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Journal de Radiologie Diagnostique et Interventionnelle (2014) 95, 697—707

FORMATION MÉDICALE CONTINUE : LE POINT SUR. . .

Diagnostic du carcinome hépatocellulaire夽


V. Cartier a,∗, C. Aubé a,b

a
Département de radiologie, CHU d’Angers, UNAM université, université d’Angers, 4, rue
Larrey, 49933 Angers cedex 09, France
b
Laboratoire HIFIH EA 3859, institut de biologie en santé PBH-IRIS, CHU d’Angers, UNAM
université, université d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex, France

MOTS CLÉS Résumé Le carcinome hépatocellulaire survient dans plus de 90 % des cas dans le cadre
Carcinome ; d’une hépatopathie chronique. Aussi, son diagnostic doit reposer sur le dépistage semestriel
Hépatocellulaire ; échographique qui doit être institué chez ces patients. Le diagnostic positif de carcinome
Hépatopathie ; hépatocellulaire repose sur sa vascularisation étudiée sur les séquences dynamiques après
IRM ; injection de produit de contraste en scanner ou en IRM. L’hypervascularisation artérielle
Échographie suivie d’un lavage lésionnel aux phases portale et/ou tardive dans un contexte de cirrhose
permet le diagnostic positif de CHC sans histologie pour les nodules de plus d’un centi-
mètre (recommandations internationales). Tout autre aspect nécessite une ponction-biopsie
nodulaire et extranodulaire pour affirmer le diagnostic. Le bilan d’envahissement local,
dominé par l’envahissement portal, et le bilan général doivent être associés à l’évaluation
de l’hépatopathie sous-jacente pour guider la décision thérapeutique. Les données recueillies
doivent s’inscrire dans un compte-rendu le plus standardisé possible, contenant tous les élé-
ments nécessaires à la prise en charge du patient.
© 2014 Éditions françaises de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

En termes de diagnostic, le carcinome hépatocellulaire présente deux particularités.


Tout d’abord, il survient sur un terrain d’hépatopathie chronique sous-jacente dans plus
de 90 % des cas [1—3]. L’existence d’un terrain prédisposant a amené à la mise en place
d’une surveillance semestrielle des patients à risque, dans le but de découvrir précoce-
ment des carcinomes hépatocellulaires dont les caractéristiques permettent de proposer
un traitement curatif [4]. Toutefois, malgré le mauvais pronostic du CHC, son dépistage
demeure peu suivi ; en France, environ 25 % [5].

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.diii.2014.06.004.


夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais celle de l’article original paru dans Diagnostic and Interventional
Imaging, en utilisant le DOI ci-dessus.
∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : victoirecartier@hotmail.com (V. Cartier).

