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2016-

2017

Exercices cliniques du
langage chez l’adulte

ETUDE DU LANGAGE ADULTE


LAURIANE MARLIN

[NOM DE LA SOCIETE] |[Adresse de la société]


Introduction
Qu’est-ce que le langage ?
Définition(s)
o Langage = système de signes
o sert à communiquer, typiquement humain

Spécificités du langage humain


Langage humain Langage animal
Volontaire Instinctif
Dialogue Transmission unilatérale (car pas de réponse
verbale) d’information
Acquis Inné
Signes sont conventionnels, arbitraires et Signes ont une fonction fixe
multifonction (un même signe peut vouloir
dire des choses ≠)
Articulé Non articulé
Création (invention + faits abstraits) Rigide (pas d’invention + uniquement
concret)
Fonction métalinguistique Pas de fonction métalinguistique

Le langage comme outil de communication


o Communication : verbale ou non-verbale. 2 modèles :

Shannon et al. (1949) :


modèle général, mais
restrictif  pas contexte
pris en compte

Modèle de
communication
interpersonnelle, Vito et al.
(2001) : reflète plus que le
sens du message se
construit au fil du dialogue

L’étude du langage humain, au carrefour de nombreuses disciplines


o Ici : étude du langage sous les angles psycholinguistiques et neuropsychologiques
Psycholinguistique Neuropsychologie
Emet hypothèses sur ce qui se passe dans la Etudie lien entre fonctions cognitives et
tête du patient sur base d’observations structures cérébrales, expérimentation sur des
linguistiques et propose des modèles de sujet cérébrolésés qui permet de mettre à
traitement de l’information sur cette base l’épreuve des modèles issus de la
psycholinguistique

Grands types de modèles du fonctionnement langagier Celui qu’on


o Modèles avec différents agencements des étapes : retient ici
 Sériels : étapes se succèdent dans le temps
 En cascade : étapes se succèdent dans le temps, mais un chevauchement est possible
 Connexionnistes : étapes se font toutes en même temps

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Du sens au mot
Introduction
Le langage : une combinaison d’unités
o Message = traduction du contenu de pensée en une suite de sons organisés  traitements
langagiers complexes et de plusieurs niveaux, car combinaisons d’unités +/- complexes
o Référence au modèle du PALPA pour le langage oral uniquement

Le mot
o Unité lexicale = unité à l’intérieur de laquelle on ne peut insérer d’autres éléments sans en
modifier ou détruire le sens, et qui se déplace comme un tout dans l’énoncé

Les représentations sémantiques


Qu’est-ce que le sens ?
o Représentations sémantiques = connaissances  signification des mots, objets, actions,
événements, etc. (construites via le lobe temporal en se basant sur nos expériences)

Traitées et stockées sous forme de

o Concept = contenu mental invariant associé à un mot, combinaison des propriétés que l’on peut
attribuer à tous les objets d’une classe, en négligeant ce qui peut différencier ces objets les uns
des autres (« idée de… »)
 dans le système sémantique (mémoire à long terme)

Le stockage et l’organisation des représentations sémantiques en mémoire


o 2 grandes approches
 Système sémantique = vaste réseau (mot entretient des relations avec autres mots)- modèle
de Quillian
 Système sémantique = liste de propriétés – conception componentielle

Système sémantique vu comme un réseau Mot inducteur mot induit


o Associations verbales
 Etablissement de listes de fréquence des mots induits en réponse à un inducteur
 Associations de forces inégales, force quantifiée par : fréquences, temps de latence entre
le stimulus et la réponse, étude des rangs des mots induits dans la succession des réponses
 Associations stables (dans le temps, chez un même sujet et dans une même société)
 Associations pas réversibles (arbre  feuille, mais pas nécessairement feuille  arbre)
 Unités lexicales reliées les unes aux autres en fonction de leur contiguïté spatio-temporelle
dans l’expérience du sujet (unités lexicales accessibles les unes à partir des autres)
o Réseau associatif : Mémoire lexicale = réseau associatif composé de nœuds (concepts) reliés
par des arcs
o Modèle de Quillian superordination : catégorie restreinte  catégorie large
o Caractéristiques du modèle hyponymie : catégorie large  catégorie restreinte
de Quillian attribution : concept  attribut
 Hiérarchie : concepts stockés en mémoire selon le niveau de généralité  utilisables
uniquement via des processus d’inférence (ex. : réponse + rapide pour : « canari – oiseau » que pour « canari
– respirer »)
 Economie : attributs stockés à un niveau ne le sont pas à un autre niveau supérieur ou inférieur
attributs stockés une seule fois dans le système au niveau de généralité le plus élevé (ex. : attribut
vrai pour « animal » et « oiseau » stocké uniquement avec le concept « animal »)
o Plus un modèle est économique, plus il va être hiérarchique.
o Critiques du modèle de Quillian
 Résultats non reproductibles sur d’autres catégories sémantiques

