). Il
travaille actuellement comme assistant dans le service de Pédagogie des APS de l'Université de Liège et s'est
spécialisé dans l'encadrement d'activités physiques d'entretien. Les illustrations ont été réalisées par Charles
Renson.
INTRODUCTION
D'un point de vue général, la musculature abdominale est primordiale dans toutes activités sportives. Par leur
situation anatomique, les abdominaux sont le centre de transmission de la force dans le corps et principalement
des membres inférieurs vers le tronc. Un déficit à ce niveau entrave donc l'efficience de certains gestes sportifs
(mauvaise transmission d'énergie) et peut également induire des blessures au niveau lombaire.
La plupart des sportifs sont conscients de l'importance de la musculature abdominale et accordent un temps
considérable à leur développement. Malheureusement, le manque d'information sur l'anatomie et la
biomécanique des abdominaux engendre un grand nombre d'erreurs dans les exercices normalement conçus pour
le travail abdominal. En fait, ce qui se passe, c'est que ces exercices travaillent de manière préférentielle les
fléchisseurs des hanches, ce qui accentue les risques de traumatismes lombaires. Ceci sera détaillé par la suite.
Cet article aura pour objet d'apporter aux lecteurs les notions anatomiques et biomécaniques nécessaires pour
comprendre le fonctionnement des abdominaux. Ceci leur permettra la conception d'exercices spécifiques qui
axent le travail principalement au niveau abdominal. Une série d'exercices sera présentée et décrite afin
d'illustrer les conseils pratiques donnés dans l'article.
RAPPEL ANATOMIQUE
Il existe quatre grands types d'abdominaux. Pour chacun d'eux, nous rappellerons les insertions musculaires
(origine et terminaison) et leurs différentes actions.
Origine: bord inférieur des huit dernières côtes et s'imbriquant avec les digitations du grand dentelé.
Terminaison: moitié antérieure de la crête iliaque, arcade crurale, symphyse pubienne et ligne blanche.
Action: fléchit le tronc, la partie droite du muscle entraîne une rotation vers la gauche et inversement pour la
partie gauche du muscle.
Origine: moitié externe de l'arcade crurale, deux tiers antérieurs de la crête iliaque et aponévrose dorso-lombaire.
Terminaison: cartilages costaux des 8ème, 9ème et 10ème côtes et ligne blanche.
1
Aménagement de la version originale par Marc CLOES (2003)
Action: fléchit le tronc, la partie droite du muscle entraîne une rotation vers la droite et inversement pour la
partie gauche du muscle.
Origine: tiers externe de l'arcade crurale, lèvre interne de la crête iliaque, face interne des cartilages des six
dernières côtes, aponévrose dorso-lombaire.
Terminaison: épine du pubis et crête pectinéale et ligne blanche rejoignant son homologue controlatéral.
Action: expiration forcée par dépression de la paroi abdominale.
Les grands obliques exercent leur action de chaque côté de la paroi abdominale. Ils participent à la torsion du
tronc quand ils agissent indépendamment l'un de l'autre. Leur action simultanée entraîne la flexion du tronc en
avant, contribuant à l'action du grand droit. Quand le coude gauche vient toucher le genou droit, le grand oblique
est sollicité. La rotation droite du tronc met en jeu le grand oblique droit.
Le petit oblique ayant un trajet de direction opposée à celle du grand oblique, sa contraction entraîne une
rotation vers la gauche
du tronc et inversement
pour le petit oblique
droit. Lorsque le coude
gauche vient en contact
du genou droit, le grand
oblique gauche et le petit
oblique droit concourent
à la rotation du tronc et
vice versa.
On préconise pour le
travail des obliques tous
les exercices de rotation
et de flexion latérale du
Figure 8 - Exercice
visant à rapprocher le Figure 9 - Exercice de flexion latérale du tronc tronc (figure 9).
bassin de la cage
thoracique
Revue de l’Education Physique, Vol. 39, 2, 1999, 51-66 (3)
Renforcement des fibres transversales
Le transverse de l'abdomen est le muscle principal de l'expiration forcée, son action conjugée avec les fibres
verticales et obliques contribue au maintien de la sangle abdominale. Le muscle est mis en action en ramenant le
contenu viscéral vers l'axe rachidien (figure 10).
