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Depuis des années, Marc dort sur le canapé du grand salon. Pas assez de
place dans les chambres. A 21 ans, c’est lui l’aîné. Parfois, il rentre tard.
Ou veille. Ou ressort la nuit pour fumer : «Parfois, tu veux regarder un
film tout seul. Et le salon à partir de minuit, dans le noir, c’est la
liberté. Pas de bruit, personne pour te demander ci ou ça.» Le T4, dans
un HLM des Hauts-de-Seine, rétrécit quand toute la famille y est : ils
sont sept dedans, en comptant les parents.
Sandrine vit seule avec ses deux filles et son fils dans un 45 m². Elle est
séparée du père, brancardier dans un hôpital à Paris, qui ne voit plus ses
enfants pour les protéger de la pandémie. Sandrine gère. Le salon, lieu
de vie collectif, est sa chambre à coucher. Le soir, elle déplie le clic-clac.
De temps en temps, elle craque : «Sur Facebook, je vois des copines dire
que le confinement c’est super parce qu’elles font des siestes et
regardent la télé alors que pour moi, c’est l’enfer. Je suis secrétaire, je
fais du télétravail et je n’arrive pas à être efficace. Je dois aussi faire le
ménage et je tente de convaincre mon fils de ne pas sortir mais il
n’écoute pas. Certains de ses copains l’engrainent, lui disent que ce
n’est pas grave et que le virus est un truc de vieux. Pourtant son père
lui raconte l’hôpital, mais il n’y a rien à faire.»