http://dx.doi.org/10.1016/j.jradio.2014.03.023
2211-5706/© 2014 Éditions françaises de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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La seconde particularité du diagnostic du carcinome une séquence en écho de gradient T1 en phase et en opposi-
hépatocellulaire est la possibilité de poser un diagnostic tion de phase afin de rechercher une composante graisseuse
de certitude sur des critères d’imagerie, sans recours à de la tumeur, une acquisition en diffusion avec un b à environ
l’histologie [6] d’où l’importance d’une technique rigou- 600 mm/sec2 pour améliorer la détection des petites lésions
reuse et d’une analyse sémiologique attentive des lésions et aider à la caractérisation, des séquences T1 avec sup-
suspectes de carcinome hépatocellulaire. pression de graisse sans injection, puis après injection et
Comme tout cancer, le diagnostic de carcinome hépato- acquisition aux temps artériel, portal et tardif.
cellulaire doit être associé à un bilan d’extension locale, Dans l’idéal, s’il existe une ascite abondante, celle-ci
régionale et générale. Mais au-delà du bilan d’extension, doit être ponctionnée au préalable afin de limiter les arté-
l’hépatopathie sous-jacente est un élément fondamental de facts de mouvements.
la prise en charge du patient. L’insuffisance hépatocellu-
laire et l’hypertension portale associée à cette hépatopathie
étant des éléments qui s’associeront au bilan d’extension Aspect du carcinome hépatocellulaire en
pour amener à un choix thérapeutique adapté. Ces élé- imagerie
ments s’intégreront dans la classification BCLC qui est
actuellement la seule classification reconnue par les recom- Aspect typique
mandations internationales [3,6].
La forme la plus fréquente de carcinome hépatocellulaire
est celle de lésions nodulaires, uniques ou peu nombreuses
Techniques d’examen (3 à 4 nodules). Une capsule est présente dans 75 % des
CHC de plus de 2 centimètres [8]. En contraste spontané,
Échographie le nodule apparaît d’échogénéicité variable (un peu plus
souvent hypoéchogène sur les nodules de petite taille),
L’échographie est l’examen qui devrait découvrir le plus volontiers discrètement hypodense au scanner, hypo-intense
grand nombre de carcinomes hépatocellulaires puisqu’il en pondération T1 et hyper-intense en pondération T2 [9].
s’agit de l’examen de dépistage utilisé lors de la surveillance En diffusion, l’existence d’un hypersignal est très
semestrielle de cirrhose. Il doit donc être appliqué à la en faveur d’un carcinome hépatocellulaire. Toutefois,
recherche de l’apparition de nouveaux nodules ou de la l’absence d’hypersignal en diffusion n’exclut nullement un
modification de l’aspect de nodules connus. L’échographie carcinome hépatocellulaire [10].
de contraste n’est plus reconnue comme élément de L’aspect caractéristique est la vascularisation du nodule,
diagnostic non invasif par les récentes recommandations due à la néo-angiogenèse artérielle qui progressivement va
internationales [6]. Elle demeure toutefois utile lors de la substituer une vascularisation artérielle à la vascularisa-
surveillance de cirrhose pour différencier un nodule de régé- tion portale du nodule de régénération. Ainsi, le carcinome
nération d’un petit carcinome hépatocellulaire, ou lors de hépatocellulaire dans sa forme typique montre une hyper-
la ponction diagnostique ou du traitement percutané pour vascularisation à la phase artérielle suivie d’une hypodensité
repérer avec certitude le nodule à ponctionner ou à traiter. à la phase portale et/ou à la phase tardive. Cet aspect
d’hypodensité définit le lavage lésionnel (ou wash out)
Scanner (Fig. 1). Le lavage lésionnel est défini comme une hypoden-
sité comparativement au parenchyme avoisinant survenant
L’exploration hépatique dans le cadre du diagnostic de carci-
au temps portal et/ou au temps tardif, et faisant suite à une
nome hépatocellulaire doit comprendre quatre phases : une
hypervascularisation artérielle. Cette définition est impor-
phase sans injection de produit de contraste et trois phases
tante car elle est un des éléments clés du diagnostic non
après injection de produit de contraste. L’une au temps arté-
invasif de CHC tels qu’édicté par les recommandations inter-
riel (30 à 35 secondes après le début de l’injection), une
nationales [6,11].
au temps portal (75 à 90 secondes) et une au temps tar-
Cet aspect typique est d’autant plus fréquent que la
dif (3 minutes). La phase portale doit couvrir l’ensemble
lésion a une taille supérieure à 2 centimètres.
de la cavité abdominale et pelvienne afin de faire le bilan
d’extension et de rechercher des signes d’hypertension por-
Aspects atypiques
tale. Une exploration thoracique devra être faite lors de
la phase artérielle. Le produit de contraste doit avoir une Atypie de forme
concentration en iode de 350 g/L, le volume d’injection
est compris entre 1,5 et 2 mL/kg (en pratique entre 120 et Il existe des atypies de nombre, de forme ou de rehausse-
150 mL), le débit d’injection est au minimum de 3 mL/sec. ment. Ainsi le CHC peut être d’emblée multinodulaire. Il
peut être hypo- ou isodense au temps artériel ou au temps
IRM portal, ne présentant pas ainsi le rehaussement caractéris-
tique. Enfin, il existe des formes infiltratives, souvent mal
L’IRM demeure l’examen le plus performant pour la détec- limitées et dans ce cas souvent peu hypervascularisées à
tion et la caractérisation des différents nodules sur cirrhose la phase artérielle. Ces atypies représentent 15 à 20 % des
[7]. carcinomes hépatocellulaires :
L’exploration comprendra une acquisition en spin écho • le carcinome hépatocellulaire de petite taille (< 2 cm) ne
rapide pondéré T2 avec saturation de graisse (la saturation présente pas l’aspect typique dans 20 à 60 % des cas sui-
de graisse permettant d’augmenter le contraste lésionnel), vant la technique utilisée [12—14]. L’hypervascularisation