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 Hyperonymes pas forcément égaux, certains hyponymes sont plus reliés à leur hyperonyme que
d’autres (variable selon l’époque, le type de population, l’évolution du langage)
 Notion de prototypie/ typicalité : certains hyponymes sont plus représentatifs d’une catégorie
que d’autres = prototypes  degrés inégaux de prototypie (ex. : « une pomme est un fruit » vs. « une olive
est un fruit ») Plus un concept se rapproche du prototype de sa catégorie, plus son identification
comme faisant partie de cette catégorie sera facile
 Attributs stockés une seule fois au concept le plus général

Système sémantique vu comme un ensemble de traits


o Mémoire lexicale = concepts stockés séparément sous forme d’une liste de traits sémantiques
Vérifier une phrase (« Un canari est un oiseau ») = comparer deux listes de traits sémantiques
Perspectives actuelles
o Stockage des concepts : sous forme d’un ensemble d’attributs (traits sémantiques ou propriétés
sémantiques) = profil d’activation d’un concept. Récupération de tous les attributs  activation
du concept
o Confrontation à un concept = activation de l’ensemble des traits de son profil d’activation 
renforcement de chacun d’eux + des liens qui les unissent. Csq : propriétés spécifiques plus
vulnérables, car moins souvent activées.
o Utilisation des connaissances sémantiques : toutes les connaissances ne sont pas utilisées
systématiquement  nécessité d’en inhiber certaines, sélectionner d’autres  processus de
régulation sémantique
Les caractéristiques des concepts et des attributs sémantiques : données issues de la
neuropsychologie
Familiarité des concepts Caractère Classe syntaxique Catégorie
imageable ou d’appartenance
+ F, + accessible Concepts
non des sémantique
car plus souvent activé concrets : actions
concepts concepts classés en
que les autres  trace et objets 
catégories sémantique
robuste + mot concret catégories
Ex. : choses vivantes vs.
3 notions : Fréquence // (imageable), + distinctes dans le
choses fabriquées par
disponibilité // degré de accessible système
l’homme
familiarité sémantique

Caractère général ou spécifique Dimension du concept à laquelle renvoient les attributs


des attributs sémantiques
Attributs  renvoient à différentes caractéristiques des
+ propriétés sémantiques
concepts
partagées par un grand nombre
Certains types de traits peuvent être altérés plus que d’autres si
de concepts, + souvent activées
lésion (ex. : un patient sait qu’une pomme est ronde, mais ne
sait pas si elle est sucrée
Conclusion
Système sémantique : stockage de concepts sous forme d’ensembles d’attributs (natures et
dimensions ≠ et +/- largement partagés)
Concepts reliés par un réseau et s’activent l’un l’autre de manière dégressive en fonction de
leur proximité dans le réseau.
Activation d'un concept = activation des attributs qui le composent

Les représentations phonologiques


Qu’est-ce qu’une représentation phonologique ?
o Mot articulé = succession de sons (≠ phonèmes)

PHONÈME SON
Nombre limité Nombre infini
= concept abstrait sur base des traits distinctifs = réalisation concrète d’un phonème,
type (sur base duquel on changeante d’un individu et d’une situation à
classifie et reconnaît les sons à l’audition) l’autre

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Le stockage des représentations phonologiques en mémoire
o Stockage dépend de ≠ facteurs :
Fréquence
Transparence sémantique Mots transparents de fréquence élevée 
(ex. : il/lisible) Mots sémantiquement stockés tels quels ET Mots transparents de
transparents  stockés de manière fréquence rare stockés de manière
décomposée décomposée

o Sa sont décomposables en attributs :


 Parfois, certains attributs du Sa sont disponibles et d’autres pas (mot sur le bout de la langue,
lapsus)
 Parfois, certains attributs du Sa le rendent accessible (épreuves de fluence verbale, mots
croisés)

Du concept à la représentation phonologique


Des traits sémantiques au lemme
o
Unité lexicale qui reçoit le plus d’activation sera sélectionnée
o Unité lexicale = lemme ( ! ne contient pas encore d’information phonologique, mais des infos
syntaxiques)