On renforce donc le transverse de l'abdomen en effectuant des exercices respiratoires avec expiration forcée,
des contractions isométriques et des exercices de flexion du tronc en rentrant le ventre.
Les muscles abdominaux et les muscles extenseurs de la hanche permettent le maintien de la colonne
vertébrale et du bassin, de cette manière, la transmission de force venant des membres inférieurs peut s'effectuer
vers le tronc de manière efficace. Si on manque de tonicité à ce niveau, la rigidité de la colonne sera moins
efficace et une bonne partie de l'énergie transmise par les membres inférieurs sera gaspillée par la déformation
de la courbure vertébrale et des mouvements inutiles du bassin (figures 11 et 12).
PROBLEMATIQUE DU PSOAS-ILIAQUE
Le psoas-iliaque est un muscle profond qui s'insère sur les vertèbres lombaires et
rejoint l'iliaque pour se terminer sur la partie supérieure du fémur (figure 13). Dans sa
fonction principale, le psoas-iliaque est un muscle fléchisseur de hanche mais si les
cuisses sont fixées, il exécute une traction sur la colonne vertébrale et une flexion du
bassin sur la cuisse.
Beaucoup de sportifs croient travailler leurs abdominaux par des exercices de
battements de jambes et de pédalages (figure 14). Mais si on fait l'expérience simple
suivante: en position couchée, soulever les membres inférieurs et attendre, on finit par
avoir mal au niveau lombaire et on observe un décollement de la colonne à ce niveau
(figure 15).
Figure 13 - Psoas-iliaque
Revue de l’Education Physique, Vol. 39, 2, 1999, 51-66 (4)
Figure 14 - Exercices de Figure 15 - Décollement Figure 16 - Traction
pédalages et de battements de lombaire lors d'exercices en du psoas-iliaque sur
jambes station couchée la colonne vertébrale
Le psoas-iliaque étant un muscle qui va de la colonne lombaire au fémur, il a tendance à «tirer» sur cette
colonne et provoquer la cambrure du dos (figure 16).
Tous les exercices où les jambes entrent en action ne sont pas intéressants car si les abdominaux sont trop
faibles ou se fatiguent vite, ils se relâchent et le bassin bascule, ce qui provoque une accentuation de la lordose
lombaire. Cela va présenter des risques importants pour les enfants, les femmes et les personnes sédentaires qui
souffrent déjà d'hyperlordose.
De plus, pour le travail des abdominaux, on préconise des exercices qui permettent leur raccourcissement et
pour les exercices avec mouvement de jambes, un travail plus en isométrie. Quand on répète trop ce genre
d'exercices qui sollicitent énormément le psoas-iliaque,
celui-ci se raccourcit et devient hypertonique ce qui
provoque une hyperlordose permanente.
En ce qui concerne les exercices préconisant la flexion
du tronc sur les cuisses, ils posent le même problème,
surtout quand les jambes sont tendues (figure 17). En fait, si
les membres inférieurs sont fixés, le psoas-iliaque devient
fléchisseur du tronc et, comme le grand droit est souvent
trop faible, c'est le psoas qui exécute la flexion du tronc sur
le bassin, ce qui s'accompagne d'une hyperlordose. Le grand
droit n'intervient que beaucoup plus tard dans la flexion. Figure 17 - Exercices jambes tendues
IMPLICATIONS PRATIQUES
Figure 21 - Importance de la position des Figure 22 - Départ dos arrondi pour les
bras dans les abdominaux abdominaux avec redressement du tronc
Revue de l’Education Physique, Vol. 39, 2, 1999, 51-66 (6)
NOTIONS D'ANTEVERSION ET DE RETROVERSION DU BASSIN
Le bassin est composé de trois os encastrés formant une cuvette (figure 23).
La colonne lombaire est posée sur l’arrière du bassin sur une structure osseuse
appelée sacrum, c’est un os plat et oblique, encastré à l’arrière du bassin qui
présente une face supérieure très inclinée.