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Figure 1. Carcinome hépatocellulaire typique sur cirrhose. IRM. Séquences pondérées T1 avec saturation du signal de la graisse sans (a)
puis après injection de gadolinium aux temps artériel (b), portal (c), tardif (d) ; séquences pondérées T2 (e) et diffusion (f).

artérielle et le lavage lésionnel sont moins fréquents Dans ce cas le diagnostic est tardif, souvent fait à un
lorsque la lésion est de petite taille et lorsqu’elle est bien stade évolué sous la forme d’une lésion de grande taille
différenciée [15]. L’entité histologique qu’est le CHC pré- hypervascularisée au temps artériel, au sein d’un foie non
coce (early HCC) est souvent une lésion de 10 à 15 mm de dysmorphique [18,19] (Fig. 3).
diamètre, sans contours bien définis, avec une vascula-
risation artérielle très modérée et sans lavage artérielle
(Fig. 2) [16] ; Envahissement et bilan pré-thérapeutique
• le CHC sur hépatopathie stéatosique présente quelques
particularités, il apparaît souvent comme une lésion Outre les caractéristiques propres de la tumeur, l’existence
de grande taille, hétérogène siège de zones nécro- d’un envahissement local ou général et le degré de
tiques, bien limitée, de contours réguliers, possiblement l’hépatopathie sous-jacente vont participer, au travers de
encapsulée, avec un rehaussement hétérogène au temps la classification BCLC [3] à la décision thérapeutique.
artériel [17] ;
• le CHC sur foie sain est rare (incidence < 10 %), dans 20 % Envahissement local
des cas il associé à une infection virale B qui présente
un rôle carcinogène direct. Mais il peut survenir chez un L’envahissement le plus fréquent est l’envahissement vas-
patient n’ayant aucune cause connue de maladie chro- culaire. La micro-invasion vasculaire n’est pas accessible en
nique du foie et avec une histologie hépatique normale. imagerie. Elle est proportionnelle à la taille de la tumeur.

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Figure 2. Carcinome hépatocellulaire (CHC) précoce. Scanner après injection de produit de contraste iodé aux temps artériel (a), portal
(b) et tardif (c). Suivi de cirrhose exogène sevrée. Lésion de 18 mm (flèche) en rapport avec un carcinome hépatocellulaire prouvé histolo-
giquement (early HCC). Les contours sont flous, le rehaussement est très modéré au temps artériel après injection de produit de contraste
iodé et il n’y pas de lavage au temps portal ni au temps tardif.

Figure 3. Carcinome hépatocellulaire sur foie sain. Scanner sans (a) puis après injection de produit de contraste iodé aux temps artériel
(b), portal (c) et tardif (d). Bilan de douleurs abdominales. Découverte d’une volumineuse lésion de 9 cm du foie droit présentant un centre
nécrotique, hypervascularisée au temps artériel, sans lavage lésionnel.

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L’existence de nodules satellites d’une tumeur volumineuse et IRM sur les séquences après injection de produit de
est un signe de cet envahissement micro-vasculaire (Fig. 4). contraste. En cas de doute, une biopsie dans le thrombus
L’envahissement le plus fréquemment rencontré est d’une des branches porte est possible pour préciser la nature
l’envahissement portal. Le thrombus tumoral peut présenter du thrombus.
les mêmes caractéristiques que la tumeur, à savoir un aspect L’envahissement des veines sus-hépatiques est plus
hypervascularisé au temps artériel et un lavage lésion- rare mais doit être systématiquement recherché. Il peut
nel au temps portal. L’envahissement vasculaire du tronc atteindre la veine cave inférieure.
porte peut se manifester par une fistule artério-portale L’envahissement biliaire est lui aussi rare. Il existe
(Fig. 5). Ainsi, la découverte d’une fistule artério-portale toutefois des formes avec un développement endobi-
chez un patient cirrhotique, même si elle peut être de liaire prédominant. L’hépatopathie sous-jacente, l’aspect
cause non tumorale, doit inciter à rechercher un carcinome de masse endobiliaire plutôt que d’infiltration doit faire
hépatocellulaire ; ce d’autant que la tumeur peut être prin- suspecter le diagnostic de CHC plutôt que de cholangiocarci-
cipalement endoportale, avec une masse parenchymateuse nome. Seule la biopsie permettra un diagnostic de certitude.
de très petite taille et volontiers de forme infiltrative, et L’envahissement de la capsule hépatique et des struc-
donc plus difficile à identifier. tures de voisinage (notamment pariétales) doit être
À l’opposé, le thrombus associé à un carcinome hépa- recherché bien que peu fréquent.
tocellulaire n’est pas forcément tumoral. Il peut être
cruorique, et donc de pronostic différent. Pour différen- Envahissement à distance
cier thrombus cruorique et tumoral, on cherchera à mettre
en évidence une vascularisation dans le thrombus qui sera Les métastases sont principalement pulmonaires, ganglion-
en faveur d’un envahissement tumoral. Celle-ci peut être naires abdominales et osseuses [20]. Toutefois, la nature
recherchée en échographie de contraste ou en scanner envahie ou non des adénopathies notamment hilaire doit