Du lemme au contenu phonologique


o Contenu phonologique constitué de 2 informations :
 composition segmentale du mot (phonèmes qui composent le mot + ordre + nombre de
syllabes)
 composition supra-segmentale du mot (accent tonique ?)
o Cette étape peut commencer avant la fin de l’étape de sélection lexicale et comprend 2
types d’activation : traits sémantiques activent les lemmes + lemmes et phonèmes s’activent
réciproquement
Les caractéristiques des unités lexicales et des représentations phonologiques
Fréquence lexicale Nombre de voisins Longueur Age d’acquisition
Mots plus phonologiques Mots courts moins Mots acquis les plus
fréquents, plus = mot qui diffère souvent altérés que précocement sont
rapidement seulement d’un les mots longs plus résistants
récupérés et moins phonème Valable seulement Valable seulement
sensibles à Mots avec beaucoup pour la récupération pour la récupération
l’atteinte de voisins du contenu du contenu
cérébrale phonologiques plus phonologique phonologique
facilement récupérés

Les traitements post-lexicaux


o = passage de la forme phonologique à la forme articulée

Une étape pour réorganiser et compléter l’information phonologique lexicale


o = récupération des traits phonétiques (pas présents dans la représentation phonologique)

Mémoire tampon phonologique de sortie


o = buffer phonologique = mémoire verbale de travail
 Mémoire à très court terme + très petite capacité pour maintenir la forme phonologique le
temps de sa planification articulatoire
 Mots inconnus + pseudo-mots, mais quid des mots connus ? Lexique articulatoire ?
 Sensible à la quantité d’informations (mémoire)  influence de la longueur des mots

Planification articulatoire
o = traduction des données phonologiques en schèmes articulatoires (« ordres nerveux » envoyés
vers les muscles)

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 Sensible à la longueur des mots + complexité articulatoire + fréquence des syllabes
 Trouble à ce niveau = apraxie

Lexique articulatoire
o = mémoire de stockage des représentations articulatoires des mots connus (évite de repasser
par la planification articulatoire)
 Pourrait expliquer la dissociation automatico-volontaire

Réalisation articulatoire
o = articulation (forme sonore et articulée de la pensée) via les muscles de la parole
 Trouble à ce niveau = dysarthrie

Du mot au sens
Introduction
o = traduction de la suite de sons reçue par l’auditeur pour accéder au sens

Les défis de l’auteur


o Signal étalé dans le temps : sons n’arrivent que les uns après les autres et dans un certain ordre
o Signal continu : pas d’espaces entre phonèmes et mots  auditeur doit segmenter lui-même ce
flux continu
 Plusieurs segmentations possibles auditeur utilise des indices phonétiques, phonotactiques
(relatifs aux règles de combinaison des phonèmes dans la langue) et prosodiques.
 Si pas suffisant : recours aux contextes situationnel ou linguistique ex. : « Les rideaux sont tout
verts » vs. « Les rideaux sont ouverts »
o Signal variable : même mot/concept = infinité de formes sonores différentes (en fonction du
contexte, du locuteur) qui doivent pourtant être reconnues comme ce même mot
o Signal parfois déformé : déformation possible durant le passage dans le canal de communication
 Déformations systématiques = distorsions Prévisibles, car causées par les propriétés du canal
rectifiables par le décodeur préservation de la quantité d’info transmise (=transinformation)
 Déformations aléatoires = bruits Imprévisibles, car liées aux bruits interférents dans l’air
aléatoire + masquage de phonèmes baisse de la transinformation
 Remède : redondance (façon subtile de répéter non les signaux comme tels, mais
l’information qu’ils transportent) présente dans le message correction possible grâce au
contexte ex. : « Nous amèner les chev dem » « Nous amènerons les chevaux demain »

Modèle(s) neuropsychologique(s) de la compréhension orale

Différents traitements (infra-lexicaux +


lexicaux) pour accéder au sens, sur base du
PALPA

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Analyse phonologique auditive
Traitement en deux étapes
Atteinte à ce niveau =
agnosie auditive verbale //
surdité verbale (=difficultés
de discrimination auditive et
de reconnaissance des
unités de la parole)

L’unité de traitement
o Découpage du flux de parole

Phonème Syllabe Trait


Représentation infra-lexicale Représentation infra- Représentation infra-lexicale
Pratique (nombre limité de lexicale Pratique, car = suite de traits distinctifs des
phonèmes), mais réalisation plus stables que les phonèmes  lien entre traits et
des phonèmes est phonèmes dans la lexique
variable/instable (cfr. co- réalisation Etudes vont dans ce sens, mais
articulation) (connaissance intuitive) pas encore assez argumentées