Normalement rapprochée, la face supérieure du sacrum fait un angle de 30°
avec l’horizontale: cet angle correspond à la position normale du bassin. Si cette
angulation est maintenue au repos ou au cours d’un effort, on dit que le bassin
est «bien placé» (figure 24). Le critère permettant de qualifier le bassin de «bien
placé» est le respect de la courbure lombaire naturelle.
Mais le bassin peut basculer et la face supérieure du sacrum s’oriente suivant
cette bascule. Quand le bassin bascule vers l’avant ainsi que la face supérieure
du sacrum, on est en antéversion (figure 25) et quand la bascule se fait vers
l’arrière on est en rétroversion (figure 26).
L’équilibre de notre bassin sur les deux fémurs est fragile, celui-ci bascule
facilement et principalement en avant à cause du poids du tronc qui s’exerce en Figure 23 - Schéma du
avant, ce qui favorise l’hyperlordose et tous les problèmes qu’elle entraîne. Cet bassin
équilibre est encore plus fragile lors de la pratique sportive. Au cours d’un geste 1. Crête iliaque
sportif, le placement du bassin à tendance à se modifier en antéversion: 2. Face interne de l'ilion
mauvaise impulsion, fin de course 3. Bord antérieur
difficile, fin d’un balancé à la barre 4. Tubérosité ischiatique
fixe, ... ou en rétroversion, 5. Cavité cotyloïde
l’exemple type est le squat (figure 6. Articulation des deux
27). os iliaques
Le squat avec flexion complète 7. Sacrum
des genoux entraîne une bascule du 8. Pubis
bassin vers l’arrière. Ceci conduit à
une inversion de la courbure lombaire. La région lombaire est
arrondie vers l’arrière. La solution consiste à travailler en demi-
squat et de pousser les coudes en avant, ce qui permet de garder le
dos plat (figure 28).
Les causes principales de ces bascules de bassin sont: les
Figure 24 - Position normale du manques de sensations au niveau du placement, l’oubli de
bassin, "bassin placé" placement du bassin, les muscles fixateurs du bassin insuffisants ou
1. Colonne vertébrale fatigués et le manque de technique. Les solutions sont simples:
2. Sacrum savoir prendre conscience de la situation de son bassin par un
3. Bassin travail de placement, renforcer les muscles fixateurs du bassin et
notamment les abdominaux et, finalement, améliorer la technique
d'exécution.
On peut conclure en disant que, dans tous les gestes sportifs, il faut éviter les courbures exagérées ainsi que
les courbures inversées. Il faut donc respecter les courbures physiologiques de la colonne vertébrale et
principalement au niveau lombaire.
EXERCICES ABDOMINAUX
Exercices dynamiques
* Mouvement. Il se
décrit de la manière
suivante:
- déroulement de la
colonne vertébrale pour
aller déposer le dos à
plat au sol;
- les bras gardent leur
position de départ
durant tout le Figure 37 - Exercice 1,flexion
mouvement aller et avec rotation ou inclinaison du
retour; tronc
- tout l’exercice doit se 1. Elévation du tronc
faire sans décoller les 2. Elévation avec rotation
talons du sol. 3. Elévation avec inclinaison
* Sécurité. Afin d'éviter toute surcharge, il faut:
- bien arrondir le dos, tant dans le mouvement aller que dans
celui du retour;
- veiller à ce que ce soient les abdominaux qui contrôlent
l'ensemble du mouvement.
CONCLUSIONS
La liste des exercices présentés est non exhaustive, et le libre choix est laissé à l’imagination. Le principal est
de respecter les règles de sécurité pour chaque exercice et d’essayer de les adapter au niveau de nouvelles
variantes éventuelles. Le but de ces exercices a été de rechercher l’action principale des muscles abdominaux
comparée à celle du psoas-iliaque et des autres fléchisseurs de hanches. Cette recherche d’actions réalisées au
niveau abdominal doit être votre objectif principal dans la mise au point de nouveaux exercices.
OUVRAGES CONSULTES