Figure 4. Volumineux carcinome hépatocellulaire (CHC) avec nodule satellite. IRM. Séquences pondérées T1 avec saturation du signal de
la graisse sans (a) puis après injection de gadolinium aux temps artériel (b), portal (c), tardif (d). Cirrhose exogène. Volumineux carcinome
hépatocellulaire de 9 cm, encapsulé, nécrotique, rehaussé au temps artériel avec lavage au temps portal et tardif. Petit nodule satellite
(flèche) infracentimétrique présentant la même cinétique de rehaussement.

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Figure 5. Carcinome hépatocellulaire (CHC) avec fistule artério-portale tumorale. Scanner au temps artériel (a) et portal (b). Cirrhose
d’étiologie virale (c), carcinome hépatocellulaire du foie gauche avec fistule artério-portale gauche proximale et thrombus portal tumoral.
Opacification du tronc porte et de ses branches dès le temps artériel. Aspect hypodense du CHC au temps tardif (têtes de flèche).

être considérée avec prudence car les adénopathies inflam- recherche de voies de dérivation porto-systémique au
matoires sont fréquentes en cas d’étiologie virale. scanner et en endoscopie œsogastrique.

Éléments non tumoraux du bilan Diagnostic positif


pré-thérapeutique
Le diagnostic positif du carcinome hépatocellulaire peut
Outre les données cliniques et biologiques, reflet de dans certaines conditions être obtenu sans histologique, tel
l’hépatopathie sous-jacente, doivent être notés les élé- que défini par les recommandations récentes de l’EASL et
ments radiologiques de cette hépatopathie : de l’EORTC [6] (Fig. 6).
• la dysmorphie hépatique et notamment l’atrophie hépa- En synthèse de cette figure :
tique conditionnera les possibilités de résection ; • une lésion de moins d’un centimètre doit être suivie à
• l’hypertension portale est un facteur pronostique majeur trois mois ;
dans le traitement du CHC. Ces éléments d’appréciation • une lésion de plus d’un centimètre, à condition qu’il
classique (gradient porto-sus-hépatique, test au vert existe une cirrhose sous-jacente, peut être diagnosti-
d’indocyanine, fibroscan) doivent être complétés par la quée avec certitude s’il existe un aspect typique en

Figure 6. Recommandations de l’EASL et de l’EORTC [6].