Buffer phonologique d’entrée


o = mémoire à très court terme + très faible capacité qui permet de maintenir temporairement la
représentation infra-
o Très peu décrite dans la littérature

Identification lexicale
Introduction
o Représentation infra-lexicale
= identification lexicale
- alignement (=découpage en unités de langage sur base de ≠ indices)
- appariement (=comparaison avec les formes du lexique, activation de candidats
lexicaux potentiels, et reconnaissance du mot, pas encore de sens)

o Représentation phonologique d’entrée


Atteinte identification lexicale = déficit d’accès au lexique phonologique d’entrée échec tâches
de désignation d’images + décision lexicales (mot fait-il partie de ma langue ?)
Zoom sur les 2 étapes de l’identification lexicale
o Alignement = auditeur détermine quelle partie de la représentation infra-lexicale est à mettre
en relation avec quelle partie des représentations lexicales
 retrouve les unités de la langue dans les représentations infralexicales sur base d’indices sous-
phonémiques (phonétiques, phonotactiques, prosodiques) + indices lexicaux
o Appariement : selon le modèle Cohort

Représentation infralexicale Candidat sélectionné


= seul encore actif de cohorte initiale OU
Cohort initiale =entrées = candidat dont le niveau d’activation
correspondant aux 1ers dépasse celui de son compétiteur le plus
phonèmes de la RIL proche

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o Ex : bateau

Problèmes liés à cette théorie et apports d’autres modèles


o Mots oraux déformés : peuvent activer le mot cible à 2 conditions :
 mot non transformé en autre mot de la langue par la distorsion
 distance phonologique minime entre début mot transformé (ex. : un seul trait distinctif)
o Problème des frontières entre les mots : n’importe quelle portion du signal active des candidats
lexicaux (ex. : trace), mais candidats activés le plus tôt inhibent candidats activés plus
tardivement (inhibition latérale)
o Pour ces modèles, temps de reconnaissance d’un mot dépend du nombre de compétiteurs +
fréquence des compétiteurs (au + les compétiteurs sont fréquents, au + mot sera inhibé
latéralement  temps de reconnaissance ralenti)
Facteurs influençant l’identification lexicale
Fréquence des mots Fréquence des Contexte entourant les mots Nombre de
Au plus un mot est compétiteurs (effets phrastiques) compétiteurs
fréquent, au plus vite il sera Compétiteurs Effet après traitements Beaucoup de
identifié lexicalement plus fréquents (renforcement du mot identifié), compétiteurs =
Effet précoce (≠ que mot dès le début (favorise certains
reconnaissance
d’activation au préalable candidats) ou pendant
ralentissent son plus lente +
des mots fréquents) ou traitements (favorise élimination de
identification erreurs plus
certains candidats)
tardif nombreuses

De la représentationContexte
phonologique
(infos d’entrée au sens
o Représentation phonologique d’entrée active une représentation sémantique (dans le système
syntaxiques et
sémantique) pour accéder au sens du mot entendu
sémantiques
o Littérature silencieuse : même si existence de cette étape est reconnue
fournies par la
o Accès au système sémantique serait sensible à :
phrase) facilite
 la fréquence d’usage des mots
l’identification Facteurs liés au lexique
 la longueur des mots
phonologique d’entrée
 la densité du voisinage phonologique

 la classe syntaxique du mot Facteurs liés au système


 le caractère imageable ou non (concret/abstrait) sémantique

Vieillissement du langage
o Vieillissement a des effets sur le langage pas de changement du langage en lui-même, mais
de la façon de l’utiliser, car système cognitif vieillit
 Capacités de la MDT diminuent : langage sollicite fortement ces capacités

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 Traitement auto-régulé du langage déficitaire : personne « normale » peut répartir/réguler
l’utilisation de ses ressources cognitives par rapport à la complexité d’une tâche plus
compliqué chez les personnes âgées (+ressources cognitives diminuées par le vieillissement)
 Transmission d’activation ralentie : avec l’âge, moins de connexions neuronales activation
se transmet moins bien souvent «mot sur le bout de la langue » (manque)
 Vitesse des traitements ralentie + quantité d’informations traitées diminue  difficultés pour
accès à la représentation lexicale + lecture + tâches complexes (phrases complexes)
 Inhibition déficitaire : moins facile de supprimer les informations non pertinentes
o Ces effets n’ont pas la même ampleur chez toutes les personnes âgées. Variations selon :
 Niveau de vocabulaire antérieur
 Type d’activité langagière (activation au quotidien)
 Type de tâche : production vs. compréhension (production plus difficile)
 Niveau de traitement : mot isolé vs. phrase

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