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imagerie (hypervascularisation artérielle et lavage lésion- La décision thérapeutique s’appuiera sur la classification
nel au temps portal et/ou tardif) sur un scanner et/ou une BCLC (Tableau 1).
IRM (en cas de négativité de l’un des examens, le second
doit être réalisé).
POINTS À RETENIR
En dehors de ces situations, le diagnostic doit être obtenu
par ponction-biopsie permettant une étude histologique. En • Le dépistage du CHC doit être fait par échographie
cas de négativité (pas de caractérisation histologique du semestrielle.
nodule), une nouvelle biopsie doit être réalisée. • Un aspect typique (rehaussement artériel et lavage
portal et/ou tardif) permet le diagnostic non invasif
du CHC sur cirrhose.
• Dans tous les autres cas une biopsie est nécessaire
Compte-rendu standard pour affirmer le diagnostic.
• Le bilan d’extension doit intégrer l’évaluation de
Les différents éléments du diagnostic précédemment cités
l’hépatopathie sous-jacente.
doivent amener à la rédaction d’un compte-rendu le plus
standardisé possible (Annexe 1), qui précisera des élé-
ments cliniques (classification de Child-Pugh, étiologie de la
lésion) ; des notions d’éventuels CHC déjà traités ; les signes
d’hépatopathie (dysmorphie, hypertension portale) ; la des- Cas clinique
cription de la/des lésions suspectes de CHC ; l’extension
locale et générale ; la possibilité d’affirmer le diagnostic Patient de 71 ans suivi pour une cirrhose d’origine virale
de CHC en imagerie (aspect typique selon les recomman- C. Découverte au cours de l’échographie semestrielle d’un
dations) ou la nécessité d’une ponction-biopsie. nodule hypoéchogène de 15 mm du foie droit.
Un scanner (Fig. 7) réalisé sans puis après injection de
produit de contraste iodé aux temps artériel, portal et tardif
Conclusion confirme la présence d’un nodule hypodense non liquidien
de 15 mm, non rehaussé après injection. Une IRM (Fig. 8)
Le carcinome hépatocellulaire survient sur un terrain avec des séquences pondérées T1 sans (a) puis après injec-
d’hépatopathie chronique. Il devrait donc être systéma- tion de gadolinium aux temps artériel (b), portal (c) et tardif
tiquement dépisté par une échographie semestrielle. Son (d) et pondéré T2 (e) est réalisée et confirme un nodule
diagnostic de certitude est possible en imagerie en cas du foie droit, en hypersignal T1, sans rehaussement signifi-
d’aspect typique tel que défini par les recommandations catif au temps artériel, en hyposignal aux temps portal et
internationales, mais en dehors de cet aspect typique, tout tardif.
nodule sur cirrhose de plus d’un centimètre doit être biop-
sié pour un diagnostic de certitude histologique. Comme Questions
pour tout cancer, un bilan d’extension locale et générale
doit être réalisé. De plus, compte tenu de l’hépatopathie 1. Pourquoi ne peut-on pas conclure au diagnostic de CHC ?
sous-jacente qui influera la décision thérapeutique, les 2. Quelle est votre attitude pratique ?
éléments de cette hépatopathie tels que la dysmorphie 3. Quelle séquence vous permet d’affirmer l’absence de
hépatique et l’hypertension portale, doivent être précisés. rehaussement artériel ?

Tableau 1 Classification BCLC (Barcelona Clinic Liver Cancer).


Stade BCLC OMS Morphologie tumorale Fonction hépatique
Précoce
A1 0 Unique < 5 cm Pas d’hypertension portale et bilirubine normale
A2 0 Unique < 5 cm Hypertension portale et bilirubine normale
A3 0 Unique < 5 cm Hypertension portale et hyperbilirubinémie
A4 0 3 lésions < 3 cm Child-Pugh A—B
Intermédiaire
B 0 Multinodulaire Child-Pugh A—B
Évolué
C 1—2 Invasion vasculaire ou métastases Child-Pugh A—B
Terminal
D 3—4 Indifférente Child-Pugh C
Stades A et B : tous les critères (OMS, morphologie tumorale et fonction hépatique) doivent être présents pour classer un patient A ou
B ; stades C et D : la présence d’un seul des critères suffit pour classer un patient C ou D.

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Figure 7. Scanner réalisé sans puis après injection de produit de contraste iodé aux temps artériel, portal et tardif, qui confirme la
présence d’un nodule hypodense non liquidien de 15 mm, non rehaussé après injection.

4. Concluez-vous au diagnostic de CHC ? 2. Intérêt de réaliser un autre examen (IRM), à la recherche


5. Quelle est votre attitude pratique ? de l’aspect typique de CHC permettant le diagnostic posi-
6. L’anatomopathologie conclut à un CHC moyennement tif non invasif. Le simple suivi d’une nouvelle lésion de
différencié. Quelle hypothèse faites-vous pour expliquer plus d’1 cm sur foie de cirrhose doit être proscrit.
l’aspect de ce CHC ? 3. La séquence de soustraction (artériel—sans injection)
(Fig. 8f).
Réponses 4. Non. Pas d’aspect typique de CHC.
5. Réalisation d’une biopsie, le simple suivi d’une lésion de
1. En raison de l’absence de rehaussement artériel et de plus d’1 cm sur foie de cirrhose doit être proscrit.
lavage lésionnel. 6. Vraisemblable nécrose tumorale.

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Figure 8. IRM avec des séquences pondérées T1 sans (a) puis après injection de gadolinium aux temps artériel (b), portal (c) et tardif (d)
et pondéré T2 (e) qui confirme un nodule du foie droit, en hypersignal T1, sans rehaussement significatif au temps artériel, en hyposignal
aux temps portal et tardif.

Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.

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Annexe 1.

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